J’ai à peine le temps de déposer mon sac de voyage sur mon lit que mon téléphone sonne. C’est Ross. Soit disant Fury veut me voir. Ce n’est pas la première fois. Après quelques phrases brèves servant uniquement à m’indiquer l’heure et le lieu du rendez-vous, ainsi qu’une confirmation de ma part que j’y serais, je raccroche. Fury souhaite sans doute que je lui fasse mon rapport personnellement. Après tout, il est particulièrement investi en ce qui concerne l’Initiative Avengers, l’ayant lui-même fondée toutes ces années auparavant et c’est justement d’une mission avec eux que je viens de rentrer.
Un coup d’œil à l’horloge et je saute sous la douche, n’ayant qu’une heure à peine pour me préparer avant le rendez-vous. Ne vous méprenez pas, je suis tout à fait capable de traîner dans les endroits les plus sales du monde si la mission l’exige, mon regard de non lavage et de portage de vêtements boueux, souillés de sang et troués étant deux semaines à la suite. C’est pourquoi je suis particulièrement capable d’apprécier le simple plaisir que peut procurer une bonne douche chaude et du savon.
Après avoir nourri mon chat et mis des vêtements de civile sur le dos, j’embarque dans ma Corvette en direction de Washington, Fury m’ayant donné rendez-vous dans son bureau, comme d’habitude. Depuis le temps, je connais le chemin et plus personne ne m’arrête lorsque je passe les différents points de passage, montrant mon badge seulement quand c’est nécessaire jusqu’à enfin arriver à sa porte. Je frappe trois coups secs, attends l’autorisation d’entrer et pousse enfin la porte.
Son bureau n’a pas changé en quelques semaines et cela ne m’étonne pas de Fury, le gars est un sentimental quand il s’agit de sa décoration. Mais bon, c’est son bureau, il en fait bien ce qu’il veut. Je m’avance jusqu’au meuble central, les bras croisés derrière le dos, faisant un tour rapide du regard pour percevoir s’il n’y a pas eu effectivement des changements que j’aurai tout simplement raté.
« Vous souhaitiez me voir ? » je demande simplement par pure courtoisie puisque je sais que c’est le cas, Ross ne m’aurait pas appelée pour rien. Pourtant, au téléphone il n’a rien dit sur la nature de cette visite et j’attends donc que Fury m’en parle, gardant le silence en attendant et laissant mon regard dériver occasionnellement, observant et espionnant la moindre chose tout en restant discrète comme j’ai si bien l’habitude de le faire. Déformation professionnelle, que voulez-vous ?
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Les choses s’accéléraient grandement. Du moins, c’est l’impression qu’avait Nick. Le dirigeant du SHIELD devait être sur tous les fronts en même temps, ce qui n’était pas simple, mais il avait l’habitude. Et il ne choisissait jamais la simplicité, il choisissait le résultat, et la réussite totale. Il devait donc se donner les moyens d’y parvenir, ce qu’il faisait. Fury mettait toute sa vie dans le SHIELD, si bien qu’il n’avait même pas de vie privée, sa vie était le SHIELD. Et il faisait donc tout pour que les choses aillent comme elles le devaient, et qu’ils arrivent à accomplir brillamment leurs missions, et surtout la principale, protéger les civils.
C’était ce qui importait le plus, et Fury savait que ses agents étaient du même avis. Ils ne seraient pas là sinon, c’était ce qu’il se disait. Et c’était la stricte vérité, chaque agent engagé savait pertinemment ce qui l’attendait, et ce pourquoi il était engagé. Surtout pour les agents de terrain qui encouraient des risques plus ou moins importants en fonction de ce qu’ils avaient à faire. Même si depuis quelques temps, c’était surtout les Avengers qui courraient le plus de risque, puisqu’ils étaient en premier plan face aux dangers.
Et d’ailleurs, il savait qu’ils revenaient tout juste de mission. Mission qui s’était bien passée espérait Fury. Mais pour en avoir le cœur net, il fallait encore qu’il rencontre l’équipe. Mais à force de travailler avec eux, il savait qu’ils n’étaient pas tous dociles. Ceux qui l’étaient, se faisaient même plutôt rare, et Fury n’avait pas envie de se battre avec eux pour aujourd’hui, il avait donc demandé à Everett de convoquer seulement la Veuve Noire.
Il avait l’habitude de travailler avec Natasha, et il savait qu’elle avait l’habitude des rapports, et de toutes ces obligations administratives. Ce serait vite et bien fait avec elle, et c’est ce qu’il attendait. Il y avait tellement de choses à faire qu’il ne pouvait pas se permettre les jérémiades et les râles. Il lui intima d’entrer quand la jeune femme frappa à la porte.
« Vous souhaitiez me voir ? »
Nick ne répondit pas tout de suite. Il prit le temps de finir d’écrire dans le dossier qu’il était en train de remplir. L’affaire de quelques secondes, il n’aimait pas laisser les choses en suspens, il préférait leur accorder un point final. Natasha pourrait bien patienter quelques instants de toute manière, elle n’avait pas vraiment le choix au final dans tous les cas. Il signa le dossier avant de le fermer et de poser son stylo, levant ensuite son œil vers la jeune femme.
« Mlle Romanoff, asseyez-vous, je vous en prie. Je voulais savoir comment s’était déroulée la mission. »
Le raclement du stylo de Fury sur la page est le seul bruit qui brise le silence venant de s’installer dans son bureau. Fury et moi, nous nous comprenons sur bien des aspects et nous avons de nombreux points communs : nous prenons tous les deux un grand soin à choisir les personnes en qui nous pouvons avoir confiance, nous ne faisons pas dans la dentelle, nous ferons toujours ce qui doit être fait pour sauver la majorité, nous n’avons aucun scrupule à sacrifier nos propres vies et nous sommes tous les deux dédiés corps et âme à la même cause.
Mais le plus important, c’est le marché que j’ai passé avec Fury quand j’ai commencé à travailler pour le SHIELD : mes compétences particulières pourront être utilisées pour le SHIELD et en échange il va me donner une deuxième chance. Sans Fury, je n’en serais pas là, je n’aurais pas mon visa américain, je n’aurais pas une position aussi élevée au sein du SHIELD et je ne pourrais sans doute pas faire tout ce que je suis en train de faire aujourd’hui. Mais je n’oublie pas que sans moi, le SHIELD n’en sera pas là non plus, toutes les missions que j’ai effectuées pour l’organisation, tous les sacrifices que j’ai faits pour Fury… C’est pour ça que Steve ou Clint même ne pourront pas comprendre à 100% notre relation, pourquoi je suis à l’aise pour tous les types de missions, que je suis prête à tout faire.
J’attends donc patiemment qu’il finisse d’écrire, comme ça il pourra m’accorder toute son attention et pas faire deux choses en même temps. C’est donc un debriefing qu’il souhaite. Bien. Je m’assois donc dans le siège indiqué avant de commencer. « La mission s’est déroulée comme prévu. Chaque membre des Avengers a rempli sa part du contrat, même s’il nous a fallu improviser à la fin. Les dégâts matériaux ont été réduits au maximum et il n’y a pas de dégâts collatéraux au niveau des civils. » Ce qui, en soit, est le plus important.
« Pour la première véritable mission d’envergure durant à laquelle tous les Avengers ont participés, je considère que notre travail d’équipe fut très bon. Il y a des choses à retravailler, mais ce n’était pas catastrophique. » Parce que, forcément, avec autant de personnalités différentes, il y aura forcément des étincelles, mais je suis contente de pouvoir dire qu’aucun égo n’a pris le dessus sur le commandement ou le reste de la mission. L’objectif fut réalisé avec les moyens du bord, on a limité la casse et il n’y a pas eu de blessés ou morts du côté des civils, je prends donc ça pour une victoire. Et si je dois négocier entre deux ados justiciers, un milliardaire qui parfois ne se sent plus pisser, un roi, le Cap et d’autres grincheux qui ont l’habitude d’êtres des loups solitaires, alors je le ferai sans hésiter. Ce ne sera pas la première ni la dernière équipe que je maintiens soudée.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Fury savait qu’il pouvait avoir confiance en Romanoff, ce n’était pas un souci. Bien que la notion de confiance était très subjective pour le directeur, et qu’il n’accordait une véritable et totale confiance à absolument personne, même pas à lui-même. Mais il n’avait jamais rien eu à reprocher à l’espionne, et elle avait toujours fourni un bon travail, donc tout allait bien. Et il savait qu’il pouvait lui confier n’importe quoi comme mission, elle ne poserait pas de questions, ou d’oppositions, et ne chercherait pas à discuter les ordres, et c’était plutôt reposant comme état des choses, surtout étant donné la situation actuelle.
Parce qu’il n’était pas forcément gâté avec les Avengers. S’ils avaient tous des compétences certaines, en terme de hiérarchie et d’obéissance, on n’était pas vraiment en top prestige. Natasha faisait partie des plus dociles dirons-nous. Ce n’était pas le cas de tous, au sein du groupe de super héros. Entre ceux qui ceux qui prenaient des initiatives sans qu’on leur demande quoi que ce soit et ceux qui défiaient les directives juste par esprit de contradiction, il était difficile de ne pas perdre son calme. Même si en soit, Nick Fury ne perdait jamais son calme. Il pouvait se montrer blessant dans ses propos à juste titre, mais il n’élevait jamais la voix. Si un jour il le faisait, c’est que vraiment, les choses étaient chaotiques. Mais elles n’avaient pas de raison de l’être pour le moment.
Et surtout, il n’avait aucune raison de s’énerver avec Natasha, même s’il savait qu’il y avait des chances pour qu’il s’énerve tout de même un peu, si jamais les choses ne se déroulaient pas comme il l’avait voulu. Du moment que ce n’était pas un carnage, ce serait toujours ça de pris dans tous les cas.
« La mission s’est déroulée comme prévu. Chaque membre des Avengers a rempli sa part du contrat, même s’il nous a fallu improviser à la fin. Les dégâts matériaux ont été réduits au maximum et il n’y a pas de dégâts collatéraux au niveau des civils. Pour la première véritable mission d’envergure durant à laquelle tous les Avengers ont participés, je considère que notre travail d’équipe fut très bon. Il y a des choses à retravailler, mais ce n’était pas catastrophique. »
Il écouta attentivement la jeune femme. Le plus important à retenir, c’était que la mission avait été un succès. Pour ce qui était du travail d’équipe, il en jugerait par lui-même. De toute façon, l’action avait sans doutes été filmée, que cela soit par les médias, ou des civils curieux, et il aurait l’occasion de récupérer ces images et de les visionner pour observer ce qui avait été fait. Que cela ne soit pas catastrophique n’était pas suffisant pour Fury, évidemment, mais bon. Il reviendrait là-dessus plus tard. La partie improvisation n’était pas forcément la plus rassurante non plus. Mais il est vrai que c’était un bon début, il fallait juste espérer que cela aille sur une pente ascendante, et non pas descendante.
« Bien. Je jugerai par moi-même de la qualité du travail d’équipe, mais disons que les bases ne semblent pas être trop mauvaises. Cela pourrait être pire, mais cela pourrait être mieux également. Nous allons réfléchir à une méthode de travail qui pourra porter ses fruits et peut-être organiser des sessions d’entraînements collectifs, tant pis si certains feront la tête, je ne leur demande par leur avis. »