Harry avait les yeux plongés dans les grands yeux de Gwen alors que celle-ci lui affirmait, en le pensant sincèrement, qu’il ne lui causait aucun problème. Si seulement il pouvait y croire de son côté. Il ne pouvait pas non, parce qu’il savait qu’il était la source de la plupart des soucis de Gwen. La jeune femme avait perdu son père à cause de lui. Il y avait cette histoire de prédiction qui le concernait également. Alors, non, Harry ne pouvait pas le croire, mais en même temps il avait en main des cartes que la jeune femme ne possédait pas. Il y avait des choses qu’il savait, qu’elle ignorait complètement. Et alors qu’elle pensait qu’il résolvait ses soucis, en le pensant vraiment, lui savait que ce n’était pas le cas. Au fond de lui, quelque chose lui disait qu’il faudrait qu’il apprenne toute la vérité à la jeune femme. Parce qu’il ne pouvait pas continuer de mentir. Gwen s’était confiée à lui concernant cette prédiction, elle avait toujours été honnête avec lui. Elle lui avait même parlé du secret de Peter, secret qu’il avait trahit en révélant à son paternel qui était Spider-Man. Il l’avait trahi, il la trahissait déjà depuis un moment. Parce qu’elle souffrait de la perte de son père à cause de lui, qu’en un sens, sa séparation avec Peter était de sa faute…

Alors oui, au fond de lui, il y avait cette conscience qui avait envie de le pousser à lui dire la vérité. Parce qu’il ne pouvait quand même pas continuer de lui mentir constamment. Mais en même temps, il se rendait bien compte que s’il le faisait… il allait tout simplement la perdre. Et alors qu’ils étaient là, tous les deux, ensemble, qu’elle affirmait avoir envie de se battre pour lui, qu’elle voulait être avec lui… il ne pouvait pas tout gâcher et la perdre. Harry ne supporterait pas de la perdre, il avait trop besoin de Gwen et encore plus maintenant qu’avant. Alors, sans rien dire, le jeune homme se contenta simplement de serrer la jeune femme contre lui, parce qu’il n’avait de toute façon pas grand-chose à ajouter. Et c’était un moyen pour lui de taire un peu son angoisse, celle qu’il avait de la perdre, celle qu’il avait parce qu’il songeait au fait que si elle découvrait la vérité, elle n’allait plus jamais le regarder de la même manière (et ça allait malheureusement arriver bien plus vite qu’il ne le voulait… alors qu’il espérait que ça n’arrive jamais bien évidemment). Il ne pouvait pas refuser à tout cela, la manière dont elle l’observait, la manière dont elle l’embrassait… non c’était définitif, il devait taire tout ça. Et en soit, une part de lui appréciait qu’il joue les manipulateurs de cette façon. Qu’il joue avec la vérité pour obtenir ce qu’il voulait. Qu’il ait réussi là où Peter avait échoué. Mais rien n’enlevait le fait qu’il tenait sincèrement à Gwen, qu’il l’aimait plus que tout, au point de prendre les pires décisions possibles pour être juste avec lui.

Si c’était un rêve, Harry souhaitait du plus profond de son âme de ne jamais se réveiller. Mais au fond, ce n’était pas un rêve, le jeune homme se trouvait bel et bien en compagnie de sa meilleure amie et ils étaient... ils étaient ensemble tout simplement. C’était assez bizarre de le dire, mais c’était ainsi qu’était les choses maintenant. Harry ne pensait pas se sentir un jour aussi heureux, quand bien même son cœur était un peu serré par la culpabilité. Mais il n’avait aucune envie de gâcher un tel moment, alors qu’il pouvait juste enfin vivre comme il le souhaitait, qu’il n’avait plus besoin de cacher le fait qu’il était amoureux de sa meilleure amie. Maintenant qu’il n’était pas juste l’ami de Gwen, celui sur qui elle pouvait se reposer quand elle n’allait pas bien. Ils étaient plus que ça tous les deux à présent et Harry avait le sentiment que la période noire qu’il avait vécu avant était enfin derrière lui. Après tout, ce n’était pas grave que son père ait décidé de mettre un sérum dans son sang le rendant un peu dingue... parce qu’il était avec Gwen et que c’était la seule chose qui comptait. Même si la folie que cela avait engendré chez lui avait privé sa petite amie de père, ce à quoi le jeune homme n’avait en aucun envie de penser maintenant. Parce qu’il se concentrait sur ce qu’il ressentait.

Au bout d’un moment, Gwen les ramena un peu à la réalité en parlant de ce repas qu’ils avaient commencé à préparer (enfin que Gwen préparait, parce que on ne pouvait pas dire que Harry était particulièrement doué en cuisine). Ce n’était pas désagréable en un sens, parce que ça ne changeait rien à la situation, au rapprochement qu’ils venaient d’avoir tous les deux.

« Oui ! » Dit-il alors, souriant. « Je meure de faim. »

C’était bien le cas, même si le jeune homme n’y avait pas trop pensé avant maintenant parce qu’il était bien plus concentré sur Gwen, sur le fait que ses sentiments étaient maintenant dévoilés au grand jour et que la jeune femme ne le repoussait pas. Bien au contraire, qu’elle n’ait jamais été aussi proche de lui. Ils allaient donc pouvoir continuer cet soirée, profiter de la présence de l’autre et passer un bon moment ensemble donc. Comme si de rien n’était en un sens, comme si tout était naturel. Quand bien même, ça ne l’était pas tant que cela en un sens et qu’ils allaient avoir besoin de trouver leur marque tous les deux. Mais ils n’en auraient pas le temps...