Ces derniers temps, Dave ne pouvait pas nier le fait qu’il n’était pas entièrement concentré sur son travail à la boutique de comics. Oh, il ne séchait pas pour autant le travail parce qu’il ne pouvait pas se le permettre (ou en tout cas, il tentait d’être absent le moins possible, il ne pouvait pas toujours promettre d’être entièrement assidu), mais il avait la tête ailleurs. Parce que les Avengers avaient été formés, qu’il était l’un de leur membre et que forcément Kick-Ass prenait donc du galon. Il avait bien plus de responsabilité maintenant avec Mindy, forcément ça avait des conséquences sur sa vie normale. Ce n’était pas pour lui déplaire, bien au contraire, il adorait vraiment ça. Mais force était de constater que sa concentration était loin d’être au top.

C’était le cas encore aujourd’hui, alors qu’il se trouvait au travail et qu’il pensait seulement à son rôle de super-héros. En soit, Mindy avait largement d’argent (et lui aussi en un sens, parce qu’il avait participé avec elle à pas mal de récupération d’argent sale) pour qu’ils puissent vivre sans qu’il n’ait besoin de travailler, mais Dave ne tenait pas à arrêter son job. En partie parce qu’il n’aimait pas l’idée que de vivre sur l’argent sale de trafiquant, mais aussi parce qu’il aimait son travail. Même s’il n’était pas réellement concentré sur les clients, sur tout ça, il était quand même mordu de son travail. Autant dire qu’il n’avait clairement pas envie de s’arrêter là, mais il savait qu’il allait quand même devoir réussir à partitionner un peu plus son esprit, séparer plus Kick-Ass de Dave.

Enfin, pour l’heure, le jeune homme allait surtout faire sa pause déjeuner, parce qu’il ne fallait pas exagérer. Dave pourrait sans doute rentrer chez lui, mais puisque Mindy n’était pas là – il savait qu’elle avait des choses à faire toute la journée – il décida de se rendre dans une petite brasserie pas très loin du magasin. Il n’avait pas énormément de temps non plus, parce que ce dernier était ouvert toute la journée en continue et que son collège allait avoir besoin d’aller manger quand même. Bref, il prenait donc sa pause et se rendait dans cette petite brasserie, qui ne payait peut-être pas de mine, mais qui était très bonne. Surtout qu’en prime, il allait pouvoir manger rapidement. À moins qu’on ait besoin de Kick-Ass ? Mine de rien, Dave ne pouvait pas nier le fait qu’il aimerait bien que ça arrive. Mais bon, en même temps, il ne devait pas quand même s’en aller de son travail non plus, il ne pouvait pas réellement se le permettre. Bref, il était encore plongé dans ses pensées quand il arriva dans la brasserie, mais quand son regard se poser sur une femme juste devant lui, il la reconnu tout de suite.

« Oh, docteur Palmer ! » Il ne pouvait que la reconnaître après tout, au vu du temps qu’il l’avait vu quand il se trouvait à l’hôpital. Ils ne s’étaient pas vraiment vu depuis, mais ça ne faisait pas si longtemps que ça après tout.

Dave ne pensait vraiment pas qu’il allait croiser le docteur Palmer dans cette brasserie, alors qu’il se contentait simplement d’aller manger son repas. En même temps, le jeune homme n’aurait pas cru la croiser nulle part. Le jeune homme n’avait pas vu ce médecin depuis qu’il avait quitté l’hôpital avec son père, après ces longues semaines d’hospitalisation. En soit, Dave ne savait même pas si la femme allait pouvoir le reconnaître, parce que bon… mine de rien, cette histoire commençait à dater un peu. Le temps passait rapidement, il avait le sentiment que c’était hier qu’il s’était fait agresser dans la rue – en costume de plongé, mais ça personne ne devait le savoir en dehors de l’ambulancier qui l’avait déshabillé – mais en même temps… eh bien, ça ne datait pas d’hier non. Et clairement, le jeune homme avait quand même vraiment changé depuis. Le temps était passé donc, autant dire que la jeune femme n’avait pas forcément de raison de se rappeler de lui, même s’ils étaient vus souvent quand il se trouvait à l’hôpital. Si le docteur ne le reconnaissait pas, Dave ne lui en voudrait pas en tout cas, il comprendrait même vraiment.

Mais le médecin le reconnu, l’appelant même par son prénom. Mine de rien, il ne put s’empêcher d’apprécier la situation, il trouvait ça vraiment agréable de se dire qu’elle se souvenait encore de lui. Et elle lui demanda en prime de l’appeler Christine.

« Je vais très bien et vous ? » Demanda-t-il, sans avoir besoin de cacher quoi que ce soit sur sa situation.

Parce que Dave allait réellement bien, il n’avait aucune raison de se plaindre. Oh, bien sûr, il y avait parfois des petits soucis dans sa vie, mais en dehors de ça il allait très bien. Et physiquement, il se portait comme un charme. Bon, il n’avait pas eu dernièrement de combat trop musclé dans son autre activité qui puisse justifier qu’il ne soit pas au meilleur de sa forme physiquement. Mais bon, de toute façon, Dave ne se voyait pas du tout entrer dans les détails. Il avait un peu du mal à s’imaginer dire tout ce qu’il faisait avec les « capacités » que la jeune femme sous ses yeux lui avait offert. « Oh, en fait, j’utilise le fait que mes nerfs soient quand même vachement mollassons maintenant pour me battre à longueur de temps et jouer les justiciers masqués ». Bon, après, il était bien plus qu’un simple justicier masqué à ses yeux maintenant, mais dans tous les cas il ne pouvait pas entrer dans les détails.

« Je suis en pause déjeuner dans ma journée, j’allais manger avant de retourner travailler. »

Dave adressa un sourire compatissant à son ancienne chirurgienne quand elle lui affirma qu’elle était fatiguée parce qu’elle sortait d’une garde de douze heures. Le jeune homme osait croire qu’il pouvait la comprendre, parce qu’on ne pouvait pas dire qu’il ménageait réellement ses efforts non plus de son côté. Après tout, le jeune homme passait parfois des heures et des heures sous le masque de Kick-Ass à patrouiller ou même en mission pour les Avengers et par moment, en sucrant un peu sur son quota de sommeil. Le jeune homme ne dormait donc pas toujours le bon nombre de sommeil pour arriver à être en forme le lendemain pour sa journée de travail. Alors, oui, il se disait qu’il pouvait la comprendre, mais en même temps il ne pouvait pas non plus se comparer avec elle. Alors qu’elle était quand même un médecin et qu’elle devait assurer des journées vraiment rempli par moment, passant des heures parfois en salle d’opération. Avec lui notamment. Dave savait bien qu’il avait passé des heures au bloc après son soucis… donc non, il n’allait pas se permettre de comparer. Même si en un sens, les deux cherchaient à aider les autres, d’une manière juste différente.

Elle affirma ensuite qu’elle allait manger, et l’invitait à partager son regard avec elle. Dave ne pouvait pas nier qu’il se sentait un peu mal à l’aise, juste parce que c’était quand même un peu spécial de se retrouver devant son ancien médecin. Et encore plus de la tutoyer, alors qu’il ne se voyait pas le faire naturellement. Mais en même temps… elle était sympa quand même, il avait toujours eu un bon contact avec elle.

« Je travail dans une boutique de comics, un peu plus loin dans la rue. » Répondit-il pour commencer quand elle lui demanda où il travaillait. Ce n’était pas comme quand ils s’étaient rencontrés. Mine de rien, ce moment remontait quand même un peu. Dave avait fait du chemin depuis, il était devenu un vrai super-héros. Pas seulement parce qu’il continuait de porter son costume – qui avait quand même quelque peu évolué depuis le tout début, depuis ce jour où il avait fini à l’hôpital donc – et qu’il se battait dans la rue, d’une meilleure manière parce qu’il avait été entraîné par Mindy, mais parce qu’il était reconnu dans le « métier ». Sans qu’il ne puisse s’en venter pour autant, parce qu’il devait être discret. « Ça me dit bien de partager un repas avec vous… tu. » Il se corrigea sur la fin, il n’avait pas encore l’habitude de la tutoyer. Ça le mettait un peu mal à l’aise quand même, mais il se doutait que ça viendrait avec le temps. « Vous ne travaillez plus du coup ? Vous n’avez quand même pas besoin de reprendre un service bientôt ? »

Ça serait trop quand même, après une garde comme celle qu’elle venait d’avoir.

Quand le chirurgien demanda à Dave si ce qu’il faisait lui plaisait, ce dernier n’avait pas d’autres raisons de ne pas confirmer, bien au contraire. Ce qu’il fit d’ailleurs, d’abord par un signe de la tête. Le jeune homme était vraiment heureux dans son travail, il se plaisait dans ce qu’il faisait, donc il n’avait aucune raison de ne pas être satisfait. Ce n’était pas incroyable non plus, en un sens, ça n’avait rien à voir avec le genre de métier que la femme devant ses yeux faisait, mais ça lui plaisait énormément. Il s’en contentait en tout cas très bien. Surtout que concrètement, le jeune homme ne se contentait pas de vendre des comics après tout, il était un justicier. Mais ce n’était pas comme s’il pouvait envisager de le dire à la femme sous ses yeux, même si ainsi, son chirurgien comprendrait peut-être un peu plus comment il avait pu se retrouver sur sa table d’opération. Même si à l’époque, le jeune homme n’était pas encore totalement Kick-Ass. Sa justice était en projet, mais il n’était pas encore devenu réellement un justicier. Et l’opération de la femme n’avait pas manqué de l’aider d’ailleurs.

En tout cas, pour l’heure, ils s’installèrent donc pour manger ensemble. Dave afficha un sourire amusé, mais pas entièrement rassuré, quand la femme affirma qu’elle arrivait à manier le scalpel mais qu’elle ne mordait pas pour autant. Elle lui apprit alors qu’elle était en repos pour deux jours, à moins qu’on ne l’appel pour une urgence ce qui pouvait très bien arriver.

« Faut que vous profitiez bien de votre repos alors. » Il était évident que la femme méritait clairement de se reposer, alors autant qu’elle en profite. En un sens, Dave ne pouvait pas s’empêcher de comprendre ce qu’elle ressentait, parce que mine de rien il était bien placé pour savoir que ce n’était pas évident d’avoir du repos quand on avait un planning chargé. Officiellement, il n’était qu’un vendeur de comics dans une boutique, mais il était bien plus que cela en réalité. Et être appelé à tout moment pour une situation d’urgence, c’était quelque chose qu’il connaissait. Mais il ne pouvait pas le dire à la femme sous ses yeux forcément. « Ça ne doit pas être simple de pouvoir être appelé à tout moment. »

Bon, d’accord, il en avait plus conscience qu’il ne le laissait paraitre.

Le docteur Palmer affirma Dave du fait que ces horaires, on finissait par s’y habituer. Le jeune homme voulait bien le croire, parce qu’il se doutait que ce genre de situation était tout simplement le quotidien. On pouvait appeler ce médecin n’importe quand, n’importe où pour qu’elle revienne à l’hôpital pour gérer une urgence. Forcément, quand on se lançait dans une telle situation, dans une telle carrière, on devait se douter de ce que ça donnait sur le long terme, de comment les choses se passaient. Ce n’était pas un secret de polichinelle, mais il y avait quand même des personnes dévouées qui acceptait ce genre de contrainte dans le but de faire leur métier. C’était forcément une bonne chose, parce que même si ce travail n’était pas évident, il sauvait quand même des vies. C’était cela, sans les médecins, les gens ne parviendraient pas à survivre tout simplement. Alors, ils n’avaient pas le choix. Christine Palmer précisa qu’en prime, ce n’était pas réellement fait pour elle les horaires normales. Forcément, si on n’était pas un adepte des horaires de bureau c’était bien mieux. En un sens, on ne pouvait pas dire que Dave avait réellement des horaires de boulots de son côté non plus, mais ça c’était parce qu’il avait plus d’une activité en plus de son travail au café. Et par chance, il y avait de toute façon de nombreux médecins pour assurer le travail.

« Vous n’avez vraiment pas choisi la voie la plus facile. » Répondit-il. De son côté, Dave passait clairement pour un jeune se contentant de travailler dans un café, dans un travail plus que pépère. Mais évidemment, ce n’était pas le cas entièrement. Parce qu’il avait ses activités extra, celles qu’il faisait quand il n’était pas simplement l’employé du café/comics qu’il était. Et autant dire qu’avec ça, plus son rôle avec Mindy et les Avengers, il était évident qu’il n’avait pas le temps de s’ennuyer. « Mais heureusement que vous l’avez suivi. » Reprit-il, ne mentant pas une seule seconde. Il trouvait que la femme sous ses yeux était une personne particulièrement incroyable, ce n’était pas rien d’être chirurgien quand même. En tout cas, Dave ne trouvait pas que c’était anodin. « Heureusement pour moi surtout. » Rajouta-t-il en riant.

Bon, Dave devait se douter que son interlocutrice n’était pas le.a seul.e docteur.e à pouvoir faire le genre d’opération qu’il avait subi, mais en même temps c’était quand même elle qui l’avait sauvé et qui lui avait permis de retrouver une vie plus ou moins normale. Même si on ne pouvait pas dire que Dave avait une vie normale non plus. Mais ça, c’était évidemment pas quelque chose qu’il pouvait se permettre d’affirmer tout haut, même avec une femme qu’il portait en grand estime.

Dave n’était pas vraiment surpris d’entendre la femme sous ses yeux lui affirmer que pour faire son métier, il fallait quand même le vouloir. En même temps, ce n’était pas le genre de chose qu’on pouvait faire juste comme ça, au hasard. C’était le genre de carrière qu’on avait par passion, pas autrement. En attendant, ça convenait assez bien au jeune homme. Bon, cela dit, Dave se doutait que peu importait le médecin au final, il s’en serait sorti, mais ça lui convenait bien de se dire que c’était cette femme qui l’avait opéré. Le jeune homme afficha un sourire quand la femme affirma qu’elle était heureuse de voir qu’il s’était remis de ses blessures. Ça allait bien mieux en effet, il s’était quand même remis plutôt rapidement au final.

Cela dit, Dave avait bien conscience qu’il avait quand même énormément de chance au vu de l’état de son corps après l’agression qu’il avait subi. Tout le monde n’avait pas cette chance, Christine Palmer ne manqua pas de confirmer le fait qu’elle voyait beaucoup trop de jeune personne dans ses blocs et que ça ne se passait pas toujours très bien. Et elle espérait d’ailleurs ne plus avoir à l’opérer.

« J’espère aussi, j’ai assez donné comme ça. » Répondit-il, ce qui était parfaitement le cas. Bon, depuis, le jeune homme avait quand même du subir des soins, mais il n’avait jamais pris la peine de se rendre à l’hôpital. Il parvenait quand même à se débrouiller un peu dans son coin, même s’il avait conscience que s’il devait se retrouver dans un état comme celui qui l’avait conduit dans le bloc de Palmer, il était évident qu’il allait avoir besoin de l’aide d’un médecin. Mais pour le moment, il ne s’en sortait pas trop mal. « C’est une bonne chose d’avoir des connaissances dans la médecine. » Affirma-t-il alors. « Je ne l’oublierais pas. »

Et il était sincère, même si Christine Palmer ne pouvait pas vraiment se douter du fait qu’il pouvait réellement avoir besoin de médecin un jour. Il se disait que s’il avait besoin de quelqu’un en urgence et qu’il ne pouvait pas forcément se rendre à l’hôpital, en un sens c’était quand même une bonne chose d’avoir des connaissances en médecine.