ls n'avaient peut-être pas mérité la moindre pause, étant donné qu'ils n'avaient fait aucun progrès et qu'ils n'avaient pas un embryon d'idée de ce qui avait pu arriver à Groot, même pas l'ombre d'une piste qui pourrait être un tant soit peu encourageante pour eux, mais même s'ils ne l'avaient pas méritée, ils en avaient grand besoin. Continuer ainsi qu'ils le faisaient à brasser du vent n'allait les mener nulle part et les frustrerait seulement. Il serait toujours temps de reprendre leurs recherches ensuite, en attendant, l'alcool leur permettrait non pas de tenir la distance, mais de supporter la situation telle qu'elle était et telle qu'ils ne pouvaient pas la changer pour le moment. Peut-être les de vents finiraient-ils par tourner, mais en attendant... l'alcool faisait son oeuvre. Et ce n'était pas désagréable. Même si la situation en elle-même ne pouvait que leur rappeler que quelque chose d'anormal était en train de se produire... Un moment, Peter, ne fit rien de particulier, il se contenta de siroter son verre, en se laissant porter par la musique, il tentait de se concentrer uniquement sur le morceau et pas sur où ses pensées n'avaient que trop tendance à divaguer. Il lui fallut un petit moment pour constater que Gamora le regardait, avant de finalement détourner les yeux. L'instant fugace où leurs yeux s'étaient croisés n'avaient pas manqué de rappelé à Peter que quelque chose, définitivement, avait changé entre eux. Ou bien rien n'avait changé, en fait, ils prenaient peut-être seulement l'un comme l'autre conscience de choses qu'ils avaient tues jusqu'ici... sans doute plus d'un côté que de l'autre (on ne précisera pas lequel), ceci dit, mais qu'importe.
Finalement, après avoir vidé son verre... pas son premier verre, mais il avait perdu le compte, donc il ne saurait trop dire à combien il en était, le fait est seulement que le verre en question était vide, voilà tout, il se leva, et sans dire un mot, se contenta de s'avancer vers Gamora, de planter son regard dans le sien et de tendre la main dans sa direction. L'invitation n'était pas forcément subtile mais pas forcément évidente non plus. Qu'importe. Il avait bien trop d'alcool dans le sang, la musique envahissait l'habitacle, alors il avait envie de danser, et si elle voulait se joindre à la danse, elle était la bienvenue (On ne laisse pas bébé dans un coin, comme dirait l'autre). Dans le cas contraire... Bah, ça ne l'avait jamais empêché de danser seul dans son coin, même si c'était généralement plus par enthousiasme que par dépit, parce que le liquide ambré lui montait à la tête et que de toute façon, il n'y avait rien qu'ils puissent faire. Au moins, danser, c'était dans son domaine de compétences.
C’était comme si Peter lisait mes pensées parfois. Cela nous est déjà arrivé durant une bataille par exemple, qu’il sache soudain ce que je m’apprête à faire et m’aide dans mon entreprise d’une manière qu’il n’aurait pas pu anticiper s’il ne me connaissait pas aussi bien. Mais comme tous ces moments durant lesquels un semblant de télépathie aurait pu être en jeu n’ont été que des moments d’action, de combat, j’ai toujours mis ça sur le compte de l’excellente synchronisation que notre duo possède. Nous fonctionnons comme une machine huilée sur le terrain et c’est pourquoi je ne me suis jamais demandée si Peter est télépathe ou si je suis si facile que ça à lire. Sauf qu’il est humain, du moins à moitié, donc c’est impossible qu’il soit télépathe. Enfin, il me semble. Mais mes pensées, un peu trop chaotiques à cause de l’alcool, s’emmêlent comme les tentacules d’une Asgavarienne et je me perds un instant dans ma propre tête. Je ne sais plus à quoi je pensais, ce que je voulais dire, peut-être, jusqu’à ce que mon regard croise celui, insistant, de Peter. Oh… je me souviens. Il voulait danser, d’où ma réflexion sur le fait qu’il lit dans mes pensées, car je songeais que s’il me demande de danser, dans mon état, je ne lui dirai pas non. Et d’ailleurs, c’est ce que je fais.
Acceptant sa proposition, je glisse ma main dans la sienne, admirant un instant dans toute ma splendeur alcoolisée, à quel point nos mains semblent être faites pour tenir l’une dans l’autre, à quel point le vert, légèrement pâle ces jours-ci, de ma peau ressort sur le beige de la sienne, à quel point nos deux mains sont marquées par les années d’utilisation de nos armes respectives, à quel point sa main, uniquement inviteuse pour l’instant, semble forte et prête à me soutenir si je défaille. « Il t’en a fallut du temps » je lui lance avec un sourire espiègle, mon regard ne quittant pas le sien alors que je me lève et que je fais un pas dans sa direction, prenant mon courage à deux… une main, comme dirait Peter. Sauf que c’est bien beau d’avoir accepté son invitation, si je ne sais pas quoi faire avec. Je baisse les yeux un instant, rougissant devant mon absence de connaissances alors que mon cerveau embrumé essaie de se souvenir de toutes les fois où j’ai vu Peter danser, essayant de me souvenir de ce qu’il faut faire, de comment pratiquer cette activité étrange, mais intrigante, qui possède une place si passionnément importante dans le cœur de Peter.
Timidement, je me rapproche histoire que nous soyons suffisamment proche, réduisant l’espace entre nous. Cela me permet aussi de pouvoir admirer ses yeux de plus près et j’arrive à entendre son souffle, même les battements de son cœur grâce à mes implants cybernétiques qui améliorent mon ouïe. Je glisse tout aussi timidement ma main libre sur son épaule, il me semble avoir vu un couple danser une fois dans un bar comme ça, à moins que ce ne soit Peter avec l’une de ses conquêtes, je n’arrive pas à me souvenir s’il a déjà usé de sa sorcellerie pelvienne sur une femme depuis que nous formons les Gardiens de la Galaxie. Il ne me semble pas, mais je pourrais me tromper. Et ce n’est pas mon cerveau ralenti et mon esprit alcoolisé qui vont m’aider. « Peter… je… » Pourquoi avouer une faiblesse est aussi difficile ? Je sais pourquoi : Thanos. Durant mon enfance, le moindre signe de faiblesse était sévèrement puni, soit par Thanos lui-même, soit par l’un des autres enfants dans la même situation que moi. Au début, ce n’était pas uniquement Nebula, Korath et moi. Je me souviens que nous étions plus nombreux que ça, au moins cinq ou six. Six orphelins que Thanos avait recueillis après avoir massacrés leurs populations. Seuls les meilleurs ont survécus, les plus forts, les plus résistants. Ceux qui ne se brisent pas. Ou plutôt, ceux qui se brisent pour être encore plus fort. Ceux qui plient sous l’immense pression, mais ne cèdent pas, comme le roseau face à chêne.
« Je ne sais pas danser... » Cette phrase est sortie si doucement, tel un murmure, que je me demande un instant si Peter l’a entendu. Mais bon, après nous sommes à quelques centimètres à peine l’un de l’autre, il n’est pas sourd. Il a forcément entendu. Et maintenant que nous sommes si proches, je me rends compte qu’il est quand même beaucoup plus grand que moi, presque d’une bonne tête. Tant mieux, j’ai toujours préféré les hommes plus grands que moi. Et si je n’avais pas bu autant, je me serais giflée pour cette réflexion qui pourtant fait accélérer mon cœur sans mon autorisation.
eter ne s'attendait pas forcément à ce que Gamora accepte son invitation à danser, à dire vrai, il aurait même parfaitement compris qu'elle refuse, soit parce que la situation ne se prêtait normalement pas à cela, soit parce qu'elle n'en avait tout simplement pas l'envie. Il aurait entièrement compris, et il n'aurait pas insisté, ce n'était pas, après tout, comme s'il n'avait pas l'habitude de danser en solitaire. Mais elle ne refusa rien du tout, elle se saisit de la main qu'il lui tendait, et Peter en fut un rien surpris, mais pas désagréablement, c'est certain. Il afficha un sourire en coin quand elle luit fit remarquer qu'il en avait pris, du temps, il ne pouvait effectivement pas le nier, là, maintenant, mais peut-être en règle générale, aussi. Si dans un premier temps, quand il flirtait avec Gamora comme il le faisait avec n'importe quelle autre femme qu'il trouvait attirante, il ne passait pas spécialement par quatre chemins, c'était devenu différent ensuite, parce qu'il avait compris que Gamora n'était pas une femme à conquérir, c'était une femme à apprivoiser. Et surtout, elle n'était pas un trophée, elle était plus que cela...
Dans tous les cas, ce n'était pas le genre de choses auxquelles il voulait réfléchir... En fait, il n'avait pas envie de réfléchir du tout. Et même s'il le voulait, il n'est pas certain qu'il en serait capable, pas avec tout l'alcool qu'il avait consommé, pas alors qu'il ne savait plus s'empêcher de plonger son regard dans le sien. Non, réfléchir ne servait à rien, il préférait se laisser porter par cet instant de latence où il oubliait tout, le Milano, les gardiens de la Galaxie, sa terre natale... même Groot. Il se le reprocherait bien assez vite, mais en cette seconde, il n'y pensait plus, non. Elle lui dit seulement qu'elle ne savait pas danser. Peut-être que oui, au sens purement technique du terme, mais Peter ne goûtait pas à cette réponse pour autant, parce que de toute manière, il pensait qu'il ne trouverait jamais meilleure cavalière. Depuis un moment, il le savait, il n'en voudrait pas d'autre.
-Bien sûr que si, répondit-il alors d'un ton amusé.
Et comme pour illustrer son propos, il la guider, l'invitant à suivre son rythme. Il y avait une différence, après tout, entre savoir danser et danser bien, lui non plus n'était pas forcément un danseur émérite, dans tous les cas, tout ce qu'il voulait, c'est qu'elle se laisse porter, par la musique, par lui. Les deux, peut-être. Même si lui-même avait le sentiment de ne plus l'entendre, la musique, ou bien une autre, sans comparaison possible, celle de son coeur qui martelait beaucoup trop fort contre sa poitrine, celle de son souffle proche du sien. Si proche du sien. ... Et il ne se vit pas vraiment faire quand, finalement, il déposa ses lèvres sur les siennes.
Il n’y a aucune chose dans l’intégralité immense de la galaxie qui peut tellement court-circuiter mon cerveau que j’en oublie mon prénom. Et pourtant, Peter foutu Quill vient d'y parvenir. L’instant d’avant, j’étais en train de rougir, du moins rougir autant que ma carnation exotique me le permette, en train de me balancer doucement au rythme de la musique en suivant ses mouvements à lui, me demandant si je m’y prends bien et pourquoi, au diable pourquoi, ses yeux sont si bleus… l’instant d’après, ses lèvres sont sur les miennes. Et le sentiment est plus que… plaisant. Comme si toute la tension qui s’était accumulée au creux de mon ventre avec cette danse, ma peur de merder de nouveau, mon anxiété de ne pas être à la hauteur de la cavalière que Peter mérite, que tout cela s’était soudain dissous en longue vagues de plaisir et de frissons. Comme si le contact de ses lèvres si douces m’était en même temps familier et complètement étranger. Après ce qui m’est arrivé sur Tartoonla, tout l’aspect sexuel, même romantique qui m’échappe complètement, est un aspect dans une relation auquel j’ai catégoriquement refusé de penser. Et c’est peut-être parce que là tout de suite, je ne pense à rien que je ne recule pas. C’est d’ailleurs la preuve que quelque chose a définitivement changé depuis nos recherches dans la forêt. Je ne recule pas, je ne le repousse pas, je ne bronche même pas.
Je ne sais pas quoi faire au début, mon esprit complètement vide, comme un code effacé d’une simple pression sur un clavier. Une page blanche. Puis l’intensité de ses lèvres me fait gémir de plaisir, un son léger qui s’échappe de ma gorge et que je n’avais jamais entendu avant. Je n’ai jamais ressenti ce genre de plaisir auparavant il faut dire. Personne ne m’a jamais embrassée. Un peu perdue au début, je ne bouge pas, comme une biche devant les phares d’une voiture comme dirait Peter. Tout simplement parce que je suis en terrain complètement inconnu. Et que mon anxiété, bien que réduite considérablement par l’alcool et la douceur de Peter, est toujours là, tapie au fond de mon être comme un félin élémentaire prêt à bondir. Et comme ces bêtes affreusement tenaces, je sais que cette anxiété sera là pendant un très long moment, peut-être même toujours. Parce qu’il m’est simplement impossible d’effacer près de vingt-cinq ans de survie dénudée d’émotions.
Mais Peter n’est que douceur et tendresse. Je peux le sentir dans la moindre fibre de son être, dans l’intensité de son baiser parle beaucoup plus sur ses sentiments que toutes les phrase qu’il pourrait caser en une minute (et je sais qu’il y’en aurait beaucoup). C’est pourquoi après un moment d’hésitation et une fois que la surprise est passée, que je m’autorise, pour une fois, à faire ce que je veux de mon corps, à faire ce qui me plait et à m’autoriser à ressentir du plaisir. Sans alcool, nous n’en serions sans doute pas là, du moins pas aussi vite, car cette chose non-dite entre nous finira par perdre rapidement ce statut non-dit. Doucement, je lui rends son baiser, timidement, car c’est mon tout premier, peu importe ce que l’on dira. Mes mains, qui étaient tombées le long de mon corps sous la surprise, viennent se nicher sur les côtés de son visage, bouts des doigts frôlant les poils de sa barbe parfaitement taillés. Les yeux fermés pour profiter plus des sensations, je me laisse aller progressivement, mon corps se collant instinctivement contre le sien comme s’il était sur autopilote. Ce qui tombe bien, car après cela, je ne sais pas vraiment comment procéder sans que cela ne soit une répétition cauchemardesque de Tartoonla.
on voilà, c'était à présent évident, Peter était infichu de tenir les engagements qu'ils se faisait à lui-même, par manque de patience, peut-être ? Possible, en effet... En tout cas, c'était un fait que, s'il s'en était tenu à ses résolutions, il n'aurait pas déposé ses lèvres sur celles de Gamora. Pas parce que l'envie lui en manquait, ça non, c'était même tout l'inverse, mais parce qu'il avait décidé de la laisser faire le premier pas vers lui, pour ne pas la brusquer, parce qu'il avait le sentiment que même un geste anodin pourrait déjà lui paraître trop aventureux. Seulement voilà... Il y avait cette proximité, ce palier qu'ils semblaient avoir franchi, là-bas, dans la forêt, cette danse... Elle pourrait bien l'envoyer promener, il comprendrait, mais il n'avait pas pu s'empêcher d'obéir à son instinct. Et il ne regrettait rien, même si, pour commencer, il s'attendait sérieusement à se faire envoyer sur les roses. Elle ne bougeait pas, logique, il l'avait prise au dépourvu, et il était proche de faire un pas en arrière quand, finalement, elle lui rendit son baiser, tout en déposant ses mains sur ses joues. Il n'en fallut pas davantage pour que le coeur de Peter s'emballe à une vitesse folle. Quand bien même il était convaincu depuis un moment qu'il y avait plus entre eux que ce qu'ils manifestaient au quotidien, quelque chose d'indicible qui se disait enfin, il n'imaginait pas qu'en ces circonstances, Gamora s'abandonnerait à ce moment comme il l'avait fait lui-même, ne le rejetterait pas, lui laisserait comprendre plus sûrement que jamais la réciprocité de leurs sentiments.
Il ne fallait pas le nier, à plus d'une occasion, Peter s'était imaginé cette scène, mais ça n'avait finalement que peu de rapport avec ce qu'il vivait en cet instant... (déjà, même dans son imaginaire, la réalité s'imposait à lui et en pensées, il se prenait bien souvent une baffe monumentale en pleine tronche.) C'était beaucoup plus réel, beaucoup plus sincère, beaucoup plus fort... Le temps semblait avoir suspendu son cours. Plus rien ne comptait, son esprit était totalement captif de ce moment et de la moindre sensation qu'elle seule pouvait lui faire ressentir. Est-ce que le moment était bien choisi ? Peut-être pas, mais pour le moment, il lui semblait idéal. Quand Peter détacha ses lèvres des siennes, ses mains glissant le long de son dos, il se contenta d'afficher un fin sourire. Il avait bien envie de sortir une remarque à son adresse, du pur Peter Quill (donc rien de bien fin et subtil), mais il se retint. Il ne voulait pas gâcher ce moment avec la moindre remarque débile, même lui savait reconnaître que ce serait idiot. Même si cette situation dans son esprit idéale ne l'était peut-être pas tant si l'on tenait compte du fait qu'ils étaient tous deux alcoolisés, fatigués, et que leur ami avait disparu. Autant d'éléments qui l'incitaient à ne pas aller trop loin trop vite, d'autant plus qu'après ce premier grand pas que Gamora venait de faire vers lui, il fallait sans doute ne pas si vite en exiger davantage.
Je ne connais pas vraiment l’historique romantique de Peter, pourtant dans mon esprit, il a toujours été un joueur, un coureur de jupons, un homme capable de séduire n’importe quelle femme (ou presque) avec trois phrases bien placées et un sourire renversant. Son attitude flirteuse et ses récits quand il essayait de me sauver de Drax au Kyln sont sans doute ce qui m’a mis sur cette piste (une Asgavarienne… sérieusement ?) Il est vrai que durant les premiers jours que nous avons passés ensemble à sauver la Galaxie du danger qu’était Ronan, c’était ce qu’il était pour moi : un coureur de jupons prêt à tout pour entrer dans mon pantalon. D’où ma réaction extrême à sa « sorcellerie pelvienne » sur Knowhere en attendant Tivan. Mais depuis, j’ai eu le temps et l’occasion d’apprendre à le connaître. Pas intégralement bien entendu, ce genre de chose prend des années, mais j’en sais suffisamment pour que mon opinion sur lui ai changé. Notamment, car depuis que nous nous connaissons, je ne l’ai jamais vu ramener une autre femelle sur le Milano. Et que cela ne fait qu’une raison de plus pour laquelle je le respecte. Et je sais que ce que nous avons est nouveau, tout frais tout beau et que lui, autant que moi, semblons être intoxiqués dans le moment. En partie du à l’alcool, mais… pas que. Il y a aussi des sentiments qui font surface et je suis sûre qu’ils nous auraient poussés à agir de la sorte à un moment ou à un autre, alcool ou pas.
Je frissonne en sentant ses mains le long de mon dos et je suis même étonnée de me rendre compte à quel point elles semblent être faites pour être placées sur mon dos, comme si elles y appartenaient depuis le début. Mon regard se perd dans le sien, un vaste océan tumultueux pourtant actuellement calme et profond, empli d’une telle douceur que j’en tremble de nouveau. Et ses lèvres… Son sourire franc et honnête, heureux presque et sans aucune once d’arrogance est le meilleure accueil dont je pourrais rêver. Souriant aussi, je me penche de nouveau vers lui, légèrement sur la pointe des pieds pour palier notre différence de taille, avant d’initier le baiser cette fois-ci. Enchantant, incroyable, intoxicant. Je ne compte pas aller plus loin cette nuit, mais je viens de découvrir une activité encore plus plaisante que la danse et je compte bien l’explorer. Faisant preuve d’initiative pour une fois, je glisse une main sur sa nuque, mes doigts jouant un instant avec les boucles de ses cheveux clairs.
Tout comme il a reculé auparavant, je fini par briser notre étreinte, principalement, car je n’ai pas encore suffisamment d’expérience et qu’il faut bien que je respire aussi à un moment. Satisfaite de cette nouvelle étape dans notre… relation, si on peut l’appeler comme ça, je lui souris de nouveau. Et sans rien dire avec toujours ce sourire content sur les lèvres, je blottis ma tête dans le creux de son cou, mes mains venant se poser sur son torse puissant, mon corps se remettant doucement à bouger au rythme de la musique oubliée. Durant toutes ces années sous Thanos, je n’ai jamais été câlinée, rien, le seul contact physique était pour blesser, pas pour consoler, pas pour aimer. Depuis la mort de mes parents, je n’ai pas été aimée. C’est sans doute pourquoi ce geste me semble si instinctif, naturel et important. C’est presque comme si je le suppliais de me tenir dans ses bras en me collant ainsi à lui, le côté gauche de mon visage frottant doucement contre sa chemise. Car avec Peter, je me sens suffisamment en confiance pour baisser ma garde.
l y avait eu des regards, des regards en biais, souvent, qui laissaient aisément imaginer plus qu'une simple complicité amicale, mais aucun de leurs échanges de regard n'avaient ressemblé à ceux qu'ils s'adressaient, à présent. Il y avait eu des gestes, aussi, qui parfois pouvaient laisser supposer une certaine ambiguïté, mais jamais rien d'aussi évident, fort et sincère que ceux-là. Les regards, les gestes, son sourire aussi. Peter aurait bien aimait mettre la cassette sur pause, parce que ce moment semblait tout simplement parfait. Ils ne se disaient rien, et pourtant, ils semblaient ne jamais s'être autant ouverts l'un à l'autre qu'en cet instant. Les mots n'étaient tout simplement pas nécessaires, et Peter lui-même pouvait concéder à ce constat à ce moment précis. Il préférait d'ailleurs s'épargner tout discours si cela signifiait que, à la place, Gamora à son tour déposait ses lèvres sur les siennes, glissant une main dans son cou, ses doigts caressant doucement ses cheveux. Que désirer d'autre ? Rien, c'était idéal, purement et simplement, idéal. Et il espérait seulement que, quand leurs esprits se seraient échappé des brumes de l'alcool et de la fatigue, Gamora n'aurait pas de regrets, n'ignorerait pas ce qui venait de se passer. Lui, en tout cas, n'avait pas l'intention de l'oublier et encore moins de le passer à la trappe. Oui, il n'avait techniquement pas l'esprit totalement clair, mais en cet instant, il savait pertinemment ce qu'il faisait. Et il savait tout autant qu'il n'aurait pas le moindre regret. Comment pourrait-il regretter cela ? Il avait le sentiment de l'avoir toujours attendu.
Gamora se blottit contre lui, Peter resserra plus fermement son étreinte, se balançant en même temps qu'elle au rythme de la musique, qu'il commençait seulement à entendre de nouveau... un rythme lent, adéquat, pas si fréquent, dans sa sélection restreinte de morceaux, mais tant mieux. Pour cette fois, il n'était pas forcément impatient de passer au suivant. Il avait trouvé la meilleure manière que l'on puisse envisager de danser, et il la découvrait en même temps qu'elle. Il laissa les minutes s'écouler, en demeurant comme ça, se balançant tranquillement, même quand la cadence des morceaux choisis n'était pas la plus adéquate à un slow de cette lenteur. La cavalière, pour une fois, avait plus d'importance que ce qui se jouait en fond. L'air de rien, pour Peter, c'était une première, et qui n'avait rien de négligeable, rien du tout, même. Ce ne fut qu'après un long moment qu'il osa reprendre la parole, sans savoir s'il faisait vraiment bien de le faire, d'ailleurs, mais plus par considération que par véritable envie de briser un silence relatif, si l'on tenu compte du fait que son "Awesome Mix" accompagnait en continu ce moment qui n'avait rien d'anodin, bien au contraire.
-Il faudrait peut-être... qu'on essaie de se reposer un peu.
Je ne pensais pas que j’avais raté tellement de choses aussi plaisantes. J’ai bien pu voir des couples heureux durant toutes ces années, mais c’est tout ce qu’ils étaient à mes yeux : des couples heureux et surtout inconnus, détenteurs d’un secret que je ne connaissais pas et que sur le coup, je n’avais pas envie de connaître. Je ne voulais pas éprouver de sentiments, cela ne m’a jamais manqué, puisque j’en avais oublié la saveur. Au début non, je me souvenais parfaitement de la puissance des bras de mon père et de ce sentiment de sécurité qui se dégageait de lui. Tout comme je me souvenais de la douceur de ma mère, cette impression de foyer et de chaleur qui se dégageait d’elle. Durant toutes ces années, après avoir été tellement brisée et manipulée, entraînée et brisée de nouveau, j’avais oublié ce que cela fait d’être aimé. Car, si nous n’en sommes pas encore là, je peux le sentir du côté de Peter. Cette amour incontestable qu’il me voue, presque comme un culte. Et cela m’effraie, car j’ai peur de ne pas pouvoir le lui rendre. Mais peut-être que des sentiments semblables sont cachés, quelque part au fond de moi. En tout cas, notre proximité actuelle démontre qu’il y a bien quelque chose. Si c’est de l’amour avec un grand A, seul le temps le dira.
Mais la fatigue commence à prendre le relais, avec le nombre de verres que nous nous sommes enfilés et notre niveau de fatigue de base, ce n’est pas étonnant que mon cerveau n’arrive plus à suivre, mon corps de même. D’ailleurs, j’avais fermé les yeux dans l’étreinte de Peter, me sentant pour une fois en sécurité dans les bras d’un autre, après toutes ces années. Et il a raison, nous devrions nous reposer. Mais je suis tellement bien dans ses bras que je n’ai pas envie de bouger. C’est pourquoi je ne lui réponds pas tout de suite, laissant une nouvelle chanson passer, profitant et prolongeant le plus longtemps possible ce moment parfait. « Tu as raison. On a atteint nos limites ce soir… » Et le bâillement qui m’arrache presque la mâchoire en est la preuve. Vu notre proximité actuelle, je serai même tentée de l’inviter dans ma cabine, juste parce que je ne veux pas être séparée de lui ce soir. L’absence de Groot me revient alors en tête avec la force d’une gifle en plein visage et j’arrête de sourire, me souvenant aussi que Rocket et Drax sont partis de leur côté, sans doute pour chercher le colosse végétal. Ce qui signifie qu’ils ne vont pas rester indéfiniment dehors, ils finiront par rentrer au Milano. Et que nous aurons des explications à fournir s’ils nous trouvent tous les deux dans le même lit, même si rien de sexuel ne se sera passé. Car je ne suis pas encore prête pour aller jusque-là et je pense que Peter le sait aussi, qu’il le sens.
C’est donc à contrecœur que je recule suffisamment pour voir intégralement son visage, l’une de mes mains venant se nicher dans la sienne. « Nous devrions monter la garde, au cas où… » Des années d’entraînement sous Thanos m’ont appris les rudiments de la survie et qu’il ne faut jamais sous-estimer un terrain inconnu. Ce qui n’est pas forcément le cas pour Peter, mais Terra m’est inconnue. « Je peux prendre le premier tour. » M’attendant à ce qu’il proteste, je me dépêche d’ajouter. « Nos chances de nous endormir en premier sont égales, vu que j’ai beau avoir des années d’entraînement en matière de tours de garde, tu en a eu autant que moi chez les Ravageurs. Et mes implants cybernétiques ne valent sans doute pas ton héritage céleste. » J'ignore complètement que ce que je viens de dire est parfaitement illogique, mais cela ne me dérange pas de prendre le premier tour, au contraire notre leader doit être reposé. Nous revenons donc au point de départ puisque nous avons tous les deux autant de chance de tomber de fatigue en premier, en plus nous avons bu autant. Mais s’il y a bien une chose dont je suis sûre ce soir, c’est que je ne veux pas quitter Peter des yeux. Pas après ce que nous avons partagés ce soir, dans la forêt et dans le cockpit, cette danse, ces baisers… Je ne peux pas oublier et je ne veux pas non plus. Mais je ne veux pas précipiter les choses. Je sais que demain, ce que nous avons sera encore là. Tout ce que nous venons de faire n’est pas seulement du à l’alcool, je sens déjà mes implants s’occuper de l’alcool dans mon corps, s’en débarrassant progressivement, plus vite que la moyenne. Je serre sa main, attendant sa réponse, ne voulant pas le quitter, même pour quelques heures. Comme si j’avais peur que ce que nous venons de vivre va disparaître avec le lever du jour. Que ce n’était qu’un rêve.
eter préfèrerait largement ne pas être sensible à la fatigue et pouvoir prolonger ce moment indéfiniment, mais il fallait bien se résigner : il tombait de sommeil, et il ne tiendrait pas longtemps debout à ce rythme. Ils avaient clairement atteint leurs limites ce soir en effet, et dormir un peu ne leur ferait pas de mal, ça leur permettrait d'avoir l'esprit plus clair, et peut-être poursuivre leurs recherches de façon plus fructueuse... en espérant que la nuit, connue pour porter conseil, ne conseille pas à Gamora de mettre un frein à ce qui s'était passé entre eux cette nuit, et que Peter ne risquait pas d'oublier. Oui, il était temps d'aller se coucher... Ou pas, puisque la jeune femme suggéra, tout en serrant sa main dans la sienne, qu'ils fassent des tours de garde. Elle n'avait peut-être pas tort. Tant qu'ils ne sauraient pas qui s'en était pris à Groot, mieux valait être vigilant, à plus forte raison que Rocket et Drax étaient de sortie (et il fallait espérer qu'il ne leur soit rien arrivé, car en fin de compte, Peter n'avait pas la moindre idée du temps qui s'était écoulé depuis leur départ, puisqu'il ne les avait pas vus partir). Monter la garde était sûrement judicieux, oui, et Peter était habitué à conjurer la fatigue dans cette optique, mais en l'occurrence, il n'était pas forcément convaincu de savoir tenir la distance en dépit de ses efforts. Mais ce que suggérait Gamora, c'était de prendre le premier tour de garde. Peter s'apprêtait à protester, mais elle prit de l'avance sur lui. Et affirma... quoi ? Hum... un truc sur ses implants cybernétiques à elle et son héritage céleste à lui (héritage céleste... c'était plutôt classe, dit comme ça. Il le ressortirait, à l'occasion). Pour tout dire...
-J'ai pas compris un traître mot de ce que tu viens de dire, répondit-il, un fin sourire au coin des lèvres.
Non pas que Gamora se soit forcément mal exprimée, ce n'était en tout cas pas ce qu'il entendait par là, même pas, mais il était complètement dans le cirage. Et vu son état actuel, ce n'était pas près de s'arranger. Oui, il était trop crevé pour discuter, clairement, alors il capitulait, sans doute trop facilement, mais peu importe, il prendrait le relais dès qu'il aurait repris un peu du poil de la bête, ce qui n'était pas du luxe. Il allait s'allonger un peu, et ça irait mieux. Bien sûr, quelque part, il aurait préféré s'allonger aux côtés de Gamora, mais chaque chose en son temps.
-Mais d'accord, prends le premier tour de garde, puisque tu y tiens. Il serra un peu plus la main de Gamora dans la sienne avant de poser un dernier baiser sur ses lèvres. À tout à l'heure.
Car il ne comptait pas dormir trop longtemps non plus.
Je ne dis rien quand Peter m’embrasse de nouveau avant de partir, la voix nouée par l’émotion, mais surtout par cette peur de le voir partir. Ce qui est complètement irrationnel puisqu’il sera encore à bord du Milano, à moins d’une quinzaine de mètres du cockpit, mais quand même, ce sentiment d’anxiété se transforme en boule au creux de mon ventre. Pourtant, mon tour de garde commence, inquiétude ou non et je reprends ma place dans le fauteuil de commande. Les pas de Peter dans le reste du vaisseau finissent par s’estomper, signe qu’il a atteint sa destination. Je suis moi-même tellement fatiguée que je pourrais m’endormir sur place, dans ce fauteuil aussi inconfortable que ça pourrait être d’y dormir. Mais il est hors de question que je m’endorme, malgré ma fatigue et toute la folie de cette soirée, je prends le danger d’un terrain inconnu très au sérieux. Les minutes passent alors que je reste assise dans le fauteuil et mes yeux finissent pas se fermer progressivement. Me secouant pour me réveiller, je quitte le cockpit pour rejoindre la petite cuisine du Milano, attrapant la bouteille de scotch au passage. Un fin sourire surplombe mes lèvres en me remémorant notre soirée et les lèvres de Peter sur les miennes avant que je ne range la bouteille pas encore tout à fait vide dans le placard et que je me fasse un café. La nuit va être longue…
Pendant mon tour de garde, j’en profite pour continuer de spammer les scanners, essayant des choses qui me viennent à l’esprit au moment où je glisse mes doigts sur les écrans holo, navigant entre les différentes possibilités, testant des options que Peter et moi avons sans doute déjà essayées avant, mais ce n’est pas grave. Dans mon état post-pompette et fonctionnant encore uniquement grâce à la caféine je ne risque pas d’inventer le remède à la fièvre Kree. Je devrais réveiller Peter après trois ou quatre heures comme un tour de garde habituel et je sais que je ne devrais pas pousser le bouchon de mon côté, comme dirait Peter. Pourtant, j’hésite à le réveiller passé la barre des trois heures. Il a besoin de dormir et je ne sais pas combien de temps il va réellement dormir, avec toute cette inquiétude, il s’est probablement retourné encore et encore dans son lit avant de finalement sombrer dans le sommeil. De mon côté, je sais qu’il me faudra encore un peu de temps avant de pouvoir expulser toute la caféine de mon système, c’est pourquoi les trois heures passées j’arrête d’en boire.
L’heure suivante est plutôt tranquille et j’essaie d’alterner entre nettoyage de mon épée, musculation et méditation, tout en surveillant les scanners toutes les quinze secondes, au cas où. Mais plus la quatrième heure approche et plus il m’est difficile de rester éveillée. C’est pourquoi c’est presque avec un soupire de soulagement que j’éteins les scanners (sans plus de succès) dès que la quatrième heure sonne et me dirige vers la cabine de Peter. Mes pas sont lourds, presque maladroits alors que je sens de plus en plus le poids de la fatigue sur mes épaules et mes paupières. À ce niveau-là, je vais littéralement m’écrouler si je ne me pose pas dans les secondes qui suivent. Mais il faut que je réveille Peter avant. C’est pourquoi je frappe sur sa porte, peut-être un peu trop fort. « Peter, désolée de te réveiller, mais quatre heures sont passées… Malheureusement, je ne pense pas pouvoir tenir plus… longtemps… » ma langue s’embrouille sur la fin de ma phrase, tout comme mes pieds et je tombe en avant, sur le point de m’écraser contre sa porte ou bien de tomber dans sa cabine si cette dernière s’ouvre dans les deux secondes.
i la fatigue s'imposait, si ses yeux se croisaient, Morphée bouda tout de même Peter pendant de très longues minutes avant de le laisser sombrer enfin entre ses bras. Il faut dire que cette journée, cette nuit, tout ça... ça avait été chargé en émotions de tout genre, qui forcément, le faisaient cogiter. Il ne sut exactement à quel moment il parvint bel et bien à s'abandonner au sommeil, mais quand ce dernier accepta de s'abattre sur lui, ce fut comme un coup de massue, et il s'endormit profondément, sans rêves... Et tant mieux, car il n'est pas sûr que ses rêves auraient forcément été de tout repos, et en l'occurrence, il avait tout de même besoin de se remettre ne serait-ce qu'un peu de tout ça. Bien sûr, quelques heures de repos n'y suffiraient très clairement pas, mais ça lui permettrait déjà d'avoir l'esprit un peu plus clair, et déjà ce ne serait pas un mal. Il sortit comme d'une brume épaisse quand il entendit la voix de Gamora - inhabituellement faible - de l'autre côté de la porte. Clairement, il aurait dormi davantage. Et il se serait sans doute levé à contrecoeur, en prenant tout son temps, s'il ne sentait pas la sincérité de la jeune femme qui, manifestement, était à bout de force. Il le savait, au fond, qu'il aurait dû prendre le premier tour de garde. Il avait été égoïste... c'était plus simple à constater à présent qu'il avait quelques heures de sommeil dans les pattes. Bon, quand il se releva d'un bond, il sentit sa tête tourner un peu, preuve soit du fait qu'il s'était levé trop vite, soit tout simplement du fait qu'il avait quitté sa couette un peu trop tôt.
-Gamora...
Peter avait ouvert la porte pile au moment où elle était tombée vers l'avant. Il parvint de justesse à l'empêcher de s'effondrer au sol. Il se sentit d'autant plus coupable du fait de s'être reposé tranquillement dans sa cabine quand Gamora luttait de son côté du mieux qu'elle le pouvait contre le sommeil. Sans réfléchir, il l'allongea sur son lit. Et voilà, il mettait Gamora dans son lit, mais il ne s'était jamais imaginé que ça se passerait comme cela. En tout cas, il était évident qu'elle était allée au bout de ce que ses forces lui permettaient. Il était grand temps pour elle de se reposer. Qu'importe que ce soit dans sa couchette à lui. Il serait absurde de la conduuire jusqu'à sa cabine à elle. Il s'assura qu'elle pourrait tranquillement s'endormir avant de se décider à quitter sa chambre pour rejoindre le cockpit. Non sans un détour par la case café, indispensable à l'heure actuel. Il était bien décidé à poursuivre ses recherches, constatant que Drax et Rocket n'étaient pas encore rentrés. Dès qu'il aurait l'esprit un peu plus clair.
Je ne voulais pas que Peter me vois dans un état de faiblesse extrême comme actuellement. Mais bon, ce n’est pas comme si j’avais le choix et je suis rassurée qu’il me rattrape. Puisque je n’avais pas spécialement envie d’embrasser le sol, là tout de suite. « Désolée… » je murmure quand ses bras m’empêchent de tomber, me tenant même presque tendrement comme si j’étais le trésor le plus précieux au monde. Ce qui se passe ensuite est flou. Je me souviens vaguement être soulevée du sol et placée sur une surface plate. Mais je suis déjà tellement proche de l’évanouissement à ce moment-là que je ne sais rien d’autre. Je n’entends pas Peter me placer dans son lit, comme je ne l’entends pas quitter ensuite la pièce.
Lorsque je me réveille la prochaine fois, je sais que suffisamment d’heures sont passées puisque mon corps a pu récupérer au minimum pour me permettre de me réveiller, mais pas assez pour me permettre de me sentir en pleine forme. Et je reconnais la source de mon réveil comme un bruit dans la cale ou plutôt un cri. Je reconnais l’insulte favorite de Rocket. Ce qui signifie qu’ils sont de retour avec Drax et que j’ai probablement dormi plus que prévu, même si je ne pense pas avoir dormi si longtemps que ça. Je m’assois donc sur le lit en remarquant que, premièrement, ce n’est pas ma chambre, deuxièmement que mon épée est toujours à ma ceinture et troisièmement qu’un léger mal de crâne commence à se faire sentir derrière mes paupières, vestige de notre beuverie de la veille (si on peut appeler ça beuverie). Je me lève donc et quitte la chambre, juste à temps pour me retrouver nez à nez avec Rocket (enfin, façon de parler, vu qu’il m’arrive à la taille). J’ignore son regard interrogateur qui indique clairement qu’il se demande pourquoi je viens de sortir de la chambre de Peter et surtout dans cet état. Car je ne dois pas avoir spécialement bonne mine, vu que Drax me le fait remarquer, lui et sa franchise éternelle sans tact. Mais je suis redevable à Rocket qu’il ne dise rien, je n’ai pas besoin qu’il me fasse des remarques sur ce qui s’est passé entre moi et Peter alors que moi-même je ne sais pas trop ce qu’on a.
D’ailleurs, je me demande comment va Peter après son tour de garde, c’est pourquoi je monte dans le cockpit alors que nos compagnons en profitent pour se décrasser après leurs recherches, infructueuses elles aussi. Je soupçonne aussi Rocket de vouloir rester seul pour l’instant, après tout il connaît Groot depuis beaucoup plus longtemps que le reste de notre équipe. Et il faut absolument que je mange aussi. Attrapant un fruit dans la cuisine, je mords avidement dedans, le goût sucré me faisant sourire après ce sommeil difficile, mais qui me permettra d’être active pendant une nouvelle journée, enfin j’espère. Je m’approche ensuite de Peter, glissant ma main libre sur son épaule, serrant un peu pour attirer son attention. « Hey, ça va ? » Puis, après une brève hésitation, j’ajoute avec un sourire rêveur « On… s’est embrassé hier… c’était bien. Très bien même. » Je voulais lui donner mes impressions sur la soirée d’hier, enfin, de tout à l’heure, signe que je veux continuer dans cette direction.
l avait passé une heure (peut-être deux, il aurait été bien incapable de le déterminer) à s'essayer à divers bidouillages certainement répétitifs, certainement absurdes et inutiles, le tout carburant au café pour faire disparaître la brume qui lui enveloppait le cerveau... Malgré le temps de sommeil qu'il avait réussi à grapiller, il était tout bonnement incapable de se réveiller complètement, d'être réactif, de bien faire les choses, d'être véritablement utile comme il aurait apprécié de l'être au saut du lit. Finalement, au bout d'une heure (ou peut-être deux, qui sait...), il avait piqué du nez et était retombé dans les bras de Morphée, se fichant royalement du fait que sa position soit la plus inconfortable que l'on puisse bien imaginer. Il ne sut pas davantage au bout de combien de temps il se réveilla (pas après deux heures, ça c'est sûr), mais ce fut en tout cas une nouvelle fois en sursaut. Rocket et Drax venaient de revenir au vaisseau. Bien que le réveil fut brutal, il se sentit parfaitement en forme, cette fois, et il se permit même une petite note d'espoir en voyant débarquer ses deux acolytes. Malheureusement, ils n'étaient que deux. Leurs efforts n'avaient pas plus été couronnés de succès que ceux qu'il avait déployé avec Gamora... C'était vraiment décourageant. Un peu plus réveillé, il était fermement décidé à poursuivre ses recherches, et à envisager, peut-être, un nouveau plan d'action, qui sait ? De nouveau concentré et parfaitement réveillé, il focalisa toute son attention sur le tableau de bord, jusqu'a sentir une main se déposer sur son épaule. Il se retourna et adressa un sourire à Gamora. Il se sentait bien parce qu'il était un peu reposé, moins bien parce que Rocket et Drax étaient revenus bredouille. Ce sourire devait lui servir de réponse. Ce fut alors que Gamora qui ajouta quelques mots qui le surprirent. Pas parce qu'elle lui apprit quoi que ce soit, bien sûr, mais parce qu'il ne s'attendait pas à ce qu'elle s'exprime sur ce qui s'était passé la veille de cette manière... si franche. Et il adorait ça, vraiment.
-Tu me rassures, j'ai cru un moment que je l'avais rêvé, se permit-il de plaisanter, plus détendu avec la situation à présent qu'il savait que Gamora acceptait pleinement ce qui se passait. Rassure-moi, Drax n'a pas trois têtes en plus ? Parce qu'il se souvenait vaguement avoir fait un cauchemar de cet acabit. Il adressa à Gamora un sourire rassurant. J'ai trouvé ça très bien, moi aussi, confessa-t-il alors dans un sourire.
Il ne put s'empêcher, ces mots prononcés, de regarder autour de lui, il n'avait pas spécialement envie que Drax ou Rocket suprennent leur conversation, il n'avait, surtout, pas spécialement envie de subir leurs commentaires pour le moment. Même s'il voulait bien croire que ça finirait par être inévitable. Il espérait d'ailleurs que ça finirait par l'être.
J’observe Peter rapidement, trouvant encore sur son visage la trace de la fatigue, ou plutôt du sommeil qui n’a pas duré assez longtemps pour être réparateur. Oui, il a encore l’air fatigué, mais il a déjà meilleure mine qu’hier. Je ris légèrement lorsque je remarque son regard dans le reste de la pièce comme s’il s’attendait à ce que Rocket et Drax débarquent. Ce qui s’est passé hier reste un secret et, pour l’instant, c’est mieux ainsi. Autant qu’on en profite un peu quand même quand nous sommes les deux seuls à être au courant. Un peu de suspense romantique dans nos vies mouvementées ne nous fera pas de mal. Même si les autres Gardiens finiront par s’en rendre compte, mais pour le moment, je suis contente que ça reste entre nous.
Laissant Peter tranquille, je vais m’assoir dans le siège opposé dans le cockpit, finissant mon fruit en reprenant quelques recherches, mais tout en surveillant les holonews de ce matin (même si c’est une heure différente dans d’autres endroits de la galaxie). Après tout, je ne sais pas ce que Nebula est en train de faire maintenant que Ronan n’est plus et je sais qu’elle en veut à Thanos autant que moi. Mais jusque-là, je n’ai pas eu de preuves de son envie de vengeance, même si je sais que cela finira par arriver, pour moi comme pour Thanos. Je me suis d’ailleurs demandé pendant un moment si Nebula n’aurait pas pu avoir quelque chose avec la disparition de Groot, mais c’est improbable, d’une part parce que je n’ai rien entendu sur elle depuis un moment, je ne sais même pas si elle est encore en vie, mais elle est tenace, c’est certainement le cas. D’autre part, ce n’est pas Groot qu’elle aurait attaqué, même pour me blesser, elle s’en serait prise à ma personne directement. Nebula n’est pas le genre à passer par des stratagèmes rusés pour obtenir ce qu’elle veut, elle fonce dans le tas, elle est brutale. Si elle avait l’occasion de me blesser, elle ne kidnapperait pas Groot pour le faire. Ce qui veut dire que nous sommes de retour à la case départ.
Et pourtant, malgré le manque total d’avancement concernant l’absence de Groot, toutes nos pistes explorées infructueuses et la morosité qui se transforme progressivement en dépression au sein de l’équipe, je ne peux m’empêcher de me dire, en regardant Peter et en se souvenant de notre soirée de la veille, de tout ce qui s’est passé entre nous, que tout n’est pas perdu. Et c’est en m’efforçant d’avoir ces pensées positives, avec une nouvelle tasse de café à la main, que je commence ma journée sur le Milano, m’apprêtant à discuter de nouvelles options avec Peter jusqu’à ce que Drax puis Rocket se joignent à nous. Nous sommes les fichus Gardiens de la Galaxie, rien que ça. Nous avons bien réussi à sauver l’univers une fois, alors retrouver un colosse végétal devrait être dans nos cordes.