ne chose était certaine, Mindy n'était plus la même, depuis qu'elle était revenue à New York, elle avait été contrainte de prendre conscience de certaines choses... Quand elle avait quitté la ville, sa décision était claire, nette, indiscutable, tout comme l'était ce qu'elle devait être dans cette nouvelle vie. Elle abandonnait pour de bon Mindy Macready, et devenait Hit Girl, uniquement Hit Girl. C'était bel et bien ce qu'elle avait fait. Durant ces un an et demi, elle n'avait quasiment porté que son costume violet et sa perruque mauve, et elle pensait finir par oublier l'adolescente dont elle avait l'air mais qu'elle n'avait jamais été, n'était pas... et ne serait jamais ? Le fait est que durant cette période, quelque chose lui avait manqué. Elle en était convaincue, la demoiselle était Hit Girl, la justicière était une partie intégrante de son identité et pourtant, pourtant, elle était revenue. Et non, ce n'était pas Hit Girl qui avait voulu retrouver son acolyte Kick Ass, c'était bel et bien Mindy qui avait voulu retrouver Dave. Et depuis son retour, les choses s'étaient emballés, et c'est vrai, elle n'était plus exactement la même. Elle avait... accepté la part la plus humaine de sa personnalité, et elle ne pouvait nier que c'était déstabilisant. Déstabilisant, mais loin d'être désagréable, en même temps. Elle expérimentait quelque chose de nouveau pour elle, de nouveau et d'un peu effrayant, il faut bien le dire... mais d'extrêmement agréable. Mindy acceptait d'être Mindy, au moins un peu, au moins pour lui...
Pour autant, c'était tout de même Hit Girl qui arpentait les rues du Queens, même si elle ne portait pas à l'heure actuelle sa tenue de super héroïne. Elle était vêtue d'un simple jean et d'un t-shirt, mais elle marchait bel et bien avec l'état d'esprit de la justicière. Si elle était vêtue comme le commun des mortels, et marchait en plein jour, c'est parce qu'elle était en pleine session de repérage. Sa cible, sa future victime, marchait à quelques mètres d'elle, et elle ne la lâchait pas d'une semelle. Elle entamerait les hostilités dans la soirée, sans doute, si elle voyait que la situation s'y prêtait. Jusque là, tout se passait comme sur des roulettes, mais le maquereau notoire à qui elle avait l'intention de faire son affaire venait tourner à l'angle d'un mur, dans une rue beaucoup plus bondée, il avait pressé le pas, est-ce qu'elle avait été repérée ? Va savoir, dans tous les cas, à ce rythme, elle allait le perdre. Il fallait qu'elle accélère le rythme. Elle commença à augmenter la cadence, et, trop concentrée sur son objectif, qu'elle ne voulait pas perdre, elle ne fit pas attention à la personne qu'elle venait juste de percuter.
-Eh merde ! furent les seuls mots qu'elle lâcha dans son exaspération la plus totale, et sans prêter attention à celui qu'elle avait heurté, trop concentré sur le coin de rue où sa cible avait disparue. Fait chier.
À son arrivée aux States, on lui avait appris à se tenir, un minimum de politesse et surtout, surtout ! Ne pas grogner dès que quelqu'un s'approcher de lui. Car il faut l'avouer, les New-yorkais ne sont pas les personnes les plus aimables de la planète et il avait toujours cette sale impression qu'ils allaient le manger ou bien lui vouloir du mal. Alors son tuteur lui avait appris à faire un peu confiance aux gens, et même si la leçon avait été assez dure à assimiler, il avait fini par réussir à garder son calme. Cela dit, aux informations, on entend beaucoup de choses. Ces histoires de super-héros, de confrérie, de mauvais mutant, et pourquoi pas des extra-terrestres pendant qu'on y est. Non-non, ce n'était pas une histoire s'il y croyait ou pas, c'est surtout qu'il trouvait ça terriblement stupide de jouer les héros. Pas de reconnaissance, des problèmes et à chaque fois qu'on quitte le palier de notre porte, une faucheuse qui vous tourne autour à vous narguer. Alors son identité, qu'on la connaisse ou pas, il s'en moquait. Bon, bien entendu, ça l'arrangeait grandement qu'on ne le croise pas dans la rue en disant « Hé, mais c'est le dragon qui se balade dans Manhattan » parce que la dernière fois qu'il est allé se promener ... Ça ne s'est pas très bien passé disons. Du coup, il avait pris la sage décision -ou presque- de ne pas se balader dans le ciel nocturne et de se faire oublier pendant un petit moment.
Cependant, il avait faim. Bah oui, avoir faim est une chose qui arrive de temps en temps et du coup, il fallait qu'il sorte. Grande épreuve, il avait regardé longuement la porte, comme s'il lui lançait le défi de s'ouvrir avant de se lever et de se décider à sortir. S'il n'allait pas faire quelques courses, il était bon pour crever la faim de toute manière et manque de chance, il n'a pas de magasin chez lui. Ça serait génial cela dit, bien qu'un peu trop simple. Alors prenant sa veste et ses lunettes de soleil, il les enfila sortant. Par reflex, il avait mis sa main devant ses yeux. C'est vrai, il faisait encore jour, le soleil n'était pas son ami. Il lui avait fallu un petit temps d'adaptation pour pouvoir s'y habituer et il avait commencé à marcher malgré tout, il n'allait pas rester là à gober les mouches quand même. Surtout que ce n'est pas bon. Tête baissée et les mains dans les poches, ce n'est pas vraiment ce qu'on peut appeler la meilleure méthode pour regarder où on va. Il s'était fait frôler une première fois par un homme qui avait l'air bien presser, quoi ? Enfin, il n'avait pas prêté attention à celui-ci, ce n'est pas comme s'il l'avait interpellé pour lui jeter toute sa haine dans la face, mais à la deuxième personne, là ça commençait à bien faire.
« Eh merde ! » Quoi ? Il lui avait marché sur le pied ? Non ça ne devait pas être ça et en plus, cette manière de s'énerver était digne de ... D'un ours mal léché, vraiment ? Cela dit, mis à part être agacer, il ne comprenait pas vraiment le sens de ses mots à la demoiselle, ce n'était pas si grave qu'elle lui est rentrée dedans, si ? « Eh merde ? » Comme manière de dire « ce n'est pas grave » y a mieux que de retourner les injures de celle-ci. Oh rien de bien méchant, après tout, ce n'était qu'une question, le ton interrogatif employé était là pour le prouver.
indy avait laissé son regard se fixer sur cet espace désormais vide, où elle avait laissé sa proie lui échapper... À cette distance, il était impossible qu'elle remette la main sur lui désormais. les rues suivantes menaient à bien trop d'embranchements, trop de trajectoires différentes... et si, comme elle le soupçonnait, il s'était senti suivi, il lui serait encore plus difficile de lui mettre la main dessus. Elle allait devoir tout reprendre de zéro, se trouver une nouvelle couverture, refaire le pied de grue devant chez lui (s'il y revenait)... bref, ce n'était ni fait, ni à refaire. Intérieurement, la demoiselle fulminait, agacée à l'idée de devoir revenir à la case départ. Mais elle n'allait pas avoir le choix. Obnubilée comme elle l'était par sa "mission" personnelle qu'elle voyait doucement s'évaporer, elle avait complètement oublié le type qu'elle avait percuté, et fut rappelé à son existence de façon assez soudaine, quand elle l'entendit répliquer ce juron qui lui avait échappé des lèvres par habitudes et par réflexe (comme les mille milliards de jurons qu'elle pouvait proférer au quotidien). Mindy porta alors son attention sur l'inconnu en question, lui adressant un regard interloqué. Oui, "merde", et puis quoi ? C'était quoi son problème ? S'il avait l'intention de la corriger sur son langage, c'était peine perdue, d'autres avaient essayé avant lui et avaient très rapidement déclaré forfait. Peut-être que, en d'autres circonstances, la demoiselle aurait laissé couler, aurait rebroussé chemin et serait passée à autre chose sans prêter plus d'attention à cette personne... Sauf que là, elle était sérieusement remontée. Contre elle-même d'abord, mais pas seulement, contre ce type, aussi, qui avait sérieusement l'air de se foutre de sa gueule, à jouer les perroquets bon marché.
-Oui merde ! T'as un problème ou quoi ? Et arrête de me regarder comme ça où tes bijoux de famille, j'en fais un sac à main.
D'accord, l'expression "bijoux de famille" n'était pas forcément et très exactement prononcé. Bon, elle ne pouvait pas jurer qu'il la regardait d'une manière particulière, pas avec ces lunettes de soleil qu'il avait sur lui, et qui faisait barrage entre elle et son regard, mais, au risque de me répéter, elle n'était vraiment, mais alors vraiment pas d'humeur. Bon, une chance pour ce type, elle ne l'était pas, comme elle pouvait l'être parfois, au point de mettre ses menaces à exécution. Elle avait un sens de la justice bien à elle, ça c'est clair et net, mais qu'il soit dit et entendu qu'elle ne ferait jamais preuve de violence à l'égard de quelqu'un qui ne le méritait pas, et à ses yeux, cet inconnu, même s'il ne lui inspirait aucune sympathie, ne méritait pas qu'elle passe de la parole aux actes. Elle était juste... profondément frustrée, et la personne qui allait le payer, c'était clairement cette satanée cible, qu'elle retrouverait quoi qu'il en soit, et à laquelle elle ferait payer non seulement ses méfaits, mais tout autant ce fichu sentiment de profonde insatisfaction qu'elle éprouverait à l'heure actuelle et qui ne la lâcherait pas tant qu'elle n'aurait pas fait quelque chose pour y remédier.
Oh non-non, il n'allait pas corriger son langage, de toute façon, encore faudrait-il qu'il comprenne ce que ça veut dire car ça paraissait bien mal travaillé contrairement aux Alexandrins ou bien au métaphore des autres écrivains. Non en fait, ce n'était pas travaillé du tout mais ça, il n'était pas censé le savoir. Il fallait juste alors qu'il arrive à comprendre le sens et pour l'instant, plus elle débinait et plus il n'y n'en avait pas pour lui et c'est pour ça qu'il avait répété bêtement mais au lieu de ça, il avait l'impression d'avoir une femelle en chaleur. D'un air je-m'en-foutiste, il tourna alors la tête vers la ruelle ou avait tourné un peu plus tôt le gars, ne prenant pas compte des paroles de la demoiselle à peine plus petite que lui. C'était comme si le père Noël avait décidé de passer en avance pour lui, pour une fois qu'il s'adressait à quelqu'un de plus petit que lui, c'était d'un soulagement. Alors du coup, il avait arrêté de fixer cette ruelle, écoutant un peu plus ce qui semblait être des menaces. Enfin généralement, quand on parle de la sorte, ce n'est pas pour vous offrir un bouquet de fleurs à la suite, mais plutôt une bonne mandale. « Oui merde ! T'as un problème ou quoi ? Et arrête de me regarder comme ça où tes bijoux de famille, j'en fais un sac à main. » « Eh merde », il avait répété ces deux mots une fois de plus, pensant que c'était bien approprier à la situation ou une bonne répartie pour clouer le bec à ... Ah comment elle s'appelle déjà cette créature mythologique hideuse ... Ah oui, une Harpie.
Cela dit, il pointa du doigt la ruelle, s'il avait ses oreilles reptiliennes, elles seraient dressées au garde-à-vous. « Pas possible de faire sac avec bijou » précisa-t-il, tout de même, en regardant un peu le temps qu'il faisait aux alentours. Un magnifique soleil ! Bon, il n'allait pas pouvoir l'aider, il ne tenait pas à se taper la fiche en plein dans le Queens, loin de son quartier à lui. « Partie par là, homme que toi suivre, coincé, c'est cul-de-sac ». Oh~, il fallait le croire, il s'était fait avoir aussi par cette même ruelle et du coup, c'est resté graver dans sa mémoire étant donné qu'il s'était mangé le grillage au bout de la ruelle. Après, il est vrai que de sa façon de le dire, ça ne pouvait pas être clair, mais l'idée principale était là. Le poursuivis ne pouvait pas vraiment aller plus loin étant donné que la ruelle donner sur un cul-de-sac. Mais dans tout ça, il n'avait pas perdu une seule fois son calme, il n'allait pas valoir mieux qu'elle s'il s'énervait et lui cracher ses flammes à la figure comme douche froide donc forcément, il se contenta de rebaisser sa main une fois qu'il avait fini de donner ses indications, la remettant avec sa copine dans les poches de sa veste. « Comment je vous regarde ? Je regarde pas mauvais, t'es bijoux de famille, j'en fais un sac à main » Aucun rapport avec le début de la phrase, c'est accordé, mais il n'avait fait que répéter cette phrase pour en comprendre le sens. Alors déjà, bijoux de famille, il pensait que c'était des bijoux comme une bague ou un collier, mais il n'en avait pas sur lui et comment on peut transformer de l'or en sac, ça fait hyper lourd pour être déplacer.
Mais le pire dans cette histoire, c'est ce naturel. Il n'avait pas l'ait chambouler une seule fois sur ce qu'il avançait, comme si c'était loin d'être stupide, une simple question. Son tuteur lui avait toujours appris la politesse donc forcément, les injures et autres sarcasmes, il en faisait, certes, mais de façon involontaire et inconsidérée. Il n'avait jamais insulté qui que ce soit, sauf en roumain, là, il était sûr que personne n'allait comprendre. Et c'est ça qui été pas mal, dans ces rares fois où ce n'était pas lui qui ne comprenait pas, mais les autres.
indy regardait son interlocuteur, complètement interloqué. C'était quoi, cet énergumène, là ? Bon, à en croire sa manière de s'exprimer, il n'était manifestement pas d'ici, sûrement un étranger débarqué depuis peu de temps à New-York. Ça justifierait qu'il ait l'air de ne rien capter aux injures qu'elle venait de proférer et qu'il prenne ses réflexions au sens le plus littéral du terme. Ça justifiait aussi qu'il lui tape singulièrement sur les nerfs, touriste ou pas. Sans déconner... comme si la situation n'était pas suffisamment frustrante, voilà qu'elle se payait la présence du boulet en chef toutes catégories confondues. Elle n'avait vraiment pas que cela à faire, elle avait une cible à suivre... Une cible qui en avait profité pour se faire la malle, une cible que... Que quoi ? C'est pas vrai, ce type là déboulait de nulle part et il avait capté qu'elle était en filature ? Bah merveilleux ! Elle était aussi discrète qu'un hippopotame en tutu ou quoi ? Enfin... Dans tous les cas, c'était foiré pour aujourd'hui. Cul-de-sac ou non, se remettre à lui courir après serait trop suspect, d'autant qu'elle craignait d'avoir été repérée... Et si effectivement un inconnu croisé au hasard l'avait capté, ce n'était vraiment pas bon signe pour elle. Autant arrêter les frais direct... Mindy toisa son interlocuteur du regard. Non seulement il lui avait fait foirer son coup, mais il insistait, le bougre... qu'est-ce qu'on en avait à foutre de ces histoires de sac à main et de bijoux de famille ! Elle voulait lui donner un cours de vocabulaire en plus ? Elle avait que ça à foutre... Bon ok, elle avait que ça à foutre étant donné que ses projets pour la journée avaient planté, mais quand bien même.
-Bon, sérieusement, c'est quoi ton problème ? Tu veux pas porter tes couilles en pendentif, ok, mais arrête de m'emmerder, tu veux ? Elle ancra son regard dans les siens. Bon, si ça se trouve, il y avait une couille dans le potage, ce type était trop bizarre pour être honnête, et le fait qu'il ait compris d'emblée qu'elle était en train de suivre ce connard de maquereau qui était peinard, maintenant (mais pas pour longtemps, foi de Hit Girl) ne venait peut-être pas de rien. Et si ce type qui se donnait des airs d'attardés était en train de se foutre de sa gueule ? C'était une solution envisageable. T'es qui au juste ? Et qu'est-ce que tu me veux ?
Il se pouvait qu'il soit effectivement juste un type complètement paumé, qu'elle avait percuté par le plus grand des hasards, et qui avait la terrible malchance de tomber sur une Mindy particulièrement en rogne, et donc plus acerbe encore qu'elle pouvait l'être en temps normal (ce qui n'est pas peu dire en définitive). Mais quand bien même elle se montait un baratin (et c'était effectivement le cas), ça ne coûtait rien de protéger ses arrières.
Une énergumène ? Et encore, là il se contenait, il n'était pas en train de la bombarder de question Enfin pas encore assez pour que l'on considère comme étant un vrai bombardement. Il gardait simplement son calme. Il avait déjà été poursuivi, c'est d'ailleurs pour ça qu'il avait mit ses pattes dans cette ville bordélique donc forcément, il reconnaît quand deux personnes se suivent et sont suivis. Cela dit, il n'avait pas réagi de façon mauvaise, c'était devenu banal de voir deux personnes se suivre, c'était vraiment banal et presque ennuyant que maintenant, c'était devenu aussi habituel que de croiser le facteur au petit matin. Alors autant rester calme face à se genre de situation, désintéressé même car c'était actuellement ce qu'il était en train de faire, il s'en foutait comme de l'an 0 qu'elle était en train de suivre cet homme et même si ça pouvait s'avérer être fâcheux qu'il la grille aussi facilement, n'importe qui aurait pu deviner si ce même n'importe qui n'était pas aveugle. Alors du coup, il leva la tête vers le ciel une fois de plus, ce ciel qui l'attirait tant comme une mère. Ça ne faisait qu'amplifier son air je-m'en-foutiste, ça n'allait pas l'aider mais il ne voulait pas d'aide, il savait bien se débrouiller. Il fallait qu'il compte que là-dessus de toute manière, la débrouille. Il arrêta de gober les mouches, entre guillemets, lorsqu'elle avait rouvert la bouche. Non, elle n'allait pas se calmer ? Bah ça serait bien qu'elle se dépêche sinon c'est lui qui allait s'énerver, après tout, ce n'est pas à lui de s'excuser à l'heure actuelle, qui lui a foncé dessus, hum ?
« Bon, sérieusement, c'est quoi ton problème ? Tu veux pas porter tes couilles en pendentif, ok, mais arrête de m'emmerder, tu veux ? » Il haussa simplement les épaules en guise de réponse « Pas de problème, pas emmerder, juste vouloir que vous excusez d'avoir bousculé, deux personnages en deux minutes, ça hum ... m'emmerde ? » Il pouvait faire plus clair -sauf si on ajoute quelques mots pour que ça soit plus clair justement- mais au moins, il était franc, ce n'était pas une qualité ça ? Et puis, ces mots qu'elle débinait comme du venin, c'était impressionnant dans le sens ou elle allait transformé l'homme le plus poli de Time Square en un vulgaire chartrier. Alors il évita son regard, non pas qu'il était menacé mais qu'il n'aimait pas ça qu'on le fixe. Il avait relevé la tête. Il y a 19 ans, dans la même situation, il lui aurait arraché les yeux pour l'avoir fixer ainsi. Mais on lui avait appris à ne pas être un vulgaire animal. C'était aussi un humain. Cela dit, reprenons comme deux personnes civilisées, ou du moins un minimum.
Il avait remis ses mains dans ses poches, signe qu'il n'allait rien faire et au pire, il ne peut rien faire, ce n'est pas non plus comme s'il était un bon bagarreur, loin de même alors autant ne pas chercher la bagarre, surtout face à une fille qui avait quoi ? Allez, 18 ans à tout péter, un peu plus, un peu moins. Mais pour quelqu'un qui cache son apparence, il avait appris à ne pas s'y fier. « T'es qui au juste ? Et qu'est-ce que tu me veux ? » Qui il est ? En quoi c'est important au juste. Du coup, il se tourna vers sa boutique, la pointant du doigt « Libraire de celle-ci, je vous veux rien » On progresse, enfin de mieux en mieux en tout cas. Enfin de toute manière, il l'avait déjà dit un peu plus tôt ce qu'il voulait donc il n'allait pas se répéter et ce n'était pas si important de toute façon.
on pas que Mindy soit raciste ou quoi que ce soit du genre (elle ne distinguait que les connards de ceux qui n'en étaient pas, c'est tout), mais son jargon approximatif, comme s'il lui fallait un prétexte de plus pour être en rogne, lui tapait sérieusement sur le système. Sérieusement, elle n'avait pas pigé un traître mot de la première phrase qu'il prononça. C'était quoi l'idée ? Il voulait qu'elle s'excuse pour l'avoir bousculé, c'est ça ? Eh bien là, c'est sûr et certain qu'il pouvait toujours attendre... et un bon bout de temps s'il attendait véritablement à ce qu'elle lui demande pardon. "Je suis désolée" étaient des mots que la demoiselle ne prononçait qu'extrêmement rarement, et une occasion telle que celle-ci ne suffirait clairement pas à ce qu'elle fasse montre de cette marque de politesse qui à d'autres aurait semblé toute naturelle. Quand bien même elle aurait été de nature à appliquer les règles les plus élémentaires du civisme, elle s'en serait abstenue vie la circonstance. Sérieusement, elle ne pigeait rien à cette énergumène, mais s'il fallait qu'une chose soit certaine, c'est qu'il semblait avoir un talent fou et tout naturel pour lui taper sur le système. Il n'avait vraiment pas à fournir beaucoup d'efforts pour y parvenir. En définitive, elle ne savait toujours pas qui était ce gars-là, il ne déclina pas son identité, il se contenta de lui parler de sa profession... Libraire, donc ? C'était pas un comble quand on savait pas aligner deux phrases dans un anglais correct ? (d'accord, c'était bas comme réflexion, mais n'allez pas demander à Mindy de faire dans la subtilité). M'enfin soit... si c'était vrai... Ça l'aidait toujours pas plus à cerner le personnage. Car oui, ce type était véritablement un personnage. Elle poussa un soupir.
-Bon, je sais pas si tu es particulièrement doué pour jouer aux cons ou si t'es vraiment con... Elle croisa les bras. Et ta librairie, elle est où, alors ?
Aux propos qu'elle avait entendu, ou du moins à ce qu'il lui semblait en avoir compris, elle supposait que la librairie de son interlocuteur n'était pas bien loin. Et si c'était là sa présumée couverture, elle voulait bien en avoir le coeur net. Mindy ? Trop méfiante ? C'était probable, oui, et son attitude pouvait par moments frôler la paranoïa, mais c'était un réflexe de défense (d'attaque, même, disons les choses telles qu'elles sont), elle était recherchée par les flics, et aux vues de ses "activités", on ne pouvait pas dire qu'elle se fasse que des amis, elle préférait veiller sur ses arrières. Il avait beau dire, on ne lui ôterait pas de la tête que ce type avait l'air beaucoup trop louche pour être parfaitement honnête. Si ça se trouve, il était en train de se foutre royalement de sa gueule, à cet instant précis. Dans tous les cas, elle voulait en avoir le coeur nel. Et il fallait bien, donc, que se prolonge cette altercation.
Et lui s'il n'était pas aussi poli et qu'il ne ferait pas l'effort de se tenir, il lui aurait déjà mordu le bras sans demander son reste. Non mais vraiment, il avait fait quoi mise à part tomber face à elle le jour de ses règles visiblement. Ah moins que ça soit tous les jours comme ça ? Oh mon dieu, rien qu'à cette idée, il n'avait pas manqué de rouler des yeux derrière ses lunettes noires. Alors visiblement, vu qu'il est particulièrement en forme pour rester calme ces temps-ci, il n'allait pas s'énerver, il allait garder son calme. Pourquoi il s'énervait ? C'était un peu une forme de moquerie vis-à-vis de sa façon de parler, non ? En tout cas, si ce n'était pas le cas, c'est ainsi qu'il l'avait compris, ce qui rend les choses encore plus délicates étant donner qu'il est possible que Shade est compris ça de travers. Alors il soupirait, à défaut de pouvoir l'étrangler, il s'était contenté de remettre ses mains dans ses poches et puis t'en qu'à faire, tenir le tissu entre ses doigts devenus poings en guise d'antistress. C'était terriblement pénible de ne pas se faire comprendre qu'il voulait juste qu'elle s'excuse. En plus, il y avait de quoi, se faire bousculer et par la suite incendier, super ! Journée de merde, ça lui apprendra à sortir tient, pour une fois qu'il avait pris son courage à deux mains, il repassera. Alors il contenta de mâchouiller l'air d'un air je-m'en-foutisme tout en roulant les yeux vers le ciel pendant qu'elle parlait. « Bon, je sais pas si tu es particulièrement doué pour jouer aux cons ou si t'es vraiment con... »
Un peu des deux, s'il le faisait exprès, il serait encore plus chiant que maintenant cela dit, donc elle n'était pas trop à plaindre pour le moment. Du coup, il n'avait rien répondu, sauf un petit « t'es vraiment con » prononçait dans les airs pour pouvoir retenir cette phrase. Allez, une de plus, de toutes manières, il avait arrêté de compter à partir de la première phrase qu'elle lui avait prononcée de façon si poétique. C'était ironique bien entendu, ça ne sonnait pas du tout comme étant de la poésie digne de Hugo, mais venant d'une langue de vipère, il ne s'attendra pas à mieux de toutes façons. Alors il avait arrêté de faire son air désintéresser. Elle n'aimait pas quand il répétait, mais pourtant, elle faisait tout pour « Et ta librairie, elle est où, alors ? » Mais il vient de le dire, de la pointer du doigt même, ce n'est pas possible. Et après ça ose se plaindre qu'il répète ?! C'est l'hôpital qui se fout de la charité. Alors soupirant une fois de plus, il allait, encore une fois, lui montrer sa libraire, mais cette fois-ci, il l'avait guidé quitte à se prendre une mandale royale en prenant ses épaules et en la mettant face à celle-ci « Là » ... Oui, juste un là, mais il n'y avait pas besoin d'être plus explicite à cet instant T, il lui avait mis sous le nez donc si elle n'arrive pas à la voir, il ne sait plus comment faire.
En tout cas, oui, c'était juste une librairie simple, tout aussi simplette que le bonhomme cela dit, mais qui cache bien son jeu. Mais couverture n'est pas vraiment le terme approprié, il vit ainsi, sans avoir quoi que ce soit comme double vie à cacher, c'est lui tout entier qu'il cache dans cette librairie. Et puis, c'est un peu grand pour une couverture non ? Enfin d'accord, il dort dedans, mais il ne faut pas non plus qu'il prenne tous les draps.
rop de défiance tue la défiance pourrait bien être un dicton dont Mindy aurait tout intérêt à prendre de la graine. Il est clair que son interlocuteur, qui ne lui avait pourtant absolument rien fait, était la malheureuse victime du caractère de chien de la blondinette, que sa frustration actuelle n'avait fait qu'accentuer. Elle en était à ce stade d'agacement et de méfiance qu'elle n'avait pas vraiment prit la peine de suivre le point que lui avait indiqué son interlocuteur quand il avait parlé de sa librairie, supposant qu'il indiquait un point dans l'espace parce que la boutique - si elle existait - se trouvait dans cette direction, pas qu'il indiquait justement la librairie. Au temps pour elle. Ce serait bien là le seul tort qu'elle voudrait bien se reconnaître (et pensez bien que, de sa part, c'était déjà franchement énorme). Finalement, il avait fallu qu'il lui foute le nez dessus pour qu'elle la voit bel et bien. Ok... Si elle voulait pousser la paranoïa jusqu'au bout, elle pouvait toujours affirmer qu'il avait prit un commerce au hasard et qu'il l'avait désigné comme le sien pour s'en sortir indemne, mais c'était sérieusement capillotracté, comme hypothèse, et bien trop risqué. Si Shade voulait éviter d'essuyer ses foudres (déjà qu'il en subissait pas mal - mais ce n'était rien en comparaison de ce dont elle était capable), et n'importe qui de normalement constitué le voudrait - il avait eu tout intérêt à lui dire la vérité. Bon ok. Il fallait sérieusement qu'elle se calme. Elle n'avait clairement pas le tempérament le plus agréable du monde, mais de là à s'en prendre à un pauvre type innocent juste pour se passer sur les nerfs, quitte à s'exaspérer d'un défaut de langage contre lequel il ne pouvait pas grand chose... Manifestement, c'était un signe, un signe qu'elle devait prendre une grande inspiration, oublier Hit Girl pour aujourd'hui, et redevenir Mindy Macready. Alors qu'elle examinait la devanture de cette librairie assez coquette, même si elle ne payait pas de mine de prime abord (en même temps, pour ce que Mindy y connaissait, en librairies - non, on ne pouvait pas franchement dire qu'elle était une lectrice assidue), elle reconnaissait pour de bon son erreur et son emportement... Ou du moins le reconnaissait-elle en son for intérieur... Elle n'était clairement pas de ces personnes qui reconnaissent publiquement et aisément s'être fourvoyées.
-Fais chier. marmonna-t-elle dans sa barbe, plus à sa propre adresse qu'à celle de son interlocuteur. Bon d'accord. Elle marqua une pause. Ok, donc si ce type n'avait rien à voir là-dedans, s'il avait été la malencontreuse victime des circonstances... elle devait l'observer d'un autre oeil. Ce type que tu m'as vu suivre, tu le connais ?
Techniquement, pour le coup, ils étaient voisins... Du moins la journée... Alors peut-être qu'il savait quelque chose. D'accord, après l'avoir insulté joyeusement, elle n'avait pas forcément grand chose à obtenir de lui... et peut-être même qu'elle commettait une grave erreur qui allait plus encore griller sa couverture, mais elle tentait malgré tout. À ce stade, elle n'avait plus grand chose à perdre.
S'il devait excéder de méfiance à chaque fois qu'il heurtait quelqu'un dans la rue, surtout à New-York (c'était tellement courant, à croire que c'était devenu la nouvelle poignée de main pour se dire bonjour), il n'oserait même pas sortir de chez lui, il s'enfermerait à double tour et point, on ne le reverrait plus. Forte heureusement, il avait de bonne comme de mauvaise surprise à sortir non plus que la nuit, mais un peu, le jour aussi. Il avait rencontré la demoiselle qui lui rappelait gentillement que les adolescents de New-York ne sont pas tous des drogués aussi vivant que des escargots et qu'il y avait plus de chose à voir dehors que dans les livres. La preuve, le voilà mêlé à une histoire de course poursuite, de filature, comme dans ses romans policiers, sauf que cette fois-ci, c'était en vrai. Alors c'est ce qui adoucissait sa colère contre la jeune fille pour avoir été aussi mauvaise, peut être qu'il allait pouvoir l'aider. Cet homme était, après tout, une sorte de voisin. Il habitait de l'autre côté de la route, dans un vieil immeuble, heureusement que les occupants de celui-ci n'avaient pas le vertige d'ailleurs, un peu comme tous ceux vivants ici puisque vu la hauteur des bâtiments. Bientôt, ils ne verront plus le soleil s'ils continuent à construire aussi haut. Alors son calme revenu (visiblement, le fait qu'il ne fasse pas de craquage complet aider grandement l'ambiance à se détendre un peu), il se contentait de soupirer de soulagement discrètement, baissant même la tête dans l'élan. Bon sang, que c'était tout bonnement atroce comme situation, il n'avait qu'une envie : c'était de faire demi-tour et de rentrer chez lui maintenant.
Cela dit, ça reviendrait à de la fuite. C'est drôle, mais lorsqu'il s'agit de s'enfuir, il est très fort pour, c'est le meilleur même. Alors une fois les tensions calmaient et sa librairie face à celle qui aura gâché son élan, il ne fit plus rien. Il avait d'ailleurs rapidement lâcher ses épaules, une demi-seconde après l'avoir positionner en face. Il n'avait aucun droit de la toucher pour commencer, même si les études disent que le touché rassure les autres, un simple touche sur l'avant-bras par exemple, mais il se permettait d'en douter quand même. Et puis, il ne la connaissait pas et du peu qu'il ne connaissait maintenant, il en avait déduis très rapidement qu'elle s'emportait facilement et que c'était mortel. Alors cette fois-ci, il n'avait pas répété sa phrase, son expression, quoi que ce soit. Non mieux que ça, la suite était bien plus intéressante du coup. Maintenant, il le sentait venir, il allait partir dans une séance d'interrogatoire comme dans les films policiers. Les cinémas de pleins airs, il y allait souvent, c'était facile d'y aller, il n'y avait qu'à se faufiler. « Ce type que tu m'as vu suivre, tu le connais ? » Pour quelqu'un qui s'est énervé un peu plus tôt parce qu'il l'avait grillé à suivre, elle était bien trop calme d'un coup, s'en était flippant quand même.
Alors il se contentait de hocher la tête pour répondre positivement à sa requête avant d'ajouter par la suite après avoir déglutit. « Monsieur venir souvent ici et chez moi. Habiter pas loin, dans immeuble là-bas » Fit-il en pointant de nouveau du doigt une direction, celui de l'immeuble d'en face. Il espérait juste qu'il n'allait pas devoir te remettre devant pour que tu le voies ce bâtiment, surtout que cette fois-ci, il avait précisé "là-bas", chose qui pouvait mettre sur la voie déjà.
indy était toujours à cran, mais si elle poursuivait sur sa lancée première, ça n'allait vraiment mener nulle part. Et oui, de toute évidence, le libraire allait devoir subir un véritable interrogatoire. Pas le choix, en même temps, s'il savait quelque chose, il fallait qu'elle soit mise au courant, s'il représentait un obstacle ou une menace, il faudrait... l'abattre, et s'il avait l'intention de se montrer trop bavard, il faudrait qu'elle trouve le moyen de le faire taire... Oui, elle devinait bien qu'elle n'avait pas franchement fait une excellente première impression à son interlocuteur (en même temps, elle n'avait rien fait pour y changer quoi que ce soit ni ne comptait rien y faire), mais elle s'en moquait, il y avait plus urgent à gérer que de ménager les sentiments du libraire, même si ça pouvait être fondamental si elle voulait que la situation aille dans le sens qu'elle désirait. Il venait de lui apprendre que son homme, il le connaissait bien, semble-t-il qu'il venait régulièrement dans sa librairie... C'est drôle, elle imaginait mal sa cible en amateur de littérature, mais c'était toujours une info bonne à retenir. Elle ne se retourna pas, quand il lui indiqua où l'homme habitait, elle le savait pertinemment, c'était même pour ça qu'elle était là... Est-ce que ça la rassurait, qu'un type qui voyait sa future victime tous les jours l'ait vu le suivre et soit susceptible de le répéter ? Non, clairement pas. Ça risquait même de compliquer sérieusement ses affaires. Oh, elle l'aurait, quand elle se mettait une chose en tête, et une cible surtout, elle parvenait toujours à ses fins. Elle se serait bien épargnée ces complications, malgré tout.
-Bon. soupira-t-elle avant de prendre le poignet du libraire et de l'entraîner jusqu'à la devanture de son commerce. Fais nous entrer et ferme à clé derrière toi, on doit causer.
Et sans être dérangés, de préférence. Non, c'est clair que, à ce stade, Mindy n'allait pas lâcher le pauvre Shade. Il y avait trop de questions qui nécessitaient qu'elle ait des réponses. Elle voulait qu'il lui communique la moindre information qu'il pouvait bien avoir au sujet de son "client", elle voulait avoir la garantie formelle qu'elle l'avait de son côté. Et si ce n'était pas le cas ? Il y avait de belles menaces qu'elle n'hésiterait pas un seul instant à mettre à exécution. Sans scrupule ? Non, aucun, quand on soutenait une pourriture de la pire espèce, coupable des crimes les plus ignobles, on ne méritait pas davantage d'égards. Du moins selon les critères de Hit Girl. Et il n'est pas nouveau que ses critères étaient tout sauf de ces critères moraux que l'on admet communément.
-Quand je sortirais de là, tu m'auras jamais vu, c'est bien compris ?
Et ça avait tout intérêt à être clair. Certes, si elle se pointait dans sa tenue de super-héroïne, elle ne serait pas reconnaissable, mais quand bien même, l'on est jamais trop prudent, et surtout dans son cas bien particulier. Elle n'avait rien, au fond, contre Shade, mais s'il tenait à la vie, il faisait mieux d'aller dans son sens.
Subir un interrogatoire en plus de la mauvaise humeur n'était pas grand chose à côté du fait qu'il savait bien qu'il n'allait pas réussir à lui répondre correctement. Alors à ses réponses vagues, elle allait sûrement s'énerver encore et il était bon pour se faire traiter de tous les noms d'oiseaux possibles. Il va falloir qu'il garde son calme non pas parce qu'il s'énervera, mais plutôt parce qu'il allait stressait comme ce n'était pas permit à l'idée de se faire incendier de nouveau de tous les moyens possibles. Il soupirait un peu, laissant la pression se dépressuriser ainsi avant de reporter son attention sur la demoiselle. Il préférait ne prendre aucun risque et se contentait d'obéir bêtement à ce qu'elle allait lui demander. Elle n'avait pas l'air si méchante après tout, enfin moins que quelques autres rencontres qu'il avait déjà fait auparavant. De toute façon, les humains ne l'effrayaient pas, au contraire, il les trouvait intéressants de par leurs faiblesses et leurs volontés d'y pallier. Il jeta un œil derrière lui. Maintenant qu'il l'avait vu suivre quelqu'un, ça le rendait paranoïaque. Elle l'avait peut être suivit aussi. Ça serait un sacré merdier si c'était le cas. « Bon. » Bon quoi ? Il a fait quoi encore ? Parce que vu son soupir, il aurait cru un instant qu'il avait encore dit quelque chose qui ne fallait pas alors qu'il s'était contenté de répondre à sa question. Cela dit, il avait eu sa réponse assez vite puisqu'elle l'avait forcé à entrer. Enfin forcé ... Il s'est laissé faire aussi, ou alors c'est la surprise, mais dans tous les cas, elle a une sacrée poigne.
« Fais nous entrer et ferme à clé derrière toi, on doit causer. » A vos ordres mini-chefs ! Cela dit, il n'avait pas vraiment le choix visiblement et puis, ça l'arrangeait de rentrer chez lui après ça. Il n'y a que dans cette boutique qu'il a un minimum d'assurance. Alors attrapant la clé en s'extirpant de la poigne de la jeune fille de manière très délicate (c'est ironique bien entendu). Y avait pas idée de l'invité à rentrer chez lui de la sorte tout de même. Cela dit, il ouvrait la porte récemment fermée avant d'invité celle-ci à entrer puis, une fois que les deux personnages étaient à l'intérieur, il avait fait ce qu'elle avait demandé, c'est-à-dire de fermer derrière eux en laissant la pancarte du côté "Closed". Il se tournait alors pour se mettre face à celle-ci, daignant enfin à ouvrir la bouche. « Causer de quoi ? Votre proie ? Rien d'autre à dire dessus » Quand un peu plutôt, nous disions qu'il prenait de l'assurance dans ce lieu qui était chez lui. Cela dit, même s'il disait n'avoir rien d'autre à ajouter sur le sujet, c'était faux. Il avait sûrement encore quelques petites infos en réserve, il les estimait juste peu importante contrairement à ce qu'il avait dit un peu plus tôt. Cet homme n'était rien d'autre qu'un touriste, il ne prenait même pas la peine de lui parler ou très peu, lorsqu'il s'agissait d'être conseillé surtout.
Cela dit, tant que nous sommes sur les choses à mettre au clair, elle ne s'était pas faite prier pour en faire de même. « Quand je sortirais de là, tu m'auras jamais vu, c'est bien compris ? » Il se contentait de hausser les épaules, si elle voulait, de toute manière, il n'était pas du genre à raconter à tout le monde ce qui lui était arrivé, surtout lorsqu'il s'agissait d'une fillette qui l'a agressé dans la rue. Là, c'est la honte quand même s'il racontait ça. « D'accord » Avait-il simplement dit pour répondre à sa demande de façon orale avant de reprendre « Pourquoi vous, suivre ce mâle » ... Ce n'est pas qu'il prend les gens pour des animaux (malgré que quelques fois, il soit tenté en voyant le comportement de certain) mais il désigne toujours quelqu'un lorsqu'il veut parler d'un homme ou d'une femme ainsi. Si ce n'était pas le cas, c'est qu'il n'y avait pas prêté attention et qu'il ne se rendait pas compte que c'était le bon terme à prendre.
ouvait-il véritablement lui faire confiance, quand il disait qu'il devrait faire comme si il ne l'avait jamais vu après qu'elle ait quitté cette librairie ? Elle ne pouvait avoir aucune certitude, mais elle voulait penser que oui : d'une part, parce qu'elle osait penser qu'il la trouvait tout de même suffisamment intimidante pour ne pas vouloir la contrarier, d'autre part, parce qu'il osait en parler à qui que ce soit, personne ne le croirait, on trouverait certainement son récit fantaisiste, tant mieux, vraiment tant mieux pour elle. Enfin, quand bien même il aurait la langue trop bien pendue, il n'avait à son sujet que peu d'éléments qui puissent lui permettre d'être retrouvée. Qu'il donne son signalement à la police... elle était de toute façon déjà recherchée par eux, qu'est-ce que ça changerait ? Et qu'est-ce qu'ils pourraient faire d'un faible témoignage ? La prochaine fois qu'elle mettrait les pieds dans ce quartier, ce serait revêtue de pied en cap en tenue de justicière. Et Hit Girl ne pouvait être confondue avec Mindy Macready... physiquement tout du moins. Une fois à l'intérieur, ce fut à peine si elle adressa un regard plus attentif à la librairie où ils venaient de mettre les pieds. Le seul intérêt qu'elle avait pour elle, c'était qu'elle leur permettait de discuter à l'abri des oreilles et des regards indiscrets, et qu'elle apportait la preuve que Shade ne lui avait pas menti plus tôt. Par ailleurs, en disposant du nom et de l'adresse de cette librairie, elle n'aurait aucun mal à retrouver cet homme s'il se montrait... trop bavard. Bon, bien sûr, elle pensait avoir le dessus sur lui naturellement... elle ignorait qu'elle le sous-estimait sérieusement. Enfin, il n'était jamais qu'un témoin de sa filature un peu curieux, pas mal étrange, mais visiblement inoffensif. Quand il lui demanda pourquoi elle avait suivi cet homme, elle hésita pour ce qui était de la réponse à lui donner... Lui mentir effrontément ? Lui dire la vérité. Bah... au stade où elle en était, quelle risque prenait-elle à lui dire la vérité ? Au pire il ne la croirait pas et ça lui ferait une belle jambe, au mieux, il prendrait conscience du danger que représentait son "client", et cela aurait le mérite de le mettre en garde.
-Cet enfoiré ? Une ordure de la pire espèce. Un trafiquant... de drogues, de femmes... et un assassin. Voilà, c'était dit. Et encore, elle pesait ses mots, en comparaison de ce qu'elle pensait effectivement. Ce genre de connards ne mérite qu'une seule chose.
Crever, et pas en douceur, mais elle s'abstint de donner ce détail. Tant pis si ce discours l'incriminait fissa, ou le ferait quand le salaud notoire aurait quitté la surface de cette planète. Elle assumait. Au nom de la justice qu'elle souhaitait à tous prix défendre. Elle était une justicière dans l'âme, elle en avait la conviction, c'était dans sa nature, ça coulait dans ses veines. Rien ne l'empêcherait jamais de faire ce qu'elle considérait être son devoir.
Difficile à dire s'il fallait lui faire confiance, Shade était ... Très secret, trop et savoir ce dont il pensait à l'heure actuelle relevait de l'exploit. Mais pour le moment, il ne pensait à rien, ce n'est même pas dit qu'il soit concentré sur la situation actuelle. Ce genre de comportement chez autrui se détecte dans le regard, mais dans son cas, il le cache donc difficile à dire s'il est concentré, impliqué ou bien complètement à côté de la plaque. Mais si ça peut rassurer, il est bel et bien attentif à ses dires. Et puis, si elle pouvait le laisser tranquille au plus vite, ça ne serait pas plus mal, mais au fond, il trouvait cette situation terriblement amusante. Pour de vrai, il avait visiblement du mal à saisir le sérieux dans le contexte actuel. Ce genre d'homme court les rues, il n'est pas nouveau dans la branche comme on dit et ça pullule à tous les coins de Manhattan, il y en a seulement des plus discrets que d'autre. Oh non, il ne s'inclut parmi eux, il aurait même tendance à faire chemin inverse, ce n'est pas son genre de marchander, surtout que bien souvent, il se fait pigeonner pour être trop laxiste justement sur les négociations. Naïveté, quand tu le tiens. Cela dit, cette implications et cette naïveté étaient rapidement corrigées. D'une part, parce que la demoiselle s'était calmée et c'était suspect (le calme avant la tempête comme on dit) et d'autre part, elle lui parlait de quelque chose qui n'avait pas l'air de percuter son esprit.
« Cet enfoiré ? Une ordure de la pire espèce. Un trafiquant... De drogues, de femmes... Et un assassin. » Enfoiré, donc c'est quelqu'un qui fréquente les foires. Ordure ? C'est une poubelle ? Puis le reste, il ne préférait même pas comprendre, haussant simplement les sourcils d'un air de dire Oulà, c'est quoi ce charabia. Mais il s'asseyait tranquillement, continuant malgré tout de l'écouter. C'était un pro là-dessus cela dit. « Ce genre de connards ne mérite qu'une seule chose. » Une seule chose bien claire et nette, il l'avait compris sans même avoir eu un besoin de demander la fin de la phrase. Il l'avait vu tellement souvent et il savait qu'elle voulait lui faire la peau tout simplement. Alors il n'avait rien dit. Ce n'est pas parce qu'il n'avait rien à dire, mais s'il donnait son opinion, elle allait sûrement croire qu'il défendait cet homme. Ce n'était pas son cas, ni même ses attentions. Entre tuer des animaux et tuer des hommes, il y a une sacrée différence quant au poids qu'on porte dans le cœur. À moins qu'elle le considère comme un vulgaire animal et là, elle pourrait être excusable. Il décrocha alors son attention d'elle, allant derrière le comptoir, sa place habituelle. Qu'est-ce qu'il pourrait lui dire ? Elle avait l'air déterminé, mais jeune, c'est dommage d'avoir foutu sa vie en l'air pour finir poursuivis par les flics à tout bout de champ.
Et c'était par cette haine qu'elle dégageait envers cet homme qu'il avait enfin compris ce qu'elle avait dit pour le décrire. Dans tous les cas, visiblement, c'est loin d'être quelqu'un de fréquentable, drogue, il savait tout juste ce que c'était, mais femme ... Enfin, comme ce n'est pas les choses qu'il l'intéresse, forcément, il n'y ne s'intéressait pas plus que ça. Il avait fini par ouvrir la bouche, enfin. « Et ... Comment, enfin, qu'est-ce que vous attendre de moi. Pas mêler à histoire et préfère que ça reste ainsi ». Autant être clair et net dès le début, il connaissait cet homme certes, mais parce qu'il l'avait déjà vu. Il retient très bien les visages et les voies, mais ce n'était pas son ami.
ucune réaction de la part du libraire. Ou du moins, pas le moins du monde la réaction qu'elle avait attendue, elle avait pensé qu'il s'inquièterait, qu'il s'offusquerait, ou qu'il serait intrigué, mais rien de tout cela. Au final, peut-être n'avait-il pas pipé un traître mot de ce qu'elle venait de dire... et peut-être que c'était mieux comme ça... Quoique... Dans tous les cas, elle n'allait clairement pas se répéter, alors tant pis s'il avait tout bien entendu, s'il prenait ses propos pour des élucubrations, ou si elle n'avait rien compris. Ça ne le regarderait bientôt plus. Il lui demandait ce qu'il attendait d'elle. Visiblement, il n'avait pas très bien compris. Elle n'avait pas l'intention de lui demander quelque service que ce soit. Encore, s'il avait eu des informations spécifiques à lui donner sur son client, il aurait pu lui être utile, mais visiblement, ce n'était pas le cas. Elle ne lui faisait pas suffisamment confiance pour faire de lui son complice, et puis, elle n'était pas du genre à s'encombrer de partenaires ou d'acolytes quand ces derniers n'étaient pas Dave. Elle avait commencé sa traque en solitaire, elle l'achèverait en solitaire. Il n'avait vraiment pas de quoi s'inquiéter, elle avait tout sauf l'intention de lui demander un service qu'il serait incapable de rendre, ou qui puisse le mettre en péril. Même si, clairement, le courant avait du mal à passer entre eux, le libraire restait tout de même, par définition, un innocent, et le rôle qu'elle s'était attribuée, en tant que justicière, était autant de pourfendre les coupables que de défendre l'innocent.
-T'inquiète. Tout ce que je te demande, c'est de continuer à ne pas te mêler de cette affaire, de la boucler... Vu que c'était visiblement son intention, ils avaient, sur ce point, trouvé un terrain d'entente. Le silence, voilà ce qu'elle réclamait de lui avant toute autre chose. Elle savait bien qu'être revenue à New-York, et même si les flics étaient passés à autre chose et ne la traquaient pas comme si elle était l'ennemie publique numéro un, était une décision dangereuse, mais jusqu'ici, elle avait su ne pas faire comprendre son retour à la flicaille de la grosse pomme. C'était très bien ainsi, et ça devait le rester. Alors ce libraire avait juste tout intérêt à fermer les yeux sur ce qui se déroulerait dans son voisinage dans les temps à venir, et à ne pas s'alarmer s'il advenait que son client malfrat disparaisse tout à coup. ..Et de te méfier si ce type se repointe dans ta boutique. Fais attention à toi...
Non pas qu'elle se soucie plus de son sort à lui que de celui d'un autre, mais s'il devait devenir une victime collatérale dans toute cette affaire, il est clair qu'elle aurait failli à son devoir et qu'elle s'en voudrait. Bon, il n'y avait pas grand risque, d'autant que sa cible, si elle avait voulu refroidir Shade, l'aurait déjà fait il y a plusieurs bons lustres, mais avec ces types-là, ça ne coûte rien de faire preuve d'un minimum de présence.
Cela dit, une réaction de sa part sur un sujet qui le dépassait, il ne fallait pas s'attendre à mieux venant de lui. C'était un peu comme lui dire que la mère Michelle à perdu son chat, il s'en foutait. C'est peut-être même lui qui lui a bouffé son chat, mais c'est comme au sujet de cet homme, il ne comprendra pas la gravité de la situation. Alors il pouvait juste hocher la tête bêtement et positivement, comme ces figurines de chien qu'on met à l'arrière des voitures. Et même si ça lui donnait un désagréable air de "cause toujours, tu m'intéresses", il ne pouvait pas faire mieux. Il comprendrait surement plus tard, une fois que la tempête sera passée comme on dit et là, ça risque de lui donner la boule au ventre de ne pas avoir insisté un peu plus que ça. Le « T'inquiète. Tout ce que je te demande, c'est de continuer à ne pas te mêler de cette affaire, de la boucler... » Lui avait simplement donné une sorte de soulagement. C'est parfait s'il n'avait à faire rien d'autre que se taire, il n'en demandait pas plus de son côté. Après tout, moins il en sait sur ce genre de sujet, mieux il se porte. Il ne comptait pas se mêler des affaires de la jeune femme, après tout, il avait mis un pied dedans malencontreusement déjà donc pas la peine d'en rajouter une couche.
Alors de nouveau, il avait hoché de nouveau la tête, ajoutant un petit « Ça me va bien ». Il avait oublié le « très » devant, mais il pouvait être excusé, c'est bien la seule chose qu'il est réussi à dire jusqu'ici sans se planter et être compréhensible. Mais c'est visiblement un bon point, enfin assez pour qu'il ne se soit pas à attirer ses foudres. C'est bien ce qu'elle voulait ? Elle voulait qu'il se taise ? Dans tous les cas, il ne comptait pas se vanter de cette mésaventure, comme si c'était son genre pour commencer de se vanter. Pas du tout, c'était tout à fait l'inverse chez lui, il se dénigrait, se sous-estimait par rapport à son entourage, Mutant comme Humain (sur ce coup, pas de jaloux) alors pourquoi il irait crier sur tous les toits qu'il a grillé visiblement une justicière dans sa filature. Lorsqu'il monte sur les toits et qu'il rugit, c'est généralement par un besoin de foutre sa colère dehors parce qu'on lui aurait pris la tête. Il était comme, une sorte de cocotte-minute, mais à la place de siffler quand ça surchauffe, il hurle comme un rageur. Vaut mieux ça qu'il ne se mette à cogner X ou Y au coin de la rue.
Cela dit, la phrase qui avait conclu cet entretient le laissa sur le cul tout simplement. Elle avait passé son temps à contenir sa colère ou bien à lui rappeler de rester en dehors de çà et là d'un coup «...Et de te méfier si ce type se repointe dans ta boutique. Fais attention à toi... ». Alors ça, paye ton ticket. Du coup, il avait été pris d'une petite sympathie, juste ce qu'il faut pour qu'il sourît doucement en hochant lentement la tête « Oui, rien faire ? Même pas prévenir ? » Demanda-t-il au cas où. Il ne comptait pas se mêler de quoi que ce soit ni même de prétendre son acolyte ou une quelconque connerie encore mais il serait peut-être bon de la prévenir s'il décide de revenir dans le coin (ce qui ne risque plus d'arriver pendant un moment vu la filature foireuse).
es propos de la justicière semblèrent surprendre le libraire... et en définitive, Mindy comprenait aisément pourquoi. Elle avait été tout sauf agréable avec son interlocuteur depuis le commencement de leur conversation, elle avait été rude, grossière, et n'avait pas fait preuve du moindre tact... En même temps, se faire des amis, ce n'était pas franchement sa priorité, dans la vie. Elle avait essayé, elle avait donné, et vu le résultat, elle préférait encore être méprisée mais demeurer elle-même. Elle n'irait pas dire qu'elle portait Shade dans son coeur, mais voilà, au titre de n'importe quel autre, il restait un innocent à défendre. Et c'est donc ce qu'elle ferait, rendant encore plus urgent le fait de se débarrasser au plus vite de la menace que représentait son dealer notoire. Le fait que cette filature ait foiré de bout en bon n'allait pas lui faciliter la tâche, mais il en fallait bien plus pour décourager Hit Girl. Elle traçait ce gars depuis un moment, elle connaissait les trois-quarts des membres de son réseau. En deux temps trois mouvements, elle pourrait retrouver sa piste, pas de soucis. Le libraire n'avait surtout pas à s'en faire. Dans l'idéal, le mieux serait pour tout le monde, et avant tout pour lui, d'oublier cette affaire et de reprendre le cours de sa vie comme si de rien n'était. On était à New-York, après tout. Les gens bizarres couraient les rues, dans cette ville. Il ne tarderait pas à oublier cette affaire singulière au profit d'une autre, qui le serait encore plus. Mais bien sûr, ce que Mindy ignorait, c'est que le libraire était tout sauf un civil comme n'importe quel autre. Il avait ses propres armes pour se défendre. Et quelles armes ! Il était, au final, bien plus dangereux qu'elle.
-Tu n'auras pas besoin de me prévenir. Affirma-t-elle de ce ton sûr qui la caractérisait souvent, même quand elle ne devrait pas l'être tant que ça, sûre d'elle. Mais en effet, elle pensait que ce ne serait pas là une chose nécessaire. Ce serait de toutes les manières trop dangereux de confier son numéro, même celui d'un portable jetable à ce type qui restait quand même un inconnu pour elle. Ça pourrait lui retomber dessus, sur elle mais également sur lui. De toute façon, elle comptait bien régler cette affaire dans les plus brefs délais. Dès ce soir, elle enfilerait sa tenue de super-héroïne, et elle espérait bien en découdre pour de bon avec ce sale type. Je viendrais te voir quand tout sera fini, c'est plus prudent.
Non pas qu'elle se sentait l'obligation ou l'envie de le voir une nouvelle fois, mais plus tôt il saurait ne courir aucun risque quand ce serait effectivement le cas, moins il serait susceptible de la mettre en danger, que ce soit volontairement ou pas. Elle zyeuta plus attentivement la librairie où elle se trouvait, jusque là, elle n'avait pas pris la peine de l'observer pour ce qu'elle était vraiment et s'était contentée d'y voir un lieu approprié pour une conversation qui ne devait pas être entendue. Elle lui posa alors une question qui pouvait, contradictoirement, sembler hors contexte aux vues des circonstances.
Enfin, surprendre était un bien grand mot. Après tout, personne n'est réellement mauvais au fond, on le devient suite à plusieurs évènements marquants. Alors perplexe (mais dans le bon sens du terme), il pouvait juste prêter une attention toute particulière à son invité improvisé. De toutes manières, il ne pouvait rien faire d'autre. Parler, il ne savait pas faire correctement. Écrire, il en était incapable mise à part faire des gribouillis. Et lire, il passerait pour un impolie je-m'en-foutiste. Alors il n'avait pas vraiment le choix, c'était ça ou des beignes et il préfère ne pas en recevoir. Et puis, elle avait l'air bien plus calme que tout à l'heure. Assez en tout cas pour lui dire de faire attention plutôt que de vouloir faire un sac à main avec ses bijoux de famille. Expression qu'il n'a toujours pas compris cela dit au passage. Mais bon, il l'avait oublié. Ou plutôt, il ne voulait pas pour le moment s'en servir, il avait bien compris que c'était d'un rien mal vu de dire ça. Il s'était accoudé à son comptoir, posant sa tête entre ses mains. À première vue, on aurait cru à un enfant plus ou moins attentif qui chercher surtout à s'évader dans le pays de l'imagination, mais c'était surtout parce que c'était un de ses nombreux réflex de feignant. « Tu n'auras pas besoin de me prévenir. » Une moue interrogative s'était faite alors sur son visage, enfin une réaction !
Comment ça pas besoin ? Elle ne comptait tout de même pas mettre cet endroit sous surveillance tout de même ? Si c'était le cas, il n'y avait pas meilleur gardien que lui déjà. Mais il avait dit qu'il ne s'en mêlerait pas donc, il va faire ce qu'il dit. Il ne va pas s'en mêler et encore moins chercher à comprendre le pourquoi du comment. Alors il hocha simplement les épaules comme signe d'approbation. Si elle le disait, elle avait l'air sûr d'elle en plus de ça. « D'accord, rien faire alors » fit-il comme pour vouloir confirmer ses projets sur ce coup, c'est-à-dire de ne rien faire. Ça tombe plutôt bien, c'est sa spécialité. Il s'était redressé, maintenant qu'il savait ce qu'il aurait à faire, enfin entre guillemets si on résume ça à "rien" mais c'était tout de même mieux de savoir. Cela dit, les paroles suivantes l'avaient laissé tout bonnement ... Perplexe, une fois de plus. « Je viendrais te voir quand tout sera fini, c'est plus prudent. » « Prudent ? Pourquoi ? » Cette fois-ci, il avait répondu au tac-au-tac, sans prendre le temps de réfléchir ou quoi que ce soit d'autre. Il savait se débrouiller, et puis, pourquoi attendre que cette histoire soit terminée pour le voir ? Ce n'est pas comme s'il allait y passer juste pour une filature ratée.
Mais autant ne pas chercher la petite bête et se contenter d'accepter. Il hocha alors la tête de nouveau positivement, reprenant. « Si vous voulez, porte toujours ouverte ». C'était par politesse, mais quand il disait que la porte était toujours ouverte, s'était à prendre aux seconds degrés. Bien sûr que la porte n'allait pas rester H24 ouverte pour quiconque voudrait faire un tour ici, mais si on y tape, il l'ouvrira toujours, c'est ça qu'il voulait dire. Heureusement qu'il n'était pas non plus le genre de personnage qui suit un fils conducteur dans une conversation, sinon il aurait hurlé en voyant qu'elle avait changé brutalement de sujet. Mais non, ce n'était pas le cas. « Tu vends des comics, aussi ? » Il haussa alors la tête cette fois-ci de l'autre sens, c'est-à-dire négativement. Les comics, ça ne le branchait pas plus que ça à vrai dire. Il n'arrivait pas à comprendre le principe d'histoire par les illustrations. Même si ça lui fait bien moins mal aux yeux. Du coup, il se contenta de sourire faiblement « Non, pas de comics. Vous devoir voir Lizewski pour ça » Un petit gars qu'il avait rencontré. Il ne savait même plus comment il l'avait rencontré mais, c'était lui tentait en tout cas de lui donner goût aux comics. Enfin, il essayait du moins.
l acceptait de faire comme elle disait, c'est à dire ne rien faire. Parfait. Mindy n'en demandait pas davantage, et ne comptait pas insister une fois de plus sur le sujet. Pour elle, il était clos. Ou tout du moins, elle ne l'évoquerait plus jamais avec le libraire quand bien même le sale gars toujours dans la nature restait au coeur de ses préoccupations d'autant plus qu'elle espérait bien en découdre très très rapidement. Quand il demanda "pourquoi ?" Alors qu'elle lui demanda de rester prudent, elle préféra ne rien répliquer. Qu'il soit prudent de manière générale, ça ne lui ferait pas de mal dans tous les cas. Techniquement, il ne risquait pas grand chose, mais on ne savait jamais. On était jamais à l'abri d'une mauvaise surprise, après tout, lui autant que les autres. D'autant que Mindy le tenait pour bien plus fragile que ce qu'il était en réalité, mais comment aurait-elle pu le deviner. Au final, elle avait tout simplement décidé, pour aider au "faisons comme si rien ne venait de se passer", décidé de troquer l'attitude de la justicière traqueuse de mauvaises gens contre celle de la cliente lambda venue faire un tour dans cette librairie où elle ne se serait clairement jamais rendue si les circonstances ne s'y étaient pas prêtées, mais où elle reviendrait certainement. Elle avait posé sa question avec une légère curiosité, mais sans vraiment avoir l'état d'esprit de la lectrice lambda, ces lieux lui avaient seulement rappelés une conversation avec Dave, et s'il avait eu l'un de ces comics en particulier sur son présentoir, elle l'aurait certainement feuilleté, par curiosité, mais ce n'était pas le cas... Elle s'en était doutée, le libraire avait l'air de proposer des ouvrages de littérature avant toute autre chose... autrement dit, pas grand chose qu'elle ait vraiment envie de feuilleter. On ne pouvait pas dire que Mindy avait reçu une culture littéraire très dense, en lieu et place de bibliothèques, les Macready avaient une armurerie... Et personnellement, elle trouvait plus d'intérêt à s'entraîner à l'escrime qu'à perdre d'infiniment précieuses heures de son temps à se gaver de récits fictifs. Au moins, les comics avaient le mérite de se lire vite. Au final, pas de comics, donc, juste un conseil, qui ne pu que décocher un sourire à la jeune fille. Ah bah tiens... Il connaissait donc Dave ? Ou au moins sa boutique... Le monde est petit quand même.
-J'y penserais. se contenta-t-elle de répondre.
Pas non plus la peine de lui faire l'état de ses relations avec Dave, qui justifiait qu'elle n'avait pas besoin d'attendre après son bon conseil pour décider d'aller voir le jeune homme. Pour ce qui était du comics, c'était effectivement lui qu'elle irait consulter aussi. Il lui avait promis de lui en apporter un exemplaire, de toute manière. Bref, même si son sourire, qui lui était venu tout naturellement à l'évocation du jeune homme pouvait laisser entendre qu'elle le connaissait, elle préférait ne pas laisser à son interlocuteur le loisir d'imaginer l'importance qu'il avait pour elle. Déjà parce que ça le regardait pas une seule seconde. Ensuite parce que, vu le jour sous lequel elle était apparu, mieux valait qu'elle ait l'air de connaître le monde possible (en même temps, il avait vraiment prononcé le nom d'à peu près la seule personne de son entourage).
Il était assez doué pour s'attirer des ennuis même lorsqu'il s'efforçait à ne pas se mêler de quoi que ce soit alors la prudence... Il n'a rien contre, mais ce n'est pas la meilleure de ses qualités disons. Il pouvait simplement faire comme si de rien était. Comme s'il ne s'était rien passé. Dur-dur comme début de journée, mais avec cet incident, ça lui avait passé l'envie de sortir pendant le restant des heures qui suit. Il pouvait simplement dire oui, accepter les conditions de la demoiselle et rester prudent. Il l'était bien entendu, ça lui arriver de l'être en tout cas, mais jamais assez longtemps pour survivre. Survivre ... Oh oui, c'était tellement plus facile dans les rocheuses roumaines plutôt que parmi les gratte-ciels new-yorkais. Il ne pourra jamais faire sa place ici, il en est bien conscient. C'était une autre jungle, une autre sorte de bazar exotique dont il n'avait pas encore tout exploré par ses visites nocturnes mais dont il avait une petite peur de le faire. Cette ville puait la malice à trois kilomètres, on ne peut jamais être tranquille ici. Il n'y a que sa librairie (qui n'a pas encore était touché, remercions le ciel pour ça) où l'on peut trouver un peu de repos et du calme. L'attention de retour sur la demoiselle. « J'y penserais. » Avait-elle simplement répondu.
Mais un visage est tout aussi facile à lire que des pages. Il avait bien remarqué ce fin sourire qui laissait sous-entendre qu'elle connaissait son professeur de comics. Enfin, même si ce n'était pas vraiment son professeur, disons plutôt que c'était un ami qu'essayait de le convertir à ce genre de bande-dessiné. Il n'avait fait aucun commentaire, mais le sourire qui avait étiré ses lèvres (enfin un depuis le temps !) laissant clairement sous-entendre qu'il avait compris. Comme quoi, il ne savait peut-être pas parler, mais ce n'était pas un idiot complet non plus. Il avait déjà vu ce genre de sourire, celui qui est à la fois plaisant à voir et à automatique sur le visage où il s'affiche. Il n'allait pas faire travailler son imagination. Pour lui, les seules relations humaines qu'il a réussies à entrevoir pour le moment sont bonnes ou mauvaises. La répartition se termine sur ces deux points.
Cela dit, il avait l'impression d'avoir aussi dit quelque chose qu'il ne fallait pas, tout aussi étrangement que ça part tout à fait à l'opposé de son observation, mais chaque point ou possibilité sont importants. Alors du coup, il ne préférait pas lui forcer la main. C'est bon, il en avait déjà assez fait pour aujourd'hui donc pas la peine de remettre de l'huile sur le feu. Mais il y avait quelque chose qui le tracassait, il ne se souvenait pas qu'elle lui a dit son nom, l'aurait-elle fait exprès ? « Je vais y aller. » Il allait surement demander la chose qu'il ne fallait pas à ce type de personne, mais tant pis, il préférait prendre le risque. Et puis, qui ne tente rien n'a rien. Alors avant qu'elle ne s'en aille, il lui avait donné les clés pour qu'elle puisse rouvrir la porte étant donné que tout à l'heure, elle lui avait demandé de fermer derrière, en espérant qu'elle ne les lui pique pas et qu'elle les laisse sur la serrure. « Vous êtes qui au fait ? Vous ne m'avez pas donné votre nom. » Il avait parlé de façon entrecoupée, sans réelle fluidité dans sa phrase, mais au moins, il n'avait pas fait de faute dans celle-ci.
indy récupéra les clés que lui confia le propriétaire des lieux afin d'ouvrir la porte et de pouvoir s'en aller. Elle était assez surprise qu'il lui fasse suffisamment confiance pour remettre ses clés entre ses mains, même pour une fraction de seconde, sans craindre qu'elle ne se barre tout simplement avec. Bon, ce n'était pas le moins du monde l'intention de la jeune fille, et une serrure, même si c'est pas donné, ça se remplace... mais bref, la confiance accordée, ça fait toujours plaisir, même quand celle-ci se reflète dans un geste apparemment anodin et sans conséquences. C'est qu'elle lui avait quand même donné pas mal de raisons de se méfier d'elle, même si la fin de leur conversation avait su apaiser au moins un peu les tensions du tout début. Elle le remercia d'un geste de la tête avant de faire un premier pas en direction de la porte. C'est à ce moment là qu'il lui posa une question à laquelle elle ne s'était vraiment pas attendue, pensant que leur conversation s'arrêterait là. Elle se retourna, surprise... Et ne sachant pas exactement quoi répondre, en fait. Son nom n'était pas une information qu'elle délivrait à la légère. D'une part, parce qu'elle fuyait les occasion où elle pouvait se présenter aux autres (les interactions sociales, ce n'était vraiment pas son truc, au cas où on ne l'aurait pas remarqué), et ensuite, parce qu'il n'était pas franchement prudent de sa part que de révéler à tout va son identité. La plupart du temps, dernièrement, elle avait pu se cacher derrière son costume de Hit-Girl, et donc derrière son pseudonyme de justicière. C'était parfait, c'était la bonne planque, et de toutes les manières, elle s'identifiait davantage à la super héroïne qu'à Mindy Macready. Sauf qu'elle ne portait pas sa tenue ou sa perruque violette, pour le moment, alors elle ne pouvait pas se servir de cette parade-là.
-C'est pas bien important.
C'était d'autant moins important que son nom était classé dans quelques dossiers poussiéreux dans un quelconque bureau de police. Elle ne pensait pas que le libraire soit du genre à balancer... Mais le doute demeurait forcément, et si elle se fichait royalement que les flics se rappellent à son bon souvenir, elle savait que parmi ces flics, il pourrait y avoir Marcus, et ça, c'était hors de question. Elle ne mêlerait plus jamais son ex père adoptif à tout cela. Il ne savait pas qu'elle était de retour à New-York, et c'était très bien ainsi. Cette fois, elle pensait vraiment s'en aller sans rien ajouter, elle avait rejoint la porte, enfoncé la clé dans la serrure, et au moment de faire ce simple geste, elle songea à la confiance qu'il lui avait accordé sans même la connaître. Elle pouvait peut-être abattre sa barrière, même un tout petit peu. Juste à moitié. Après tout, des Mindy, y'en avait des tas rien que dans cette ville.
-Mindy. se présenta-t-elle donc finalement, la main sur la poignée. Pas de conneries, ok ?
Sans rien rajouter, cette fois, elle laissa les clés dans la serrure après avoir déverrouillé et passa le pas de la porte, quittant pour de bon la librairie et son mystérieux propriétaire.
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Dim 19 Oct - 14:00
