Quand le chat n'est pas là, les souris se rencontrent
La majeure partie du temps, lorsqu'un étudiant commence à être à court d'argent, il se cherche un petit boulot de secours, histoire de se créer un joli petit filet de sécurité. Oui, c'est la pratique la plus courante, avec celle de l'appel au secours aux parents, bien évidemment. Beth, elle, avait coupé les ponds avec ces derniers, pour leur propre bien, ce qui supprimait d'emblée cette première option. Pour ce qui était de la première, elle n'avait jamais réellement été habituée à se soumettre aux règles, ni même à une quelconque autorité – si encore elle avait eu un grand frère ou une grande sœur, mais non –, alors répondre aux ordres d'un merdeux pour exécuter des taches du même niveau que ce dernier, trop peu pour elle. Seulement, la situation était réellement critique en ce moment. Elle avait peut-être réussi à échapper une nouvelle fois à la fichue nana de l'agence immobilière, se procurer illégalement de la nourriture n'était plus suffisant. Il lui fallait du cash, de quoi s'acheter pour de bon un semblant de vie correct. Et quoi de mieux pour cela qu'une petite touche d'adrénaline enrobée d’illégalité ?
Étudiante moyenne, Beth n'avait jamais eu affaire à ses professeurs et elle faisait en sorte de se faire remarquer le moins possible. Pour autant, cela ne voulait pas dire qu'elle n'enregistrait pas les informations qui lui semblaient capitales, et l'adresse du professeur de microbiologie, celui là même qui récoltait de la part de ses élèves un taux vertigineux d'échec au partiel, faisait partie de ces dernières. La session d'examens approchant à grands pas, elle avait une petite – grande – idée de ce qui pourrait faire suffisamment plaisir à ses camarades de promotion pour qu'ils sortent le portefeuille sans trop d'hésitation. Et quel meilleur endroit que le logis de son écrivain pour trouver le sujet du prochain partiel de microbiologie ?
Beth n'était pas une voleuse experte. Ce n'était pas une activité qu'elle exerçait à tout va, mais elle savait se débrouiller avec les serrures et savait à peu près comment faire en sorte que son passage dans les lieux en question n'ai pas moyen d'être détectée. C'était encore insuffisant cependant pour que le stress de soit pas de la partie et, le soir où elle décida de passer à l'action, elle dû attendre quelques minutes que sa respiration revienne à la normale pour enfin pénétrer dans la demeure. Car oui, c'était clairement le terme adéquate tant cette maison puait la richesse, et elle ne put d'ailleurs pas s’empêcher de parcourir le hall d'entrée de sa lampe torche, les yeux grands ouverts d'émerveillement. Il était assez comique de se dire qu'elle ne rentrait par infraction ici que pour dérober un simple et ridicule morceau de papier quand tant de tentations défilaient sous ses yeux. Pour autant, elle décida de s'en tenir au plan – pour le moment tout du moins – et elle monta à l'étage, dans l'espoir d'y trouver le bureau du professeur. Alors qu'elle ouvrait et refermait les portes les unes après les autres, elle fut stoppée dans son élan, persuadée d'avoir entendu du bruit au rez de chaussée. Le geste qu'elle fit alors pour éteindre sa lampe torche fut trop brusque et cette dernière tomba dans un bruit sourd sur le plancher. Elle sentit son cœur s'arrêter avant qu'il ne reparte de plus belle dans une course folle. Ok, son plan comportait clairement des failles parce que là, tout de suite, elle ne savait définitivement pas quoi faire, et rester comme ça sans bouger dans le noir n'allait pas être efficace bien longtemps.
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O
ne ne se refait pas, on ne peut pas lutter contre sa propre nature (ouais, c'était la bonne excuse), on pouvait bien emprunter un chemin relativement droit, cela ne l'empêcherait pas d'être parfois biscornu, tordu par moments... Peter Quill n'était clairement pas fait pour les chemins droits et pour la voie de la plus parfaitement légale qui soit. Il avait passé des années à se forger une réputation de hors-la-loi légendaire, c'était pas pour filer droit, l'air de rien, maintenant ! Et puis quoi encore ? En plus, depuis qu'il avait remis les pieds sur Terre, Peter s'ennuyait comme un rat mort sur cette fichue planète... Il n'avait même pas encore retrouvé Gamora, et aux dernières nouvelles, elle piétinait autant que lui... Certes, c'était sans doute toujours mieux de sillonner la terre ferme que de glander depuis son vaisseau spatial, mais bon, il avait besoin de faire un peu quelque chose. Quoi de mieux, quand on avait envie de faire quelque chose, que de faire dans le pas franchement légal ? Peter n'avait jamais eu d'autre métier et fonction (avant de devenir gardien de la galaxie, paye ton titre honorifique) que celle de voleur émérite. Il s'était donc recherché un cible, et avait donc décidé de jouer les cambrioleurs, le temps d'une nuit, plus par goût du larcin en lui-même que pour les bénéfices qu'il pourrait en tirer... Quoique s'il pouvait y avoir des bénéfices en prime, c'était encore mieux. Il n'allait quand même pas cracher dessus, d'autant qu'il se débrouillait un peu avec les moyens du bord, depuis son arrivée sur la planète où il avait vu le jour.
Il s'était donc infiltré chez ce type ultra friquée, dont la baraque semblait faire trois fois la taille de son vaisseau spatial. S'il devait trouver un truc intéressant à dérober, l'endroit paraissait adéquat, et la demeure était pour l'heure parfaitement vive. Entrer par effraction et déjouer le système d'alarme n'aurait pas été un problème pour Star-Lord, à force, le moins que l'on puisse dire est qu'il en avait vu d'autres... Mais il semblait que le propriétaire des lieux n'avait pas franchement fait d'efforts, la porte n'était même pas fermée ! Tu parles d'une négligence... Bien sûr, Peter ne devinait pas qu'il avait été devancé. D'un pas tranquille, il examinait chaque pièce, observant attentivement le moindre bibelot, dont certains devaient avoir une sérieuse valeur, en quête de ceux qui pourraient rapporter le plus. Il s'apprêtait à zyeuter l'étage, quand il entendit un bruit sourd, à l'étage, justement. Le propriétaire était donc présent ? ... c'était sans doute le moment de filer, alors... ...Il n'en fit rien. Ce mouvement lui avait semblé suspect. S'il s'était agi du propriétaire des lieux, il aurait déjà commencé à hurler, ou aurait déboulé avec une arme quelconque, là, ce bruit suspect donnait l'impression que la personne concernée n'avait pas envie d'être trouvée... Ou alors, c'était juste un quelconque animal idiot. Dans tous les cas, Peter prit le parti d'y voir de plus près. Au pire, il improviserait avant de se tirer de là.
-Y'a quelqu'un ? demanda-t-il d'un ton léger tout en montant les escaliers.
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S'il y avait bien une chose que Beth n'avait pas prévu quand elle avait mis en place cette petite excursion, c'était qu'elle ne soit pas toute seule dans cette foutue maison. Pendant quelques secondes, elle avait craint que ce soit son professeur lui même qui était rentré plus tôt que ce qu'elle avait pu voir sur son emploi du temps la semaine passée – ce qui aurait été pire que tout étant donné qu'elle aurait purement et simplement été privée d'examens s'il l'avait trouvé là – mais elle avait vite réalisé qu'aucune lumière n'avait été allumées et c'était pourtant bien la première chose qu'on faisait quand on rentrait chez soi la nuit. Combien de chances que deux personnes d'origines complètement distinctes décident de cambrioler la même maison, le même soir, à la même heure... ? Elles étaient pratiquement nulles, et pourtant, il fallait croire qu'elle vivait encore un de ces foutus jours de malchance. Droites comme un piquet, les muscles tendus comme rarement ils l'étaient, elle ne parvenait pas à faire le vide dans son esprit. Si encore il n'y avait eu qu'elle là dedans, elle aurait peut-être eu une chance d'avoir les idées un tant soit peu claires, mais non. Elle n'était pas la seule à paniquer, elles étaient quatre et des sueurs froides commençaient à lui glisser dans le dos tant elle n'arrivait pas à faire le vide. C'était dans ce genre de situations stressantes que c'était le pire, que le contrôle qu'elle commençait à avoir sur ses autres personnalités était réduit à néant. Enfin, fort heureusement, elle semblait au moins réussir à les contenir à l'intérieur cette fois, il y avait du progrès. Rien de suffisant cependant pour la sortir de ce pétrin. Et voilà qu'elle entendait l'autre monter les escaliers...
Elle hésitait entre rester sans bouger dans le noir dans l'espoir de ne pas se faire repérer – mais, clairement, elle était loin d'être une aiguille dans une botte de foin – et courir comme une furie jusque l'escalier, puis dans ce dernier, tout en espérant atteindre la porte d'entrée sans que l’intrus supplémentaire n'ai le temps de lui barrer la route. Malheureusement, vu la largeur de l'escalier, et étant donné que la voix qui venait de s'élever était celle d'un homme, elle doutait de parvenir à se faufiler comme elle le voudrait. Des quelques préparations qu'elle avait effectué, elle ne se souvenait pas si la maison possédait une entrée au premier étage également et, même si c'était le cas, elle n'avait pas le temps de chercher où elle pouvait se trouver de toute manière. Elle prit une longue inspiration, il lui fallait reprendre le contrôle. Elle parvint à faire taire la folie et la préciosité, mais pour ce qui était de l'intellect, ça s'avérait plus difficile. Elle ne fit que quelques fractions de secondes à comprendre que c'était cette apparence là qu'elle devait prendre. En moins de temps ne fallait pour le dire, des lunettes vinrent se jucher sur son nez, ses cheveux se ramassèrent en une queue de cheval de dreadlocks bien rangées et ses vêtements légèrement grunges disparurent derrière une tenue bien plus sobre. Il fallait croire que la pression avait également du bon.
- Je peux savoir ce que vous faites là ? demanda t-elle d'une voix forte en se plantant en haut des marches après avoir appuyé sur l’interrupteur. L'idée était de lui faire croire qu'elle était l'une des habitantes de cette foutue baraque, au moins le temps de quelques secondes. Même si elle ne se sentait pas vraiment menacée par le visage qui venait d’apparaître en face d'elle – il lui paraissait trop doux pour être un psychopathe d'elle ne savait qu'elle espèce – il ne fallait pas trop se fier aux apparences et elle ne pouvait pas se permettre d'avoir le moindre problème, et encore moins dans ces lieux.
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J
e vous disait, plus tôt, que l'impro, Peter connaissait... il n'était pas rare qu'il se trouve dans des situations qui l'obligeait à agir à l'instinct sans plan préalable bien précis. Ça faisait partie de son caractère, il était tout simplement incapable de s'ennuyer à tout planifier. Faire les choses sur le tas, c'est ce qui lui plaisait, et finalement, il s'en sortait toujours très bien, voire même trop bien. Y'avait sûrement une grosse part de veine, là-dedans, c'est clair, et il n'est pas bon de forcer la chance, mais faire les choses qui n'étaient pas bonnes pour lui, ça aussi, ça faisait partie de ses attributions première. Enfin, dans tous les cas, il était effectivement clair qu'il allait devoir improviser, puisque les choses ne se déroulaient absolument pas ainsi qu'il les avaient anticipées. Il s'était imaginé que le bruit qu'il venait d'entendre ne pouvait pas venir du propriétaire de la baraque qu'il cambriolait joyeusement, il avait apparemment mal présumé, il ne s'était tout simplement pas imaginé l'attitude de la propriétaire des lieux, qui n'avait ni paniqué, ni hurlé, ni brandi d'arme sur lui, mais s'était contentée d'appuyer sur l'interrupteur, baignant la pièce jusque là obscure dans une lumière dont les pupilles de Peter devaient à présent s'habituer. Car c'était forcément une habitante que cette femme qui lui faisait face, non ? Elle était calme, et tout dans sa tenue (vestimentaire et son attitude) laissait supposer qu'elle n'était pas, comme lui, une voleuse déterminée à s'emparer de quelques unes des richesses dont cette maison regorgeait. C'est malin. Bon. Pas la peine de paniquer pour autant, malgré tout. Que pouvait-elle contre lui, après tout. Elle avait certes l'air digne et sûre d'elle (c'est ce qu'il en voyait, tout de moins - la jeune femme faisait parfaitement illusion, Peter ignorait à quel point), mais il était Star-Lord, le légendaire Hors la loi, il n'allait pas se laisser flouer par une simple Terrienne.
-J'étais, j'm'étais trompé de... Bon, d'accord, avant de parler, il aurait peut-être dû songer directement à une bonne excuse, mais Peter n'était pas un cérébral, et par ailleurs, quoi qu'il dise, il doutait fort qu'il pourrait tromper la vigilance de son interlocuteur. Tout ce qu'il lui restait à faire, à présent, était de montrer qu'il pouvait être inoffensif. Du moins tant qu'elle n'esquissait pas la moindre tentative de l'attaquer. ...maison. acheva-t-elle d'un ton qui n'aurait sûrement su abuser la crédulité de personne. Les numéros sont super mal indiqués, vous avez déjà remarqué ? Toutes ces barraques se ressemblent, en plus. Au pire, il passerait pour un benêt (il l'était peut-être un peu, ça..) peu importe. Il ne pensait pas que cette femme lui poserait problème. Et au pire bah... prendre la poudre d'escampette servait à ça, après tout. Il s'avança de quelques pas pour arriver presque au niveau de son interlocutrice. C'est qu'en plus, elle était plutôt bien foutue. Quel gâchis. Quoique la situation prendrait peut-être une tournure différente de celle qu'il s'était imaginé.
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Elle s'était peut-être lancée dans une mission suicide – très certainement même – en laissant l'intellect prendre le contrôle. Pour l'heure, certes, c'était encore entre ses mains que les cartes se trouvaient, mais elle n'avait encore jamais gagné le jeu jusqu'au bout. Quelque soit la personnalité qui était en elle, elles finissaient toutes par reprendre le dessus quand Beth portait leurs « enveloppes ». A force de les repousser autant que possible dans son fort intérieur, année après année, elle avait finalement prit du retard dans l'apprentissage et la prise de conscience du pouvoir réel qu'elle portait en elle. Elle avait accepté bien trop tard sa condition de mutante – l'acceptait-elle d'ailleurs vraiment complètement aujourd'hui ? – et se retrouvait donc en cet instant à croiser les doigts pour qu'elle reste la seule réellement présente sur les lieux du « crime ». Il était notamment, et surtout, hors de question que la folie pointe le bout de son nez et décide de prendre un peu l'air. Déjà qu'elle sentait les sueurs glisser lentement mais sûrement dans son dos, il ne valait mieux pas que la situation se complique encore davantage. Pour le moment, le stress soudain lui était plutôt bénéfique et il lui sembla même que l'individu qui se trouvait maintenant sous son nez avait mordu à l’hameçon. Elle avait bien été tentée une nouvelle fois de prendre la poudre d'escampette lorsqu'il s'était approché d'elle, mais elle persistait à croire qu'elle n'avait rien à craindre de lui. Après tout, il n'était peut-être là que pour la même raison qu'elle et elle n'avait personnellement jamais eu l'intention de blessé qui que ce soit. Enfin, s'il s'avérait qu'elle se trompait sur le compte de son tout nouvel interlocuteur, il allait de soit qu'elle n'allait pas se laisser faire et qu'elle n'hésiterait pas à ouvrir la porte à la folie.
Quoiqu'il en soit, elle ne pouvait pas se permettre de repartir de cette maison sans les sujets de l'examen. Elle ne pensait pas avoir d'autres occasions aussi idéale que ce qu'aurait dû être cette dernière et trop de gens lui avait avancé de l'argent en amont – pour les risques qu'elle encourait en était à la base d'un troc tout ce qu'il y a de plus illégal. Et, bien sur, il allait de soit que cet argent, elle avait déjà commencé à le dépenser. Alors non, hors de question d'abandonner la mission de la soirée. Elle resta un instant regarder l'homme, sourcils froncés, le temps en vérité de trouver la meilleure direction à prendre. Sa réaction à la base avait été bien trop calme pour qu'elle se mette à péter les plombs uniquement maintenant, comme tout bon propriétaire des lieux l'aurait fait depuis longtemps. Et de toute façon, mieux valait rester le plus discret possible. Quel âge avait le professeur déjà ?
- Vous croyez réellement réussir à me faire croire ça, demanda t-elle en relevant les sourcils et redressant un peu plus la tête par la même occasion. C'est qu'il était grand le bougre. Elle laissa planer un nouveau silence. Faites comme chez vous, je ne suis que la fille et cette maison n'a pas la moindre valeur pour moi. Vous voulez que je vous fasse le tour du propriétaire, ajouta t-elle en tendant le bras vers le couloir menant aux pièces qu'elle s’apprêtait à visiter avant qu'il ne débarque. Avec un peu de chance elle allait pouvoir trouver le bureau sans trop se faire démaquer. Avec un peu de chance aussi, la lampe torche qui se trouvait sur le sol, et qu'elle avait donc oublié de ramasser dans la précipitation, allait se fondre dans la décor...
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C
lairement, là, quelque chose lui échappait. Il n'arrivait pas à croire que la jeune femme en face de lui, si elle habitait bel et bien les lieux, puisse s'adresser ainsi à lui avec autant de calme, sans exprimer vraiment ni colère, ni peur. Cambrioler les baraques de particuliers, c'était pas son fond de commerce, mais ça lui était quand même arrivé de temps à autres, et suffisamment de fois pour qu'il sache reconnaître une attitude normale d'une attitude suspecte. Il savait bien que son baratin n'avait aucune chance de convaincre qui que ce soit... Alors quoi ? Est-ce qu'elle était juste... bizarre ? Est-ce qu'elle avait une idée derrière la tête (ou une arme derrière dans son dos), et comptait lui faire payer comme il se doit son entrée par effraction ? Est-ce que la fifille avait des griefs contre son père et se servait de lui pour lui faire payer (c'était peut-être le meilleur cas de figure à envisager) ? Ou bien son interlocutrice n'était pas celle qu'elle prétendait être ? Pour le moment, impossible de le savoir. Il aurait pu se contenter de prendre la tangente tant que la miss ne semblait pas décider à l'en empêcher ou appeler la police, mais la situation l'intriguait, et aussi et surtout, le légendaire hors-la-loi s'en voudrait quelque peu de partir de là sans prendre avec lui un quelconque souvenir. Il faillirait tout de même à sa réputation de cambrioleur hors-pair (même si sur cette bonne vieille Terre, cette réputation ne valait pas grand chose - bande d'ignares). Autant accepter l'invitation de la jeune femme à visiter un peu les lieux, cela même si ça sentait le traquenard à plein nez. Au pire, il s'en tirerait quand même. Il s'en tirait toujours. Il avait quand même survécu à bien pire qu'à une situation un peu alambiquée telle que celle-ci.
-Si ça ne te dérange pas de me faire visiter. Oui, il abandonnait le vouvoiement. Aux vues des circonstances, cela lui semblait quelque peu superflu, il faut dire. Bon, il ne savait toujours pas à quoi tout cela allait le mener, mais il devait avouer être assez curieux. Et puis, son hôtesse, si elle était bel et bien la fille du propriétaire des lieux, était suffisamment charmante pour qu'il accepte d'en voir un peu plus. Par ailleurs, il arriverait peut-être récolter un beau petit butin au passage, sait-on jamais. Pour une fille qui vient de voir quelqu'un entrer par effraction chez elle, permets-moi de te dire que je te trouve très... détendue. Tu le détestes à ce point, ton père, pour laisser le premier criminel potentiel venu investir les lieux ?
Un criminel potentiel... Pas forcément la meilleure façon de se présenter. Et d'ailleurs, ce n'était effectivement pas ce qu'il était. D'ailleurs, pour lui, le vol était un moindre crime. Et pour un type comme celui qu'il avait l'intention de cambrioler, c'était un moindre larcin. Cet homme avait l'air de rouler sur l'or, ce n'était pas un bibelot parmi d'autres qui allait lui manquer. Dans tous les cas, il plaisantait, bien sûr. Elle pouvait bien ne pas se montrer insensible à son humour merdique. Ou bien ?
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Quelque part, Beth le sentait bien, la situation devenait assez bancale, et ce surtout à cause de sa prestation à elle. Elle n'était définitivement pas une excellente menteuse et le chemin qu'elle venait d'emprunter n'allait sans doute pas l'aider à mener à bien son plan initial avant de s'enfuir purement et simplement dans la nature. Un sacré ravin venait de se planter sur son chemin et il ne restait plus qu'à tourner autour à présent si elle voulait que les choses finissent par s'arranger. Heureusement, ce n'était pas non plus ce qu'il y avait de plus désagréable à faire – elle aurait pu tomber sur bien moins charmant que ça –, mais tout de même, elle aurait préféré s'en passer, faire son trafic en paix et déguerpir de cette foutue baraque comme elle était venue. Quand elle voyait la personne qui se trouvait en face d'elle, elle ne pouvait s'empêcher de se dire qu'elle aurait tout à fait pu jouer franc jeu. Deux voleurs à l'apparence inoffensive dans une même maison... La belle affaire ! Ils auraient peut-être même pu s'entraider si elle avait choisit cette direction. Enfin, lui, il était plutôt bien loti à vrai dire. Quant à elle, il allait falloir qu'elle s’éclipse dans le bureau à un moment ou à un autre – si tant est qu'elle trouve ce dernier bien entendu –, et ce sans remettre en cause sa proposition de visite.
- Je ne le déteste pas non, mais cette maison en revanche..., répondit-elle à sa question, après lui avoir servi un léger sourire face à ce qui lui avait semblé être une tentative d'humour. Moins il y aura de vieilleries à 1000$ là-dedans, mieux je me porterais, alors je t'en pris, fais toi plaisir !
Puisqu'il avait jeté le vouvoiement à la poubelle, autant qu'elle en fasse de même. Jouer la fille à papa décontractée et un tout petit brin rebelle, voilà dans quelle peau il fallait qu'elle se trouve, même si, au final, sa véritable apparence aurait peut-être bien pu faire l'affaire vu la tournure des événements, elle ne cessait de se le répéter. Elle pourrait toujours la reprendre un peu plus tard. Après tout, ça restait toujours le même physique, il n'y verrait peut-être que du feu.
- Et si le voleur qu'il me semble que tu es se transforme en criminel que je ne crois pas voir en toi... Elle marqua un court temps de silence, ses yeux plongés dans ceux de son interlocuteur. Et bien... Disons que je saurais prendre les mesures nécessaires, lança t-elle finalement tout en lui tournant le dos pour s'aventurer dans le couloir. Les mesures en question prenaient en compte la folie qui s'agitait déjà en elle, mais ce n'était pas pour autant qu'intérieurement, elle n'en menait pas très large. Bien sur, tu m'en devras une. Il faudra, je ne sais pas... Elle ouvrit la première porte, découvrant l'une des chambre de la maison. Cette dernière était très classe mais ne semblait pas pour autant être la suite parental. Ça ferait l'affaire. Que tu m'attaches à mon lit par exemple, finit-elle innocemment. Elle ne pouvait pas le nier, elle avait beau vouloir accomplir sa mission au plus vite, l’intrus ne la laissait pas indifférente. Après tout, s'il pouvait y avoir un petit bonus à ce désagrément. Pour autant, tant qu'elle n'aurait pas les fichiers convoités en sa possession, elle se devait de restée concentrée sur sa mission. On continue la visite ?
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P
lus ça allait, plus la jeune femme qu'il commençait à bien vouloir croire être la fille du propriétaire (même si la manière dont elle traitait les inconnus qui s'infiltraient chez elle restait ce qu'il y a de plus singulière - mais ça pouvait tout simplement faire partie de son caractère, et un caractère qui n'était pas pour lui déplaire, pour le coup), lui plaisait. Elle avait son franc-parler, son tempérament bien à elle, elle était loin d'être désagréable à regarder s'il fallait encore en rajouter, bref, elle était la meilleure mauvaise surprise sur laquelle il était susceptible de tomber en s'infiltrant dans cette maison et en décidant de la cambrioler... Apparemment, il avait bien choisi. D'autant que son esprit ne pouvait que retenir l'information capitale qu'elle venait de lui donner. Des vieilleries à mille dollars, hein ? Des vieilleries qu'il pourrait donc revendre à plus cher encore.Bon, les dollars, c'était pas franchement utile, dans l'espace, mais tout pouvait se monnayer et y trouver son prix, même les bibelots terriens. Les bibelots terriens, c'est folklorique, après tout ! La jeune femme, ensuite, se chargea de préciser que s'il songeait à lui faire du mal, elle saurait se défendre. Bah ! Loin de lui cette idée saugrenue. C'est vrai que pour servir ses intérêts, il avait commis des actes plus que répréhensibles, des crimes plus que condamnables, mais il l'avait fait parce que c'était pour lui le seul moyen d'atteindre ses objectifs. Il n'était pas le genre de psychopathe qui massacrait les gens sans raisons, loin de là, et puis quoi encore. Il aurait pu lui faire remarquer que lui tourner le dos juste après avoir prononcé ces quelques mots n'était pas franchement la meilleure manière d'illustrer ses menaces, mais à quoi bon, ce n'est pas vraiment la peine d'en rajouter une couche, puisqu'il ne comptait pas nuire à la demoiselle en quoi que ce soit, enfin, du moment qu'elle demeurait sur cette attitude et n'en changeait pas, du moment qu'elle ne le menait pas en bateau, il n'y avait aucune raison pour qu'il s'en prenne à elle... à moins que ce ne soit de manière consentante.
Un sourire ne put s'empêcher d'étirer ses lèvres quand, en lui faisant découvrir une chambre qui, semble-t-il était la sienne, elle lui fiit part de la manière dont il pourrait la remercier. Était-elle sérieuse ou pas ? Peter aimait bien croire que oui, parce qu'il n'était pas insensible à ses charmes, ni aux charmes féminins de manière générale. Certes, il avait un penchant tout particulier pour les extra-terrestres vertes au tempérament volcaniques, mais ça ne l'empêchait pas d'apprécier les propositions de la sorte quand elles se présentaient à lui (vu que ladite demoiselle en vert lui proposerait plutôt d'aller se faire voir chez les Klingons). Bon, en attendant, on laissait l'idée de côté, et on poursuivait tranquillement la visite.
-Et donc... fit-il comme si de rien n'était, mais retenant tout de même tout ce qu'elle voulait lui dire dans un coin de son cerveau. Qu'est-ce qui a le plus de valeur dans cette baraque ? - À part toi, bien sûr.
Ouais, il connaissait toutes les méthodes de drague lourdingue de la galaxie, que voulez-vous ?
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Il fallait bien l'avouer, la mission que s'était fixée Beth ce soir ne se déroulait pas le moins du monde comme elle l'avait prévu, mais rien n'était encore perdue. Il est vrai que si l'intru-inconnu-déconvenu – elle allait d'ailleurs devoir remédier au fait qu'elle ne connaissait pas son nom, peut-être – ne s'était pas pointé, elle serait déjà probablement actuellement sur le chemin de retour, déjà loin du lieu du « crime » et, surtout, avec en main les fichiers tant convoités. Mais si ça avait été le cas, elle n'aurait pas entrevu la perspective de ce petit quelque chose d'assez excitant qui était en train de se mettre en place. Le nier ne servait à rien. Mêler l'interdit – soit l'intrusion chez autrui avec vol en perspective – à l'agréable – soit un possible échange bien plus physique que les quelques mots qu'ils s'échangeait actuellement – avait de quoi en émoustiller plus d'un. Et puis, au final, ça lui permettait de se sentir moins seule dans cette immense baraque aux innombrables pièces. Après tout, tant qu'elle en ressortait avec ce dont elle avait besoin – et elle comptait bien faire en sorte que ce soit le cas – il n'y avait pas de quoi se faire de bille. Si elle avait bien vu dans l'agenda de son professeur, il était en déplacement jusqu'au lendemain et, quand bien même elle n'excluait pas l'idée d'un petit bonus à cette rencontre inattendue, elle n'avait pas l'intention de rester sur les lieux jusqu'à ce que je jour se lève. On n'était pas à l'abri d'une arrivée surprise du propriétaire, certes, mais le timing jouait en sa faveur – ou devrait-on dire en leur faveur aux vues des circonstances ?
A force d'ignorance totale de sa part, la folie en elle s'était calmée. C'était une bonne chose en soit, mais cela voulait surtout dire qu'elle baissait sans doute un peu trop la garde. Oui, cet « étranger mystère » ne lui inspirait aucun sentiment négatif mais elle savait pertinemment pour le vivre elle même qu'il ne fallait pas tout miser sur l'apparence des gens. Être mutante ne la protégeait pas le moins du monde des gens susceptibles de lui vouloir du mal, hormis lorsqu'elle ouvrait la cage et que la part la plus sombre d'elle même prenait le contrôle – chose qu'elle redoutait profondément, au risque de ne jamais reprendre l'emprise de son propre corps et de sa véritable et première personnalité. Bon. De toute façon, l'heure était venue de faire avancer les choses et de laisser si possible leurs chemins se séparer le temps qu'elle récupère ces damnés fichiers promis à trop de monde déjà – le temps pour elle de réveiller un tant soit peu son filer de sécurité. Cette colle qu'il venait de lui poser – elle qui n'avait pas encore eu le temps d'explorer les lieux, elle n'allait pas vraiment pouvoir improviser sans se griller – était sans doute l'occasion parfaite.
- Houlà, si tu cherches un guide doublé d'un commissaire priseur, je risque de te décevoir. En vérité, je ne suis même pas sure de connaître l'existence de tout ce que mon père entrepose entre ces murs. Elle affichait toujours le léger sourire en coin qu'avait fait naître son sourire à lui. De toute évidence, l'existence d'un bonus possible ne lui plaisait pas qu'à elle, et les quelques petits mots qui avaient achevé ses paroles ne faisaient que le confirmer. Elle remonta légèrement ses lunettes sur son nez, dans un geste qui se voulait ironiquement empli de la valeur qu'il venait de lui donner, avant de continuer. Il me semble quand même que tu trouveras dans un premier temps plus facilement ton bonheur au rez de chaussée, le salon regorge de petites merveilles. Elle marqua un temps de silence. Hum... J'étais en train de travailler sur quelque chose quand tu es arrivée. Enfin... quand tu es entré par effraction dans ma maison, mais je te pardonne, ajouta t-elle sur le ton de l'humour. Tu n'as qu'à aller y jeter un œil tout seul le temps que je finisse ça. Il avait plutôt intérêt à accepter cette idée, elle n'allait pas pouvoir faire ses petites recherches avec lui dans les pattes, c'était certain. Tu remonteras me récompenser quand tu auras trouvé ton bonheur, murmura t-elle pour finir tout en le frôlant pour rejoindre le couloir.
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B
on, ok, il se débrouillerait tout seul pour sa pêche aux trésors. Après tout, c'était bien comme ça qu'il avait décidé de procéder à la base, quand il ne s'attendait pas du tout à tomber sur âme qui vive, et encore moins sur une demoiselle à ce point intrigante... et séduisante, c'est le moins que l'on puisse dire. Il pouvait difficilement résister à la proposition de la jeune femme, même si, tout accaparé qu'il était par la perspective d'ébats éventuels (ça faisait un bail, l'air de rien, c'était pas avec le raton-laveur ou l'arbre parlant qu'il allait avoir une vie sexuelle épanouie... et avec Gamora... bref...), il n'en oubliait pas qu'elle pouvait être en train de le mener complètement en bateau. Si son père était vraiment le propriétaire des lieux, et qu'elle avait seulement voulu endormir sa confiance pour pouvoir s'éloigner et prévenir son géniteur ? Il devait avouer ne toujours pas savoir sur quel pied danser avec elle. Il se demandait s'il ne jouait pas un peu avec le feu... mais quelque part, c'était tout sauf une perspective déplaisante à ses yeux. Il avait bien envie de prendre le risque, ne serait-ce que parce que la récompense à la clé ne pouvait que l'intéresser. Se contentant d'un sourire, et acceptant de tenter le diable, il demeura donc au rez-de-chaussée, tout en tendant l'oreille malgré tout, afin de réagir au moindre écho de conversation qu'il pourrait percevoir. Star Lord, le légendaire hors-la-loi qui se ferait avoir comme un bleu pour un simple cambriolage terrien, ce serait très franchement d'une tristesse à pleurer, alors c'était hors de question.
Il scruta le moindre bibelot en présence, réfléchissant à ceux qui lui seraient le plus simple de revendre par la suite, ceux qui avaient la meilleure valeur marchande. C'est que ce qui semblait le plus précieux sur Terre ne trouverait pas forcément de valeur équivalente ailleurs dans la galaxie, alors que, inversement, de simples babioles, qui n'avait l'air de rien, pouvaient trouver des acheteurs très intéressants. Il embarquerait le maximum, quoi qu'il en soit. Du moment que ce maximum n'était pas trop encombrant. Toujours pas de bruit, à l'étage. À moins que la jeune femme ait été très discrète à le trahir, elle avait tenu sa parole. Après avoir entièrement fait le tour du rez-de-chaussée, et s'être assuré qu'il n'était passé à côté d'aucun trésor inestimable, il décida de remonter les marches menant à l'étage, voir ce qu'il pourrait y trouver de valeur, sait-on jamais. Et parce qu'il y avait une promesse implicite qu'il espèrerait bien voir aboutir. À peine avait-il fait quelques pas supplémentaires en direction de l'étage que la lumière de phares éclaira un instant la pièce. Une voiture était en train de se garer dans l'entrée. Il monta quatre à quatre les marches restantes pour rejoindre l'inconnue dont il ne savait toujours pas le nom. Il ne servait à rien de tenter de quitter la baraque pour le moment, ce serait se faire avoir bien trop aisément.
-Papa est rentré, je crois. souffla-t-il en entrant dans la pièce où elle se trouvait.
Quand le chat n'est pas là, les souris se rencontrent
Proposition acceptée. Beth sentit le soulagement se propager dans tous ses muscles. Tout n'était définitivement pas perdue, elle allait normalement pouvoir mener à bien cette mission qu'elle s'était fixée, et la perspective d'un petit bonus pour couronner le tout et achever en beauté cette escapade nocturne ne faisait que la motiver d'autant plus à trouver le plus vite possible les documents tant convoités. Ce fut d'ailleurs ce à quoi elle s’affaira dès l'instant où l'inconnu prit le chemin du rez de chaussée. Oui, elle avait oublié de lui demander son nom, mais après tout, pourquoi ne pas rester de purs et simples inconnus qui ne font que se croiser le temps d'une nuit, c'était encore plus excitant. Enfin, derrière l'excitation persistait cette impression qu'il y avait anguille sous roche. Pour être tout à fait honnête avec elle même, elle était loin d'être une bonne menteuse et que l'homme ait cru à ses bobards l'étonnait fortement. Plusieurs explications pouvaient répondre à ça. Soit il était d'une crédulité sans pareille et c'était une réelle chance. Soit il faisait semblant de la croire parce qu'il jugeait inutile d'en faire autrement. Soit il la bernait sur toute la ligne depuis le début et tissait doucement un piège autour d'elle. Cette dernière option, elle n'y croyait pas, ou tout du moins ne voulait pas y croire. Il avait déjà eu tout le loisir de s'en prendre à elle et il n'avait pourtant pas esquissé le moindre geste. Ça voulait bien dire qu'il était « inoffensif » non ?
Pendant que l'homme mystère s’affairait à trouver de quoi remplir son sac au rez de chaussée, Beth, elle, cherchait à mettre la main sur son propre trésor et ce fut presque comme une bénédiction lorsqu'elle poussa la porte derrière laquelle se trouvait un énorme bureau en bois massif et sur lequel trônait l'ordinateur portable du professeur. Elle avait déjà vu ce dernier à plusieurs reprises pendant les cours, elle ne pouvait pas se tromper. Elle n'attendit pas une seule seconde pour sortir sa clé USB et lancer le démarrage de l'engin – elle ne savait absolument pas combien de temps la visite de l'étage du dessous allait prendre à l'inconnu alors mieux valait faire vite –, fouillant en même temps dans les tiroirs, au cas où il existait un format papier du corrigé. Rien dans le bureau. Sur l'ordinateur en revanche, une simple recherche avec pour mots clés « corrigés examens » lui ouvrit la porte vers le Graal. Ce ne fut pas un mais une petite dizaine de corrigés qu'elle glissa sur sa clé, un sourire victorieux traversant son visage. Mais c'était apparemment trop beau pour être vrai. A peine aperçu t-elle la lumière des phares traverser la pièce que déjà le voleur entrait à son tour dans la pièce où elle se trouvait.
- Chier ! lança t-elle dans un soupir à la fois énervée et paniquée, levant ses yeux libérés de ses lunettes sur l'homme. Le stress soudain lui avait fait perdre le contrôle de l'intellect et c'était de nouveau la vrai Beth qui se trouvait devant lui. On pouvait très clairement lire dans son regard qu'elle se sentait perdue, et ce devait sans doute être perturbant pour son interlocuteur également. Autant mettre les choses au clair tout de suite, tout du moins concernant son statut, et non pas sa nature. Ce point là, elle préférait l'ignorer pour le moment. Je n'habite pas plus ici que toi. Le proprio est mon professeur, pas mon père... Elle jeta un coup d’œil rapide sur l'écran de l'ordinateur. Et les dossiers que je suis en train de lui voler n'ont pas finit de charger sur ma clé... Là, très clairement, elle était bien contente de ne pas être toute seule dans cette merde, mais restait à savoir comment allait réagir son interlocuteur à ses mots. Déjà la porte se déverrouillait bruyamment en dessous.
Quand le chat n'est pas là, les souris se rencontrent
L
a situation était alarmante, c'est certain, mais ce n'était pas une raison suffisante pour Peter afin qu'il décide de céder à la panique. Bon, d'accord, être accusé sur Terre de vol et d'entrée par effraction dans une résidence privée, y'avait mieux, mais c'était pas comme s'il s'agirait de la première fois où il devrait faire face à la Justice. Le légendaire hors-la-loi, pour être un légendaire hors-la-loi, devait bien en passer par là. Et étant donné les chefs d'accusation qu'il y avait dors et déjà eu contre lui, autant dire que pour lui, ces accusations-ci lui apparaissaient bien minimes, pour ne pas dire risibles. Pas spécialement envie de gâcher sa soirée malgré tout avec ça, alors il aurait sans mal bénéficié du coup de main de la fifille à son papa. Sauf que la fifille à son papa n'en était n fait pas une. Comme quoi, il avait bien eu raison d'imaginer une baleine sous le gravier dès leur rencontre. Finalement, la surprise qu'il éprouva sur le miment ne lui vint pas tant du fait qu'elle lui révéla ne pas être ce qu'elle avait prétendu être, que du fait que la jeune femme semblait... Différente, de tout à l'heure. C'était la même personne, bien, sûr, mais il y avait quelque chose dans son regard, dans le ton de sa voix, dans sa soudaine façon de faire, qui ne lui semblait plus avoir grand chose à voir avec la jeune femme qu'il avait rencontré plus tôt. Comme s'il avait affaire à deux personnes différentes. Mais cela devait seulement vouloir dire que la jeune femme savait se donner de grands airs en apparence, mais que sa superbe et son sang-froid s'étiolaient sitôt qu'elle se retrouvait en situation d'urgence ou face à un danger imminent. Ce serait presque décevant pour lui, tiens. Tout à l'heure, elle aurait très bien pu s'alarmer autant de sa présence. Finalement, c'est lui qui aurait dû se faire passer pour le maître des lieux. Juste histoire de.
Enfin bref. Pas le temps de bavarder mille ans, le vieux prof était en train de rentrer chez lui, et faute de pouvoir se tirer direct, il allait falloir trouver une situation de repli. À l'heure actuelle, il se fichait bien des mensonges de la demoiselle et encore plus de sa clé usb et de ses préoccupations... Il agissait juste dans l'urgence, et au regret, il faut bien le dire, de voir les belles promesses de Beth risquer fort de ne pas être tenues, alors même qu'elles avaient été particulièrement alléchantes. Sans trop réfléchir à l'après, il l'entraîna donc sans demander son avis la demoiselle dans une armoire, au milieu des vestes suspendues à des cintres, ils y tenaient à peine à deux, mais il parvint à refermer la porte derrière eux.
-Nous qui voulions un peu plus d'intimité... se permit-il de plaisanter malgré l'urgence de la situation, alors que la contiguïté les obligeait à demeurer à quelques millimètres l'un de l'autre... enfin, il s'"obligeait" de bon coeur, pour sa part.
Du regard, il cherchait quelque chose, n'importe quoi qui lui permettrait de frapper le professeur si d'aventure il n'y avait pas d'autres options. Il pouvait l'entendre monter les marches qui menaient à l'étage. Avec un peu de chances, il ne s'attarderait pas dans cette pièce, et ils pourraient filer comme si de rien n'était.
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Beth ne se l'était jamais caché, quand bien c'était un côté de sa personnalité qui ne lui plaisait pas vraiment, elle était une flipette. Non pas qu'elle ait peur de tout et n'importe quoi, ou encore du moindre danger qui pouvait se présenter sur son chemin, non. Ce qui avait tendance à lui faire couler de la sueur froide dans le dos c'était la crainte d'être mise à découvert. Ce n'était pas qu'une affaire de mutation, bien que ce point là n'aidait en rien dans l'histoire, c'était aussi et surtout une affaire de légalité, point qu'elle n'avait pas cherché à réglé depuis qu'elle avait quitté ses parents pour venir s'installer aux États Unis. Si son professeur tombait sur elle ce soir, elle n'allait pas seulement être privée d'examen et expulsée de la faculté, elle allait devoir avoir affaire à la police, et ne pas trouver quelqu'un dans les fichiers ne plaisait généralement pas à ces gens là. Au fil du temps, les traces de l'existence de la jeune femme s'était plus que largement estompées et elle s'était toujours arrangée pour ne pas refaire surface dans les fichiers des divers gouvernements. La raison pour laquelle elle préférait se voir « disparaître » de la surface de la terre – ou tout du moins des États-Unis pour l'heure – était la même que celle qui l'avait poussée à quitter ses parents. Elle était encore très loin d'avoir le contrôle sur sa mutation, moins il y avait de gens à graviter autour d'elle, mieux ces derniers se portaient. Car ce qui ne plairait certainement pas non plus aux forces de l'ordre, ce serait la personnalité qui, elle le savait pertinemment, prendrait le dessus une fois confronté à eux – tout du moins si elle se faisait prendre ce soir, car elle espérait bien améliorer le contrôle qu'elle avait sur ses propres elles.
Alors oui, elle avait perdu son assurance et sa légère pointe d'arrogance lorsqu'elle avait vu passer la lumière des phares dans la pièce et se montrait donc sous un nouveau jour au deuxième voleur de la maison. Ces yeux ne cessaient de faire l'aller retour entre la barre de chargement de son téléchargement et l'inconnu. La porte d'entrée se referma au rez de chaussé, ils n'étaient définitivement plus les seuls occupants de la maison et il fallait faire vite. Pour autant, elle restait bloquée devant l'écran d'ordinateur. Ça y était presque. Lorsque l'homme lui attrapa le bras pour l’entraîner dans la penderie, elle arracha la clé usb, la serrant fermement entre ses doigts. Quand bien même tout ne s'était peut-être pas transféré, ce serait toujours mieux que rien. Elle ne pouvait pas non plus se permettre de laisser trop d'évidences. Elle ne se rendit compte de leur proximité qu'une fois les portes refermées sur eux. Fourrant tant bien que mal la clé dans sa poche, elle sourit à sa remarque. Elle était inappropriée à la situation, certes, mais elle avait au moins le don de la détendre un peu et ce n'était pas du luxe. Elle sursauta cependant lorsque la première marche des escaliers grinça, avant même qu'elle n'ait le temps de répondre à son interlocuteur.
- J'espère pour toi que tu es douée pour faire ça en silence, chuchota t-elle sur le même ton d'humour que lui. Alors que le grincement des marches se faisait de plus en plus fort, elle fit glisser sa main dans la poche intérieur de sa veste afin d'en sortir un canif. C'était sans doute radical, mais c'était là tout ce qu'elle avait. La lumière dans le couloir s’alluma. Elle releva légèrement la tête pour regarder son compagnon de fortune. S'il n'avait pas été aussi grand par rapport à elle, leurs deux nez n'auraient pas eu d'autre choix que de se toucher, et elle n'aurait sans doute pas hésité à offrir le même sort à leurs lèvres. Ses yeux s’agrandirent de surprise lorsqu'une lumière vive s'infiltra dans les rainures de la penderie. Le professeur avait apparemment à faire dans son bureau...
Quand le chat n'est pas là, les souris se rencontrent
P
eter n'était toujours pas vraiment décidé quant à la manière dont il convenait d'appréhender la situation. À bien y réfléchir, c'était quand même assez comique. On se serait cru dans un vaudeville (bon, en fait Peter ne savait pas ce qu'était un vaudeville, mais faisons comme si) un peu grotesque. Les deux cambrioleurs qui viennent voler le même type le même soir et qui sont à présent obligés de s'en cacher au fin fond d'une armoire à peine assez grande pour leur permettre de tenir tous les droits. Ouais, c'était plutôt marrant, ou en tous cas, tout sauf commun comme situation. D'un autre côté, ils pouvaient risquer gros l'un comme l'autre s'ils étaient repérés. Bon, ok, Peter avait bien du mal à prendre au sérieux la justice terrienne, mais la demoiselle en présence d qui il se trouvait aurait sans doute plus facilement des emmerdes, et s'il ne savait pas grand chose sinon qu'elle était étudiante, mentait avec aplomb et était très séduisante, il n'avait pas spécialement envie de la laisser dans sa mouise non plus.
-Moi ça va. répondit-il tout en esquissant un sourire assuré alors qu'elle suggérait, à l'approche du propriétaire des lieux, que pour mettre ses belles paroles à profit, mieux vaudrait qu'il soit muet comme une carpe. Mais mes partenaires ont généralement du mal à se retenir.
Quoi ? Sachez, messieurs dames, qu'il n'y a aucun moment où vanter ses mérites, sur quelque plan que ce soit, n'est superflus, quand on est Star-Lord. Ceci dit, il allait tout de même être compliqué de mettre toutes ces suppositions en applications, toutes tentantes ces dernières pouvaient-elles bien être. Le professeur venait de rentrer dans son bureau. Deux solutions, soit. Ou bien il ne s'éternisait pas, et ils pourraient tenter de prendre la tangente en toute discrétion, soit il demeurait sur son séant face à son ordinateur et décidait de ne pas en bouger, et dans ce cas, il faudrait un peu... précipiter les choses. D'autant que leur position n'était pas confortable le moins du monde... Ils ne pouvaient pas se permettre d'esquisser le moindre mouvement sous peine d'être immédiatement trahis. Il pouvait y avoir quelque chose d'un rien excitant que cette contiguité avec une presque inconnue alors que quelqu'un se trouvait de l'autre côté de la porte, mais leurs libertés de mouvement étaient telles qu'on ne pouvait qu'envisager puis remballer l'idée. Et les minutes se traînaient en longueur sans que l'homme soit décidé à partir. C'est ballot, Peter n'avait jamais été quelqu'un de patient. Après tout, un bon coup sur le crâne, et ils pourraient bien filer avant que ce pauvre gars ne réalise quoi que ce soit... (non, dans la pénombre, Peter n'avait pas deviné que Beth avait dans le main une arme bien plus radicale encore). Il allait d'ailleurs falloir pencher pour cette option parce que...
-Bon j'étouffe là-dedans. dit-il sans aucune discrétion tout en ouvrant d'un coup sec la porte du placard.
Bon, il n'avait pas d'idée précise de ce qu'il allait faire à présent, mais rien ne vaut l'improvisation, n'est-ce pas ?
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Peu importait à présent ce qui avait été sous entendu entre eux à partir du moment où ils s'étaient retrouvés face à face l'un de l'autre dans cette baraque qui n'appartenait en réalité à aucun d'entre eux, c'était tout simplement tombé à l'eau. Tout du moins, ça en avait tout l'air et l'odeur. Les allusions de l'un et l'absence manifeste de modestie de l'autre n'étaient en vérité qu'une dernière touche de séduction, histoire d'oublier la frustration. L'ours était rentré plus tôt que prévu dans sa taverne, écrasant les plans de fleurs aphrodisiaques sur son passage. Mais ce n'était pas l'annulation d'une éventuelle partie de jambe en l'air qui laissait des sueurs froides s'emparer petit à petit de son dos. Quand bien même Beth était en ce moment même plus proche de son « partenaire de maison à voler » - appelons ça comme ça – qu'elle ne l'avait été depuis le début de la nuit, elle avait bien d'autres chats à fouetter et l'idée qu'elle était purement et simplement finie si on la trouvait là ne cessait de tourner en boucle dans son esprit. Elle ne se faisait pas de films ; il était clair que si elle se faisait attraper en plein rapt, elle avait plutôt intérêt à s'enfuir vite et à bien se cacher par la suite. Ou, si c'était l'unique échappatoire, peut-être devrait-elle éliminer du système celui qui menaçait son équilibre mais qui, il fallait bien avouer, n'avait rien demander. Mais pour l'heure, rester cachée dans cette penderie, collé-serré à un inconnu – séduisant, certes, et peut-être même bien marrant, même si le contexte ne lui permettait pas vraiment d'apprécier ses petites notes d'humour à leur juste valeur – était ce qu'il y avait de mieux à faire, et elle comptait bien s'y tenir autant que possible. Ce(ux) dont on ignore la présence n'est pas une menace et il n'y avait plus qu'à croiser les bras pour que le professeur plein aux as ne s'éternise pas trop à son bureau et reste dans l'ignorance.
Seulement, il semblait qu'elle était la seule à envisager de rester cloîtrée dans cette armoire le temps qu'il le faudrait. Ouvrant la porte de la penderie d'un coup sec et sortant à l'air libre sans la moindre discrétion, celui avec qui elle aurait du être en train de fricoter à l'heure qu'il est venait de la mettre à nue d'une toute autre façon. Elle ferma les yeux un court instant après avoir rabattu en vitesse sa capuche sur la moitié de son visage, maudissant intérieurement son compagnon de fortune. Lorsqu'elle les rouvrit, le corps de son professeur gisait sur le sol, son canif ensanglanté planté dans la gorge, la folie tranquillement installée à ses côté, observant son œuvre d'un air bien trop satifait. Beth avait perdu le contrôle, rien d'étonnant à cela, la folie ne relevait en fait que d'un instinct de survie des plus précaires. Elle avait senti la panique, avait identifié le vieil homme comme étant une menace et en avait fait son affaire. Pauvre de lui.
- MERDE, lança Beth à la fois paniquée et en colère. Rentre là dedans toi, dit-elle à l'adresse de son autre elle. Puis, se tournant vers Peter. Désolée, je... Que pouvait-elle dire de toute façon ? Bref ! Son regard se reporta de nouveau sur la folie et, pour la première fois depuis que ses pouvoirs s'étaient manifestés, cette dernière se redressa et obéi à ses signaux. A la vitesse d'un éclair, elle avait de nouveau disparue. En elle. Et puis quoi maintenant ? En plus d'un cadavre, il devait y avoir dans cette pièce des empruntes à foison... Si tu veux prendre la tangente, je t'en pris, lança t-elle à l'adresse du seul autre être vivant présent, les yeux malsainement rivées sur le mort, tout à fait consciente que sa voix trahissait la panique qui montait de façon crescendo en elle.
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S
ortir de là, foncer dans le tas, et prendre tout un tas de risques inutiles, autant pour lui que pour sa camarade d'infortune, on ne pouvait pas franchement dire que c'était là la façon idéale de se tirer de ce mauvais pas où ils se trouvaient. Mais outre le fait qu'ils n'avaient pas su combien de temps ils allaient demeurer cloitrés là, et que la perspective de rester sans rien faire l'agaçait profondément, si jamais ils étaient découverts, ils n'auraient pas la possibilité de se défendre, restreints dans leurs mouvements. Là, au moins, ils seraient libres de se défendre. Ce pauvre vieux n'était après tout pas un type dangereux, il suffirait de l'assommer un bon coup, et alors l'affaire serait réglée pour de bon. Star-Lord en avait maté des plus coriaces, pour sa part, et il voulait bien assumer toute la responsabilité de ce qui se passerait ensuite. De toute manière, il n'appartenait même pas à cette planète, alors pour ce que ça pouvait lui faire, au final. Il en assumait toutes les responsabilités. Mais les choses ne se passèrent pas le moins du monde comme prévu. Peter avait envisagé un simple coup sur la nuque qui l'aurait assommé le temps nécessaire pour eux afin de prendre la tangente, sa "complice", elle, préféra lui planter un lame en pleine gorge. Mais était-ce vraiment elle ? Tout se passa tellement vite. Peter n'eut pas réellement le temps de comprendre de quoi il était question exactement. Il en avait vu, des choses bizarres dans sa vie, le fait qu'il soit ami avec un raton laveur parlant et un arbre ambulant en disait long, mais ça, quand même, ça avait le don de le souffler. C'était quoi, ça ? Est-ce que cette fille avait le don de se dédoubler ? Visiblement, sauf que même si elle en avait quelque part l'apparence, l'autre fille qui était arrivée de nulle part pour tuer le pauvre professeur qui n'avait rien demandé à personne avait tout de même l'air d'être une autre. Une lueur différente brillait dans son regard. Et son "acolyte" s'adressait à elle comme s'il s'agissait, à n'y rien comprendre... Quand il ne resta plus qu'elle, lui, et le cadavre, Peter attendit un temps avant de répondre à la jeune femme, se demandant un temps si, en effet, il ne vaudrait mieux pas qu'il s'en aille, tout simplement.
-Bon, au moins t'as plus de soucis à te faire pour tes exams, répliqua-t-il plus par réflexe qu'autre chose, car même lui ne se sentait pas franchement d'humeur à plaisanter étant données les circonstances. Ça y est, à peine quelques jours sur sa planète natale, et il se retrouvait déjà avec un macchabée sur le bras. Tu peux m'expliquer ce qui vient de se passer, là ?
Non, parce que vu qu'il venait, l'air de rien, de se retrouver mêlé à un meurtre, il voudrait au moins, de préférence, qu'on lui donne l'opportunité d'y comprendre quelque chose. Il avait vraiment pas besoin de se retrouver mêlé à ce genre de choses, notre célèbre hors-la-loi avait normalement d'autres chats à fouetter.
Quand le chat n'est pas là, les souris se rencontrent
Déjà que d'ordinaire, c'était assez rarement calme dans l'esprit de Beth, mais là, pour le coup, c'était la troisième guerre mondiale. Quand bien même elle était parvenue sans trop de mal à faire rentrer la meurtrière dans la tanière, cela n'enlevait en rien ce que son autre elle venait d'accomplir avec satisfaction. Si encore elle n'était que sa sœur, liée, certes, mais extérieure à elle même, elle serait sans doute parvenu à faire le tri dans son cerveau pour trouver la meilleur façon de procéder à présent. Mais là... En vérité... Elle avait tout simplement l'impression d'avoir tué elle même ce pauvre type qui n'avait rien demandé à personne. Après tout, si la folie se tapissait en elle depuis des années, ce n'était pas pour rien. Peut-être qu'au fond d'elle elle était un véritable monstre et qu'en lâchant prise, ce serait la longue chevelure blonde et bouclée qui prendrait le dessus, laissant ses trois autres personnalités, pleines de caractères mais bien plus sensées, croupir au fin fond de son crâne. Quand bien même la folie n'était pas méchante – difficile à croire après ce qu'il venait de se passer – elle était... folle et semblait être incapable d'aucune réflexion avant d'agir. Beth ne pouvait pas se résigner à n'être que ça, elle n'en avait pas le droit, et pourtant, elle se demandait en cet instant même si ce n'était pas au final ce qui lui avait toujours été destiné. Mutante maudite, ignorée de ses semblables, invisible aux yeux de la société. D'un autre côté, elle n'avait jamais cessé de s'accrocher, de chercher à trouver l'équilibre parfait en elle, il ne fallait pas qu'un fâcheux incident sanglant change cela, au risque de n'être alors que le premier corps inertes d'une longue liste.
Elle resta un certain moment interdite devant la scène du crime, le regard vide et les bras ballants. Quand la voix du voleur résonna une nouvelle fois à ses côtés, elle sursauta légèrement, surprise qu'il n'ait pas encore prit la tangente. Elle ne lui en aurait pas tenu rigueur, il n'avait pas signé pour ça. Il n'avait rien signé d'ailleurs. Il avait juste eu le malheur de braquer la mauvaise maison, le mauvais soir, quand bien même tout ce serait très certainement merveilleusement bien passé si le propriétaire des lieux n'avait pas débarquer. Pour autant, il fallait bien l'avouer, elle était bien contente de l'avoir encore dans les parages. Sa voix et sa présence eurent même le don de la sortir de sa léthargie passagère. A sa première remarque, elle se contenta d'un léger sourire bien plus dépité qu'amusé. En effet, ces corrigés pour lesquels elle s'était donné tant de mal n'aurait plus aucune utilité à présent qu'aucun examen n'aurait lieu. De là à remercier l'assassine, non merci. Et en parlant du loup, en effet, elle devait bien quelques explications à celui qui se retrouvait bien malgré lui dans son infortune.
- Si je te dis que c'était mon clone maléfique, tu me crois ? demanda t-elle d'une voix tremblante malgré la tentative d'humour. Elle préférait attendre la réponse à cette question avant de continuer, histoire qu'il ne la prenne pas justement pour la folle qu'elle venait d'enfermer à double tour au fin fond de son esprit.
Quand le chat n'est pas là, les souris se rencontrent
À
force de courir les différents planètes, de côtoyer des extra-terrestres en tous genres, de toutes les couleurs et formes possibles, et aux caractéristiques les plus farfelues les unes que les autres, à force de se familiariser avec des cultures et des technologies qui échappaient de très loin à l'entendement d'un simple Terrien, Peter pensait avoir vu d'à peu près tout, et avait fini, d'ailleurs par concevoir que la Terre était un planète qui n'avait d'intérêt que pour sa pop-culture des années 70, et c'est tout... Mais il devait reconnaître que ces humains, depuis qu'il avait remit les pieds sur sa planète natale, ne cessaient de le surprendre. Comment aurait-il pu s'attendre, par exemple, à la scène qui venait juste de se produire, et qui leur laissait dorénavant le cadavre de ce pauvre vieux sur les bras. Ce pauvre type était aisément cambriolable, mais certainement pas une menace... Le seul risque qu'il aurait pu représenter pour eux aurait été d'appeler des autorités que Star-Lord, le légendaire hors-la-loi, aurait considéré comme de faibles individus comparativement aux autres instances similaires auxquelles il avait bien pu avoir eu affaire au cours de sa vie... Mais il était mort, fin décédé. Plus un souffle de vie... Le tout parce que le... double maléfique de la donzelle ou un truc du genre lui avait réglé son compte. Une histoire de dingue de plus à son compteur, comme s'il avait véritablement besoin de cela.
La réponse à sa question plus que logique, connut une réponse qui, en soi... était assez logique aussi... parce que bon, oui, à part la théorie d'un clone démoniaque, Peter ne voyait pas grand chose d'autre qui sache tenir la route. Même s'il fallait quand même pour cela admettre que l'être humain lambda pouvait avoir des clones comme ça, l'air de rien... Quoi qu'elle n'était sans doute pas un être humain lambda, pour le coup. Ou alors il ne savait vraiment rien des individus à qui il avait eu affaire durant toute son enfance (et de lui-même, puisqu'il ne pensait pas avoir la moindre origine extra-terrestre, même si c'était bien le cas).
-C'est à peu près ma théorie, ouais...
Encore fallait-il qu'il comprenne comment cela était physiquement possible, et il devait bien reconnaître que pour le coup, le fin scientifique qu'il était (ahem) ne se sentait pas d'humeur à se figurer la moindre théorie sur le sujet. Faudrait sans doute qu'elle s'explique. Ou pas, parfois, mieux valait ne rien savoir. Pour l'instant, la priorité, c'était de toute manière de s'en aller d'ici au plus vite. Il jeta un regard dans chaque recoin de la pièce. Au moins, il n'y avait pas l'air d'y avoir de caméra... c'était déjà ça... quoi que ce vieux richard en aurait sans doute planqué ailleurs.
-Ton double maléfique sait faire le ménage ? On va en avoir besoin pour se tirer d'ici sans laisser de traces.
Quoique lui, à la limite, n'était fiché nulle part sur cette planète (juste dans la galaxie), mais cette fille lui était sympathique, malgré tout, et il n'avait pas envie de le laisser seul dans sa mouise.
Quand le chat n'est pas là, les souris se rencontrent
Au fil du temps, Beth avait fini par faire avec, à s'accepter comme elle était et à tracer sa route de la meilleure façon qu'elle le pouvait. Pour autant, cette situation était en constant équilibre sur une corde raide et les moments comme celui qui venait tout juste de se dérouler avaient tendances à la faire se pencher bien trop dangereusement vers le vide. Seulement, elle aurait pu craquer il y a bien longtemps si elle l'avait voulu – ou plutôt, justement, si elle n'avait plus voulu lutter – et, quand bien même elle sentait en elle la peur constante de chavirer dans la folie, elle savait que ça n'arriverait pas tant qu'elle s'accrochait à cette force d'esprit qu'elle s'était forgée, année après année. Elle en avait parcouru du chemin depuis qu'elle avait compris sa nature de mutante, la preuve en était qu'elle commençait réellement à avoir du contrôle sur ses « moi » intérieurs. Il ne s'agissait plus seulement de parvenir à les maintenir bien au chaud en elle, elle entrevoyait dans cette situation, tout aussi inconfortable qu'elle soit, la possibilité de les laisser se dégourdir les jambes sans pour autant laisser trop de mou à la laisse. Certes, la folie s'était fait la malle d'elle même et avait poussé les dégâts plus loin qu'elle ne l'avait encore jamais fait auparavant, mais – et c'était sans doute cet extrême qui l'avait rendu possible – elle était parvenu à la faire rentrer sans broncher, sans les efforts surhumains dont elle avait dû avoir recours à maintes reprises par le passé. C'était définitivement un bon début, surtout lorsqu'il s'agissait de la plus coriace de ses clones. A bien y réfléchir, il lui fallait peut-être ce drame pour faire office d’élément déclencheur. Pour autant, l'idée soulevée par Peter de redonner sa liberté à la folie si vite après le massacre avait bel et bien encore le don de lui filer la boule au ventre.
- C'est que... commença t-elle d'un air légèrement paniqué avant de se raviser et de prendre son courage à deux mains.
Dans ce mélange d’extrême et de panique, c'était sans doute le moment ou jamais de gravir un échelon dans sa mutation. Puisque son malheureux acolyte avait apparemment décidé de la croire à propos de cette histoire de double maléfique – terme qui ne s'éloignait vraiment pas bien loin de la vérité, il fallait bien l'admettre – elle pouvait bien se permettre de lui en donner un nouvel aperçu, plus long cette fois aux vues du ménage en perspective. Il fallait en effet faire vite pour nettoyer tout ce bordel, tout en prenant bien soin d'effacer toute trace de leur passage, et déguerpir des lieux avant que le jour ne se lève. En plus d'être fou, son clone blond était également hyperactif – ces deux traits allant souvent très bien ensemble –, ça valait donc doublement le coup.
- Ok, lâcha t-elle dans un regard entendu et qui se voulait empli de courage, avant de fermer les yeux un cours instant.
Elle les rouvrit lorsqu'elle sentit une légère secousse dans son échine, découvrant une folie calme mais ronchonneuse à ses côtés. Un sourire satisfait et presque heureux s'empara de son visage, ce qui, de l'extérieur, devait paraître bien étrange. C'était complètement idiot d'être contente de la voir après tout ça, mais c'était elle qui l'avait voulu pour une fois et ça changeait terriblement la donne. Son sourire s'élargit d'autant plus lorsqu'en bougonnant la folie s'attaqua aux tâches de sang qu'avaient provoqué sa lame, consciente – parce que Beth le lui demandait de l'être – qu'elle avait fait une connerie et qu'il fallait la réparer.
- Je crois qu'elle se tiendra tranquille, finit t-elle par lâcher, reprenant le sérieux que la situation actuelle exiger. Elle va s'occuper du... mort, à nous d'effacer nos empreintes. Ce qu'elle commençait déjà à faire sur la souris et le clavier de l'ordinateur. Elle releva les yeux vers Peter. Désolée pour tout ça et merci d'être resté. Tu dois pas comprendre grand chose pourtant et... Bref, merci, acheva t-elle dans un hochement de tête. Elle lui devrait une fière chandelle à cet inconnu, si tant est qu'il la laisse se rapprocher de son périmètre de survie une nouvelle fois.
Quand le chat n'est pas là, les souris se rencontrent
B
on, en fait, quand Peter avait suggéré à son interlocutrice d'appeler son clone maléfique (car il fallait bien croire que c'était le cas, même si rien que le fait de le mentionner semblait cantonner à l'absurde, même dans un monde où il venait de l'espace et tutoyait régulièrement les ratons-laveurs), ce n'était pas tant parce qu'il le pensait et en avait follement envie (il l'avait vu à l'oeuvre à l'instant, donc non), c'était plutôt pour plaisanter, même si la situation ne s'y prêtait sans doute pas, même pas du tout. Mais apparemment, la mutante avait entendue les choses d'une autre oreille, ce qui n'était pas forcément une mauvaise chose, au final, car il fallait effectivement s'en débarrasser, de ce fichu cadavre. Elle avait eu l'air paniquée à cette perspective, tout d'abord, mais le gardien de la galaxie n'avait pour autant pas eu l'occasion de la rassurer, elle avait finalement décidé de rappeler l'autre psychopathe. Peter assista, un peu estomaqué, à la réapparition du double fou de la mutante. C'était assez impressionnant. Et ce n'était pas rassuré qu'il zyeutait l'autre demoiselle qui se tenait à présent à côté de cette étudiante qui avait manifestement plus d'un tour dans son sac. C'est qu'il l'avait vu faire peu de temps avant ne l'invitait pas à lui accorder toute confiance, d'autant que c'était bien là la preuve que Beth n'avait pas le plein et entier contrôle sur son clone. De quoi ne pas vous mettre franchement à l'aise. Même si la demoiselle bis semblait tout à coup moins hostile.
Elle devenait même une véritable fée du logis, qui nettoyait tranquillement et proprement le sang qui s'était éparpillé après l'assassinat fort violent du professeur. Beth lui affirmait qu'elle se tiendrait tranquille, mais le fait qu'elle ait employé les mots "je crois" n'était, selon lui, pas franchement engageant, même si elle avait l'air effectivement et étonnamment docile, qu'importe comment tout cela pouvait bien fonctionner. Car l'un dans l'autre, Peter n'en avait bien sûr foutrement pas l'ombre d'une idée. Seuls les faits et l'habitude l'invitaient à admettre que, puisque c'était sous son nez, c'est que ça devait être vrai. Quelle que soit la manière dont elle allait se débarrasser du corps, c'était son affaire, eux, avaient juste à effacer leurs empreintes, ce que fit peter, nettoyant négligemment l'armoire de laquelle ils étaient sortis tantôt... Il ne pensait pas que le fait que l'on retrouve ses empruntes puisse lui être dommageable en quoi que ce soit, mais autant jouer le jeu. Pendant ce temps, Beth ne tarda pas à le remercier, ce à quoi Star-Lord répondit très naturellement, comme si ce genre de situation était la plus normale de la terre.
-C'est toujours un plaisir d'être complice d'un crime orchestré par le double maléfique d'une demoiselle aussi charmante.
Eh bien quoi ? Ne jamais perdre le nord, c'est important. Et vu la situation, il n'y avait pas grand chose d'autre à faire sinon dédramatiser. La prochaine fois, il y regarderait à deux fois avant de cambrioler la première maison venue... Ceci dit, il comptait bien embarquer deux trois trésors, mieux valait qu'on pense qu'un cambrioleur avait fait le coup de toute façon, non ?
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Bon. Clairement, la situation n'avait pas fait que devenir compliquée au cours de la dernière demi heure, elle avait complètement dégénéré. Pour autant, l'instant de panique totale était passé bien plus vite que Beth ne l'aurait pensé. Certes, l'un de ses clones venait de commettre son premier meurtre, à son insu, mais ce dernier venait également d'accepter le contrôle de son hôte sans broncher, et s'il fallait passer par le premier pour arriver au second, elle qui tentait de parvenir à ce résultat depuis plusieurs années déjà, alors elle ne pouvait pas foncièrement rejeter cet acte meurtrier et sanglant. Le mieux à faire était en effet de toute façon de l'assumer et de le réparer au mieux. Après un court instant où le temps avait semblé ce figé, elle avait donc prit au mot les paroles de son compagnon d'infortune et avait fait réapparaître la folie pour les aider à masquer au mieux la catastrophe ainsi que toute trace de leur présence en ces lieux – lieux qu'ils allaient devoir quitter au plus vite d'ailleurs. C'était tout de même bien dommage aux vues du premier round de cette effraction qui présageait à la base bien mieux que cette partie de nettoyage en catastrophe.
Tant pis, les événements étaient ainsi faits et, en vérité, ils auraient pu tourner bien pire encore. En effet, Peter ne s'était pas enfui comme un sauvage à l'apparition de la folie et n'avait encore moins tenté quoi que ce soit sur cette dernière ou sur son hôte, sous une quelconque panique. D'ailleurs, de la panique, elle n'en avait même pas vu l'ombre passée dans son regard, et c'était tout juste si elle le trouvait surpris de ce qui se passait sous ses yeux. C'est qu'elle n'était pas réellement habituée à ce genre de réaction stoïque, bien au contraire. Les rares personnes qui avaient eu la chance, ou peut-être le malheur, de la voir se dédoubler avaient été suffisamment blessés pour qu'elle ait le temps de s'enfuir loin et que ces derniers ne soient pas le moins du monde pris au sérieux par leurs entourages. Pour son interlocuteur actuel, elle ne ressentait pas le besoin d'employer de telles méthodes – peut-être avait-elle tord d'ailleurs... Elle n'avait pas le moins du monde conscience qu'elle était loin d'être le premier phénomène de foire qu'il croisait mais c'était tout de même très probablement pour cela qu'elle n'éprouvait que peu de honte quant à sa mutation face à lui. C'était même tout le contraire puisqu'elle appréciait complètement sa présence à ses côtés et son coup de main pour réparer les conneries de l'une de ses entités. Conneries qui déjà se trouvaient considérablement réparés, aux fruits de leurs « efforts » à tous les trois. Bon, à vrai dire, s'il restait quelques empreintes, ce n'était pas bien grave étant donné qu'elle n'était normalement pas dans les registres du continent, mais mieux valait tout de même réduire les risques au maximum. Une fois chose faite, elle soupira de satisfaction avant de répondre aux quelques mots on ne peut plus dragueur du gardien de la galaxie.
- Bon eh bien... A ton service alors, répondit-elle dans un léger sourire, le rouge aux joues. On ferait peut-être mieux de filer maintenant, ajouta t-elle en aspirant, étonnamment facilement, la folie en elle, comme si de rien n'était cette fois. En tant que fille du propriétaire des lieux, je peux peut-être t'offrir un présent pour ton aide ! Qu'est-ce qui te ferait plaisir ? demanda t-elle en écartant les bras sur l'étendue des richesses de cette seule pièce.
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S
i l'on considérait du regard nos deux protagonistes à cet instant, difficile d'imaginer qu'il y avait un cadavre tout frais à l'étage et sur leurs deux consciences (quoique la notion de conscience, en ce qui concernait Peter Quill, était à considérer d'une manière bien différente de celle du commun des mortels, ou en tous cas du commun des Terriens... en même temps, Terrien, il avait cessé de l'être depuis tellement longtemps...). Leur expérience d'il y a un instant n'avait bien sûr pas quitté leurs esprits, mais ils prenaient les choses pour le moins à la légère, c'est le cas de le dire. En même temps, Star-Lord ne voyait pas pourquoi il irait pleurer mille ans sur le sort de ce pauvre vieux, c'était sûrement un brave type, mais il ne le connaissait pas, et sans être un assassin forcené qui aimait répandre la mort autour de lui (et puis quoi encore), ce n'était quand même pas le premier cadavre à son actif. Ce qui était fait était fait, c'est tout, et à part admettre que Beth était une demoiselle pour le moins singulière aux pouvoirs surprenants, il n'y avait pas grand chose à faire. Ou bien si. Tirer quand même profit de cette situation singulière, qui avait dérapé à un point auquel aucun des deux n'avait pu s'attendre. Passer d'un simple cambriolage / vol de fichier, à un homicide perpétré par le double maléfique d'une mutante autrement charmante, ce n'était quand même pas rien. Ça méritait bien qu'il reparte avec une ou deux babioles en souvenir. Chose qu'il aurait faite dans tous les cas, avec ou sans la proposition de Beth (qui, de toute manière, n'avait aucun droit sur les bibelots qui se trouvaient là). Mais c'était si agréablement demandé.
-Oh, je ne voudrais pas abuser de ta générosité. répondit-il d'un ton qui ne pouvait pas laisser croire un seul instant en sa sincérité. C'était un fait, ils ne pouvaient plus s'aventurer là bien longtemps, aussi fallait-il que Peter renonce à quelques suggestions (basses et) alléchantes qui pouvaient lui venir à l'esprit. Au moins, cela lui permettrait de ne pas avoir le sentiment de trahir une chose qui n'existait pas vraiment (sentiment récent, désagréable et... surprenant, quand on connaissait bien le gardien de la galaxie), et il pourrait quand même repartir avec un petit pactole. Même si, objectivement, il avait beau prêter un oeil (vaguement) attentif à ces babioles, il ne parvenait pas vraiment à déterminer lesquelles pourraient bien avoir une quelconque valeur ou lui servir à l'avenir. Surprends-moi. décida-t-il alors, plantant son regard dans celui de son interlocutrice.
De toute façon, s'en tirer avec un menu butin ne le dérangerait pas. Il ne pensait pas qu'il y ait quoi que ce soit qu'il puisse récupérer qui, vraiment, change sa vie ou puisse se revendre à prix d'or en dehors de cette planète. Il avait déjà refourgué des objets inutiles et laids à quelques amateurs idiots, mais même les amateurs idiots avaient leurs limites. De toute façon, il était plus amusant d'entendre les suggestions de son interlocutrice, quoi qu'elles puissent être.
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Petit récapitulatif. Les choses ne s'étaient pas le moins du monde déroulées comme elle l'avait prévu. Les dossiers recherchés avaient certes été récupéré, mais il y avait eu un mort en contrepartie, ainsi qu'un allié, ou un témoin, tout dépendait du point de vue. Il lui avait fallu un petit temps pour digérer ce meurtre et il était fort possible que ce dernier resterai sur sa conscience un très long moment, mais il y avait quelque chose qui cependant dépassait l'effroi qu'elle avait pu avoir en observant le corps inerte de son professeur : il semblait qu'elle était à présent capable de contrôler sa mutation comme il se devait. Il lui en avait fallu du temps et peut-être y avait-il encore quelques petits détails à peaufiner, mais c'était la plus grande avancée qu'elle avait eu depuis qu'elle avait migré de l'autre côté de l'océan atlantique. Elle n'irait pas jusqu'à dire que toute cette merde en valait donc la peine – même si l'idée ne faisait pas que lui effleurer l'esprit – mais cette virée nocturne lui avait offert des bénéfices inattendus et tout à fait plaisants. Et il était temps de rendre la pareille à son camarade fortune qui, contre toute attente, l'avait soutenu dans cette aventure des plus délirantes. Que pouvait-il bien emporter avec lui qui puisse suffisamment bien le récompenser pour son aide ?
- Hum..., émit-elle dans un sourire amusé. Elle tourna sur elle même afin de faire un inventaire rapide de ce qui pouvait éventuellement valoir le coup sur cette scène de crime. Une montre en or peut-être ? lança t-elle après avoir aperçu cette dernière sur le coin du bureau. Elle doutait un peu de la qualité réelle de cette dernière, mais qu'importe. Ou pourquoi pas cette belle boite à cigares en magnifique bois d'ébène ? Elle attrapa cette dernière et l'ouvrit sous les yeux de son interlocuteur, telle une parfaite vendeuse de produits luxueux, la classe vestimentaire en moins. Elle jeta un dernier coup d’œil mais ne vit rien d'autre qui puisse réellement en valoir la peine. Ou bien encore les deux, acheva t-elle dans un léger haussement d'épaule, à demi amusée. Après cette belle énumération, elle jeta un coup d’œil vers la fenêtre. L'aube commençait à pointer le bon de son nez et il était hors de question qu'elle sorte de cette baraque sous la lumière, aussi faible cette dernière soit-elle. Quoiqu'il en soit, il va falloir que tu fasses vite ton choix par contre, ajouta t-elle alors dans un léger sourire pressé, rassemblant ses quelques affaires de son côté, clé USB comprise même si elle doutait que cette dernière pourrait lui être encore utile à présent.
En définitive, en effet, toute cette affaire n'avait très certainement servit à rien. Même l'ombre d'un quelconque échange un peu plus poussé avec son camarade de fortune s'était envolé. Mais elle était fière et heureuse de ne pas pouvoir qualifier cette escapade d'échec pour autant. Elle passa le cadre de la porte et attendit le gardien de la galaxie dans le couloir, guettant le moindre nouveau bruit suspect. On n'était jamais à l'abri d'une nouvelle catastrophe. Il y avait quelque chose qui l’empêchait de s'en aller sans lui. Peut-être ne l'avait-elle pas encore assez remercier.
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Q
uand bien même le gardien de la galaxie ne pouvait plus être dupe, et depuis un bon moment déjà de l’identité sous laquelle son interlocutrice s’était présentée à lui en premier, lieu, cela n’empêchait pas ce dernier de poursuivre ce qui était devenu un jeu, bien au-delà du fait que, pourtant et tout de même, il y avait eu la mort à la clé de cette rencontre plus que surprenante et sanglante. Elle lui proposa une montre en or… L’heure ne se lisait pas de la même manière selon le lieu de la galaxie où l’on se trouvait, qu’importe la valeur de cet objet, il n’en aurait pas grande utilité, tout comme cette boîte à cigare qui, pour être appréciée à sa juste valeur, devait l’être par un fumeur de cigares, justement. Mais s’il ne s’agissait que de pure camelote à ses yeux, ils trouveraient bien un clampin dans tout l’espace intersidéral suffisamment stupide pour récupérer ces babioles à prix d’or, il choisit donc la meilleure option de toutes : il jeta son dévolu sur les deux et s’empara de la montre et de la boîte, qu’il fourra rapidement dans sa besace. Un choix vite fait. Lui non plus de toute manière, n’avait pas l’intention de s’attarder ici. Surtout que l’aube était en train de pointer le bout de son nez. Il pouvait tolérer avoir affaire aux forces de police terriennes, mais il se l’épargnait sans le moindre mal, alors autant filer vite fait bien fait. Si rien n’obligeait la jeune femme, sur le principe, à l’attendre, elle le fit tout de même, et ce furent ensemble qu’ils quittèrent la demeure du richissime décédé.
Une fois dehors, il était évident qu’il n’était plus question de s’éterniser, et qu’il fallait dorénavant qu’ils tracent leur route chacun de leur côté, question de principe et de sécurité, quoique Peter regretterait une peu sa camarade d’infortune. Sans le moindre doute, la jeune femme avait un pet au casque, et un sérieux, ou du moins, elle avait redéfini le concept de skizophrénie, mais en définitive, Peter n’était pas certain que ce cambriolage foiré l’ait entièrement déçu. Ce serait même plutôt l’inverse. Dommage, donc, si leurs chemins ne devaient jamais se recroiser, quoi que cela était malgré tout plus que probable, d’autant que Star-Lord n’avait pas l’intention de moisir trop longtemps sur sa planète natale. La nostalgie mise à part, il aimait mieux sillonner l’espace que de rester sur la même planète ad vitam… Quoique tant qu’ils n’auraient pas mis la main sur ce fichu Lux (ce qui risquait fort de prendre un certain temps), ils n’avaient pas spécialement d’autres destinations de prévues. Peter tourna son regard en direction de Beth, fourra ses mains dans ses poches, et lui adressa un sourire presque blasé, comme s’ils venaient de passer une journée des plus normales sur cette bonne vieille planète Terre.
-Bon ben c’était sympa, faudra se refaire ça, un de ces jours.
Enfin, en ces circonstances exactes, c’était, en vérité, très certainement dispensables. Quoique, un semblant d’action ne nuit jamais, et il en avait cruellement manqué.
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La décision fut rapide. Mieux valait prendre trop que pas assez, et ce qu'importait la valeur des objets que Peter venait de fourrer sans ménagement dans son sac. Dans tous les cas, c'était une mince compensation comparé à ce à quoi il avait dû être mêlé et ce qu'il avait dû gérer par la suite. Il fallait bien l'avouer, sur ce coup, Beth était tombée sur une perle rare. Elle doutait que qui que ce soit d'autre – mais bon, elle ne connaissait pas non plus l'univers humain entier – aurait aussi bien réagi face à son double fou et ce meurtre de sang froid. Il n'avait pas crié, ne s'était pas enfui et, pour tout dire, n'avait pas vraiment eu de réaction qui nécessitait un commentaire. Elle ne connaissait rien de lui mais elle pouvait aisément s'imaginer qu'il n'en était pas à sa première surprise. Il avait été le compagnon parfait de son infortune. C'était pour cela qu'elle ne se voyait pas vraiment filer à l'anglaise sans attendre qu'il ait fait l'acquisition de sa maigre récompense. Une fois que ce fut fait, ils sortirent donc ensemble de la bâtisse, aussi discrètement que possible, laissant derrière eux le cadavre de ce vieil homme qui n'aurait jamais dû vouloir retrouver le confort de son logis plus tôt que prévu. Elle avait tué son professeur donc. Mieux valait pour elle que ça ne devienne pas une habitude.
- Je te fais signe dès que mon clone maléfique a une envie de meurtre, répondit-elle à la remarque de son interlocuteur après un pouffement de rire qui relevait plus en vérité du soupir. T'es pas franchement doué pour le ménage, mais tu fais l'affaire, ajouta t-elle dans un sourire à la fois amusé et fatigué, se choquant légèrement elle même du peu d'intérêt qu'elle donnait à présent à l'homicide qu'elle venait de commettre.
C'est qu'une victoire valait bien l'oubli de l'horreur du combat. Alors tant pis pour le vieux, c'était bien triste en soit, mais elle s'en remettrait suffisamment aisément pour s'endormir sans trop de souci lorsqu'elle serait de retour chez elle. Et d'ailleurs, il était drôlement temps qu'elle en prenne la direction. L'aube se faisait de plus en plus claire et bientôt les premiers habitants du quartier se réveilleraient. Seulement, aussi curieux que cela puisse paraître, elle avait bien du mal à quitter Peter. Sans doute parce qu'il avait été l'unique témoin de son évolution et qu'elle aurait bien fêté ça en compagnie de quelqu'un. Pour autant, elle finit par lui adresser une dernière parole qui, peut-être, serait la dernière à jamais.
- Merci encore, lança t-elle finalement plus sérieusement dans un dernier regard avant de rabattre sa capuche sur son crâne et de s'évanouir dans l'obscurité qui n'habillerait plus pour longtemps la ville.
Plus vite elle serait rentrée chez elle, mieux se serait. Elle allait devoir analyser tout ce qu'il venait de se passer à présent, qu'il s'agisse de ces dossiers volés qui sans nul doute ne lui servirait plus à rien à présent, ou de cette soudaine évolution de sa mutation qui l'avait prise par surprise. Mais c'était une surprise plaisante cette fois, dont elle ne pouvait qu'être heureuse.