La fin de l’année scolaire approchait, ce qui en soit ne devrait pas être important pour quelqu’un qui ne prenait même plus la peine de se rendre en cours. Sauf que si, Harry devait quand même le prendre en compte, pour la simple et bonne raison qu’il devait passer ses examens. C’était comme ça, il n’avait pas le choix et il était évident que son père n’allait pas le laisser échouer. Il devait donc obtenir ses examens, mais pour cela il fallait encore qu’il les passe. Et pour ça, il devait se rendre au lycée. Oh, le jeune homme avait tenté de s’arranger, il ne fallait pas exagérer. Même trouver un autre lycée où passer ses examens, mais on lui avait clairement fait comprendre qu’il devait se rendre dans son lycée, aux dates prévus, afin de passer les examens. Ça ne l’enchantait pas vraiment, parce que s’il ne se rendait pas au lycée, ce n’était pas pour rien. Harry le savait, il en avait conscience, ça allait être difficile de passer les examens si Spider-Man se trouvait dans le coin. Spider-Man oui, pas Peter. Juste Spider-Man.
Il n’avait aucune envie de s’y rendre et en même temps… l’idée ne manquait pas de l’exciter un peu. Parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie de croiser la route de son nemesis, de chercher à le faire tomber, à le voir brûler en enfer. Et sous les yeux de sa copine, c’était encore mieux. À moins qu’il ne décide de l’envoyer elle en enfer, sous les yeux de son copain, afin qu’il ne puisse plus jamais poser ses yeux sur elle. Afin qu’elle ne lui appartienne plus, après qu’il la lui ai prise. S’il ne pouvait pas l’avoir, il voulait que personne d’autre ne l’ait et encore moins Spider-Man. Donc ou, en un sens, le jeune homme ne manquait pas d’être partagé. Comme souvent ces derniers temps d’ailleurs.
En tout cas, le moment était arrivé. Harry ne s’était clairement pas préparé autant qu’il aurait dû le faire, il ne pouvait pas le nier. Et alors qu’il était dans la voiture, conduit par son chauffeur, on ne pouvait pas vraiment dire que ses pensées se dirigeaient réellement vers les examens. Il arriva devant le lycée et c’était un peu comme faire un énorme bon en arrière. Au final, ça ne faisait pas si longtemps que cela que le jeune homme avait déserté l’établissement, mais il avait le sentiment que ça faisait clairement parti d’une autre vie. Et en un sens, c’était bel et bien le cas. Le jeune homme avança donc dans l’allée menant à l’entrée du lycée, ne prêtant pas vraiment attention aux personnes qu’il croisait et qui l’observaient avec curiosité, sans doute étonnés de le voir de nouveau. Il entra dans le lycée, se dirigeant vers la salle de classe qui allait servir pour les examens. Avec une idée en tête, une idée bien précise, celle de croiser la route de son nemesis.
S’il est une chose dont Gwen n’avait jamais manqué, c’était bien de confiance en elle. Et pour cause, elle savait ses compétences, elle avait conscience de sa valeur et de son intelligence… Ses examens de fin d’année, il ne faisait aucun doute pour elle qu’elle allait les réussir, mais ça ne l’empêchait pas d’être nerveuse malgré tout. Et pour cause, pour elle, il n’était pas juste question d’obtenir son diplôme, il s’agissait de viser l’excellence. Elle ne pouvait pas se permettre de s’en sortir de justesse, ou avec des résultats tout juste bons… Et là, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que ce n’était pas forcément gagné d’avance non plus, en réalité. Cette année avait été… particulière. Entre sa rupture avec Peter, toutes ces histoires avec Harry, son séjour à l’hôpital, la mort de son père… On peut le dire, elle n’avait pas été ménagée. Et même si elle avait pris sur elle de rattraper son retard à chacune de ses absences, même si elle ne s’était certainement pas permise d’être à la traîne… Elle savait bien que ses préoccupations à l’heure actuelle n’aidaient en rien.
Elle était arrivée bien trop en avance devant la salle de classe qui leur servirait d’espace d’examen pour les heures et les jours à venir. Fébrile, nerveuse, elle prenait de grandes inspirations, soufflait e grandes expirations. Elle essayait de garder son calme, tout simplement, tout en se rappelant les dernières leçons qu’elle avait encore révisées la veille, les points au sujet desquels elle était le moins sûre, les sujets sur lesquelles elle appréhendait de tomber. Surtout, elle attendait l’arrivée de Peter. Elle aurait bien besoin de lui, de son soutien, pour se lancer dans cette épreuve de vie qui pouvait avoir l’air de pas grand-chose au regard de tout ce qu’elle avait déjà surmonté, mais qui la rendait malgré tout par trop anxieuse. Elle vit aller et venir plusieurs de ses camarades, à chaque fois, elle relevait la tête dans l’espoir qu’il s’agisse de Peter, mais il n’était pas encore arrivé. De nouveaux pas se rapprochèrent, elle leva les yeux avec espoir, et son cœur manqua un battement en découvrant de qui il s’agissait.
Harry… Il avait osé venir… Gwen aurait sans doute dû se préparer à cette éventualité, mais elle ne l’avait pas fait. C’était pure folie pour lui que de venir ici… mais en même temps, elle en avait eu la confirmation au cours de leur dernière conversation : il était totalement fou… Elle baissa de nouveau les yeux, elle mourait d’envie de se précipiter dans la salle de classe, mais ses pieds étaient, en fait, cloués au sol, comme englués. Elle ne dit rien, faisait comme si elle ne l’avait pas vu. Une attitude sans doute pathétique, mais elle ne savait que faire d’autre, en réalité. Elle était tout bonnement tétanisée, et elle priait intérieurement pour que Peter arrive au plus vite : elle ne serait pas capable de se confronter à Harry seul (ou à ce qui restait de lui)… C’était beaucoup trop difficile.
Son réveil avait sonné, réellement… du moins il le pensait. Mais, voilà, Peter avait eu du mal à sortir du lit Il s’était rendormi, et il avait ouvert les yeux bien plus tard qu’il ne le faudrait. Autant dire que le jeune homme ne prit même pas la peine de prendre son petit déjeuner, il enfila rapidement ses habits et sorti de chez lui. Et plus précisément, le jeune homme avait d’ailleurs pris la peine d’enfiler son costume de Spider-Man dans le but de se rendre plus rapidement à l’école afin d’espérer ne pas arriver en retard et rater ses examens. Sur le trajet, en vol, il arriva à consulter rapidement son téléphone. Enfin, consulter n’était pas réellement le mot adéquate puisque ce dernier était tout simplement sans batterie. D’accord, si Tante May avait eu l’intention de l’appeler pour s’assurer qu’il s’était bien réveillé pour son examen, elle n’y serait pas arrivée. Et dire qu’elle avait essayé de convaincre Peter de la laisser prendre un jour de congés afin de le conduire au lycée, mais il avait dit qu’il gérait. S’il arrivait trop en retard, il allait s’en vouloir longtemps.
Parce que mine de rien, Peter avait travaillé dur. Bon, il n’avait pas mis de côté son activité d’homme-araignée non plus, forcément (et d’ailleurs on ne pouvait pas dire qu’il avait beaucoup dormi, trois ou quatre heures tout au plus), mais il avait quand même pris la peine de réviser (souvent avec Gwen) et se donner du mal pour obtenir ses examens. Parce que tant qu’à faire, ce n’était pas le but de Peter de rater ses examens et ne pas obtenir son diplôme.
Il finit par arriver au lycée, à bout de souffle et trouva un endroit discret afin de se changer (parce qu’il était évident que Spider-Man n’allait pas passer ses examens). Il n’était pas en avance, mais en même temps il n’était pas en retard non plus. Il n’avait pas énormément de temps non plus, mais disons qu’il allait quand même pouvoir se rendre dans la salle de cours à temps et c’était le principal. Il espérait quand même pouvoir trouver Gwen et passer un peu de temps avec elle avant le début de l’épreuve, histoire de. D’ailleurs, il était dans les couloirs à sa recherche. Ses yeux se posèrent sur elle, justement, quand son spider-sens se mit soudainement en alerte. Il ne lui fallut pas longtemps pour voir pour quelle raison il était dans tout ses états. Alors que Harry s’approchait de la jeune femme, Peter vint rapidement s’installer devant Gwen pour se placer entre elle et le jeune homme qui osait pointer son nez. Comment osait-il ?
« Même pas en rêve tu t’approches d’elle. » Peter n’en revenait pas de voir Harry se pointer au lycée comme ça, comme de rien n’était. Et visiblement, il en était satisfait, puisqu’il affichait un sourire sur son visage. « À mon avis, tu n’as rien à gagner à faire un scandale Parker. »
Pour qui se prenait-il ? Peter ne pouvait pas s’empêcher de se demander comment il avait pu être ami avec un type pareil.
Elle retenait son souffle tandis qu'elle voyait Harry se rapprocher. Elle avait envie de fuir, fuir le plus loin possible, mais elle savait bien que ce serait une entreprise vaine, et qu'il n'attendait sans doute que ça dans tous les cas. Heureusement, Peter arriva juste à temps pour la tirer de ce mauvais pas. Bien sûr, ce n'était pas pour autant que la situation était plus simple : elle, Peter et Harry dans la même pièce, ça pouvait aisément tourner au carnage. Mais au moins, elle n'avait pas à l'affronter seul une fois de plus, et ce serait beaucoup plus simple comme ça. Peter prit sa défense avec virulence, mais cela sembla ne faire ni chaud ni froid à Harry, au contraire, il avait l'air de trouver cette situation beaucoup, beaucoup trop amusante.
-Et toi, alors, hein ? répliqua sévèrement Gwen.
Parce que dire à Peter qu'il n'y gagnerait rien à faire un scandale, c'était l'hôpital qui se foutait de la charité, franchement. Des deux, celui qui prendrait le plus de risque à se faire remarquer, ce ne serait clairement pas Peter, mais plutôt Harry. Elle ne le laisserait plus lui faire le mal qu'il lui avait fait... Même s'il était évidemment hors de question de créer une esclandre, ce n'était ni le lieu, ni le moment... N'empêche, ce qu'il avait de culot, Harry... Gwen voudrait avoir un moyen de le faire s'en aller sur-le-champ, elle n'en revenait même pas qu'il se soit déplacé. Mais en tout cas, elle se sentait vraiment mal, une situation qui ne lui faisait absolument aucun bien. Son stress avait augmenté d'un cran... Il mettait ses nerfs en pelote, et elle se sentait diablement mal.
-T'as vraiment du culot, de te pointer ici...
Elle n'éprouvait plus aucun scrupule à s'adresser à lui de cette manière. Il l'avait clairement cherché. Il n'était pas le bienvenu ici. Certes, personnne à part eux ne connaissait sa vraie nature, mais elle avait espéré qu'il éprouverait suffisamment de regrets pour la peine. Bon d'accord, leur dernière conversation en avait dit assez long à ce sujet : il n'y avait rien à sauver chez lui. Mais là, tout de même... c'était grave, franchement. Plus le temps passait, plus Harry était méconnaissable.
Gwen n'ajouta rien de plus, elle détourna le regard et serra sa main dans celle de Peter, dans l'espoir que ce geste lui communiquerait tout le courage nécessaire pour affronter la situation (et si ça pouvait aussi agacer un peu Harry dans la foulée, ça ne la dérangerait pas) même si Gwen n'avait aucune envie de le voir se mettre en colère non plus, c'est sûr qu'elle n'y gagnerait absolument rien (sauf si cela pouvait permettre à certains "adultes" d'intervenir afin d'éloigner Harry de leur vue.
Harry ne pouvait pas nier qu’il trouvait ça particulier de poser de nouveau son regard sur Gwen, de pouvoir la regarder de nouveau. Ça lui faisait quelque chose, bien évidemment, il ne pouvait pas l’ignorer, quand bien même il ressentait quand même une grande colère à l’encontre de la jeune femme. En même temps, on ne pouvait pas dire que leur dernière conversation s’était bien passée non plus, loin de là. Mais Harry ne manqua pas de profiter de la vision qu’il avait sous les yeux, du fait qu’il posait son regard sur Gwen, même si ça n’allait pas durer longtemps. Parce que l’araignée ne manqua pas de ramener ses pattes dans la situation. Quand Peter s’installa devant Gwen, entre elle et lui donc, Harry ne put s’empêcher de sentir la colère reprendre un peu plus de place dans son esprit. Mais pas seulement. La petite réflexion de Peter le fit grandement rire. Il était évident que Spider-Man ne pouvait rien faire contre lui en plein dans les couloirs de l’école qu’ils avaient fréquenté toutes ces années.
Mais effectivement, lui aussi ne pouvait pas forcément se permettre de faire de scandales dans l’école, il avait beaucoup à perdre si on devait découvrir qu’il était le Hobgoblin. Cependant, les réflexions et la prudence n’étaient plus réellement quelque chose qui le préoccupait au quotidien. Ce qui n’était pas une bonne chose en soit, parce que le jeune homme risquait effectivement de prendre trop de risque, mais il n’était pas au point de s’en préoccuper.
« Je me contente simplement de passer mes examens. C’est normal. » Répondit-il donc avec nonchalance. Mais évidemment le jeune homme savait bien que ce n’était pas exactement ce que la jeune femme entendait par ces propos. Elle n’avait pas tort donc, mais ça ne changeait rien. « Il y a un souci ? » Demanda-t-il alors, toujours sur le même ton.
Techniquement, il ne devait pas y’en avoir, mais Harry jouait sans doute un peu trop avec le feu. Il comptait en grande partie sur le fait que Peter n’avait pas l’intention de révéler son identité, puisqu’il allait vouloir s’occuper de son cas lui-même. Tout comme Harry ne prenait pas la peine de révéler l’identité du jeune homme parce qu’il comptait bien le tuer de ses propres mains. Et en parlant de main… le regard de Harry ne put que tomber sur les mains jointes de Peter et de Gwen, ce qui eut le don de l’agacer sérieusement. Il voyait bien qu’ils étaient de nouveau proche.
« Je ne suis pas sûr que tu ais bien besoin de passer tes examens toi Peter. » La voix de Harry s’était faite plus sombre, parce que ce n’était pas entièrement lui qui parlait en cet instant précis. « Va-t-en Harry, tu n’as rien à faire ici ! » Et visiblement, Peter ne manquait pas de colère de son côté. Tant mieux, Harry ne pouvait pas nier qu’il avait envie de le mettre en colère. « Je suis très bien ici moi. »
La nonchalance dont Harry réussissait à faire preuve en cet instant avait vraiment le don de la rendre malade. Il n'y avait pas une once de regret et de culpabilité en lui. Elle le savait, il le lui avait prouvé lors de leur dernière rencontre, mais une part d'elle avait encore envie de retrouver le Harry d'avant. Pas celui avec qui elle était sortie et qui, finalement, était déjà en train de se changer en monstre, mais celui qui avait été son meilleur ami. celui à qui elle avait partagé ses craintes, ses pensées, ses rêves, ses espoirs, avec qui elle avait ri, pleuré, échangé. Elle était face à un étranger, un criminel, dont la seule présence ici était une offense à tout ce qui comptait pour elle, et puisque Peter s'était promis de régler lui-même son compte au Hobgoblin, elle devait laisser faire, alors que tous les trois ici présents avaient conscience de qui étaient les protagonistes de la sinistre histoire qui s'était jouée ici. Oui, sa réponse était simple et toute faite. Un élève de l'école qui venait passer ses examens de fin d'année ici. Quoi de plus normal, au bout du compte ? Evidemment, que personne n'allait le convaincre de rebrousser chemin, que personne n'allait intervenir à l'encontre de cette décision. Mais honnêtement, elle était... choquée, et elle avait juste envie que Harry soit à même de reconnaître que sa présence en ces lieux était purement et simplement scandaleuse.
Elle ne sut pas trop ce qu'elle entendait exactement par le fait qu'il n'était pas sûr que Peter, de son côté, ait besoin de passer ses examens. Elle aimerait y cerner une interprétation toute immature, de bac à sable, qui sous-entendrait que Peter était trop bête pour cela, mais Gwen sentait bien qu'il était question de quelque chose d'autre ici. Harry sous-entendait sans doute par là qu'il ne vivrait pas suffisamment longtemps pour que cela lui suffise, et cette pensée la rendait terriblement mal à l'aise. Si elle avait eu de bons espoirs et une certaine confiance en arrivant au lycées, ces derniers s'étaient effondrés. Elle ne se sentait absolument capable de rien à l'heure actuelle, pour tout dire.
-Ca sert à rien, Peter, soupira alors Gwen. S'ils se mettaient à s'insulter et à se battre au beau milieu des couloirs, ils allaient courir le risque de se faire virer. Et Harry, avec ses airs de petit crétin (qui lui ressemblaient si peu) n'entendrait de toute façon pas raison ni n'acceoterait d'en savoir davantage, alors, à partir de là, autant faire les choses convenablement. Ou aussi convenablement que possible, en tout cas. La jeune femme attrapa le bras de son petit ami. On va aller plus loin.
Que Harry fasse ce qu'il voulait, qu'il profite de son petit quart d'heure de gloire. C'était ce qu'il voulait, se faire remarquer, alors autant l'ignorer.
Peter aimerait bien entendre Harry affirmer tout d’un coup qu’il avait raison, qu’il n’avait rien à faire ici et s’en aller, rebrousser chemin pour retourner faire il ne savait quoi. Le jeune homme savait bien que l’homme qui se trouvait sous ses yeux n’avait plus rien à voir avec l’ami qu’ils avaient eu, et c’était bien ça le souci. Peter ne parvenait plus à voir Harry comme Harry, il se contentait simplement de voir le Hobgoblin qui s’en était pris à sa petite amie. À cause de lui, Gwen avait failli mourir. À cause de lui, Peter aurait pu la perdre pour de bon. Il n’avait aucune envie que ça arrive de nouveau et il se doutait un peu trop que Harry avait une dent contre lui maintenant. Il suffisait de voir la manière dont il le provoquait. Si seulement son ami pouvait revenir à la raison, mais quelque chose lui disait que c’était impossible. En cet instant précis en tout cas, le jeune homme ne parvenait pas à se dire que c’était possible. Et il devait prendre sur lui pour ne pas simplement sauter au visage de son interlocuteur. Il savait bien que ça ne pouvait pas les mener loin d’agir de la sorte, bien au contraire. Peter devait se montrer prudent, ce n’était pas du tout le moment pour lui d’enclencher une bagarre dans l’enceinte du lycée. S’il ne pouvait pas passer ses examens à cause de Harry Osborn, il aurait vraiment tout perdu.
Ça ne servait à rien donc, Peter était parfaitement d’accord avec sa petite amie qui le tirait par le bras en lui disant qu’ils allaient attendre plus loin. C’était la meilleure chose à faire. De toute façon, le jeune homme se doutait que Harry cherchait simplement à le provoquer et mine de rien ça ne marchait que trop bien. Beaucoup trop bien. Il ne dit rien, en tout cas, se contentant simplement de suivre Gwen parce qu’il valait mieux qu’il ne dise rien de plus. Il se sentait de toute façon beaucoup trop énervé pour accepter ce genre de chose. Il se retourna donc, dans le but de s’en aller avec Gwen, mais Harry ne manqua pas de reprendre la parole.
« Tu passeras le bonjour à ta tante de ma part Peter. »
Ces mots ne signifiaient peut-être pas grand-chose, mais le jeune homme sentit son sang ne faire qu’un tour. Parce qu’il se permettait de comprendre les sous-entendus de Harry, ce qu’il entendait par là. Le jeune homme connaissait sa tante, il avait déjà eu l’occasion de lui parler, mais s’il la mentionnait maintenant ce n’était pas pour rien… Peter en avait parfaitement conscience. C’était des menaces et il y avait bien quelque chose que Peter ne supportait pas, c’était qu’on menace les personnes qu’il aimait. Avant même de réaliser complètement ce qu’il faisait, il avait plaqué Harry contre les casiers qui se trouvaient dans son dos. Ce n’était pas le moment de perdre son sang-froid, mais quand il était question de Tante May c’était difficile.
Gwen comprenait qu'il soit difficile pour Peter de simplement tracer sa route et d'ignorer la présence de Harry, mais il le fallait. ils ne pouvaient pas se permettre de provoquer un esclandre dont l'issue pourrait leur faire plus de mal que de bien. D'autant que la jeune femme se disait définitivement que c'était dans ce but que le jeune homme était venu leur parler. Il devait bien se douter que s'il était libre et disposé à faire ce qu'il voulait pour le moment, c'était parce que le couple comptait sur la justice de Spider-Man pour arrêter le Hobgoblin et non sur la police. Et donc ici, sous couvert de leur véritable identité, aucun d'eux ne pouvait agir... mais Harry de son côté pouvait bien décider de provoquer Peter autant qu'il le voulait... c'était bien là le souci. La jeune femme était soulagée que son petit ami décide de l'accompagner. Bien sûr, ce n'était pas l'idéal. L'idéal, ce serait de trouver un prétexte à faire disparaître le jeune homme de leur vue.. Gwen ne savait pas du tout comment elle réussirait à se concentrer sur ses examens quand les restes d'un traumatisme pas si lointain la saisissaient à la seule vision de celui à qui elle avait ouvert son coeur beaucoup trop facilement. Ils n'avaient fait que quelques pas seulement quand Harry reprit la parole.
Gwen sentit son sang se glacer en entendant les paroles de son interlocuteur. Bien sûr, cela pouvait passer pour une phrase complètement anodine, mais tous les deux étaient bien placés pour savoir ce que cela pouvait signifier. Harry ne prononçait pas ces mots au hasard. Forcément, il devait savoir que pour atteindre Peter, il fallait s'en prendre à ceux qu'il aimait. Ce qui la plaçait d'instinct dans sa ligne de mire (mais ça ce n'était pas nouveau), mais pas seulement elle... Il y avait la tante de Peter... et Gwen était horrifiée de ce qu'elle devinait : Harry... ou ce qu'il restait de lui, n'aurait aucun scrupule à s'en prendre à cette femme pourtant adorable et surtout innocente.
La jeune femme n'eut rien le temps de dire ou de faire pour retenir son petit ami, ce dernier s'était immédiatement précipité sur Harry et le plaquait à présent contre le casier le plus proche, provoquant une certaine agitation parmi les élèves présents.
-Laisse-le ! dit la jeune femme en tentant de les séparer du mieux qu'elle le pouvait. Ce qui n'était pas une mince affaire. Leurs pouvoirs respectifs leur conférait une force et des réflexes auxquels elle ne pouvait pas du tout prétendre de son côté. Mais peut-être au moins réussirait-elle à faire entendre raison à Peter. Tu vois bien que c'est ce qu'il cherche.
Et il n'était pas question de lui donner satisfaction. C'était trop simple. Il ne méritait déjà rien de l'attention qui lui était accordée.
Harry n’avait pas perdu son sourire quand Peter s’était finalement précipité sur lui, afin de le prendre par le col et de le plaquer violement contre le casier derrière lui. Rien de bien extraordinaire en un sens, le jeune homme ne sentait pas grand-chose dans son dos, il lui fallait bien plus dans le but de le blesser. Mais en même temps, le jeune homme savait bien que Peter n’avait pas forcément envie de lui faire mal tout de suite, quand bien même c’était un peu ce que Harry cherchait. Il avait envie de le pousser dans ses retranchements, comme lui-même avait été clairement poussé dans les siens avec tous les actes de Spider-Man. Il lui avait tout pris, alors il avait envie de tout lui prendre. Harry avait conscience qu’il avait sa part de responsabilité, ou plutôt que son père avait sa part de responsabilités. Parce que si Norman n’avait pas décidé de le transformer, ils n’en seraient pas là. Mais… en même temps, il n’avait pas envie de rejeter la faute sur son père ou sur lui-même. Il avait eu Gwen, enfin, après tout ce temps il avait enfin réussi à ouvrir son cœur à sa meilleure amie et maintenant elle le regardait comme le monstre qu’il était. Tout ça parce que Peter y avait mis son grain de sel.
Le regard que lui lançait Peter fit sourire encore plus Harry, il y voyait une rage que lui-même était capable de ressentir pour l’araignée. Il avait hâte de pouvoir l’écraser du pied, de pouvoir le réduire enfin au silence. Mais ce n’était pas le moment, il osait croire que tout le monde était sur la même longueur d’onde en cet instant précis. Même lui, malgré son esprit quelque peu perturbé, était capable de se rendre à l’évidence que ce n’était pas le moment. Même si ça ne l’empêchait pas de titiller quand même Peter Parker, parce qu’il trouvait ça vraiment trop amusant.
« T’es entendu ta copine Parker ? C’est ce que je cherche et tu es trop faible pour te contenir. » Le regard de Peter se fit encore plus noir après ces mots, avant que finalement le jeune homme décide de le lâcher, sans qu’encore une fois Harry ne perde son sourire. Tant mieux si Peter était plus qu’énervé, tant mieux si ça pouvait lui pourrir la journée, sa vie même. Oh, il ne pensait pas que quelques paroles allaient changer quoi que ce soit, allaient avoir un tel impact, mais ça ne pouvait pas faire de mal. Enfin, ça ne pouvait pas faire de mal à Harry, à Peter c’était une autre histoire. « Tu devrais tenir un peu plus ton copain. » Dit-il en tournant son regard vers Gwen, toujours avec cette même insolence qu’il avait depuis son arrivé.
Même si la voir à ce point défendre les intérêts de Peter, de les voir à ce point proche, ça lui arrachait le cœur. Il ne supportait pas de les voir ensemble, ils n’avaient pas le droit d’être ensemble.
C'était bas, tellement bas... Au fond, Gwen finissait par ressentir plus de pitié que de colère à l'adresse de Harry. Bien sûr, ce fichu sourire qui l'attachait à ses lèvres et son attitude provocatrice la dégoutaient, mais dans le fond, quand elle le regardait, elle voyait quelqu'un qui n'avait plus rien, et qui bientôt n'aurait même plus sa vie à laquelle se raccrocher. Il était essentiel qu'ils donnent de l'importance au Hobgoblin, car ce dernier devait être détruit et réduit pour de bon au silence, c'était essentiel. Mais Harry Osborn, lui, ne méritait pas qu'ils lui accordent ne serait-ce que l'ombre d'un regard, car c'était bel et bien ce qu'ils recherchaient. Plus ils daignaient lui prêter d'attention plus ils rentraient dans ce jeu sordide qu'était le sien, et c'était stupide.
Oui, ils ne pouvaient pas agir contre lui ici et maintenant, mais était-ce si grave ? Non. Parce qu'à l'heure actuelle, ce qui importait, c'était qu'ils gardent la tête froide. Harry tirait sa satisfaction stupide de leurs réactions, de leur attention, alors autant ne pas y consacrer ne serait-ce qu'un regard. Aussi, quand Harry s'adressa directement à elle, de la rancoeur pure dans le regard, Gwen fit comme si elle ne l'avait pas entendue. Elle se contenta d'entraîner Peter à l'écart. Pas trop loin, ils ne pouvaient pas se permettre de partir, bien sûr, mais suffisamment pour l'encourager à reprendre son calme.
Elle se positionna face à lui, prit son visage entre ses mains avec la plus grande tendresse et plongea son regard dans le sien. Elle voulait qu'il fasse abstraction de tout le reste, ne voit plus que les yeux qui fixaient les siens, ces grands yeux qui lui plaisaient tant. Oublier que Harry n'était qu'à quelques mètres, c'était plus facile à dire qu'à faire, bien sûr, mais c'était ce qui valait le mieux.
-Ce n'est ni le lieu, ni le moment, souffla-t-elle. Plus tu rentreras dans son jeu, plus il sera satisfait, mais à la fin, c'est lui qui va tout perdre, pas nous.
Elle ne savait pas si ces mots suffiraient à rassurer le jeune homme, mais elle faisait de son mieux, quoi qu'il en soit, parce qu'ils devaient reprendre leur calme pour affronter leurs examens... Plus facile à dire qu'à faire, évidemment, mais ils en étaient entièrement capables. Avec tendresse, elle approcha ses lèvres sur celles du jeune homme et les déposa sur les siennes.
Harry pouvait les voir, bien sûr, mais c'était en partie le but de la manoeuvre. Harry pouvait les provoquer autant qu'il le voulait. En attendant, c'était Harry qui était seul, c'était lui qui n'avait rien, et c'était entièrement sa faute. Eux, ils étaient ensemble, et ils pouvaient compter l'un sur l'autre. Qui pourrait soutenir une telle comparaison ?
Peter avait clairement du mal à garder son calme, surtout que Harry ne manquait pas de jouer sur ses cordes sensibles. C’était ce qu’il craignait le plus avec le fait qu’on sache qu’il était Spider-Man, mettre en danger ses proches. C’était le cas de Gwen donc, qui en payait déjà plus ou moins les conséquences, même si Harry n’aidait pas pour qu’elle soit en sécurité. Et ça incluait également Tante May. Peter ne supporterait pas qu’il lui arrive quoi que ce soit à cause de lui et du fait qu’il soit un super-héros. Si c’était le cas, c’était évident que ça serait de sa faute et malheureusement... Harry était parfaitement au courant de comment faire pour le toucher.
Mais par chance, Peter pouvait compter sur Gwen pour le calmer, puisque bien sûr, ce n’était pas le moment de s’énerver. Elle l’entraîna à l’écart, prit son visage entre ses mains pour plonger son regard dans le sien. Ces grands yeux qu’il adorait tellement et qui avait quand même le don de lui faire comprendre énormément de chose, de lui faire se calmer. Au moins il n’observait pas Harry, ce qui était une bonne chose, ça lui permettait un peu de ne pas se focaliser sur le jeune homme. Il écouta attentivement les propos de Gwen, en sachant parfaitement qu’elle avait raison, ce n’était pas le lieu, ce n’était pas le moment. Il ne devait pas rentrer dans son jeu, justement pour éviter de lui donner de la satisfaction, puisque c’était ce qu’il attendait. Le jeune homme avait conscience que c’était la vérité, mais en même temps, il avait quand même du mal à ne pas penser au fait que le jeune homme avait menacé – sans le faire réellement, mais c’était bel et bien ce qu’avait sous entendu les propos du jeune homme – sa tante, et il était hors de question qu’il laisse quoi que ce soit lui arriver.
Cela dit, Gwen parvenait définitivement à le convaincre en affirmant que c’était Harry qui allait tout perdre, pas eu, avant de simplement déposer ses lèvres sur les siennes. Ce n’était pas forcément le moment idéal, il se doutait que Harry n’allait pas apprécier mais... en même temps, ce n’était pas plus mal. Comme une manière pour eux de lui prouver qu’ils étaient un bloc tous les deux et qu’il ne pouvait rien faire contre ça. Quand leurs lèvres se séparèrent, Peter n’avait pas quitté les yeux de Gwen du regard, caressant doucement sa joue. Il avait tellement de chance de l’avoir.
« Tu as raison. » Elle devait savoir qu’elle avait raison, mais le jeune homme avait surtout besoin de lui prouver qu’il avait bien compris et qu’il était calmé, qu’il ne s’emporterait plus quoi que Harry puisse dire. D’ailleurs, il tourna son regard vers lui, pendant une fraction de seconde, lisant dans son regard toute la haine qu’il semblait ressentir. C’était triste en un sens qu’ils en soient arrivé là, mais Peter n’avait pas l’intention d’avoir la moindre compassion pour le jeune homme.