Initialement, Raven avait les cheveux noirs. Lorsqu'elle décida de se trouver un nouveau prénom, elle opta pour Corbeau, et porta son choix vers l'Anglais, une langue qui lui ferait oublier ses origines Autrichiennes. Son prétendu nom de famille, Darkholme, est composé d'un nom à consonance britannique (Holmes) précédé d'une épithète soulignant la noirceur qui lui gangrène le cœur (Dark). Au fil du temps et des identités absorbées, la jeune femme oublia définitivement son ancienne existence, qui ne lui avait apporté que du chagrin.

Innsbruck se situe dans la région effilée occidentale de l'Autriche, prise dans une bande de terre comprimée au nord par l'Allemagne, et au sud par l'Italie. En 1944, le pays subissait encore le joug de l'Axe, qui luttait pour garder la mainmise sur ses frontières. Le père de Raven avait trouvé la mort en 1942, envoyé en première ligne lors d'un affrontement contre les troupes russes. Son épouse, immobilisée par sa grossesse, accoucha chez elle, au risque de perdre son bébé (les hôpitaux avaient été réquisitionnés pour soigner en priorité les soldats allemands).
L'apparition de la mutation de Raven fut certainement le plus insoutenable jour de sa vie. Réveillée au matin, elle se découvrit en train de passer d'une peau bleue à blanche, et contempla un reflet qui ne cessait de se modifier au gré de ses pensées. Terrorisée, persuadée de devenir folle, d'halluciner, la petite fille courut trouver refuge dans les bras de sa mère, qui réagit tout aussi violemment. Traitée de monstruosité, de démone, d'aberration, Raven n'eut d'autre choix que de partir de sa maison. Convaincue que la réaction de sa mère serait partagée par le monde entier, la mutante apprit très tôt à masquer son apparence inhabituelle, comprenant peu à peu à quel point son don était extraordinaire. En se faisant passer pour autrui, elle obtint le gîte, le couvert, et même de l'amour... Sans jamais parvenir à oublier que ce que les gens aimaient n'étaient ni son apparence, ni sa personnalité, mais l'imitation qu'elle effectuait d'un individu existant au préalable. Cette pâle copie de vie lui parut toutefois toujours infiniment préférable à celle d'un monstre bleu traqué et chassé par les citoyens.

Puisqu'elle pouvait être n'importe qui (homme, femme ou enfant), Raven se créa sa propre identité, celle qui correspondrait à la femme aux cheveux rouges et aux yeux d'un jaune luisant que lui renvoyait son miroir, les rares fois où elle osait se révéler. Cette ancre identitaire (Raven Darkholme) ainsi créée, la change-forme s'autorisa à vagabonder au gré de ses envies, voyageant dans toute l'Europe en y apprenant plusieurs langues (Français, Allemand, Italien, Espagnol, Anglais, Portugais...). Vieillissant moins vite qu'une humaine, elle savoura une existence dépourvue d'impératifs, n'ayant ni à travailler ni à obéir aux lois pour pouvoir vivre dans le confort et la tranquillité. Malgré tout, un désir lancinant ne cessait de lui revenir, régulièrement. Raven avait toujours rêvé d'être mère, de pouvoir élever son enfant. Fille répudiée à cause de sa mutation, elle n'aspirait qu'à donner naissance à un enfant aussi différent qu'elle de la norme, avec qui elle ne comptait pas reproduire l'erreur de sa propre mère, et surtout, avec qui elle pourrait enfin rester elle-même, et être aimée en tant que telle. C'est en Allemagne, auprès d'un baron de Bavière nommé Christian Wagner, que la mutante s'essaya pour la première fois sérieusement à tomber enceinte. Fortuné, sensible à ses charmes, Wagner constituait un partenaire comme un autre, pour Raven, qui regretta cependant son choix motivé par le confort, l'apparât des richesses et le prestige, lorsqu'elle découvrit que le baron ne pouvait pas avoir de descendance. Frustrée, mariée au bourgeois de Bavière qui comptait bien finir ses jours aux côtés de son épouse, la change-forme subit silencieusement ce coup du sort, et modifia ses plans. Chaque soir devint pour elle une nuit d'escapade, où, en passant d'apparence en apparence, Raven se faufilait jusqu'à la demeure d'un voisin, pour y remplacer telle ou telle épouse lors des obligations conjugales. Extrêmement volage, l'infidèle profita d'une réception donnée en l'honneur de son conjoint pour faire la connaissance d'un autre mutant (Azazel) avec qui elle coucha, comblant finalement ses attentes. La grossesse soudaine de son épouse surprit passablement Christian Wagner, qui, incapable de croire naïvement en un miracle, commanda sur-le-champs un test de paternité pour s'assurer que son mariage tenait toujours. Le soir même, il perdait tragiquement la vie, victime d'une crise cardiaque (empoisonnnement par sa veuve, en vérité).

Kurt Wagner vint au monde en 1971. Ce qui aurait dû être un heureux événement tourna cependant court, car non content d'apparaître aussi bleu que sa mère, le nourrisson présentait fièrement nu appendice caudal et des oreilles anormalement longues. Sa génitrice, soumise à rude épreuve pour réussir à conserver une apparence humaine durant l'acouchement, sentit lui échapper son contrôle sur ses pouvoirs, et apparut également bleue. La sage-femme venue aidée Raven à accoucher hurla immédiatement au démon, et alerta tous les villageois des environs. Alors qu'elle n'aspirait qu'à se reposer après le travail, Raven dut préparer sa fuite en hâte, en emportant avec elle son nouveau-né. Or, contrairement à ce qu'elle espérait, aucun élan maternel ne lui étreignit la poitrine, quand elle contempla son fils. Seul le rappel brutal de sa condition de monstre, pour les humains, lui gigotait sous le nez, en tortillant sa queue de diablotin et en clignant de ses grands yeux jaunes. La fatigue, le contre-coup du stress, l'urgence de la situation... Une avalanche d'hormones se déversa dans l'organisme de l'Autrichienne, qui se surprit à haïr son fils de lui ressembler. Faible, pourchassée par des citoyens déterminés à la tuer, Raven réalisa qu'elle ne pourrait pas fuir si elle s'encombrait de Kurt, et que si elle abandonnait son enfant derrière elle, les villageois le tortureraient avant de le tuer. La mort attendait le bébé, aussi estima-t-elle plus charitable de le jeter du haut d'une falaise, pour que sa fin vienne rapidement et sans souffrance inutile. Honteuse malgré tout d'avoir tué son propre fils, la renégade s'obligea à ravaler ses larmes, et se mêla à la foule en colère, n'oubliant jamais quel horrible acte la barbarie de l'Homme l'avait conduite à faire.
Kurt, heureusement, put échapper à son sort grâce à son père, qui veilla à lui trouver une famille d'accueil.

Débordante d'aigreur et déterminée à faire payer l'humanité, Raven adopta l'identité de Leni Zauber, une mercenaire d'origines allemandes assassinant n'importe qui pour de l'argent. Sévissant principalement en Europe, alors aux prises avec la guerre froide divisant le continent en deux blocs, Zauber fut chargée d'abattre un scientifique Allemand à Berlin. Sur place, elle croisa Victor Creed, lui aussi sur le même contrat. D'abord en compétition, les deux tueurs finirent par coopérer, le prix de cet accord étant une nuit passée par Raven avec le mutant. Bien que seule responsable de la mort du scientifique, Raven s'enfuit avec Creed pour le Canada, ignorant encore à l'époque qu'elle portait un nouvelle enfant en elle. Une fois outre-Atlantique, la change-forme ne tarda pas à comprendre quel genre d'individus était Creed, et se dépêcha de s'en débarrasser en le dénonçant aux forces de l'ordre. Le violent et impuslif mutant jura vengeance, tandis que Raven descendait vers le sud, s'installer aux États-unis le temps d'acoucher. Consciente que Dents-de-sabre saurait facilement la retrouver si elle demeurait à proximité du Canada, la mutante prit la difficile décision de s'éloigner de son second fils, Graydon, qu'elle confia à un centre d'adoption. Un choix qu'elle supposait alors temporaire. L'enfant resté aux USA, elle reprit la route en 1975, seule, encore et toujours.

Dégoûtée des hommes, Raven voyagea en Asie, aussi loin que possible de l'Europe et du nouveau monde, ajoutant à son bagage linguistique le Mandarin, le Japonais, et le Vietnamien. De passage à Hong-Kong, elle croisa le chemin d'une compatriote Autrichienne, Irène Adler. À cette époque, Raven œuvrait en tant que détective privée. Sympathisant avec Adler, la mutante s'aperçut qu'elle avait plus en commun avec la native de Salzburg qu'elle ne le soupçonnait. Irène lui confia être une mutante, capable de voir l'avenir (un don qui la terrifiait, et sur lequel elle n'avait aucun contrôle). Incapable de donner un sens à ses visions, et incapable de les chasser, la presciente passait des heures à décrire ses visions dans des livres, noircissant page après page, cahier après cahier, trente volumes de prophéties et de visions concernant le vingtième et le vingt-et-unième siècles. Les deux femmes devinrent des amies de plus en plus proches, puis amantes. Raven aida Irène à apprivoiser son don, tandis que cette dernière offrait à la change-forme sa première expérience d'un amour lui étant destiné à elle, et pas à ce qu'elle prétendait être. Via Irène, Raven put suivre l'évolution de son fils, Graydon, et apprendre que Kurt n'était pas mort. Son intérêt pour le premier disparu lorsqu'il devint évident qu'il n'était pas mutant ; quant à Kurt, elle ne pouvait l'imaginer sans repenser à son geste. La mort dans l'âme, l'Autrichienne abandonna définitivement l'idée d'être un jour mère, et s'immergea de plain-pied dans sa relation avec Irène. Ensembles, elle fondèrent un cabinet de détectives privées redoutables, Raven se chargeant des missions de terrain tandis que sa partenaire scrutait l'avenir. En parallèle, les deux femmes agirent dans l'ombre, parfois pour éviter que certaines des visions d'Irène ne se réalisent. Adoptant chacune un nom de code, elles devinrent Mystique et Destiny, s'envolant vers les États-unis pour s'installer dans le Mississippi, où elles incarnèrent les prémices d'une Confrérie (avec Irène auprès d'elle, Mystique ne redoutait plus d'être surprise par un Victor Creed venu prendre sa revanche). Sous la direction de la clairvoyante, le duo suivit de près la montée au pouvoir du Sénateur Robert Kelly, qui, un jour, déposerait une loi condamnant les mutants à vivre enfermés. Persuadées de devoir tuer le sénateur pour préserver les leurs, Mystique et Destiny tentèrent une première fois d'assassiner l'homme. Mais cette opération échoua, coûtant la vie à Irène. Le cœur brisé, Raven prit la fuite, non sans avoir recueilli les dernières paroles de son amante mourante : « Trouve Magnéto ».

Immédiatement fascinée par Erik, Raven se joignit à sa Confrérie, trouvant auprès de l'ex-détenu de camps un leader à la hauteur de ses espérances. Elle s'avéra être une agent, espionne et lieutenant aussi compétente que possible. Polyglotte, loyale à l'excès, et avec une expérience de la vie que son grain de peau ne laissait pas supposer, Mystique fortifia l'organisation de Magnéto d'une change-forme versatile aux multiples talents, et prête à tout pour faire triompher la cause mutante.

À force de vivre la vie des autres, Mystique a progressivement dilué sa propre personnalité dans un mélange disparate provenant de tous les horizons. Excellente lorsqu'il s'agit d'être quelqu'un d'autre, elle a de plus en plus de difficultés à se rappeler de ce qui la définit en tant qu'individu, et des tics/manies/points de vue qu'elle ne fait qu'emprunter à un rôle joué par le passé. Pour cette raison principale (avoir l'impression de disparaître au fur et à mesure des identités usurpées), Mystique évite de trop s’appesantir sur sa personne, faisant de Raven Darkholme son apparence par défaut sans chercher à définir ce que sont ses traits de caractère (car elle redoute de ne plus en être capable). Exception faite de sa haine féroce de l'Humanité, et de son désir de pouvoir vivre au grand jour sans besoin de se cacher, Raven n'affiche aucune émotion, aucune humeur, lui conférant une aura de froideur. Inexpressive et immobile, elle est l'ombre silencieuse de Magnéto, une mutante qui ne partage jamais ses pensées avec personne, et dont la gestuelle évoque parfois celle d'un robot.
Autodidacte (dès ses douze ans, Raven n'a plus pu aller à l'école, par peur d'être agressée ou insultée), Mystique est une jeune femme intelligente, qui assimile rapidement les informations (en particulier les langues – possiblement grâce à son pouvoir, qui accentue la plasticité cérébrale et l'apprentissage par imitation) et sait copier n'importe qui. Comédienne qui a passé sa vie à jouer des rôles, l'Autrichienne passe d'une personnalité à une autre comme on changerait de chemise, chaque apparence s'accompagnant d'un changement dans sa posture, sa mentalité, ses intonations et son vocabulaire. Totalement indifférente à la vie humaine, Mystique tue aussi facilement qu'elle respire (un autre effet secondaire de ses très nombreuses existences usurpées – la vie humaine s'est banalisée à ses yeux, jusqu'à devenir aussi insignifiante que celle d'un insecte). Plastique et versatile, Raven a plus d'une fois été amenée à jouer les séductrices dans le cadre d'une mission. Aussi à l'aise avec les hommes qu'avec les femmes, elle a fait une croix sur l'idée de l'Amour, et voue un sentiment plus proche de l'admiration éperdue que que l'attirance réelle à Erik. Obnubilée par sa quête d'amener les mutants à la suprématie, Mystique serait paradoxalement totalement désœuvrée si son rêve devenait réalité. Libre d'être elle-même, elle se retrouverait confrontée à son incapacité à se définir (un sentiment angoissant auquel elle met traditionnellement fin en adoptant l'apparence d'un autre, pour retrouver le sentiment rassurant de savoir qui elle est, et quels sont ses centres d'intérêts – bien qu'il ne s'agisse pas de sa vie). Finalement libre de pouvoir exister en tant que Raven Darkholme, Mystique passerait son temps à emprunter l'existence d'autrui pour connaître ses buts et aspirations. Aspirante mère dont les deux fils connurent un sort peu enviable, la change-forme s'est également faite une raison sur son désir d'élever un enfant de sa propre chair. Le chagrin qui la dévore lentement de l'intérieur attise sa haine de la normalité, la rendant acerbe et aigre vis-à-vis de ceux qui ne portent pas un fardeau comparable au sein (cette hargne étant, en définitive, la seule parcelle de son âme dont elle soit sûre de la définir elle).