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anda voudrait ne pas être anxieuse à chaque fois qu'elle retrouvait son frère, malheureusement, il semblerait que ce doive être le cas chaque fois qu'ils décidaient de se revoir. Les points de divergence devenaient si nombreux entre eux qu'ils ne parvenaient tout simplement pas à faire abstraction. Bien sûr, ils s'appuyaient, ils se soutenaient, ils restaient là l'un pour l'autre quoi qu'il advienne, mais il devenait pesant de constater que de trop nombreux éléments extérieurs venaient constamment parasiter leur belle complicité. Une fois, rien qu'une seule fois, la jeune femme voudrait que tout redevienne comme avant, qu'ils se contentent de parler, de rire, d'échanger comme ils le faisaient autrefois, sans tension et sans drame. Malheureusement, ce n'était pas pour aujourd'hui, et la jeune femme savait d'office qu'il n'y avait aucune chance pour que la conversation qu'elle aurait avec son frère jumeau ne soit pas houleuse et déplaisante.

Certes, elle n'avait aucune intention d'évoquer Vision, et elle avait envie de penser que Pietro, de son côté, prendrait soin de ne pas parler de Liv. Mais même sans ça, la situation resterait compliqué. Il était impossible, pour commencer, qu'ils n'évoquent pas la maladie, qui gagnait du trerrain. Les pouvoirs de Wanda s'étaient drastiquement affaiblis, elle se demandait ce qu'il en était pour son frère. Et puisqu'ils savaient tous deux ce que serait l'étape suivante dans cette situation, ce n'était absolument pas rassurant, loin de là. Et au-delà du mal qui les rongeait tous deux et des conséquences qu'il ne saurait qu'avoir, eh bien... il y avait la dernière information à mettre au jour... et qui serait forcément explosive puisqu'il était question de Magneto. Leur père.

Wanda savait, au moment où elle avait décidé d'apprendre toute la vérité au chef de la Confrérie que son frère exploserait quand il saurait qu'elle en avait parlé à l'homme qu'il refusait de considérer comme son père. D'ailleurs, elle n'avait pas vraiment eu l'intention d'en parler en soi... c'était juste... venu comme ça, au bout du compte. Magnéto s'était confié à elle, il lui avait parlé de son histoire, de sa fille décédée, de... bref, de toutes ces informations qui n'avaient que trop fait écho à sa propre situation. Et alors, ça avait été plus fort qu'elle. Il avait fallu qu'elle parle, qu'elle se dévoile, qu'elle retire ce poids de son coeur. Et même si elle craignait d'en parler à Pietro, elle ne regrettait pas vraiment sa décision. Car sur le moment, cet échange lui avait fait du bien, et elle avait eu le sentiment, juste et réel, de compter pour cet homme qui, à son corps défendant, avait toujours compté pour elle également.

Bref, il allait falloir qu'elle lui en parle, mais chaque chose en son temps. Pour l'heure, quand elle retrouva Pietro, la première chose qu'elle fit fut de le serrer dans ses bras, comme à son habitude. Avant de prendre de ses nouvelles.

-Comment tu vas ?

Au regard du mal qui les rongeait, la question était lourde de sens.

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a réponse de Pietro n'avait malheureusement rien d'engageante, mais n'avait en même temps rien d'inattendue non plus. Wanda s'y était malheureusement attendue, pour tout dire. Parce que la maladie gagnait du terrain, et il n'y avait aucune raison pour que la situation s'améliore miraculeusement pour eux alors qu'aucun remède n'avait encore été trouvé (si un remède devait être trouvé un jour). Ils devaient faire face à l'éventualité que ce mal les conduise à leur perte, et dans cette perspective, leur situation ne pouvait tout simplement pas être considérée comme agréable ou plaisante. Elle avait peur pour elle, elle avait peur pour son frère, surtout. Elle l'avait déjà vu mourir une première fois, ça lui avait été insupportable, elle refusait obstinément que cette situation se reproduise une fois encore. Surtout que cette fois, elle doutait fort d'avoir les pouvoirs de le faire revenir. Il ne fallait pas perdre espoir, bien sûr, mais il fallait savoir rester lucide malgré tout. Et dans cette optique, il était évident que leur situation n'avait rien de vraiment rassurante. Alors forcément, sa réponse ne pouvait pas réellement être différente de celle de son jumeau.

-La même chose, dit-elle doucement.

Et c'était terrifiant pour la suite. Elle se demandait si elle devait en dire plus encore, mais elle ne voulait pas en rajouter encore. Certainement pas. Elle avait bien conscience que cette situation pouvait vraiment empirer, mais il était inutile d'en rajouter encore. Et puis, ce n'était pas de cela qu'elle voulait parler en priorité au jeune homme. Elle ne savait pas vraiment si elle était prête à supporter tout ça, si elle serait capable de supporter tout ça, si elle serait capable d'accuser le coup quand elle supporterait la réaction de son frère, mais elle ne pouvait pas lui cacher cette information. C'était beaucoup trop important.

-Pietro... j'ai parlé à Magneto.

Voilà, on ne pouvait pas réellement dire qu'elle y mettait les formes ou qu'elle passait par quatre chemins, mais elle ne voyait aucune autre manière de formuler tout cela. C'était ainsi, c'était un fait, la situation était ce qu'elle était, et il n'y avait pas la moindre chance pour que celle-ci se décante à un moment ou à un autre. Elle devait juste lui avouer l'information avant que quelqu'un d'autre ne le lui apprenne. Elle ne savait pas exactement ce que déciderait Magneto concernant Pietro, mais elle ne serait pas surprise qu'il décide de lui parler en personne, et si tel devait être le cas, la jeune femme ne voulait surtout pas que Pietro réalise qu'elle avait tout avoué dans son dos. Oh, il lui en voudrait, elle le savait pertinemment, et elle s'en rendait d'ores et déjà compte. Mais quoi qu'il en soit, ce qui était fait était fait, et au fond, la jeune femme savait qu'elle ne serait jamais parvenue à tenir sa langue quoi qu'il en soit.

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on, au moins, la réaction de Pietro n'était pas aussi explosive et virulente que ce que Wanda avait appréhendé au moment d'apprendre la vérité à son frère jumeau. Oh, elle savait qu'ils n'étaient pas l'abris encore d'une nième engueulade et que ce n'était qu'un début, mais au moins, il ne lui sautait pas d'office à la gorge, et ça, ça la rassurait. Certes, elle voyait bien qu'il commençait à se braquer. Elle le connaissait par coeur, elle savait pertinemment reconnaître les moments où il était totalement détendu et les moments où il avait tendance à se renfermer. Maintenant, il fallait espérer que ses paroles n'auraient pas le don de la renfermer, encore et encore et encore. Tout ce qu'elle pouvait faire, malheureusement, c'était se montrer honnête envers lui et espérait qu'il veuille bien ne serait-ce qu'être à l'écoute de son point de vue.

Elle n'avait pas l'intention de tourner autour du pot ou de faire comme si de rien n'était. C'était même tout sauf son intention. Elle savait qu'elle avait manqué de franchise envers son jumeau, et elle ne voulait plus que ça arrive. Certes... c'était déjà un peu le cas puisqu'elle n'avait pas consulté son frère avant de parler à leur père, mais ce n'est pas comme si elle été allée trouver Magnéto dans l'optique de tout lui dire. Non, elle avait tout d'abord voulu garder tout cela pour elle, même si ça la torturait intérieurement. Mais voilà, il y avait eu cette conversation... Et entendre parler Magnéto de sa vie, de sa famille, de ses pertes, eh bien... ça l'avait amenée, de fil en aiguille, à parler à son tour.

Elle ne pouvait pas vraiment l'expliquer ou le justifier autrement. Ca avait été quelque chose de spontané, de nécessaire... Elle avait été incapable de tenir sa langue, alors elle avait parlé. Et dans tous les cas, elle savait très bien ce qui se serait passé si elle avait cherché à en discuter avec Pietro, il lui aurait opposé un "non" ferme et catégorique... sauf qu'il ne s'agissait pas de lui. L'homme qui les avait élevés resterait à tout jamais son vrai père pour elle. Mais il y avait ce lien, entre elle et Magnéto. Elle ne pouvait pas prétendre, elle ne pouvait pas fermer les yeux et faire comme si de rien n'était. Parler avait été libérateur, ça avait été un vrai soulagement.

-J'en avais pas l'intention, répondit-elle, ce qui était totalement honnête. On a beaucoup parlé... il m'a parlé de sa famille, de sa vie... Et que tu le veuilles ou non, on en fait partie. Elle marqua une pause. J'avais besoin de lui parler, tu comprends ?

Elle connaissait déjà sa réponse, non, il ne comprendrait pas, mais elle voulait qu'il essaie, au moins.

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a réponse de Pietro n'avait évidemment rien pour surprendre sa soeur jumelle. Même si ça lui brisait le coeur, elle savait très bien qu'il réagirait ainsi, qu'il ne comprendrait pas... qu'il ne la comprendrait pas. Cette sorte de lien indéfectible qu'elle avait tout de suite ressenti entre elle et Magneto, peut-être parce que ses pouvoirs tentaient de lui signifier un lien de sang que sa conscience, elle, n'était pas à même d'assimiler, Pietro, lui, n'était jamais parvenu à assimiler, à comprendre. Raison pour laquelle lui avait quitté la Confrérie quand elle était restée. Ils s'aimaient trop pour se déchirer, ils avaient besoin l'un de l'autre, comme les deux moitiés d'un tout, alors, quoi qu'il advienne, ils parvenaient toujours à se retrouver. Il n'empêche que plus le temps passait, plus cela devenait difficile, et cela, ils ne pouvaient pas réellement prétendre le contraire, c'était la pure et simple réalité, en fin de compte... Chaque nouvel événement qui venait ponctuer leurs vies n'était là que pour leur rappeler tout ce qui les différenciait, tout ce qui les éloignait...

Quand Pietro ne voyait pas en quoi Magneto faisait partie de leurs vies, Wanda ne saurait être moins d'accord. Ce ne pouvait pas être que le hasard s'il était arrivé sur le chemin, si ? Sans parler de destin... ça signifiait forcément quelque chose. La jeune femme tiqua quand Pietro précisa que l'homme avait fait d'eux des terroristes. Dans les termes, ce n'était pas vraiment comme si elle pouvait le contredire. Les positions extrémistes de la confrérie des mauvais mutants les poussaient bien souvent à des actions controversées et violentes, et Wanda ne pouvait prétendre être en total accord avec tout cela, quand bien même elle restait envers et contre tout.

Elle se sentit d'autant plus vexée et blessée quand Pietro ajouta que leurs parents n'auraient pas été heureux de cela. Leurs vrais parents, ceux qui les avaient élevés, ceux qui les avaient aimés. Ce qu'elle comprenait, en sous-texte, même si elle avait peut-être tendance à surinterpréter, vexée comme elle l'était à l'heure actuelle, c'était que le jeune homme était en train d'affirmer qu'elle serait une déception pour leurs parents adoptifs... sans doute autant qu'il le serait aussi s'ils devaient apprendre qu'il fréquentait une criminelle qui était parvenue à lui planter un couteau en plein coeur. Mais ce serait trop facile, elle ne comptait pas mettre Liv sur le tapis, pas tout de suite, tout du moins.

-Tu veux dire que je leur ferais honte, c'est ça, répliqua-t-elle alors d'un ton froid.

Car si Pietro pouvait se dédouaner en affirmant qu'il avait fait amende honorable en revenant sur le "droit" chemin et en quittant les confréristes, les choix qu'elle-même avait faits la plaçaient du mauvais côté de la barrière.

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anda sentit son coeur se briser encore davantage quand Pietro, loin de la consoler ou de la rassurer, poursuivit sur sa lancée en affirmant qu'elle pouvait bien interpréter ses dires comme elle le voulait. Sauf qu'il n'y avait pas mille manières d'interpréter les choses. Il n'y avait qu'une seule manière. Si leurs parents devaient ne pas être fiers de ses actes, c'est qu'ils devraient avoir honte d'elle. D'accord, elle ne pouvait pas lui donner entièrement tort, elle se doutait que ce n'était pas le destin que leurs parents auraient voulu pour eux, pour elle, et elle n'était pas fière de tout ce qu'elle faisait pour la confrérie. Mais ça restait son choix. A l'époque, ils n'avaient pas vraiment le choix, Magneto les avaient sauvés.

Et maintenant... Elle était resté si longtemps dans la Confrérie pour protéger son frère. Certes, ce n'était plus le cas à présent, et ses motivations étaient à présent plus obscures... mais elle se sentait tout de même flouée, bafouée. Si ses parents devaient avoir honte d'elle, si elle devait n'inspirer que du dégoût, du mépris ou de l'indifférence à son jumeau, à sa moitié, à la personne qui comptait plus que tout au monde pour elle. Alors il ne lui restait rien... Rien si ce n'est un homme qui était son père de chair et de sang... et qu'elle aimait complètement malgré elle, chose que Pietro était absolument incapable de comprendre.

Elle voulut répliquer quelque chose, mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge, incapables de franchir le seuil de ses lèvres, bloqués par un irrépressible sanglot. Elle n'avait aucune envie de pleurer, elle ne voulait pas appitoyer son frère. Elle aurait préféré rester forte et ne pas bouger d'un iota... mais voilà, c'était plus fort qu'elle. Pietro était son frère, son meilleur ami, son allié, son confident... l'entendre s'adresser à elle aussi... méchamment, c'était difficile à encaisser pour elle. Elle savait ce que Pietro attendait d'elle, bien sûr. C'était l'évidence même : il voulait qu'elle coupe tous les liens avec Magnéto. Mais c'était une promesse qu'elle ne voulait pas lui faire, c'était une promesse qu'elle ne pouvait pas lui faire. Encore moins maintenant, alors qu'elle avait le sentiment qu'il lui faisait subir un vrai chantage sentimental. Bien sûr qu'elle préférait Pietro à Magnéto, ce n'était même pas une question à se poser... Mais elle ne voulait pas être mise au pied du mur comme ça.

Faute de lui dire tout ce qu'elle voudrait lui dire, elle se vit fondre en larmes. Elle se détestait d'agir ainsi, parce qu'à ses yeux, c'était vraiment trop simple. Beaucoup trop simple. Elle ne voulait pas qu'il la prenne en pitié. Elle ne voulait pas que ça fausse la situation, qu'il cherche à la consoler... même si elle voudrait aussi qu'il la console, et retire tout ce qu'il avait dit.

-Tu as raison... Peu importe..., dit-elle sans rien en penser, entre deux sanglots.

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anda devrait sans doute rejeter l'étreinte de son frère, une manière de lui faire comprendre qu'elle ne pouvait pas tolérer les propos qu'il avait tenus, mais même sils l'avaient profondément blessés, elle avait bien du mal à lui en vouloir. Parce que si ces mots la faisaient tant souffrir, au point qu'elle se retrouve incapable de contenir ses larmes, ce n'était pas pour rien. Si l'attaque avait été gratuite et sans fondement, ça ne lui aurait posé aucun problème, vraiment pas, mais le fait est qu'elle était convaincue que Pietro avait cru dans les mots qu'il prononçait. Et elle pouvait difficilement l'en blâmer. Parce qu'elle pensait strictement la même chose de son côté. Elle était sans doute la honte de son père.

Et jamais elle n'avait voulu voir cette situation s'envenimer à ce point. Dans tous les cas, les mots faisaient mal. Peut-être qu'elle avait besoin de les entendre ? Mais Wanda n'en était pas sûre du tout. Parce que ça ne changeait rien. Contre la raison, elle continuait de vouloir rester dans le sillage de Magnéto, il continuait d'être important pour elle. C'était plus fort qu'elle. Dans tous les cas, elle ne tenait vraiment pas à ce que cette situation agrandisse encore l'écart entre elles. Mais malheureusement, ce n'était pas du tout fait pour s'arranger. Elle aimerait remonter le temps, revenir à cette période où il n'y avait que lui et elle. Mais aucun retour en arrière n'était possible. Ils pouvaient retourner le regard. Mais ils ne pouvaient pas inverser le cours du temps (enfin, elle commençait à se dire que, dans ce monde, tout était possible... mais ce ne serait pas la meilleure des idées pour autant).

-Tu n'es jamais débile, répondit Wanda, blottie dans les bras de son frère, qui tentait de contenir ses sanglots du mieux qu'elle le pouvait.

Ce n'était pas ce qu'il y a de plus simple, mais elle faisait de mieux pour garder le contrôle de ses nerfs. Il y avait déjà eu des mots qu'ils regrettaient déjà... Elle n'avait pas du tout envie d'en rajouter plus encore en surenchérissant. Ni lui, ni elle n'avaient besoin de cela. C'était normal que Pietro soit sur les nerfs quand il était question de Magnéto. Même s'ils observaient la situation d'une manière très différente, elle comprenait complètement le point de vue de Pietro, même si elle ne réussissait pas à avoir le même.

-Et tu le pensais, c'est bien le problème. Et c'est pas pour rien. C'est sûr... qu'ils auraient honte de moi.

Comment pourrait-il en être autrement ? Elle n'avait certainement pas un parcours digne d'être admiré, elle ne suivait pas le chemin que ses parents auraient sans doute voulu tracer pour elle. Et elle en avait bien conscience.

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anda savait bien que Pietro s'en voulait, et que les mots qu'il prononçait, il les disait pour la rassurer, pour la consoler, mais ça avait l'effet absolument inverse, en fin de compte. La jeune femme se retrouvait plus désoeuvrée qu'elle ne l'avait jamais été, et ces mots ne venaient que rendre plus concrète une réalité qu'elle ne pouvait définitivement pas nier, quoi qu'elle puisse faire ou décider. Oui, leurs parents n'étaient plus là, ils ne pouvaient pas parler à leur place ni savoir quel regard ils porteraient sur eux à l'heure actuelle, mais ils les avaient tout de même suffisamment connus pour s'en faire ne serait-ce qu'une petite idée, et cette fraction d'idée n'avait absolument rien de reluisante, bien au contraire.

Oui, à l'époque, il avait raison de le souligner, ils n'avaient pas eu beaucoup d'autres choix. Oui, c'était facile, évidemment, de prétendre qu'on avait toujours le choix, mais ce serait le plus évident des mensonges, en fin de compte. On était tout de même déterminé par les circonstances, quoi qu'on décide. Ils étaient perdus, ils n'avaient plus personnes, ils étaient pourchassées, ils avaient besoin qu'on les aide à se construire, et à se familiariser avec leur nature et leurs pouvoirs. Au début, oui, ils avaient une excuse, mais depuis, le temps avait passé, et c'était là que ce devenait plus compliqué. Pietro était celui qui avait pris conscience, qui avait évolué de la bonne manière. Et elle, elle était l'anomalie. Les solutions qu'ils n'avaient pas à l'époque, ils les avaient maintenant. Et donc, cela plaçait toujours Wanda dans la pire situation possible. Elle ne pouvait pas blâmer les circonstances, elle ne pouvait blâmer qu'elle-même, en fin de compte, et lui aussi, la blâmer. Donc elle restait la honte de la famille, celle que ses parents adoptifs renieraient en la voyant aujourd'hui. Il ne pouvait pas la contredire, il le pensait. Et c'était pour cette raison, exactement, que c'était si compliqué. Il ne pourrait la consoler qu'en lui mentant. Sauf que Wanda serait bien incapable de croire dans aucun de ses mensonges. Elle le connaissait beaucoup trop bien.

-Mais on en a maintenant, n'est-ce pas ? Donc je n'ai aucune excuse.

Son excuse, c'était son instinct, c'était effectivement quelque chose de plus fort d'elle et qu'elle ne contrôlait pas. Son excuse n'était pas une bonne excuse. Loin de là, mais elle n'avait que ça, et elle savait que jamais Pietro ne s'en contenterait, il était du bon côté de la barrière, en somme.

-Toi, c'est sûr qu'ils seraient fiers, vraiment fiers de ce que tu es devenu, ça ne fait aucun doute.

Et elle le pensait. Au moins, ça en faisait un sur deux, c'était déjà ça... sans que ça lui apporte aucun réconfort.

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on, en effet, ni lui ni elle n'étaient à même de savoir ce que leurs parents penseraient exactement de toute cette situation. Il était très probable, à bien y regarder, qu'ils n'en penseraient aucun bien, pas au regard de leurs choix mais du fait qu'ils n'aimeraient pas voir leurs enfants se déchirer, encore et encore. Ils avaient été les premiers à leur rappeler constamment qu'ils devaient être soudés, toujours rester ensemble pour mieux faire face à l'adversité, et pourtant, ils étaient désunis, et même s'ils revenaient toujours l'un vers l'autre parce qu'ils étaient incapables d'être éloignés trop longtemps, quand ils avaient songé à l'avenir des jumeaux, ils n'avaient sans doute, certainement, même, pas envisagé ça. Wanda voulait croire qu'ils auraient toujours accepté de supporter leurs choix, parce qu'ils les aimaient quoi qu'ils fassent, mais ils n'auraient été ni fiers, ni heureux.

Et Pietro pouvait bien revenir sur les mots qu'il avait prononcés dans l'espoir de les minimiser, Wanda de son côté ne pouvait certainement pas oublier ce qu'elle avait entendu, elle ne pouvait pas ignorer que s'il avait prononcé ces mots, c'est qu'il les avait tout de même pensés, et à raison, certainement. Si ça la touchait autant, c'est qu'elle voulait bien admettre qu'il y avait plus qu'un fond de vérité là-derrière.

Elle pouvait reconnaître que nombre des choix qu'elle avait faits, elle les avait faits dans l'espoir de protéger son jumeau, c'était la plus stricte vérité... mais ça ne justifiait pas tout non plus. Si elle refusait de partir à présent, ce n'était pas pour protéger encore son frère, c'était aussi parce qu'elle n'avait pas envie de trahir Magnéto. Quant à Pietro, elle était incapable de le trouver égoïste. Elle voulait bien admettre qu'il était parfois trop impulsif et que cela leur causait du tort à tous les deux, mais égoïste, jamais, en tout cas, jamais quand il était question d'elle.

-Tu sais, tu pourras essayer de le faire passer pour une blague autant que tu le voudras, je ne le prendrai jamais à la plaisanterie, répondit Wanda avec un fin sourire en coin, ce qui prouvait qu'elle était quand même capable d'entendre sa "vanne" sans l'envoyer sur les roses.

Mais en même temps, non, elle ne pouvait pas trouver ça drôle puisque ça ne ressemblait absolument pas à une plaisanterie à ses yeux, même pas du tout. Parce que pour que c'en soit une, il faudrait que ce soit faux. Mais non, Raven était bel et bien une tarée de première, et il ne pouvait pas prétendre l'inverse. Et penser à elle, c'était revoir en boucle le moment où elle lui avait planté un couteau en plein coeur. Alors non, clairement, elle ne pouvait pas, ni ne pourrait jamais prendre ce sujet à la légère.

-Tu n'es pas égoïste, ne dis pas ce genre de chose. Tu as toujours tout fait pour me protéger, toi aussi, et je le sais très bien. Mais peut-être qu'on devrait commencer à accepter... que les choses sont comme elles sont, pour le moment en tout cas, et faire avec, tu ne penses pas ?

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anda savait bien qu'elle avait peut-être un peu trop tendance à faire l'autruche et à choisir la voie de la facilité. Prendre la décision d'admettre que certaines choses ne se contrôlaient tout simplement pas, c'était aussi reconnaître qu'ils étaient impuissants, et décider de ne pas agir pour changer les choses... Mais seraient-ils vraiment capable de changer les choses ? Elle en doutait plus que fortement, en fin de compte. Wanda voulait simplement se laisser l'occasion de garder Pietro à ses côtés quand elle le pouvait, quitte à jouer complètement les ignorantes.

Elle ne savait pas ce qu'il en était, elle ne savait pas comment ils s'en sortiraient, mais elle avait vraiment l'intention de faire au mieux quoi qu'il en soit, et de préserver ce qu'elle réussirait à préserver, si elle le pouvait... Elle savait qu'il ne lui servirait à rien de se trouver une nouvelle famille si elle devait perdre la précédente. Elle voulait affirmer qu'elle choisirait toujours son frère, envers et contre tout, mais rien n'était jamais aussi facile qu'il n'y paraissait, il y avait toujours de ces subtiles nuances à côté desquelles il était bien impossible de passer. Et ce n'était pas une chose qu'il était simple de gérer.

-Bon, puisqu'on a admis qu'on ne peut pas tout gérer et que la fin du monde est très probablement pour très bientôt, qu'est-ce que tu dirais qu'on aille boire un verre tous les deux, et qu'on fasse... je sais pas... comme si tout le reste n'existait pas ?

Elle n'était pas du tout convaincue du fait que ce soit la bonne solution, mais en attendant, puisqu'ils avaient admis se retrouver dans l'impasse, il était peut-être préférable de mettre ça de côté et de juste profiter du fait d'être ensemble tous les deux. Car à chaque fois que l'un et l'autre se retrouvaient ensemble tous les deux, ils discutaient de leurs points de discorde, des événements bouleversants dans leurs existences, ils ne savoureraient pas réellement la compagnie l'un de l'autre. De son côté, Wanda avait juste envie de passer du temps avec lui en occultant tout le reste.

Serait-elle vraiment capable d'occulter tout le reste comme elle le prétendait ? Au fond, elle n'en savait absolument rien, mais elle avait envie d'oublier ses craintes et ses appréhensions quelques heures pour juste savourer la compagnie de son frère comme elle avait l'impression qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de le faire depuis très, très, très longtemps. Et ils devront en profiter d'autant plus que cela n'irait peut-être pas en s'arrangeant non plus avant très, très, très longtemps, en réalité. Wanda voulait juste encore croire en une vie sans drame. Elle le voulait vraiment. Et elle était convaincue du fait que c'était ce qu'il voulait lui aussi.

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