Je ne pensais pas qu’il me serait si difficile de revoir les miens. Mettre les pieds sur Terra fut un jeu d’enfant, mon vaisseau de secours caché dans une forêt proche, mais c’est après que ça s’est compliqué. J’ai quand même passé une journée entière, planquée dans un buisson près de la maison de mon frère à attendre que le courage d’aller frapper à la porte vienne. Ce jour-là, il n’est pas venu et je ne sais pas s’il viendra un jour.
En attendant, j’en ai profité pour aller rendre visite à d’autres personnes m’étant chères, des amis de longue date qui, tout comme Owen, pensaient que je n’étais plus de ce monde. C’est sans doute égoïste de ma part d’avoir été voir ces amis et pas mon frère, mais c’est plus facile ainsi. Et peut-être que cette première petite victoire réussira à me donner suffisamment de courage pour enfin frapper à la porte des Starfall.
Visiter ma propre tombe a aussi été une expérience particulièrement étrange, le genre d’expérience que je ne pensais jamais vivre, presque surréelle, comme si je me trouvais dans un film ou dans un rêve. J’ai hésité à laisser des fleurs sur ma propre tombe, mais ce serait particulièrement ironique et Owen n’aurait aucun moyen de savoir que c’est moi. Et même si je lui laisse un mot, il ne croirait pas que c’est moi. Comment le pourrait-il ? Cela fait dix ans que j’ai disparus de la surface de la Terre, rares sont les personnes pouvant se cacher aussi longtemps. Surtout que ce n’est pas comme si j’avais voulu disparaître, j’aime mon frère et sa famille, qui aujourd’hui compte deux têtes de plus, une petite fille d’environ sept ans et un garçon de probablement trois. Voir mon neveu et ma nièce serait est un bon motivateur, mais je n’ai pas encore trouvé le courage.
Alors en attendant de le trouve, j’ai décidé de rendre visite à un autre ami de longue date, mais celui-ci beaucoup plus proche professionnellement. Un camarade Ravageur, même si les fois où nous nous sommes vus se comptent sur les doigts d’une seule main. Mais bon, quand on est des gamins chez les Ravageurs (et oui, à l’âge de vingt ans j’étais encore une gamine), on se repère les uns les autres.
Trouver le vaisseau des Gardiens de la Galaxie ne fut pas facile, mais avec un peu de bidouillage et de recherches, j’ai réussi à déterminer un périmètre où ils pourraient se trouver, sans oublier qu’ils ont récemment été aperçus à New York. C’est donc avec une bouteille de whisky dans mon sac que je me promène dans la forêt, fouillant les lieux, hectare après hectare jusqu’à trouver le Milano. Je m’approche des portes cargos et frappe plusieurs coups légers avant de reculer de quelques mètres afin d’être visible depuis le cockpit. Je ne sais même pas s’ils se trouvent à bord, mais qui ne tente rien n’a rien.
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n y revient toujours, à cette bonne vieille planète Terre. Peter avait des scrupules à avoir ainsi demandé d'y retourner une fois encore, mais depuis qu'il avait remis les pieds sur sa planète natale la première fois, il avait compris qu'il avait refoulé beaucoup de choses après son enlèvement. Il s'était convaincu que ça n'avait plus d'importance, qu'il pouvait vivre sans jamais connaître la réponse à ses interrogations... mais ce n'était pas le cas. Il avait envie d'obtenir les réponses que Yondu et les ravageurs ne lui avaient jamais accordées, que sa mère n'était plus là pour lui donner.
Il voulait comprendre qui il était, qui était son père, surtout, et tant que ce ne serait pas fait, peu importe le nombre de leurs errances dans la galaxie, le nombre de missions qu'ils accompliraient, il voudrait sans cesse refaire escale où il se trouvait présentement. Comme une nécessité absolue. Même si ce n'était pas franchement stratégique ou utile sur bien des points (la Terre avait son quota de justiciers, les gardiens avaient un périmètre bien plus large à couvrir ailleurs), et même dangereux (notamment concernant les hommes qui s'en étaient pris à Groot et seraient sans doute ravis de réitérer si l'occasion pouvait se présenter), mais tant pis, les autres avaient compris, accepté même semble-t-il, et ils étaeint là, de retour une fois de plus.
Ils avaient atterri il y a peu de temps, le reste de la joyeuse équipe était en mission de reconnaissance afin de s'assurer que leur port d'attache était sans risque. Lui, il passait son précieux vaisseau au crible, son Awesome mix vol. 1 emplissant l'espace, quand il entendit frapper à la porte de son vaisseau. Bon, les intrus n'avaient pas mis longtemps à leur tomber dessus. Sur ses gardes, Peter alla ouvrir. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne s'était pas attendu à qui il trouva de l'autre côté de la porte.
-Arena ? Il l'observa de haut en bas, comme pour être sûr qu'il s'agissait bien d'elle, mais de toute évidence, c'était le cas. Arena appartenait à son passé de ravageur. Il était... singulier de constater qu'elle trouvait encore une incidence dans son présent. Qu'est-ce que tu fais ici ?
Ici, sur Terre, ici, devant la porte de son vaisseau. Les questions étaient nombreuses.
Il ne me faut pas attendre longtemps avant que les portes cargos du Milano s’ouvrent et qu’apparaisse Peter. Je le reconnais sans peine, même si cela fait bien des années que nous ne nous sommes pas vus et que je n’ai pas pris la peine de vérifier sa tête dans les récents rapports Ravageurs. Que c’est d’ailleurs au travers de ces rapports et du bouche à oreille que j’ai appris que Peter est devenu un Gardien de la Galaxie. Forcément, quand l’un des nôtres, même s’il n’est plus vraiment des nôtres, sauve une planète, surtout la mienne, on en entend parler.
Je suis contente qu’il me reconnaisse soit dit en passant, je n’étais pas sûre quelle tenue adopter. Mon uniforme de Ravageuse ou bien une tenue de civile ? Mais en sachant que j’ai un certain trajet à faire à pied dans cette forêt et que je viens quand même de New York, j’ai opté pour le civil, le classique veste de cuir, jean et bottines. Souriant, je plonge la main dans mon sac et en sors la bouteille de whiskey que je secoue au soleil, le liquide ambré s’écrasant sur les parois du verre épais telles des vagues.
« Je suis temporairement sur Terre pour régler quelques affaires et j’ai entendu que tu étais dans le coin. Du coup je me suis dis que ce serait sympa de se revoir et de rattraper le temps perdu. » Je souris encore plus, me remémorant notre dernière visite. « On s’est vu quand la dernière fois ? Il y a facile cinq ans non ? » À l’époque, je n’étais ni capitaine, ni même lieutenant et j’avais suivi Steel à la réunion annuelle des capitaines simplement parce qu’il m’a forcée. Je devais encore rembourser la dette de mon père à l’époque et j’avais même prévu de faire de cette rencontre un enfer pour Steel. Mais au final, ce ne fut pas si mal, puisque j’ai pu discuter avec Peter et notre âge a probablement joué beaucoup sur notre conversation. Aussi, le fait que nous étions tous les deux de Terra.
« C’est du whiskey d’excellente qualité, ce serait con que tu rates ça » j’ajoute en secouant davantage la bouteille, un sourire dorénavant taquin sur les lèvres. « Et ne t’en fais pas, je suis seule sur Terre, mes gars sont dans l’espace en mission, et c’est moi qui doit les rejoindre quand je le souhaite, pas eux. » Histoire de le mettre à l’aise pour qu’il sache qu’on est vraiment seuls. Je ne sais pas son point de vue sur les Ravageurs depuis qu’il est devenu un Gardien de la Galaxie, c’est pourquoi je préfère préciser. « Et les seules armes que j’ai sur moi sont celles que tu vois, plus une petite dizaine de lames cachées. » Autant faire patte blanche.
Je lance alors un regard derrière lui, vers l’intérieur du Milano. « Si c’est pas le bon moment, je peux revenir un autre jour, si je vous dérange. » Parce qu’en soit, ils pourraient être occupés à faire quelque chose d’important et moi je débarque comme ça, à l’improviste. M’enfin, avec moi ça a toujours été ainsi.
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pparemment, Arena n'est pas venue seule, une bouteille de liquide ambrée était là, en sa compagnie. La jeune femme savait comment faire passer toutes seules les visites à l'improviste. Bouteille ou pas, Peter ne l'aurait pas foutu dehors, bien sûr, il était beaucoup trop curieux de savoir ce qu'elle était devenue et ce qu'elle faisait là exactement, mais il devait bien reconnaître que la perspective de boire en plus un verre qu'il n'aurait pas payé en sa compagnie ajoutait au plaisir qu'il prenait à passer du temps avec elle.
Arena était donc sur Terre pour réfler quelques affaires qu'elle ne détailla pas pour autant. Peter n'allait sans doute pas demander le détail des affaires en question, à moins que la conversation ne l'y incite, lui-même n'avait pas forcément l'intention de s'épancher sur les raisons de sa propre présence. le fait est qu'ils se trouvaient actuellement sur la même planète, et c'était un prétexte suffisant pour se taper la causette et rattraper le temps perdu...
Et il y avait de quoi faire car, effectivement, voilà des années qu'ils ne s'étaient pas vus. Cinq ans, ça devait être à peu près ça, effectivement. Mais on aurait bien pu affirmer à Peter que dix ans s'étaient écoulés qu'il n'aurait pas bronché pour autant, à vrai dire. Il avait l'impression que le temps qu'il avait passé auprès de Yondu et des ravageurs appartenait à une autre vie. Il y avait clairement un avant et un après sa rencontre avec Gamora, Groot, Rocket et Drax, et à ce jour, il n'aurait vraiment pas la moindre envie de revenir en arrière, il en était même hors de question.
-Non, je t'en prie, entre, tu es la bienvenue.
Après cinq ans, il n'était pas forcément prudent de la faire entrer dans le Milano, même si elle lui promettait ne pas être malintentionnée. Il ne pouvait absolument pas être sûr des intentions de son interlocutrice, et il n'avait pas forcément la cote auprès des ravageurs à l'heure actuelle. Ceci dit, il ne lui estimait pas d'intentions hostiles, et dans le cas contraire, il improviserait. Il l'invita donc à entrer.
-Fais comme chez toi, dit-il tout en leur cherchant des verres. Enfin, pas trop quand même, précisa-t-il ensuite en posant les deux verres devant eux, laissant à Arena le soin de les remplir. Alors, quoi de neuf depuis tout ce temps ?
Revoir le Milano est étrange en soit, car la dernière fois que je l’ai vu, il appartenait à la flotte de Yondu et figurait parmi ses meilleurs vaisseaux. Je ne sais pas comment Peter l’a obtenu, mais cela ne m’étonne pas en soit, vu ses compétences de pilote et cela ne me regarde en rien. Je le suis donc à l’intérieur, entrant pour la première fois. Je pourrais faire un commentaire sur l’état parfois à désirer de certaines salles que nous passons, mais j’habite en permanence avec une trentaine d’hommes toutes races confondues. Le Milano brille de propreté par rapport à la Tulipe le lendemain d’un jour de paie et même si en général je n’ai pas trop de difficulté à inculquer de nouvelles règles à mon équipage, la propreté c’est toujours une guerre.
« Sympa les petites touches de décoration » car oui, je reconnais là l’amour de Peter pour toutes les choses qui viennent de Terra et son appareil à musique ne m’échappe pas. J’étais plus vieille que lui quand j’ai quitté la Terre, mais un amour inconditionnel pour la musique, la danse et la pop culture c’est quelque chose que nous partageons.
Je m’assois en face de lui et entreprend de remplir les deux verres quand il me les présente, lâchant mon sac à mes pieds sans lui prêter plus attention. Je le sens bien qu’il ne me fait pas confiance, mais je ne suis vraiment pas venu le piéger. Et lorsqu’il me demande ce qu’il y a de nouveau dans ma vie, je ne sais pas vraiment par quoi commencer. Alors je prends déjà une gorgée de whiskey, lui prouvant par la même occasion que la boisson n’est pas empoisonnée.
« Steel est mort il y a trois ans et je suis passée de lieutenant à capitaine. » C’est brutal comme entrée en matière, mais c’est la vérité et je n’ai pas pour habitude de faire dans la dentelle, pas avec un ancien camarade. « Depuis, j’ai écrasé trois mutineries, réduisant mon équipage à une petite trentaine. C’est pas plus mal, ça fait moins de testostérone à bord. » J’en ris puisque depuis que je suis devenue capitaine j’ai engagé quelques femmes dans mon équipage, mais la parité est loin d’être acquise. Avec une nouvelle mutinerie, et une viendra j’en suis certaine, car je suis loin d’être la capitaine Ravageuse la plus cruelle de la galaxie, peut-être que les quotas seront un peu plus équilibrés.
« Et depuis, on s’amuse. » Je reprends une gorgée, laissant la bouteille entre nous et jetant un regard aux alentours. « On dirait que Gardien de la Galaxie ça te réussit. T’as bonne mine. » Puis, j’ajoute avec un sourire « Gardien de la Galaxie, c’est vachement pompeux comme titre. Ça m’étonne tellement pas de toi, ça ! »
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eter répondit par un simple sourire amusé quand son interlocutrice commenta les touches de décorations de son vaisseau. Il pourrait le prendre pour une réflexion toute sarcastique, mais il la pensait sincère. Ils avaient plus d'un point commun, tous les deux, l'amour pour la pop culture terrienne en faisait partie, elle était sans doute l'une des rares personnes de toute la galaxie, d'ailleurs, à pouvoir vraiment apprécier à sa juste mesure la façon dont il avait pris soin de son précieux Milano (qui de son point de vue était propre comme un sou neuf - il faisait vraiment des efforts, je vous jure).
Une fois qu'ils furent convenablement installés et leurs verres remplis et prêts à consommer, Arena la tint au courant des derniers événements qui avaient ponctué son existence, qui avait sans doute été très mouvementée, elle aussi (peut-être pas autant que la sienne mais bon - disons que ce n'était pas forcément un concours). La mort de Steel laissa Peter de marbre, en revanche, il ne fut pas réellement surpris d'apprendre qu'Arena était devenue capitaine. Elle était taillée pour ce genre de poste, autant dire que c'était dans l'ordre des choses, au final. Elle avait la poigne, l'autorité et les aptitudes. Il n'était pas étonné non plus d'entendre qu'elle avait déjà écrasé trois tentatives de mutinerie... chez les ravageurs, c'était un peu monnaie courante, l'air de rien. Dans tous les cas, elle était bien établi, s'était faite une place et un nom. C'était assez impressionnant, l'air de rien.
-Il ne faut pas confondre pompeux et excessivement classe, répondit Peter d'un ton détendu en avalant une gorgée de son verre quand son interlocutrice commenta le nom sous lequel lui et son... étrange famille recomposée... étaient aujourd'hui connu. De toute évidence, c'était un nom qui se retenait. Et puis, Peter avait toujours eu le sens de l'emphase. C'est vrai que Star-Lord, ça ne transpirait pas l'humilité. En attendant, tu as entendu parler de nous, ça doit vouloir dire qu'on fait bien notre boulot. Il marqua une pause. Et donc, tu as des nouvelles de... certains de nos amis communs ?
"Amis" n'était sûrement pas un terme qui convenait réellement encore (s'il avait un jour convenu) pour évoquer les ravageurs sous l'aile desquels Peter avait grandi et s'était formé, mais peu importe. Il n'avait su empêcher cette question de franchir le seuil de ses lèvres. Et par "amis communs", il pensait à Yondu, surtout...
En entendant Peter se vanter de sa classe légendaire comme lui seul en est capable, je soulève mon verre « Amen » avant d’en boire une bonne moitié tout en reculant dans mon siège, me mettant à l’aise. Et je suis curieuse d’en savoir plus sur ses activités, par pure curiosité, parce que ce que j’ai entendu ce ne sont que des bribes, des phrase du style « Les Gardiens ont battu Ronan », etc. Ce qui me fait penser.
« Avant que j’oublie, merci d’avoir botté les fesses de Ronan, je t’en dois une pour avoir sauvé Xandar. » Peut-être qu’il ne le sait pas, mais je suis à moitié Xandarienne et je n’arrive pas à me souvenir si c’est un sujet qu’on a déjà abordés tous les deux il y a toutes ces années. Peut-être pas. Je verrais bien en jaugeant sa réaction.
Mais en attendant, des histoires plus pressantes resurgissent et je ne peux m’empêcher de le taquiner un peu. « Pourquoi tu veux savoir ? T’as peur que Yondu vienne te rendre une petite visite imprévue ? » Je ris dans mon verre avant de le finir d’un coup sec, laissant Peter mariner le temps de m’en servir un nouveau. « Je sais le principal, c’est-à-dire ce que chacun planifie dans les grandes lignes, les missions qu’ils font, où ils foutent le bordel. Du moins, pour les équipages principaux et celui de Yondu en fait partie. » Nouvelle gorgée de whiskey.
« La dernière fois que je l’ai vu, c’était l’année dernière, on s’est croisé à Knowhere. Il m’a fait un simple hochement de tête en guise de salut, a grogné quelque chose et est parti. Yondu et moi on n’a jamais vraiment été potes, tu le sais. Il s’entendait particulièrement bien avec Steel, mais depuis que je suis devenue capitaine, il s’en fout de mon équipage. Tant que je ne le fais pas chier. Il est plus préoccupé à lécher les bottes de Stakkar que te chercher. » À moins qu’il n’aie un agent secret dont je n’ai pas connaissance, mais cela ne me concerne pas. « Aux dernières nouvelles, il ne sait même pas que je suis actuellement sur Terra, parce que les seuls à le savoir sont mes hommes. Bon, et toi maintenant. »
Je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi il m’a posé cette question. « C’est pour ça que tu te caches sur Terre ? Parce que tu as quitté les Ravageurs sur de mauvais termes ? » Après il fait bien ce qu’il veut, cela ne me regarde en rien. Je ne devrais pas le juger, après tout, je suis en train de me cacher aussi, parce que je n’ai pas trouvé le courage de dire à mon frère que, youhou, en fait, ça fait dix ans mais je suis bel et bien encore en vie.
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eter afficha un sourire qui pourrait presque vouloir dire "Ce n'est rien" quand son interlocutrice le remercia d'avoir sauvé Xandar (rien que ça) avant de boire une nouvelle gorgée de son verre. Non, ce n'était pas rien, et d'ailleurs, ils avaient bien failli y passer, tous autant qu'ils étaient (ils s'étaient même imaginé que Groot y était passé pour de bon d'ailleurs), mais l'avantage de ce "petit" exploit, c'est que Peter n'avait même plus besoin de s'en vanter, c'était un fait largement connu, et lui pouvait se contenter de récolter les lauriers avec une feinte nonchalance. Ceci dit, l'épisode xandarien lui paraissait assez lointain pour tout dire, quand bien même il restait relativement récent, en réalité. Son quotidien avait été si... mouvementé depuis que cette situation se tenait en tête d'une liste à présent bien fournie qui laissait entendre à ceux qui avaient pu avoir des doutes (et il y avait sans doute de quoi), que l'apparente bande de bras cassés n'avait pas volé son titre de gardiens de la galaxie.
Peter se donna des airs indifférents quand Arena suggéra qu'il voulait peut-être avoir des nouvelles des ravageurs pour s'assurer qu'il n'avait pas Yondu aux trousses. C'était un bon prétexte, mais ce n'était pas la vérité. Si Yondu avait voulu les retrouver, leurs chemins se seraient déjà recroisés, Peter en était convaincu... surtout après l'ultime pied-de-nez qu'il s'était permis de lui adresser avant de prendre la tangeante. La vraie raison était différente. Une raison qu'il n'admettrait pas forcément, parce qu'elle n'était en fait pas simple à admettre. Mais dans le fond, c'était un fait très simple : il voulait seulement des nouvelles de l'homme qui l'avait élevé.
Dans tous les cas, elle n'avait pas grand-chose à lui apprendre, et il allait donc s'en contenter et garder sa frustration pour lui. C'était assez contradictoire de vouloir revoir Yondu alors que leurs retrouvailles devaient techniquement mal se passer, mais il prendrait son mal en patience. Il ne pensait pas que leurs chemins s'étaient séparés pour de bon, même s'il ne savait pas trop dans quelles circonstances ils se recroiseraient.
-Je ne me cache pas, répondit Peter comme s'il était terriblement offensé par cette supposition. Ou alors je me cacherais très mal, vu la facilité que tu as eu à me retrouver, ajouta-t-il simplement. D'ailleurs, pourquoi t'es là ? C'est quoi les affaires que tu dois régler ?
Ou comment éviter de répondre à cette même question en l'adressant à son interlocutrice.
Je ne peux m’empêcher de sourire quand Peter mentionna ma capacité à le trouver. « Que veux-tu, j’ai été formée, malheureusement, par les pirates les plus mesquins et égoïstes de la galaxie. Je sais trouver ceux que je cherche. » Mais je n’en dis pas plus, décidant de prendre une gorgée de whiskey à la place. Parce que continuer sur ma lancée va faire ressurgir des souvenirs auquel ni Peter ni moi n’avons sans doute envie de penser. Car, même si nous ne sommes pas devenus des Ravageurs en ayant le même âge (et je ne peux imaginer ce que ça a du être pour lui), aucun de nous deux n’était consentant. Sans oublier le fait qu’on a du servir de larbin aux Ravageurs, Yondu n’étant pas mieux que Steel.
« Au cas où tu l’aurais oublié, je suis à moitié humaine. À moitié seulement, mais quand même. J’ai bien vécu une dizaine d’années sur cette planète. » Mais maintenant que j’y pense, peut-être que Peter n’est même pas au courant de mes origines. « Attends, juste histoire qu’on soit sur la même page : tu es au courant que je suis à moitié humaine et à moitié Xandarienne ? » Non, mais parce qu’il faut quand même commencer par là.
« J’ai encore de la famille ici. Ma belle-mère ne compte pas, mais mon demi-frère, Owen, si. » Je souris en repensant à sa famille, à ses enfants, qui sont théoriquement mes neveux et nièces maintenant que j’y pense. Ma belle-mère ne fait pas partie de ma famille puisqu’elle ne m’a jamais voulu et maintenant je comprends par quoi elle est passée. « Je l’ai vu l’autre jour, dans son jardin avec sa famille. Figure-toi que j’ai un neveu et une nièce, pas plus hauts que ça ! » Je lève la main, paume horizontale et tournée vers le bas. « Et je ne connais même pas leurs prénoms, leurs dates d’anniversaire, que dalle… »
Le whiskey franchit de plus en plus fréquemment mes lèvres à partir de maintenant. « Je les observais, mais je n’ai pas trouvé le courage de leur parler, de manifester ma présence. ‘Tain, on aurait dit un stalker ! » J’en ris, parce qu’il vaut mieux ça plutôt qu’en pleurer. « Cela fait dix ans que je suis portée disparu. Figure-toi que j’ai trouvé une tombe à mon nom dans le cimetière de la ville où habite mon frère, où j’habitais avant. »
Je soupire en ricanant légèrement, comme si cela ne m’atteignait pas, comme si je n’en avais rien à faire. « Ils pensent que je suis morte depuis une décennie, Peter. Et je ne sais pas si je devrais revenir dans leurs vies en sachant que je ne vais pas rester sur Terre. Et d’ailleurs comment leur expliquer ce qui m’est arrivé ? »
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eter se contenta d'adresser à son interlocutrice un sourire de connivence quand cette dernière observa qu'elle avait été formée par les meilleurs pirates (en matière de mesquinerie et d'égoïsme de la galaxie)... Il savait évidemment de quoi elle parlait, ils avaient été logés à la même enseigne, tous les deux... Ils avaient tous deux subi leur destin, même s'ils l'avaient en définitive pris en main de façon plutôt efficace par la suite. Un point commun parmi tant d'autres.
Elle lui rappela donc qu'elle était à moitié humaine... Oui, il le savait, ils avaient déjà dû en parler par le passé. En même temps, leurs apparences respectives le laissaient présumer. Encore un point commun. Tous deux étaient à moitié humains. Mais pour lui, ça ne justifiait pas forcément sa présence sur Terre, d'autant qu'elle avait parlé d'affaires à régler, pas de familles à visiter. Il est vrai que le fait que lui-même n'ait aucune famille proche à visiter n'aidait pas non plus... Oh, il se doutait bien qu'il devait y avoir encore de sa famille quelque part sur Terre, mais personne qu'il n'ait envie de revoir. Il avait perdu sa mère. Le reste, en comparaison, n'avait pas l'ombre de la moindre importance. Au moins, c'était une faveur que lui avaient fait les ravageurs sans forcément même le savoir. Ils avaient attendu qu'il puisse dire adieu à sa mère avant de l'enlever.
Arena avait donc observé sa famille à distance, constaté qu'elle avait neveu et nièce dont elle ne savait pas le nom... il ne pouvait qu'imaginer à quel point ce genre de situation devait être douloureuse et compliquée. Apparemment, il y avait une tombe à son nom... Peter n'avait jamais eu le courage de vérifier pour sa part... Au fond... il devait en être de même pour lui, quelque part.
-Si ça te travaille autant, c'est qu'il faut vraiment que t'ailles leur parler, répondit Peter, sans savoir pour autant s'il était vraiment du meilleur conseil auprès de son interlocutrice... mais en même temps, il ne pouvait que prétendre se mettre à sa place, pas y parvenir réellement. Si t'as pas envie de leur dire la vérité, t'as qu'à inventer un mensonge, je suis sûre que tu es très douée pour créer des bobards.
Si Peter n’avait pas raison, je me serais limite sentie insultée qu’il dise que je dois être douée pour inventer des mensonges. Soyons honnêtes, c’est pas le truc le plus sympa à dire, surtout que j’ai frappé pour moins que ça. Mais c’est aussi la stricte vérité, je sais mentir, je vais encore mentir dans ma vie et j’ai presque envie de dire que le travail l’exige parfois. Rien que pour protéger mes proches si j’en viens à trouver le courage de leur parler, mentir sera essentiel. De plus, on dit bien qu’il n’y a que la vérité qui blesse, ce qui est littéralement le cas dans cette situation.
Alors pour toute réponse, je commence par sourire, puis je soulève mon verre « Je peux boire à ça ! » avant de prendre une grande gorgée, l’alcool ne titillant plus que légèrement le fond de ma gorge à force d’en ingurgiter en si peu de temps (et durant toutes les années précédentes, soyons honnêtes aussi les Ravageurs sont loin d’être des enfants de cœur respectant l’abstinence comme la Vierge).
« Le truc, c’est que t’as raison. Je meurs presque d’envie de les voir. Owen est littéralement la seule famille qu’il me reste et il a été mon ancre durant des années, quand ma belle-mère ne pouvait pas me voir en tableau parce que je lui rappelais tout le temps que son mari l’avait trompé. » J’en ris maintenant, mais j’avoue que je ne sais pas ce que j’aurai fait à sa place. Parce que mine de rien, ce n’est pas étonnant qu’elle ne m’ait jamais aimé et, même si je lui en voulais pour ça étant gamine, je la comprends aujourd’hui.
« Déjà rien que pour leur dire que non, je ne suis pas encore en train de bouffer les pissenlits par la racine. C’est juste que j’ai peur de leur réaction. Ça fait dix ans, Peter. Dix ans que j’ai disparu alors que j’allais à une répétition pour un ballet ! Oui, ne me regarde pas comme ça, j’ai fait de la danse à l’époque. » C’était il y a bien longtemps. « Un autre truc que nous avons en commun » je lance en lui faisant un clin d’œil.
« Mais Owen et Stéphanie venaient de se marier et pouf, le lendemain : plus d’Arena. Je n’imagine même pas ce que ça doit être pour eux de croire que je suis morte depuis tout ce temps, de ne toujours pas savoir ce qui m’est arrivé, comment, pourquoi. Parce qu’il n’y a pas de corps sous cette tombe, ils ont littéralement enterré un cercueil vide. » Et je n’y peux rien s’il y a de la rancœur dans ma voix, parce que j’aurai bien voulu leur dire que je suis encore en vie, j’aurai bien voulu ruiner cet enterrement en faisant une entrée dramatique et grandiose. Mais j’étais coincée sur un vaisseau Ravageur en train de récurer le pont avec des chaussettes sales parce qu’il était hors de question qu’on dépense des crédits sur quelque chose d’aussi con qu’une serpillère.
« Mais tu as raison. Je vais aller les voir. »
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eter ne s'imaginait pas le moins du monde vexer son interlocutrice quand il affirma que cette dernière devait disposer d'un certain talent pour le mensonge. Pour lui, ce genre de réflexion relevait plus du compliment que de l'insulte, d'autant que lui-même n'était pas le dernier à mentir (avec plus ou moins de succès) quand il le fallait. Après tout, ils étaient (ou avait été dans le cas de Peter) des ravageurs, ce n'est pas comme si on attendait de leur part la plus totale des honnêtetés.
Même si, entre eux, ils pouvaient tout de même se permettre de l'être effectivement, et c'était pour cette raison que le jeune homme se permettait de parler si franchement à son interlocutrice. Si quelqu'un pouvait être susceptible de comprendre ce qu'elle traversait, c'était bien lui, et il devinait assez bien à quels dilemmes elle se voyait confrontés, même s'il ne pourrait prétendre avoir un jour été à sa place, ni devoir l'être à aucun moment par ailleurs. Dans tous les cas, et même si ça devait être dur pour elle, autant que pour sa famille, il continuait de penser que le mieux à faire était d'agir... en même temps, c'était le truc de Peter, ça, il avait plus de facilité à agir qu'à rester passif, quand l'inaction pourrait pourtant être la solution. Rien ne disait donc qu'il adoptait vraiment la bonne méthode, mais ça restait celle qu'il choisissait de soumettre à son interlocutrice quoi qu'il en soit, et dans le fond, il savait qu'il ne faisait jamais que lui dire ce qu'elle avait besoin d'entendre, pour se mettre un gros coup de pied au derrière et faire tout simplement ce qui devait être fait...
-J'ai toujours raison, répondit Peter, presque comme une réflexe, la réponse obligée qu'il ressortait à chaque fois qu'on suggérait qu'il avait raison ou potentiellement dit quelque chose d'un tant soit peu intelligent. Je suppose qu'il doit y avoir une tombe vide à mon nom quelque part aussi, observa-t-il après un instant.
C'était le genre de réflexions sur lesquelles il avait refusé de se focaliser, mais c'était après tout plus que probable. Il avait disparu une bonne éternité. Ce qu'il lui restait de famille avait dû en tirer les conclusions nécessaires... mais il n'était pas certain de vouloir creuser plus loin. Sans mauvais jeu de mots.
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Sam 23 Mar - 12:19
Je ne pensais pas qu’il me serait si difficile de revoir les miens. Mettre les pieds sur Terra fut un jeu d’enfant, mon vaisseau de secours caché dans une forêt proche, mais c’est après que ça s’est compliqué. J’ai quand même passé une journée entière, planquée dans un buisson près de la maison de mon frère à attendre que le courage d’aller frapper à la porte vienne. Ce jour-là, il n’est pas venu et je ne sais pas s’il viendra un jour.
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