Le minuteur sonna, ce qui fit sursauter Darcy qui au passage renversa son verre de jus de fruit, mais pas le temps de s’attarder : elle se précipita vers le four. Heureusement, rien n’avait brûlé : sa pizza home-made était sauvée. Ouf… parce-que bon, c’était son deuxième essai, et Jane allait bientôt rentrer, et il valait mieux pour elle que le repas du soir soit prêt.
Cela faisait seulement quelques semaines que Jane et Darcy partageaient le même appartement, et ça se passait plutôt bien… quand elles ne se chamaillaient pas pour savoir qui allait faire la vaisselle, passer l’aspirateur, faire la cuisine ou étendre le linge. Le plus important pour Darcy toutefois, c’était que Jane ne semblait plus déprimée et ne collait pas de photos de Thor partout. Bon, la brunette en avait repéré deux ou trois mal dissimulées, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir. Quand elle l’avait trouvé dans son appartement toute terne et abattue, Darcy avait sérieusement flippé. Il fallait faire quelque chose, et sur le coup, une colocation lui avait paru être une idée brillante. C’était le cas, certes, mais du coup, lorsque Jane travaillait et n’avait pas besoin d’elle, que Darcy n’avait pas cours et ne bossait pas au café, il fallait bien qu’elle reste à la maison pour "s’occuper". Comme si elle avait le profil d’une femme au foyer tiens… Du coup, généralement, elle employait ses journées vacantes à lire, cuisiner, écrire, réviser, faire un tour de vélo… les journées passaient vite puisqu’elle voulait ne pas rester comme une larve mater des films toute la journée (même si ça lui arrivait en cachette). Bon la plupart du temps elle avait des trucs sérieux à faire, mais le vendredi avait toujours été l’une de ces journées off où le temps semblait à sa disposition.
Ce soir, elle avait décidé de faire une pizza (les trucs plus sophistiqués viendraient après, elle y croyait) : vu l’orage qui s’annonçaient, elles pourraient tranquillement discuter et regarder un film pour se vider la tête. Darcy bossait comme serveuse le week-end pour se faire de l’argent par elle-même, et était donc crevée les autres soirs.
Elle alla débarrasser la table du salon pour disposer le couvert, et quand ce fut fait, elle monta prendre une douche et s’habiller – ne pas devoir se lever le vendredi avait ses avantages, et son pyjama était vraiment trop confortable. Puis, vêtue simplement d’un jean et d’un fin pull bleu, elle finissait de brosser ses cheveux lorsqu’elle entendit Jane rentrer : pile à l’heure !
« Hey Jane ! descendit-elle l’accueillir. Heureusement que tu rentres, je commençais à m’ennuyer là… Regarde, j’ai fait une pizza pour ce soir ! Et je te propose Shaun of the Dead ou Frozen. Ça te va comme programme ? » Tout sourire, la louisianaise servit un verre d’eau à sa colocataire. Oui, ce soir, ce serait soit un film purement british (okay, Darcy avait un faible pour leur accent) et déluré, soit un dessin animé où elle passerait son temps à chanter les chansons à tue-tête (okay, Darcy avait un faible pour les Disney).
Visiblement, Jane avait l’air fatiguée, mais plus en forme que d’habitude, ce qui était très bon signe. Une excellente soirée en perspective ! Jane dit quelque chose à propos d’aller dans sa chambre deux minutes avant de descendre, et Darcy acquiesça d’un air absent, déjà occupée à mettre Let it go à fond.
« Let it goooooo, let it goooooooo… the cold never bothered me anyway. »
Ouais, elle était carrément à fond, dansant dans le salon le plus naturellement du monde. Pile lorsque la chanson se termina, Darcy, une main sur la hanche, l’autre en l’air, les joues rouges et un peu décoiffée, fut dérangée dans son délire lorsqu’elle entendit frapper quelques coups à la porte.
C’était suspect. Elle releva la tête, intriguée. Peu de monde connaissait leur nouvelle adresse, et encore moins de monde viendrait les embêter à sept heures du soir. Ce n’était pas le livreur de pizza… peut-être les voisins ? Mais pour quoi faire ? Ils étaient habitués à entendre Darcy chanter à peu près tout et n’importe quoi à n’importe quelle heure de la journée. Alors franchement, elle ne voyait pas.
Elle entendit la petite voix de Jane demander depuis sa chambre qui c’était, ce à quoi Darcy répondit qu’elle n’en savait fichtrement rien et qu’elle allait voir ça tout de suite… et à moins que l’indésirable ne soit a) un ami b) un mec mignon c) Thor, elle comptait se débarrasser vite fait de lui, sinon, elle ne pourrait jamais transformer sournoisement cette soirée film en soirée karaoké.
C’est donc résolue qu’elle ouvrit énergiquement la poignée, un regard déjà blasé et dédaigneux affiché pour décourager au plus vite le malheureux. Sans même regarder de qui il s’agissait, elle parla à toute vitesse, bras croisés.
« Bonsoir, non, désolée, nous ne sommes pas intéressées. Au rev… » Elle s'arrêta brutalement, venait de percuter. Putain, ça allait devenir symptomatique chez elle la bouche ouverte et les yeux écarquillés ? « Qu’est-ce que… » Dans le fond, une voix retentit. « Darcy ? Qui est-ce ? » Elle était toujours incapable de bouger. Elle n’en revenait pas.
« C’est… elle ferma rapidement les yeux – mais il était toujours là, la toisant avec une suffisance qui lui semblait encore plus vivace que la dernière fois. C’est… Elle était incapable de répondre, incapable de ne pas le regarder. Que faisait-il là ? Et puis elle réalisa qu’elle ne pouvait pas annoncer ça à Jane de but en blanc. Elle n’était même pas censée savoir qui il était. C’est une erreur. »
Et là, elle aurait dû refermer la porte, se barricader et courir se cacher dans son lit. Ou s’assommer pour ne pas penser, elle ne savait pas trop. Mais non, elle restait plantée là en attendant que son corps réagisse, toujours les bras croisés. Elle ne savait pas quoi faire. Tout cela ne se passa qu’en peu de temps, mais pour elle, ça durait des heures. Quand enfin elle put récupérer un semblant de réalité, ce fut à lui qu’elle s’adressa, se glissant dehors, fermant presque la porte et chuchotant, pour que Jane ne l’entende pas. Elle était furieuse plus qu'apeurée, et la panique dans sa voix trahissait plutôt le souci d'une potentielle explication avec Jane plus tard... sauf s'il partait vite.
« Pourquoi ? »
Encore une fois, pas très brillant (il fallait vraiment qu'elle revoie ses entrées en matière avec lui), mais ce fut la seule question sensée qui lui vint à l’esprit. Pourquoi lui, pourquoi maintenant, pourquoi tout court ? Ça faisait deux mois que leur très non-aimable rencontre et leur très perturbant échange avaient eu lieu, et si elle avait été obsédée par ça les jours suivants, elle avait très bien réussi à l’oublier après coup. Et il avait eu tout ce qu'il voulait ! Alors qu’est-ce que Loki venait faire ici ?
Compromis. Sorte d'ajustement d'intérêts divergents qui consiste à donner à chaque adversaire la satisfaction de penser qu'il a eu ce qu'il ne devait pas obtenir, et qu'il est privé de rien, sinon de ce qui lui était véritablement dû.
Le taxi, voilà une invention plutôt intéressante. Ce n’était pourtant pas très compliqué comme principe mais il fallait y penser et c’était un fait que cela n’existait pas sur Asgard où chacun se déplaçaient selon ses moyens, envies et autres. Et avouons-le, par mauvais temps il était quand même plus agréable de se déplacer en véhicule couvert qu’à cheval. De plus, le type au volant et parlant avec un accent absolument épouvantable et à peine compréhensible semblait mieux savoir que lui comment se retrouver parmi toutes ses immenses habitations en bétons absolument horrible. Les Midgardiens étaient peut-être assez rusés pour inventer les taxis mais au niveau architectural, ils ne faisaient que rarement de réels efforts visiblement. Cela n’empêchait pas Loki de regarder défiler les bâtiments pas la fenêtre du taxi tendit qu’ils roulaient.
Après un certain temps, la voiture s’immobilisa et, d’une voix morne et dans un anglais plus qu’approximatif, le chauffeur se tourna vers son client pour lui demander ce qui, à priori, était une certaine somme d’argent. Comme si Loki avait sur lui de la monnaie locale. Cette simple idée fit naître sur le visage de l’Asgardien un sourire moqueur et l’instant suivant, il avait disparu. Ce fut en se signant plusieurs fois que le chauffeur regarda la porte arrière s’ouvrir et se refermer toute seule avant de redémarrer sur des chapeaux de roues, victime de la trouille de sa vie et ressentant le besoin soudain d’un bon verre de vodka pour se remettre.
De son côté Loki resta un instant sous la pluie, le visage relevé pour observer le bâtiment face à lui. Bâtiment qu’il connaissait déjà d’ailleurs pour être déjà passé par l’appartement de celle qu’il revenait voir, Jane Foster. Ce souvenant que cette dernière n’avait pas vraiment apprécié de le vori entrer par la fenêtre de la cuisine la dernière fois, Loki, d’humeur à faire des concessions, opta cette fois-ci pour une arrivée plus traditionnelle, à savoir par la porte d’entrée.
Tout en entrant dans l’immeuble, Loki échangea son apparence d’homme brun aux cheveux court anonyme pour reprendre la sienne. Toutefois, il ne reprit pas sa tenue habituelle et garda le costume cravate noir, la chemise blanche et le long manteau noir et les gants en cuir qu’il portait et se fut donc ainsi qu’il frappa bien civilement à la porte.
Il devait bien l’avouer, même s’il ne le montra pas, il fut surprit de voir non pas Jane mais Darcy lui ouvrir la porte. Et à en croire sa tête, la surprise était partagée.
Alors qu’elle bégayait en essayant de répondre à la voix féminine qui la questionnait depuis l’intérieur, Loki l’observa avec un sourire clairement moqueur. Mais au moins, à priori, elle se souvenait de lui.
Bonsoir, lui dit-il en se penchant légèrement en avant tandis qu’elle continuait de jouer au disque rayé.
Mais la demoiselle sembla reprendre quelque peu ses esprits et sortit pour de bon tout en lui posant une question des plus vagues.
J’avais envie de cookies, répondit-il sans se séparer de son sourire narquois. A question idiote, réponse idiote non ? Plus sérieusement, je voulais parler avec votre amie Jane mais je suis ravi de vous revoir moi aussi.
Sur ce coup-là, il était presque sincère. Ravi était peut-être un peu fort comme thème mais, effectivement, il se surprit à se sentir plutôt content de revoir cette jeune furie qui lui avait fait si forte impression.
Je dois avouer que les règles de bienséances Midgardiennes m’échappent encore parfois. Normalement, on propose aux invités d’entrer, ce ne sont pas les hôtes qui sortent.
Depuis peu de temps, Jane avait déménagé finalement dans l'immeuble en face de celui où elle vivait avant, en colocation avec Darcy. L'appartement était à un étage mois élevé et - Darcy avait bien insisté là-dessus - ce bâtiment-ci possédait un ascenseur en réel état de marche. La vie s'était un peu éclaircie pour la jeune femme, bien que l'absence de Thor dans sa vie ne puisse pas être complètement comblée par un train-train quotidien et quelques rigolades avec sa meilleure amie. Il lui manquait, encore et toujours, ce petit quelque chose qui l'empêchait d'être pleinement heureuse. Ce jour-là, elle s'était attardé au travail davantage que d'habitude, car Richard tenait absolument à lui parler. Depuis sa dernière discussion avec Darcy, Jane avait finalement accepté d'aller dîner avec cet homme, malgré le fait qu'il ne l'attirait pas tant que ça. Apparemment le but était surtout de la faire sortir et rencontrer d'autres gens, afin de ne pas rester focalisée sur son asgardien disparu. Pourtant c'était peine perdue et plus Jane fréquentait son collègue de bureau et plus elle se découvrait une malsaine habitude de décrire mentalement tout ce qui chez lui différait de Thor. Cette information n'était pas pour rassurer l'astrophysicienne. Mais alors pas du tout.
« Désolé Richard, je dois rentrer chez moi maintenant. » S'était-elle excusée du mieux qu'elle le pouvait, même si son regard trahissait son envie de fuir en courant. Ce n'était pas un vilain garçon, mais il n'avait rien de passionnant. La plupart du temps il se contentait de parler météo ou actualités journalistiques tout en se tripatouillant les cheveux. D'ailleurs, ceux-ci portaient décidément trop de gel. Le trajet fut court puisque Jane était pressée de se mettre au sec. Pourquoi pleuvait-il tout le temps dans ce fichu pays ? Lorsqu'elle passa enfin le seuil de l'appartement, elle tomba directement sur Darcy qui venait de passer la journée là. Jane renifla avec plaisir l'odeur délicieuse de la pizza maison préparée par sa colocataire. Parfois, elle se surprenait à penser que Darcy était meilleure cuisinière qu'assistante. Au moins, elle comprenait quelque chose à la recette, ce qui n'était pas le cas de ses théories scientifiques. Souriante, la jeune femme fit un regard complice à son amie. « Comme d'habitude, va pour les deux ! » Répondit-elle gaiement. Typique. Jamais ces deux-là n'étaient capable de choisir entre deux films, alors elles finissaient toujours par regarder les deux d'affilé. Quitte à être des larves télévores, autant le faire bien, non ? Laissant Darcy dans son délire " frozénien ", Jane monta dans sa chambre pour se changer, parce qu'elle était littéralement trempée. C'est pendant qu'elle ôtait son haut que quelqu'un sonna à la porte. Surprise, Jane laissa son amie découvrir de qui il s'agissait.
Jane entendit Darcy ouvrir la porte, mais un silence profond suivit. Soit il n'y avait personne, soit les personnes ne parlaient vraiment pas fort. Intriguée, la jeune femme enfila un short en jean et un débardeur en coton gris. « Darcy, qui est-ce ? » Appela-t-elle une première fois. Son amie ne répondit pas tout de suite puis bafouilla en répondant que c'était une erreur. Cependant, Jena sentait que quelque chose clochait. C'était trop rare que Darcy perde ainsi l'usage de sa langue, elle qui était un véritable moulin à paroles d'habitude. Une chose était sure et s'imposait à l'esprit de l'astrophysicienne : ce n'était pas une erreur, mais quelqu'un que sa colocataire ne voulait clairement pas voir et encore moins lui présenter. Présentant comme une sorte de cataclysme, Jane enfila ses chausson en ignorant ses cheveux détachés qui dégoulinaient d'eau sur son débardeur. Rapidement, elle descendit les escaliers. Par respect pour Darcy, elle appela à nouveau, histoire de ne pas interrompre quelque chose. « Darcy...? » Dit-elle avec une pointe d'inquiétude dans la voix. La porte était à moitié refermée, mais son amie n'était plus là. Était-elle sortie sur le pallier pour que Jane n'entende pas ce qu'elle et l'autre personne se disaient ? Incapable de ne pas se montrer outrageusement curieuse, Jane ouvrit la porte. Son regard tomba sur le visage fin de Loki et son coeur rata un battement. Les mots qu'elle avait à l'esprit s'envolèrent et elle resta là, son haut trempé, pieds nus, les yeux écarquillés, en train de fixer son amie qui semblait papoter avec le demi-frère diabolique de Thor.
Il n'avait pas changé. Le même regard vert intense, la même expression atrocement insupportable et dangereusement attirante. Connard de brun ténébreux. En plus il portait un costume cravate ! C'était une blague ? Est-ce qu'il avait la moindre idée de l'effet que ça produisait sur Darcy ? Et puis heureusement qu'elle savait que ce mec était un psychopathe, parce-que ça n'était (malheureusement) pas écrit sur son visage, et surtout, sinon, elle l'aurait bien laissé rentrer... quoi qu'elle aurait peut-être eu honte de l'installer sur le canapé pour une soirée pizza/vin rouge/Frozen (surtout Frozen en fait : elle n'assumait de chanter devant des inconnus qu'en soirée. Ivre).
Heureusement, le temps de réaction de Darcy semblait s'améliorer avec le temps, et si à l'intérieur son cerveau se liquéfiait, elle donnait bien le change. Bon, elle aurait bien voulu le gifler pour des tas de raisons (notamment pour l'avoir humiliée et ligotée la dernière fois - dans un contexte tout à fait - enfin presque - normal) mais elle se contenterait de croiser les bras et d'avoir l'air cool.
« J’avais envie de cookies. Elle lui lança un regard assassin, mais attendit la suite. De toute façon elle pourrait toujours l'étouffer avec la pizza. Plus sérieusement, je voulais parler avec votre amie Jane mais je suis ravi de vous revoir moi aussi.» Oh. Bien sûr. Elle esquissa un sourire qui n'en était pas un, haussa les sourcils. Non, évidemment, il n'était pas revenu pour lui présenter ses excuses de la dernière fois. Il était venu voir Jane. Fuck. Bon en plus elle ne pouvait pas mentir - car elle le savait, Jane allait débarquer dans trois minutes si son timing était bon. Oui, Darcy était vexée. C'était comme... comme... Aller au cinéma et se tromper de salle. Ou, non, recevoir un cadeau empoisonné. Euh, non. C'était comme ouvrir la porte de manière innocente en s'attendant à trouver au pire un passant égaré et se retrouver avec Loki à la place mais sans qu'il ne soit venu pour elle. Voilà.
« Crève. » Non, elle n'était pas ravie de le revoir. Elle voulait juste qu'il sorte de sa vue (bon, dire "de sa vie" serait carrément exagéré mais c'était le principe). Il avait réussi à disparaître parfaitement pendant quoi, deux mois ? Il ne pouvait pas recommencer ?
« Je dois avouer que les règles de bienséances Midgardiennes m’échappent encore parfois. Normalement, on propose aux invités d’entrer, ce ne sont pas les hôtes qui sortent. » Cette fois-ci elle rit vraiment, avant de prendre un air (relativement) menaçant. « Ha ha bien essayé mais pas moyen que moi vivante vous ne rentriez chez moi. Et vous n'êtes pas invité. Et je n'ai pas de conseil à recevoir de quelqu'un qui menace ses hôtes et les ligote. » Et bim. Ça, elle ne l'avait toujours pas digéré. Il y eut un petit silence entre eux, mais ce n'était pas comme la première fois : désormais, Darcy savait exactement à quoi s'en tenir. Elle attendait juste patiemment qu'il dégage (ou qu'il la dégage, elle ne savait pas trop) avant que Jane n'arrive et ne lui inflige une série d'explications - ou de confessions - particulièrement douloureusement embarrassante.
La porte s'ouvrit à cet instant précis. Aurait-ce été un film, il y aurait eu un gros plan sur la tête de Jane, une petite musique dramatique en fond et... ah bah non, il pleuvait déjà à seaux, l'orage grondant en arrière-plan. Est-ce que Loki pouvait se faire électrocuter ? Est-ce qu'elle pouvait électrocuter Loki ? Ah zut, son taser était à l'étage. Jamais là quand il fallait, lui. Bref, non, du coup elle allait devoir composer avec Loki et Jane du coup, faire la potiche dans le coin du salon pendant qu'ils parleraient de Thor et s'engueuleraient avec de longues phrases intelligentes et scientifiques. Fuck.
Or, Darcy ignorait que Jane connaissait Loki, et à priori, Jane ignorait que Darcy connaissait Loki - même si dans les deux cas, connaître était un bien grand mot. Du coup, dans le silence assez bizarre qui suivit l'interruption fracassante de Jane, ce fut Darcy qui prit la parole en premier, crachant son dédain devant le petit sourire moqueur de Loki.
S'il n'avait pas tout gâché (non, non, elle n'exagérait pas) en insistant sur le fait qu'il était venu voir Jane, la jeune brune aurait présenté la situation d'une voix mal assurée, en mode "Heeey... euh. Loki, Jane ; Jane, Loki. C'est atrocement horrible comme situation. Ça vous ennuie si je quitte la pièce ?" Or, là, elle se sentait d'humeur d'attaque, et surtout elle ne laisserait pas Loki l'humilier devant sa meilleure amie. « Salut, Jane, dit-elle sans la regarder. Ton beau-frère est là. Je vous laisse faire connaissance hein, je pense que c'est suffisamment gênant comme situation. Mettez-vous à l'aise. »
Elle était en colère. Contre Loki, surtout, parce-que... parce-qu'il venait pour voir Jane ! L'avoir forcée à lui donner ses notes ne lui avait pas suffi ? Il fallait qu'il se pointe pour une petite discussion en tête à tête ? C'était mesquin. Et méchant. « Oh et n'oublie pas de lui demander le prétexte de sa venue, je crois que ça te concerne. »
Elle n'était pas jalouse, elle était juste très vexée.
Compromis. Sorte d'ajustement d'intérêts divergents qui consiste à donner à chaque adversaire la satisfaction de penser qu'il a eu ce qu'il ne devait pas obtenir, et qu'il est privé de rien, sinon de ce qui lui était véritablement dû.
Loki prit soin d’ignorer le « crève » cinglant de la jolie brune. Après tout, il fallait bien l’admettre, il l’avait bien mérité celui-là, surtout suite à leur rencontre deux mois plus tôt. De toutes évidences sur Midgard aussi les femmes supportaient mal de se faire ligoter une nuit pour ensuite rester sans avoir de nouvelles des semaines durant songea-t-il avec amusement.
Et la petite furie brune semblait bien décidée à ne pas en rester là dans la nouvelle démonstration de son caractère bien trempé qui, ok il l’admettait, avait bien plus à Loki lors de cette fameuse rencontre.
Aïe, vous piquez comme le tistel, dit-il avec une petite grimace et un sourire amusé bien qu’il ignorait si cette plante existait sur cette planète. Je n’ai pas souvenir de vous avoir vraiment menacé. L’ai-je fais ?
Bon d’accord, il l’avait peut-être effectivement un peu menacée mais franchement, pas méchamment. La preuve en était qu’elle était encore en vie et qu’elle n’avait pas encore hurlée pour obtenir de l’aide.
Ne soyez donc pas si méchante et reconnaissez que je vous ai manqué, la taquina-t-il en allant jusqu’à capturé une de ses mèches entre ses doigts pour jouer avec sans la quitter de son regard pénétrant.
Mais leur petit aparté fut soudainement interrompu par l’arrivée de celle qu’il était initialement venu voir et que, sur le coup, il avait presque oublié le temps de quelques secondes. Loki relâcha la mèche de Darcy avant que Jane n’ai le temps de les voir et il se tourna vers cette dernière avec un grand sourire. Sourire dont il ne se sépara pas lorsque Darcy entreprit de faire les présentations.
En fait, Jane et moi nous nous connaissons déjà, avoua-t-il à la demoiselle aux immenses yeux bleus et à l’air désormais bien boudeuse. Nous nous sommes rencontrés plus tôt dans la soirée le soir où nous avons-nous même fais connaissance.
Une nuit bien remplie, c’était un fait. Mais cela lui avait aussi permis de s’apercevoir des grandes différences de tempérament entre les deux amies.
Bonsoir Jane. Est-ce que je peux entrer ? Je suis venu en ami, ajouta-t-il avec un sourire qui aurait pu attirer la confiance, du moins probablement, si les deux jeunes femmes n’avaient pas déjà su de quoi l’Asgardien était capable. En fait, je suis venu vous faire une proposition qui pourrait peut-être vous intéresser. Vous intéresser toutes les deux, précisa-t-il en jetant un coup d’œil à Darcy.
En fait, il n’était pas tout à fait sûr que cela puisse réellement intéressé Darcy, il ne savait même pas ce qu’elle faisait réellement dans le labo de Jane au final, mais tout à coup, sur une impulsion subite, il eu l’envie de l’intégrer à son projet elle aussi.
Je peux entrer ?
Il avait posé la question avec un regard presque innocent, espérant que Jane aurait quand même retenu qu'il avait prit la peine de frapper à la porte au lieu de s'inviter de force cette fois-ci.