Il arrivait bien souvent à Charles Xavier de voyager, de sortir un peu des Etats-Unis. Il le faisait toujours pour la bonne cause, même si ses mouvements étaient limités quand même. Malheureusement, l’homme ne pouvait pas jouir comme il le voudrait d’une mobilité. Si seulement il avait encore ses jambes actives, il pourrait se rendre bien plus utile pour les autres mutants. Il faisait son possible bien sûr, mais il ne pouvait nier avoir le sentiment d’être légèrement inutile par moment. Heureusement qu’il pouvait toujours compter sur ses élèves (ancien ou non). Les x-men étaient comme une grande famille, ils se soutenaient parfaitement. Charles savait qu’il pouvait compter sur tous les membres de l’institut, même si parfois certain était plus réfractaire. D’ailleurs, Charles avait pu compter sur l’un des membres de son école pour le conduire jusqu’au Canada. Tornade avait piloté le Blackbird afin de l’accompagner, même s’il n’avait pas réellement besoin d’elle sur le terrain ensuite. L’homme devait rencontrer des hommes puissants de ce pays par rapport aux mutants. Il y avait quelques mutants au Canada que le professeur avait l’intention de recruter pour son école, afin de leur venir en aide bien sûr, mais également pour augmenter le nombre de membre de ses rangs. Xavier se rendait compte de la menace proche, il n’aimait pas réellement ce qui se propageait dans l’avenir.
Tornade déposa donc le professeur, le laissant ensuite se diriger seul vers le grand bâtiment où il avait rendez-vous. Les choses se passèrent bien, même si cela dura un long moment. Quand Charles sortit, il était bien heureux d’en avoir enfin terminé. Surtout qu’il lui était tellement aisé de lire dans les esprits des autres, la parole avait parfois peu d’utilité donc. Charles devait rencontrer un mutant qui se trouvait dans le coin, sans que ce dernier ne soit au courant d’ailleurs. Les mutants étaient rarement au courant de sa visite, il allait les voir après les avoir repéré avec le Cérébro. Tornade retrouva le professeur et ils se dirigèrent ensemble jusqu’au Blackbird, mais l’homme s’arrêta soudain.
« Tornade, retourne-y sans moi. J’ai quelque chose à faire avant de rentrer. » La femme ne bougea pas, ne quittant pas du regard le professeur avant que ce dernier ne reprenne la parole. « Fais ce que je te dis, s’il te plait. »
La femme sembla hésiter encore quelques secondes avant de faire ce qu’il venait de lui dire. Elle ne pouvait de toute façon rien faire devant une demande directe de l’homme. Charles s’éloigna donc, aussi rapidement que son fauteuil lui permettait de le faire. Il avait évidemment une idée derrière la tête, puisqu’il avait senti la présence d’un esprit particulier. Le professeur n’avait encore jamais sondé un esprit de la sorte, un esprit qu’il ne comprenait d’ailleurs pas. Et quand Charles ne comprenait pas quelque chose, il devait en savoir plus. Quand il fut assez loin de Tornade, mais assez proche de l’inconnue, il s’arrêta.
« Je sais que vous êtes là. » Charles se retint de lui dire de sortir de sa cachette, ne se voulant pas trop autoritaire. Il ne voulait pas lui faire peur après tout.
La virée de Gamora à New-York quelques jours plus tôt avait été un véritable échec. Non seulement elle n'avait pas retrouvé la trace de la pierre tant recherchée, mais elle avait également dû faire face à un humain à la curiosité exemplaire qui n'avait définitivement pas arrangé la vision qu'elle avait des terriens. Ce Norman Osborn, elle s'en souviendrait, et il n'avait plutôt pas intérêt à venir l'emmerder cette fois encore. Car oui, elle se trouvait de nouveau sur la planète bleue, à son grand damne. Elle avait eu beau batailler, c'était encore elle qui était descendu sur terre. Elle avait d'ailleurs limite été éjectée du vaisseau pour sa trop mauvaise humeur. Elle sentait que les séjours sur terre allaient devenir ses punitions quotidiennes et cette idée ne lui plaisait vraiment pas. Pour autant, maintenant qu'elle était là, elle comptait bien mener sa mission à bien, mieux valait s'occuper comme il se devait plutôt que de ruminer sur son sort et de maudire ses compagnons gardiens de la galaxie. Et, fort heureusement, il y avait très peu de chance pour qu'elle tombe une nouvelle fois sur le grand curieux là où elle se trouvait. Elle ne savait pas exactement combien de kilomètres la séparait de la grande tour aux multiples baies vitrées, mais il était fort possible que cela atteigne les quatre chiffres. Ne restait plus qu'à espérer que le peuple qui peuplait le canada se montrerait moins curieux que son voisin, mais ça, elle en doutait fortement malheureusement. Peut-être aurait-elle au moins un peu plus de chance ici en ce qui concernait le lux. En finir enfin avec cette histoire ne serait pas un luxe.
Comme à son habitude à présent, elle se trouvait dans une ruelle sombre, fraîchement descendue du vaisseau où, quelques minutes auparavant, elle assaillait ce fichu Star Lord d'injures en tout genre. Elle commençait sérieusement à se demander s'il n'avait pas peur de retourner sur terre, ce monde qu'il avait quitter depuis tellement d'années maintenant. Pour l'heure, ce n'était cependant pas son problème et il lui fallait se mettre en action. Elle vérifia tout son attirail – couteaux, poing américain, corde... tout y était – et ajusta ses vêtements pour que seuls ses yeux cette fois soient visibles. Tout était en place, elle allait pouvoir s'élancer sur les toits à présent. Mais non, ce n'était apparemment pas ce qui était prévu au programme. Cette fois, elle n'avait pas dû attendre la fin de la journée pour être dérangée... Décidément. Elle allait finir par venir à la conclusion qu'il était impossible d'être tranquille dans ce monde de fous. La voix qui s'éleva non loin d'elle n'avait rien d’agressif, certes, mais discuter avec un total inconnu qui sortait de nul part était bien loin d'être sa priorité. Pour autant, les mots qui lui furent adressés l'intriguèrent. Plutôt que de prendre discrètement la poudre d'escampette sans chercher à savoir qui était derrière cette voix, elle tourna son attention vers cette dernière. Ainsi donc, cet homme chauve en fauteuil roulant dans le coin de la ruelle savait qu'elle était là... Mais comment au juste ? Elle n'avait pas fait le moindre bruit depuis qu'elle avait mit les pieds en ces lieux. Elle laissa planer un long silence, ne sachant pas exactement s'il était judicieux de répondre. Peut-être cet homme était-il fou, qu'il parlait tout seul, et qu'elle se trouvait juste au mauvais endroit au mauvais moment. Quelque chose dans son allure pourtant lui disait qu'il avait bien toute sa tête, faute de ne plus avoir de jambes.
- Qui êtes-vous et que me voulez vous ? lança t-elle finalement sans sortir de sa cachette. Son ton n'était pas menaçant, bien que légèrement suspicieux. Elle ne risquerait pas de se montrer à un nouvel inconnu. Il était définitivement temps qu'elle trouve une solution à ce « problème » de couleur de peau. Il n'y avait bien que sur terre que son joli vert pouvait poser problème.
Charles savaient bien qu’il pouvait être pris pour un fou bien souvent, qu’il pouvait paraitre étrange. Mais l’homme agissait selon son instinct. Et son instinct lui disait d’aller à la rencontre de cet esprit étrange. Le vieil homme n’y pouvait rien, il est particulièrement curieux. Il avait soif d’apprendre encore et toujours et malheureusement il n’apprenait plus grand-chose ces derniers temps. Il avait semble-t-il rencontré toutes les sortes de personnes possible. Sauf qu’aujourd’hui, il y avait quelque chose d’étrange dans cette aura qu’il ressentait. Il ressentait l’esprit en lui-même, mais il ne parvenait pas à le comprendre, à entrer dedans comme il pouvait le faire avec les autres. Cela signifiait donc qu’il y avait un détail qui lui échappé et Charles ne supportait pas quand c’était le cas. Son ton était doux quand il s’adressa à l’inconnue, sans avoir encore eu l’occasion de la voir. Il n’avait aucune envie de l’effrayer et de la faire fuir. Charles patienta pendant le silence qui suivit sa phrase, ne pouvant pas savoir ce que pensait l’inconnue. Malheureusement, il se trouvait dans le flou total, mais il était patient. Heureusement, puisque ce silence était quand même assez pesant. Le vieil homme n’avait pas l’habitude de se sentir à ce point aveugle, il supportait assez mal cette situation il devait bien l’avouer. Son regard était posé sur le sol et un sourire s’afficha sur son visage quand la femme prit la parole.
Elle n’avait pas fuis et elle avait même lancé la conversation, c’était une bonne chose. Il n’y avait rien de mieux pour assouvir sa curiosité que de pousser la curiosité des autres. Ainsi, la femme (sa voix confirmait qu’elle était bien une femme, même si Charles ne se doutait pas une seule seconde de son caractère extra-terrestre), voulait savoir qui il était. C’était normal, après tout il devait lui sembler étrange. Le vieil homme n’avait aucun secret, il n’avait pas l’intention de se défiler ou de mentir. Même s’il ne pourrait évidemment pas tout dire, pour sa propre sécurité.
« Je me nomme Charles Xavier. » Voilà qui était dit pour commencer, dans un ton toujours aussi doux. Il n’avait aucune attention de se montrer agressif ou quoi que ce soit avec cette femme. Elle ne s’était pas encore montré, elle n’était donc pas entièrement en confiance. Oui, Charles se sentait capable de la mettre en confiance. C’était qu’il n’était quand même pas toujours modeste le bougre. « Je ne vous veux rien de précis en réalité. »
L’homme se doutait bien qu’il n’allait pas pouvoir se contenter de ces quelques mots, qu’il allait devoir entrer un peu plus dans les détails. Sa condition de mutant peut-être, ses pouvoirs en tout cas. Il n’y avait pas d’autre moyen d’expliquer la façon dont il avait su qu’elle se trouvait là, alors qu’elle semblait mettre tout en œuvre pour se cacher.
« J’ai quelques capacités psychique, qui me permette de sentir les esprits des autres. » Il n’avait pas besoin de préciser qu’il pouvait en plus de les sentir, entrer dedans, le contrôler même. « C’est comme ça que j’ai su que vous étiez là mais… je dois vous avouer que vous m’intriguer énormément. Puis-je me permettre de vous demander qui vous êtes ? »
C'était un fait, la réputation de tueuse intraitable et sanguinaire de Gamora allait mettre du temps à se défaire. C'était sous cette apparence qu'un grand nombre des planètes de la galaxie l'avait connue pour la première fois. Son nom portait l'étiquette de Thanos dans bien des endroits encore et ce qu'il s'était passé dernièrement avec ceux qui étaient à présent ses collègues gardiens n'avait pas encore suffisamment été victime du bouche à oreille. Quand bien même ce serait bientôt le cas, elle le savait, bon nombre de gens serait tenté de ne pas en croire un seul mot. Que ses actes passés aient été fait sous la manipulation d'un père illusoire ne changeait rien à leur lourdeur et encore moins à leur violence. Mais elle était bien décidée à montrer que son image de pire meurtrière de la galaxie – un grade qui, soit dit en passant, était légèrement exagéré, mais dont elle avait bien profité cependant – n'était à présent que la surface d'un être bien plus complet, chez qui les sentiments n'étaient pas inexistants. Il y avait cependant certains défauts qui s'étaient profondément encrés dans son caractère, comme, notamment, son manque de patience ou encore sa susceptibilité tatillonne. C'était précisément sur ces points qu'il fallait qu'elle travaille sérieusement, et cette nouvelle rencontre imprévue allait en être un nouvel entraînement.
Sur terre, il lui semblait avoir la possibilité de tout recommencer à zéro, de faire peau neuve. Puisque personne – il lui semblait tout du moins – ne l'y connaissait encore, son nom était encore vierge et il ne tenait qu'à elle d'y inscrire de bonnes choses à présent. C'était sans doute pour ça qu'elle était malgré tout redescendu une nouvelle fois du vaisseau. N'était-ce pas, en cet instant, une occasion en or de redorer son image et de voir enfin son image de criminelle sanguinaire et sans pitié s'estomper, ne serait-ce qu'un peu ? Elle ne pouvait pas gâcher ça, quand bien même être dérangée à chacune de ses visites, et qui plus est en plein milieu d'une quête, jouait avec ses nerfs. Fort heureusement, ce nouvel interlocuteur imprévu n'éveillait en elle aucun sentiment négatifs, contrairement à ce Norman Osborn qui lui avait d'emblée paru désagréable. Celui qui venait de se présenter sous le nom de Charles-Xavier semblait bon, profondément bon. Dans un coin de sa tête tournait en boucle la ritournelle des apparences trompeuses, mais sa curiosité prenait le dessus. Intriguée par ce qu'elle venait d'entendre, l'idée que ce qu'il lui racontait pouvait n'être qu'un ramassis de mensonges lui effleurait à peine l'esprit. Elle avait croisé toute sorte de pouvoir depuis que Thanos l'avait recueilli et avait appris à ne plus être surprise par aucun d'entre eux. Pour autant, c'était là un don assez particulier, si ce n'était exceptionnel. Quand son interlocuteur eut fini de parler, elle laissa planer un long silence, tentant tant bien que mal d'analyser la situation actuelle.
- Qu'y a t-il dans mon esprit de si intriguant ? lâcha t-elle finalement d'une voix calme sans sortir de l'ombre. Etait-il possible qu'il découvre de lui-même, et sans même la voir, son statut de non terrienne ? Quant à mon identité, il me semble que vous vous soyez vous même accorder la permission de me poser cette question, ajouta t-elle avec une très légère malice. Le ton de sa voix n'était pas au reproche. Je me nomme Gamora, mais je crains de ne pas pouvoir vous en révéler davantage sur moi-même. Une intrigue n'est-elle pas faite pour se résoudre, qu'elle émane d'un esprit ou de toute autre chose ? La jeune femme voulait connaître les limites du pouvoir de son interlocuteur, afin non seulement de connaître le champs d'action restant, mais également d'en apprendre un peu plus sur l'intrigue qui venait de s'élever face à elle.
Charles savait bien que ce n’était pas forcément prudent de parler de ses pouvoirs, mais il n’aurait pas pu y échapper. Il ne se voyait pas réellement mentir à cette inconnue sur la manière dont il avait découvert sa présence. Il ne voulait pas qu’elle ait peur de lui, le mieux était donc de se montrer le plus honnête possible. C’était ainsi qu’on obtenait ce qu’on désirait, en donnant sa confiance aux autres pour qu’ils en donnent à leur tour ensuite. Il avait envie de connaitre plus de détails sur cette inconnue qu’il n’arrivait pas à sonder comme il le faisait habituellement. C’était comme s’il ne connaissait pas son esprit, comme s’il n’en connaissait pas la nature. Et le vieil homme n’avait jamais encore rencontré de telle difficulté dans le passé. C’était plus que frustrant, il ne supportait pas ça. Il avait besoin de résoudre ce mystère et il espérait que l’inconnue allait répondre à ses questions. Il ne bougea et ne dit rien pendant le silence qu’elle laissa planer après ses questions. Elle pouvait très bien décider de disparaitre, de ne pas poursuivre cette conversation. Charles ne savait pas s’il pourrait réellement empêcher une chose pareil, ses pouvoirs ne lui était pas d’une grande utilité apparemment et son corps… c’était son corps. Mais il osait croire qu’elle n’allait pas partir, qu’elle allait bel et bien répondre à ses questions. Du moins en partir, ce qu’elle fit. Cela n’étonna pas réellement le mutant qu’elle s’interroge sur le caractère intriguant de son esprit, mais il ne prit pas la peine de répondre de suite. Il attendit qu’elle prenne de nouveau la parole, se présentant enfin. On ne pouvait pas dire que le vieil homme était beaucoup plus avancé, mais il connaissait au point son prénom. C’était un bon début qui lui faisait croire qu’elle n’allait pas prendre de suite la poudre d’escampette. Cependant, il était clair qu’elle désirait qu’il trouve des indices lui-même sur les questions qu’il se posait. Soit, s’ils devaient jouer à cela.
« Je ne parviens pas à comprendre votre esprit. » Reprit-il, toujours dans un ton calme et doux. Il exposait les faits tels qu’ils étaient, tentant d’expliquer des choses qu’il ne comprenait pas forcément lui-même. Pourquoi ne parvenait-il pas à comprendre l’esprit de Gamora ? Il n’en avait vraiment aucune idée, c’était le détail qui lui échappé. Et avec ce détail, sans doute qu’il parviendrait à entrer enfin dans cet esprit qui restait encore un grand mystère pour lui. « Je n’ai jamais rencontré une telle barrière, comme si je ne connaissais pas votre esprit. Vous m’êtes complètement inconnu. »
Et plus Charles réfléchissait, plus il se demandait ce qui pouvait bien provoquer cette situation. Normalement, aucun esprit humain lui était à ce point étranger. Certes, il ne pouvait pas toujours entrer dans la tête des autres, parce que certains humains ou mutants étaient protégés, mais ce n’était pas la même sensation. L’esprit de Gamora ressemblait plus à un puzzle mélangé qu’à un simple esprit bloqué. Ce n’était pas normal, à moins qu’elle ne soit pas humaine. C’était peut-être cela la réponse à sa question.
Quand bien même l'homme qui se trouvait au coin de la ruelle lui paraissait bien plus sympathique que tous les autres humains qu'elle avait pu croiser jusqu'à présent – bon ok, le nombre de ces derniers était très faible, mais là n'était pas le problème –, et qu'en plus de cela elle était bien tentée de lui faire confiance, elle ne souhaitait pas pour autant se mettre à nu tout de suite. Elle avait entendu de nombreuses choses sur les terriens et l'art de la manipulation était apparemment un point dans lequel beaucoup d'entre eux excellaient. Comme prudence et méfiance avaient depuis toujours été ses maîtres mots, mieux valait en tenir compte ici encore et laisser planer le doute encore un peu quant à son identité. Elle était tout d'abord curieuse d'en savoir un peu plus sur son propre esprit apparemment si insondable. Quelque part, l'idée qu'un expert en la matière éprouve des difficultés à son égard lui plaisait bien. Elle aurait été bien embêtée – et le mot était très faible – de savoir que tous ses faits et gestes pouvaient être épiés de son intérieur, par un total étranger qui plus est. Elle qui, déjà, ne voulait pas avoir affaire à ses propres émotions, elle n'était pas prête à les savoir entre d'autres mains que les siennes. Fort heureusement, on en était pas encore là et, pour l'heure, son interlocuteur voulait uniquement savoir d'où elle venait. C'est qu'il avait de la jugeote l'infirme puisque c'était précisément la question qui lui permettrait d'avoir les réponses souhaitées.
Il était sans doute temps pour elle de sortir de son coin d'ombre. Après tout, il n'avait pas hésité à se livrer à elle dès le début concernant ses pouvoirs – biens étranges soit dit en passant – alors elle pouvait bien en faire de même. Dans le pire des cas, si elle se rendait compte que son interlocuteur était un sale charlatan, elle ne devrait pas avoir de mal à s'en débarrasser. Ce n'était très clairement pas un homme en fauteuil roulant qui allait lui faire peur. Bien entendu, elle n'avait pas la moindre idée de l'ampleur des pouvoirs de ce dernier, sans quoi la simple idée de le vaincre ne lui serait pas venue à l'esprit. Pour l'heure, elle se contenta de sortir de l'ombre tout en retirant la grande capuche qui lui cachait une grande partie du visage.
- Pas d'ici, comme vous pouvez le voir, mais je doute que le nom de ma planète d'origine ne vous soit d'aucune utilité, je suis l'unique survivante de mon espèce. Elle venait d'en dire bien plus qu'elle n'avait pensé en révéler lorsqu'elle avait entrouvert ses lèvres, mais, curieusement, elle ne regretta pas un seul de ses mots. Cette sagesse qu'elle semblait lire dans les yeux de son interlocuteur, cette petite étincelle qui la menait à un degré de confiance qu'elle n'avait que très rarement atteint, elle ne l'avait encore jamais vu auparavant. Cet homme, ce Charles-Xavier, possédait quelque chose d'exceptionnel, quelque chose qui ne pouvait pas se voler. J'imagine que la barrière de mon esprit vient de là ? ajouta t-elle dans une légère mou interrogative, avant d'ajouter à ses propos une nouvelle question. Qu'êtes-vous exactement capable de faire au juste ? Elle venait d'en révéler beaucoup sur elle là, il lui devait bien quelques informations supplémentaires, juste de quoi nourrir sa curiosité.
Charles avait envie d’en connaitre plus sur cette inconnue avec qui il parlait, alors qu’il ne la voyait pas. Il sentait son esprit toujours là, dans les moments de silence il savait qu’elle n’avait pas fui. Il commençait à croire qu’elle n’était pas de ce monde. Les extra-terrestres existaient bel et bien, Charles en avait connaissance. Outre le fait qu’il avait entendu parler de cette histoire dans le Mexique, il avait surtout fait la connaissance d’un homme venu d’un autre monde. Par conséquence, il savait que les humains n’étaient pas les seuls dans l’univers. En tant que scientifique, il se doutait bien que c’était plus que probable. Après tout, les mutants existaient bien. Ce n’était donc pas si étonnant que cela que les autres planètes soient occupées également. Il commençait donc sérieusement à se demander si la femme avec qui il discutait n’était pas une extra-terrestre. Cela pouvait évidemment expliquer ce blocage étrange de son esprit. La femme finit par sortir de sa cachette, retirant la capuche qui cachait son visage. Le regard de Charles se posa donc sur son visage, découvrant cette peau verte. Effectivement, elle n’était pas d’ici puisqu’elle n’était pas un mutant à son avis. Il ne bougea pas spécialement, ne montrant pas sa surprise.
« Je le constate de moi-même effectivement. » Dit-il concernant le fait qu’elle n’était pas d’ici. « Malheureusement, mes connaissances concernant les mondes en dehors du mien sont nulle, dans n’importe quel circonstance je ne saurais rien. »
Il avait bien compris que la femme se trouvait être le dernier membre de son espèce, mais il ne considéra pas utile de souligner ce détail. C’était triste, certes, mais cela ne le concernait pas après tout. Malheureusement, l’inconnue ne devait sans doute pas être la seule dans ce cas. En tout cas, Charles comprenait donc la raison qui faisait qu’il n’arrivait pas réellement à atteindre l’esprit de Gamora. Il n’avait encore jamais rencontré un esprit comme le sien, il avait donc besoin de temps avant de parvenir à passer cette barrière. Un peu comme dans ses débuts de vies, quand il avait dû apprendre l’esprit des humains et des mutants. Cela viendrait sans doute rapidement, maintenant qu’il connaissait la raison de ce blocage.
« Je le suppose également, c’est l’explication la plus logique. » Ils étaient du même avis. Quand Gamora lui posa la question sur ses pouvoirs, il mit quelques secondes avant de répondre. Comme à son habitude, l’homme mesurait réellement ses paroles, surtout quand cela concernait ses pouvoirs. « Je peux faire énormément de chose avec l’esprit des autres. » Charles marqua une nouvelle pause, il ne pouvait pas nier que ses pouvoirs étaient puissants et dangereux pour les autres. Heureusement qu’il savait les user avec parcimonie tout de même. Il se doutait bien que pour que Gamora lui fasse confiance, et il avait envie qu’elle lui fasse confiance, il devait se montrer honnête. « Je suis capable d’entrer dans l’esprit des autres, afin de lire les pensées mais également communiquer moi-même. Par conséquence, je peux influencer sur ce que les autres voix ou encore sur ce qu’ils font. » C’était en gros ce qu’il était capable de faire, il ne pouvait malheureusement pas entrer réellement dans les détails sans que cela ne prenne trop de temps. « Mais je n’use de mes pouvoirs que quand cela est nécessaire. »
Il passait son temps à entrer dans les esprits des gens afin de lire leurs pensées, mais en même temps il faisait cela sans réellement s’en rendre compte.
On y était. La peau étrangement – uniquement aux yeux de ces terriens incapables d'accepter la notion même de différence – verte de Gamora était à présent connu de deux des habitants de la planète bleue, sans compter sans doute tous ceux à qui Norman Osborn avait dû parler d'elle. Elle qui à la base devait rester incognito tout au long de sa mission, c'était raté. Elle pouvait très clairement mettre une croix rouge sur ce point. Pour autant, que cet homme aux pouvoirs étranges découvre son apparence physique ne la dérangeait pas outre mesure. Pour l'heure tout du moins, on n'était jamais à l'abri d'une entourloupe, elle ne le savait que trop bien. Il était tout à fait possible qu'elle se trompe sur son compte, mais l'aura qu'elle sentait se dégager de lui la mettait en confiance et c'était, il fallait bien le dire, un sentiment qu'elle n'expérimentait que très peu. Alors, soit elle était dans le vrai et l'homme ne lui voulait rien de mal, soit ce dernier était le meilleur manipulateur qu'elle n'ait jamais rencontré. Pour l'heure, elle écartait cette dernière possibilité et lui révélait bien plus sur elle même qu'elle ne l'avait imaginé lorsqu'elle avait entendu sa voix. Seul la suite de la conversation saurait lui dire si elle avait eu raison de ne pas se carapater dès cet instant d'ailleurs.
- Ce n'est pas pour rien si l'existence de toutes les autres formes de vie de l'univers ne sont pas connues sur votre planète, répondit-elle aux premiers mots de son interlocuteur après qu'elle soit sortie de l'ombre. J'ai entendu parlé de toutes ces légendes, de tous ces films qui nous dépeignent comme des monstres. C'est ainsi que la plupart d'entre vous voyez les gens différents, et c'est bien malheureux. Elle ne se rendait pas vraiment compte que ce Charles était très bien calé sur le sujet. Les mutants étaient encore un mystère pour elle. Quoiqu'il en soit, ma planète est morte, tout comme mon espèce, il n'y a donc plus rien à savoir à ce sujet, rajouta t-elle en retrouvant le calme qu'elle avait légèrement perdu en mettant des mots sur son aversion pour la mentalité terrienne.
Elle avait depuis longtemps appris à faire ce deuil et n'avançait cette vérité une nouvelle fois que pour mettre bien à plat ses origines. Elle appréciait le fait que son interlocuteur ne cherche pas à lui présenter ses condoléances ou elle ne savait quoi d'autre. Il n'y avait définitivement plus rien à dire là dessus, elle était devenue une fille du monde, de l'univers. Une fille sans naissance, dont l'esprit était encore apparemment capable – pour le moment tout du moins – de résister aux pouvoirs de son interlocuteur actuel. En plus de sentir les esprits, monsieur pouvait également y entrer et s'en servir comme le sien. Gamora devait bien l'avouer, elle était bluffée qu'un tel pouvoir existe. Se rendait-il compte qu'il pouvait faire de l'humanité toute entière ses petits soldats si l'envie le lui prenait ? Etait-ce un plan futur qui se cachait sous ce visage aimable ? Encore une fois, elle en doutait et préférait croire ses tous derniers mots. Face à toutes ses révélations, elle hésita un instant avant de reprendre à son tour la parole.
- Etes-vous le seul dans ce cas là ? Je veux dire, un terrien avec des pouvoirs tels ? A moins que vous ne soyez pas d'ici vous non plus ? Aux vues de son apparence, c'était peu probable que ce ne soit pas le cas, mais mieux valait s'en assurer tout de même. Oh et... J'imagine que maintenant que vous connaissez la source du problème vous cherchez à atteindre mon esprit... Quoique vous puissiez dire, je préférerais qu'il ne devienne pas votre nouveau terrain de jeu, ajouta t-elle dans un signe de tête. Certes, elle voulait lui faire confiance mais plus les choses étaient mises à plats mieux ça allait pour elle.
Charles ne pouvait pas répliquer quand la femme (si on pouvait la qualifier de femme), parla de l'habitude des terriens à ne pas accepter la différence. L'homme aurait aimé pouvoir la contredire, lui dire qu'elle se trompait, mais il ne pouvait pas. Bien sûr, il ne fallait pas mettre tous les habitants de cette planète dans le même panier, cela serait une grave erreur, mais on ne pouvait pas dire que les humains étaient un exemple d'acceptation de l'autre. Même quand il ne s'agissait pas de peuple habitant en dehors de leur planète, même quand il s'agissait de personne au même niveau qu'eux. Les mutants étaient un vaste sujet concernant cela, mais pas que. Les guerres que les humains avaient l'habitude de se faire étaient la preuve qu'il était difficile d'accepter la différence pour eux. Charles savait que ce n'était pas vraiment possible de faire changer les mentalités, mais il ne perdait pas espoir qu'un jour les mutants soient acceptés. Parce que tous comme les mutants, les humains n'étaient pas tous les même. Le même panier, il ne fallait pas faire cette erreur réellement. Cela finalement ressemblait à la même erreur que les humains étaient capable de faire concernant les "étrangers". Gamora avait donc cerné l'idée que ce n'était pas forcément bon pour elle, une femme venu d'un autre monde, de se montrer parmi les humains. Charles ne pouvait qu'aller dans son sens. Si les mauvaises personnes tombaient sur cette information, ce n'était pas une bonne chose pour elle. Le vieil homme ne répondit rien donc, il avait le sentiment que la femme verte désirait clore le sujet de toute manière. Cela ne lui servait à rien de rentrer dans un débat en sa compagnie. Il se contenta donc de garder le silence, laissant la conversation se poursuivre tranquillement.
Charles n'avait pas honte de ses pouvoirs, mais il n'aimait pas trop en parler quand même. Parce qu'il aimait garder un mystère, il aimait garder une surprise. Le vieil homme pouvait faire tellement de chose rien qu'avec son esprit, le bien comme le mal. C'était pour cette raison qu'il avait obtenu cette sagesse dont il en était fier, oui clairement, parce qu'il savait que ses pouvoirs étaient capable de faire le pire. Dans sa jeunesse, l'homme devait bien avouer qu'il avait longtemps été pris de doute, qu'il s'était parfois laissé envahir par ses sentiments, mais bien des choses avaient changés au fil des années.
« Je suis bien un terrien. » Répondit-il calmement, un léger sourire sur le visage. Il avait toujours cette intonation douce dans la voix. « Mais je ne suis pas le seul dans ce cas. » Il marqua une courte pause avant de reprendre ses explications. « Nous sommes nombreux, nous nous appelons les mutants. Nous sommes des humains, légèrement différent à cause de nos gènes, principalement un gène. Le gène X, qui nous permet d'avoir des pouvoirs comme les miens. Mais chaque mutant est différent, et chaque mutant a des capacités différentes. Moi-même, je ne connais pas tous les pouvoirs possibles de mes congénères, et j'ai eu l'occasion de rencontrer beaucoup des miens. »
Quand on lançait Charles sur les sujets des mutants, il était parfois difficile de l'arrêter. Toute sa vie avait tourné autour de ce gène X, ses études, ses recherches, son but ultime. Et même si cette dernière approchait de la fin, il le sentait bien, il restait tourné vers la mutation. Cependant, Gamora pointa du doigt un détail qui fit sourire l'homme encore plus.
« Je ne compte pas jouer avec votre esprit. »
Cependant, l'homme ne disait pas ne pas chercher à y entrer. Il n'avait aucune intention d'en faire son nouveau terrain de jeu comme elle le disait, mais il n'avait pas l'intention de la laisser partir sans avoir brisé cette barrière qu'il ressentait. Il était comme cela, il avait besoin de tout savoir.
Gamora se rendait bien compte qu'il n'était pas bon pour elle de s'emporter de trop à présent qu'elle voulait redorer sa réputation de meurtrière sanguinaire, et c'était pourtant ce qu'elle avait bien failli faire à l'instant. Il fallait bien avouer que s'être lancée sur le sujet de l'intolérance des humains avait été une bien mauvaise idée tant elle en avait des choses à reprocher à cette espèce. Sans les connaître pourtant... Oui, elle tirait des conclusions hâtives et se montrait finalement elle aussi intolérante, à sa manière, mais avec tout ce qu'elle avait pu entendre, il était difficile de penser autrement. Fort heureusement, le visage paisible et amical de son interlocuteur lui avait permis de ne pas monter trop haut sur l'échelle de la colère et de ne s'en tenir qu'à quelques petites paroles mécontentes, et non pas assassines comme elles auraient très bien pu l'être en d'autres circonstances. De toute évidence, Charles Xavier n'était pas en désaccord avec les mots qui s'étaient échappés d'entre ses lèvres ou, tout du moins, de s'en montrait pas le moins du monde affecté. Après tout, il faisait apparemment partie lui aussi de l'une de ces nombreuses catégories de gens que l'on nommait « différents » en ces terres. Gamora buvait les paroles de ce dernier concernant ceux qu'il venait de nommer les mutants et dont lui même faisait donc partie. Elle ne montra pas grand étonnement face aux révélations de la nature de son interlocuteur. Elle en voyait tellement des choses au delà de la terre qu'elle ne s'étonnait vraiment plus de grand chose. Au contraire, c'était le genre de choses que la jeune femme aimait apprendre et découvrir. Au fond d'elle, et bien qu'elle venait d'un monde où sa couleur de peau n'était absolument pas hors du commun, rencontrer ce genre de personne la faisait se sentir moins seule. Allez savoir pourquoi... C'était un fait sur lequel elle ne mettrait sans doute jamais d'explication.
- Vous m'avez l'air d'avoir un rôle tout particulier dans tout ça, je me trompe ? demanda t-elle lorsqu'il eut finit de parler, sans ce soucier le moins du monde de l'indiscrétion possible de sa question.
Après tout, c'était lui qui était venu vers elle pour faire un brin de causette, non ? Alors autant aller dans le fond des choses. De son côté à lui tout du moins. Pour sa part, elle verrait bien, selon les questions qu'il serait amené à lui poser, si l'envie lui prendrait ou non de lui répondre. A la façon dont il parlait de ces dégénérés de la génétique – car oui, c'était apparemment bel et bien de cela qu'il s'agissait – il en avait apparemment connu tout un tas et, vu son âge avancé et la sagesse dont il manifestait, elle ne serait pas étonné qu'il en soit une sorte de chef ou quelque chose dans le style. C'est qu'il avait tout l'air d'en avoir le pouvoir en tout cas. A propos de ce dernier d'ailleurs, elle lui adressa un fin sourire à sa dernière remarque avant de répliquer.
- Très bien. Alors j'imagine que je n'aurais pas besoin de ça, répondit-elle en ramassant à vue le poignard qu'elle tenait jusqu'à présent fermement dans sa main. Question d'habitude.
Charles Xavier pouvait parler pendant des heures et des heures des mutants si jamais on lui en donnait la possibilité. Il n'était pas que passionné par la nature des siens et par les pouvoirs étranges que les humains développaient avec le gène X. Son esprit, son âme, tout son être était tourné vers cela. S'il avait passé sa vie, ou du moins sa vie d'adulte, à étudier les mutants ce n'était pas pour rien. Il avait besoin de comprendre, il avait besoin d'approfondir ses connaissances. Au début simple curiosité, ces recherches étaient devenues une obsession. Si on le lançait sur le sujet, l'homme avait donc énormément de chose à dire. Mais il était clair que cette Gamora n'avait pas besoin d'entendre tout cela. Une explication brève (il aurait pu faire bien plus long) sur la nature des mutants était suffisante. Ainsi, la femme (toujours en considérant qu'on pouvait la nommer ainsi) pouvait comprendre que les humains avaient bien plus de différences que leurs couleurs de peaux ou encore leurs croyances. Le vieil homme voyait bien que le sujet de la différence était complexe pour elle, qu'elle n'était pas heureuse de découvrir à quel point les humains pouvaient se montrer égoïstes. Quand on la regardait, on comprenait assez facilement pourquoi. Il était plus que clair que l'extra-terrestre ne pouvait pas passer inaperçu dans les rues d'une grande ville de la Terre, ou même dans une petite ville. Et Charles connaissait assez son "peuple" pour savoir qu'il valait mieux qu'elle se cache effectivement. Tout comme les mutants, Gamora était sujette à la possibilité de se faire examiner de tous les bords, sans songer à son bien-être. Tous les humains ne voulaient pas de mal aux extra-terrestres bien sûr, mais il y en avait assez pour causer des ennuis à la jeune femme. Charles devait bien avouer qu'il avait envie d'étudier la personne qu'il avait en face de lui, mais il ne le faisait pas au détriment de son bien-être. Il se contenter d'essayer d'entrer dans son esprit. L'homme fut surpris de la question de Gamora, ne s'y attendant vraiment pas.
« Je ne sais pas si on peut dire que j'ai un rôle particulier. » C'était qu'il était modeste quand même, même s'il n'en pensait pas moins. « J'ai passé mon existence à étudier les miens, j'ai donc récolté moult informations. Je tente de venir en aide à mon prochain, du mieux que je peux. »
Venir en aide évidemment, c'était la seule chose qui le motivait (ou pas). Charles intensifia son sourire en voyant la femme baisser son arme. Au moins, il semblait qu'il avait gagné une partie de sa confiance. L'homme devait bien avouer qu'il considérait cela comme une victoire.
« Effectivement, vous n'en n'aurez pas besoin. Et dans tous les cas, au vu de mon état... » L'homme montra son fauteuil. « Je ne peux vous retenir de quoi que ce soit. »
Faux en partie. Pour l'heure il ne parvenait pas à entrer dans l'esprit de la femme et donc ne pouvait pas user de ses pouvoirs sur elle. Mais si cette barrière se brisait enfin, il pourrait la retenir même sans ses jambes.
Pour Gamora qui souffrait de sa différence – ou plutôt qui voyait d'un très mauvais œil la mentalité terrienne qui était bien loin d'être à même de l'accepter telle qu'elle était – c'était une certaine satisfaction de savoir qu'il ne suffisait pas de venir d'une autre planète pour ressentir cela. De toute évidence, la grande bleue avait elle aussi son espèce étrange, et cette dernière allait bien au delà de la couleur de peau ou encore des orientations sexuelles. Ce serait un mensonge si elle disait que sa curiosité n'était pas le moins du monde piquée à vif. Elle voulait en savoir plus sur ceux que l'on nommait les mutants et il semblait qu'elle soit tombée sur la meilleure personne pour cela – ou devrait-on plutôt dire que cette personne lui soit tomber dessus. Pour autant, il lui semblait qu'il ne lui dirait pas grand chose de plus que ce qu'elle savait déjà à présent. C'était déjà mieux que rien ; elles avaient les grandes lignes. Et elle ne doutait pas que la connaissance de ces mutations génétiques surpuissantes lui serait utile un jour. Tout pouvait être utile quand on savait se servir de chaque information comme il se devait de toute façon. Et elle avait d'ailleurs hâte de faire remonter la nouvelle jusqu'au vaisseau des gardiens de la galaxie, bien qu'elle ne semblait pas bien prête à entamer le chemin du retour aux vues de l'échec cuisant de sa mission pour le moment. Elle commençait à se demander si le Lux qu'elle recherchait depuis plusieurs jours déjà n'avait pas un lien avec les mutants. Le dossier qu'elle avait fait lire à Peter était certes bien rempli mais cela n’empêchait pas qu'il lui manquait encore bien trop de détails sur l'objet pour lequel elle était partie en quête. Elle commençait même à douter de réussir cette dernière un jour. Alors autant tenter le tout pour le tout.
- Avec toutes les études que vous avez faites, avez-vous déjà entendu parler d'une pierre nommée Lux ? demanda t-elle innocemment.
S'il disait vrai et que le Lux avait un quelconque lien avec les mutants, c'était auprès de lui qu'elle le saurait. On ne passait pas son existence à collecter des informations en passant à côté d'une telle pierre, non ? Et s'il n'était pas à même de l'aider sur ce coup là, et bien elle n'aurait plus qu'à continuer sa quête désespérée sans l'ombre d'un indice. En attendant, il disait vrai, il aurait bien du mal à l'empêcher de s'enfuir si elle le voulait. Dans les apparences tout du moins, car c'était sans compter sur ses capacités de mutant dont il s'était bien gardé de l'informer. C'était l'une des rares personnes qui bénéficiait du privilège d'une Gamora aux armes sagement rangées. Allez savoir pourquoi. Peut-être bien que faire confiance à autrui allait devenir son credo pour sa réputation à redorer ?
- Parmi tous les pouvoirs que votre espèce répertorie, il n'y en a pas un seul qui serait à même de vous débarrasser de cette chaise à roulette ? C'est bien beau de venir en aide aux autres, mais est-ce que ça vaut vraiment le coup quand personne ne vous rend jamais la pareil ? Là encore pointait la déception de son expérience personnelle.
Charles devait bien avouer qu’il appréciait de parler ainsi avec une extra-terrestre, sa curiosité naturelle en était comblée. Il avait eu l’occasion de discuter rapidement avec un autre extra-terrestre, mais ce dernier n’avait pas réellement pu combler sa curiosité. Avec Gamora, les choses seraient peut-être plus intéressantes. En tout cas, elle était intéressée par les terriens et plus particulièrement les mutants. Le professeur ne cachait rien, il se contentait de répondre honnêtement aux questions de la femme. Il espérait bien obtenir sa confiance, qui semblait bien partie d’ailleurs. Quand Gamora reprit la parole, lui posant une question sur une pierre nommait Lux, l’homme dût cependant se rendre compte de ses limites. Il n’en avait jamais entendu parler, mais l’homme garda ce nom bien en mémoire dans son esprit. Il allait forcément faire des recherches sur cela, puisqu’il était curieux de nature. Il aurait aimé pouvoir venir en aide à Gamora, qui semblait s’intéresser vraiment à cette pierre, mais ce n’était pas le cas.
« Je suis désolé, je n’en ai jamais entendu parler malheureusement. Si jamais cependant, il vient un jour où j’apprendrais quelque chose, je vous le dirais de suite. » Charles marqua une courte pause avant de reprendre. « C’est une pierre venant de notre planète, ou d’une autre de l’espace ? »
C’était à son tour de poser quelque question aussi, parce qu’il était curieux. Il n’avait aucune connaissance du monde en dehors de la Terre, ses études l’avaient simplement conduit vers les mutants. Mais il devait bien avouer qu’il avait envie d’en apprendre un peu plus. Il espérait bien découvrir de nouvelles choses avec l’espace, pouvoir pousser de nouvelles études. Malheureusement, il avait passé une vie entière à étudier les mutants déjà, ils ne pouvaient pas faire de même avec l’espace. A moins qu’il arrange ce souci.
« Malheureusement c’est impossible. » Dit-il dans un sourire, quand Gamora mentionna le fait de soigner son corps avec un pouvoir de mutant. « Je ne possède pas ce pouvoir et mon corps est le problème. Je ne dis pas qu’un mutant ne pourrait pas me venir en aide d’une quelconque manière, mais cela demanderait des expériences qui sont contre mes idéaux. Je ne veux pas devoir utiliser l’un des miens de cette façon. » De la même façon dont les humains utilisaient des mutants pour leurs expériences. Ce n’était pas ce que Charles voulait, alors il se contentait de son fauteuil à roulette (comme disait la femme verte). Il y avait bien un moyen, s’il changeait de corps. Bien sûr qu’il envisageait la chose, c’était même bien gravé dans son esprit. « Croyez-moi, mes proches m’aident énormément, je n’ai pas à me plaindre pour cela. »
Charles savait bien qu’il était bien entouré, qu’il avait des proches qui l’aimaient, comme lui les aimait, comme il les considérait tous comme des enfants qu’il n’aura jamais.
« Est-ce que vous pouvez me parler un peu de l’espace ? Je dois avouer être très curieux du monde en dehors de la Terre. Je suis tellement ignorent dans ce domaine. »
Et il n’y avait rien de mieux qu’une extra-terrestre pour en parler.
Bon, au moins les choses étaient claires concernant le Lux, elle ne trouverait pas plus de réponse auprès de ce Charles Xavier que dans ses autres recherches les jours précédents. A vrai dire, elle ne s'était pas attendue à ce que cette mission s'avèrent si difficile et l'idée que cette pierre n'était qu'une légende commençait à poindre dans son esprit. Elle ne croyait pas pour autant à cette idée, elle était juste lassée de tourner en rond, sans cesse. Toutes ses recherches au préalables n'avaient strictement servis à rien et il fallait qu'elle mette les bouchées doubles si elle voulait avoir quelque chose à rapporter au fredonner professionnel. Cela voulait donc dire qu'elle ne pourrait pas s'attarder bien plus longtemps aux côtés de son interlocuteur. C'était bien dommage en soi, elle savait qu'elle aurait pu en apprendre bien davantage à ses côtés, et ce qu'importe si le Lux ne faisait pas parti de la liste. Elle saurait le retrouver au besoin, elle allait garder son visage à l'esprit. Cependant, elle ne pouvait pas se contenter de prendre la poudre d'escampette sans achever leur conversation. Du peu qu'elle en voyait, elle voulait apprécier cet homme, et elle savait avoir un minimum de savoir vivre avec ces gens là.
- C'est une bonne question et je ne suis pas sure d'avoir la réponse exacte, mais, d'après ce que j'ai pu entendre à son sujet, je doute qu'elle provienne de la terre. Cependant, maintenant que je connais l'existence de votre espèce, je vais devoir commencer à arrêter de sous estimer les capacités surnaturelles de votre grande bleue.
Elle n'avait pas tellement envie de s'étendre sur le sujet. Il avait bien fallu qu'elle pose la question, pour être sure de ne pas passer à côté d'une piste importante, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'elle allait lui faire part de ses trouvailles. Moins de personnes s'intéressaient à cette pierre, plus de chance elle aurait de la trouver sans trop d'histoires et de dommages. C'était actuellement son terrain de jeu, et elle n'avait jamais été très partageuse.
- Vous parler de l'espace ? Reprit-elle légèrement surprise après avoir écouter attentivement l'histoire de cette motricité non retrouvable. Ça pourrait prendre des jours vous savez. Le système solaire dans lequel vous semblez croire ici n'est qu'une infime partie de la galaxie qui entoure la terre. On y trouve une immense quantité de merveilles. Là, c'était son côté mercenaire qui parlait. Vous pouvez être sure que l'utilité de vos jambes vous serez rendue en moins de deux si vous faisiez une petite escale sur l'une des planètes où réside la vie. Non pas que je veuille enfoncer le couteau dans la plaie, ajouta t-elle d'un ton légèrement désolée après un court silence.
Elle avait apprit au contact de Peter – bien qu'il lui était difficilement avouable qu'elle ait pu apprendre quoi que ce soit venant de lui – qu'elle devait gagner en tact, et elle se rendait de plus en plus compte de l'impact que certaines de ses paroles pouvait avoir. Elle préférait donc prévenir plutôt que d'attendre que son interlocuteur se vexe. Du peu qu'elle pouvait voir, elle doutait cependant qu'il soit de ce genre là. Il venait après tout de lui dire qu'il vivait plutôt bien sa situation et qu'il n'avait pas à se plaindre de sa vie. C'était tant mieux pour lui. En ce qui la concernait, Gamora n'aurait jamais pu survivre sans sa motricité totale. Il lui fallait constamment du mouvement et ce n'était très certainement pas en devant se laisser rouler dans une chaise qu'elle aurait été servie.
- Enfin... A quantité de merveilles son lot de sombres choses, ça va de soit. Tous les lieux ne sont pas des plus fréquentables, et si la couleur de peau n'importe pas chez nous, mieux vaut choisir attentivement ses fréquentations. Elle marqua un court temps de silence. Je ne sais pas vraiment quoi vous dire d'autres, là, sur le vif, et, à vrai dire, je manque cruellement de temps, ajouta t-elle en jetant un coup d’œil au soleil qui descendait un peu trop à son goût dans le ciel, sans pour autant bouger immédiatement de sa place, au cas où son interlocuteur ait une question précise à lui poser sur la galaxie.
Charles aurait aimé pouvoir aider Gamora dans sa recherche, mais il ne savait vraiment rien de cette chose qu’elle recherchait. Il savait beaucoup de chose, mais pas ça. Cependant, sa curiosité était à présent touchée et il avait bien envie d’en apprendre plus. Le professeur X aimait apprendre, il faisait cela depuis son jeune âge et il le faisait encore maintenant alors que son âge était plus qu’avancer. Il avait envie d’apprendre constamment et forcément, il découvrait des choses. C’était le cas pour l’espace, dont il ne savait vraiment rien. Il apprenait petit à petit des choses, en rencontrant des extra-terrestres comme maintenant. D’ailleurs, il ne manqua pas de poser des questions à la femme verte qui se trouvait devant lui. Et quand elle prit la parole, il buvait les enseignements qu’elle pouvait lui faire. Il avait tellement de chose à apprendre de l’espace. D’ailleurs, il n’appréciait pas vraiment d’être ignorent à ce point. Gamora ne semblait pas plus au courant concernant le Lux, c’était pour cette raison qu’elle était à ce point dans le vague. Charles appréciait cette jeune femme, il espérait qu’elle allait trouver ce qu’elle cherchait. Gamora mentionna alors ensuite la parole pour mentionner la galaxie, le monde en dehors de la planète Terre. Ce monde que Charles ne connaissait pas du tout et qu’il n’allait sans doute jamais connaitre. Effectivement, la Terre n’était vraiment pas grand-chose sans doute avec l’espace entier. Cependant, il était difficile pour Charles de vraiment s’en rendre compte. Si seulement il pouvait voir cela de ses propres yeux. Apparemment, il semblait qu’il puisse même récupérer ses jambes en dehors de cette planète. Evidemment, il semblait clair que Gamora ne puisse pas réellement lui décrire tout ce qu’il se trouvait en dehors de la planète bleu. Même si finalement, ça ressemblait à un monde en grand. De bons endroits, de moins bons, de bonnes ou de mauvaises personnes.
« Oui bien sûr, je comprends parfaitement. » Peut-être qu’avec un peu de chance, Charles pourraient un jour se rendre dans l’espace. « Je vous remercie du temps que vous avez pris pour me parler. »
Se contenta-t-il de répondre à la jeune femme verte, espérant pouvoir la revoir un jour. Il l’appréciait bien, Gamora lui avait fait une très bonne impression. Contrairement à l’autre personne venu de l’espace qu’il avait rencontré dans son bureau et qu’il n’allait sans doute jamais revoir, du moins pas pour avoir de bons termes. Il était clair qu’ils n’appartenaient pas au même camp. Contrairement à Gamora, qui semblait être une femme bien. Du moins, à première vue. Charles le découvrirait peut-être à un autre moment, si son chemin avait croisait de nouveau celui de la femme verte.
« Je vous souhaite une bonne soirée. »
Dit-il pour terminer, avant de faire demi-tour afin de rentrer. Il avait des choses à faire également, il était temps qu’il rentre. Le temps était passé rapidement alors qu’il discutait avec l’extra-terrestre.