C’était assez particulier, mais Charles osait penser que le monde allait s’y faire. Il était bel et bien de retour, dans un corps bien différent, mais il était vivant. Le « jeune » homme qu’il était à présent ne se cachait plus du tout. En même temps, il ne pouvait pas non plus constamment se cacher, il était temps qu’il reprenne son rôle. Même s’il ne cherchait pas non plus à trop se faire remarquer, afin de ne pas faire comprendre à l’homme qui l’avait tué qu’il était encore en vie. À choisir, Charles voulait éviter que Loki revienne le voir afin de terminer le travail. Même s’il savait que l’homme avait eu des intérêts autre que sa mort. Dans le doute, Charles préférait quand même rester discret. Pour cette raison, les membres de l’institut était au courant de son retour, mais il n’avait pas encore réellement fait un retour sur le devant de la scène. Peut-être qu’il allait le faire un jour, parce qu’il ne pouvait que chercher à défendre la cause des mutants, prouver à tout le monde que les humains et les mutants pouvaient vivre ensemble, main dans la main. Mais pour le moment, il se montrait donc discret.
Et en dehors de son retour à l’institut à son nom, Charles profitait quand même de sa « nouvelle » vie. Maintenant, il pouvait profiter de ses jambes. Techniquement, ce n’était pas réellement ses jambes, mais le corps qu’il utilisait présentement était devenu le sien. C’était donc ses jambes et Charles en profitait pleinement, parce qu’il appréciait sa nouvelle autonomie. Il n’avait plus besoin de demander à telle ou telle personne de l’accompagner. Il pouvait se débrouiller tout seul, il pouvait conduire une voiture tout seul. Ce qu’il fit donc, il emprunta une des voitures qui se trouvaient à l’institut pour prendre la route. Il hésita à se rendre à New-York, il décida finalement d’aller plutôt à Washington. Sans réellement de raison, il n’avait rien à y faire. Mais c’était ça qui était agréable aussi, de ne plus avoir besoin de constamment faire quelque chose. Juste flâner, ça avait du bon. Donc, il le fit. Il se balada pendant un temps dans les rues de la ville, se rendant dans un pub, puis allant simplement se promener. Il appréciait vraiment de juste pouvoir marcher, se balader.
Il le faisait donc, marchant dans la rue, pensif. Et à un moment, sans vraiment y prendre garde, le « jeune » homme percuta légèrement une jeune femme. En se retournant, pour s’excuser, Charles fut frappé par un détail. Pas un détail physique, non, mais un détail bien plus profond que ça. Charles observa attentivement le visage de la jeune femme, dont il ne pouvait pas réellement entrer dans l’esprit. Cela lui arrivait par moment, mais il ressentait une sensation particulière.
« Pardonnez-moi, mais… nous nous connaissons ? »
Cette sensation, le « jeune » homme l’avait ressentie déjà, quand il avait rencontré Loki. Alors, forcément, ça ne pouvait que le rendre légèrement paranoïaque.
Jusque-là, mes recherches n’ont rien données, mais je ne vais pas abandonner tout de suite. Peter ne sait peut-être pas où se trouve Loki, mais la ville de New York est un bon endroit pour commencer à chercher, sachant que c’est l’un des endroits favoris du Seigneur Loki d’après Lady Sif et que c’est une ville de taille conséquente, donc par extension, parfaite pour se cacher. Ou causer des ennuis. Mais cette fois-ci, je suis un peu mieux préparée. Après ma rencontre rapide avec Peter, je me suis procurée un déguisement et, bien qu’avec mes attributs animaliers je sorte toujours du lot, je considère que je suis le mieux dissimulée possible avec cette cape. Au moins mes ailes et ma queue sont cachées. Et la capuche permet de cacher mes cornes, même si cela me donne une tête difforme.
Et les Midgardiens ne semblent pas me prêter plus attention que cela, donc je continue mes recherches de nouveau. Je finirai bien par le trouver le Seigneur Loki. Jusqu’à ce que l’un d’entre eux me bouscule. J’ai l’habitude de faire très attention à mes environs à cause de la place que mes ailes prennent d’ordinaire. Et qu’en tant que combattante et guerrière, je dois constamment savoir jusqu’où je peux frapper, quel est mon cercle d’action pour ne pas me laisser surprendre. Mais avec ce vêtement légèrement gênant dont je n’ai pas l’habitude et mes ailes cachées qui ne peuvent pas se déployer, c’est comme si on m’avait coupé un bras. Je le regarde sans comprendre même si j’entends bien ses paroles. Je regarde l’homme de haut en bas, un jeune mâle Midgardien aux cheveux bruns, rien de banal jusque-là. Et je ne ressens pas l’aura puissante des Asgardiens, ni rien d’autre qui pourrait indiquer sa provenance d’une terre étrangère. J’ai donc affaire à un simple mortel alors. Quand bien même, sa tête ne me dit vraiment rien et je suis sûre de ne jamais avoir mis les sabots sur Midgard auparavant. « Non, je ne vous connais pas, me semble-t-il. » Peut-être que je lui rappelle quelqu’un d’autre ? Avec mon physique hors du commun, cela m’étonnerai.
Et sans plus me poser de questions, je me détourne, reprenant mes recherches infructueuses comme si rien ne s’était passé. C’est l’un de mes défauts : je ne m’attarde jamais sur des choses qui pour moi n’ont pas d’intérêt. Et sachant que les choses qui m’intéressent dans la vie sont les combats et Asgard, ainsi que la découverte de nouveaux mondes, le tour est vite fait, comme dirait Lady Sif. Et comme je n’ai rien d’autre à dire de plus à ce mortel, je ne vois pas l’intérêt de perdre plus mon temps en bavardages vains qui ne me permettront pas plus de trouver ma proie. C’est donc avec mes sabots claquant sur le trottoir et ma cape fouettant vivement l’air avant de venir de nouveau recouvrir mes arrières que je reprends mon chemin, complètement désintéressée. Mais une chose me fait pourtant m’arrêter dans mes pas, une sorte de tension sur mon esprit, comme si quelqu’un y avait attaché un fil et tirait dessus. Et ce fil provient de la vague direction de ce jeune homme qui m’a accostée.
Ce fut d’abord l’esprit de la jeune femme qui interpella Charles, au point qu’il ne prêta même pas attention à son accoutrement. Il n’y pouvait rien, il y avait cette sensation familière. C’était la même sensation que lorsqu’il avait rencontré Loki, à l’institut pour jeune mutant. Il ne savait pas exactement ce que cela signifiait, mais forcément il ne pouvait pas s’empêcher de se poser la question. À près tout, l’homme avait eu l’occasion de voir les performances de son assassin, lorsqu’il avait pris les traits de Magnéto. Mais Charles l’avait reconnu immédiatement, là c’était différent. C’était une sensation familière, mais il ne reconnaissait pas Loki pour autant. Est-ce que cela voulait dire que ce n’était pas lui ? Il ne pouvait pas en être sûr à cent pour cent non plus. La jeune femme affirma qu’ils ne se connaissaient pas, avant de juste reprendre son chemin et de s’éloigner de lui. Charles se retourna, l’observa plus attentivement. Forcément, malgré la cape, elle avait une silhouette un peu étrange. Charles ne savait pas exactement ce que cachait cette cape, mais elle cachait quelque chose. Il aurait pu se contenter d’entrer dans son esprit, mais ce n’était pas aussi facile que ça.
Parce qu’il entra dans son esprit. À force, Charles ne prenait pas toujours des gants pour entrer dans l’esprit des gens. De toute façon, par moment, il le faisait sans réfléchir. Il entra donc dans son esprit, mais il ne parvint pas à y entrer complètement. C’était comme s’il y avait une barrière, la même qui le séparait de celui de Loki donc. Et Charles commença à comprendre pourquoi. C’était simplement parce qu’il s’agissait d’un esprit dont il n’avait pas l’habitude. Il tenta sans doute avec un peu trop de force de pénétrer dans la tête de la jeune femme, puisque celle ci se retourna. L’avait-elle senti ?
« Vous n’êtes pas de cette planète n’est-ce pas ? » Demanda-t-il alors, sans se préoccuper de savoir si la jeune femme avait envi, ou non, de poursuivre cette conversation. De son côté, il était bien trop curieux pour ne pas poser des questions. Il avait besoin de comprendre. « Est-ce que vous appartenez à la même planète qu’un certain Loki ? »
Bon, la question devait sembler sortir de nulle part et rien ne pouvait garantir à Charles que la jeune femme avait connaissance de qui était Loki. Après tout, même s’ils venaient de la même planète, cela ne voulait pas dire qu’elle le connaissait. Concrètement, Charles ne pouvait pas connaître tous les humains de la Terre. Cependant, il cherchait à comprendre, alors il tentait le tout pour le coup, sans savoir que la jeune femme sous ses yeux connaissait justement parfaitement l’homme qu’il venait de citer. Et en plus, il posait cette question sans savoir si elle appartenait bel et bien à une autre planète. Sauf qu’il en était persuadé, il ne pensait vraiment pas se tromper. Elle n’était pas terrienne, comme elle n’était pas mutante. C’était quelque chose qu’il sentait.
Je n’avais pas plus l’intention de poursuivre cette ébauche de conversation avec cet étranger. Cependant, il a deviné que mes origines ne proviennent point de ces terres et rien que cela m’intrigue. Certes, il n’est point difficile de se rendre compte de cela, notamment à cause de mon comportement, de ma tenue, mais aussi de mon apparence physique qui ne ressemble que vaguement à celle des habitants de cette planète. Pourtant, n’importe quel Midgardien doté d’un sens basique de l’observation pourrait arriver à ces mêmes conclusions et malgré ma cape, ce n’est pas comme si je me cachais. Je n’ai pas couvert mes sabots, tout comme je n’ai pas troqué ma tunique et armure aux couleurs d’Asgard pour les vêtements des civils de cette contrée. Néanmoins, cet étranger obtient vraiment mon attention en prononçant le nom de la personne que je recherche.
À ces mots, je reviens sur mes pas, mes sabots claquant sur le sol, ordonnant mentalement à ma queue à tête de serpent de ne pas sortir bien qu’elle en meurt d’envie. J’observe le Midgardien de haut en bas, le jaugeant rapidement. Il n’a rien d’un guerrier, pourtant, il émane de lui une sorte d’impression de savoir infini. Peut-être exerce-t-il une profession d’enseignement ? Tout à fait honorable, que de vouloir transmettre son savoir aux générations futures. Dans mon clan, c’est le devoir de chaque Chimère. Malgré ma curiosité quant à cet individu et aux connaissances qu’il pourrait avoir à propos de ma proie, je m’efforce de répondre à ses questions en premier lieu. « En effet, je ne suis point originaire de ces terres. Je viens bel et bien d’Asgard et c’est aussi de là que vient le Seigneur Loki. Si vous possédez des informations à son sujet, je vous serais grée de me les transmettre. Je suis sur vos terres par décret royal d’Asgard afin de ramener le Seigneur Loki. Toute information à son sujet pourrait par conséquent m’aider dans ma traque. »
Car il est vrai que cela fait un certain temps que je foule les terres de ces mortels sans parvenir à obtenir la moindre piste. Peter Quill n’était pas plus avancé que moi et les diverses rencontres que j’ai faites ne sont pas au courant de ma mission pour la majorité d’entre elles, puisque c’étaient de simples rencontres citadines. Il aurait été futile de les mêler à ma traque, surtout qu’ils risquent de ne pas faire le poids face au Seigneur Loki. Rien que pour moi, l’affronter représente un défi que j’ai particulièrement hâte de relever. C’est contre ce genre d’adversaire que l’on peut vraiment progresser et déterminer son niveau. Mais pour l’affronter, il faudrait déjà que je le trouve.
Visiblement, Charles avait réussi à attirer l’attention de la jeune femme – s’il pouvait la qualifier de la sorte – en prononçant le nom de Loki. Est-ce que c’était ça où le fait qu’il parle d’une autre planète, le jeune homme n’en savait trop rien. Cependant, il comprit rapidement que ces propos avait attiré l’attention de la jeune femme, puisqu’elle se retourna et qu’elle s’approcha de nouveau de lui. Quand on prêtait attention à son apparence, ce n’était guère difficile de se rendre compte qu’elle n’était pas d’ici. Quoi que, elle pourrait être une simple mutante – si on considérait les mutants comme de simple chose. Les mutants étaient des habitants de cette planète, ils avaient simplement une évolution différente. Et depuis peu, Charles se rendait bien compte que l’univers avait bien plus à offrir de mystère que la planète Terre, même si cela ne l’empêchait pas de se concentrer sur les mutants tout de même.
La femme confirma donc qu’elle venait bien d’une autre planète, Asgard. Il lui semblait que c’était bien ainsi que Loki avait qualifié son monde également. Elle précisa que le seigneur Loki – seigneur vraiment ? – était aussi originaire de cet endroit. Charles avait vu juste donc. C’était bel et bien le nom de son assassin qui avait attiré l’attention de la jeune femme et elle venait bien du même monde que lui. Physiquement, ce n’était pas évident de le deviner, mais Charles le comprenait, de par son esprit. Il ne parvenait pas du tout à entrer dans cet esprit aussi bien qu’avec un humain, ce qui ne manquait pas de le frustrer. Mais bon, cela ne l’empêchait pas d’y voir quelques brides quand même. Et quelque chose lui disait que cette femme était bien plus saine que Loki, quand bien même il n’avait pas décelé ses intentions tout de suite. Mais apparemment, elle le cherchait, elle avait été envoyée sur Terre dans le but de ramener Loki sur Asgard. Bien, Charles devait bien avouer qu’il apprécier. Non pas qu’il soit du genre à se venger, mais tout de même. Loki l’avait tué et s’il n’avait pas eu un plan de secours, il ne serait plus là aujourd’hui.
« J’ai eu l’occasion de rencontrer cet homme. » Dit-il alors, pour bien faire comprendre à la jeune femme qu’il le connaissait, quand bien même elle ne devait pas l’ignorer. Après tout, c’était lui qui avait prononcé son nom en premier lieu. « Nous n’avons pas eu de bons rapports tous les deux. Du moins, il semble qu’il m’ait utilisé à des fins, qui même me sont encore complètement obscures, qui n’ont rien de bonnes. Pour tout vous dire, il m’a tué. »
Au final, Charles ne savait pas s’il devait tout dire à la jeune femme qui se trouvait devant lui, mais il osait croire qu’il pouvait quand même lui faire confiance. Elle cherchait Loki dans le but de le ramener chez lui, visiblement. Bonne personne ou non, il apprécierait dans tous les cas qu’elle ramène cet homme chez lui.
Ma curiosité envers ce Midgardien augmente brutalement lorsque ce dernier affirme avoir déjà rencontré le Seigneur Loki. Dans ce cas, si cela s’est déroulé il y a peu de temps, peut-être que je pourrais repartir sur sa trace. Si seulement il m’indique l’endroit de leur rencontre, si la piste n’est pas trop ancienne, je pourrais potentiellement sentir sa trace et reprendre ma traque, car pour l’instant elle stagne un peu trop à mon goût. Ses prochaines paroles me font légèrement sourire, mais je veille à ne pas laisser mes crocs de lionne sortir. « Il est vrai que le Seigneur Loki est le maître de la manipulation et que ses méthodes sont sournoises. » Je me retiens de cracher à la fin de cette phrase. Pour les Chimères, l’honneur et le courage sont les vertus les plus importantes que l’on transmet à nos jeunes depuis des générations. Or, quelqu’un comme Loki ne respecte pas du tout cela et n’hésiterait pas à poignarder quelqu’un dans le dos afin d’obtenir ce qu’il souhaite. La ruse, bien qu’utilisée chez les miens aussi, devrait toujours se faire de façon honorable. On ne poignarde jamais dans le dos.
C’est pourquoi, je ne suis pas étonnée d’apprendre que le Midgardien qui se trouve devant moi a déjà perdu la vie. Cela surprendrait n’importe quelle autre personne, mais je ne suis pas n’importe qui. « Si vous vous trouvez devant moi aujourd’hui, c’est que votre heure n’avait pas encore sonnée. » Je lui lance en souriant. La façon de penser des miens est particulière, mais c’est une philosophie de vie comme une autre et une que j’ai toujours suivie et que je suivrais toujours probablement. Et il ne me vient même pas à l’esprit de demander à ce que cette conversation se poursuive ailleurs, loin des oreilles indiscrètes, puisque ce n’est pas dans ma nature de cacher des choses. Les codes sociétaux des Midgardiens ne me concernent pas. « Si cela ne vous dérange pas, pourriez-vous m’en dire plus ? Notamment le récit de votre dernière rencontre et surtout où cela s’est déroulé. J’imagine qu’il est trop tard pour que j’essaie de retrouver sa trace à partir de cet endroit, le Seigneur Loki est malin et sait se cacher de la vue des autres, mais cela pourrait m’apporter des indications quant à sa stratégie. » Et par conséquent, cela pourrait m’aider à le retrouver.
Je me rends bien compte que je lui en demande peut-être beaucoup, mais comme il a déjà eu affaire à Loki et qu’il a aussi été tué par lui, il sait qu’il doit être arrêté et répondre à ses crimes sur Asgard. Crimes qu’il continue visiblement de commettre sur Midgard en semant le chaos et la désolation sur son passage.
Charles venait d’expliquer à la personne devant lui (la créature, l’alien, la jeune femme… il ne savait pas exactement comment la qualifier, si ça avait été une mutante, ça aurait été bien plus simple pour lui de la qualifier) que ce Loki l’avait tué, mais cela ne sembla pas réellement l’étonner. Ce qui ne manqua pas de préciser au « jeune » homme qu’il était maintenant que ces « aliens » étaient particulier. Charles avait vraiment envie d’en savoir plus sur eux. Loki l’avait déjà rendu particulièrement curieux, mais depuis leur dernière conversation, on ne pouvait pas dire que le mutant ait spécialement eu envie de discuter de nouveau avec lui. Maintenant, il semblait être en compagnie d’une personne « proche » de son peuple – même s’il était évident qu’ils ne se ressemblaient pas – et qu’il avait bien envie de connaître un peu plus. Curiosité habituelle donc, il avait envie d’en savoir plus.
La jeune femme précisa que le seigneur Loki donc était le maître de la manipulation, pour le coup le mutant ne pouvait pas lui donner tort. Elle affirma aussi que s’il se trouvait en ce moment devant lui, c’était que ce n’était pas encore son heure de mourir. Soit, il ne pouvait pas nier qu’il appréciait cette vision du monde. Et sans surprise, elle lui demanda plus de précision sur la dernière conversation qu’il avait eu avec Loki, l’endroit, mais aussi ce qui s’était passé. Une manière pour elle de chercher à comprendre un peu ses motivations, son plan. Pour le coup, le mutant ne pouvait qu’avoir envie de l’aider, parce que Charles ne comprenait rien du tout aux motivations de Loki, il ne savait pas pourquoi il avait agi de cette manière.
« Ça s’est déroulé près d’une université de New-York, dans le quartier Manhattan… je ne sais pas si vous voyez où cela se situe. » Elle ne semblait pas être du coin, donc, il était normal qu’il se demande si elle serait capable de savoir où se trouvait cet endroit. Et dans le pire des cas, le mutant n’hésiterait pas une seule seconde à lui montrer l’endroit. Lui expliquer un peu plus les détails aussi. « Vous voulez que je vous montre exactement ce qui s’est passé ? » Demanda-t-il alors, une idée bien précise en tête, mais Charles considérait qu’il allait avoir un peu besoin de l’aide de la jeune femme. « Si vous voulez je peux le faire. » Reprit-il, marquant une courte pause avant de reprendre. « Mais il faudrait que vous… ouvriez un peu votre esprit. »
Le mutant avait l’habitude d’entrer dans l’esprit des autres, mais quand il était question des personnes comme Loki… c’était un peu plus compliqué parce qu’il ne connaissait pas leur esprit.
Le Midgardien a beau essayer de m’expliquer l’endroit où il a croisé le Seigneur Loki, cela ne me dit absolument rien, d’une part, car je ne comprends pas tous les mots qu’il emploie, mais d’autre part, car je ne connais pas cette contrée et par conséquent, je ne saurais m’y repérer. Pas encore du moins. C’est pourquoi je secoue la tête négativement. Mais ses paroles suivantes sont encore plus intéressantes et je reste un instant plantée là, sans comprendre et confuse, ne parvenant pas à imaginer comment ce Midgardien pourrait réussir à me montrer quelque chose qui s’est déroulé dans le passé. Même les dieux asgardiens ne possèdent pas ce genre de pouvoirs. C’est pourquoi je fronce les sourcils. « Comment pourriez-vous faire cela ? » Lady Sif ne m’a pas prévenu que des Midgardiens pourraient posséder des habilités hors du commun, mais d’un autre côté, je ne connais absolument pas ce peuple. Peut-être que leurs normes ne correspondent pas à celles d’Asgard. Après tout, je suis moi-même une Chimère et cela est rare sur Asgard, alors peut-être que les Midgardiens possèdent aussi leurs hybrides aux compétences spécifiques.
« Êtes-vous une sorte d’hybride ? » J’ai bel et bien senti une force sur mon esprit tout à l’heure, se pourrait-il que ce soit ce Midgardien qui en soit la source ? « C’était vous, n’est-ce pas ? Qui avez essayé de… lire mon esprit tout à l’heure ? » Je ne suis point fâchée, juste curieuse. Je n’ai jamais laissé personne entrer dans mon esprit, si une telle chose est toute fois possible. Car je reste dubitative, ne connaissant point du tout ce genre de pratiques et n’ayant pas vécu ce genre de choses auparavant. Pourtant, je ne mets pas beaucoup de temps à prendre ma décision. « Si cela me permettra de retrouver le Seigneur Loki, dans ce cas, faisons-le. Je ne sais pas exactement ce que je dois faire, mais l’une des raisons pour lesquelles vous n’avez pas réussi tout à l’heure est sans doute à cause de ma nature d’hybride. Je suis à moitié Asgardienne, à moitié animal. Mon instinct sauvage est très présent dans mon esprit. » Je ferme alors les yeux en prenant bien appuis sur mes sabots pour restée campée sur mes deux jambes, ma cape recouvrant mes ailes et mes cornes. « Est-ce que c’est bon maintenant ? Dites-moi quand votre… expérience fonctionne. »
Je dois avouer que je ne sais pas du tout ce que je suis en train de faire. Personne auparavant ne m’a demandé d’ouvrir mon esprit, peu importe ce que cela signifie. C’est pourquoi j’essaie de calmer mes pensées d’une part et d’autre part de dire à ma tête de serpent de me laisser les rênes, de s’effacer complètement de mon esprit juste pour un court temps.
La surprise de la « jeune femme » ne surprend pas réellement Charles. Parce que les humains ne manquaient pas déjà d’être surpris, dès qu’ils avaient connaissance des pouvoirs du « jeune » homme. Quand bien même les mutants étaient de plus en plus reconnu dans la société – et que ça allait l’être encore plus bientôt, pour le pire scénario possible – ça ne voulait pas dire que tout le monde saurait parfaitement que Charles était en effet capable de telle prouesse. Elle était donc surprise et Charles ne l’était pas. Elle lui demanda s’il était une sorte d’hybride, avant de le questionner su son essai précédent de rentrer dans son esprit.
« C’est plus ou moins ça. » Répondit-il dans un fin sourire.
Il ne se voyait pas réellement entrer dans les détails avec la « jeune femme », parce qu’ils n’avaient pas forcément le temps de parler de tout cela. Il faudrait qu’il entre dans les détails, qu’il explique à Aleks ce qu’était les gênes X, les mutants et tout le reste. En quelque sorte, on pouvait en effet dire qu’il était une sorte d’hybride, ça marchait bien. Et dans tous les cas, il n’avait pas l’intention de rentrer trop dans les détails. Ça n’allait pas changer la situation, ça n’allait pas aider Aleks à ouvrir son esprit. Pas plus que le fait qu’elle ait sincèrement envie de retrouver Loki, et donc d’obtenir les informations de Charles Xavier. Elle lui expliqua que de son coté, elle était une hybride, une Asgardienne à moitié animal et que son côté sauvage avait tendance à ressortir. Ça pouvait expliquer la difficulté du mutant à parvenir à entrer dans son esprit, en plus du fait que les esprits des Asgardien (et même des extra-terreste en général) étaient moins facile d’accès au mutant. Pour le moment en tout cas, parce que Charles évoluait constamment de son côté aussi. Dès qu’il parviendrait à réellement comprendre ces esprits, ils n’auraient plus de secret pour lui. Comme avec les humains.
La « jeune femme » se concentra, Charles le voyait bien, tentant de lui ouvrir du mieux possible son esprit. Le mutant en fit de même de son côté, se concentrant sur l’esprit de l’inconnue sous ses yeux. Elle lui demanda si c’était bon, de lui dire quand son expérience allait fonctionner.
« Vous allez le savoir vous même. » Dit-il de sa voix douce, en fermant les yeux de son côté aussi, un doigt sur sa tempe. Ça faisait des années et des années qu’il n’avait pas eu besoin de se concentrer autant que ça, mais ce n’était pas désagréable. On oubliait parfois, quand tout était facile, les efforts qu’il fallait faire. Un petit rappel n’était pas une mauvaises choses donc.
Charles se concentra de plus belle, repensant à cet instant où Loki avait décidé de son sort. Où il avait cru pouvoir le tuer. Il l’avait fait, il avait eu juste de la chance d’être prévoyant. Et quand il parvint à entrer dans l’esprit de la jeune femme, il lui communiqua sa vision, pour qu’elle puisse assister à toute la scène.
Gardant les yeux fermés, j’essaie de vider mon esprit, chassant toutes les impressions qui me proviennent de ma tête de serpent, ignorant la sensation étrange de mes plumes sous cette cape inconfortable, de mes cornes qui manquent de transpercer la capuche, toutes ces sensations physiques qui me sont acquises et que je n’ai pas l’habitude de contempler, mais qui s’avère être un barrage aujourd’hui pour ce que je m’apprête à faire. Il me faut un certain temps pour réussir à me concentrer et à dompter mon esprit et le Midgardien m’assure que je saurais qu’il a réussi quand il y parviendra… Ce genre de phrase a généralement le don de me rendre confuse et perplexe, je n’ai jamais compris grand-chose aux prophéties et aux énigmes. Mais dès l’instant qu’il y arrive, je comprends ce qu’il veut dire.
C’était comme si des images venaient d’apparaître devant mes yeux fermés. Légèrement déformées par moment, mais visibles et claires. Je reconnais le Seigneur Loki sans peine, mais le vieux Midgardien se trouvant dans une sorte de siège avec des roues m’est inconnu. Rien ne m’échappe, l’acte, la mort, le meurtre, jusqu’au sourire sur le visage du Seigneur Loki au dernier soupire de sa victime et je comprends que le Midgardien dans le siège est le même Midgardien qui se tient devant moi. Je ne comprends pas comment ce Midgardien a ainsi pu changer d’apparence physique, mais quelque chose dans son regard me dit que la vision que je viens d’avoir n’est pas un mensonge. D’une façon qui m’est inconnue, ce Midgardien a changé de corps.
Il existe quelques légendes à ce sujet chez les miens, Chimères ou Asgardiens. Nous accordons une grande importance à l’énergie, la trouvant dans toute chose vivante, c’est pourquoi ce genre de transfert ou d’échange pourrait exister d’après nos coutumes. Même si personne n’a eu l’occasion d’en témoigner jusque-là. Une fois la vision terminée, je rouvre les yeux, tous mes sens me revenant d’un coup et j’arrive de justesse à empêcher ma tête de serpent de sortir de sous ma cape. « Merci pour ce don, Midgardien. Je te suis profondément reconnaissante. Quel était cet endroit où tu as connus ton premier trépas ? Pourriez-vous m’indiquer le chemin afin que je puisse m’y rendre ? » Bien entendu, n’étant pas d’ici, je risque de tourner en rond durant des jours, c’est déjà le cas. Et je ne compte pas trouver la trace du Seigneur Loki sur place, elle serait trop ancienne de toute façon, mais peut-être qu’un indice s’y trouvera. Je ne le saurais que lorsque j’y serais.
Ça faisait très longtemps que Charles n’avait pas eu besoin de se concentrer à ce point pour entrer dans l’esprit d’une autre personne, mais puisque la jeune créature était volontaire et qu’elle avait envie qu’il l’aide à voir, c’était bien plus facile pour lui. Et ainsi, il allait pouvoir commencer à se familiariser avec l’esprit de ces étranges, de ces êtres venus d’une autre planète. Ça ne voulait pas dire que le jeune homme qu’il était à présent allait forcément réussir à entrer dans les esprits des autres habitants de l’univers, mais c’était déjà un premier pas dans l’apprentissage de leurs esprits. Quand bien même, l’esprit de cette chimère n’était pas réellement le même que celui des Asgardiens qu’il avait eu l’occasion de rencontrer, notamment Loki. Mais c’était déjà quand même un esprit qui ressemblait un peu plus à l’homme qui l’avait tué et qu’il avait du mal à cerner par conséquence.
En tout cas, ils avaient réussi ce qu’ils voulaient. La chimère avait eu ce qu’elle voulait, elle avait eu les images qu’elle cherchait. C’était bien plus simple, comme ça elle comprenait parfaitement ce qui s’était passé. Est-ce que ça allait l’aider ? Charles ne savait pas exactement, mais elle avait quand même eu ce qu’elle avait eu envie d’obtenir. Elle lui demanda alors où se trouvait l’endroit où Charles était mort la première fois (et que le jeune homme espérait que ça soit la dernière fois quand même).
« Ce n’est pas très loin d’ici. » Répondit-il donc, parce que c’était la vérité. Et le plus simple encore, c’était de lui montrer, un peu comme il venait de le faire. « On peut y aller si vous voulez, comme ça vous allez pouvoir voir tout de suite l’endroit. »
C’était bien plus simple pour lui de la conduire à l’endroit en question, parce que son concrètement ça allait être plus rapide que de lui indiquer la route. Et au moins, il était certain que la chimère allait trouver l’endroit. Vu qu’elle n’avait pas l’habitude de cette ville, elle risquait de se perdre. Et c’était un risque qu’elle ne trouve jamais le lieu et ne parvienne donc pas à avoir de nouvelles informations. Est-ce que la jeune femme allait forcément avoir l’occasion de trouver quelque chose ? Peut-être pas, mais si elle voulait voir l’endroit, il fallait qu’elle le vois.
Au bout d’un moment, ils arrivèrent donc sur place. Aleks allait sans aucun doute reconnaître elle-même.
Je ne m’attendais pas à ce que le Midgardien décide de m’accompagner pour me montrer le fameux endroit où le Seigneur Loki fut aperçu pour la dernière fois. Je dois avouer que je suis rassurée, car je n’étais pas certaine de pouvoir m’y rendre par mes propres moyens. Ce n’est pas que j’ai un mauvais sens de l’orientation, au contraire même, pourtant je ne connais pas ces terres, ce monde, ces gens. Vu tout le mal que j’ai déjà eu à arriver jusque-là, je pense que c’est la solution la plus sécurisée et la plus logique que d’accepter l’aide de ce Midgardien et de le suivre jusqu’au fameux endroit.
Je hoche donc la tête en écoutant sa proposition. « Je vous en remercie, Midgardien. Cela m’évitera en effet de perdre plusieurs lunes en le cherchant à travers l’immense étendu de votre ville. Est-ce que toutes les villes Midgardiennes sont aussi grandes que celle-ci ? » Si tel est le cas, je me demande comme font les Midgardiens pour pouvoir s’y repérer et voyager. Mais peut-être que leur monde est plus petit qu’Asgard et que la majorité de la population est concentrée dans ces fameuses villes. De ce que j’ai déjà pu voir, les Midgardiens sont très nombreux, je n’ai pas une seule fois aperçu le même visage.
Alors que nous nous mettons en marche et que je veille à ce que mon déguisement reste en place, ne voulant pas plus attirer l’attention sur ma personne, je me rends compte que je ne connais toujours pas le nom de cet individu qui vienne de me permettre d’avancer dans ma quête. « Je me nomme Aleksandrya du clan Dyr. Pourrais-je connaître votre nom, Midgardien ? » Car l’appeler en permanence par le nom de sa race est malpoli et fatiguant et que je refuse de lui faire ce déshonneur plus avant. De plus, j’ai pour habitude d’apprendre les noms des personnes m’étant venues en aide, car une sorte de lien s’est tissé et que je suis donc encline à aider un jour ces personnes en retour si elles en éprouvent le besoin. Quelque chose que Lady Sif m’a appris, car les miens ont tendance à rester entre eux, même les clans se mélangent rarement. Notre mode de vie ne permet pas non plus vraiment les rencontres, surtout lorsque l’on pense à l’immensité des plaines du Nidavellir.
Et pendant que l’on marche et que je pense à toutes ces différences culturelles, nous sommes déjà sur place. Je reconnais immédiatement l’endroit, la vision de ce Midgardien encore fraîche dans mon esprit et je me mets directement à chercher des yeux des traces du Seigneur Loki, m’accroupissant par ici, observant les pavés par là. Mais rien ne me vient et si je n’avais pas la vision de ce Midgardien, je ne saurais même pas que le Seigneur Loki se trouvait ici. Je ne suis donc pas plus avancée que ça dans ma quête, malheureusement.
Charles ne répondit rien quand la jeune femme le remercia, elle n’avait aucune raison de le remercier, c’était la moindre des choses de sa part. Le jeune homme aurait apprécié qu’on lui tente la main comme il le faisait s’il se retrouvait dans la même position que la jeune femme sous ses yeux (si on pouvait donc la considérer comme une jeune femme, mais puisque lui-même n’était pas réellement un jeune homme). Il la conduisit donc vers l’endroit où Loki avait décidé de lui prendre la vie, sans parvenir à ses fins. Ce n’était pas très loin, ça n’allait pas demander énormément de temps au mutant, alors autant qu’il évite à la jeune femme de perdre beaucoup de temps à chercher l’endroit. Des lunes comme elle ne manqua pas de le préciser.
« Il y a beaucoup de ville comme celle-ci. » Répondit-il quand elle le questionna sur les villes de la Terre, comprenant parfaitement que Midgard était la Terre, c’était ainsi que Loki avait aussi nommé leur planète. « Mais toutes les villes ne sont pas ainsi non. »
Il y avait beaucoup de diversité sur Terre. Charles n’avait aucune idée de ce que ça donnait dans l’espace, même s’il avait fini par comprendre que beaucoup de personnes vivait en dehors de cette planète – ce qui était logique en un sens, l’espace était quand même immense –, il n’avait jamais quitté la Terre. Il ne savait donc pas à quoi pouvait bien ressembler l’endroit où son interlocutrice vivait, à quel point c’était différent de la Terre et plus précisément de la ville de New-York.
« Je me nomme Charles Xavier. » Répondit-il sans mentir, parce qu’il n’avait aucune raison de cacher son identité. Si depuis son retour, Charles se montrait le plus prudent possible, il avait quand même déjà dit à cette Aleksandrya que Loki l’avait tué, alors ça ne changerait pas grand-chose qu’elle ait connaissance de son nom. « Je n’ai pas de clan à proprement parler comme vous. » Ajouta-t-il, sans qu’il n’y ait forcément besoin qu’il le fasse.
Ils continuèrent donc de marcher et ils finirent par arriver sur place. Charles ne dit rien, se contentant d’observer sa comparse chercher des indices. Il se doutait que ça ne devait pas être simple, mais puisqu’il ignorait tout des capacités des personnes ne vivant pas sur Terre. Et en même temps, il n’était pas simple de connaître les capacités des personnes vivants sur Terre non plus, quand on savait que les mutants avaient une grande différence par rapport aux humaines. Finalement, le jeune homme finit par prendre la parole.
« Vous trouvez quelque chose ? » Demanda-t-il donc, parce qu’il était curieux quand même de savoir ce qu’elle pouvait trouver, si elle avait des indices par rapport à l’homme qui avait quand même décidé de le tuer.
J’ai visité de nombreuses planètes, de nombreux territoires, mais je pense que Midgard est la plus étrange de ces terres. La multiplication de ses habitants est un phénomène que je n’ai jamais vu ailleurs, même dans un Empire aussi peuplé que celui de Xandar. Comme des fourmis, les Midgardiens sont partout et élèvent leurs fourmilières vers le ciel, ces tours de métal et de verre dont je n’ai pas encore réussi à deviner le but. Je me demande jusqu’à quel point le reste des terres de Midgard est différent de cette ville dans laquelle nous nous trouvons. Peut-être qu’après ma mission j’aurais l’opportunité de les découvrir, de voir ces paysages de mes propres yeux.
Je hoche la tête lorsqu’il m’indique son nom aux consonances si étranges, presque aliens. Mais c’est ce qui fait la beauté d’un peuple, d’une langue : la différence dans les tonalités, la façon dont les mots roulent sur la langue, l’arrangement des lettres créant ainsi des sons différents même si les écritures peuvent se ressembler.
Mais je n’ai pas le temps de me focaliser sur la façon dont son nom résonne sur ma langue puisque nous arrivons sur place. À première vue, cet endroit n’a rien de différent de ceux que nous avons croisés lors de notre marche. Je m’approche, traversant l’espace tout en cherchant des indices visuels, mais pour l’instant rien d’intéressant ne me vient. Il ne semble pas y avoir de traces de combat, mais cela fait sans doute un certain moment que Charles Xavier est mort. La nature et le temps ont sans doute effacé ces traces. « Est-ce que vous pourriez me dire à quand remonte votre trépas ? » je lui demande alors afin de savoir si ma théorie est plausible.
Puis, je me mets à genoux, reniflant l’air tout en passant ma main sur le sol, sentant la texture de la terre, cherchant une odeur particulière, mais de nouveau, elles ont toutes probablement été emportées par le vent depuis le temps. La pluie a probablement aussi aspiré toutes les odeurs dans la terre, faisant disparaître ce crime de sa surface. Je continue de regarder, passant d’un endroit à l’autre, cherchant le moindre indice, peut-être un morceau de tissu qui aurait été arraché et dont je pourrais suivre la piste, mais il n’y a rien.
Malheureusement, je crois bien être revenue au début de mes recherches. Le Seigneur Loki est malin, il ne va pas me rendre la tâche facile. Il sait que quelqu’un est envoyé à sa poursuite, peut même aisément deviner que ce sera moi puisqu’il connaît les méthodes d’Odin et mes compétences de traqueuse. Je ne pense pas qu’il se cache, mais il fera tout de même attention.
Je reviens alors vers Charles Xavier en veillant à ce que ma cape recouvre toujours les parties de mon anatomie qui peuvent choquer les habitants de ces lieux. « Avec l’aide d’une rune magique je pourrais peut-être trouver quelque chose, malheureusement, c’est quelque chose que je n’ai pas en ma possession et je ne suis pas habilitée à les utiliser. Je vais devoir continuer mes recherches ailleurs je ne crains. »
Ils arrivèrent sur place, à l’endroit où Charles avait été tué par Loki. Le mutant s’était fait une raison, il était mort ce jour-là, à cet endroit-là. Même si ce n’était pas forcément une partie de plaisir de revenir sur les lieux et de se rappeler de cet événement, le jeune homme s’était fait une raison donc. Même si ce n’était pas une partie de plaisir de se rendre ici, de se rappeler de la scène. Surtout qu’il avait beau savoir que c’était Loki qui l’avait tué, il n’en restait pas moins que c’était Erik qu’il avait vu à ce moment-là. Son esprit n’avait pas été trompé, mais ses yeux quand même.
Enfin, se retrouver ici était un mal nécessaire que Charles n’avait aucun souci à gérer. La femme – si on pouvait l’appeler comme ça – sembla commencer à chercher des indices. Le jeune homme ne savait pas si elle allait trouver quelque chose, parce que mine de rien ça commençait un peu à remonter. Et d’ailleurs, elle ne tarda pas à le questionner à ce sujet.
« Environ trois mois. » Répondit-il alors.
Ça commençait à faire en effet, les événements étaient du passé. Charles avait mis un certain avant de revenir sur le devant de la scène – même s’il ne l’était pas complètement, puisqu’en dehors des personnes de l’institut et quelques autres mutants, il n’avait pas crié haut et fort qu’il était bel et bien vivant –, il avait eu besoin de temps avant de revenir, donc le temps avait eu le temps de faire des ravages. Charles observa la jeune femme chercher des indices, ne sachant pas si elle allait bel et bien pouvoir y arriver. Parce que justement, ça devait sans doute remonter à trop longtemps. Et d’ailleurs quand Aleks reprit la parole, ce fut pour lui dire qu’elle pourrait potentiellement arriver à quelque chose avec une rune magique, mais qu’elle n’en avait pas en sa possession et qu’elle pouvait encore moins réellement en faire usage. Si Charles comprenait donc bien tout, elle ne pouvait pas trouver d’indice ici.
« Je suis navré de ne pas avoir pu vous être plus utile. » Sans doute que s’ils s’étaient rencontrés plus tôt, elle aurait pu trouver des indices. Encore que, quelque chose lui disait que Loki était une personne forte intelligente et qu’il n’y avait donc que très peu de chance qu’il laisse des indices. En tout cas, Charles comprenait bien que cette intervention n’avait pas vraiment aidé la femme qui se trouvait sous ses yeux, mais au moins elle en avait appris quand même un peu plus. Et donc, il espérait que ce n’était pas juste vain.