« Tu as l’habitude » je lance dans le silence de mon appartement avant de fermer à clé et de partir pour l’héliporteur, un sac balancé sur l’épaule. Mon chat ne dit rien, ombre noire se cachant quelque part dans l’appartement. Elle n’a pas à se plaindre : ses gamelles sont remplies et la petite fenêtre de la salle de bains est entrouverte comme toujours si elle a envie de faire un tour quelque part. Mon chat a toujours su se débrouiller sans moi pendant des jours et c’était déjà le cas avant même que je ne l’adopte.
Rejoindre l’héliporteur du SHIELD ne me prend pas plus de deux heures et comme d’habitude, je suis installée dans une salle en attendant Coulson. Sauf qu’étrangement, quelqu’un se trouve déjà dans la salle et que l’agent qui vient de m’accompagner (protocole, protocole) n’a pas trouvé cela utile de m’informer que ce n’est pas Coulson que je rencontre aujourd’hui. Cela aurait été Maria ou Fury, je n’aurais pas bronché non plus, je les connais et j’ai déjà travaillé avec eux. Et si Fury en personne vient me parler d’une mission, c’est qu’ils sont vraiment dans la merde et qu’il n’y a que moi qui peux les sortir de là. C’est généralement le cas d’ailleurs, je suis souvent utilisée en cas de dernier recours, à moitié à cause de mes compétences… particulières, et à moitié à cause de mon refus catégorique de bosser avec le premier agent qui vient de débarquer tout frais de l’académie et tous les risques qu’il encourt à me foutre en rogne. Coulson est plus ou moins devenu mon coordinateur de mission par défaut après le trentième cas d’os divers et variés brisés et d’agents traumatisés d’une façon ou d’une autre. Pour ma défense, ma réputation joue beaucoup dans ces cas de traumatisme.
Toujours est-il que l’homme qui me fait face m’est inconnu. Il porte le costard classique d’un agent du SHIELD et vu son âge et son sérieux, je peux deviner facilement que ses jours à l’académie ne font pas partie de la décade actuelle. Si des jours à l’académie il y a eu, certains agents sortent tout droit de l’armée après tout. Je me serais bien présentée, mais je n’en éprouve pas le besoin. Comme je l’ai dis, ma réputation me précède et ma chevelure est reconnaissable à des kilomètres à la ronde. C’est pourquoi j’avance dans la salle, une sorte de salle de conférence avec des tables placées en rond au milieu, un tableau et un écran près d’un mur, divers dossiers et étagères de l’autre. Et forcément, le logo du SHIELD et le drapeau américain près du mur du fond. Je m’approche donc de la table, mais reste debout sans rien dire, les bras croisés dans mon dos. L’agent qui m’a escortée m’a gentiment pris mon sac, mais m’a laissé mes armes. Bon point pour lui, il s’est évité un séjour prématuré à l’hôpital. Je garde donc le silence en fixant l’inconnu de mes yeux bleus, mon visage impassible alors que je suis amusée intérieurement. Oui, je le teste et oui, j’ai mes raisons. Je ne fais pas confiance à n’importe qui, agent du SHIELD ou pas.
Cela faisait quand même pas mal de temps maintenant que Everett travaillait pour le SHIELD, de nombreuses années, pour autant il n’avait pas eu encore l’occasion de croiser tous les agents qui appartenaient à ce groupe. En même temps, le SHIELD s’occupait de beaucoup de chose, dans de nombreux pays et tous les agents ne se croisaient pas forcément. C’était pour cette raison qu’il n’avait encore jamais eu à faire avec Black Widow, quand bien même il était évident qu’il avait déjà entendu énormément parler d’elle. Qui n’avait pas entendu parler de Black Widow en même temps au sein du SHIELD ? Personne sans doute. Même si on n’avait pas eu l’occasion de lui parler, de la croiser, on avait forcément entendu parler d’elle. Parce qu’elle était une légende. Et aujourd’hui, Everett allait avoir l’occasion de lui parler. L’homme était forcément en un sens impressionné par la situation, parce qu’il était évident que ce n’était pas rien pour lui de la rencontrer. Est-ce que ça allait changer quoi que ce soit à la situation et l’empêcher d’être professionnel ? Pas du tout, bien au contraire, Everett prenait son travail bien trop au sérieux pour ça.
Il l’attendait d’ailleurs, dans une des salles du SHIELD, où il se trouvait seul avec des dossiers devant lui. Des dossiers concernant une mission, parce qu’évidemment, Everett allait travailler avec Black Widow concernant une mission. Quand bien même, on l’avait prévenu que ça pouvait ne pas être évident. C’était l’agent Coulson qui l’avait prévenu directement, celui qui aurait dû coordonner cette mission normalement, mais il avait été mis sur une autre affaire en urgence, ce qui faisait qu’il ne pouvait plus s’occuper d’elle. Du moins, pour cette fois, ça sera de nouveau le cas plus tard, sans aucun doute. Mais pour l’heure, c’était lui qui devait s’occuper de cette mission, prenant les choses forcément au sérieux. Surtout qu’il savait que ce n’était pas toujours évident de travailler avec une femme telle que Black Widow. Mais il avait confiance en ses capacités. Sinon il ne serait pas là après tout. Il n’avait pas volé sa place.
La jeune femme arriva, se positionnant devant lui, après avoir été escorté par un des agents du SHIELD. Il n’eut aucun mal à la reconnaître. En même temps, ce n’était pas comme s’il ne s’était pas renseigné au préalable concernant la jeune femme.
« Je suis ravi de faire votre connaissance. » Lui dit-il en guise de salutation, avant de reprendre rapidement. « Je me nomme Everett Ross, je serais votre agent coordinateur pour votre prochaine mission, Coulson a eu un empêchement. » On l’avait surtout mis sur autre chose et on ne pouvait pas dire que Coulson avait réellement eu d’autres choix. Mine de rien, quand on travaillait pour le SHIELD, on savait répondre aux ordres sans discuter. Parce qu’ils ne permettaient pas de la discussion. « J’ai beaucoup entendu parler de vous, comme tout le monde sans doute. C’est un vrai plaisir pour moi de travailler avec une légende comme vous. »
J’ai beau travailler pour le SHIELD depuis des années, je ne peux malheureusement pas dire que je connais tout le monde. La moitié des agents ne m’intéressent en rien et je ne fais même pas l’effort de les connaître ou même de savoir leur nom ou à quoi ils ressemblent. S’ils réussissent à monter les rangs ou bien s’ils se retrouvent à travailler avec moi, alors oui, dans ce cas, je ferais l’effort, mais pas autrement. C’est différent en ce qui concerne les officiers supérieurs et tous les costards. En général, je fais ma petite enquête toutes les semaines sur les rotations dans la masse salariale au sein du SHIELD (et je n’ai généralement pas besoin de hacker les bases de données vu mon niveau de sécurité (merci Fury et Amy). J’essaie ainsi de retenir les différentes missions, surtout celles sur lesquelles je n’ai pas bossé, et les personnes qui s’en sont occupées.
C’est pourquoi le nom d’Everett Ross ne m’est pas inconnu, mais je n’aurai pas réussi à reconnaître son visage malheureusement. Et le fait qu’il soit tout à fait courtois et professionnel comme je m’y attendais fait fondre un peu de la glace sur le masque impassible que je me suis forgé en entrant dans cette salle. Je me permets même l’ombre d’un sourire alors que je me rapproche. « Agent Romanoff à votre service. » Car un nom donné mérite d’en recevoir un en retour, c’est la base d’un échange courtois.
Sur la partie concernant Coulson, je me retiens très fort de lever les yeux au ciel. J’ai beau ne pas réussir à apprécier les protocoles du SHIELD, même après toutes ces années, j’y suis dorénavant habituée et je sais qu’ils risquent fortement de ne jamais changer. Notamment parce que sans ces protocoles, le SHIELD n’aurait jamais survécu aussi longtemps avec si peu de supervision gouvernementale. Bien sûr que Coulson a eu un empêchement et bien sûr qu’il n’a pas eu le choix. Tout comme Ross n’a pas eu le choix d’être mon coordinateur cette fois-ci et comme je n’ai pas eu le choix que d’accepter cette mission.
Le fait qu’il me considère comme une légende me fait échapper un petit rire. J’ai entendu beaucoup de conneries à mon sujet, mais celle-là, c’est une première. « Je n’irai pas jusqu’à me considérer comme une légende, mais merci pour le compliment. J’espère néanmoins que ma réputation ne va pas vous gêner. C’est toujours un plaisir de travailler avec quelqu’un de professionnel » je termine en verbalisant mon appréciation vis-à-vis de son sérieux. Car j’aurai vraiment détesté me retrouver face à un jeunot qui ne sait rien du métier.
« Qu’avons-nous aujourd’hui ? » je lance ensuite en indiquant les dossiers étalés sur la table, une fois que les formalités de bienvenue ont été échangées et qu’il est temps de passer à la raison pour laquelle nous sommes tous les deux dans cette salle.
Quand Natasha Romanoff se présente, Everett afficha un léger sourire. En un sens, la jeune femme n’avait clairement pas besoin de se présenter, puisque de son côté il savait exactement à qui il avait à faire. Mais l’agent appréciait quand même les présentations de son interlocutrice. Qui sembla bien prendre le fait qu’il la considère comme une légende, tout en se montrant modeste tout de même. Mais Everett n’exagérait pas, il considérait réellement l’agent Romanoff comme une légende. Après tout, elle était connue de la plupart des services et elle était l’un des meilleurs éléments du SHIELD. Everett était sincèrement reconnaissant de pouvoir travailler avec elle, même s’il comprenait que la jeune femme sous ses yeux avait envie de travailler avec quelqu’un de professionnel. Mais elle n’avait pas de crainte à avoir, l’homme avait beau être impressionné par le parcourt de son interlocutrice, il n’allait pas pour autant perdre de son professionnalisme. Surtout pas alors qu’il avait quand même l’occasion de coordonner une femme tel que Natasha Romanoff.
L’homme ne prit donc pas la peine de répondre à la remarque de son interlocutrice, se contentant simplement de lui adresser un fin sourire sûr de lui. Elle n’avait pas de crainte à avoir et lui n’avait pas réellement de compte à lui rendre. Pour l’occasion, ça allait plutôt être l’inverse. Même si avant toute chose, il allait devoir parler de l’affaire et la mission qui allait concernait la jeune femme sous ses yeux.
« La mort du président. » Dit-il alors sérieusement, en ouvrant l’un des dossiers de la table où se trouvait les photos de l’événement.
Il ne pensait pas utile de revenir sur les événements en eux même, parce qu’il n’y avait pas de chance que Natasha ne soit pas au courant comme tout le pays et le reste du monde d’ailleurs. L’assassinat du président avait clairement fait le tour du monde et avait fait un max de bruit. Malheureusement, le monde entier avait conscience que la femme qui avait tué le président était une mutante et c’était pour cela qu’une vague de violence à l’encontre des mutants avait monté dans le pays. Et il y avait cette étrange affaire de tâche bleue sur leur corps également, sans que le SHIELD ne parvienne à déterminer d’où ça pouvait venir. Ils pourraient sans doute se renseigner directement auprès des X-Men, notamment Charles Xavier et Wolverine (surtout que ce dernier travaillait en partie pour eux, quand il était de bonne humeur évidemment, ce qui n’arrivait pas souvent), mais ils avaient l’intention de faire les choses un peu plus discrètement. Parce que malheureusement, il semblait que cette histoire ne concerne pas seulement les mutants.
« Cette femme. » Dit-il en montrant une photo de la mutante qui avait tué le président. « Il faut absolument que nous la retrouvions, que nous l’interrogions. » Everett marqua une pause. « Nous n’avons rien sur elle dans nos bases de données, c’est comme si elle n’avait jamais existé. » Et ce n’était pas le cas puisqu’elle était bel et bien vivante.
C’est comme si ces quatre mots venaient de saper toute l’énergie de la pièce. Un silence pesant s’installe après cette déclaration et je le brise en me rapprochant des dossiers, le bruit de mes pas restaurant un semblant de normalité après cette annonce. Bien entendu que je sais ce qui s’est passé, car en plus d’en avoir constamment entendu parler dans la presse, j’ai aussi mes sources au sein du SHIELD. Sources de niveau 10, qui plus est. C’est pourquoi je ne suis pas étonnée que l’affaire soit mentionnée ou que le SHIELD s’en charge, vu ce qui est arrivé avec les mutants ou plutôt tout ce qu’ils se sont pris en pleine face durant les dernières semaines. Je suis juste légèrement surprise que ce soit moi qui m’en charge. Non pas que cela me dérange, j’ai déjà effectué ce genre de missions, je ne pensais juste pas que le SHIELD allait m’envoyer moi. L’affaire est donc plus sérieuse que je le pensais.
Je scrute le contenu des dossiers, même s’ils ne m’apprennent pas grand-chose de nouveau. Je ne connaissais pas le Président personnellement, disons que je préfère me tenir loin de la politique si je le peux, mais sa mort, surtout les circonstances de sa mort, ont causé beaucoup de problèmes, pas simplement pour le SHIELD, mais pour tout le système américain. Et c’est nous qui devrons nettoyer ce merdier une fois qu’on aura compris ce qui s’est réellement passé. Parce que les mutants qui assassinent le Président, ce n’est pas crédible.
Le visage de la femme que Ross m’indique ne me dit rien. Je l’ai vue dans les différents dossiers ces dernières semaines, mais je ne suis pas plus avancée que le SHIELD. Je n’ai rien sur elle dans mes bases de données personnelles non plus. « On part sur une rencontre, une capture et de l’extraction d’informations ? Ou bien sur une négociation ? » Je dois savoir par quelle façon procéder et jusqu’où le SHIELD veut rester discret. Croisant les bras sur ma poitrine, je m’assois légèrement sur la table. « Jusqu’où ai-je carte blanche ? Car j’imagine que vous m’envoyez seule pour cette mission, que vous voulez que cela reste le plus discret possible et que personne ne découvre que le SHIELD s’intéresse à cette mutante, c’est bien cela ? »
Je regarde une nouvelle fois sa photo, mémorisant son visage. « Avez-vous au moins une piste ? Un indice par lequel je pourrais commencer, peut-être l’endroit où cette photo a été prise ou le dernier endroit où elle a été entrevue ? Sinon, ça risque d’être très compliqué de, ne serait-ce que commencer. »
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Dernière édition par Natalia A. Romanova le Mer 20 Mar - 22:18, édité 1 fois
La mort du président était forcément un sujet un peu difficile, mais on ne pouvait pas juste l’ignorer. Elle avait bien eu lieu et elle avait des conséquences à laquelle le SHIELD ne se doutait pas encore. Il fallait faire avec, il n’y avait pas d’autres solutions. Everett observa Natasha regarder les dossiers, avant qu’elle ne lui pose plus de question. Elle était clairement le meilleur élément possible à mettre sur cette affaire et l’homme avait même envie de dire qu’elle était le meilleur élément du SHIELD tout simplement. Cela faisait des années maintenant qu’elle travaillait pour l’organisation, elle savait comment ils fonctionnaient. Mais surtout, elle était plus qu’efficace. Everett ne l’avait jamais vu directement sur le terrain, ils n’avaient encore jamais réellement travaillé ensemble, mais il savait qu’elle allait s’en sortir à merveille.
« Un appartement à Pittsburg. » Répondit-il quand Natasha lui demanda s’ils avaient des informations pouvant l’aider, pouvant la guider un peu, puisque sinon elle serait bien incapable de retrouver la trace de la femme qui avait tué le président des États-Unis. « D’après notre source, elle y a vécu. On ne sait pas si elle y vit toujours, si elle prendra le risque de s’y rendre. Mais il y a surement de quoi commencer à enquêter là-bas. » Everett tendit à Natasha un papier avec l’adresse en question, c’était à elle de voir ce qu’elle allait pouvoir en faire et si elle allait parvenir à mettre la main sur cette femme. Quand bien même l’homme ne doutait pas une seule seconde des capacités de son interlocutrice. « Il n’y a pas de négociation possible. » Reprit-il pour répondre à toutes les questions de la femme. « Il s’agit d’une extraction d’information, on se doute qu’elle n’a pas agit de son propre chef, qu’il y a quelqu’un au-dessus d’elle qui lui a demandé de faire ça. » La voix de Everett s’était faite un peu plus grave. « On veut savoir pour qui elle travaille. Pour la suite, nous verrons bien ce qu’on peut tirer d’elle, alors elle ne doit pas mourir. » Parce qu’on ne savait jamais, une mutante pouvait quand même être utile. « Mais vous pouvez utiliser les grands moyens pour la faire parler. »
Cette femme avait quand même tué le président, elle ne méritait pas réellement de traitement de faveur. Elle devait parler, elle devait donner ses informations. Il fallait parvenir à déterminer le fin mot de cette histoire.
« Une autre chose… » Reprit-il. « Vous en reparlez avec moi et seulement moi. » Everett marqua une pause, avant de reprendre. « Votre mission ne doit pas s’ébruiter, elle ne doit pas arriver aux oreilles des mutants avec qui nous travaillons. » Parce que ça les concernait plus ou moins directement et que le SHIELD avait besoin de temps.
Prenant le papier que me tend Ross, je mémorise l’adresse en quelques secondes avant de le déposer à côté du dossier, mon regard retombant de nouveau sur la photo de cette femme. J’essaie de déterminer le degré de difficulté de cette mission, de trouver la moindre faille chez mon adversaire, mais à partir d’une simple photo, c’est impossible. Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre, à part des ennuis, car la seule chose que je sais d’elle c’est qu’elle est dangereuse et qu’elle a quand même buté le Président.
Je me demande un instant si je connais la source dont parle Ross, mais au lieu de me concentrer sur cette question dont je n’aurai pas la réponse, je hoche la tête. C’est une bonne piste, je commencerai par là. « Comme vous le dites, je ne pense pas qu’elle a fait l’erreur d’y revenir. Mais c’est toujours ça comme point de départ. » Et c’est loin d’être la première fois que je vais m’infiltrer dans un appartement, encore moins d’une personne que je suis censée appréhender. Nouvel hochement de tête lorsque Ross me confirme qu’il n’y a pas de négociation possible. Je m’en doutais, après toutes les missions de ce genre que j’ai effectuées pour le SHIELD, c’est facile de déterminer le cours des actions. Et même si publiquement l’organisation ne peut pas se permettre de faire trop de bruit, dans les coulisses personne ne prend de gants pour faire le sale boulot et je ne serais pas la première à commencer. Certes, discrétion oblige et je suis capable de faire un travail pro, mais ce ne sera sûrement pas de la dentelle.
Donc, le but c’est de la faire parler, voir de la capturer pour pouvoir décider ce qu’on va faire d’elle ensuite. C’est logique en soit que ces deux actions soient complémentaires, car la seule façon dont j’arriverais à la faire parler c’est en la capturant. Sauf qu’affronter un méta-humain peut devenir bordélique très vite. Faisant mentalement la liste de tout ce dont j’aurai besoin pour cette mission, je ne relève la tête vers Ross que quelques secondes après sa phrase. « Bien sûr. » Ça aussi c’est courant que de ne parler de mes missions qu’avec mes coordinateurs, la plupart du temps Fury ou Coulson même si Fury n’a jamais supervisé mes missions directement.
Je prends ensuite de nouveau le temps de jeter un dernier regard sur le dossier et la photo, m’assurant que j’ai tout mémorisé. « Il est inutile que je fasse de la reconnaissance poussée autour de l’appartement, car qu’elle s’y trouve ou pas, elle sait que ses actes ne vont pas nous laisser indifférents. » Je ne précise pas qu’il y a une chance sur deux pour que j’aille droit dans un piège, car ce n’est pas ça qui va m’arrêter. Et ce ne serait pas la première fois. « Je vais effectuer un tour du quartier pour une légère reconnaissance puis je procéderai directement à l’infiltration de l’appartement. La suite dépendra de ce que je trouverais là-bas. »
Je garde le silence durant quelques secondes, complètement mentalement ma liste avant de croiser les bras sur ma poitrine et de regarder Ross dans les yeux. « En plus de mon équipement habituel, j’aurai besoin de deux autres pistolets, 9 mm avec deux chargeurs supplémentaires chacun. Je ne connais pas ses compétences, je ne sais pas à quoi j’aurais à faire si une rencontre a lieu. Il me faudrait aussi un nouveau grappin et un moyen de transport dans les parages, une moto serait l’idéal en cas de poursuite. Une grenade EMP portable pourrait s’avérer utile aussi, ainsi que toute une panoplie de couteaux et lames. » De toute manière, mes Morsures de Veuve seront chargées, donc c’est toujours cela en plus.
Everett se contenta d’un signe de la tête quand son interlocutrice affirma que la cible n’avait sans doute pas fait l’erreur de rentrer chez elle, mais en même temps c’était un bon début de piste. Dans tous les cas, ils ne pouvaient pas prendre la peine de négliger la moindre piste, alors c’était important de se rendre chez elle. La moindre information sur la cible était importante.
Natasha sembla bien comprendre qu’elle ne devait parler de cela qu’avec lui, ce qui était une bonne chose. Il ne fallait pas que n’importe qui apprenne tout cela, surtout que mine de rien la situation était quand même vraiment délicate, cette affaire n’était pas n’importe quoi. Elle arriva donc sur le fait ce qu’elle allait faire, Everett l’écouta attentivement en prenant soin de noter mentalement ce qu’elle lui disait. Le jeune homme n’avait vraiment pas grand chose à redire sur ces informations, au contraire, il était d’accord avec tout ce qu’elle disait. Le but, de toute façon, c’était qu’ils parviennent à mettre la main sur cette mutante, Parce qu’ils avaient besoin de ces informations, c’était vraiment important.
Ce fut à ce moment-là que la jeune femme lui fit la liste de tout ce qu’elle avait besoin. Everett attrapa la tablette qui était posée sur la table et commença à noter tout ce dont elle était en train de lui réclamer. En un sens, l’homme n’avait aucune raison d’empêcher la jeune femme d’avoir ce qu’elle avait besoin, ce qu’elle voulait. Outre le fait qu’elle savait comment gérer les choses, comment elle organiser les choses, il lui faisait de toute façon confiance. Et la situation – la mission donc –, était suffisamment importante et indispensable pour qu’il n’ait aucune raison de lui refuser quoi que ce soit. Il nota donc tout, sans soucis.
« Vous aurez tous ce que vous demandez. » Répondit-il, même si en un sens la jeune femme n’avait pas réellement besoin d’entendre ce genre de chose. Elle savait qu’elle allait les obtenir, sans doute. En même temps, il fallait que cette mission ait lieu, alors autant dire qu’elle devait obtenir tout ce dont elle avait besoin. « Si vous avez besoin de quoi que ce soit d’autre, n’hésitez pas. » Précisa-t-il, quand bien même le jeune homme se doutait – encore une fois –, qu’elle n’avait pas besoin qu’il le lui dise, qu’elle devait parfaitement le savoir.
« Vous avez d’autre question ? » Demanda-t-il, parce qu’il pensait avoir fait le tour de son côté, mais la jeune femme avait peut-être besoin de plus d’information.
Ce qui est appréciable avec les officiers du SHIELD avec lesquels je travaille c’est qu’ils me prennent toujours et surtout immédiatement au sérieux. Je n’ai pas besoin de leur sortir mon CV, de leur faire une démonstration ou encore pire de justifier mes choix et surtout mes demandes. Rien que mon nom me précède et leur indique tout de suite à qui ils ont à faire et c’est tant mieux ainsi. Moins de perte de temps et de casse-tête pour tout le monde, en particulier Fury.
Et même si je n’ai encore jamais vraiment collaboré avec Ross sur une affaire, je sais aussi qui il est et je sais qu’il sera professionnel. L’intégralité de notre conversation jusque-là me l’a prouvée. Je n’ai donc rien à redire et je hoche simplement la tête lorsqu’il m’annonce que j’obtiendrais toutes les choses que je viens de demander. Je ne m’attendais évidemment pas à un refus, ni même à un questionnement, mais à une acceptation directe, pourtant c’est toujours agréable de savoir que l’on est sur la même longueur d’onde que son coordinateur de mission.
« Pas de problème, si des nécessités surviennent, je vous en ferais part lorsqu’elles arriveront. » Je pourrais lui dire que je ne pense pas que ce sera le cas, mais la vie m’a apprise que les choses se passent rarement comme prévus surtout dans le SHIELD. Alors il vaut mieux garder le numéro de mon coordinateur à portée de mains plutôt que d’abuser de ma confiance en moi et de surestimer la difficulté de la mission.
« Oui, une seule : quand dois-je partir ? Dans une heure ou immédiatement ? » Vu le degré d’urgence de la mission, je sais que ce sera dans la journée même, Fury aurait envoyé quelqu’un d’autre si l’affaire pouvait traîner. Une autre preuve rejoint cette théorie : Fury n’a pas attendu pour remplacer Coulson, me mettant directement en lien avec un autre coordinateur afin de me permettre de me mettre le plus rapidement possible au boulot.
« Vous connaissez mes méthodes et nous avons passé le déroulement de la mission en revue ensemble, néanmoins je dois vous prévenir qu’il y aura des moments durant lesquels je risque de ne pas répondre que ce soit pour ne pas ruiner ma couverture ou parce que je serai occupée. » Car il n’y a rien de pire qu’un coordinateur qui hurle dans les comms pendant que je suis en train de me faire trouer la peau sur le terrain. Mais je ne me fais pas de soucis avec Ross, c’est quelqu’un de compétent et ma remarque est plus une sorte de formalité nécessaire et de courtoisie qu’une mise en garde. Il sait comment se déroulent les missions vu son expérience au sein du SHIELD qui dépasse la mienne d’ailleurs si l’on compte le nombre d’années.
Everett se doutait que si Natasha avait besoin de quelque chose, elle n’allait évidemment pas se retenir de le préciser. En même temps, elle était une professionnelle, elle savait forcément y faire. Elle était l’une des meilleurs agents du SHIELD. Et forcément, Everett lui faisait entièrement confiance pour parvenir à remplir cette mission, quand bien même elle était vraiment délicate. Elle l’était, mais s’il y avait bien une personne qui pouvait le faire, c’était la jeune femme sous ses yeux. Il lui faisait donc entièrement confiance. Et elle prenait déjà bien les choses à cœur, ce qui n’étonnait évidemment pas Everett.
« Dès que vous êtes prêtes, il faut que vous partiez. »
Il dirait bien qu’elle devait partir maintenant, mais il fallait quand même qu’elle prenne le temps de se préparer et qu’elle se lance dans cette mission une fois qu’elle allait avoir toutes les cartes en main pour mener à bien cette mission. Alors, forcément, il n’avait pas envie qu’elle se précipite non plus, même si clairement il était important qu’elle n’aille pas trop vite non plus. Mais encore une fois, l’agent savait parfaitement qu’il pouvait lui faire confiance, parce que s’il y avait une personne capable de s’en sortir parfaitement en cet instant précis, c’était Natasha.
« J’ai bien conscience de la situation, ne vous en faites pas. » Répondit-il quand la jeune femme lui précisa qu’il était fort possible qu’elle ne soit pas joignable à des moments. Ce qui n’était guère étonnant au vu de la situation, mais encore une fois il savait bien qu’il pouvait avoir confiance en elle. « Vous avez carte blanche dans tous les cas, je vous demanderais un rapport de temps en temps, mais il n’y a rien d’obligatoire. »
En tout cas, il savait bien qu’elle n’allait pas forcément pouvoir être joignable à longueur de temps, mais ça ne voulait pas dire qu’elle n’allait pas s’en sortir, qu’elle ne mènerait pas sa mission à bien. Et justement, s’il fallait qu’elle soit prudente, elle ne devait pas prendre de risque.
« Si vous n’avez pas d’autres questions, je vous laisse vous préparer. Bonne chance. »
Chance oui, mais en même temps il fallait qu’elle y arrive, elle n’avait pas réellement le choix.