Elle courait comme une dératée, le regard apeuré, les membres tremblants. C'était devenu une habitude chez elle, cette attitude de fuite, de constant éloignement. Cette protection qui consistait à s'éloigner le plus possible des autres et à ne jamais devenir plus qu'une connaissance à leurs yeux. Aujourd'hui encore, son passé troublé, son avalanche de mauvais choix, la contraignaient à fuir loin du regard de ses camarades, à trouver une échappatoire autre que leur sauter à la gorge sous l'effet d'un sentiment trop fort. Et c'est dans les jardins de l'Institut, dans ce calme bordé de verdure, que Glycenne venait régulièrement vaincre ses peurs les plus primaires. C'est en ce lieu que, poussée par une colère subite, par une quelconque pique de l'un de ses camarades, la brune courait à perdre haleine pour se cacher au regard des autres. Alors, seulement, elle pouvait s'arrêter, s'asseoir sur le sol et poser sa tête sur ses genoux pour calmer cette rage ou cette peur qui lui tordait le ventre. Elle fermait alors les yeux et pouvait respirer l'air du dehors, en écoutant les chants des oiseaux plutôt que les cris d'une victime potentielle, le bruissement des feuillages plutôt que le grondement de sa gorge. Car elle ne l'avait jamais maîtrisée, cette bête, ce pourquoi elle était venue à l'Institut St Xavier. C'était là, dans ce fil qui persistait à lui échapper des main, que résidait la plus grande peur de Glycenne, et ce depuis toujours.
Mais à présent il n'y avait plus qu'elle, plus que son propre corps. Seul le monstre qu'elle était venait troubler les jardins. Elle voulait rester ici, voire même partir dans la forêt la plus proche, quitter l'Institut et ses élèves, ses professeurs pour ne plus jamais avoir à les regarder en face. Son regard pâle se fixa un moment sur la bâtisse, sur ses murs si semblables à ceux d'une prison à ses yeux, et elle recula. Les cours allaient reprendre, elle le savait bien, mais elle ne pouvait pas y aller ainsi, pas dans son état. Un sourire amer se dessina sur son fin visage. Elle devait contrôler ses sentiments, et elle ne parvenait même pas à réprimer une petite colère. Une colère pour quoi d'ailleurs ? Elle ne savait même pas. A cause de son sort ? De la tristesse qui lui enserrait constamment le coeur ? Elle n'en avait tout simplement aucune idée. Elle donna un coup de poing sur le premier arbre qui passa, se dépêchant ensuite de regarder son écorce de peur d'y voir une trace de griffure. La brune plissa les yeux un instant. Oui, elle venait de mettre le doigt sur ce qui la dérangeait, sur ce pourquoi elle était venue en ces lieux. Ce n'était pas de la colère, mais une simple peur. La peur de ne pas se contrôler, d'éclater à la première insulte et de faire un carnage. On lui avait déjà dit, pourtant. On lui avait dit, de ne pas avoir peur de ce qu'elle était. Elle n'arrivait cependant pas à s'y résoudre. Il lui était impossible de vivre comme n'importe qui avec ce monstre à l'affût au plus profond d'elle.
Alors qu'elle pensait être seule, elle tourna la tête. Une branche qui venait de se casser l'avait mise sur ses gardes. Pas qu'elle possède des sens hyper-développés sous sa forme humaine, mais, une branche qui se casse, ça s'entend. Sans même savoir à qui elle s'adressait, elle prit la parole, d'un ton qui se voulait assuré :
« Qui est là ? Partez maintenant ou je ne réponds plus de rien. »
C'était sa méthode, d'éloigner les autres même s'ils ne risquaient rien. Elle, se qu'elle y risquait, c'était l'isolement, et elle y avait déjà droit depuis longtemps. Alors... Pourquoi se montrer souriante et aimable quand, de toute manière, notre situation ne change pas ?
Il ne se sentait pas encore près, lui qui d'ordinaire était si enthousiasme et volontaire, se montrait aujourd'hui très hésitant. Il était arrivé à l'institut la veille et pour qu'il ne soit pas trop brusqué, on lui avait dit qu'il n'était pas obligé d'aller en classe aujourd'hui, mais que dans quelques jours, il n'aurait pas le choix. A dire vrai, le jeune Gibson était plutôt content à l'idée de savoir qu'il étudierait avec des gens " comme lui" , lui qui jus qu’hier encore se pensait tout à fait normal, trop normal. Car oui, Dallas avait toujours admiré les mutants et il n'avait jamais compris pourquoi les médias ternissaient temps leurs images et pourquoi son grand-père les trouvait si repoussant.
Repenser à son grand-père faisait beaucoup de mal au jeune mutant qui s'en voulait encore pour ce qu'il s'était passé. Ce n'était pas vraiment le fait d'être différente qui dérangeait Dallas, car c'était ce qu'il avait toujours voulu, mais c'était plutôt la façon don ses "dons" s'étaient manifesté. Cela avait fait une peur bleu à son grand-père et lui avait provoqué une crise cardiaque. Forte heureusement, le vieil homme s'en était sortie, mais son petit fils ne pouvait revenir vers lui. D'ailleurs, le voulait-il vraiment?
*Demain j'irais en classe.* Se promit le jeune garçon.
Ne sachant pas trop où aller et décidant de se changer les idées pour calmer un peu sa colère, Dallas sortit du grand bâtiment. Il marchait alors dans une direction un peu aléatoire et tout en observant le paysage autour de lui, il tentait de comprendre ce qu'il lui était arrivé et s'efforçait de ne pas trop s'en vouloir pour ce qu'il c'était passé. Ce n'était pas dans la nature de ce gamin turbulent d'être renfermé ou en colère, ne serais-ce que contre lui-même. Il essayait donc de penser aux points positifs, au fait qu'une nouvelle vie s'offrait à lui, il pensait ses dons.
Une ombre? Son ombre? Il ne comprenait pas encore ce qu'il lui était arrivé la veille. Il y avait eu cette coupure de courant chez son grand-père et quand la lumière était revenue, Dallas s'était senti étrange, léger et différent. Il avait littéralement fusionné avec son ombre, son aspect avait changé et sa perception avait également été différente. Quand ils s'était enfui après avoir appelé les secours, il avait constaté qu'il voyait merveilleusement bien dans le noir sous cette forme, mais sous l'émotion du moment, il n'avait pas profité de ce qu'il lui arrivait.
Dallas était en train de se demander comment il pourrait réveiller son don, quand il arrivait près des jardins et entendit un bruit. Soudain, la curiosité maladive du jeune garçon semblait se réveiller et plutôt que de reculer, il se mit à avancer à travers la végétation qui se faisait un peu plus dense par ici. Il aperçu alors une silhouette au loin et se mit à avancer dans sa direction, arrachant une branche au passage. On ne pouvait pas dire que la discrétion était le point fort de Dallas et c'était d'ailleurs plutôt paradoxal quand on connaissait la nature de ses pouvoirs.
Bien évidement, Dallas avait été repéré et en cet instant il pouvait choisir de fuir ou d'avancer. Comme on aurait pu se l'imaginer, le petit curieux décidait d'en savoir plus et se frayait alors un chemin jusqu'à la jeune femme qui semblait contrarié de ne pas être seul.
«Heuu..bonjour! Pourquoi t'es toute seule ici? T'es pas....en cours? Pardon si j't'ais fait peur! T'es nouvelles? Ça vas pas? T'es tristes?»
Comme à son habitude, le jeune Gibson se montrait très avenant et parlait beaucoup, beaucoup trop. Mais c'était dans sa nature et même s'il venait tout juste d'arriver à l'institut, il y avait certain aspect de sa personnalité qui resurgissait très vite. De plus, cette jeune femme était la première personne qu'il croisait et même si moralement il n'était pas remis de ses émotions, Dallas avait besoin de parler à quelqu'un. Ce moulin à parole un peu insouciant des dangers qu'il pouvait courir, était bien difficile à stopper quand il était lancé et qu'importe s'il connaissait la personne en face de lui.[/size]
La jeune brune se redressa, se forçant à contrôler sa respiration lorsqu'apparut un jeune garçon. Le loup ne lui ferait pas de mal ou, du moins, ne l'attaquerait pas. Tout au plus le testerait-il pour savoir de quoi il était fait mais, cela, elle ne le savait pas. Elle ne savait pas comment fonctionnait cette bête qu'elle refoulait et elle n'avait donc pas envie de tenter le diable. Elle se contenta de croiser les bras sur sa poitrine, reculant d'un pas et observant le garçon de bas en haut. Il était jeune, aucun doute là-dessus, et avait une expression curieuse que Glycenne comptait bien faire disparaître. Mieux valait pour lui qu'il s'en aille, ça valait toujours mieux avec elle... La brune eut l'impression triste, pendant un moment, qu'il n'était pas si différent d'elle, mais la chassa avant qu'elle n'ait pu réellement se creuser. Et il posait des questions... Trop de questions, trop d'interrogations auxquelles la jeune brune ne souhaitait pas répondre. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle voulait qu'il se taise et qu'il tourne les talons, pour s'éloigner du danger qu'elle représentait. Un être aussi frêle ne vaudrait pas grand chose face à elle, de ça au moins, elle était consciente. Elle releva donc la tête, fronça les sourcils et se prononça, de sa voix froide et hautaine.
« T'es sourd ou quoi ?! Je t'ai dit de partir. »
Les mots étaient durs pour un jeune enfant, mais si elle l'épargnait de son éloignement habituel, Glycenne avait peur de finir par le blesser un jour ou l'autre. Avec le temps, la jeune fille s'était de toute manière habituée à son attitude et elle avait du mal à s'en défaire, même pour quelques minutes. En regardant de nouveau l'enfant, la brune remarqua qu'elle ne l'avait jamais vu, ne serait-ce qu'une fraction de seconde. Un nouveau ? Si tel était le cas, il devait se trouver bien désemparé. Les nouveaux arrivants venaient souvent de découvrir leurs pouvoirs et, lorsqu'ils étaient si jeunes, avaient encore du mal à comprendre ce qu'il leur arrivait. C'était la période durant laquelle ils devaient apprendre à vivre avec, sous peine de vivre comme notre jeune fille par la suite. Il ne devait donc pas traîner trop souvent avec elle. Notre métamorphe n'était en effet pas l'une des personnes à aller voir pour se rassurer sur sa mutation nouvelle.
« Oh et puis merde. Reste dans mes pattes si tu veux mais viens pas te plaindre si tu te prends un coup de gueule. »
Elle se détourna, feignant le désintérêt, tout en commençant à marcher. Elle espérait que son attitude désinvolte et ses menaces parviendraient à faire partir le garçonnet, plutôt que d'avoir à se le trimbaler tout l'après-midi avec le risque de lui sauter à la gorge s'il plaçait mal un mot. Un grondement de gorge résonna un moment, signe de son mécontentement et de sa préoccupation, mais elle le réprima assez rapidement. Elle avait horreur de ses habitudes que sa part animale avait instauré chez elle, mais, ça, elle ne pouvait pas faire grand chose contre.
Une idée la frappa soudain. Le garçon ne devait-il pas être en cours ? Il était sans doute encore jeune en tant que mutant, pas très stable, et il était parfois dangereux de laisser les nouveaux mutants se balader seuls dans l'institut (un accident était si vite arrivé...). Glycenne se retourna donc, ignorant la boule qu'elle avait dans la gorge pour parler d'une voix posée à l'encore inconnu.
« Et toi d'abord. Tu devrais pas être en cours ? »
Elle resta dos à son interlocuteur, tournant juste la tête, les mains dans les poches dans une posture qui se voulait calme. Pas question de montrer quoi que ce soit, elle avait horreur de s'exposer à quiconque et il n'échappait pas à la règle. De plus, montrer son trouble pouvait irriter sa partie animale et, ça, ce n'était pas concevable.
Manifestement, la jeune mutante voulait être seul et elle l'avait bien fait comprendre à Dallas. Toutefois, ce n'était pas en lui hurlant dessus qu'il fuirait et bien au contraire car, cela ne faisait qu'alimenter sa curiosité. Même s'il venait d'arriver à l'institut, le petit mutant s'y sentait déjà en sécurité, il était entouré de personnes comme lui, qui apprenaient à maîtriser leur dons et il ne voyait pas quel danger il courait en s'intéressant d'un peu plus près à cette fille solitaire. Dallas était comme toujours aveuglé par sa curiosité et en cet instant, il était bien loin de penser que cette femme renfermait en elle un animal sauvage et hostile.
Quand la mutante repris sa marche après avoir une fois de plus mis en garde Dallas, ce dernier esquissa un sourire provocateur et se mit à suivre la jeune femme. A cet instant, il aurait peu être du rebrousser chemin, retourner à l'intérieur de l'institut et se demander s'il devait ou non aller en cours, mais c'était plus fort que lui. Ainsi, marchant derrière les talons de la mutante, le jeune garçon se remit à parler et ce petit moulin à paroles semblait imperturbable, malgré le fait que la jeune femme ne déniait pas lui répondre. Il dû un moment accélérer le pas pour ne pas se faire semer.
«...Et puis j'suis redevenu normal et j'ai commencé à avoir mal à la tête et... Hé! Tu m'écoutes?! Tu vas en cours là?!»
La jeune femme s'arrêta alors à quelques mètres devant Dallas et se dernier la fixait d'un air interrogateur. A cet instant, le jeune garçon mourait d'envie de demander à la mutante qu'elle était son don, mais quelque chose semblait le retenir. Dallas avait beau être très bavard et un peu sans gène, il savait toutefois percevoir le malaise des gens et cette fille semblait très renfermé et il se demandait s'il ne la collait pas un peu trop. Dallas était lui même dans l'incompréhension totale avec ses pouvoirs et cette fille avait peu être simplement besoin de rester seul. Il allait se décider de rebrousser chemin, quand la mutante se mit à lui parler, manquant alors l'occasion de se débarrasser du petit pot de colle.
«Le professeur a dit que j'pouvais attendre un peu, qu'il fallait que j'me sente près. Tu sais, il y a quelques jours, j'savais même pas que j'étais un mutant mais, je trouve ça cool en fait! Ça me fait juste un peu...peur. J'comprend pas pourquoi les gens nous aiment pas. On est pas tous méchants! Si on est ici chez le professeur Xavier, c'est qu'on a décidé d'être du bon coté, non? »
Plus Dallas parlait et plus sa voix se faisait plus calme. Cette mutante était la première personne à qu'il se confiait sur ce qu'il lui était arrivé et même si elle ne semblait pas très enclins à avoir de la compagnie, il appréciait pouvoir se confier à quelqu'un. Tandis qu'il parlait, Dallas se dirigeait vers un banc en béton et s'installait dessus en regardant la mutante.
«Il s'passera quoi si nos pouvoirs deviennent incontrôlables? Tu crois que j'pourrais plus sortir de mon ombre? Tu..c'est quoi ton truc à toi?»
Le gamin la suivit durant toute sa progression, gazouillant incessamment et bombardant notre pauvre Glycenne de phrases longues et douloureuses à ses oreilles. Il trottinait et finit par relever la tête, indigné que la jeune brune ne lui porta pas plus d'attention. Mais elle ne pouvait pas lui porter attention... Déjà, son rythme cardiaque s'était accéléré, son coeur s'était affolé, ses sens s'étaient aiguisés... Elle sentait que, si le gamin restait plus longtemps à la stresser et à lui poser tout un tas de questions, elle ne tiendrait pas bien longtemps, qu'elle lui sauterait au visage et commettrait une chose horrible et irréparable. Mal à l'aise, elle leva discrètement la main, se massa la tempe dans l'espoir de se calmer un peu.
Le blond reprit cependant la parole et, même s'il était plus calme qu'auparavant, le rythme de ses paroles restait toujours rapide et agaçant.
« Ce n'est "cool" que pour certains d'être mutant... » répondit la brune dans une moue agacée. « C'est normal que les gens ne nous apprécient pas, on les impressionne parce que certains d'entre nous sont instables, elle a une légère grimace à ce mot, et que d'autres ont de mauvaises intentions. Ils ont peur parce que nous ne somme pas comme eux et que nous sommes capables de leur faire plus de mal qu'eux ne le pourront jamais en dehors des mots. Ils ne voient que ceux là, pas ceux qui ont de bonnes intentions. »
Elle n'était pas certaine que le petit mutant l'ai entendue mais ce speech, chargé de rancoeur, n'avait rien fait pour arranger sa propre situation. En plus d'être mal à l'aise à cause de la présence du jeune garçon, elle était à présent en colère contre ce qu'elle était et comment les gens la voyaient. Elle ne le vit pas se déplacer pour s'installer sur un banc tout proche, resta là, la tête baissée, les yeux fermés, à se demander combien de temps encore sa forme humaine tiendrait le coup. Car, plus le temps passait, plus elle sentait qu'elle n'aurait bientôt plus rien d'humain.
Les dernières questions du garçonnet lui parvinrent avec horreur. Si ses pouvoirs deviennent incontrôlables, il risquerait d'être blessé grièvement ou, pire, d'y laisser la vie. Elle ouvrit la bouche pour prendre la parole, trouvant sa voix bien grave tout d'un coup :
« Mon "truc" comme tu dis, c'est une bête pleine de crocs, qui envoie valser les meubles lors des accès de colère. Qui est capable de mordre férocement quelqu'un, pour peu qu'il m'ait mal parlé. Ce n'est pas quelque chose que quelqu'un comme toi voudrais voir, crois-moi. »
Il y avait une sorte de menace, de moquerie dans sa voix. Bien qu'elle ne s'en soit pas rendue compte, c'était sa vraie personnalité qui parlait, celle contre laquelle elle lutait en pensant qu'il s'agissait d'un monstre. Mais c'était elle, une humaine aux instincts et aux réactions animales. Elle ne voulait pas qu'il la voit, cette facette, mais il était déjà trop tard. Son nez s'allongeait pour former un museau, ses membres se couvraient de fourrure noire et épaisse, tâchée de blanc par endroits.
La jeune fille se retourna vivement, la main sur son visage. Elle ne voulait pas que le jeune garçon ait à voir ça, il fallait qu'il parte parce qu'elle ne contrôlait plus grand chose. Lorsqu'elle parla cette fois-ci, il n'y avait ni moquerie, ni menace. Juste sa voix, cassée, qui avait cette note de supplication désespérée de ceux qui savent une catastrophe proche d'arriver.
« Vas-t-en ! Je t'en prie je... Je ne veux pas te faire de mal alors vas-t-en. »
Tandis que le jeune femme parlait de son don qui en réalité ressemblait plus à une malédiction, le jeune garçon passait de l'admiration à la crainte. Il mourait d'envie d'avoir une démonstration des talents de la mutantes, mais d'un autre coté, celle-ci semblait expliquer qu'elle ne contrôlait pas sa forme animal et Dallas s'imaginait déjà en train de se cacher dans un arbre. La jeune femme avait raison, il y avait des dons qui étaient forcement plus simple à gérer que d'autres et en cet instant, le petit mutant trouvait son don bien plus facile à aborder.Il baissait alors la tête en se demandant ce qu'il devait faire, quand la jeune femme se mit à parler d'une étrange voix.
«Ça vas pas? Tu veux qu' j'appelle quelqu'un? T'as besoin de médicaments ou de..WhouAA!! C'est des poiles, ça?»
Dallas avait bondit du banc et se tenait maintenant à quelques pas de son interlocutrice qui était en pleine métamorphose. Malgré le fait qu'elle cherchait à cacher son visage, le jeune mutant pouvait voir les poiles apparaître sur les mains de la jeune femme et sa silhouette se transformer peu à peu. En pleine métamorphose, la jeune femme suppliait le gamin de partir pour sa propre sécurité, mais celui-ci était comme figé. Il continuait de fixer la mutante qui semblait lutter contre sa mutation et s'avançait peu à peu, sentant la respiration animal de la mutante s'accélérer. Cette fois, Dallas ne faisait plus le malin et alors qu'il se risquait à poser une main sur la créature en pleine métamorphose, il sursauta. Les grognements se faisant de plus en plus vif et à cet instant, le gamin se décidait enfin à reculer.
«Tu..tu m'entends? T'es fâché après moi? Je..j'crois que j'vais..»
Dallas allait prendre ses jambes à son coup, quand il se sentit soudainement étrange, différent et extrêmement léger. Tout comme la mutante, son propre don qu'il ne contrôlait pas encore venait de se réveiller. Le changement d'émotions du jeune garçon avait sans doutes agis sur son gène X et à dire vrai, cela tombait plutôt à pique. Dallas se laissait alors recouvrir par sa propre ombre, tel un grand draps sombre. A présent, le petit mutant n'était plus que l'ombre de lui-même et ce n'était pas une métaphore. Le gamin ne ressemblait plus qu'à une silhouette sombre, sans aucun contraste ni détails.
Dallas n'était pas encore habitué à son don et il lui fallut un petit moment avant de réagir et de décider de courir en direction d'un arbre, non loin de lui. Gardant le regard fixé sur l'animal sauvage, le jeune garçon reculait et une fois dans l'ombre du platane, il était parfaitement invisible. Toutefois, le petit mutant n'en était pas pour autant rassuré, d'une part parce qu'il ne savait pas comment garder son pouvoir actif et de l'autre, parce que l'animal en face de lui avait probablement un flaire à toutes épreuves.
Pendant un moment, Glycenne resta là, immobile, dans une forme qui hésitait entre l'animal et l'humain. Elle tenait encore sur ses deux jambes, mais portait oreilles, museau et queue de loup. Le petit mutant sauta de son banc pour venir près d'elle, posa un instant une main sur son épaule avant de se raviser aussitôt. La jeune femme venait d'émettre un grondement sourd, menaçant, alors qu'elle tournait lentement la tête vers lui. Son regard, passant du bleu au doré, se posa sur le jeune garçon, apparemment ravi de voir la terreur qu'elle lui inspirait. Un sourire mauvais se dessina sur ses babines alors que le gamin reculait, visiblement désireux de mettre de la distance entre lui et cette boule de nerfs imprévisible. La question qu'il lui posa faillit lui arracher un rire, mais elle se retint, le regard toujours dardé sur l'enfant. Si elle était fâchée ? Bien sûr que non ! Elle voulait juste voir un peu de quoi il était fait, le mettre à l'épreuve. Glycenne ne connaissait pas cette manie de vouloir faire peur aux gens pour les tester, mais son instinct animal, lui le connaissait bien. Trop peureux, on se faisait marcher sur les pattes. Pas assez, on courait des risques inutiles. Et il voulait voir de quel côté était ce gamin collant et un peu trop curieux.
Les vêtements de la jeune femme partirent dans une fumée blanchâtre et elle bascula en avant, son poids devenu trop lourd pour être supporté sur deux pattes uniquement, juste quand je gamin disparaissait. Ou, plutôt, perdait ses couleurs et sa matière. Elle s'ébroua, secouant son pelage épais, avant de relever la tête. Bien qu'elle fut étonnée par la disparition partielle du petit pot de colle, elle n'en montra rien, le chercha juste un moment avant de se rendre compte que lui et la masse sombre devant elle ne faisaient en fait qu'un. Un sourire s'étendit sur ses babines. Ainsi, lui aussi possédait un pouvoir physique légèrement... handicapant ? Le gros loup (gros n'est pas un euphémisme... il était aussi grand que le gamin à qui il faisait face...) s'avança à pas léger et maîtrisés vers la forme, celle-ci reculant, toujours un peu plus vite.
Un bruit de pas précipité se fit entendre, et l'animal n'eut aucun mal à deviner que sa victime du jour prenait ses jambes à son cou. Elle courut à sa suite, faisant volontairement crisser ses griffes sur les parties dures du sol, histoire de voir la réaction du gamin. Pas si bête que ça, ce dernier trouva refuge dans un arbre. Ou plutôt, sous un arbre. Une fois glissé dans l'ombre de sa cachette il disparut des yeux de Glycenne. Si certains animaux possèdent une vision thermique, ce n'est pas le cas des loups et, si elle n'avait pas eu son odorat, la métamorphe n'aurait sans doutes jamais trouvé Dallas sans un gros coup de chance. Malheureusement pour le petit mutant, le flair de notre animal était aiguisé, et il trouva vite ce qu'il cherchait. Progressant alors en cercle autour du garçon, se rapprochant toujours plus près, il ouvrit la gueule pour prendre la parole :
« Allons mon garçon, tu n'as pas à te cacher, je ne te ferais pas de mal. »
C'était une voix plus grave, plus adulte que celle de Glycenne, mais elle passait sans mal sur les gens. La louve laissa échapper un léger rire avant de faire claquer ses mâchoires juste devant le visage du jeune garçon.
« Ou peut-être bien que si... En fait, ça ne tiens qu'à toi. Seras-tu courageux, oseras-tu te montrer ? Ou bien t'enfuiras-tu comme un lapin affolé ? J'avoue que ça fait longtemps que je n'ai pas eu de proie mouvante. C'est pourtant si... excitant. »
Un rire fort se fait entendre alors que l'animal continue sa progression autour de sa prétendue proie. Tout cela n'est qu'un test, elle ne lui fera aucun mal, mais le garçon n'a aucun moyen de le savoir et elle meurt d'envie de voir de quoi il est fait.
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Sam 8 Aoû - 16:15
