La neige avait tardé cette année-là, les New-Yorkais avaient même fini par croire qu'ils allaient passer leurs premiers hivers sans bonhomme de neige et bataille de boule-de-neige. Mais le matin de Noël, la neige avait enfin décidé de faire son apparition, en seulement quelques heures la ville était entièrement recouverte d'un grand manteau blanc. Alors que les New-Yorkais déjeunaient tranquillement en famille et que les enfants déballaient en riant leurs cadeaux de Noël, une jeune femme était en train de hurler de douleur, les mains posées sur son ventre bien rond. C'est ce jour-là que ma mère me donna naissance, un jour où la neige avait décidé de faire son apparition laissant la circulation en ville impossible. Elle ne pue donc pas se rendre dans un hôpital pour me donner la vie et pour combler son malheur, tous les voisins étaient partis rejoindre leurs familles pour fêter Noël. C'est donc seul qu'elle dut traverser cette épreuve... Et quelle épreuve ! Elle fit couler un bain se disant que la tâche lui serait plus simple si elle accouchait dans l'eau, que je sortirais plus facilement. Les minutes lui parurent des heures et des heures, vu la souffrance qu'elle endurait. L'appartement était rempli de ses cris de douleur, mais ces derniers furent vite remplacés par des cris de colère et de tristesses. Le petit être qu'elle tenait dans ses bras était bleu, le petit corps qu'elle serrait dans ses bras était froid. L'enfant était-il mort ? Ma mère se mit à pleurer en me croyant morte pendant quelques instants, mais qu'elle ne fut pas sa surprise quand je me mis à crier et à bouger dans tous les sens. Peu à peu dans ses bras, ma couleur bleuit commença à disparaître, mon corps semblait se réchauffer d'une manière spectaculaire. Elle me dit souvent que je suis le plus beau cadeau de Noël qu'elle n'ait jamais eu, un miracle de Noël.

Ma mère remarqua bien vite que je n'étais pas une petite fille comme les autres, j'étais née avec un don. Quand nous sommes des enfants, nous ne nous rendons pas bien compte du monde qui nous entoure, nous confondons souvent le bien du mal. Et pour moi, petite fille innocente, je m'amusais à créer des jouets en glace, à créer des tempêtes de neige dans la salle de bains, à transformer mon verre d'eau en glace. Je ne voyais pas le regard surpris des passants quand je sortais dehors dans une petite robe d'été, alors qu'il faisait moins quinze et que tout le monde portait manteaux et écharpes. Pour moi, tout cela était normal, j'étais même fier de mes petites sculptures de glace que j'offrais à ma mère. Ce qui me paraissait étrange était le fait que ma mère refusait de m'envoyer à l'école, qu'elle m'interdisait de faire de la glace ou de la neige en dehors de l'appartement. Pourquoi avait-elle si peur que l'on découvre tout ce que je savais faire ? Qu'est-ce que je pouvais être innocente...

Au fur et à mesure que je grandissais, je compris que j'étais différente, que j'étais la seule à pouvoir créer de la glace comme par magie. C'est en comprenant cela que je me mis à supplier ma mère de m'envoyer à l'école, lui promettant que je ne ferais rien de bizarre, lui jurant que je ne ferais ni glace, ni neige. Elle fut surprise de ma demande, mais malgré la peur que l'on découvre mon don, elle finit par accepter. Je fus si impatiente lors de mon premier jour d'école, avant d'aller à l'école ma mère me fit jurer une dernière fois de ne montrer mon don à personne et pour finir, elle m'apprit une chanson. « Quand tu seras triste, en colère ou que tu sens que ton don t'échappe, murmure cette chanson de tout ton cœur et ton don restera caché aux yeux de tous » Je ne pourrai jamais oublier ces paroles, jamais...

Mes premiers jours d'école se passèrent à merveille, je me fis vite des amis et j'adorais apprendre chaque jour de nouvelles choses, j'étais dans les premiers de ma classe. Tout se passait à merveille, je restais toujours loin de toute embrouille et je faisais tout pour que ma mère, soit fière de moi. En grandissant, j'utilisais de moins en moins mes pouvoirs. Ma mère voulait que je les cache aux yeux de tous, alors pour être sûr de ne pas les montrer à qui que se soit, je préférais ne plus les utiliser. Les années passaient et rien ne venait troubler mon bonheur, j'aurais voulu que tout cela dure éternellement, mais le soir de mes 16 ans, mon bonheur se brisa en mille éclats.

Alors que j'étais tranquillement dans ma chambre, emballant le cadeau de ma mère, j'entendis sonner à la porte. Je ne bougeai pas de ma chambre, me disant que c'était un voisin venant demandé du sucre, du sel ou je ne sais quoi d'autre. « Pitié, je vous en prie... Ne me tuez pas » Je bondis de mon lit en entendant ma mère prononçaient ces mots en larmes, je sortis de ma chambre en trombe tombant nez à nez avec un homme armé. L'arme était pointée vers ma mère en larmes qui suppliait l'homme de ne pas nous tuer toutes les deux. Je remarquais du sang coulant du visage de ma mère, l'homme l'avait sûrement frappé. Alors que ce dernier commençait à me menacer avec son arme, je sentis une colère noire m'envahir peu à peu. Ma peau commença à bleuir, mes cheveux à blanchir, de la glace, commençaient à se former autour de moi, l'air devenait plus froid à mesure que ma colère augmentée. Je ne prêtais pas attention aux paroles de ma mère, qui me suppliait de me calmer, rien à faire cet homme menacer de tuer ma mère et il menaçait de détruire mon bonheur, je devais... Je ne me rappelle plus trop ce qui s'est réellement passé ce soir-là, je n'ai que des brèves images gravées dans ma mémoire. Je me rappelle avoir couru vers cet homme l'attrapant à la gorge avec ma main gelée, je me souviens de son visage qui devenait bleu peu à peu, je me rappelle avoir senti ma mère me tirer vers elle pour que j'arrête, je... Je me rappelle m'être retourné pour repousser ma mère... Ma main a touché le haut de sa poitrine... MA MAIN GELER LA TOUCHER ! J'ai failli tuer ma mère à cause de ce stupide don... J'ai gelé une partie du cœur de ma mère ce soir-là... Depuis ce soir-là, ma mère est dans une chambre d'hôpital entre la vie et la mort, elle vit grâce à une tonne d'appareils électroniques, tout cela à cause de moi ! Je me suis juré ce jour-là de ne plus jamais utiliser mon don, de tout faire pour qu'elle puisse enfin sortir de cet hôpital, qu'elle puisse vivre sans toutes ces machines.

Je quitta vite le banc de l'école enchaînant petit boulot sur petit boulot pour lui payer tous ses soins médicaux. Alors que j'abordais tout juste la majorité, un homme me proposa de gagner beaucoup d'argent en échange de quelques danses, tout cela dans des tenues quelque peu sexy. Je n'hésitais pas longtemps quand il me dit combien cela pouvait me rapporter. Je m'en moque complètement d'être reluqué par des vieux pervers, tout ce que je voulais, c'était sauver ma mère. Je commençai très jeune mon métier de strip-teaseuse, laissant les hommes me regardais comme un objet, comme un animal, prête à tout contre quelques billets. Plusieurs fois, mon patron me proposa de gagner deux fois plus en... Enfin, bref, j'ai toujours refusé de coucher avec un homme ou une femme contre de l'argent, enfin pour le moment...

Il existe deux Hannah, deux femmes bien différentes, non, elle n'est pas schizophrène, rien de cela. Quand elle travaille, on découvre une femme calculatrice, souriante et très sûre d'elle. Une magnifique femme qui danse comme une déesse, qui n'a pas peur d'aller à la rencontre de ses clients, car elle sait parfaitement s'y prendre avec eux. Elle sait comment leur faire cracher le plus de billets, comment les rendre accrocs, comment les faire travailler plus pour dépenser plus. Elle rigole, elle discute de la pluie et du beau temps avec ses collègues. En la voyant ainsi, on dirait que c'est une fille très sociale, qui aime danser autour d'une barre ou qui beaucoup l'argent. Mais tout cela ce n'est qu'un masque, une fois sorti de cet endroit, on découvre une femme froide, solitaire et triste. Hannah passe son temps libre à l'hôpital au côté de sa mère, même si cette dernière est complètement shootée par les médicaments ou dort profondément. Elle s'en veut énormément de ce qui est arrivée à sa mère, elle se déteste, elle hait ses pouvoirs, elle aurait préféré naître sans un tel don. Elle ne peut s'empêcher d'imaginer sa vie, si elle n'avait pas eu ses pouvoirs. Elle n'aurait d'abord pas à vendre ses fesses de la sorte, sa mère ne serait pas raccrochée à des tonnes d'appareils médicaux et peut-être même, elle aurait un compagnon ou une compagne. Car même si elle n'utilise pas ses pouvoirs, ses derniers sons toujours très présents en elle. La preuve, si elle laisse la colère l'emporter sur elle ou une trop grande tristesse, ses pouvoirs se déchaînent immédiatement. Sa peau change de couleur, de la glace se forme autour d'elle et l'air devient soudainement plus froid. Alors le plus souvent, elle fuit le moindre problème, elle essaye de rester loin des autres et surtout elle n'essaye de pleurer chez elle, c'est le seul endroit où elle peut se laisser aller, sans que personne ne la voie.