Deux esprits ouverts ne peuvent que se reconnaître.
Charles savait bien qu’il ne devait pas trop rester éloigné de l’institut, qu’il devait rentrer. Sauf qu’il ne savait pas si c’était encore le bon moment. Le jeune homme qu’il était maintenant pouvait difficilement expliquer à tout le monde qu’il n’était pas mort, qu’il était le Charles Xavier que tout le monde pensait mort. Mais en même temps, il faudrait sans doute qu’il rétablisse la vérité, parce que pour le moment, le gouvernement pensait encore que c’était Erik qui l’avait tué en pleine rue. Et ce n’était pas lui bien sûr, cette personne était ce Loki que le mutant avait eu l’occasion de croiser une fois à l’institut avant cet épisode. Il ne savait pas exactement comment s’y prendre, même s’il savait qu’il allait devoir bientôt le faire. Quand ? Comment ? Là était les questions qu’il se posait. Il avait bien songé à aller trouver Tornade, Cyclope ou encore Jean dans le but de leur parler, de leur avouer la vérité, mais l’occasion ne s’était pas encore présenté. Pour le moment, Charles avait un peu le sentiment d’errer ici et là, ce qui en soit n’était pas non plus désagréable.
Pendant des années, Charles Xavier avait vécu pour les autres avant de vivre pour lui-même (quand bien même, il ne manquait pas d’avoir des objectifs quelque peu égoïstes par moment). Il profitait de ce moment pour simplement souffler un peu, reprendre des forces avant de revenir dans le feu de l’action. De profiter de ces jambes qui fonctionnaient, du fait qu’il pouvait marcher, ce qu’il n’avait pas fait pendant des années. Il savait que ça n’allait pas durer, alors il en profitait un peu. Même si c’était sans doute vraiment égoïste de sa part. Même si, en un sens, ces errances n’étaient pas complètement vaines. Charles faisait des rencontres intéressantes et son physique actuelle lui permettait d’être un peu plus incognito. Non pas qu’il soit connu outre mesure autrement, mais sous son apparence de vieux monsieur en chaise roulante, ce n’était pas toujours évident d’avoir des conversations avec d’autre personne. Il trouvait ça plus facile maintenant, même si ses pouvoirs lui permettaient quand même de passer au-dessus des mots quand on ne voulait pas lui parler. Le jeune homme avait donc fait plusieurs rencontres intéressantes depuis qu’il était redevenu jeune. Et il ne se doutait pas que d’autre était à venu, des rencontres qui ne serait pas inédite cependant.
Il avait décidé de s’installer dans un bar, dans une rue passante, sans vraiment d’objectif. C’était juste comme ça, parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de vouloir observer le monde avec ses nouveaux yeux. Il était complètement perdu dans ses pensées (et en partie dans celle des autres personnes présentes dans ce bar d’ailleurs), quand son attention fut attirée par une présence qu’il avait le sentiment de connaître. Il tourna son regard vers l’entrée du bar, vers la jeune femme qui venait d’y rentrer. Wanda Maximoff, Charles ne pouvait que la reconnaître. Elle ne pouvait normalement pas le reconnaître, mais quand son regard croisa le sien… il eut cette impression d’être découvert.
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P
lus le temps passait, plus il était difficile pour Wanda de répondre sans broncher aux ordres de Magnéto, d'agir à son service sans disconvenir à la moindre de ses indications révoltantes qui lui étaient faites. D'autant que, dernièrement, le mutant ne manquait pas de surexploiter les talents de la sorcière rouge. Ce qui n'était sans doute pas illogique au vu des derniers événements. Il lui avait découvert (en même temps qu'elle-même) des pouvoir et donc un potentiel qu'il ne lui devinait pas jusqu'alors, il avait également compris qu'en acceptant de sauver Pietro, il pouvait exercer sur elle une autorité de laquelle elle serait incapable de se défaire, quoi qu'il lui demande. Elle était d'ailleurs convaincue que tout ceci n'était jamais qu'une mise à l'épreuve. S'il accaparait tant et si bien son temps, s'il s'amusait à la pousser dans ses retranchements, c'était parce qu'il voulait s'assurer qu'elle était capable de tenir la distance, qu'elle resterait fidèle à la Confrérie en dépit de ses convictions nouvelles. Car ça aussi, il avait dû le deviner, le comprendre... si elle avait pu autrefois lui obéir aveuglément, par reconnaissance et par fascination (une fascination exercée par les liens d'un sang qu'ils ne se soupçonnaient pourtant pas avoir en commun), ce n'était plus le cas, aujourd'hui, il la tenait pas la menace, et le fait est que c'était redoutablement efficace. Wanda avait beau abhorrer la moindre de ses missions exercées au nom de la Confrérie, cela ne l'empêchait pas d'obéir sans broncher tout de même, quoi qu'il arrive, quoi qu'on lui demande, même dans les conditions les plus atroces et les plus inhumaines.
Cette fois ne faisait pas exception. Si elle parcourait présentement les rues de Manhattan, c'était parce qu'elle devait trouver un homme que Magnéto considérait comme une cible à abattre. Son père (c'est ça le pire, c'était son père..., mais s'ils l'avaient su, cela aurait sans doute changé pas mal de chose) avait poussé le vice jusqu'à ne rien lui apprendre de ce qu'il avait bien pu faire pour s'attirer ainsi la foudre des mauvais mutants. Les quelques recherches qu'elle avait su effectuer à son sujet n'avaient rien donné d'engageant, un père de famille ce qu'il y a de plus simple... Est-ce que c'était un simple test ? Est-ce qu'il était innocent ? Elle ne lui laisserait pas le temps de plaider sa cause. Sa mission était de le trouver et de l'embarquer au QG de la Confrérie. Et elle allait le faire. Ou en tout cas c'était son intention alors qu'elle mettait un premier pas dans le bar où l'homme devait se trouver également, mais alors que, essayant de maîtriser des pouvoirs encore un peu hésitants, elle cherchait à capter parmi les esprits présents celui de sa cible, ce fut un autre qui attira son attention, bizarrement familier... Pourtant, c'était impossible. Son regard croisa celui de cet inconnu. Ça n'avait aucun sens, et pourtant... Wanda était convaincue qu'il s'agissait bien de lui, si convaincue qu'elle n'hésita pas à aller s'adresser directement à lui, négligeant sa mission première.
-Vous semblez en forme, pour un homme mort depuis plusieurs mois, dit-elle alors en le regardant droit dans les yeux de l'homme qui, décidément, ne pouvait être que Charles Xavier.
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Charles ne prêtait pas forcément attention à ce qui l’entourait avec ses yeux. Mais son esprit était constamment en alerte, c’était normal au vu de ses pouvoirs. Le vieil homme – qui n’était plus un vieil homme – ne pouvait que laisser son esprit vagabonder ici et là. Il ne le contrôlait même pas d’ailleurs, c’était juste naturel. Donc quand la porte s’ouvrit, ce ne fut pas avec les yeux qu’il reconnut la jeune Wanda Maximoff, mais avec son esprit. Il releva cependant ses yeux, bien évidemment, afin de poser son regard sur la jeune femme. C’était bien elle, en même temps Charles n’avait pas du tout eu le moindre doute. Même s’ils n’étaient techniquement pas dans le même camp, le « jeune » homme avait eu bien souvent à faire à la jeune femme et surtout à son esprit. Il n’avait pas pu s’empêcher de se concentrer souvent sur ce dernier, d’y fouiller sans doute un peu trop. Parce qu’il savait des choses que la jeune femme et son frère (ainsi que son ancien ami d’ailleurs) ignoraient complètement. Mais ce n’était pas encore le moment de parler de tout cela. Wanda tourna son regard vers lui et Charles su qu’elle avait compris, qu’elle savait qui il était. Cela ne l’étonnait pas spécialement en fait. Le professeur X ne savait pas s’il était content qu’on le reconnaisse ou pas, parce que pour le moment personne ne savait encore qu’il était vivant, mais dans tous les cas, il ne pouvait rien y faire. Et Wanda n’avait pas spécialement l’intention de l’ignorer, puisqu’elle vint s’installer devant lui, lui faisant bien comprendre qu’elle avait découvert qui il était. Charles afficha un sourire, bien différent de ses anciens sourires puisqu’il n’avait pas le même corps, à cette remarque avant de prendre la parole à son tour.
« Je me doutais que je ne passerais pas inaperçu avec toi Wanda. » Il en confirmait pas réellement les propos de la jeune femme, sa question informulée, le fait qu’il soit l’homme qui était soi-disant mort. Mais en même temps, ses propos ne laissaient pas du tout de doute. Wanda n’avait pas besoin de l’entendre dire qu’il était bel et bien vivant, qu’il était bel et bien Charles Xavier, puisque c’était quelque chose qu’elle savait, qu’elle avait compris et qu’elle ne pouvait pas ignorer. « Comme tu vois, je me porte très bien. »
Pour un homme mort, on pouvait clairement dire que Charles se portait à merveille d’ailleurs. Mais même sans penser à cette histoire de mort, il se portait bien. Il y avait quelques petites choses qui le préoccupaient, parce que c’était son habitude, mais physiquement en tout cas, il se portait réellement comme un charme. En même temps, il ne pouvait pas réellement se porter mieux que maintenant. Outre le fait qu’il était en vie au lieu d’être mort, il pouvait aussi marcher avec son nouveau corps, ce qui n’était pas le cas avec l’ancien. Autant dire qu’il ne pouvait qu’être en meilleure forme maintenant.
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C'
était vraiment étrange, comme sentiment... Elle savait pertinemment qu'elle se trouvait face à Charles Xavier, elle ne pouvait pas en douter un seul instant, et en même temps, l'homme qui lui faisait face était si différent. Son apparence, bien sûr, n'était plus la même, mais ce n'était pas à ses yeux le plus troublant, ce qu'elle trouvait déroutant, à vrai dire, c'était de ne plus reconnaître les expressions de son visage, de ne pas reconnaître sa voix, non plus... qui même dans ses inflexions avait changé. Pourtant, ça ne faisait pas l'ombre d'un doute, il s'agissait bel et bien de lui, et s'il avait dû en être autrement, si, d'une façon ou d'une autre, elle avait dû avoir des doutes, les propos qu'il lui tint alors ne devaient que confirmer ce qu'elle présumait déjà. Oui, elle l'avait en effet reconnu, et oui, il s'agissait bel et bien de lui... bien en forme pour un homme supposé décédé. Il se portait très bien, et cela posait très clairement plus d'une question. Des questions qu'elle était bien décidée à poser d'ailleurs, pour mettre un terme à une curiosité grandissante. Il se pouvait qu'il refuse de lui répondre, mais elle pensait qu'il accepterait de se montrer limpide avec elle. Elle avait bien conscience que sa puissance mentale dépassait de très loin la sienne et qu'il pourrait aisément décider de faire barrière à ses interrogations, d'autant que, sans pouvoir déterminer le lien qui les caractérisait, elle ne saurait trop dire ce qui les liait ou non, si cela était positif ou négatif... Mais cela ne coûtait rien d'essayer, après tout. Sans avoir été profondément bouleversée non plus (elle avait eu d'autres problèmes à gérer qui avaient eu la priorité), elle avait tout de même été... perturbée par sa disparition, aussi brutale qu'inattendue. C'était difficile à expliquer. Ils appartenaient à deux camps opposés, tous les deux, mais quelque part, il n'avait jamais affiché d'animosité à son égard, bien au contraire, même, et il l'avait même aidée quand il avait accepté d'intégrer Pietro à l'institut Xavier. Alors forcément, elle ne pouvait pas être indifférente à son sort, bien au contraire, même. Si elle pouvait comprendre, même en surface, ce qui s'était passé, elle se sentirait un peu mieux.
-Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle donc sans plus de détours.
Cette question était très large, c'est vrai, mais c'était dans le but d'en englober d'autres. Que lui était-il arrivé, exactement ? Est-ce qu'il avait vraiment été assassiné ? Ou bien s'agissait-il d'autre chose ? Et pourquoi, alors, ce nouveau corps ? Elle était loin de tout comprendre, mais elle ne savait s'empêcher de se sentir fascinée par cette découverte, par cette rencontre fortuite.
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Charles osait imaginer l’effet perturbant qu’était pour Wanda de le voir maintenant et de comprendre – parce qu’elle était suffisamment forte pour ça – qu’il était celui qu’il était. Même lui, au final, ne manquait pas d’être perturbé par la situation, même s’il s’y faisait finalement plus facilement que ce qu’il aurait cru. Son corps était vraiment différent, et pas seulement dans l’image qu’il reflétait mais tout était différent. En un sens, Charles Xavier était donc un autre homme, même si ce n’était pas non plus complètement le cas. Les organes qui lui appartenaient maintenant n’étaient pas les mêmes que pour son ancien corps, mais son esprit était quand même le même. L’âme était la même. Donc, il était bel et bien le même homme, mais avec une enveloppe vraiment différente. Rien d’évident pour la jeune Wanda donc, qui devait capter que trop son esprit sans pouvoir l’unir avec son corps, comme dans ses souvenirs.
Wanda le questionna, se contentant d’une simple question, mais qui à son avis voulait quand même sous-entendre de nombreuses questions. Cela ne l’étonnait pas spécialement, d’ailleurs il aurait sans doute même été déçu si jamais la jeune mutante ne l’avait pas questionné. Elle lui demanda ce qui s’était passé et Charles se doutait qu’elle voulait des détails. Le mutant n’avait aucune raison de ne pas lui répondre. Et il n’allait pas se contenter d’une simple réponse non plus, il se doutait que ce n’était pas ce que Wanda avait besoin. Elle ne devait pas y comprendre grand-chose. Ce qui était normal.
« Comme tu dois le savoir, je suis mort. » Il prononça ces mots avec une certaine légèreté, sans aucun doute parce qu’il n’était pas mort et donc qu’en soit ce n’était pas si grave que ça. Wanda le savait, puisqu’elle n’avait pas manqué de le lui faire remarquer. Et puis, elle était bien placée pour le savoir. Quand il était mort, le contrôle sur l’esprit de son frère n’avait pas pu continuer. Autant dire qu’elle avait donc été bien placée pour savoir qu’il n’était plus du tout là. Quand bien même, Charles ignorait encore toutes les conséquences que sa disparition avait eu. « Pas comme le monde l’a cru évidemment. » Cela aussi Wanda devait le savoir, que ce n’était pas Magnéto qui l’avait tué. Même si en soit, cela n’expliquait en rien du tout le fait qu’il ne soit pas mort, qu’il soit là et qu’il ait un corps différent. « J’avais… protégé mes arrières, si je peux dire les choses comme ça. » Ce n’était pas un secret d’état. Même si pour le moment, personne ne le savait encore parce qu’il n’était pas retourné à l’institut, il n’avait pas l’intention de cacher la situation. « Le jeune homme à qui j’ai emprunté ce corps est mort, cérébralement j’entends. Son corps était encore maintenu en vie, mais il n’existait plus. Je me suis permis de transférer mon esprit à la place du sien. »
C’était si simple que ça en soit, donc. Même si ce n’était en réalité pas une mince affaire.
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O
ui, elle avait en effet compris cela, qu'il était mort, pas uniquement parce que la nouvelle n'avait eu aucun mal à lui parvenir, mais parce qu'elle en avait constaté les effets quand Pietro ne s'était plus retrouvé sous son contrôle. Elle l'avait compris, mais ce qu'elle ne comprenait pas, en revanche, c'est comment il faisait pour se retrouver à présent face à elle, et dans un autre corps. Mais à ces questions, le professeur Xavier ne devait pas tarder à apporter ses réponses. Il avait prévu un corps de secours, un corps mort cérébralement dans lequel se réfugier le moment venu... Wanda ne savait vraiment pas quoi penser de ces méthodes, mais elle avait réellement le sentiment qu'elles étaient plus que moralement répréhensibles. Ceci dit, est-ce que ça la concernait ? Sans doute pas. Elle avait été curieuse, mais elle regrettait d'ores et déjà cette curiosité, véritablement. Car à présent qu'elle savait, que devait-elle faire de cette information ? Sans doute rien. Elle se trouvait face à Charles Xavier, que tout le monde pensait mort, dans un corps étranger. Et elle était assez déstabilisée, de fait, par cette situation.
-Vous auriez pu faire appel à moi... apparemment, c'est mon truc, de ramener les morts à la vie.
Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle recherchait en lui apprenant ça. A lui faire des reproches, peut-être, car si il n'avait pas disparu, Pietro serait resté en sécurité, et Raven n'aurait jamais eu l'occasion de l'assassiner. Mais c'était encore autre chose qui la perturbait, en vérité, elle ressentait peut-être le besoin de se confier sur l'évolution de ses pouvoirs, dans l'espoir d'être conseillée. Elle se sentait souvent dépassée par ses capacités, et de plus en plus ces derniers temps, mais Charles Xavier, qui était avec Magnéto le mutant le plus puissant qu'elle ait jamais rencontré, était sûrement capable de s'en rendre compte, peut-être de la conseiller. Ou pas. Enfin... Il ne fallait peut-être pas qu'elle s'épanche trop sur ce sujet non plus. Va savoir si ce serait une bonne chose.
-Qu'est-ce que vous comptez faire, maintenant ?
Il n'avait pas forcément la moindre raison de lui répondre. En fait, il avait même toutes les raisons du monde de le faire (c'était déjà peut-être assez dangereux comme cela qu'elle ait tout découvert, au sens où elle pourrait bien tout apprendre à Magnéto, même si l'idée ne lui traversait pas l'esprit, il faut dire que son estime de lui en avait pris un sacré coup après la mort de son frère). Mais elle tentait le tout pour le tout malgré tout. Personne n'avait entendu parler de son retour, de sa résurrection, pas à sa connaissance, en tout cas. Comptait-il reprendre ses fonctions ? Ou avait-il l'intention de changer de vie ?
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Charles n’avait aucune raison de cacher la vérité à Wanda Maximoff, même si ce n’était pas forcément très reluisant. Mais même si le jeune homme qu’il était maintenant avait l’habitude de mentir par moment, considérant que cela était nécessaire parfois et qu’il valait mieux un petit mensonge qu’une souffrance, il n’avait aucune raison de le faire ici et maintenant. Il avait confiance en Wanda en même temps. Ce qui ne devrait peut-être pas faire, alors qu’il savait bien qu’elle travaillait pour Erik – de gré ou de force – et qu’elle était la fille de cet homme, même si c’était quelque chose qu’elle ignorait encore. Mais il savait surtout que Wanda ne partageait pas vraiment les pensées de l’homme pour qui elle travaillait et elle avait tenté de s’opposer à lui dans le but de sauver son frère d’ailleurs. Il se montra donc honnête, ne cherchant pas réellement à savoir ce que pensait la jeune femme de cette situation. Cela ne changerait rien au fait qu’elle était ainsi de toute façon.
Il fut cependant surpris par la réponse de la jeune femme, alors qu’elle affirmait qu’il aurait pu faire appel à elle, c’était son truc de ramener les autres à la vie. Forcément, Charles avait manqué quelques épisodes. Il pourrait questionner la jeune femme, mais en fait il se permit simplement d’entrer dans son esprit. Encore une fois, cela ne se faisait pas, mais les propos de la jeune femme le rendait bien trop curieux pour qu’il ne cherche pas à en savoir plus. Quand bien même, Wanda était une personne très puissante (preuve en était du fait qu’elle l’avait reconnu) et qu’il ne pouvait pas tout voir. Il ne cherchait pas à le faire, de toute façon, simplement à comprendre un peu ce qu’elle voulait dire par les propos qu’elle venait de lui adresser. Cela avait un rapport avec son frère donc… sans grande surprise.
« Je ne sais pas encore. » Répondit-il sincèrement quand Wanda lui demanda ce qu’il avait l’intention de faire, maintenant. Il se montrait encore une fois parfaitement honnête. « Je vais retourner à l’institut, un jour ou l’autre. » Il ne savait simplement pas quand il allait le faire, même s’il se doutait qu’il allait devoir le faire bientôt quand même. « Mais puisqu’on s’en ait pris directement à moi, je tiens à rester discret encore. »
Après tout, Loki avait quand même cherché à le tuer directement en prenant l’apparence de Magnéto. Charles ne savait pas exactement pour quelle raison. Il se doutait que le « dieu » cherchait à faire quelque chose, à provoquer quelque chose. Autant dire qu’il ne pouvait pas prendre de risque inutile, et donc pour le moment il ne savait pas encore comment il allait faire son retour à l’institut.
« Je suis navré pour ton frère. » Dit-il alors, changeant un peu de sujet pour le coup. Mais parce qu’il avait besoin de le dire. « Je ne m’attendais pas à ce qui m’est arrivé. Si j’avais eu le moindre doute, je ne t’aurais pas proposé mon aide. »
Le fait de contrôler son frère, ce qui était donc perdu au moment de sa mort.
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L
a réponse de Charles à sa question était, au fond, logique. Il ne savait pas ce qu'il devait faire, ou du moins n'était pas complètement décidé dans l'immédiat. Et c'était au-delà de logique au regard de ce qu'il avait vécu. Elle ne l'imaginait pas revenir à l'institut. De ce qu'elle pensait avoir compris de lui (même s'il était un homme complexe, duquel il était difficile de tout savoir), il tenait sincèrement à sa fonction, qui n'était d'ailleurs pas seulement une fonction, mais une vocation. Elle ne l'imaginait pas faire autre chose de sa vie que d'accomplir son rôle de guide auprès des autres mutants. Mais il ferait son grand retour en temps et en heure. Il était en effet en soi très logique qu'il prenne son temps avant d'apprendre à tous qu'il était toujours vivant. On ne s'était pas contenté de tenter de l'assassiner, on l'avait assassiné, d'une certaine manière pourrait pas se rabattre sur un corps de secours à chaque fois, tout comme elle ne pourrait pas lui promettre d'être là pour le ramener à la vie si l'occasion devait se présenter... Bref, la question restait en suspens, et au fond, même si ça l'intriguait, Wanda admettait que ça ne la regardait pas forcément pour autant. Elle n'eut rien à ajouter à cela. Quand bien même elle l'aurait voulu, d'ailleurs, son interlocuteur reprenait déjà la parole.
Elle se sentit quelques secondes déstabilisées en entendant parler de Pietro. Bien sûr, elle savait que Charles pouvait avoir accès à son esprit avec facilité, mais elle n'avait naîvement pas envisagé la possibilité qu'il sonde cet esprit pour comprendre à quoi elle faisait référence quand il était question de résurrection. Pourtant, c'était très logique, et même si elle devrait peut-être le blâmer de cette intrusion, elle n'en faisait rien. Parce qu'elle le comprenait. Et au fond, elle appréciait qu'il s'excuse. Elle en avait eu besoin, même, sans doute. Car oui, dans un premier temps, elle lui en avait bel et bien voulu, quand bien même il n'avait clairement pas décidé de lui-même d'être ainsi "tué", mais ce n'était plus le cas à présent. De l'eau avait coulé sous les ponts.
-Je le sais, répondit-elle en hochant doucement la tête, et c'était vrai, au fond, elle le savait, elle était convaincue que Charles avait réellement cru que tout était sous contrôle, alors, et que son frère était en sécurité. Ca n'a plus d'importance, maintenant, Pietro est libre, c'est tout ce qui compte. Et elle ne l'était toujours pas, et avait bien peu de chances de l'être à nouveau au vu des circonstances. Tant pis pour elle. Appartenir à la confrérie devait faire partie d'elle, quelque part. Alors à quoi bon prétendre ? Et il ne l'a pas si mal vécu que ça, ajouta-t-elle amèrement.
Puisqu'il se tapais son assassin, de toute évidence.
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Charles ne devrait sans doute pas trop sonder l’esprit de Wanda, mais il n’y pouvait rien et forcément, il tenait à ce qu’elle sache qu’il ne pensait pas une seule seconde que la situation allait prendre un tel tournant. S’il avait su que cet homme allait le tuer, il n’aurait jamais gardé le frère de la jeune femme sous contrôle au risque… donc, qu’il perde ce fameux contrôle. Ce qui avait visiblement envoyé le jeune homme à la mort d’ailleurs. Charles ne se permettait pas de connaître tous les détails de l’histoire, mais cela ne l’empêchait pas de savoir que Wanda avait dû ramener son frère à la vie. Wanda comprit visiblement que le mutant n’avait pas eu envie que les choses se passent aussi mal, en tout cas elle lui affirma qu’elle savait, qu’elle comprenait. Et visiblement la situation s’était arrangée, puisque Pietro était libre maintenant.
Au vu de la situation, le « jeune » homme devait bien avouer qu’il préférait largement que les Maximoff ne soient plus la cible de la confrérie des mauvais mutants, quand bien même Wanda n’avait pas conscience – encore – de ce qu’il savait. C’était bien mieux que Erik ne veuille plus faire de mal à ces jumeaux, mais le mutant n’allait pas aborder le sujet. La dernière phrase de la jeune femme, cependant, Charles ne comprit pas spécialement ce qu’elle entendait par là. Sans doute qu’il pourrait très bien se contenter de lire dans son esprit de nouveau, mais il n’allait quand même pas passez son temps à surveiller son esprit et à lire ce qui ne le regardait pas spécialement.
« Il est préférable de ne pas se morfondre sur une telle situation, si tout s’est bien terminé. »
Charles était d’un naturel optimiste, il avait envie de croire que les choses pouvaient bien se dérouler, qu’il valait mieux voir les choses du bon côté, quand bien même ce n’était pas toujours évident. Pietro Maximoff n’était pas mort et il avait eu de la chance pour le coup, que sa sœur soit capable de faire de telles choses (ce qui ne manquait pas de prouver à Charles qu’elle était une mutante particulièrement puissante, ce qu’il avait senti depuis le début, depuis la première fois qu’il l’avait croisé). De son côté, en tout cas, il considérait qu’il valait mieux prendre les choses dans le « bon » sens. Pietro était vivant, c’était quand même une bonne chose et sa sœur n’avait donc pas perdu son frère (et il savait quand même que leur relation était quand même importante). Tout comme, de son côté, Charles était vivant, dans un corps bien différent mais en même temps il était quand même vivant. Il n’avait aucune idée, pour le moment, de ce qu’il allait réellement faire de sa vie, dans les prochains jours, semaines et mois, mais cela n’enlevait pas le fait qu’il avait de la « chance » d’être en vie. Même si la chance se provoquait évidemment, ce qu’il avait fait en prévoyant ses arrières et ce que Wanda avait pu faire sans le réaliser avant.
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W
anda, à l'inverse de Charles, n'avait rien d'une incorrigible optimiste. Bien au contraire, même, les circonstances auraient plutôt eu tendance à la rendre plus pessimiste qu'autre chose. Il faut dire que des décisions difficiles et délicates, la mutantes en avait vécu en surnombre depuis sa naissance, et certains épisodes ne lui avaient pas spécialement donné foi en l'existence et en la nature humaine. Ce n'était pas pour rien, après tout, si la jeune femme avait rejoint la Confrérie des mauvais mutants. Certes, elle avait une dette envers Magnéto, mais il n'avait pas été nécessaire de lui forcer la main, pas du tout, même, elle avait agi par conviction, avant que la Confrérie en général et Raven en particulier ne manquent de lui voler son frère jumeau, ce qui avait tout remis en question. Oui, vraiment, l'optimisme n'était pas du tout le fort de la jeune femme, et ce n'étaient vraiment pas les propos de son interlocuteur qui allaient lui faire penser différemment, même si elle pouvait bien être d'accord, quelque part (en même temps, difficile de ne pas être d'accord avec Charles, c'était un homme très sage, après tout). Oui, se morfondre était inutile, tout s'était plus ou moins bien fini. Mais cela n'empêchait pas la mutante d'avoir de réelles craintes pour l'avenir. Parce qu'elle voyait la relation entre Pietro et Raven d'un mauvais oeil, cela va sans dire, mais pas uniquement. Ce n'était pas parce que la tête de Pietro n'était plus mise à prix qu'elle devait être sereine, elle préférait ne pas baisser sa vigilance, ne serait-ce que parce qu'elle aurait trop peur d'avoir des regrets ensuite. Tant pis si ça la rendait trop inquiète ou rigide, si elle passait à côté de moments plus agréables ou détendus, tant que Pietro était en sécurité, c'était tout ce qui comptait.
-Vous avez sûrement raison, affirma-t-elle tout en ne cachant pas totalement son scepticisme. Elle ne voulait pas donner la désagréable impression d'être insupportablement négative, mais on ne se refait pas, en même temps, bien au contraire, même. Le pire est passé, je suppose. Pour lui comme pour elle, en l'occurrence, car les circonstances ne les avaient clairement pas ménagés ces temps derniers, bien au contraire, même. Elle afficha un fin sourire. Elle ne savait que dire, et en même temps, elle aurait sans doute beaucoup de choses à dire, parce que l'homme qui semblait à présent bien plus jeune qu'il ne l'était vraiment comptait beaucoup, plus qu'elle n'aurait pu le soupçonner et en dépit de leurs divergences de camps et d'opinions. Mais bon, ce qu'il pouvait peut-être décrypter en s'immisçant dans ses pensées, elle n'était pas capable de le formuler. Au final, tout était sans doute dit. Vous devez encore avoir beaucoup de choses à faire, et moi aussi, je vais vous laisser.
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Dim 11 Juin - 17:18
