S

on sang n'avait fait qu'un tour quand elle avait appris ce qui était arrivé, et elle s'en voulait d'autant plus qu'elle n'avait pas été présente, et surtout qu'elle ne s'était pas doutée une seule seconde qu'une menace si grande planait sur la vie de son père adoptif qu'elle aurait bien pu lui coûter la vie. Elle avait découvert qu'on s'en était pris à lui, qu'on l'avait roué de coups à de multiples reprises que lorsqu'elle avait forcé une pauvre infirmière de l'hôpital à lui en apprendre plus sur l'état où se trouvait Marcus. Puisque tous deux étaient supposés n'avoir plus aucun contact, elle n'avait normalement aucune raison d'être prévenue de la situation. Elle l'avait découvert de la pire manière possible, en découvrant des véhicules de police garés devant la maison où elle s'apprêtait à se rendre, armés de deux chocolats chauds dont elle avait fait tomber le contenu au sol sous l'effet de la surprise. Heureusement, elle avait repéré parmi les policiers présents la collègue bizarre de Marcus, Liv Jakobsson, qui lui avait appris la situation. Les jours de son père adoptif n'étaient pas en danger, mais il l'avait échappée belle. Mindy se sentait partagée entre une folle inquiétude et une colère vive, elle voulait se précipiter au chevet de son père adoptif, s'assurer qu'il ne risquait plus rien, et en même temps courir après le ou les fils de pute qui s'en étaient pris à lui... Comme elle ne pouvait manifestement pas faire les deux en même temps, la jeune femme choisit tout d'abord de retrouver Marcus, forçant le passage jusqu'à sa chambre d'hôpital. Pas le temps de savoir s'il recevait qui que ce soit ou non, pas le temps de justifier qu'elle était de la famille (ce qui ne se déterminait pas au premier coup d'oeil, il est vrai), elle voulait juste le voir.

Son coeur se serra alors qu'elle le vit ainsi allongé sur son lit d'hôpital, yeux fermé, le visage contusionné. Elle détestait le voir dans cet état, et surtout se sentir si impuissante à l'aider ou le protéger. Elle avait déjà perdu son père, elle ne supporterait pas de le perdre lui aussi... surtout qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander si tout ceci n'avait pas un rapport avec elle. Après tout, elle était une justicière masqué au nombre d'ennemis assez conséquent, et ça n'allait pas s'arranger maintenant qu'elle avait rejoint les Avengers... bien sûr, il se pouvait aussi que ça n'ait aucun rapport. En tant que flic, Marcus aussi avait un sacré paquet d'ennemis... mais quand même, elle se sentait coupable, parce qu'il ne devrait jamais se trouver dans cet état. Mindy s'installa sur une chaise à proximité et attendit que Marcus ouvre les yeux.

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A

près un temps qui lui avait semblé être une éternité, les paupières de Marcus s'ouvrirent finalement, et un sourire mouillé de larmes, manifestation de soulagement pur, décora les lèvres de Mindy. S'il avait la force de plaisanter, c'est que son état ne devait pas être trop désespéré. La plaisanterie était toute relative, certes, mais elle s'en contenterait malgré tout, l'essentiel, c'est que Marcus était réveillé, et même si il était en piteux état, le simple fait d'entendre le ton de sa voix redonnait confiance à la jeune femme. Il allait s'en sortir. En même temps, il en fallait forcément plus pour atteindre Marcus Williams, pas vrai ? Sa situation était terrible, et personne ne méritait souffrir une telle chose, lui encore moins que n'importe qui, c'est certain, mais au moins, il était vivant, et une fois sur pied, elle était certaine qu'il serait prêt à en découdre... même si elle ne voulait évidemment pas lui en donner l'occasion, en aucune manière... Elle se chargerait d'elle-même des personnes qui lui avaient fait ça, dans son esprit, c'était déjà assuré, certain, acté. Aucun retour en arrière possible. La jeune femme ferait tout pour défendre l'honneur bafoué de son père de coeur, pour envoyer six pieds sous terre ces putain de fils de pute qui avaient osé s'en prendre à un flic droit et honnête tel que lui.

-Oui, tu as une tête horrible, se permit de plaisanter également Mindy, son évident soulagement parlant pour elle.

Il était hors de question qu'elle minimise la situation, mais elle ne pensait pas avoir besoin de l'exprimer pour qu'il le sache : elle avait été terrifiée à l'idée de le perdre, si ça avait été le cas, elle aurait été anéantie. Elle avait déjà dû faire ses adieux à son père, qu'elle avait vu mourir sous ses yeux, elle n'aurait jamais toléré qu'un destin similaire attende Marius. D'autant plus que, si elle voulait bien se montrer objective, et c'était le cas. Il méritait bien plus de vivre que Damon Macready... ou même qu'elle-même.

-Qu'est-ce qui s'est passé ? Qui t'a fait ça ?

Elle ne devrait peut-être pas l'assaillir de ce genre de questions immédiatement et lui laisser d'abord le temps de se remettre de ses émotions. Elle savait bien qu'il ne servait à rien de le brusquer et qu'il était forcément encore fragile (parce que ce n'était pas un euphémisme de dire qu'il avait une tête à faire peur, c'était le cas, c'était quand même quelque chose qu'il fallait qu'elle reconnaisse). Mais en même temps, elle se disait que chaque seconde passée était une seconde qui l'éloignerait peut-être de la possibilité de se débarrasser rapidement de cette pourriture (ou de ces pourritures).

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L

a jeune femme avait du mal à savoir si son père de coeur se montrait sincère avec elle ou s'il lui mentait dans le but de la mettre à l'abri de celui, celle ou ceux qui l'avaient agressé. Elle le comprendrait, si c'était le cas, mais ce n'était certainement pas ce qui la dissuaderait d'agir. Elle ne pourrait dans tous les cas pas rester les bras croisés pendant que Marcus souffrait le martyre, c'était même hors de question, en réalité. Qu'il la renseigne ou non, ça ne changerait rien à ses intentions, et il devait le savoir. Elle le vengerait, elle n'avait pas le choix. Elle avait bien cru le perdre pour toujours, elle ne pouvait pas prétendre que ce n'était rien, elle ne pouvait pas juste... laisser couler. S'ils décidaient de s'en prendre à lui une autre fois, qu'est-ce qui lui garantirait qu'il s'en sortirait indemne ? Rien, absolument rien, il y avait même de fortes chances pour qu'elle le perde pour de bon... et ça... ça, elle ne s'en remettrait tout simplement pas. Elle avait déjà vu son père disparaître sous ses yeux, il n'était pas question de laisser une telle situation se reproduire. Elle savait que Marcus cherchait à la protéger, ni plus ni moins, et qu'il n'était question que de cela, mais elle aussi cherchait à le protéger, et il ne l'en empêcherait pas. Quoi qu'il choisisse, quoi qu'il décide. Il avait beau la prévenir, ça ne changeait rien pour elle... Elle ne pouvait pas fermer les yeux sur la situation... ça la rendrait tout bonnement malade, c'était inenvisageable.

-Parce que t'es en état de m'en empêcher, peut-être ? répliqua-t-elle, peut-être un peu trop sur la défensive.

Ce n'était pas très malin de sa part de lui sortir une chose pareille dans ces circonstances, mais en même temps, ça voulait tout dire. Non, il n'était pas en état de l'empêcher de lui rendre justice, et s'il n'était pas en état, c'était bien que la situation méritait qu'elle s'y penche une bonne fois pour toutes. D'autant qu'elle n'était vraiment pas sereine à l'idée que les agresseurs de Marcus étaient encore en liberté... Qui sait s'ils n'allaient pas se rendre à l'hôpital dans le but de finir ce qu'ils avaient commencé ? Heureusement, Marcus était flic, et beaucoup de ses collègues devaient se dire la même chose dans tous les cas. Mais elle n'avait clairement pas envie de s'en remettre aux collègues de Marcus quoi qu'il en soit... Il y avait beaucoup trop de pourritures au sein de la police, ils n'étaient clairement pas dignes de confiance, et elle, elle avait besoin de résultats, et de résultats radicaux.

-Je vais buter ces enfoirés, que tu le veuilles ou non.

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L

a réponse de Marcus était typiquement de celles auxquelles Mindy s'était plus qu'attendue. Ceci dit, ce n'était pas parce qu'elle savait que son comportement allait déplaire à son père de coeur que la jeune femme avait l'intention d'agir différemment ou de l'écouter. Non, c'était de toute façon impossible. Il lui suffisait de voir Marcus dans ce lit d'hôpital, de constater à quel point il était affaibli, pour savoir à coup sûr qu'elle prenait la bonne décision en allant trouver les enfoirés qui avaient fait ça et en lui faisant payer. Forcément, elle se doutait que ces gars devaient être dangereux, dans le cas inverse, Marcus s'en serait sorti indemne et personne n'aurait souffert de cette situation si ce n'est les pauvres connards qui auraient eu très exactement ce qu'il méritait.

Mais elle menait une vie dangereuse dans tous les cas, qu'elle agisse pour se vanger ou parce que c'était juste... la chose à faire. Alors ça ne changerait pas grand-chose pour elle. Alors que pour Marcus, oui. Si les connards qui l'avaient tabassé découvraient qu'ils avaient mal fait leur boulot et décider de l'achever histoire de finir le travail ? Bon, ils se pouvaient aussi qu'ils ne l'aient pas tué intentionnellement, en guise d'avertissement... eh bien tant pis pour eux, dans ce cas. Mindy, pour sa part, ne faisait pas dans l'avertissement mais dans la sentence froide et directe. Et rien ne l'arrêterait. Pas même la réponse de son père de coeur. Sa décision était prise, elle était irrévocable, tous les arguments du monde ne sauraient pas persuader la jeune femme du contraire. C'était ainsi, un point c'est tout.

-Si tu veux vraiment que je prenne le moins de risque possible, donne-moi toutes les infos que tu as sur ces fils de pute. Parce que dans tous les cas, je vais les défoncer.

Elle se doutait que Marcus ne lui disait pas tout - en même temps, il ne lui disait rien, et elle espérait qu'il ne s'obstinerait pas encore trop longtemps. Plus vite elle aurait identifié sa cible, ses forces, ses faiblesses et tout ce qui va avec, plus vite elle pourrait s'en débarrasser en bonne et due forme. Ce serait une crevure en moins pour venir foutre la merde à New York. Alors, certes, Mindy se doutait bien qu'il y en aurait beaucoup d'autres, par la suite, pour prendre la relève, mais elle se comprenait (encore heureux). Elle ne voulait pas trop bousculer Marcus, surtout qu'il était encore faible et fragile, mais en même temps, c'était comme ça, ils n'avaient pas le choix. Ils devaient agir le plus vite possible, ou bien ces crétins allaient lui filer entre les pattes. Elle devait prendre l'ampleur de la situation. Elle pourrait même mettre quelques Avengers sur le coup si ça devait être nécessaire, mais elle devait savoir.

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M

indy croisa les bras, prête à riposter quand son interlocuteur lui assura qu'il ne savait rien. Elle était bien incapable de croire que ce puisse être le cas. D'une manière ou d'une autre, il devait quand même se douter de qui étaient les personnes qui s'en étaient prises à lui. Peut-être qu'il n'avait pas directement vu son agresseur, mais ce n'est pas pour autant qu'il n'avait pas des suspicions, et s'il y avait des suspects à aller poutrer, ça ne la dérangeait absolument pas de faire le boulot et de les faire parler jusqu'à trouver l'individu en question et le lui faire payer encore plus chèrement. Bref, elle allait insister encore, évidemment... mais elle n'en eut pas besoin. Sans doute Marcus avait-il compris que c'était peine perdue, que dans tous les cas la jeune femme obtiendrait gain de cause et vengeance pour son père de coeur. Alors il voulut bien lui en dire plus... et ça l'arrangeait.

Il menait donc une enquête concernant les Death Demons. D'accord. En effet, si les membres de ce gang avaient découvert que Marcus fouinait dans leurs affaires, il ne fallait effectivement pas s'étonner du fait que l'homme se soit attiré des ennuis. Elle le reconnaissait bien là, ce n'était pas le niveau de dangerosité qui aurait arrêté Marcus... Mais en l'occurrence, c'était typiquement pour faire la fête à des gangs tels que celui-ci que les super-justiciers avaient leur utilité. Mindy n'allait pas s'amuser à faire des reproches à Marcus, surtout pas dans ces circonstances, mais ce qui est sûr, c'est que quand il quitterait enfin l'hôpital, l'enquête serait d'ores et déjà close.

-Les putains d'enfoirés ! ragea-t-elle entre ses dents. C'était quoi exactement ton enquête, t'es venu emmerder qui ?

Maintenant qu'elle en savait plus sur la situation, elle ne comptait clairement pas lâcher l'affaire. Elle avait besoin du plus de détails possible. Okay, dans tous les cas, tous les Death Demons allaient s'en prendre plein la gueule, car il était hors de question qu'elle en épargne un seul, mais elle comptait bien faire plus cruellement payer celui qui avait directement choisi de refaire le portrait de son père de coeur. On ne s'en prenait pas ainsi à Marcus Williams en escomptant s'en sortir indemne.

Les choses ne pouvaient clairement pas se dérouler de la sorte. Et elle, elle allait faire le ménage dans ce gang qu'elle avait de toute façon dans le collimateur depuis un bon bout de temps. Ils l'emmerdaient franchement et ce serait une chance pour tout le monde qu'on les fasse taire pour de bon. Ce serait un honneur et une fierté pour elle, et clairement, elle s'en ferait le plus grand des plaisirs.

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M

Mindy était soulagée que Marcus accepte de lui en dire plus, qu’il ne lui cache pas davantage les motifs de son hospitalisation. Bien sûr, il n’avait aucune preuve tangible de ce qui lui était arrivé précisément, mais la jeune femme se fiait aveuglément à l’instinct de son père de cœur, et pour avoir été passé à tabac comme ça, ça ne faisait aucun doute que ça ne pouvait qu’avoir un lien avec l’affaire la plus sensible sur laquelle il avait travaillée auparavant. Les Death Demons étaient tout sauf des enfants de chœur, c’était bien connu, alors évidemment, il n’y avait rien de bien étonnant à ce qu’ils aient décidé de faire taire si brutalement quelqu’un qui était si près de les ruiner. Ils s’étaient frottés à la mauvaise personne, quoi qu’il en soit, car s’en prendre à Marcus Williams, c’était indéniablement s’en prendre aussi à Mindy Macready, et la demoiselle était bien décidée à ne faire aucun cadeau à ces putains d’enfoirés.

-C’est parce que tu fais trop bien ton travail que tu es dans cet état..., répondit Mindy avec une douceur qui lui était peu coutumière.

Mindy comprenait sans mal la frustration de son père de cœur. Marcus était un bon flic, aux yeux de Mindy, il était le meilleur, et forcément, son sens aiguisé de la justice ne tolérait pas l’idée qu’enfreindre la loi puisse être parfois la seule façon de la faire respecter, de faire payer les personnes qui s’étaient montré les plus abominables. Il était un exemple de justice, d’honneur et d’intégrité. Les lois, en revanche, étaient minables, absurdes et entraînaient à ce genre d’engrenages infernal. Elle n’avait pas envie qu’il se dénigre ou qu’il remette en cause tout son travail acharné. Elle admirait sa dévotion envers son travail de policier, la façon qu’il avait de ne jamais rien lâcher peu importe les circonstances. Et déjà qu’ils lui avaient fait autant de mal, elle ne supporterait pas que ces connards, par-dessus le marché, réussissent à broyer une si belle âme.

-On va l’arrêter ensemble, d’accord ? dit-elle alors.

Son objectif premier avait évidemment été d’obtenir réparation sans attendre l’aval de Marcus, mais elle comprenait maintenant, que la vraie compensation pour ce qu’avait enduré son père de cœur serait de pouvoir être celui qui ferait enfermer le chef des Death Demons et cette Cassandre Bathory. Mindy serait là pour le seconder. Ensemble, ils ne lâcheraient rien, le tout étant que personne ne se doute qu’il était encore sur l’affaire.

-Dis-moi tous les détails de ton enquête, on va leur faire regretter le jour où ils ont décidé de s’en prendre au meilleur flic de tout New York.

Ce n’était pas un compliment uniquement destiné à lui remonter le moral, elle le pensait vraiment. Pour elle, Marcus était un policier exceptionnel. Elle se rendait bien compte qu’elle avait peut-être trop souvent dénigré ses fonctions, comme Marcus avait eu du mal à accepter sa vocation, mais peut-être que leurterrain d’entente résidait là.

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M

indy hocha la tête quand son père de coeur consentit à lui apprendre qu'il avait gardé chez lui un dossier concernant l'affaire. Très bien, il ne lui serait pas difficile de mettre la main dessus, par conséquent, ce serait en tout cas plus simple que de devoir se pointer au commissariat pour récupérer toutes ces informations. Elle grimaça quand Marcus reconnut lui-même qu'il ne pouvait pas se permettre de laisser tout cela au poste de police. Elle avait envie de respecter ceux de la profession de Marcus...

Malheureusement, beaucoup n'étaient pas si intègres que ne l'était son père de coeur. Elle le savait bien. Si elle et son père avaient pris une autre direction, c'était bien parce qu'ils avaient compris ne pas pouvoir entièrement compter sur la police. C'était après tout à cause de flics véreux que son père avait fini en prison, que sa mère était morte. Alors oui, elle pensait que la situation devrait se passer autrement. En tout cas, il fallait commencer par compiler les informations, et ensuite agir, peu importe s'ils choisissaient d'employer une manière forte et/ou plus subtile.

Il ajouta, dépité, que ça ne lui servirait à rien, que sa méthode resterait la plus efficace. D'accord, la jeune femme comprenait que dans l'état où il se trouvait, il perdait sa foi, mais Mindy ne voulait surtout pas que ça arrive. Même si ça avait eu tendance à l'agacer, Mindy aimait aussi chez Marcus son intégrité professionnelle, son dévouement envers la justice... Elle ne voulait surtout pas qu'il abandonne cela. C'était quelque chose qui faisait partie de sa personne, c'était quelque chose qui faisait partie intégrante de ce qu'il était... Et quoi qu'il advienne, peu importe les circonstances, il fallait que ça continue ainsi.

-Nos méthodes sont pas si différentes..., répondit-elle doucement.

Bon, d'accord, elle, elle agissait de manière particulièrement radicale, mais elle n'était pas non plus du genre à foncer tête baissée à tout instant, si elle n'avait pas la nécessité d'agir dans l'urgence, alors elle n'agissait pas dans l'urgence, elle élaborait des plans précis, elle agissait avec puissance et calcul. Alors oui, il y avait une différence dans leurs méthodes, mais tout comme elle ne voulait pas que Marcus doute à ce point de lui-même, elle ne voulait pas qu'il s'imagine quoi que ce soit, qu'elle soit capable d'agir de façon contraire à ses attentes si ça devait être pour lui. Son désir de vengeance était puissant, mais elle avait besoin qu'il soit à ses côtés pour l'exercer. Elle ne plaisantait pas quand elle affirmait qu'elle voulait que ce soit à deux qu'ils fassent taire définitivement Styles et Bathory, ces deux connards de l'extrême. Non, définitivement, elle ne supportait pas de la voir dans cet état, c'était insupportable.

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M

indy se mordilla la lèvre inférieure en entendant la réponse de son interlocuteur. Elle avait toujours voulu qu'il accorde du crédit à son action, qu'il admette que les justiciers comme elle étaient utiles, quand la justice traditionnelle arrivait à court d'arguments et de possibilités, mais dans ces circonstances, elle ne retirait vraiment aucune satisfaction de la tournure que prenait leur conversation. Elle avait le sentiment que Marcus se dévalorisait, ce n'était pas la prise de conscience qu'elle avait espérée pour lui.

Elle ne voulait pas que cette situation remette en question jusqu'à sa vocation alors que cette dernière était importante, et même si elle ne l'avait pas toujours montré, elle respectait profondément le métier de son père. Mindy n'estimait pas que leurs travails entraient en contradiction ou devaient être placés en opposition. Elle considérait, bien au contraire, qu'ils étaient complémentaires, tous les deux. Et c'était ce qui faisait en cet instant qu'elle pouvait l'aider. La justice traditionnel ne pouvait rien contre l'enfoiré qui avait manqué atteindre aux jours de Marcus, alors c'était à elle de prendre la relève, un point c'est tout. Cela n'allait pas être une mince affaire pour autant, mais elle était convaincue qu'elle serait capable de faire quelque chose. Et si elle y réussissait, ce serait uniquement parce que Marcus aurait fait tout le travail en amont, et de façon tout à fait légale.

-Juste quand on a affaire à des connards amateurs de pots-de-vin, qui ont des relations et savent comment contourner les règles. Elle marqua une légère pause. Remets pas tout en question pour un seul de ces fils de pute. Y a pas de méthode plus ou moins efficace, y a que cette putain de justice, et faut qu'on l'applique, par tous les moyens.

Elle ne savait pas si elle réussirait réellement à convaincre Marcus, elle ne savait même pas s'il avait besoin d'être convaincu, mais elle se sentait la nécessité de le lui dire. Elle se doutait que cet épisode allait être éprouvant pour lui, peut-être conduire à certaines remises en question... Mais la remise en question de sa vocation, de ses choix, de sa morale, de son combat... Non, ce ne pouvait qu'être exclu. Mindy ne se voyait pas ne pas intervenir et "laisser la police faire son travail" dans ces circonstances particulières, mais malgré tout, elle ne voulait surtout pas que Marcus revoie sa manière de penser ou d'observer sa situation. Tout irait mieux une fois qu'ils auraient fait payer ce fils de pute. David Styles ne méritait qu'un sort et un seul : la prison ? Il ne pouvait définitivement pas en être question, pas pour que l'un de ses potes tirent l'une ou l'autre ficelle afin de le sortir de l'ombre aussi vite que possible. Non, surtout pas. Il allait payer, un point c'est tout.

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M

indy s'était fait à l'idée, à force, qu'elle et Marcus tombaient bien rarement d'accord, surtout s'il devait être question de faire régner la Justice et de faire appliquer cette même justice. Mais jamais, ô grand jamais, elle n'avait été si malheureuse d'entendre son interlocuteur lui donner raison. En d'autres circonstances, elle aurait sans doute rêvé qu'il soit d'accord pour admettre que le rôle des justiciers était indispensables, parce qu'ils savaient être efficaces quand les organismes légaux échouaient, mais là, loin de se satisfaire de la réponse de Marcus, elle ne retenait que l'abattement qu'il affichait. Et elle n'en détestait que davantage encore ce connard de David Styles qui avait non seulement failli tuer l'une des personnes qui comptaient le plus au monde pour elle, mais avait réussi à saper son énergie, son moral et ses convictions, tout ce qui faisait que Marcus était Marcus. Mindy savait à peine quoi faire ou dire, à ce stade, pour que son interlocuteur retrouve un rien de certitudes, et soit de nouveau prêt à se jeter dans l'arène.

Bon, dans l'état où il se trouvait actuellement, c'était honnêtement tant mieux s'il ne se mettait pas au travail tout de suite, mais elle voulait qu'il se sente prêt, et surtout capable de croire qu'ils pouvaient y arriver. Là, elle avait le sentiment que Marcus ne croyait plus en rien, et ça la démoralisait profondément. Bon, il fallait laisser le temps au temps , c'est sûr. Il était normal que, pour le moment, Marcus ne transpire pas l'enthousiasme et l'optimisme, après ce qui venait de lui arriver. Mais quand même, c'était tout sauf simple à encaisser, au bout du compte. Mindy poussa un soupir. En cet instant, elle ressentait un rien l'envie de secouer son père adoptif comme un prunier pour le ramener à la raison. Peu importe la forme que prenait la justice, elle existait, Mindy en était intimement persuadée. Parfois, elle tardait à faire son oeuvre, c'est certain. Mais quand c'était le cas, eh bien on la faisait respecter d'une toute autre manière. Et Mindy était persuadée que la justice continuerait d'exister... Puisque la sienne existait encore.

-Dis papa... Elle avait prononcé ce mot sans même le réaliser, il avait glissé de ses lèvres le plus naturellement du monde. Et elle n'envisagea pas de le retirer puisqu'elle ne réalisa même pas qu'elle l'avait prononcé. Elle se contentait de dire ce qu'elle avait sur le coeur, ni plus ni moins, et elle avait besoin d'entendre que Marcus ne baissait pas les bras. Ce serait pire que tout si elle devait l'entendre renoncer. Tu me fais confiance ou pas ?

Parce que s'il lui faisait confiance, alors il devait forcément savoir que la justice existait encore. S'il lui faisait confiance, il devrait savoir que la justice, c'était eux.

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M

indy ne voulait pas que le défaitisme s'empare de Marcus. Elle comprenait qu'il lui soit difficile d'être positif en cet instant, mais elle avait vraiment besoin qu'il le soit, c'était même une nécessité pour elle. Mindy avait besoin de sa force pour savoir être forte à son tour, tout simplement. Elle avait la ferme intention de se battre pour lui, mais elle tenait à ce qu'il se batte avec elle. Bon, pas au sens propre et certainement pas dans cet état, mais elle tenait à ce qu'il se donne les armes pour avancer et pour relever la tête. Pour elle, c'était nécessaire, c'était important, aussi important que ce qu'elle accomplirait pour servir une justice qui, plus que jamais, avait besoin d'eux, d'eux dans la plus totale, pleine et entière disposition de leurs moyens, si ce n'est physiques, du moins mentaux.

Marcus lui répondit qu'il lui faisait confiance, sur un ton aux accents d'évidence, comme si la question était presque absurde. Elle l'était peut-être en partie, c'est vrai, parce qu'elle devrait le savoir, qu'il était fier d'elle. Mais Mindy ne pouvait jamais s'empêcher d'en douter. Elle se posait toujours un milliard de questions et était bien incapable de faire abstraction. Elle avait besoin de respecter les codes imposés par son père, et elle avait beson de faire la fierté de cet autre père, bien vivant, et à qui elle devait tant de choses, notamment d'avoir su lui rendre une vie que Damon Macready, en dépit de toute l'affection qu'il avait eue pour sa fille, elle n'en doutait pas, lui avait volée. Mais pas définitivement.

-Parle pas comme si t'étais sur le point de clamser, putain, répondit Mindy sans agressivité, plus avec détresse.

Elle n'avait pas envie d'entendre ces mots-là... du moins pas dans ce contexte. Bien sûr qu'elle voulait que son père de coeur soit fier d'elle, bien sûr qu'elle voulait qu'il croie en elle et lui fasse confiance, et c'étaient des mots qu'elle avait tout intérêt à retenir, mais elle ne voulait pas avoir à les retenir parce qu'un drame serait advenu, ça c'était tout à fait hors de question.

-T'auras encore plein d'occasions de me dire à quel point je suis parfaite grâce à toi, tenta-t-elle de plaisanter. Puis t'as pas encore fini ton boulot. J'ai toujours besoin que tu m'aides à être encore mieux.

Si Marcus devait avoir une bonne raison de regagner la foi, de reprendre confiance et de croire dans les causes qu'il avait défendues, c'était bien elle, non ? Elle serait la moitié de qui elle était si il n'était pas venu la récupérer et n'avait pas cherché à lui rendre un équilibre qu'elle n'avait jamais eu.

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M

indy afficha un grand sourire qui à lui seul signifiait qu'elle avait toujours raison (ce qui était bien sûr totalement faux - bien au contraire, elle avait certainement trop souvent l'occasion de se tromper, et ça pouvait bien souvent être assez problématique) sans qu'elle ait besoin de l'articuler directement. Elle savait bien que non, elle ne disait pas toujours juste, même si elle était sacrément sûre d'elle et de son discours, mais en l'occurrence, elle voulait surtout que son père de coeur reprenne du poil de la bête. Et sur ce point, elle voulait croire qu'elle faisait du bon boulot. Certes, elle devinait qu'il y aurait encore des hauts et des bas et que, à certains moments, Marcus risquait fort de se sentir démoralisé.

Après ce qu'il avait vécu, enduré, c'était bien normal. Mais elle voulait être là non seulement pour l'aider à remonter à la surface, mais surtout pour lui donner une bonne raison de le faire. Pour ce qui était des personnes qui lui avaient fait subir cela, leurs crimes ne resteraient pas impunis, cela, elle était prête à en faire la promesse solennelle à qui voudra bien l'entendre. Elle était impatiente qu'il sorte de l'hôpital. D'ici là, elle s'arrangerait pour qu'il n'ait plus rien à redouter. Elle comptait bien mobiliser toutes les armes à sa disposition pour ça, en tout cas. ET des armes, Mindy en avait plus d'une en réserve. L'air de rien, elle était capable de beaucoup. Elle n'avait pas intégré les Avengers pour rien, en même temps... enfin, même si elle les avait surtout intégrés pour Dave. Et qu'elle comptait les tenir à l'écart de toute cette histoire, au passage. C'était une affaire personnelle, et elle était bien décidée à la gérer ce qu'il y a de plus personnellement.

-Pas trop de temps quand même, répondit Mindy avec un fin sourire en coin.

Mais bien sûr, elle n'était pas sérieuse. Certes, elle tenait à ce que Marcus quitte très vite ce lit d'hôpital et puisse retrouver sa vie d'avant, mais elle n'avait pas la moindre intention de brusquer quoi que ce soit, non, pas du tout. C'était même la dernière de ses envies, en réalité. L'essentiel, c'est qu'il soit de nouveau sur pied, et que Styles et les Death Demons reçoivent la punition qu'ils méritaient pour ce qu'ils avaient fait subir à son père adoptif.

-Je vais te laisser te reposer. Elle se rapprocha de lui et déposa un rapide baiser affectueux sur son front. Je reviens te voir bientôt, d'accord ?

Et c'était une promesse qu'elle avait la plus ferme intention de tenir, bien évidemment. Elle comptait bien ne surtout pas lui lâcher la grappe. Il allait l'avoir sur ses côtes pour un bon moment, ça c'était clair et net.

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