Ces derniers temps, Harry devait bien avouer qu'il se sentait quelque peu perdu. En même temps, quand soudainement on devenait une bête assoiffé de sang, ce n'était pas vraiment étonnant. Son père avait choisi son destin pour lui, sans qu'il n'ait son mot à dire. Il aurait bien aimé ne pas passer par là, mais son père avait choisi pour lui. Maintenant, il se retrouvait avide de sang et visiblement... de celui de celle qu'il aimait même. Harry faisait son possible pour résister, mais il était incapable de contrer l'influence du Hobgoblin. Il ne parvenait pas à tenir bien longtemps avant que son double maléfique ne prenne le dessus, avant qu'il ne se fasse avoir par ses nouveaux instincts. Ca le rongeait de l'intérieur, vraiment, mais il ne pouvait pas faire grand-chose. Harry avait cru pendant un temps qu'il pourrait trouver un antidote, mais il devait bien reconnaitre que c'était impossible maintenant. Il ne pouvait pas, c'était impossible. Il n'y avait vraiment qu'un moyen d'en finir, de l'empêcher de faire plus de victime encore, le tuer. Malheureusement, il était bien incapable de se donner lui-même la mort et ce n'était pas évident de venir à bout du Hobgoblin. Un jour, Harry s'en rendait bien compte, il ne voudrait même plus se débarrasser de son double maléfique. Il allait apprécier sa présence, tout comme Norman était complètement lié au Bouffon Vert. Ce jour-là, allait-il tuer Gwen sans scrupule ? Le jeune homme ne le savait pas vraiment, mais il ne pouvait pas nier le fait que la jeune femme avait découvert sa mort et qu'il était concerné. Lui et Spider-Man, dont il ignorait encore la véritable identité, étaient concernés par le décès de celle qui faisait battre son coeur. Comment pouvait-il l'accepter ? Il ne pouvait pas.
Harry avait le sentiment de déprimer ces derniers temps, en même temps ce n'était pas vraiment nouveau. Même avant les actes de son père sur son ADN, il avait tendance à déprimer bien souvent. Après les cours, ce jour-là, le jeune homme avait décidé de faire un tour un peu à Central Park. Il ne savait pas vraiment si ça allait l'aider, mais il n'avait pas spécialement envie de rentrer chez lui tout de suite. Il savait très bien qu'il n'allait pas voir son père, ce dernier n'avait pas changé ses habitudes et continuait de passer tout son temps dans son bureau, mais il ne supportait plus pour autant cette maison. Il en avait assez de cet endroit, de cette ambiance et il savait que c'était quand il s'y trouvait qu'il avait plus de risque de se laisser tenter. Parce que ses affaires d'Hobgoblin s'y trouvaient, c'était si facile de se rendre dans l'antre du Bouffon pour les récupérer. Le jeune homme marchait donc tranquillement, complètement perdue dans ses pensées (qui étaient évidemment tourné vers Gwen, c'était toujours le cas, tout le temps), son sac de cours sur une épaule, quand il rencontra le chemin d'une autre personne. Plus précisément, il percuta cette personne de plein fouet. Son sac tomba au sol, répartissant toutes ses affaires.
« Désolée, je ne vous avais pas vu. »
Dit-il avant même de lever son regard. Il le fit ensuite, remarquant donc au passage que la personne qu'il venait de percuter était une jeune femme d'environ son age.
Les cours à l'institut s'était très légèrement mis en stand bye le temps de réfléchir à ce qu'il allait bien pouvoir se passer suite à l'annonce du gouvernement concernant un annuaire des mutants. Ce n'était pas tant le fait que les gérants du pays aient décidé de ficher la race mutante qui créait la tension sous-jacente qui circulaient entre les murs du château, mais les conséquences et réactions que ça allait entraîner. Il ne fallait pas se leurrer, cette décision ne plaisait à personne, mais il existait des individus aux mœurs bien plus violentes et drastiques. Si quelque chose ne leur plaisait pas, il se contentait d'exterminer la chose en question, sans réfléchir bien longtemps à la douleur et aux dégâts qu'ils pouvaient causer en contre partie. Tout du moins, c'était ainsi que Kitty voyait les mutants de la confrérie et elle n'avait pas tellement l'intention de changer d'avis à leur sujet. Il y avait des manières bien plus correctes de régler les choses qui ne nous convenaient pas et le dialogue, aussi simple puisse être, faisait partie de ces dernières. Seulement, les membres de la confrérie lui donnait, de ce qu'elle en connaissait pour le moment, l'impression d'être dénué de paroles et de n'agir qu'avec leurs muscles et leurs pouvoirs. C'était vraiment à déplorer selon elle, ainsi qu'à combattre. Ce n'était clairement pas avec leur vision des choses que la cause des mutants allait pouvoir être entendue avec grâce.
Mais qu'importait cela, là, tout de suite, parce que, justement, Kitty avait profité de ce stand bye scolaire pour prendre un peu l'air et faire de l'ordre dans ses idées et ses volontés pour le futur. Elle voulait se battre aux côtés de ses professeurs, c'était certain, mais elle devait en premier lieu connaître sa position exacte, aussi en leur sein qu'au sein de la communauté mutante au sens large. Et quoi de plus propice à la réflexion qu'une promenade au milieu des arbres, sans être pour autant trop loin de la civilisation en cas de problème. Et d'ailleurs, en parlant de civilisation, ce fut un membre de cette dernière qui l'extirpa de ses pensées en la percutant de plein fouet dans sa marche. Il fallait dire aussi qu'elle ne regardait pas spécialement devant elle et qu'un accident de ce genre n'était donc en l’occurrence pas si surprenant que cela.
- Ça ne fait rien, répondit-elle dans l'immédiat à son « percuteur », bien qu'encore surprise par la façon dont elle avait été tirée de sa torpeur.
Elle se baissa pour ramasser le livre qui avait glissé jusque ses pieds. Après tout, elle pouvait bien faire ça, la faute du choc était partagée. Un rapide coup d’œil lui fit se rendre compte que le livre appartenait au lycée où se rendait son amie Gwen et où elle même aurait dû se rendre si elle n'avait pas été repérée par le professeur Xavier.
- Tu es étudiant à Leadership ? demanda t-elle tout en lui tendant le livre. J'ai bien failli y être moi aussi.
Elle ignorait pourquoi elle disait cela. Elle aurait tout aussi bien pu se contenter de rendre son livre à ce garçon et continuer sa promenade, mais, si lui aussi était enclin à cela, elle se disait que parler à quelqu'un de nouveau ne pouvait pas lui faire de mal.
Harry ne s'était pas attendu à percuter une jeune femme, mais en même temps ce n'était pas forcément étonnant quand on ne regardait pas devant soi. Le jeune homme était particulièrement distrait ces derniers temps et il savait exactement pour quelle raison. Cette situation n'était pas évidente pour lui, il peinait à garder sa concentration. Les heures de classes étaient même devenues un vrai supplice pour lui. Il avait donc percuté une jeune femme, qui ne le prit pas mal. Tant mieux, le jeune homme devait bien avouer qu'il n'avait pas spécialement envie de se prendre la tête aujourd'hui. Il préférait largement avoir une réponse cordiale de son interlocutrice. Il se sentait si fatigué, il n'avait même plus la force de se montrer désagréable avec les autres et pourtant il était quand même doué dans ce domaine. La jeune femme ne lui en voulu pas donc et se baissa pour ramasser l'un de ses livres, pendant que lui même s'était baissé pour ramasser ses affaires. Il les fours rapidement dans son sac, sans vraiment en prendre grand soin. De toute façon, ça lui était égal de prendre soins de ses affaires d'école. Harry attrapa donc le livre que la jeune femme avait ramassé, dans le but de le mettre dans son sac, quand elle fit la réflexion sur son école.
En effet, elle avait vu juste sur son lieu d'étude. Harry fut un peu étonné qu'elle annonce ensuite qu'elle avait pu y être aussi, étonné mais aussi curieux. Le jeune homme ne répondit pas de suite, se contentant d'un signe de la tête pour confirmer à son interlocutrice qu'elle avait vu juste. Il était bien dans cette école.
"Pourquoi tu n'y es pas ?"
Demanda-t-il surpris lui même par sa soudaine curiosité. En soit, il avait vraiment envie de savoir, mais en même temps le jeune homme n'avait pas pour habitude de se montrer si curieux avec les autres quand même. Normalement, il aurait simplement récupéré ses affaires et il aurait continué son chemin, évitant le plus possible le contact humain. Il n'était pas très sociable depuis toujours déjà, mais il l'était encore moins depuis qu'il était devenu le Hobgoblin. Comme s'il craignait à chaque instant de perdre le contrôle et de faire des victimes. Mais en cet instant, il semblait plus enclin à la socialisation.
"Je m'appel Harry Osborn."
Dit-il alors pour se présenter. Il n'aimait pas ça d'habitude non plus, ou alors il se contentait simplement de son prénom. Ça, c'était juste à cause de son père. Osborn était un nom connu et reconnu à New-York et on ne pouvait pas dire que le jeune Harry soit particulièrement fière de le porter. Non pas qu'il ne le soit pas du travail de son père et de la richesse qu'il avait - ce qui permettait quand même à Harry de jouir d'une vie particulièrement confortable - mais tout ce qui concernait son père était compliqué.
Le but premier de Kitty en venant ainsi se balader dans ce parc avait été de prendre l'air et de se changer les idées. L'idée de se trouver loin de l'agitation de l'institut, ne serait-ce que pour quelques heures, lui permettait de décompresser un peu. Elle savait que l'avenir proche risquait fortement d'être sombre et elle savait d'ailleurs tout aussi bien qu'elle voulait s'impliquer fermement dans la bataille. Alors l'instant de liberté et de tranquillité qu'elle vivait à l'instant était probablement son dernier avant un bon moment. Pour ce qu'elle en savait, une nouvelle guerre n'allait peut-être pas tarder à se déclencher et, en temps de guerre, flâner dans un parc n'était pas particulièrement la meilleure idée qu'il soit. Pour ce qui était de la tranquillité qu'elle avait souhaitait s'accorder à elle-même aujourd'hui, elle allait pouvoir y renoncer maintenant qu'elle s'était fait percutée par un autre promeneur et qu'ils entamaient tous les deux un semblant de discussion. En vérité, Kitty aurait tout à fait bien pu rendre son livre au jeune homme dans un sourire et continuer tranquillement son chemin, mais il fallait croire qu'elle avait besoin de se changer les idées. Une nouvelle rencontre ne pouvait pas lui faire du mal et l'empêcherai d'ailleurs de trop réfléchir à ce qu'il se passait actuellement dans son monde. Laisser son corps prendre l'air ne voulait pas dire que l'esprit en faisait de même et échanger avec une personne qu'elle n'avait jusqu'à présent jamais côtoyer lui permettrait peut-être d'oublier, le temps de quelques minutes, la réalité des choses.
Certes, Kitty se montrait plus curieuse qu'à l'accoutumé. Non qu'elle ne l'était pas de manière générale, mais lorsqu'il s'agissait de rapports humains, la mutante se montrait toujours bien plus discrète que lorsqu'il s'agissait d'emmagasiner de nouvelles connaissances. C'est que la vue du nom du lycée auquel elle aurait sans le moindre doute été si l'institut ne l'avait pas pris sous son aile lui ramenait beaucoup de souvenirs à la mémoire. Ce garçon aurait très bien pu être l'un de ses camarades de classe et peut-être même connaissait-il Gwen – elle était bien loin de savoir à quel point il connaissait réellement cette dernière. Quand bien même le lycée en question était très grand et rassemblait un bon nombre des étudiants de New-York, cette rencontre du hasard lui donnait l'impression que le monde était vraiment plus petit qu'il n'y paraissait réellement. Et elle était curieusement encline à se laisser porter par cette vague de pensée.
- Mon cerveau, hum, fonctionne plus vite que la moyenne, répondit-elle à la question de son interlocuteur. Il y a des lycées plus appropriés pour les gens comme moi, ajouta t-elle dans un haussement d'épaules fataliste, un léger sourire sur les lèvres.
Pour le coup, ses paroles n'étaient pas un mensonge, elle n'approfondissait juste pas la vérité. A l'annonce de l'identité du jeune homme, Kitty n'eut aucun mal à faire le lien avec l'entreprise du même nom, suffisamment célèbre pour que même « cloîtrée » à l'Institut elle en entende régulièrement parler. Pour autant, elle faisait partie de ceux qui considéraient qu'un nom ne faisait pas une personne, aussi ne nota t-elle pas l'information comme telle dans son esprit.
- Kitty Pryde, répondit-elle simplement dans un sourire, enchantée. Tu connais peut-être certains de mes amis, ajouta t-elle après un court temps de silence. Gwen Stacy ? Elle ignorait à quel point cette question frappait dans le mille.
Forcément, quand Kitty avait affirmé qu'elle avait failli être dans le même lycée qu'Harry, ce dernier n'avait pas pu s'empêcher de se poser la question. Pourquoi ne s'y trouvait-elle pas finalement ? La réponse ne tarda pas à arriver, puisqu'elle affirma qu'elle avait un cerveau qui fonctionnait plus vite que la moyenne et donc qu'elle se trouvait dans un lycée spécialisé pour les surdoués. Cela expliquait en effet qu'elle ne s'y trouve pas. Harry n'avait pas spécialement d'avis sur les écoles pour personne comme elle. Evidemment, il ne se doutait pas que c'était surtout une couverture, que les élèves étaient loin d'être des surdoués pour tous, ils avaient simplement des capacités particulières. Un peu comme Harry donc, qui avait ce sérum dans les veines qui faisaient un grand effet à son organisme, mais il était évidemment improbable qu'il en fasse mention d'aucune manière. Et cela, malgré le fait que son cerveau aussi fonctionnait plus rapidement que la moyenne, comme celui de son père. Ce qui ne l'aidait pas pour autant à trouver une solution à son problème, mais à force, il commençait à se dire qu'il ne voulait peut-être plus. Harry ne fit donc aucune remarque sur ce détail, n'en voyant pas vraiment l'intérêt. Elle venait de lui expliquer pourquoi elle ne se trouvait finalement pas dans le même lycée que lui, ils n'avaient pas besoin d'approfondir plus le sujet. Et puis, de toute façon, Kitty ne manqua pas de poursuivre la conversation autrement.
Après s'être présentée, la jeune femme affirma qu'il connaissait peut-être des amis à elle. Le lycée avait beau être grand, ils se connaissaient tous plus ou moins de nom au final. Quoi qu'Harry n'était pas vraiment du genre à s'occuper des affaires des autres et encore moins des autres personnes. Alors à tous les coups, elle pourrait lui dire un nom et il ne verrait pas du tout de qui il parlait. Sauf qu'évidemment, il ne savait pas quel nom elle allait lui donner. Et quand elle le lui donna, Harry ne put s'empêcher de se montrer surpris. Alors là, il ne pouvait que la connaitre. S'il y avait bien une personne qu'il connaissait dans cette école, c'était elle. Harry n'était en soit pas surpris d'apprendre que Gwen était amie avec la jeune femme qu'il avait présentement sous ses yeux, mais plus d'entendre son nom sortir de la conversation qu'il avait avec une parfaite inconnue.
« Ah bah oui, je la connais. » Affirma-t-il alors. « Je la connais même très bien, c'est ma meilleure amie. »
Comme quoi, le monde était vraiment petit. La jeune femme qui se trouvait sous ses yeux était amie avec sa meilleure - et presque seule - amie. On ne pouvait pas dire que le jeune homme soit doué pour se faire des amis, encore moins pour les relations sociales. C'était quand même une coïncidence incroyable, comme quoi le destin savait faire de sacrée tour. Mais en même temps, il n'allait pas manquer d'en faire encore d'autre prochainement, sans qu'Harry ne s'en doute une seule seconde pour l'instant. Comme il n'allait pas se douter que l'amitié de Gwen pour cette Kitty allait le rendre jaloux, même s'il ne fallait pas grand-chose pour qu'il soit jaloux en même temps. Parce qu'il était facile de dire que Gwen était sa meilleure amie, mais elle était évidemment bien plus que ça.
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Sam 13 Fév - 23:10
