L'amour ne connaît sa véritable profondeur qu'à l'instant de la séparation.
Depuis que Peter avait quitté Gwen, le jeune homme avait le sentiment de dépérir petit à petit. Il n'avait vraiment pas cru que la situation puisse prendre une telle tournure, il ne pensait pas qu'il déciderait un jour de quitter la femme qu'il aimait, en se disant que c'était une bonne chose en plus. Non, il ne pensait pas être capable de quitter la jeune femme qu'il aimait. Même s'ils n'étaient que des adolescents, le jeune homme prenait vraiment leur histoire au sérieux. Ce n'était pas qu'une petite amourette (en même temps, Peter n'était pas spécialement populaire, il n'avait jamais enchaîné les filles, ce n'était pas son truc), c'était sérieux. Et pourtant, le jeune homme venait bel et bien de la quitter, parce qu'il fallait le faire. Sauf qu'il avait le sentiment d'avoir perdu quelque chose lui permettant d'avancer dans la vie. Il savait que c'était le mieux parce que Gwen était en danger avec lui. Le mieux serait sans doute qu'il abandonne Spider-Man pour pouvoir être avec la fille qu'il aimait, mais le jeune homme ne pouvait pas être certain que ça marcherait. Parce qu'il ne se contentait pas de jouer au super-héros, il avait la capacité de l'être et qu'il ne pouvait pas les perdre. Il avait, depuis qu'il était Spider-Man, une liste d'ennemi. Il ne pouvait pas savoir exactement ce qui allait provoquer l'incident, alors il valait mieux qu'il ne prenne aucun risque. Même si c'était vraiment difficile. Parce que le jeune homme ne pouvait pas se contenter d'oublier celle qui faisait battre encore si fortement son coeur et qu'il la croisait quand même souvent au lycée.
Evidemment, au vu de la situation, les deux jeunes gens prenaient quand même garde de s'éviter. En tout cas, Peter faisait en sorte de ne pas trop croiser Gwen, mais ils partageaient des cours ensemble. Alors par moment, il se retrouvait, comme maintenant, assit au fond de la salle les yeux tournés vers Gwen au premier rang. Elle était si proche et pourtant si accessible en même temps. Il aimerait vraiment arrêter de se montrer raisonnable et se contenter de s'approcher d'elle pour la prendre dans ses bras, pour la serrer contre lui et pour lui dire à quel point il l'aime. Sauf que c'était impossible. Quand la cloche de l'école sonna, Peter attrapa vivement ses affaires pour quitter la pièce et se rendre à son casier afin de récupérer ses affaires de science pour se rendre à son prochain cours. Sur le chemin, il croisa le chemin de Flash qui ne manqua pas de lui faire perdre du temps et quand il arriva finalement à la salle de son cours suivant - qu'il devait partager avec Gwen encore une fois bien sur - il arriva en dernier.
« Bien, Parker, il ne manquait plus que vous. » Affirma le professeur. « Je suis heureux de voir que vous prenez la peine de ne pas arriver en retard. Pour la peine vous allez vous installer avec Stacy. »
Ah bah oui, forcément, pourquoi pas... Peter ne dit rien et se contenta de s'installer à coté de Gwen, particulièrement mal à l'aise. Sérieusement, il aurait bien aimé que le professeur s'épargne cette idée de génie qu'il venait d'avoir. La situation était déjà suffisamment gênante entre eux pour en rajouter une couche. Mais bon, il ne se voyait pas vraiment s'opposer au professeur. Les prochaines minutes allaient être compliquée, il le sentait.
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P
our beaucoup d'élèves, aller en cours tenait constamment du plus terrible des supplices, ce n'était pas le cas de Gwen, qui appartenait à cette minorité certaine d'étudiants qui prenait un réel plaisir à se rendre au lycée et à s'installer à sa table et à prendre des notes, à participer en cours et à apprécier de pouvoir acquérir de nouveaux savoirs. Mais ces derniers temps, il lui était bien plus difficile d'apprécier ses heures de cours. Parce qu'elle savait qu'en se rendant au lycée, elle croiserait forcément le chemin de Peter, c'était malheureusement inévitable. Elle était une grande fille, elle savait bien qu'elle ne pouvait pas tout simplement éviter son ex petit ami, mais malgré tout, croiser son regard, rien que ça, était horriblement douloureux. Elle avait cru en leur histoire comme en aucune autre, il y avait une telle alchimie, entre eux, c'était indéniable, et quoi qu'il advienne, elle l'aimait toujours, comme elle voulait croire que Peter l'aimait encore, lui aussi. Pour ce que ça changeait. Elle avait donc, comme tous les jours depuis sa rupture, traîné les pieds pour se rendre en cours, d'autant que ce jour-là était une journée de la semaine qu'elle avait d'autant plus appréciée d'ordinaire, parce qu'elle avait de nombreux cours en commun avec Peter, et elle la redoutait aujourd'hui pour les exactes mêmes raisons. Enfin, il fallait bien faire avec, à force, ça lui passerait, à force, elle ne se demanderait pas constamment où il était, elle ne le chercherait pas sans arrêt dans son champ de vision avant de se raviser. Par exemple, alors qu'elle venait de s'installer en classe, la seule chose à laquelle elle savait songer, c'était que le jeune homme n'était pas encore arrivé.
Mais cela ne dura pas longtemps. Bientôt, elle le vit rentrer et elle eut toutes les peines du monde à détourner son regard de lui, d'autant que tous les autres regards convergeaient dans la direction du retardataire, tandis que leur professeur s'adressait directement à lui. Elle ne put s'empêcher de tourner les yeux vers lui quand son nom à elle fut directement prononcé. Elle sentit son estomac se nouer. Le professeur venait de l'installer à côté d'elle. Pendant plusieurs secondes, elle ne dit rien, tendue au possible. Puis finalement, elle songea que c'était stupide. Oui, ils n'étaient plus ensemble, mais c'était Peter, ce n'était pas comme si elle pouvait envisager de l'exclure complètement de sa vie. Ils ne pouvaient plus être ensemble, soit, mais ils pourraient peut-être devenir amis, non ? Elle daigna donc lui adresser la parole, pour la première fois depuis leur rupture.
-Salut.
Un mot très simple, mais qui aiderait peut-être à briser la glace. Certes, le cours qui commençait n'allait peut-être pas encourager une discussion très soutenue, mais ça ne coûtait rien que de faire ce pas dans sa direction.
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Avant, Peter aurait été plus que ravi qu’on l’installe à côté de Gwen. Mais ça, c’était avant. Maintenant, ils se trouvaient quand même dans une situation bien plus compliquée. C’était une véritable épreuve pour le jeune homme de se retrouver si proche de sa petite-amie, enfin… son ex-petite-amie, mais qui était quand même la fille qu’il aimait. C’était horrible, il l’aimait, mais il ne pouvait pas être avec elle. Et ce n’était pas un genre d’histoire d’amour à sens unique, Peter osait croire que Gwen avait encore des sentiments pour lui. Leur histoire n’était pas qu’une amourette d’adolescent, il avait toujours considéré que c’était bien plus sérieux que cela. Alors, les sentiments ne pouvaient pas disparaitre d’un coup. En fait, ils ne pourraient sans doute jamais disparaitre. Alors, il devait faire avec. Parce qu’il l’aimait, mais qu’il ne pouvait pas être avec elle. Même si ça lui arraché le cœur à chaque fois qu’il y pensait. Peter était particulièrement mal à l’aise, ainsi assit à côté de Gwen, il ne savait pas vraiment ce qu’il devait faire. Il n’avait pas non plus envie de complètement ignorer sa présence, de faire comme si elle n’était pas là. Mais il avait vraiment du mal avec l’idée qu’elle soit là, sans qu’il ne puisse la considérer comme sa petite-amie. Ce fut finalement elle qui brisa le silence. Ce salut était le premier mot que Gwen lui adressait depuis qu’ils n’étaient plus ensemble. Ils avaient, par la force des choses, eu l’occasion de se croiser plusieurs fois, mais c’était la première fois qu’ils se parlaient. Ou du moins, qu’elle lui parlait. Pendant quelques secondes, il hésita avant de prendre à son tour la parole.
« Salut. »
C’était vraiment bizarre de se retrouver à côté de Gwen et de lui parler – si on pouvait vraiment appeler ça une conversation – après ce qui s’était passé. Ce n’était sans doute pas le mieux à faire, si Peter avait décidé de quitter Gwen, c’était pour la protéger parce que sa présence la mettait en danger. Alors, ce n’était pas forcément une bonne chose qu’ils continuent de garder contact, même si dans tous les cas ils fréquentaient le même lycée. Oui, maintenant, là, tout de suite, il avait bien envie de faire marche arrière. Mais il ne pouvait pas faire ça.
« Ça va ? »
Demanda-t-il un peu maladroitement, ne sachant pas vraiment pourquoi il lui posait cette question. Surtout qu’il savait parfaitement, de son côté, que ça n’allait pas. Et la raison était assez simple. Mais il n’avait pas pu s’empêcher, comme pour continuer cette conversation qui s’était lancé par le salut de Gwen. Même s’il était évident qu’ils ne se trouvaient pas dans un endroit propice aux conversations, mais le professeur avait entamé son cours et ne semblait pas vraiment prêter attention à eux. Puis bon, rien ne disait qu’ils allaient converser beaucoup. Peter se sentait déjà suffisamment mal à l’aise comme ça. C’était aussi agréable que frustrant de discuter avec la jeune femme, il aurait aimé que tout soit normal entre eux.
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L
es quelques ridicules petites secondes qu'il fallut à Peter pour lui répondre lui semblèrent durer la plus ignoble des éternités. Un temps, elle se demanda si elle avait bien fait de lui parler, s'il n'aurait pas été plus simple de se taire et de laisser couler... Puis elle eut peur qu'il ne lui réponde pas, qu'il garde le silence pour la maintenir à distance encore, ce qu'elle trouverait proprement insoutenable... Mais il lui répondit bel et bien, et elle sentit les battements de son cœur s'accélérer. Trop, sans doute, pour un simple "salut", mais il signifiait plus qu'un "bonjour" à ses yeux, de cette manière, il acceptait de renouer, même un peu, le contact qu'ils avaient perdu, tous les deux, il acceptait de ne pas s'effacer complètement de sa vie, comme si elle ne devait plus exister. Ce n'était peut-être pas une bonne chose puisqu'elle sentait bien que, en l'entendant parler, son cœur battait la chamade, tout simplement parce qu'elle l'aimait toujours et que ça n'avait pas changé. Mais peu importe, ce serait encore pire de le perdre complètement, là, elle avait le sentiment qu'ils pouvaient passer le seuil de l'ignorance pour peut-être parvenir à un autre stade, pas forcément des plus simples, mais plus apaisé, qui sait ? Il lui demanda comment elle allait, elle haussa les épaules. Elle aimerait lui affirmer qu'elle se portait comme un charme, mais il n'en était rien. Elle préférait être sincère. À quoi cela servirait-il de lui mentir, de toute manière, après tout ?
-Pas vraiment, non.
Elle ne pouvait pas aller bien, non, tout simplement parce qu'il ne faisait plus partie de sa vie et que, quelque part, malgré leur jeune âge, elle était convaincue qu'il aurait toujours dû y avoir la place privilégiée qu'elle lui avait donné, quitte à ce que cette vie soit des plus courte. Oui, elle n'allait pas bien, et cela ne manquait pas de sous-entendre que cela était dû au fait qu'ils n'étaient plus ensemble.
-C'est ce que ça va devenir, maintenant ? demanda-t-elle ensuite, ne prêtant décidément que très peu d'attention au discours de leur professeur, qui pour l'heure ne se souciait pas d'eux, elle qui était d'ordinaire aussi attentive qu'assidue. On va s'éviter dans les couloirs et s'échanger deux-trois politesses quand on nous oblige à passer du temps ensemble ? Il est évident que ce n'était pas le moins du monde ce qu'elle voulait. Elle leva quelques secondes la tête vers le tableau noir pour prétexter y trouver de l'intérêt avant de reporter son regard vers Peter. Tu me manques...
D'accord, ce n'était pas exactement l'entrée en matière qu'elle avait à l'esprit de prime abord, ce n'était pas forcément en employant spécifiquement ces mots qu'elle pourrait demander à ce qu'ils essayent au moins de devenir amis, mais ça avait été plus fort qu'elle.
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Si Gwen avait décidé de répondre à Peter qu’elle allait parfaitement bien, le jeune homme se serait posé des questions effectivement. Il lui avait posé cette question plus par principe, il ne s’était donc pas attendu à ce qu’elle lui réponde sincèrement qu’elle allait bien. Elle aurait très bien pu le faire et honnêtement, elle en avait parfaitement le droit, mais il devait bien avouer qu’il n’était pas vraiment étonné de l’entendre qu’elle n’allait pas vraiment bien. Parce que c’était exactement ce qu’il ressentait. Depuis qu’il n’était plus avec Gwen, Peter ne se sentait vraiment pas bien. Il avait le sentiment d’avoir plus perdu encore en la quittant et le pire, c’était qu’il savait aussi qu’il n’avait juste pas eu le choix. Le jeune homme ne pouvait pas mettre la vie de celle qu’il aimait en danger, simplement parce qu’il avait envie d’être avec elle. Et même si Gwen avait dû mal à le comprendre (ou à l’accepter surtout), c’était comme ça et il ne pouvait évidemment pas revenir en arrière. Malgré le fait que le jeune homme en mourrait d’envie évidemment. Peter ne répondit rien à la remarque de la jeune femme, tournant simplement son regard vers le professeur qui avait déjà commencé son cours. L’étudiant se doutait qu’il n’allait pas réussir à se concentrer sur son travail et sur le cours, c’était très mal partie en tout cas. Surtout que Gwen ne manqua pas de reprendre la parole, lui demandant si c’était comme ça que ça allait être maintenant. Peter tourna ses yeux vers Gwen, attendant qu’elle s’explique un peu plus. Elle n’avait pas tort de trouver la situation parfaitement ridicule, parce qu’elle l’était. Mais en même temps, que pouvaient-ils faire d’autre ? Il était évident que les deux jeunes gens ne pouvaient quand même pas faire comme si de rien n’était, redevenir des amis comme avant. Parce que Peter savait bien qu’il serait incapable de résister à vouloir se rapprocher plus d’elle.
« Tu me manques aussi… » Affirma-t-il, sans parler trop fort pour ne pas attirer l’attention du professeur. Ce n’était pas vraiment le moment pour eux de faire n’importe quoi après tout. Peter n’avait pas envie d’avoir des ennuis avec les professeurs, en plus de ce qu’ils avaient autour. Et Gwen – qui avait quand même un parcours scolaire exemplaire – ne le méritait pas non plus. Mais bon, il devait bien lui dire quand même qu’elle lui manquait. Elle lui manquait tellement… mais ça ne changeait rien. « Mais tu veux qu’on fasse quoi ? » Demanda-t-il alors, la gorge serré. « On peut pas faire comme si de rien n’était, je… » Il marqua une courte pause avant de reprendre. « Je ne peux pas, j’aurais trop envie de… » Il ne pensait pas utile de continuer, elle devait parfaitement voir où il voulait en venir. « Je ne te mettrais pas en danger. »
Ils avaient déjà eu cette conversation, cela ne servait à rien de tourner autour du pot. Peter ne pouvait pas se permettre de changer d’avis.
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G
wen sentit son cœur se serrer en entendant Peter lui affirmer qu'elle lui manquait. Au fond, elle avait toujours osé croire que c'était le cas. Ils avaient rompu brutalement, et ils ne l'avaient voulu ni l'un ni ni l'autre. Alors elle voulait croire qu'il n'avait pas déjà tourné la page de leur histoire, qu'elle lui manquait aussi. Manifestement, c'était le cas, et elle ne savait trop si elle devait s'en montrer satisfaite ou attristée. Il aurait peut-être été plus simple qu'il ait tourné la page... elle aurait plus de facilités à le faire elle-même, dans ce cas. Sauf que non, ils s'aimaient encore. Et ils ne pouvaient pas être ensemble. Bref, c'était complètement injuste. C'était insoluble. Il avait bien raison. Qu'est-ce qu'elle voulait qu'ils fassent ? Elle n'en savait rien du tout, en réalité. Elle avait envie de le retrouver, c'est tout ce qu'elle voulait. Sauf qu'il avait sans doute raison, ce n'était peut-être pas une bonne idée de renouer contact. Il y aurait forcément des sous-entendus, l'envie de revenir en arrière. Elle l'aimait. Il l'aimait, et ça ne suffisait pas. Le problème était toujours le même. Et c'était sans doute inutile d'y revenir encore et encore. Mais elle ne pouvait pas continuer comme ça. Elle pourrait bien attendre que ses sentiments s'effacent, peut-être que ça finirait par arriver, mais elle n'avait pas envie d'envisager une chose pareille, elle n'avait pas envie de l'oublier, de tirer une croix sur une histoire qui aurait pu être belle, qui était belle et aurait dû le rester. Elle poussa un léger soupir, baissa les yeux sur sa table. Elle aurait voulu contrer son propos, elle aurait voulu lui opposer un argument réellement infaillible. Mais il n'y en avait pas. Le problème était toujours le même, ça n'avait pas changé.
-Je sais... répondit-elle doucement, qui aurait vraiment voulu se trouver ailleurs que dans cette salle de classe pour réellement parler de tout ça. Ce n'était pas le genre de conversation que l'on devrait avoir à voix basse. J'ai pas envie de te perdre, c'est tout. Elle marqua une légère pause. Je sais bien que rester amis c'est pas... pas forcément envisageable, mais on pourrait essayer, non ?
Ça ne marcherait sans doute pas, en effet, non. Mais elle s'en voudrait de ne pas essayer. Elle préférait pouvoir profiter un peu de sa compagnie, même si ce devait être douloureux, plutôt que de ne pas pouvoir en profiter du tout et d'avoir encore plus mal. Même si ce serait peut-être déjà à ses yeux être trop proche de lui. Peut-être qu'être dans son champ de vision, c'était déjà beaucoup trop... Elle n'en savait rien, elle aimerait juste que ce moment soit passé, que tout soit réglé, et retrouver sa vie d'avant avec lui.
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Peter n’aimait pas du tout cette situation, le jeune homme aimerait bien pouvoir prendre Gwen dans ses bras et juste envoyer balader la résolution qu’il avait prise. Mais le jeune homme n’avait pas le choix, il ne pouvait pas revenir en arrière. Et cela, même si la jeune femme lui manquait cruellement. Bien sûr que c’était difficile pour Peter, il aimait toujours autant Gwen, mais rien ne changeait le fait qu’il était dangereux pour Gwen et qu’elle allait mourir à cause de lui. Bien sûr, ils ne savaient pas exactement quand la prédiction allait avoir lieux, comment les choses allaient se passer, mais Peter n’avait pas l’intention de prendre de risque. C’était compliqué, ce n’était pas du tout agréable, mais ils n’avaient pas le choix. A choisir, Peter préférait largement s’éloigner de la fille qu’il aimait, si ça lui permettait de la protéger. Peter sentit son cœur se serrer quand il entendit Gwen affirmer qu’elle n’avait aucune envie de le perdre. Peter n’avait pas envie de perdre Gwen non plus, et c’était surtout pour cela qu’il s’éloignait d’elle. Parce que même si présentement, ils ne pouvaient pas être ensemble, au moins elle était vivante. Et le jeune homme se disait qu’avec un peu de chance, après tout cela, ils allaient peut-être pouvoir se retrouver. Peter ne savait pas du tout comment les choses allaient se passer, mais il se disait quand même qu’un jour la situation allait quand même se régler. Et en attendant, est-ce qu’ils pourraient rester amis ?
« Je sais pas… »
Répondit-il la gorge serré, toujours dans un murmure parce qu’ils ne pouvaient pas parler à voix haute. Ce n’était évidemment pas idéal de se retrouver en classe pour discuter de tout cela, mais en même temps autrement ils ne discuteraient peut-être pas. Parce qu’au fond, le jeune homme savait parfaitement qu’il était plus que difficile pour eux de rester ami. Gwen n’était plus une amie à ses yeux depuis longtemps, le jeune homme ne pouvait pas regarder la jeune femme comme il regarderait une autre camarade de sa classe. Il avait forcément envie de la prendre dans ses bras, de l’embrasser. Mais est-ce qu’ils pourraient essayer quand même ? Le problème c’était qu’ils resteraient encore trop proches.
« Je suis… » Peter hésita une seconde, avant de reprendre d’un ton encore plus bas. « Il est bien trop dangereux pour toi, ça ne changerait rien qu’on soit juste ami. »
Le jeune homme avait un peu le sentiment d’enfoncer encore une fois le couteau dans la plaie, mais il se contentait juste de dire la vérité. Ce n’était pas le fait d’être ensemble sentimentalement qui posait problème, c’était parce qu’ils étaient ensemble physiquement. Ami ou pas, ça ne changerait rien au fait que Spider-Man était dangereux pour la jeune femme. A quoi bon s’empêcher d’être avec la fille qu’il aimait, se contenter d’être juste son ami, si c’était pour qu’elle vive cette mort qui lui avait été prédite. Il ne pouvait vraiment pas prendre le risque de la perdre.
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L
a réponse de Peter, malheureusement, n'avait rien de surprenante aux yeux de Gwen. Elle s'y attendait, mais elle avait voulu tenter sa chance malgré tout, tout simplement parce qu'elle n'arrivait pas à concevoir la suite sans lui, encore moins dans des situations comme celle-ci, où elle se voyait bien incapable de prendre le parti de l'ignorer. Qu'elle soit sa petite amie ou son amie, cela resterait être proche de Peter et être proche de Peter, c'était l'être de Spider-Man, et donc mettre sa vie en danger. C'était évident, et Gwen le savait, mais elle avait tendance à se moquer royalement des conséquences, de la prédiction de la collègue de son père. Elle n'aimait pas sa vie sans lui. Elle essayait de s'en sortir comme elle le pouvait, et elle continuerait s'il le fallait, mais ça ne lui plaisait pas du tout. Elle le regarda un moment. Elle avait encore envie de sauver ce qu'ils avaient eu, parce qu'elle sentait que Peter en avait envie, lui aussi... C'était gâcher une belle histoire au nom d'un futur probable qui aurait peut-être lieu quand même... ou serait remplacé par un autre, plus funeste encore. Gwen poussa un soupir. Elle avait tenté sa dernière carte, elle avait échoué, lamentablement. Tant pis, ça ne coûtait rien d'essayer. Et maintenant, qu'est-ce qui allait se passer ? Eh bien... Cette heure de cours serait sans doute la plus longue de toute son existence, à n'en pas douter.
-D'accord... répondit-elle d'un ton qu'elle voulait aussi ferme et détaché que possible, même s'il lui semblait n'avoir jamais rencontré d'entreprise plus difficile que celle-ci. C'est définitif, tu le sais, n'est-ce pas ? demanda-t-elle sans pouvoir s'en empêcher, même si elle ne doutait pas du fait que ça ne le convaincrait pas pour autant. Je ne vais pas attendre sagement que tu considères que je ne suis plus en danger... Elle marqua une pause, prit une grande inspiration et puis reprit. De toute façon, tu n'auras bientôt plus à craindre pour moi. J'ai l'intention de quitter New York à la fin de l'année scolaire.
À vrai dire, elle avait surtout tergiversé en réfléchissant à ses futures études, plusieurs choix s'offraient à elle, qui l'éloignaient plus ou moins de sa ville de résidence, pour certains lui faisaient même traverser l'Atlantique. Peter (et Harry, aussi, mais ce n'était pas sur lui que son attention était focalisée sur le moment) aurait constitué une bonne raison pour elle de rester. Maintenant, elle se disait que le plus simple pour eux deux, c'était qu'elle s'éloigne. Au moins, Peter aurait l'assurance qu'elle était bel et bien en sécurité, et en ce qui la concernait, peut-être serait-il plus simple de tourner la page de la sorte. Elle avait envie de le croire, en tout cas. Et elle l'espérait, surtout. S'il fallait prendre des décisions radicales dès à présent et ne plus attendre après quelque chose qui ne reviendrait jamais, autant s'y mettre de suite.
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Peter aurait vraiment aimé répondre autrement à Gwen, lui affirmer qu’ils pouvaient très bien être ami. Même si c’était particulièrement difficile pour lui de se considérer comme l’ami de la jeune femme, alors qu’il avait constamment envie de la prendre dans ses bras et de l’embrasser (il laissait ça pour Harry Osborn). Après ce qu’ils avaient vécu, c’était vraiment difficile pour lui de simplement revenir à la case départ, à l’époque où ils étaient deux amis de lycée. Surtout que ça ne changerait de toute façon rien. Au final, Peter devrait sans doute réaliser que ça ne changeait rien d’être loin d’elle aussi. Parce que dans tous les cas il l’aimait, dans tous les cas il ne pouvait pas s’empêcher de veiller sur elle. Mais il ne parvenait pas à se dire autre chose, à penser autrement. Il était un danger pour la jeune femme, en sa présence elle était en danger. Alors, il valait mieux mettre de la distance. Même si c’était vraiment difficile. Peter aurait vraiment aimé donner une autre réponse à la jeune femme… mais il ne pouvait pas prendre de risque. Ce n’était pas possible, il serait bien incapable de s’en remettre si elle devait mourir par sa faute.
Quand Gwen reprit la parole, le jeune homme sentit son cœur se serrer. Il s’en rendait bien compte que c’était définitif oui, même si c’était vraiment douloureux. En même temps, lorsque Peter avait pris la décision de quitter sa petite-amie en apprenant la prédiction, c’était définitif aussi. Malheureusement, ils ne pouvaient pas faire grand-chose contre le fait qu’ils se voyaient tous les jours à l’école, que parfois en cours ils se trouvaient ensemble comme maintenant. Peter sentit son cœur se serrer plus encore en entendant Gwen affirmer qu’elle n’allait pas l’attendre sagement qu’il décide qu’elle n’était plus en danger. Il avait parfaitement conscience des risques oui… et il se rendait compte que c’était un peu son fardeau. Parce que même s’ils parvenaient à échapper à la prédiction, rien ne pouvait lui garantir que Gwen ne serait pas de nouveau en danger. Quoi qu’il fasse, il allait forcément être un danger pour son entourage parce qu’il était Spider-Man. Il commençait vraiment à en avoir conscience. Peter s’apprêtait à répondre quelque chose d’ailleurs, quand Gwen reprit la parole.
« Tu vas où ? »
Demanda-t-il vivement, trop vivement. Il était surpris par cette nouvelle (alors qu’en réfléchissant deux secondes, il ne devrait pas vraiment l’être en réalité). Parce qu’il était évident que la jeune femme allait faire des études ensuite, qu’elle allait entrer à la fac, dans une grande université. Et que ça pouvait très bien la conduire en dehors de la ville, des Etats-Unis même. Mais alors qu’elle lui annonçait ça comme ça, il avait le sentiment de se prendre un poignard dans le cœur. Il n’avait pas son mot à dire, évidemment, mais ça ne l’empêchait pas de se sentir troublé en apprenant la nouvelle. Même si, raisonnablement, c’était peut-être mieux qu’elle s’en aille pour se mettre en sécurité.
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P
eter ne revint pas sur son affirmation, quand Gwen lui laissa entendre que si véritablement, plus rien n'était possible entre eux, pas même une relation amicale, alors la rupture serait définitive, et elle ferait de son mieux pour tourner la page. Elle se doutait qu'il s'était fait à cette idée dès l'instant où il avait décidé de rompre avec elle, mais au fond d'elle, elle n'avait pu s'empêcher d'espérer que le jeune homme ait comme un déclic, qu'il prenne conscience de ce qu'il ne voulait pas perdre et change d'avis. Bien évidemment, c'était loin d'être aussi simple que cela. Elle s'en doutait, ses espoirs n'avaient pas de raison d'être, et en effet... quand le jeune homme reprit la parole, ce fut simplement pour lui demander où elle avait l'intention d'aller. Là encore, elle avait sans doute eu l'intention inconsciente (ou consciente) de créer en lui un électrochoc qui lui donne envie de la retenir. Mais elle se doutait, au final, qu'il la laisserait partir. Et cette distance achèverait de creuser le fossé qu'ils s'obstinaient à créer entre eux, quand bien même ni l'un ni l'autre n'en avait réellement envie, quand bien même cette situation était bien loin de les rendre heureux. Le bien commun passait avant leurs propres considérations. Soit... C'était sans doute noble et tout ce qui s'ensuit. Mais Gwen aurait préféré qu'il soit moins égoïste. La jeune femme envisageait sincèrement de faire ses études à l'étranger, ce n'était pas faire du chantage affectif que de l'affirmer, mais il aurait suffi d'un mot de la part de Peter pour qu'elle ne s'en aille pas. Ça pouvait paraître insensé de la part d'une adolescente qui ne pouvait quand même pas laisser reposer son avenir sur un jeune homme, alors qu'on arguera sans doute qu'ils étaient bien trop jeunes pour laisser leur avenir dépendre l'un de l'autre. Oui. Peut-être. Mais Peter en valait la peine, Gwen en était sûre et certaine.
- Rien n'est fait, bien sûr, mais j'ai envoyé ma candidature à l'université d'Oxford.
L'université d'Oxford, l'Angleterre, donc. Elle ne parlait donc pas seulement de quitter New York pour une ville voisine, ou même un autre État d'Amérique, mais pour un autre pays, sur un autre continent. Rien que ça. C'était la première fois qu'elle formulait cette intention, qui la travaillait depuis un moment, à haute voix, et même pour elle, cela était étrange. Se dire que d'ici quelques mois, elle pourrait tout laisser derrière elle pour reprendre de zéro dans un nouveau pays avec un nouveau rythme, une nouvelle culture... c'était séduisant, mais effrayant en même temps. Et douloureux, même, car le ton qu'avait employé Peter ne laissait que trop bien comprendre à Gwen combien la perspective de son départ déplaisait au jeune homme. Pourtant, c'était sans doute le mieux pour eux deux.
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Il était tout à fait normal que Gwen décide de faire de grandes études. Elle était faite pour ça, c’était dans l’ordre des choses qu’elles partent à la fac afin de faire de grandes études avant d’entrer dans le monde du travail. Peter n’était pas spécialement étonné d’apprendre qu’elle avait l’intention de partir de New York afin de poursuivre ses études. Le jeune homme s’en était un peu douté, mais il ne s’attendait à ce que ça arrive déjà si vite. L’année scolaire n’était pas terminée, mais elle approchait à grands pas, et les étudiants devaient évidemment penser à la suite de leurs études. Le jeune homme devra d’ailleurs le faire lui-même, mais ces derniers temps il avait été quand même beaucoup occupé et il n’avait pas pris le temps de s’occuper de ça. Sa vie était complètement mouvementée, il n’avait aucune idée de ce qu’il allait pouvoir faire l’année prochaine. Mais apparemment, Gwen s’était penchée sur la question.
Quand la jeune femme ont repris la parole, affirmant que rien n’était fait (à ce stade de la, il ne plus empêcher de se sentir un certain soulagement, même s’il n’avait pas le droit de faire), ce fut pour lui dire qu’elle avait déposé sa candidature à Oxford. En entendant le nom de la faculté où elle avait l’intention d’aller, puisqu’elle ne posait pas sa candidature pour rien, Peter eu encore l’impression qu’on enfoncer un poignard dans son cœur. Parce que la jeune femme se contente pas de quitter la ville, même un état, mais elle envisage était dans un autre pays sur un autre continent. Autant dire que la distance qu’il allait y avoir entre eux, avait clairement scellé leur destin. Le jeune homme ne plus empêcher de se demander si elle aurait pris la même décision s’ils étaient encore ensemble ou pas.
« En Europe ? » demanda le jeune homme, même s’il savait parfaitement que c’était bien en Europe. Il n’avait pas pu s’empêcher d’exprimer sa surprise en apprenant que la jeune femme avait l’intention de partir sur notre continent. C’était son droit bien sûr, mais le jeune homme ne pouvait pas s’empêcher de se sentir triste à éviter qu’elle quitte définitivement le pays et le continent. Parce qu’il savait qu’à ce moment-là que tout serait effectivement terminée. Même si normalement tour devrait déjà être terminée, mais c’était compliquée de le faire tant ensevelis tous les jours comme maintenant. « Tu as l’intention de partir carrément en Europe ? »
Le jeune homme n’avait évidemment pas son mot à dire, parce qu’elle faisait ce qu’elle voulait, et en même temps il savait que ça serait sans doute une bonne chose. Parce que si Gwen partait en Europe, il était évident qu’elle allait être en sécurité. Ce qui n’était pas le cas ni à New York, ni près de lui. Au fond, c’était sans doute une très bonne idée, mais il avait le sentiment qu’on lui arrachait quelque chose en apprenant que la fille qu’il aimait encore, même s’il s’efforçait à ce qu’elle reste loin de lui, avait l’intention de partir si loin.
L'amour ne connaît sa véritable profondeur qu'à l'instant de la séparation.
E
n Europe, oui, c'était bien ce qu'elle disait. Elle envisageait bel et bien de se rendre en Europe une fois l'année scolaire terminée, parce qu'elle ne pouvait pas transiger avec son avenir, et parce qu'elle était en droit de penser, à présent, que rien ne la retenait aux États-Unis. Même si ce dernier point, elle savait pertinemment qu'elle cherchait surtout à se convaincre elle-même. Elle avait pertinemment conscience, dans le fond, qu'une partie de son cœur resterait toujours de ce côté-ci de l'océan, et elle ne pouvait pas faire autrement que de le constater, surtout maintenant, où elle avait vraiment le sentiment que le regard de Peter la suppliait de rester. Ou alors était-ce son imagination ? Elle avait envie qu'il la retienne, d'une manière ou d'une autre, mais il n'y avait pas de raisons que cela arrive. Ses résolutions étaient fermes, et quoi qu'elle puisse en penser, elles étaient également fermes et inéluctables. Elle poussa un léger soupir. La manière dont il posait sa question... elle en finirait presque par se sentir coupable de faire le choix de partir aussi loin. Pourtant, ce n'était pas elle qui avait rejeté l'autre, ce n'était pas elle qui avait choisi d'arrêter leur histoire. Elle aimerait pouvoir lui confirmer l'affirmation d'un ton détaché, une manière de lui faire comprendre que l'on récolte ce que l'on sème, mais ce serait injuste, bien sûr. Véritablement injuste. Parce qu'il ne l'avait pas quittée par désamour ou même vraiment par choix, il avait juste considéré que c'était le seul moyen de lui sauver la vie. Et il avait peut-être raison. Si seulement il pouvait avoir tort.
-Pourquoi pas, oui, répondit-elle en détournant les yeux, pour déposer son regard sur la feuille blanche face à elle. Elle ne prêtait vraiment pas la moindre attention au professeur qui donnait cours face à eux. Elle aurait bien été incapable d'en donner la thématique, par exemple. Elle n'en avait pas la moindre idée. Ça n'avait pas d'importance pour l'heure. J'ai pas vraiment de raison de rester à New York, argumenta-t-elle alors, même si elle mourait envie de lui laisser entendre le contraire. Et comme ça tu seras sûr que je ne risque rien.
Là-dessus, il ne pouvait pas la contredire. C'était bien le nœud du problème, malheureusement. Ce serait sûrement une bonne chose à tout point de vue qu'elle déménage en Europe, qu'elle s'éloigne de tous ses attaches. À Oxford (si elle y était admise), elle pourrait mener des études brillantes, elle pouvait espérer faire carrière, véritablement. Et elle serait effectivement en sécurité, éloigné de la menace qui pesait sur elle et qu'elle était bien contrainte de prendre au sérieux étant donné ce qui était arrivé à son père. Mais vivre si loin de Peter, même s'ils étaient séparés... la perspective lui serrait le cœur.
L'amour ne connaît sa véritable profondeur qu'à l'instant de la séparation.
Peter n’en revenait pas d’entendre la jeune femme lui dire qu’elle envisageait de partir en Europe. Pourtant, il aurait dû s’en douter. La jeune femme était faite pour faire de grandes études (lui aussi sans doute, mais ces derniers temps le jeune homme peinait un peu à se concentrer sur ses études), elle avait sa place dans les plus grandes universités du monde. Donc, elle avait sa place en Europe pour étudier, Peter le savait. Mais l’idée que Gwen traverse tout un océan, qu’elle soit à ce point loin de lui, ça lui serrait le cœur comme jamais. D’accord, c’était lui qui avait rompu avec elle, pour la protéger, mais cela n’empêchait qu’il l’aimait toujours. Et tant qu’elle était à New-York, il avait le sentiment de pouvoir quand même vivre un peu à ses côtés, de pouvoir un peu veiller sur elle. Tout allait être complètement différent si elle devait partir en Angleterre pour ses études. Même si elle avait parfaitement le droit de le faire et que Peter n’avait aucune raison de la retenir. Aucune bonne raison en tout cas, parce que des raisons il en avait quand même. Il l’aimait, il n’avait pas envie qu’elle s’éloigne autant de lui, mais ce n’était pas des raisons valables. Parce que Peter avait décidé de la quitter pour la protéger.
Pourquoi pas donc, elle n’avait aucune raison de rester à New-York. Peter sentit son cœur se serrer encore plus, se briser même, quand elle lui dit ça. Avant qu’elle n’ajoute en plus que comme ça, il était sûr qu’elle ne risquerait rien. Peter tourna son regard un instant vers la table. C’était vraiment des paroles difficiles à entendre, il avait presque l’impression de rompre encore une fois avec Gwen. Tout cela en devenait vraiment ridicule. Il l’aimait comme un dingue, mais il ne pouvait pas être avec elle. Alors qu’il mourrait d’envie d’être avec elle, mais elle était en danger à ses côtés. Il ne pouvait pas prendre le risque… il avait envie de la retenir, mais il ne pouvait pas le faire. Et même s’il se permettait de le faire, elle avait parfaitement le droit de partir faire ses études ailleurs. Même s’ils avaient été ensemble, elle aurait pu le faire. La différence, c’était que Peter aurait pu espérer qu’elle ne souhaite pas s’éloigner de lui, alors que maintenant, elle devait justement chercher à le faire.
« C’est sûr. » Finit-il par prononcer, la voix tremblante. Il n’avait aucune envie de se montrer trop touché par cette nouvelle, mais il en était incapable. Il avait le sentiment que le monde était encore une fois en train de s’effondrer autour de lui, alors qu’il était responsable de tout ça. Il le savait qu’il l’était. Il avait quitté Gwen pour la protéger, c’était de sa faute. « J’espère… » Il marqua une pause, avant de reprendre. « J’espère que tu vas te plaire en Europe. »
Dit-il alors, avant de se lever et de prendre ses affaires pour quitter la pièce, sans même prêter attention au fait que le professeur l’appela, tenta de le retenir. Tant pis s’il devait se prendre une heure de colle, il ne serait plus à ça prêt.
L'amour ne connaît sa véritable profondeur qu'à l'instant de la séparation.
L
a voix de Peter tremblait, et c'était une véritable torture pour Gwen que de le constater. Elle le voyait bien, sa décision lui faisait du mal... et quelque part, peut-être qu'elle l'avait un peu voulu, non pas qu'elle se pense fondamentalement cruelle, mais elle avait peut-être considéré que s'en aller loin ne serait pas seulement un moyen de tourner la page et d'éviter que la prédiction se réalise, mais aussi un moyen de punir Peter pour n'avoir plus voulu d'elle. C'était assez injuste, comme méthode, mais manifestement, c'était efficace, et Gwen s'en voulut bien vite d'avoir si franchement parlé de son intention d'aller peut-être en Europe, d'autant que rien n'était fixé encore. C'était une manière de lui faire comprendre qu'ils ne pouvaient pas rester dans cet entre-deux étrange, où tout semblait encore possible parce qu'ils étaient trop proches l'un de l'autre, mais aussi une manière de confirmer leur rupture, quelque part. C'était absurde, bien sûr. Ils étaient séparés, c'était un fait, mais Gwen avait quand même le sentiment qu'en cet instant, ils rompaient une nouvelle fois, et d'une façon bien plus tranchée et définitive. La réaction de Peter n'en donnait que la confirmation à ses yeux. Quand il reprit la parole, Gwen ne sut pas du tout ce qu'il s'apprêtait à dire, mais les mots tombèrent finalement, et elle avait le sentiment que des mots d'adieu n'auraient pas été prononcés différemment. Bien malgré elle, elle sentit son coeur se briser une nouvelle fois. Elle s'en rendait bien compte en cet instant, elle avait encore eu l'espoir qu'entre eux, tout ne soit pas perdu, mais elle avait eu tort et tout le prouvait en cette seconde : leur histoire était bel et bien finie. C'était trop tard. Gwen voulut répliquer quelque chose, mais Peter se leva, ne leur en laissant pas l'occasion.
Les regards convergèrent dans leur direction tandis que le jeune homme débarrassait ses affaires sans s'intéresser une seule seconde aux remarques de son professeurs, qui attendait de lui des explications qui ne vinrent pas. La jeune femme fut bien tentée de le suivre, elle n'avait aucune envie que leur discussion s'achève de cette manière... que leur histoire s'achève de cette manière. Mais si elle devait aller le rattraper, que lui dirait-elle ? Rien, sans doute. Il n'y avait plus rien à dire. Rien de plus que ce qui avait déjà été dit, en tous les cas. Ils le savaient, leur situation ne changerait pas. Alors oui, au fond, il valait sans doute mieux qu'elle s'en aille de l'autre côté de l'Atlantique, sans un regard en arrière. En attendant, les yeux humides, elle baissa les yeux sur ses notes (qui n'avaient jamais été si peu nombreuses), il ne lui restait plus qu'à reprendre le train en marche et faire comme si de rien n'était.