C'était une bonne journée pour la marché de Chinatown. Comme d'habitude en fait ! Avec le monde qui passait dans le coin, les commerçants étaient toujours occupés et ne pouvaient pas vraiment se plaindre de la situation. D'autant plus que le tourisme des lieux grandissants permettait une certaine expansion du quartier. Seuls soucis, la concurrence. Qui commençait à son tour à devenir farouche et de plus en plus robuste. Se démarquer commençait lentement mais sûrement une tâche difficile à mettre en place.

Quoiqu'il en soit, c'était bien la dernière chose qui venait dans la tête de Wang-Ma. Tout juste arrivé en amérique, tout droit sorti des campagnes de chine, il avait finit par rejoindre son oncle dans l'idée de profiter à son tour d'une meilleure prospérité. Le moins que l'on pouvait dire, c'était que ses premiers jours avaient été agités !
« Et je fais quoi au juste si la tronche de lézard revient, hein ? » questionna t-il agacé en s'occupant de remplir les réserves d'huiles de cuisson du comptoir-bar que son oncle possédait au marché.

« Tanba ». C'était le surnom du lieu et du propriétaire, à l'occasion. Quoique son vrai nom fut Chen-Ma, il avait préféré prendre ce pseudo plus facile à retenir. Pour l'occasion, ce que lui dit son neveu ne lui procura même pas une once de surprise. C'était un homme dur en affaire. Et il savait exactement de quoi on lui parlait !

« Pfff ! Bah, tu lui sors un speech habituel qui plaît au touriste. Il est pas du coin et ça se voit. Apparemment, il est arrivé en ville tout juste avec sa copine. Te prends pas la tête. Les gens aiment bien venir ici pour voir des chinois parler comme ils pensent qu'on parle. »
Wang hocha la tête et hausse les épaules...
« Bon... D'accord... »

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« Tu vois chérie ! Je t'avais dit qu'on viendrait pas nous emmerder ! » aboya Lazare.

Ils étaient pour l'occasion de sortie afin de découvrir le quartier dans lequel ils allaient s'installer. L'agent immobilier avait fait une de ces têtes en le voyant... Enfin bon, passé la surprise, il était tout de même parvenu à se dégoter un appartement dans l'arrondissement de Chinatown. Même si il n'était pas bien grand et qu'il n'y avait que le strict nécessaire pour vivre. Lazare n'était pas spécialement très fortuné, alors il devait faire avec. Aujourd'hui, il avait convaincu Caron d'aller manger un bout dans les parages, en public. Après tout, ils ne resteraient pas cacher éternellement, les gens allaient devoir s'habituer à eux. En espérant qu'ils tolèrent un minimum les membres de la communauté mutante. La plupart des gens sur leur passage évitaient de trop le regarder. Sans doute parviendraient t-ils à se faire accepter au fil du temps et en étant corrects. C'était en tout cas ce qu'espérait Lazare qui ne désirait que se fondre dans la masse.

Ils prirent la direction de chez Tanba. Lors de son petit tour de repérage, Lazare avait eut l'occasion de discuter un peu avec le propriétaire des lieux. Le vieux bonhomme n'avait même pas haussé un sourcil en le voyant, comme si cela avait été « normal ». Tout ce qui l'avait intéressé alors, c'était de savoir ce que le mutant écossais désirait avaler. Espérons que les autres personnes du coin soient aussi peu regardantes sur la tête de leurs clients.

« On ira jeter un œil à l'appart' après avoir mangé un peu. J'ai la dalle. En espérant que tout se passe bien. Mais bon, y'a pas de raison, pas vrai ? » dit-il.

En le voyant arriver, Wang-Ma se mit presque au garde à vous et inclinant poliment la tête en tentant de conserver son calme. Il n'avait vu qu'une fois le gros lézard et voilà qu'il ramenait maintenant de la compagnie ! Et bigre... Quelle compagnie... Quel genre de bestiau était-ce cela encore ? Décidément, s'habituer au paysage de l'Amérique allait être difficile. Il y a moins de mutants en Chine !

« Aaaah ! Monsieur aux écailles ! Quand les dragons tombent du ciel, ça être bon signe ! Vous voulez une bonne brochette ? Vous allez voir, après ça, vous vous sentirez fort comme le tigre de jade ! » argumenta Wang en prenant volontairement un accent exagéré

Lazare s'installa sur l'un des tabourets en prenant le soin de laisser un espacement suffisant entre celui qui était a coté de lui de façon à ce que Caron puisse s'asseoir sans trop de gêne à ses cotés. Le mutant renvoya un sourire plein de dents au jeune restaurateur qui en eut des sueurs froides.

« Salut, Ching Chong. Tanba, je crois, m'a convaincu de revenir ici. Je lui ai promis de lui amené un autre client en plus. C'est quoi ton nom au juste ? »
« Euuh... Wang ! Appelez moi Wang ! »
« Merci Wang. Eh bien, surprend nous ! Mais pas dans l'excès ! J'ai un porte-feuille assez réduit, me faut quelque chose de bon marché quand même … » gargouilla Lazare en réponse.

Le jeune restaurateur cligna des yeux avant de s'incliner et de s'atteler immédiatement au travail. Lazare pivota sur son siège et prit les mains de Caron en la regardant.

« Aaah... On va enfin pouvoir se prendre un nouveau départ. Loin des ennuis. Mais je vais continuer à chercher pour tu sais quoi... Je te jure que j'obtiendrais des réponses. »

« Effectivement, enfin un endroit tranquille ! »

Chinatown était une grande nouveauté pour Caron. Il y en avait du monde... Oh que oui, il y en avait du monde et le couple qu'elle formait avec Lazare était comment dire... Visible ? Un tout petit peu. Mais bon, ça faisait du bien de sortir enfin au grand jour sans craindre de voir débarquer des gens armés pour les agresser. Ce n'était pas eux le problème mais plus le fait de ne pas pouvoir sortir, là même si les gens se montraient hostiles... Et bien, ils pouvaient au moins se balader dans la rue. Du coup, elle pouvait se laisser aller et regardait un peu partout avec une certaine curiosité car ils en vendaient des articles ici ! Il y avait des choses improbables sur ce marché ! Certains types de poissons... Franchement, c'était plutôt amusant pour Caron d'être ici. Surtout que la journée avait bien débutée pour une arrivée. Ils avaient réussis à trouver un logement - de manière légale, s'il vous plaît - et Caron s'était laissée convaincre pour sortir manger un bout.

D'habitude elle était plutôt réticente à se montrer en public mais elle devait avouer qu'elle avait eu tort de discuter. Tout était plutôt sympa au final. A la proposition de Lazare suggérant qu'il serait bien d'aller manger et Caron se vit obligée d'accepter. Ce n'est pas parce qu'on est un blob qu'on ne peut pas manger ! Bon, ça permet de manger de manière assez fantaisiste mais là n'est pas la question. Il est bon de manger.

« Aucune raison, allons manger ! » Dit joyeusement Caron.

"Tanba". Au moins, on savait pourquoi il s'était établit dans le quartier de Chinatown lui. Caron faillit éclater de rire en entendant la réponse de Lazare qui convenait parfaitement au discours de ce "Wang", elle n'éclata pas de rire de peur d'attirer l'attention mais si elle aurait pu se laisser aller, elle en aurait rit vu la situation. Enfin bon, là voilà qui était assise au côté de son mari à un restaurant chinois en plein quartier de Chinatown. Elle préférait laisser parler Lazare car c'était lui qui avait pris toujours les devants mais surtout, c'est qu'il était bien plus doué dans les relations sociales que Caron.
Elle eut un sourire en l'entendant parler et serra ses mains dans les siennes.

« On à l'occasion de se refaire mais.. Il ne faut pas que ça nous occupe trop. C'est important mais un nouveau départ c'est aussi l'occasion de faire d'autres choses, non ? On les obtiendra nos réponses, mais évitons de faire comme là-bas. Tant qu'ils ne sont pas là... Évitons de nous faire remarquer. D'accord ? » Dit-elle doucement.

Un peu après, le temps de patienter pour la nourriture, le dénommé Wang revint avec deux plats de brochettes de viandes. Rien de bien sophistiqué mais apparemment, vu le discours de l'homme cela donnerait une force similaire au "tigre de jade" bien que Caron doute de ça, il fallait dire que ça n'avait pas l'air mauvais. Une fois qu'ils étaient tous les deux servies, elle n'attendit pas vraiment et commença à manger. Et c'était bon ! Un bon plaisir de temps en temps était acceptable, les brochettes n'étaient pas en quantité mais au moins, ça faisait plaisir de trouver de bonnes brochettes dès le premier jour.

« Hey, c'est pas mal ! Bon, il ne manque qu'une chose... Va falloir trouver du boulot et pas que les petits jobs. Je pense qu'ici, les gens vont pas vraiment être très regardant, du moins quelques-uns... Avec nos profils, ça va être plutôt simple dans certains domaines. Faudrait penser à demander tout le monde, même ce Tanba, non ? » Dit Caron tout en mangeant ses brochettes.

« Et voilà ! Yakitoris ! Ça va vous revigorer, vous allez voir ça ! » lança Wang en posant deux assiettes de ces brochettes.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles semblaient plus que délicieuses. Caron semblait relativement inquiète quand à l'aspect confidentiel qu'ils avaient à être ici, tout comme elle semblait craindre que Lazare ne fasse trop de souk. L'écossais secoua la tête en fermant les yeux et en se saisissant d'une de ses brochettes.

 « Tu t'en fais pour rien, chérie. Laisse moi m'occuper de ce genre de détails. Je sais exactement ce que je fais. Il n'y a aucune raison pour que ça tourne mal, de toute manière. J'ai aussi dans mon intérêt d'éviter de faire trop bruits. Mais ne t'en fais pas pour ça, c'est une affaire dont je prends intégralement le contrôle. » expliqua t-il.

Oh que oui, il allait s'occuper de ces affaires. Et s'en occuper de bien belle manière. Quand à quelques pertes humaines... Bah, elles étaient largement compensables par le nombre de réponses et la quantité d'informations qu'il obtiendrait en échange. Après tout, c'était dans un noble but. Qu'est ce qu'il y pouvait si ces abrutis de scientifiques étaient incapables de réparer ce qu'ils avaient créés ? Ce n'était qu'un juste retour des choses.

 « Cela dit, t'as raison pour le boulot. Hé, Wang ? Tu peux aller voir ton patron ? On aimerait savoir si il embauche. Ca fait un petit moment qu'on se connait, après tout, non ? » dit-il.
« Trois jours... C'est peut-être un peu tôt, vous ne pensez pas ? Mon oncle ne voudra jamais- »
« Ne me fait pas dire ce que je n'ai pas dit, Wang. Qu'est ce qui se passe ? »

Le vieux croulant qu'était Tanba approcha, appuyé sur sa canne et l'air contrarié. Aussi âgé était-il, il semblait fixé dans son éternel air insatisfait et sévère. Le vieux haussa les épaules.

« Vous voulez du travail ? »
« Bah, on compte rester ici un petit moment, donc ouais. On peut s'adapter facilement à tout type de travaux, après. Si vous avez besoin d'un coup de main, on serrait ravi de pouvoir l'apporter ici. »
Tanba se gratta un instant le bas du visage.
« Eh bien... J'aimerais que vous connaissiez d'avantage le coin... Je pourrais peut-être vous trouvez quelque chose à faire en attendant... Rien de très compliqué mais ce sera payé en conséquence. Je ne peux pas vous garantir ce qu'on peut appeler un salaire décent. Ce sera payé à la semaine. »
« Dites toujours ? »
« Eh bien. Il me faut des gens pour décharger les commandes et ranger le tout, tout les mercredis. J'ai aussi besoin d'un coup de main pour le ménage et la plonge. C'est pas que Wang ici présent est un incompétent mais tout seul, il a bien du mal à s'en sortir. »

Le jeune haussa les épaules. Lazare envoya un regard à Caron.
« Ca me paraît déjà pas mal, hein chérie ? Très bien. On accepte votre proposition, Tanba. »
« Oh... Et c'est un travail non déclaré, bien sûr... Donc doucement sur ce que vous dites, entendu ? »

Lazare termina son repas, émit un rot sonore et hocha la tête.
« Aucun soucis. On va voir l'appart, chérie ? »

« Ouais, allons-y. Le mieux à faire après un bon repas ! » Dit joyeusement Caron comme à son habitude.

Une fois le repas payé, ils prirent la route de leur nouveau lieu de vie. Et bien, tout s'enchaînait assez vite, ils avaient déjà un boulot ! Bon, un boulot pas déclaré certes mais ça reste un boulot pas très douteux, Tanba était quelqu'un de respectable, il ne se posait pas vraiment de questions sur eux deux et n'était pas sélectif. Bon avec un boulot non déclaré, on ne peut pas être sélectif mais c'était quelqu'un de sympa. Avec les gens que Caron avait vue dans le quartier, certaines têtes très douteuse ne pouvaient donner l'impression de travailler pour des œuvres de charités mais plus pour des trafics d'objets et de substances plus ou moins légaux. Bon, au moins Tanba avait l'air sympa, ils pourraient tenir quelques temps en faisant des boulots de ce genre vu que ça avait l'air d'être le genre de vieux propriétaire respectable et dur mais juste. Si c'était du déchargement de cartons et faire de la plonge, ça commençait d'une manière moins originale que ça aurait pu.

L'appartement qu'ils avaient réussis à se dégoter n'était qu'à une petite dizaine de minutes en y allant à pied et ils furent rapidement devant. Contrairement à ce que Caron avait pu penser, l'agent immobilier ne s'était pas foutu de leur gueule. L'immeuble dans lequel leur appartement se situait n'était pas luxueux, certes, mais pas mauvais non plus contrairement à ce qu'on pouvait croiser dans les quartiers les plus craignons. Le milieu de vie restait vachement correct pour cet immeuble portant le charmant numéro de 109.
Quand ils rentrèrent dans l'immeuble, ils eurent le plaisir de voir le concierge de l'immeuble avoir un léger choc en voyant les nouveaux occupants. On peut dire qu'il eut un moment de paralysie en se demandant bien ce que ces deux personnes faisaient là...

Ce n'était pas quelqu'un de vraiment exceptionnel après tout, même quelqu'un de bien lambda, un asiatique - vu le quartier, on ne pouvait pas vraiment s'attendre à croiser un suédois bien qu'il aurait été drôle de voir ça - plutôt petit et mince, quelqu'un de très sec. Il semblait approcher de la soixantaine avec des cheveux grisonnants et avait une magnifique odeur de tabac froid qui fit frémir les narines de Caron. Bon, ce n'était que le concierge après tout mais il faudrait mieux ne pas le contredire car c'était aussi le gardien de l'immeuble. Après un petit moment, il reprit son activité qui était de nettoyer le hall d'entrée de l'immeuble.

« Hmm.. Nous sommes les nouveaux occupants, au troisième étage. » Dit Caron un peu perplexe face au gardien.

« Oh, je vois, on m'a prévenu que vous serez là aujourd'hui et que vous seriez un peu dépaysant pour l'immeuble. Enfin bon, tant que vous posez pas de soucis, c'est tranquille. Bienvenue au 109, le sang neuf. » Dit-il avec un clin d'oeil.

Introduction neutre, gardien sympa et même un petit jeu de mots. Franchement, c'était un bon départ pour une nouvelle vie. Toute joyeuse et en fredonnant un petit air, elle et Lazare montèrent au troisième étage par les escaliers et ils arrivèrent devant une porte en bois contreplaqué numérotée neuf. Et bien il était temps d'entrer ! Elle laissa Lazare sortir la clé donnée par l'agent immobilier et ils purent entrer dans l'appartement.

Le tour fut rapidement fait, un quatre pièces. Une chambre, une pièce de vie, une cuisine et une salle de bain. L'état n'étais pas mauvais, les arrivées d'eau ne semblaient pas fuir et le carrelage n'était pas vraiment laid, une sorte de blanc tacheté d'un beige très clair et les murs n'étaient pas en mauvaise état, eux aussi d'un blanc mais recouvert d'un crépis pas très agréable mais au moins, ce n'était pas moche. Par contre, l'agent immobilier avait raison, il n'y avait que le strict minimum pour vivre et avec leurs bagages plutôt... Légers...
Au moins, ils avaient un toit pour le moment !

« C'est pas si mal ! » Dit joyeusement Caron, toujours avec son humeur joyeuse habituelle.

Ce n'était pas le luxe, mais au moins, c'était honnête. Ils n'avaient pas déboursés bien cher pour ça alors il était logique qu'ils aient ce qu'ils méritent avec leur somme. L'appart' en lui même était honorable. Sans doute petit, mais honorable. En rentrant, une sorte de sentiment appaisant envahi Lazare. C'était chez eux.

« Bon bah évidemment... C'est pas bien bien grand. Mais une fois qu'on aura un peu aménagé tout ça, poser nos affaires et meublé... Tu verras, je suis sûr qu'on y sera bien. C'est chez nous. On va être tranquille. Enfin. » soupira t-il.

Il était content. Vraiment. Enfin un peu de paix. Certes subsistait la quête du savoir, mais en l'état actuel, elle pouvait bien attendre. Lazare avait très envie de voir cet appartement finalement meublé et eut logé tranquillement de manière confortable. Que demander de plus ? Les premiers temps allaient bien entendu être les plus durs. Ils allaient devoir se faire de l'argent, s'imposer dans le quartier, commencer à connaître le coin, bref... S'installer !
Lazare vérifia soigneusement l'intégralité des pièces à la recherche d'un moindre défaut. Visiblement, tout semblait à peu près en bon état et ils n'auraient sans doute pas de problèmes. Il était juste un peu dérangé par ce carrelage. Heureusement que le chauffage au sol remontait vers eux. Sans quoi, la nuit aurait promise d'être compliquée. Une fois tout vérifié, Lazare se permit un moment pour souffler, ouvrit la fenêtre de leur appartement et contempla Chinatown depuis son petit angle vue du troisième étage. Il se tourna ensuite vers Caron et ouvrit les bras.

« Enfin on s'installe ensemble ! Ça fait longtemps que j'en avais envie. Tu ne t'en souviens peut-être pas, mais à l'époque, on s'était dit qu'on finirait par se poser tranquillement tout les deux. Ce jour est enfin arrivé ! Je suis très heureux ! J'espère juste que la population n'est pas hostile aux mutants. J'ai cru comprendre que certains radicaux avaient « un peu de mal » avec eux... Les gens du coin ont l'air sympathiques, cela dit... »

Lazare croisa les bras et alla inspecter la chambre pour tenter d'établir une liste de priorité. Bien entendu, la première était basique : Vu qu'ils pouvaient manger chez Tanba, il leur fallait au moins un lit. Dès demain, Lazare se jura d'aller faire un tour à gauche et à droite afin de tomber sur au moins un matelas. Qu'importe qu'il ne soit pas d'une grande qualité pour commencer, juste quelque chose pour amortir le sol dur. Cela suffirait. L'idée de ne pas pouvoir offrir quelque chose d'idéal à Caron l'énerva drastiquement, cependant.

« Grr... Je suis désolé, chérie. J'aurais tellement aimé qu'on soit installé de manière plus confortable immédiatement... Mais j'ai fais tout ce que j'ai pus. Maintenant, il va falloir bosser pour gagner notre vie... Je t'aime, ne m'en veux pas. » gargouilla t-il.

Pourquoi n'avait t-il jamais été en mesure de proposer quelque chose de normal et de correct à son épouse, bon sang ? Pourquoi ce genre de situations n'arrivaient qu'à lui ? Ne pas pouvoir être à la hauteur de son statut d'époux l’horripilait.

« Cette nuit risque d'être rude... Je vais tâcher de m'arranger avec le concierge pour voir si il peut augmenter au moins un peu le chauffage. Quitte à dormir par terre, autant que ce soit chaud. Même si c'est dur... J'ai honte de ne pas pouvoir proposé mieux... » souffla t-il.

Lazare était si gentil... Caron était tellement heureuse d'avoir pu le trouver dans sa vie précédente, celle qu'elle avait oubliée. Même dans cette situation, il s'en voulait de ne pouvoir lui offrir quelque chose de bon alors qu'ils étaient déjà passés à travers beaucoup de choses mais elle ne voulait pas forcément quelque chose de confortable, être avec lui était déjà fort bien suffisant. Certes, il manquait le minimum mais en tant que blob, il était relativement possible d'être dans le confort et d'être confortable sans beaucoup de choses, tant qu'il y avait de la chaleur et à manger... Être une boule d'écaille, ça facilite bien la vie.

Ce qui la faisait sourire c'était qu'elle aurait préféré qu'il soit à l'aise, elle n'avait qu'à se rendre molle et toute position devenait confortable. Même jusqu'à devenir un matelas pour Lazare dans son esprit était une idée normale. Car bon, même en étant un matelas, au final il était avec elle... Elle n'aimait pas trop le voir tout sacrifier pour elle, c'était une preuve d'amour mais ça la gênait énormément de se retrouver favorisée ainsi par Lazare. Elle le regarda avec un sourire chaleureux.

« Je ne t'en veux pas. Il faudrait que je sois la pire au monde pour pouvoir t'en vouloir après ce qu'on à traversés, mon lézard. C'est déjà même excellent qu'on soit arrivés là. Et puis bon, si on voulait s'installer ensemble avant ça... Autant se réjouir de ça, qu'importe sur le moment s'il y à des mauvais côtés à notre situation et que notre situation est toujours un peu instable, on est à deux et c'est les plus important. Ce n'est pas quelque chose d'aussi futile qui pourrait altérer notre amour. »

Elle le laissa descendre pour aller demander un peu plus de chauffage. Elle-même n'était pas du tout contre, être un blob c'est un peu comme être un lézard. La chaleur, c'est le bien du moment qu'il n'y en à pas trop. Et il se trouvait qu'en ce moment même, il n'y en avait pas assez. C'était vivable, mais pour dormir sur le carrelage -car c'était la seule solution du moment- ce serait plus agréable. En attendant, elle en profita pour faire un tour dans l'appartement et se mit à l'aise. A plus les vêtements, on se met en naturel et on se laisse couler un peu. Rester solide tout le temps représentait un petit effort, l'état naturel étant mi-solide et mi-liquide, le stade gluant or cela pouvait être très peu pratique car pouvoir devenir une serpillère naturel n'est pas très plaisant. Mais là, elle était chez-elle donc aucune raison de se compliquer la vie.

Une fois qu'il remonta, l'eau chaude commençait déjà à couler dans les tuyaux et le bruit était plutôt agréable. Pour le premier jour le concierge avait mis du chauffage mais pour les prochaines fois, ça compterait dans la facture et il faudrait payer. Or ils se retrouvaient tout deux en situation bien précaire, à peine assez d'argent pour manger une semaine, heureusement que Tanba avait besoin de quelqu'un et qu'il embauchait facilement. Néanmoins, étant donné la fréquence du travail, ça ne rapporterait pas grand chose et chercher d'autres boulots restait nécessaire.

Mais ce n'était plus le temps de l'occupation, venait la détente. Elle était dans son appartement avec son lézard, aucune raison de se tracasser du monde extérieur pour l'instant. A la place, elle l'accueillit avec un câlin et frotta sa tête contre lui. Enfantin mais quand il y à du bonheur, elle le prend et ne se pose pas de questions.

« Je t'aime, tu es le meilleur. C'est pas grave si on doit bosser, tant qu'on peut avoir notre chez-nous et qu'ils ne viennent plus comme avant nous emmerder. Je vais pas te laisser te morfondre car tu n'as pas pu mieux faire, c'est déjà bien qu'on ait ça. Ç’aurait été trop improbable de se mettre directement dans une villa et là j'aurai un peu doutée de ce qu'il avait pu se passer pour qu'on soit là-bas ! Tu es le meilleur époux possible et ne t'inquiète pas à propos de chose comme le confort pour une blob, je suis plus du genre à me transformer en lit pour que tu sois à l'aise ! » Dit-elle, finissant sa phrase avec un petit ricanement.

« Certes, certes. Mais c'est une question de bonne conscience. Je ne me sens pas très bien à l'idée que ce soit toi qui doit subvenir à cette question de confort. Ce n'est pas parce que tu peux le faire que nécessairement, il est correct de te laisser faire. »

On aurait put soulever qu'il était étrange de l'entendre parler de bonne conscience quand on savait qu'il avait déjà ôté la vie à pas mal de scientifiques. Après les avoir sans doute lacérés ou balafrés à coups de couteau ou de hachoir. Enfin bon... A croire que ce n'était pas tellement des choses qui lui posaient problèmes. En dépit de cette histoire, le reste de la journée se passa de commentaires puisqu'elle fut relativement banale. Ils passèrent l'après-midi à discuter, à explorer Chinatown avant de faire un dernier tour chez Tanba pour profiter du dîner. Par la suite, ils revinrent à leur appartement vide et se mirent à réfléchir à ce qu'ils pourraient faire pour bien le remplir. Du moins, en apparence. Lazare, lui songeait à autre chose.

« Il paraît que y'a un labo privé dans les parages... Un de ces jours, j'y ferais peut-être une petite descente. Mais pas maintenant. Je dois m'assurer que personne ne me mette des bâtons dans les roues. Et donc qu'on nous flic pas jusque ici. » expliqua t-il.

L'occasion de continuer sa série de questions et ses petits interrogatoires sur les membres de la communauté scientifique. En espérant que ceux là aient de bonnes réponses. Lazare émit un rot bruyant et alla inspecter la fenêtre pour regarder la rue.

« J'espère aussi que les agresseurs qui nous ont suivit en France auront lâchés le morceau aussi. Il faut garder l'oeil ouvert. On ne sait jamais, peut-être qu'ils sont plus organisés qu'on ne le pense. Même si leurs armes semblaient inappropriées contre nous, cela ne veut pas dire qu'ils ne s'adapteront pas. Reste prudente si tu sors sans moi. » déclara t-il.

Après quoi, il bailla un coup et se souvint que leur travail commençait demain matin. En raison de ce fait, Lazare s'étira un instant puis se dirigea vers la pièce faisait office de chambre. Pièce vide bien entendu. Au moins, c'était chauffé.

« On devrait aller se reposer, maintenant. Demain, on démarre le boulot. On ferait mieux d'être en forme pour donner le tout. Tanba nous donnera peut-être des tuyaux ensuite. »

Avec pas grand chose à faire et le travail qui commençait demain, ils s'installèrent sur le carrelage de la chambre en essayant d'être installés le plus confortablement possible. La première nuit à Chinatown n'était pas la meilleure mais l'avenir était remplie de promesses.

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« Et bien, ça change de Paris ! » dit-elle tout en soufflant.

C'était différent de Paris, effectivement. Le boulot ne la dérangeait pas mais d'après ce qu'elle savait d'avant, voilà qu'elle était passée du statut de chercheuse à celui de personne engagée non déclarée qui déplace des cartons de viande surgelée. Un gros changement et malgré son amnésie, elle se souvenait que ce n'était pas son type de boulot préféré. Mais être une blob rendait tout plus simple, malgré un grand nombre de carton le principe de la boule à hamster est toujours aussi pratique.

Caron se gonflait et Lazare lançait les cartons dans Caron qui se faisaient absorber dans la grande boule à hamster qu'elle était puis il suffisait juste de la pousser jusque dans l'entrepôt et voilà, les cartons étaient arrivés à bonne destination, il ne manquait plus qu'à tout ranger dans l'entrepôt ce qui se faisait plutôt rapidement vu la taille et la force de chacun. Résultat des courses, le boulot était fait deux fois plus rapidement que prévu et dans la bonne humeur. Décharger des cartons de viande surgelée s'était fait dans la bonne humeur.

Avec rien à faire, se payer une pause était un bon choix. Ils sortirent tous les deux dans la ruelle.

« Et bien, ça fait un vrai changement. Pouvoir enfin vivre dans un minimum de légalité est une bonne chose. Tanba à l'air de connaître un minimum de choses, je pense que c'est un bon moyen de connaître du monde. Puis il à l'air d'avoir bien mieux en boulot que ça. » Dit-elle en s'étirant.

Tanba l'avait dit lui-même, il attendait qu'ils connaissent mieux le coin... Ça l'intriguait quand même car ça voulait dire que Tanba avait autre chose comme plan que celui de bosser dans un resto. Intriguant mais intéressant, tant que ça n'allait pas dans des recoins trop sombre...

Mais alors que la pause qu'ils avaient décidés de prendre commençait tout juste, voilà que deux personnes étaient en train de venir vers eux, du fond de la ruelle. A mesure qu'ils approchaient on pouvait les distinguer. Deux types lambda, pas grand chose à dire sur eux bien qu'ils donnaient une légère impression de peigne-cul et l'un des deux avait l'air un peu stressé.

« On peut vous aider ? » Dit Caron, tentant une approche neutre voyant qu'ils venaient droit sur eux.

« On cherche deux personnes à vrai dire... » Dit le plus calme des deux en jetant sa cigarette par terre.

Le travail était... facile. Bien entendu, il ne fallait pas trop en demander. Après tout, c'était payé à coup de lance-pierre et il ne fallait pas être un génie pour parvenir à effectuer la tâche. En plus, leurs capacités les aidaient bien. Lazare avec la force, Caron avec la forme. Quand enfin ils eurent transposés et rangés les cartons de viande dans les cuisines, les deux mutants purent se payer le luxe d'une petite pause.

« Il faut bien commencer quelque part. Dit toi que c'est mieux que rien. Tanba est sympathique de nous avoir filé ce job. Je ne pense pas que la plupart des gens verraient les mutants d'un si bon œil. Il faudra qu'on songe à se renseigner sur eux. Il paraît que y en a pas mal dans le coin. »

Il fut alors qu'ils furent interrompus dans leurs quelques temps de repos par l'arrivée de deux étranges types. Avec leurs costumes parfaitement citadins et quelques peu débraillés, ils avaient l'air de parfaits rebuts, le genre à interpeller les femmes dans le tram afin de leur proposer des choses que l'on faisait plus souvent en relation durable et bien installée. Lazare parti du principe qu'ils désiraient peut-être dans un premier temps déjeuner ou cherchaient des infos sur le lieu. Sauf que pourquoi est-ce qu'un client aurait prit la peine de faire tout le tour de la boutique quand Wang était encore au comptoir pour s'occuper de l'accueil ? Cela devait être autre chose.

« Qu'est ce qui se passe ? Vous êtes des livreurs ? Des intérimaires ? Une connerie du genre ? » demanda Lazare de manière sèche.

Les deux bougres ne lui inspirait pas confiance. Et pour cause, le fait que le second soit plus occupé à vérifier leurs arrières que de garder un œil sur leurs interlocuteurs était suffisamment louche pour s'inquiéter.

« Et on peut savoir qui vous cherchez ? »
« Oh... Euh... Deux mutants. Il paraît qu'ils sont coupables de pas mal de choses. Ca peut vous dire quelque chose ? » gargouilla le premier.
« Nan. Z'avez qu'à aller voir au commissariat. »
« C'est déjà fait. »

Lazare se pencha doucement vers Caron et lui gargouilla quelques mots, de façon à ce que seule elle puisse l'entendre.
« Chérie. Passe moi le couteau à filet. Sur la gauche, à coté du carton de viande salée... Je vais en avoir besoin... »
Puis, il mina de continuer a être intéressé par la conversation.

Beaucoup de subtilité venant de ces deux hommes. Entre le fait que l'un ait dit très rapidement qu'ils étaient venus pour eux deux et le deuxième qui regardait en permanence derrière-lui... Il y avait très peu de chances qu'ils se soient juste trompés de personnes et paranoïaques, le tout avec un sens de l'orientation extrêmement défectueux. Sois les deux étaient totalement malchanceux, soit ils en avaient après Lazare et Caron et elle penchait bien plus pour cette probabilité.
Caron s'accouda au carton et mit la main sur le couteau qui fut absorbé dans Caron puis il commença à fair un petit voyage en elle, caché aux yeux du monde pendant qu'une discussion plus qu'inutile continua...

« Oh et donc, pourquoi venir nous voir ? »

« Et bien parce que... C'est vous, non ? »

« Oh, pitié... Bon, finissons-en vite. » Dit Caron avec un ton exaspéré.

Elle se remit droite et de sa main gauche sortit le couteau à filet de Lazare qu'elle lui tendit. Et bien entendu, rien ne pouvait être simple car ce que vérifiait depuis tout à l'heure l'homme paranoïaque était si ses copines étaient là. Résultat, quatre autres vinrent dans la ruelle et tous sortirent une arme. Aucun gros danger puisque personne ne possédait d'arme à feu, des gens très confiants car ils étaient tous humains et n'avait que des armes récupérés, battes de baseball, tuyauterie, couteau & compagnie. Franchement, Caron en rigolait intérieurement, entre elle et Lazare... Il en fallait vraiment plus.

« Le dernier debout gagne le droit de partir ! » Annonça Caron avec un rire enfantin.

Caron fit quelques moulinets du bras tout en avançant puis fit exactement le même geste que quelqu'un qui lance quelque chose sauf qu'elle ne semblait rien avoir à lancer... Erreur, sa main se détacha comme si elle n'avait jamais été fixée et fusa dans l'air tout en prenant vaguement l'air d'une balle puis elle vint percuter de plein fouet un des hommes dans le ventre avec un bruit sourd. L'homme tomba à terre, les bras repliés sur le ventre et ce qui était la main de Caron tomba sur le sol en provoquant le même bruit qu'un morceau de fer. Un de moins.

Caron s'élança en avant dans le combat de rue qui venait de débuter avec toute la joie qu'un blob pouvait avoir. Ce n'était pas des gens comme ça qui allaient pouvoir faire quelque chose physiquement contre elle, ce qui expliquait ses mouvements brouillons et inexact.

« Je te remercie, chérie. Faisons cela rapidement. Je suis déjà soûlé de les voir en face de nous. »

Il se saisit du couteau que lui tendait son épouse et le saisit bien en main de manière inverse. C'est à dire, la pointe vers le bas, le manche bien dans le poing. De cette façon, Lazare se leva par la suite, déployant sa carrure au dessus des gringalets qui lui faisait face. Ces derniers eurent l'air beaucoup moins sûrs d'eux en constant que les choses tournaient mal pour eux. Après tout, le premier d'entre eux était désormais au sol en train de gigoter sur lui même, visiblement l'air mal en point après le choc qu'il eut reçut à son estomac. Sans doute avait t-il manqué de rendre son repas par l'occasion, d'ailleurs. Mieux fallait cependant éviter de provoquer trop de raffuts. Si ils se trouvaient avec des cadavres sur les bras, cela risquait de très mal tourner pour eux. Autant simplement les dissuader d'attaquer et de les effrayer afin qu'ils fuient.

« Partez avant que l'idée de vous tuer pour de bon ne nous vienne en tête. Et croyez moi, je dit pas de conneries. » il se tourna et chuchota vers Caron. « Eva... Évite de les tuer. Tanba risque de ne pas apprécier. »

Peu en confiance, l'une de ces racailles des bas-quartiers armé de son tuyaux de fer approcha en prenant un air aussi menaçant que possible. Son mouvement fut aussi stupide que bref. Il avait approché et brandit son tuyaux pour décrire un coup vertical, de haut en bas. Forcément, vu le peu d'agilité ou même de prestance qu'avait ce délinquant avec son arme de fortune, Lazare n'eut qu'à tendre la main afin d'intercepter l'objet. Vu la différence de taille, de poids et de morphologie qui les séparait, c'est tout juste si le mutant eut à faire un effort pour retenir le coup. Il se servit alors de sa prise sur le tuyau afin de rapprocher son porteur et lui envoya un bon coup de boule droit dans le crâne. Le jeune homme tomba à la renverse, un splendide bleu sur le front et l'air visiblement sonné.
Douglas ne vit même pas un simple intérêt à s'acharner sur lui. Il lui faudrait sans doute un peu de temps pour reprendre ses esprits et se remotiver à attaque.
La précédente attaque incita le troisième des humains à se précipiter à son tour. Celui là était armé d'un couteau à cran d'arrêt. La lame était relativement courte et risible en comparaison de la taille du bestiau que représentait Lazare. Le mutant envoya une bonne baffe sur la tête de cet énergumène, ce qui le projeta contre le mur. Là, le couteau à filet s'abattit, perçant la main du jeune homme qui glapit sur l'occasion après une légère giclée de sang frais. Lazare tourna la tête pour observer que deux des agresseurs prirent leurs jambes à leur cou.

Ils en avaient donc trois à terre, et deux enfuis. Le dernier ? Il semblait avoir quelques soucis avec Caron.

« Doucement, Eva. Il s'agit de ne pas faire rappliquer les flics dès notre premier jour de boulot. » gargouilla Lazare.

L'épais mutant en revint a l'agresseur les larmes aux yeux avec la lame traversant sa main et le força à se lever avant de l'envoyer droit hors de la rue. L'homme partit en émettant des sons de malaise, serrant sa main et quittant rapidement les lieux.

« Les flics ? Ils auront aucune raison de venir ici, on ne fais que notre boulot après tout ! » Dit Caron avec un rire.

Elle regarda la ruelle avec un air de conquérante, désormais ils n'étaient plus en danger bien qu'à la base il n'y ait aucun grand danger, bien qu'une racaille restait un peu gênante... Racaille essayant de se débattre tant bien que mal avec la tête en plein dans le corps de la blob mutante, lui coupant toute arrivée d'air et la matière qu'était Caron ne voulant le laisser partir, il était en train de gesticuler sans aucune possibilité qu'il sorte. Comment il était arrivé là ? Et bien, généralement quand on prend des décisions bêtes, on se plante en plein dans le mure. Manque de bol, le mur était en réalité la matière de Caron. Le laissant mariner dans la soupe qu'était la mutante un petit moment, elle finit par le dégager en tirant sur la veste de cet importun. Ce dernier toussa et reprit bruyamment son souffle, visiblement resté un peu trop longtemps à l'intérieur de la blob. Cette dernière ne se démonta pas et le tenant toujours par la veste, l'empêchant ainsi de fuir, elle le regarda dans les yeux avec un gros sourire.

« Alors mon petit, tu vas me dire ce qui à poussé toi et tes copines à venir nous attaquer. Car bon, il faut être sacrément débile pour vouloir nous attaquer comme ça. Et si tu ne réponds pas à mes questions, ta famille aura un enterrement sur les bras ! » Elle prononça ces paroles avec un ton joyeux assez malsain au vu de la situation.

« Quoi ? J'ai rien à dire, vous êtes des anomalies ! » Cracha-t-il plus qu'il ne parla.

Caron fronça les sourcils et regarda Lazare avec un air exaspéré. Pourquoi devaient-ils tous être comme ça ? Elle tourna son regard vers l'homme qui avait le visage tout rouge, le sang lui étant monté à la tête et ses yeux étaient en train de regarder partout. A la recherche d'une issue peut-être ? Caron haussa les épaules, avec ce genre de personnes, la finesse ne mène à rien.

« Bon, j'aime pas les gens pas coopératifs. On va faire simple, tu réponds correctement à toutes les questions, tu regagne ta liberté, tu ne réponds pas comme il faut et tu refais un tour à l'intérieur de moi, d'accord ? »

Elle n'attendit même pas la réponse et avec le même sourire qu'elle avait tout le temps, elle replongea le peigne-cul dans son corps. Tout en sifflotant, elle le laissa mariner un moment en le laissant s'agiter inutilement puis elle le ressortit... Avant de le remettre à l'intérieur. Elle avait juste envie de faire ça rapidement. Elle le ressortit de son corps juste avant qu'il s'étouffe, il reprit sa respiration et on pouvait sentir que ça n'avait pas été facile à l'intérieur.

« Teuh... Non ! C'est bon !... Je vais parler ! » Dit-il entre deux respirations.

« Oooh ? Et bien enfin ! Allez, première question ! Qui t'as envoyé toi et tes copines ? »

« Un laboratoire... Un type est venu nous voir un soir, ma bande et moi... »

« Je vois, il vous à payé combien ? » Dit Caron en haussant un sourciL.

Un laboratoire... Il n'était pas difficile de deviner lequel.

« Que dalle...  » En voyant Caron commencer à montrer les dents, il se ravisa et dit précipitamment le réponse. « Il nous à filé trois mille ! Le double ensuite ! C'est tout, je sais rien de plus ! »

« Allez, ça suffit. Je vais te prendre ton permis je pense, comme ça si tu l'ouvre on saura qui c'est et on viendra te voir. Mon homme et moi, on aime pas les gens qui nous agressent dans la rue. »

Joignant le geste à la parole, elle prit le porte-feuille de l'homme en le fouillant rapidement et en retira un papier d'identité qu'elle mit dans son corps puis le lâcha. Il remit à la hâte son porte-feuille dans sa veste et s'en alla en précipitation avec le reste de ses camarades.
Caron poussa un long soupir et se tourna vers Lazare.

« Bon, on fait quoi ? »

Lazate jeta un œil aux papiers récoltés par Caron. Il contenait les standards habituels, la carte d' identité, plusieurs bagatelles de différents clubs et une mite a la rigidité cadavérique avancée. Rien de bien concluant en dehors de cela. Le bonhomme semblait être âgé de une bonne vingtaine d'année. Sans doute un opportuniste qui avait pensé pouvoir profiter de l'offre pour s'en mettre plein les poches. Enfin, plein les poches, si l'on pouvait dire !

« Trois milles ? Trois milles boules ? C'est cher payé pour de simples racailles. Surtout qu'ils étaient incapable d'être une simple menace pour nous. Ceux qui les ont commandités ne connaissaient par leurs affaires... Ou alors ce n'était que des éclaireurs. »

Se pouvait t-il que leur traque recommençait ? Qui était derrière tout cela ? Qu'est ce qui intéressait tant chez eux ? Ils avaient obtenu un premier élément de réponse lorsque le voyou eut mentionné un laboratoire. Pas de nom précis. Lazare renforça son poing et commença à grincer des dents. Alors il avait vu juste, l'origine de leurs soucis provenait bien de un de ces satanés labos. Ainsi, il allait donc devoir reprendre ses anciennes activités... Qu'il en soit ainsi, alors.

« Ah ! C'est comme ça ? On continue de nous traquer même dans ce coin là ? Même la police a arrêter de me chercher après que j'ai quitté le pays. Ces scientifiques sont coriaces... On dirait qu'il va falloir que je retourne m'occuper de leur cas moi même... » gargouilla t-il pour lui même.

Lazate songea aux couteaux a filets qui traînaient dans les parages du restaurant. Peut être qu'il pouvait en dérober quelques uns. Ils lui serraient surement utiles par la suite. D'autant plus que si on leur cherchait des noises, il lui fallait de quoi se défendre ou attaquer efficacement. Ainsi, autant faire également quelques exemples. Le truc était juste d'éviter d'attirer l'attention. Derrière eux, le faciès rabougri de Tanba apparut. Le vieil asiatique arborait son habituel grimace sévère et approchait en boitillant des deux mutants, constatant au passage que tout avait été rangé bien plus rapidement que si Wang l'avait fait.

« Eh bien ! J'ai entendu du bruit dans les parages ? Que s'est il passé ici et quel est donc ce souk ? »
« Des fauteurs de trouble, patron. On s'est occupé de les chasser. On peut tout nettoyer si vous voulez. »
« Et vous le ferez. Des fauteurs de trouble tu dit ? Hum... Étrange... Ils étaient nombreux ? »
« Six au total. Ce n'était que des racailles et des vermines. »
Tanba plissa les yeux et pivota lentement sur lui même pour retourner vers la boutique.
« Douglas ... J'ai besoin de vous parler. Par ici je vous prie. »

Surprit, le mutant lança un regard interrogé vers Caron et se dirigea d'un pas pressé vers la boutique, la laissant là seule pendant un moment et lui indiquant de rentrer a l'appartement.

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Fermant la porte de l'appartement derrière lui, Lazare ne réapparut que tard le soir, aux alentours de dix heures. A noter qu'il faisait plutôt bon dans l'appartement même si il n'était toujours pas équipé. Après tout, ils ne travaillaient que depuis un jour. Il fallait continuer ainsi jusqu'à la fin de la semaine.

« Eva ? Je suis rentré. »

« Je n'ai pas le choix je suppose. » Murmura Caron.

D'un coup, la ruelle était bien vide. Sacrément vide. Déjà que des racailles étaient venus troublés sa journée, voilà que Tanba venait de lui subtiliser son mari sous ses yeux... Caron resta un peu dans la ruelle, patientant en mettant des coups de pieds dans des détritus pour les envoyer valdinguer à l'autre bout de la ruelle avant que finalement il revienne. Illuminant un instant l'esprit d'Eva avec la joie de le retrouver mais pour s'éteindre juste derrière avec l'annonce qu'elle ferait mieux de rentrer à l'appartement. Du coup, elle partit de la ruelle mais n'alla pas pour autant à l'appartement, elle se mit à se promener dans les rues de Chinatown en réfléchissant à ce qui s'était passé.

Ignorant tout ce que les gens pouvaient penser d'elle, elle était concentrée sur ses propres pensées. Elle méditait surtout sur les paroles de Lazare juste avant que Tanba n'apparaisse. Il voulait repartir dans sa croisade contre les scientifiques... Superbe. Elle n'aimait pas quand il faisait ça. Il commençait à faire des choses étranges... Mais surtout, il cachait des choses à Eva, et elle n'aimait pas du tout ça. Elle n'était pas remplie d'illusion à ce point bien qu'elle soit naïve comme une enfant par certain moment, la faute à son amnésie encore récente, elle savait qu'au fil du temps l'amour prenait une autre forme mais elle avait pas signée pour ça. Tout n'est pas en blanc et en noir, il y à du gris, certes mais mince à la fin, c'est à cause de ce genre d'activités que l'image se teinte de noir avant de n'être plus que noir à la fin. Pas question de revenir à la case départ, un nouveau départ est un nouveau départ.

Caron finie par arriver dans un parc, ne sachant pas vraiment comment elle était arrivée là, elle s'assit sur un banc et regarda le ciel. Dans quelle genre d'affaire allait se mettre son époux ? Il ne faut pas être une génie pour savoir que ce n'était pas à propos du travail que ça discutait à la boutique mais à propos de choses plus sérieuses. Et elle avait un mauvais pressentiment du bougre bien qu'il soit assez sympa comme vieil personne, le genre de type qui ne montre rien car il à tout à cacher. Non, franchement, elle n'aimait pas du tout ça. Elle se leva du banc et repris sa route avec deux décisions répondant à deux questions. La première question était, que faire ? C'est simple à dire mais difficile à faire, il fallait agir et elle agir comme son cœur lui dit, qu'importe si Lazare n'aime pas, elle le ferait pour le protéger de ça mais surtout car elle avait peur qu'il commence à vriller. La deuxième question était, mais par Tchernobyl, je suis perdue, que vais-je faire ? La réponse, trouver le chemin pour rentrer. Même chose que pour la première réponse, facile à dire mais plus compliqué à faire. En tout cas, elle devait commencer à chercher pour ça. Il paraissait qu'en Amérique, les gens sont plus à l'aise avec les mutants.



« Eva ? Je suis rentré. »

La voix de Lazare sortie Eva de ses pensées de manière assez brutale. Elle était paisiblement allongée sur le sol en flaque et voilà que d'un coup, pouf, il était là. Elle était restée là depuis qu'elle était rentrée, à l'aise avec le sol qui chauffait. Elle se reconstitua rapidement et sortit de la chambre - qui n'était qu'une pièce vide pour l'instant - et vint lui dire bonsoir en l'embrassant, un peu de chaleur mutante était mieux que la chaleur des radiateur. Enfin, il était là, elle s'était inquiétée toute l'après-midi et était à moitié soulagée de le voir rentrer mais aussi toujours à moitié inquiète de ce qui avait pu se passer.

« Avec Tanba, tu as parlé de quoi ? Si tu n'es de retour que maintenant... Tu as dû parler de beaucoup de choses avec lui et peut-être même de notre histoire. Et tu n'as pas du faire que parler... Je me trompe ? Dis-moi ce que tu as fais. Je veux juste savoir sur quel chemin on va aller. »

Lazare hocha la tête. Elle était donc rentrée. Comme prévu, elle s'inquiétait de ce qu'il s'était passé.  

« Eh bien figure toi que j'ai discuté avec Tanba. Il m'a proposé de nouvelles petites tâches. Rien de bien grave, je te rassure. Il s'agit d'aller aider les livraisons chez d'autres personnes. Ça va me rendre assez mobile et mes journées seront déjà plus remplies. L'excellent nouvelle, c'est que ça nous mettra à l'abri pour un temps. »

Il lui adressa un franc sourire, fort chaleureux et sincère. Lazare contempla leur appartement vide, bientôt, si Tanba tenait ses promesses, ils auraient leur propre petit appart'  aménagé, promettant une certaine tranquillité et une certaine quiétude d'esprit. Pourquoi se sentait t-il donc si léger ? Ils venaient d'apprendre en une journée que l'on continuait à les poursuivre et pourtant... Bah, sans doute préférait t-il ne pas être négatif. Pas question de l'être après les offres de Tanba !

« Eh bien, c'est qu'il est déjà tard malgré tout, n'est-ce pas ? Demain nous continuons de bosser malgré tout. Et si on allait se reposer un peu ? J'ai envie de me poser un petit peu avec toi, histoire qu'on papote, qu'on se détente... tout ça... » fit-il dans un large sourire.

Il approcha, glissa sa main sur l'épaule de Caron puis sous ses jambes et, en tirant soudainement, la souleva ainsi en la portant dans ses bras. Elle n'était pas vraiment lourde. Loin de là. Il n'aurait sans doute même aucun mal à la jeter dans les airs.

« C'est bête que tu ne te souvienne pas de notre passé... Ah la la... Tant de projets, tant de promesses. On avait toujours voulu s'installer ensemble, se faire notre petite vie, partir en vacances, rire ensemble, bâtir un avenir en d'autres termes... C'est étrange que cela se produise maintenant, n'est-ce pas ? »

Lazare était passé du coq à l'âne en un rien de temps. Furieux et l'air songeur dans la ruelle lorsque l'agression avait eut lieu, il était passé stupidement candide et l'air un peu ahuri en l'espace de quelques heures. Il se dirigea dans la chambre avec son épouse dans les bras et constant un peu embarrassé la pièce vide.

« Ahem... forcément... On a pas encore acheté le lit... Ça ne te dérange pas de remédier un peu à ça ? Il faudrait qu'on parle un petit peu. Mais bon, autant qu'on soit à l'aise tout les deux. C'est important je pense. Il faut que l'on parle de nous. De nous avant. Quand j'ai parlé avec Tanba, il a beaucoup mentionné la famille, les liens, ce qui compose le passé... J'ai alors songé à notre aventure, avant notre « changement »... Cela me paraît important que nous en parlons... Comprends tu ? »

Encore un franc sourire, il la déposa et la laissa ainsi se remettre debout.

Caron l'écouta avec un sourire chaleureux. Dès que Lazare était heureux, elle l'était, en même temps il était difficile de ne pas l'être lorsqu'il était comme ça, souriant, rêveur. Ce côté faisait fondre de plaisir Eva, c'est le côté qu'elle préférait chez Lazare et aussi l'entendre parler du passé, cette combinaison la rendait tellement heureuse... Dès qu'il évoquait ce passé d'avant, elle se surprenait à tenter d'imaginer ce que c'était avant qu'elle ne soit devenue blob et c'était bien compliqué malgré le fait qu'ils aient toujours voulus des choses simples. Juste être ensemble et se bâtir une vie à deux, pas bien compliqué en soi mais il y à toujours des obstacles qui viennent se mettre sur le chemin.

« Et bien... C'est parfait que Tanba ait proposé ça. Surtout si on peut être à l'abri. »

C'est sûr qu'elle ne pouvait être négative en cet instant mais elle savait que c'était louche. Elle le savait même bien, comment des livraisons de nourriture pourrait les mettre à l'abri ? Toute l'affaire était louche et même farfelue, il fallait être aveugle pour acquiescer. Il ne fournissait même pas d'informations supplémentaires et c'est ce qui avait pris autant de temps ? Il était dix heures du soir... Mais Caron acquiesça avec un sourire, juste amoureuse, elle connaissait Lazare et les intentions qu'il y avait derrière ça. Il était prêt à tout et elle ne pouvait l'empêcher de faire ça. Elle balaya juste ça d'un revers de la main pour ne pas gâcher le moment, ça viendrait plus tard...

« C'est une offre que je ne peux refuser ! » Dit-elle en tirant la langue.

Elle le laissa la soulever comme une plume, inutile de se densifier à l'appartement et puis c'était amusant de se faire soulever ainsi par lui. Le moment était presque euphorique alors qu'il n'était là que depuis quelques minutes. Depuis qu'ils étaient rentrés dans ce pays, c'était à vrai dire la première soirée comme ça et c'est ce genre de moment qui sont plaisant. Et le passé... Elle aurait pu faire comme dans les comtes avec une introduction, tous deux devant une cheminée, Lazare qui raconte le passé... A chaque fois qu'elle l'entendait, tout disparaissait soudainement autour d'elle et il y avait le passé. Elle les voyait, eux deux, vivant une vie normale sans être poursuivis dans chaque endroit, pouvoir vivre tranquillement... Une sorte de monde utopique se dressait dans son esprit et elle chérissait ces moments où elle rentrait dans son fort à elle, cet endroit impénétrable fait uniquement de bonheur et totalement gnian-gnian avec un papier peint rose. Mais c'était agréable.

« Le passé à l'air tellement beau... Mais ce qui est vraiment beau, c'est que quand j'imagine le passé. C'est juste nous, sans nos poursuivants. C'est étrange mais tant que nous sommes ensembles, tout va bien non ? » Dit-elle avec un sourire enfantin.

Pas de lit ? Évidemment ! Elle se trouva bête de ne pas remédier au problème sur l'instant. Ce n'était pas bien compliqué pourtant ! Caron se saisit elle-même et détacha une grande partie de son corps, la rendant plus petite immédiatement mais la laissant avec une grosse part de matière molle dans les mains. Elle posa la matière au sol et lentement mais sûrement, elle prit la forme d'un lit deux places. C'était aussi simple que ça. Elle l'invita à s'asseoir sur le lit tout frais et écailleux puis passa ses bras autour de son cou, se collant à lui pour ressentir sa chaleur. C'était la plus réconfortante des choses, car le sujet abordé apportait toujours de la tristesse chez-elle même si c'était parfois source de bonheur.

« Parlons-en, je comprends. La famille, les liens, ce qui compose le passé... Tu sais, je comprends tout ça mais depuis ce qu'il s'est passé, cet accident... Je ne me souviens de rien, les seuls choses que je sais d'avant viennent de toi. Je... Et bien, je n'ai plus rien sauf toi, tu es la seule personne qui me reste. Notre aventure... Je ne sais rien d'avant le changement. Tout ce que je sais c'est que le chemin continue et que tant que nous sommes à deux, nous pourrons continuer à avancer le long de ce sentier qui nous mènera au but que nous cherchons tous deux. Je ne peux rien dire d'à propos de mon moi d'avant, il n'y à que toi qui sais... Je t'écoute. »

Lazare était la seule personne à avoir une influence sur Caron, il était le seul à pouvoir ouvrir le cœur de la blob qu'était Eva. Voilà, elle était collée à lui, les oreilles grande ouverte et légèrement inquiète de par ce qui pouvait ressortir de cette discussion. Une lueur d'impatience brillait dans ses yeux.

« Eh bien en fait... » commença Lazare.

Il n'eut pas le temps de poursuivre puisqu'un bruit résonna dans la salle. Comme si quelque chose avait traversé la vitre. On avait put aisément percevoir les éclats de verre chuter au sol et le vent venir dans l'appartement. Immédiatement, la tête de Lazare avait pivoté et il s'était levé. Sapristi ! Qu'est ce que cela pouvait donc être ? Sans dire un seul mot supplémentaire, il se précipita dans la salle sans attendre Caron. Le temps que cette dernière arrive et ne pointe le bout de son nez dans la salle, Lazare était déjà occupé à identifier le mystérieux objet qui avait chuté sur le sol.

« Mais...Mais... C'est... C'est une bombe ! Aux abris ! » s'écria t-il en se jetant en arrière pour échapper à l'explosion.

Malheureusement, Caron n'eut guère vraiment le temps de réagir. La grenade explosa, libérant une soudaine vague de froid dans une brume blanchâtre. De l'azote liquide. Cette grenade avait été faites avec de l'azote liquide. Quelque chose qui pouvait très largement geler Caron et la mettre hors d'état de nuire le temps qu'on en fasse quelque chose ! Ce ne pouvait être le fruit du hasard.

« Eva ! Tu vas bien ?! » s'écria Lazare.

Le mutant alla inspecter la vitre brisée. Il aperçut alors plusieurs silhouettes armées légèrement enfoncer la porte du bas de l'appartement. Il s'agissait visiblement d'hommes, leurs tenues n'étaient pas militaires malgré la présence d'équipement de combat comme les gilets de protection ou encore des holsters spécifiques. Ils ressemblaient à des sortes de paramilitaires. Des paramilitaires spécialisés dans l'abatage des mutants comme eux.

« Chérie ! Tu vas bien ?! Réponds moi ! »

Bien sûr que non, cela n'allait pas. Caron semblait avoir gelé sur une partie de son être. Il fallait qu'il la décongèle et rapidement... Mais comment faire ? Quelqu'un était déjà en train de frapper contre la porte pour la défoncer. N'écoutant désormais plus rien d'autre sinon son instinct et sa colère, Lazare s'empressa de se saisir du couteau à filet qu'il avait put récupéré plus tôt dans la journée. Il fit immédiatement face à la porte que l'on s'apprêtait à l'ouvrir, puis, d'un splendide coup d'épaule l'écrasa complètement de son coté, projetant l'homme qui s'apprêtait à la défoncer contre le mur. Son couteau alla quand à lui faire une splendide estafilade droit sur le visage de son adjoint qui se tenait à droite. L'étrange paramilitaire porta ses mains à son visage en hurlant et chuta dans l'escalier pour finir tout en bas, inerte. Quelque chose de métallique frappa alors le mur à coté de Lazare. Cela explosa, faisant perdre l'équilibre à notre mutant aussi lourd soit-il, le forçant à reculer en se protégeant la figure et en manquant de tomber. Un départ de flamme prit aussitôt dans la maison. Tout ce qui leur fallait puisque la température ne devait alors pas tarder à monter. Dans le couloir où les deux paramilitaires avaient été vaincus, d'autres s’engouffrèrent. Plusieurs coups de feu retentirent. Par l'explosion, Lazare souffrait de quelques légères brûlures et coupures provoquées par des éclats de bois et de métal. Le haut de sa veste était par ailleurs en lambeaux et il saignait abondamment d'une plaie au dessus de l’œil droit. Rien qui ne suffise cependant à lui faire perdre pied.

« Chérie ! Ils ont des armes pour te neutraliser ! Tu ne peux pas prendre le risque de descendre avec moi et de te retrouver face à eux ! Tu dois passer par les tuyauterie de la salle de bain ! Je te retrouverais au local d'eau en bas ! Fais moi confiance ! » articula t-il en espérant que Caron puisse l'entendre.

Le gel devait disparaître avec la chaleur, mais pour Lazare, tout restait à faire. Se saisissant d'un morceau brisé de la porte en guise de bouclier, il s'élança droit dans les escaliers où déboulaient les hommes, fonçant dans le tas et les renversants jusqu'en bas de la cage d'escaliers par effet domino. Il espérait simplement qu'Eva puisse s'échapper. Lui, survivrait à tout ceci. Il fallait plus que des armes légères ou un peu de feu pour l'arrêter. Mieux valait cependant qu'il profite de sa force et de l'effet de désorganisation qu'il venait de provoquer pour tourner la situation à son avantage.

« Il y à justes des craquelures... »

Elle n'avait pas du tout eu le temps de réagir. Quelques secondes avant, elle était avec Lazare en train de savourer un moment plaisant à deux et là... Elle l'avait juste suivit pour savoir ce que c'était mais totalement confuse, elle n'avait pu identifier l'objet. L'explosion la toucha de plein fouet, c'était une merveille de technologie cette grenade ! Extrêmement vulnérable à la température, Caron perdit immédiatement son état gluant et se solidifia rapidement. L'azote liquide étant arrivée jusqu'à elle, lentement, toute la moitié droite de son corps se mit à geler tandis que le partie gauche resta extrêmement dure est difficile à bouger. En d'autres termes, on venait de la paralyser. Le pire était si jamais elle prenait un seul choc, elle pouvait tomber en morceaux et bien que ça ne la tuerait pas elle serait mise hors d'état de nuire pour un moment extrêmement long. A ce moment-là, Caron perdit le fil des choses, la morsure du froid étant trop douloureuse pour se concentrer sur autre chose.

Au moment où elle put à nouveau penser normalement, il y avait un départ de flammes dans l'appartement et elle était allongée sur le sol. Elle venait sûrement de perdre l'équilibre mais désormais son corps était de nouveau en état de fonctionner proprement, chauffée par des flammes aussi proches. Lentement, elle reprit conscience des bruits l'entourant. Des bruits de bottes, des ordres qui sont aboyés, des coups de feu, des cris, une voix... Oui ! Dans tout ce brouhaha incompréhensible, elle repéra la voix de Lazare et s'y accrocha. Elle devait partir par les tuyauteries de la salle de bain et retrouver Lazare au local d'eau.

« D'accord ! » Cria-t-elle dans l'espoir que Lazare capte bien sa voix et puisse continuer en étant sûr de la retrouver en bas.

Elle ne pouvait même pas le protéger, là où elle était normalement la plus forte et la plus résistante, elle se retrouvait être la plus grande faiblesse de celui qu'elle aimait le plus ! Mais pas le temps de faire du sentimental, Lazare attirait tout le monde et comme ça elle avait un peu de répit. Elle rentra dans la salle de bain et regarda le lavabo... Pas le choix, elle allait devoir passer dedans. Les flammes l'ayant ramenée à un état normal voir plus liquide que normal, elle n'eut pas de mal à se liquéfier et n'eut qu'à placer la main au-dessus du lavabo et se liquéfier petit à petit, remplissant le lavabo de sa matière étrange, gluante et écailleuse. Il ne fallut pas longtemps pour qu'elle soit entièrement liquide et à partir de là, elle commença son voyage dans les canalisations de l'immeuble...



Au rez-de-chaussée de l'immeuble 109, alors qu'une scène digne d'un film d'action se déroulait à l'intérieur de l'immeuble sans aucune raison apparente, il se passait quelque chose de bien plus intriguant dans le local d'eau. En effet, la tuyauterie semblait avoir doublée de taille... Il ne fallut pas longtemps pour qu'elle rompe sous la pression exercée depuis l'intérieur qui mit un souk pas possible à l'intérieur du local, répandant de l'eau de partout mais surtout, de la blob. Caron se reconstitua rapidement et se hâta de sortir, consciente qu'avec sa sortie des canalisations, elle n'avait pas grand effet de surprise. Et ce fut elle-même qui fut surprise, il n'y avait personne... Pile au moment où elle allait s'inquiéter de la situation car il n'y avait plus aucun coups de feus, replongeant le quartier dans un environnement sonore à peu près agréable, Lazare apparut. Communément, on aurait pu dire qu'il était dans un sale état mais pour lui ce n'était que quelques égratignures.

« Vite, accroche-toi à moi, on va filer en vitesse d'ici. »

Elle ne lui laissait guère de temps mais ce dernier était compté. Elle le laissa juste s'accrocher à elle et instinctivement, elle commença à l'absorber. Lazare ne commença pas à se débattre, déjà au courant que se débattre était purement inutile et que ceux qui étaient accueillis dans la matière de manière pacifique pouvaient respirer. Tout en l'absorbant, pour donner à Lazare une protection et surtout pour qu'il soit avec elle, Caron décida d'expérimenter un nouveau moyen de transport. Désormais à l'air libre et sans élément gênant, sa température corporelle était idéale pour exploiter au maximum son élasticité et elle lança ses bras sur le toit de l'immeuble le plus bas et le plus proche. Lazare étant déjà à l'intérieur de son corps, cela lui permettait d'avoir plus de matière à disposition et elle eut de quoi faire. Puis elle recula progressivement, tendant le matériau qu'était son corps et avant que quelqu'un ne puisse les remarquer ou les identifier, elle sauta juste en l'air et fut propulsée en avant, dans les airs.



Ce ne fut que quelques rues plus loin que Caron s'arrêta dans sa course effrénée entre HLM et immeubles miséreux. Arrivant près des quais, elle n'avait plus vraiment de quoi continuer à avancer et il valait mieux se préparer à la chute. Car bien que ce soit amusant et pratique, elle n'avait aucun frein et n'avait fait que prendre la vitesse.

« Attention ! » Cria Caron au cas où il y aurait quelqu'un en bas.

L'impact fut violent. Heureusement, Lazare fut éjecté en arrière car il n'était pas une partie intégrante du corps d'Eva et bien que l'atterrissage fut bien douloureux, ils étaient sortis d'affaire et surtout, il n'avait pas eut une réception aussi brutale que celle d'Eva. Sans aucun moyen de s'arrêter ou d'annuler sa vitesse, elle se prit de plein fouet le sol et cela fit un impact dans les pavés tandis qu'un peu d'elle fut projeté de partout. Lentement mais sûrement, elle se mit à se reconstituer et à moitié sonnée, elle s'exprima.

« Ça va ? C'était qui ces mecs ? Encore le labo... N'est-ce pas ? »

« Putain de merde ! Salopards ! Les enfoirés ! Merde ! Merde ! Merde ! Bordel de merde ! Merde ! Merde ! Merde ! » s'égosilla Lazare en remuant dans tout les sens mouillé de matière.

Il se débattait comme un beau diable, empli par la colère et la rage qui lui faisait monter l'écume aux lèvres et qui lui chauffait les muscles et la peau. Comment ? Comment avait-ils osés piétiner ainsi sur leur territoire et poursuivre ainsi ce qui avait été déjà commencé ? Lazare n'était déjà pas très compatissant envers les membres des labos auparavant, mais désormais c'était encore différent : Cela devenait une affaire sérieuse et prioritaire.

« Très bien ! C'est la guerre ! Ils veulent me baiser en premier ? J'vais leur montrer ce que c'est que s'attaquer à nous ! Ouais... J'arracherais la peau de leurs os et j'leur boufferais le cœur. A tous ! » rumina t-il en se relevant et en agitant son couteau dans tout les sens.

Il se rendit compte qu'ils avaient atterris au niveau d'un des nombreux quais, non loin des points d'eau qui entouraient Manhattan. Furax, Lazare alla se diriger vers l'une des barrières qui longeaient le lieu, faisant face à la mer. Ruminant tout sa colère et sa rage et inspectant le sang presque sec laissé sur son couteau, lorsqu'il avait balafré le visage de ce paramilitaire.

« Ils sont dangereux... Dangereux pour nous tous... C'est pour ça qu'ils doivent disparaître... Jamais personne ne s'en prendra plus à nous de cette manière. Plus jamais nous ne serons menacés et plus jamais nous ne reçevrons de blessures. »

Lazare hurla un bon coup en levant le pied et frappa avec une grande force la barrière métallique qui se tordit sur l'occasion en couinant. Pour sûr, il était pourvu d'une certaine brutalité, ce gaillard écossais. Et si il avait hérité de quelque chose de ses origines, c'était sans doute sa résistance farouche et sa rancœur parfois un peu trop mal placée. Chiffoné et l'air usé mais empli d'une colère noire, Lazare passa à coté de Caron sans même la regarder.

 « C'est le labo... Encore eux ! Je ne sais pas où ils se cachent ni si ils comptent refrapper, mais je vais les retrouver. Qu'importe le temps que cela prendra. Et je t'interdis de venir avec moi. Ils sont trop dangereux pour toi. C'est à moi de m'occuper d'eux. Personnellement ! Je vais repartir en quête d'indices et de réponses... Je pensais que nous serions tranquille ici ? J'avais torts. Mais tout d'abord... Je dois nous mettre à l'abri... »gargouilla t-il.

Il parviendrait sans doute à négocier avec Tanba. Mais pour ce soir, ils allaient dormir à la plaine étoile. Lazare finit par désigner un conteneur horizontal vide qui reposait un peu à l'écart du reste des docks. C'était l'option la plus confortable et probable qu'il avait put observé.

« Si tu veux te reposer... Nous avons ceci... C'est pitoyable mais après ce que ces enfoirés ont faits... Grrr ! »

Caron ne comprenait jamais rien à sa colère et cela l'énervait. Pourquoi avait-il besoin de se justifier à chaque fois ? La situation n'était t-elle pas évidente ? Si elle refusait d'agir, alors il le ferait. Pour eux deux ! Afin qu'ils n'aient plus à souffrir de leurs agresseurs ! Et ce même si il fallait cacher plusieurs réalités à la blob.

Il était trop dangereux pour elle qu'elle sâche...
Jamais l'idée de dissimuler quelques lames dans le corps d'autres n'avait été si séduisante dans l'esprit de Lazare.

Caron se reconstitua lentement tout en observant Lazare qui devait avoir une tension artérielle assez incroyable sur ce moment. Pour la première fois depuis un sacré moment, Caron venait de perdre sa vision enfantine du monde qui l'entourait et la façon de tout ignorer quand c'était gênant. L'action était trop grande, elle ne pouvait ignorer ce qu'il se passait. Elle ne pouvait ignorer l'état dans lequel était son mari. C'est vrai, ils étaient allés bien trop loin, venaient de briser en quelques instants beaucoup de promesses, un futur qui s'était construit sur des bases heureuses...

« Calme-toi... »

C'est bête à dire, n'est-ce pas ? Elle ne trouve que ça à dire, car que pourrait-elle dire d'autre ? Est-ce qu'il l'écoutait au moins ? L'état de la barrière après le coup de pied de Lazare lui dit non, tout comme le couinement lui arracha une grimace. C'était partit, il était lancé pour un moment, arriverait-il seulement à se calmer ? Dans ce genre d'état, il partait à la "recherche" de "réponses"... Honnêtement, Eva avait peur. C'était cet état de fureur chez son mari qui la faisait redescendre sur terre, cette terre impitoyable, qui pue la ville et l'humain mais surtout la corruption.

Elle le laissa évacuer la colère car c'était la seule chose à faire. Une parole mal placée et il pourrait partir encore plus loin. Non mieux valait-il le laisser évacuer sa colère, la situation était déjà assez merdique comme ça.

Et il repartit sur le labo. C'est sûr, c'était toujours la source des problèmes, encore eux et encore eux mais seulement... Elle avait l'impression d'être le trésor de Lazare. L'amour est là, c'est incontestable mais Eva n'avait pas vraiment la possibilité d'agir. Lazare l'en empêchait purement et simplement, du moins pas totalement mais le fait est qu'il ne voulait pas qu'elle le voit lors de ses petites séances de cuisines. Ils étaient trop dangereux pour elle ? C'était uniquement à lui de s'en occuper ? Il était grand temps que la blob abandonne son monde tout rose où elle avait juste à ignorer les choses pour que tout se passe bien. Elle en avait honte maintenant qu'elle réalisait vraiment la chose, honte car c'était lui qui se tapait le sale de boulot et qu'elle ne faisait que profiter de ça... Parfait, il l'avait convaincue. Elle allait agir mais le problème était que si Lazare ne voulait pas qu'elle rentre dans l'action, elle devrait le faire sans qu'il le sache et si au passage elle pouvait en profiter pour que Lazare ne s'enfonce pas trop dans ce côté obscure qu'elle détestait... Elle allait agir de toute manière, pour trouver elle-même ses réponses mais surtout, pour protéger Lazare car elle le voyait descendre en vrille, ce n'était qu'une vision mais le voir s'enfoncer dans ce côté où l'ombre est lumière... Non, elle ferait tout pour l'en empêcher et sauvegarder son sourire pour toujours. Les réponses peuvent-être obtenues sans faire un bain de sang.

En attendant, ils allaient devoir passer la nuit dans un container... Et bien qu'il en soit ainsi. Ils n'avaient pas vraiment le choix.

« Nous n'avons pas vraiment le choix et nous ferons mieux de dormir... »

Caron se mit dans le container et se liquéfia, pour permettre à Lazare de s'installer un minimum confortablement. C'était la pire nuit depuis qu'ils étaient sur le sol américain... Et les deux voulaient que ça reste la pire nuit. Mais Eva avait peur d'une chose, que ça ne les mènes sur deux chemins différents, qu'importe les efforts qu'ils feraient pour rester ensemble.

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La nuit... Avait été comme elle était. Rien à dire d'autre. Dès le réveil, le couple de mutant se dirigea vers la boutique de Tanba, l'urgence de la situation ne pouvait durer. Lazare rentra dans la boutique, dans l'arrière pour discuter en privé avec Tanba tandis qu'Eva attendait dans un coin de la boutique, concentrée sur elle-même et ce qu'elle pouvait faire. Réalisant à quel point elle était seule en dehors de Lazare, l'accident lui avait pratiquement tout enlevé... Les réalisations viennent toujours dans les moments les plus compliqués.

Heureusement, Lazare finit par sortir, brisant le cercle de réflexion dans lequel était plongée la blob.

« Alors ? » Demanda-t-elle, encore à moitié dans ses pensées.

Cette nuit, Lazare ne dormit guère plus de deux heures. L'esprit chauffé et embrumé par tout ce qui avait put se dérouler en cette soirée, il n'espérait plus qu'apporter d'abattre la hache du bourreau sur le cou des responsables. Sa nuit fut agitée, son sommeil perturbé par des images à base d'hémoglobine et de lames tirées de leurs fourreaux.


Le lendemain matin, après cette soirée désagréable, nos deux mutants eurent tôt faits de retourner voir leur nouvel ami, le vieux Tanba. Lazare devait se charger personnellement de lui expliquer ce qu'il s'était passé. Pour des raisons qu'il n'expliqua guère clairement, on demanda un instant de laisser Lazare et Tanba parler en privé. Sans doute avaient-ils des choses à dire... Mais que pouvait donc être la nature de ces choses ? Seuls eux le savaient. Au bout d'une demi-heure, au moins, Lazare sortit de la boutique de Tanba, l'air plus en forme qu'auparavant. Il portait dans sa main ce qui semblait être des clés.

« Je me suis expliqué avec Tanba. Il a accepté de nous refiler gracieusement un nouvel appart' en guise de... « remerciement » pour mon aide à son entreprise. En contrepartie, je vais devoir être plus actif chez lui, cela dit. » expliqua t-il.

Il agita les clés qui tintèrent entres elles et les lança à Caron afin d'enfourner ses mains dans les poches internes de son large sweat. Trouver des fringues à sa taille n'avait pas été aisé. Vu que son ancienne tenue était pour ainsi dire partie en fumée lors de l'attaque, Lazare avait dû s'en trouver un autre. Fort heureusement pour lui, il avait précédemment déjà fait commande à sa carrure chez un tailleur recommandé par Tanba. Le vieux avait alors envoyé son neveu Wang le récupérer. On ne voulait pas tomber dans le stéréotype du blanchisseur asiatique, et pourtant, on n'était pas loin du tout de cette vision, d'autant plus qu'on était en Amérique.

« Je te les confies. Je ne sais pas si tu as prévu quelque chose de ta journée, mais pour ma part, je vais devoir aller aider Tanba. Il doit rencontrer quelque uns de ses clients et je dois l'aider à transporter de la marchandise. Je rentrerais ce soir au nouvel appart'. »

Il aurait sans doute était intéressant qu'ils disposent d'un moyen de communication. Ils avaient le logement, restait encore à avoir les services qui allaient avec. D'ailleurs, Lazare avait tout intérêt à s'acheter rapidement un téléphone.

« Je viens de me rendre compte qu'on à toujours pas de téléphone. Il faudrait qu'on aille s'en acheter un de ces jours. Qu'on puisse rester en contact de manière plus aisée. Parce que là, à part le soir, on ne se voit pas trop en journée. » déclara t-il.

Forcément, Tanba allait lui en donner un pour le boulot, il imaginait. M'enfin, il fallait aussi qu'ils s'équipent d'eux même des choses élémentaires. Même les courses n'allaient pas se faire seules ! A bien y réfléchir, il fallait aussi qu'ils prennent contact avec une banque. Pour les assurances, Lazare ne s'en faisait guère. Il échafaudait ses propres plans. Faute d'avoir autre chose, il tendit également quelques billets à Eva.

« Prends ça aussi. J'ai réussi à convaincre Tanba de nous payer nos quelques heures de boulot. Ce n'est pas grand chose mais bon, si tu as faim, y'a de quoi s'acheter un truc. Il faut absolument qu'on stabilise notre revenu. Regarde ça ! Va aussi nous falloir des fringues ! »

Donc de la bouffe, des fringues, une banque affiliée, un service de télécommunication, un opérateur téléphonie, régler les factures liées à l'appart', économiser pour les soins... Bouh, cela en faisait des choses ! Il était clairement temps que Lazare commence à bosser afin de régulariser leur situation. Il se tourna et se redirigea vers Tanba.

« Je vais tout faire afin qu'on soit rapidement bien installés. Cela ne fait que quelques jours que nous sommes ici après tout. Je vais aussi devoir m'occuper de la paperasse et des documents d'identité. »

Bien entendu, Tanba s'en occuperait avec lui. Effectivement, seul Lazare le savait, mais cette boutique n'était pas une boutique comme les autres. Plus qu'un simple lieu de restauration, le patron était affilié à autre chose, quelque chose de plus grand.
Et aujourd'hui, Lazare allait goûter à SON nouveau départ.

Celui dans la 2K.