Comme tous les matins après son réveil, Charles se rendait dans les sous-sols de l’institut afin d’utiliser le Cérébro. L’homme l’utilisait tous les jours afin de surveiller un peu les mutants qui se trouvaient dans le monde entier. Il savait bien qu’il ne pouvait pas les voir tous, ils ne pouvaient pas les recruter tous. Mais cela ne l’empêchait pas pour autant de sonder le monde afin de voir la situation. Il ne manquait jamais un mutant qui s’approchait un peu plus de l’institut, ou un mutant demandant de l’aide impérativement. De nombreux enfants se trouvaient souvent dans cette situation et Charles voulaient agir avant qu’il ne soit trop tard. C’était grâce à sa machine qu’il parvenait à trouver les jeunes élèves qui avaient leurs places dans son institut, ainsi il pouvait aller les trouver et les inviter à le rejoindre. Et donc comme d’habitude, l’homme installa le Cérébro sur sa tête et sonda le monde.
Ce fut en quelques secondes que Charles repéra un mutant qu’il avait déjà eu l’occasion de suivre avec sa machine quelques fois. Elle se trouvait proche de l’institut aujourd’hui et le professeur se dit que c’était sans doute le moment d’aller la trouver. Elle n’était pas une enfant, elle n’avait donc pas réellement sa place en tant qu’élève à l’institut. Mais l’homme pensait être capable de lui apporter quand même de l’aide. Elle n’était pas le genre de mutant, d’après ce qu’il avait pu voir et deviner, à avoir une vie simple. Charles retira le Cérébro et sortit de la salle, retrouvant Tornade dans les couloirs. Comme d’habitude, il allait avoir besoin d’aide. Il ne pouvait pas se déplacer aussi aisément que n’importe qui. Il demanda donc à son ancienne élève de l’accompagner, sans pour autant lui préciser les raisons de cette sortie. Elle n’avait pas besoin de le savoir et ne posa même pas la question d’ailleurs. Elle savait parfaitement faire confiance au professeur. Les deux mutants se rendirent donc dans le garage afin de monter dans une voiture, où Tornade conduisit vers une petite ville du coin.
Charles ne dit aucun mot pendant le trajet, se concentrant sur l’esprit de la mutante qu’il recherchait. De l’institut, il avait été bien trop loin pour entrer en contact avec elle, mais plus il approchait, plus il avait de chance de percevoir son esprit. Au bout d’un moment, l’homme demanda à Tornade de s’arrêter, ce qu’elle fit toujours sans poser de question. Elle l’aida ensuite à descendre de la voiture, avant de le laisser partir seul. Le professeur n’avait pas envie de sa présence, il voulait être seul pour parler à cette mutante. Les roues de son fauteuil roulèrent donc sur le trottoir de cette petite ville, encore bien calme. Il était tôt encore, les gens n’avaient pas réellement commencé leurs activités, même si le soleil était déjà bien haut dans le ciel. Au bout de quelques minutes, il arriva devant la jeune femme qu’il recherchait, constatant de ses propres yeux son aspect physique, son regard surtout.
« Bonjour Emma. » Commença-t-il de sa voix douce, après s’être position en face d’elle. Elle semblait faire la manche, ce qui témoignait donc de sa situation précaire. Charles sourit légèrement. « Je suis le professeur Charles Xavier, je suis venue pour t’aider. »
Et l’homme avait sans doute bien trop d’orgueil à croire qu’elle accepterait aussi facilement son aide.
Adossée au mur en brique d’un immeuble, Emma portait un t-shirt de Gun N Roses sous un sweat sans manches dont la capuche était rabaissée de sorte à masquer en grande partie son visage malgré la chaleur estivale. Son jeans plus troué qu’entier était tâché de terre, de poussière et de quelque chose de plus sombre, pouvant laisser penser à du sang séché. Quant à ses rangers détachées, elles avaient clairement connus des jours meilleurs.
Aucun doute possible pour ceux passant devant elle, la jeune fille n’était qu’une mendiante de plus parmi d’autres.
A un moment, un type qui aurait pu être son âge et tirant nerveusement sur la veste de son costume vînt lui demander d’un ton hésitant « ses prix ». Il eut pour réponse un grondement de fauve sourd qu’aucun être humain n’aurait jamais pu être en mesure de faire entendre et si les yeux étaient toujours dans l’ombre de la capuche, il ne manqua pas les lèvres se retroussant comme des babines sur des crocs acérés. Le type ne demanda pas son reste et détala comme un lapin. Emma vivait dans la rue, faisant la manche mais elle avait tout de même des limites et la prostitution était une de celle qu’elle s’était juré de ne jamais franchir.
C’est pourquoi elle ne vit pas tout de suite s’approcher le fauteuil roulant et n’y prêta attention que lorsque le type dedans se planta devant elle. Surprise de l’entendre l’appeler par son prénom, Emma eut un léger sursaut qui tira sa capuche suffisamment vers l’arrière pour dévoiler ses yeux. Le soleil se trouvant juste face à elle, elle fut aussitôt éblouie et ses pupilles se fendirent en deux lignes verticales.
Schiesse, marmonna-t-elle en allemande, par reflexe, en tirant à nouveau la capuche sur ses yeux. Bien que le français soit sa langue natale, Emma avait passé la majeure partie de sa vie entourée de germanophones. Ainsi, parler allemand était désormais plus naturel pour elle que le français. D’ailleurs, cela se ressentait dans son accent lorsqu’elle parlait en anglais.
Et c’était qui se type d’abord ? Il lui voulait quoi ? Comment il la connaissait ?
Emma passait de refuges pour SDF en refuges, peut-être que cela venait de là. Où alors est-ce qu’il était un de ces « Professeurs » faisant des expériences sur des spécimens mutants comme dans les films ? Les états prétendaient toujours que cela n’existait pas mais Emma, comme tous mutants, en doutait fortement.
Si vous voulez m’aider filer moi 10 dollars pour un menu sandwich, lui répondit-elle en se collant d’avantage au mur par réflexe.
Le dernier inconnu à avoir voulu l’aider avait voulu l’endoctriner dans un espèce de groupes de mutants fanatiques terroristes alors maintenant la bonté spontanée, elle s’en méfiait comme de la peste bubonique.
Charles savait bien que son approche n’était pas très discrète, qu’il était capable de surprendre réellement Emma. Mais il était comme cela, direct. Il n’avait pas spécialement envie de perdre du temps, il était important qu’il ait une discussion avec ce mutant. C’était son rôle après tout, le but de sa vie. L’homme avait le besoin de venir en aide à tous les mutants possible, leur offrir un endroit où vivre, un endroit où apprendre à contrôler leurs pouvoirs. Indirectement, il était en train de se constituer une armer contre celle d’Erik, même si ce n’était pas son but premier. L’homme n’avait pas envie de rentrer en guerre contre son vieil ami, mais il devait bien avouer qu’il ne se voyait pas le laisser s’en prendre ainsi aux humains. Ce n’était pas de cette manière qu’ils allaient pouvoir vivre en harmonie avec les humains, ce que Charles avaient envie de croire possible. Il savait, il pensait, il était persuadé que les mutants n’étaient qu’une évolution des humains, mais cela n’allait pas les empêcher de vivre ensemble avec ceux êtres sans pouvoir. Le vieil homme s’approcha donc sans pudeur de la jeune femme qui faisait la manche. Il ne tarda à se présenter et à annoncer à Emma qu’il était présent pour l’aider et sa réaction ne l’étonna pas du tout. L’allemand n’avait plus de secret pour Charles, comme de nombreuses autres langues. Avec le nombre d’année depuis le temps qu’il vivait, l’homme avait eu l’occasion de se pencher bien souvent sur les langues étrangères. Il avait une certaine faculté à les apprendre, ce qui était utile au cours de ses voyages (même s’il voyageait quand même beaucoup moins ces derniers temps). L’homme afficha un léger sourire quand Emma reprit la parole, demandant un billet d’argent pour manger.
« Je ne suis pas certain que cette aide te soit réellement utile à long terme… contrairement à ce que j’ai à te proposer. »
L’homme gardait ce ton égal qui lui était commun, montrant une très grande confiance en lui. Charles considérait qu’il était le seul digne de réellement venir en aide à cette jeune Emma, elle avait besoin de lui et cela il adorait. Au fond, le vieil homme avait réellement besoin de venir en aide aux autres, sinon sa propre vie n’aurait aucun sens. Le professeur marqua une pause, ne quittant pas le regard de la jeune femme. Il n’avait évidemment pas peur de ce regard qu’elle lui lançait, de ces yeux étranges. Charles avaient vu bien des particularités de mutants. Ce n’était pas un regard félin comme cela qui allait lui faire peur. Après un temps de silence, l’homme reprit finalement la parole.
« Je suis comme toi, différent. » Cela se voyait moins évidemment, ses capacités mutantes n’étaient pas physiques. « Je peux t’aider à maitriser tes pouvoirs, je l’ai fait avec beaucoup d’autres mutants. J’ai créé un institut où vivent des mutants comme toi. Tu n’aurais plus besoin de te cacher, plus besoin de mendier. »
C’était une première approche, afin de convaincre cette jeune femme de le suivre. Charles ne lâcha pas le regard d’Emma, mais ne se permit pas pour autant de rentrer dans son esprit. Il avait envie d’avoir la surprise de sa réaction.
L’aide que je vous demande me permettrait de rester en vie… Dans le genre efficace sur le long terme, c’est plutôt pas mal non ?, répondit-elle du tac au tac en croisant les bras sur sa poitrine dans un geste de méfiance.
Emma en avait marre de ses inconnus qui voulaient toujours prétendument l’aider. Son père, pour l’aider, l’avait exposée dans un cirque minable comme une bête de foire. Thomas, lui, avait voulu l’endoctriner dans un espèce de groupe terroriste. Et à la base, tout deux l’avaient rassuré en lui promettant qu’ils voulaient juste l’aider, veiller sur elle. Exactement comme cet espèce de type louche en chaise roulante.
C’est pourquoi la jeune femme restait complètement collée à son mur, bras croisé, la tête rentrée dans ses épaules dans la posture typique de l’adolescente peu réceptive et craintive. Toutefois, malgré sa tête baissée et en partie cachée par sa capuche, Emma ne quittait pas le type du regard et il émanait d’elle quelque chose du tigre nerveux, prêt à bondir.
J’ai pas de pouvoirs, finit-elle par marmonner tout en glissant un ongle dur et affuté comme une griffe entre ses lèvres. Aux yeux d’Emma, sa mutation n’était effectivement composée d’aucun pouvoir. Et c’était d’ailleurs ce qu’avait expliqué le pédiatre à sa mère lorsqu’elle était enfant. Ses capacités – sa force et son agilité – s’expliquaient tout simplement par son anatomie composée différemment de celle des humains normaux. Rien de magique là-dessous. Emma était juste une espèce de bestiole à moitié chat, le mutant repoussant dans toute sa splendeur. Si au moins sa mutation avait été composée d’un pouvoir cool plutôt que d la faire ressembler à un monstre hybride.
Plus besoin de me cacher ? J’sais pas mais moi de vivre dans un institut avec d’autres mutants au contraire ça me donne justement l’impression de me cacher non ? Me cacher et rester enfermée en plus. Merci mais tourner comme un lion en cage, j’ai déjà donné.
Emma était déterminée, plus personne ne l’enfermerait ni l’obligerait à se produire comme un animal de foire. Certes, elle vivait dans la rue et faisait la manche pour pouvoir se nourrir mais paradoxalement, elle n’avait jamais été aussi libre de toute sa vie.
Alors écoutez, si c’est Tom qui vous envoi vous pouvez lui dire merci mais vos histoires de Confrérie, d’institut ou je ne sais pas quoi d’autre, je ne sais pas trop quoi en penser. Je lui ai promis d’y réfléchir et je le fais mais c’est pas la peine qu’il m’envoi ses potes à tout moment.
Les Xmen contre la Confrérie, cela passait totalement au-dessus d’Emma qui, ne côtoyant pas – ou très peu – de mutants, n’étaient pas au courant des détails concernant ces organisations secrètes. Pour elle, Thomas, la confrérie, le chauve et l’institut était tout un même ensemble.
Charles ne répondit pas à la pique de la jeune femme concernant l’aide qu’il pouvait lui donner. Il se doutait bien que cela serait difficile de la convaincre. Mais il avait eu à faire avec des mutants bien plus coriaces qu’elle. Après tout, l’homme avait fini par avoir la confiance de Logan, cela restait sa plus grande réussite. Les yeux du vieil homme ne quittait pas une seule seconde la jeune femme, il l’observait, sondait ses réaction. Elle semblait être une personne bien têtue, quelqu’un aillant vécu énormément de difficulté dans sa vie. C’était le cas de nombreux mutants malheureusement, les humains peinaient à comprendre la différence de ces êtres. Tout le monde n’avait pas la chance d’avoir des proches compréhensif. Charles ne savait pas les détails de la vie de cette jeune femme, il n’avait aucune envie d’aller visiter son esprit pour le moment, mais il mettait sa main à couper qu’elle avait souffert. Ce qui au final était logique, quand on voyait son physique. C’était le problème des mutations physiques, elles étaient plus que visible. Charles avait énormément de peine pour la jeune femme, comme il en avait pour tout mutant souffrant. Mais il ne fallait pas pour autant blâmer, ils ne comprenaient pas et c’était normal. Le but des mutants étaient de leur faire comprendre qu’ils n’étaient pas un risque pour eux. Et dans ce sens, Erik n’aidait réellement pas la cause des mutants. Mais c’était un tout autre débat.
« L’institut n’est pas une cage aux lions, bien au contraire. Chaque étudiant est libre de vivre sa vie comme il l’entend, en respectant simplement les règles de communauté. Je ne force aucun élève à rester s’il ne veut pas rester. Ils peuvent partir et revenir comme ils veulent. Cet endroit est là pour les aider, tout simplement. »
Le discourt que venait de dire Charles, il l’avait déjà dit plusieurs fois. A chaque fois qu’il parlait de l’institut à un jeune mutant, il devait le vendre. Parce qu’il était normal pour toute personne d’avoir peur de cet endroit au début, avant de finalement se rendre compte qu’il était leur espoir. Oui, le vieil homme était plus que fier de ce qu’il avait monté. Il savait qu’il venait pleinement en aide aux jeunes mutants, qui se trouvait bien souvent perdu. Bien souvent, cela leur permettait de fuir une famille qui ne comprenait pas leur différence. Malheureusement, il ne pouvait pas venir en aide à tous mutants, comme il aurait aimé. Emma reprit la parole, plus déterminé que jamais à se débarrasser du professeur. Quelque chose interpela le vieil homme dans ses paroles, la confrérie. Il n’y avait pas énormément de raison pour laquelle la jeune Emma puisse mentionner ce mot. Elle avait été approchée par l’un de ces mutants, l’un de ces terroristes qui travaillait pour Erik. Charles se permit rapidement de fouiller l’esprit de la jeune femme, apercevant dans sa tête le visage de ce fameux Tom.
« Je n’ai rien à voir avec ton ami Tom. Cependant je connais ces personnes pour qui il travail. Ils désirent que les mutants prennent le dessus sur les humains, les détruise afin de prendre le pouvoir complet. » L’homme marqua une pause avant de reprendre. « Est-ce cela que tu souhaites ? »
Oui tant qu’à faire, l’homme avait bien envie de connaitre les intentions de la jeune femme.
Emma était mal à l’aise et cela se trahissait par sa manière de se tenir les bras resserré autour d’elle, le dos plaqué contre le mur pour se tenir le plus éloignée possible de Charles. Le gros problème d’Emma était qu’elle accordait trop facilement sa confiance et elle en avait parfaitement conscience. Elle avait tellement désespérément envie et surtout besoin d’avoir enfin quelqu’un qui l’aiderait et s’occuperait d’elle sans se servir d’elle ou la cacher honteusement. Et au final, cela se terminait toujours mal, Emma n’ayant pas son égal pour accorder sa confiance aux mauvaises personnes malheureusement pour elle. C’est pourquoi, maintenant qu’elle vivait dans la rue, elle s’appliquait le plus possible à se montrer moins naïve. A présent, parmi les SDF et les Macs, cela devenait une question de survie.
Des élèves hein ? J’ai jamais mis les pieds dans une école. C’est à peine si je sais lire, avoua-t-elle d’un ton amer. Par chance, son frère avait prit la peine de lui apprendre les bases de la lecture et de l’écriture lors de leurs déplacement d’un pays à l’autre. Ainsi, ce n’était pas pour rien si les lectures préférées de la jeune femme étaient les comics. Emma ne se faisait pas d’illusion, son niveau de lecture ne dépassait pas celui d’un enfant de 10 ans. Alors de partir vivre dans une école en sachant cela et du haut de ses 20 ans, cela la faisant gentiment sourire. Et pourtant, Emma aurait vraiment voulu pouvoir aller dans une école, comme n’importe qui. Elle n’était pas un génie certes mais elle n’était pas idiote, elle aurait peut-être même pu faire des études qui sait ? Mais avec le cirque itinérant, aller à l’école était impossible. De plus, son père avait bien prit la peine de lui fourrer dans le crâne que de toutes façons, aucune école en Europe aurait accepté d’avoir comme élève une enfant comme elle, que les parents s’y seraient opposés et que donc, il lui faisait une vraie faveur en la prenant au cirque avec lui.
Et ainsi donc, ce type en chaise roulante n’avait rien à voir avec Tom et ses amis ? Mais il y en avait combien des groupes de mutants dans ce pays ? C’était très déstabilisant pour elle tout cela, toutes ses informations incomplètes à reconstituer tant bien que mal.
Tom dit qu’il n’y a qu’en se rebellant qu’on arrivera à obtenir réparation pour tout ce que les humains nous font subir, répondit-elle, le regard rivés sur le bout de ses chaussures. Ils m’ont enfermée, cachée et après ils m’ont traité comme une bête de foire. Ils m’ont mise plus bas que terre en me forçant à jouer les animaux devant des spectateurs qui adoraient le spectacle. Jamais aucun des spectateurs ne c’est levé pour leur dire d’arrêter, que j’étais aussi une humaine. Ils ont tous simplement regardé en riant ou en me regardant avec un air dégouté… Alors pourquoi est-ce que je voudrais juste devenir leur égal ? Je les déteste…
Malgré ses propos, la voix d’Emma n’avait rien d’énervée ou d’impétueuse. Il n’y avait aucune flamme de véritable haine dans ses yeux. Juste de la solitude. C’était vrai, elle les détestait mais ceux qu’elle détestait c’était ceux du cirque et leurs spectateurs, pas les autres qui n’avaient jamais rien su de sa détresse.
Charles voyait bien que la jeune femme qu'il avait sous les yeux était mal à l'aise, en même temps il la comprenait parfaitement. La vie ne semblait pas avoir été tendre avec elle, elle avait sans aucun doute connu des hauts et des très bas. Le vieil homme n'osait même pas imaginer les horreurs qu'elle avait pu endurer dans sa vie, ne désirant pas lire dans son esprit pour le moment. C'était donc normal qu'elle soit méfiante, c'était même une très bonne attitude à ses yeux. Bien sûr, cela aurait été bien plus simple pour le Professeur X qu'Emma lui accorde directement sa confiance et qu'il puisse donc l'emmener avec lui à l'institut. Et en même temps, cela aurait été sans aucun doute trop facile. Charles avait confiance en lui, ainsi qu'en la jeune femme, il savait qu'il pouvait parvenir à la convaincre, maintenant ou plus tard. Parfois, il fallait savoir prendre son temps, ne pas brusquer les choses. Le vieil homme n'avait pas envie de faire peur à cette jeune mutante, qui avait déjà bien trop vu dans sa vie. Mais pour autant, il n'avait pas l'intention d'abandonner l'idée de la conduit sur le droit chemin, droit chemin qui n'était autre que celui qu'il offrait aux jeunes mutants évidemment. Charles ne perdit pas son sourire quand Emma lui apprit qu'elle ne savait qu'à peine lire. Ce n'était pas le genre de détail qui faisait peur au vieil homme, malheureusement il en avait vu d'autre. Les mutants étaient bien souvent considérés comme des êtres ne méritant pas une éducation comme les autres enfants, ce qui était parfaitement ridicule. Mutant, humain, ils méritaient tous une éducation.
« Tu pourras te perfectionner en lecture et en écriture à l'institut. » Charles avait déduit lui-même qu'elle devait avoir peu de connaissance en écriture également, puisque cela allait de pair avec la lecture. « Et également apprendre d'autres chose, les sciences, les langues. Ou même apporter tes propres connaissances aux autres élèves, je suis certain que tu connais des choses qu'ils ne maitrisent pas. »
C'était qu'il voulait clairement bien vendre son école. Un havre de paix, un paradis, pour jeune mutant. Il y croyait réellement et trouvait même qu'il se débrouillait bien. Les élèves semblaient bien dans son école. Evidemment, ce n'était pas facile tous les jours, mais ils se sentaient bien, ils étaient en sécurité. Emma devait saisir cette chance que le vieil homme lui offrait. Il écouta attentivement les paroles de la jeune femme, comprenant parfaitement ce qu'elle voulait lui dire. Ce discourt, il l'avait déjà entendu plein de fois. Honnêtement, il l'avait même prononcé à une époque. C'était normal, mais il pensait qu'Emma n'était pas perdue pour autant. Parce que malgré le fait qu'elle annonce qu'elle détestait les humains, il ne lisait pas de haine dans sa voix. Et des mutants haineux, il avait eu l'occasion d'en croiser souvent.
« Je comprends parfaitement ce que tu veux dire, sache que j'ai moi-même pensé cela autrefois. » Dit-il calmement, baissant son regard vers le sol avant de le relever vers Emma. Il sourit de nouveau, tendrement. « Tous les humains ne doivent pas payer pour l'erreur commise par une poignée d'entre eux. Ils ne sont pas tous comme cela. Tu n'as pas eu la chance de croiser de bons humains, mais certains se seraient effectivement levé pour les empêcher de continuer ton traitement, pour crier haut et fort que tu ne méritais pas cela. Il y a de bons humains, comme des mauvais. Tout comme il y a de bons mutants et des mauvais. » Le vieil homme marqua une pause, comme s'il réfléchissait à ce qu'il pouvait dire d'autre. En réalité, il savait parfaitement ce qu'il avait envie de dire. « Crois-tu par exemple, que tu dois payer pour les horreurs d'un autre mutant. Penses-tu qu'il est normal que tu subisses les conséquences d'un attentat causé par un des nôtres ? Je ne pense pas moi... » Une nouvelle pause. « Malheureusement, en se rebellant comme le souhaite ton ami Tom, c'est la seule chose que nous arriverons à avoir. Mon but à moi est de faire en sorte que les humains ne nous considèrent pas comme des choses qui ne doivent pas vivre. Mon but est que nous arrivions à vivre ensemble en harmonie. Je sais que cela ne sera pas facile, les humains ne parviennent déjà pas à vivre ensemble. »
Emma écoutait le type en gardant les bras croisés, collée au maximum contre le mur de briques. Elle ne voulait pas d’une cage dorée pour mutant, tout comme elle n’avait jamais voulu être le monstre du cirque ou la petite fille enfermée dans sa chambre. Tout ce qu’elle voulait, dans le fond, c’était une vie normale, être traitée comme une humaine et non pas comme une mutante. Et étrangement, cela, c’était dans la rue qu’elle avait fini par le trouver. Dans les grandes villes, les gens ne faisaient jamais attention aux mendiants. Parfois, ils s’arrêtaient pour leur donner de l’argent mais ça s’arrêtait là, iles ne prenaient jamais le temps de les regarder. Au x yeux des citadins, Emma n’était rien de plus qu’une adolescente fugueuse parmi des milliers d’autres. Ils ne la regardaient jamais suffisamment longtemps pour avoir le temps de voir ses mutations. Dans la rue, elle se fondait dans la masse.
Vous voulez qu’on se mêle complètement aux humains et qu’ils nous traitent en égal en harmonie mais vous enfermés les jeunes mutants dans une école entre eux… Y a que moi qui trouve qu’il y a un truc qui cloche là ?
Emma avait conscience, hélas, de l’importance d’un tel établissement. Certains mutants pouvaient être des dangers pour les autres comme pour eux-mêmes. Ça, elle l’avait apprit de la plus brusque des manières, faisant elle-même partie de cette catégorie. Aussitôt, le souvenir de la représentation tragique qui avait vu la mort de Nic, la manière dont elle avait bondit en poussant un véritable rugissement sur son père, la force avec laquelle elle avait planté ses crocs dans sa gorge, les entailles profondes qu’avaient fait ses ongles acérés comme des griffes s’imposa violemment à son esprit et aussitôt elle avala difficilement sa salive, ayant l’impression d’avoir à nouveau le goût du sang roulant sur sa langue. A cet instant là, elle n’avait absolument rien eu d’humaine et le plus effrayant était que, sur le coup, elle avait aimé cette sensation. Cela avait été libérateur, comme d’enfin laisser exploser sa véritable nature. Ce n’était qu’après avoir retrouvé ses esprits qu’elle avait été horrifiée parce qu’elle avait fait et, surtout, ressenti.
Alors Mister Roulettes pouvait dire ce qu’il voulait, Emma n’était pas dupe. Certes, certains mutants ne l’étaient que peu et pouvaient sans problème se mêler aux autres mais d’autres, comme elle, ne seraient jamais vraiment des humains. Ce Professeur n’était rien de plus qu’un Docteur Moreau tentant vainement de faire accepter leur condition à ses monstres tout en les gardant cachés sur son île.
Je paie déjà pour les autres… Le simple fait d’être un mutant est quasi un crime de nos jours ! Tom y est pour rien, c’est les humains qui nous poussent à bouts ! Pas étonnant que certains décident de rendre coup pour coup à force ! Sans déconner ils ont passé 20 ans à me traiter comme un animal et je devrais en plus les remercier pour ça et vouloir faire ami-ami ? J’veux juste qu’on me fiche la paix !, lança-t-il finalement avec un ton désespéré, au bord des larmes.
Comme bien souvent, la jeune mutante sous les yeux de Charles se posait des questions sur l’intérêt de l’institut. Le vieil homme comprenait que cela ne devait pas être simple de cerner le rôle de son école. C’était pour cela souvent que le Professeur X se concentrait sur les plus jeunes mutants, ils ne se posaient pas autant de questions. Ils aimaient l’aventure et acceptait très rapidement quand il proposait de rejoindre l’école. Charles devait bien avouer avoir un peu de mal avec les refus, même s’il ne le montrait pas. Il n’avait pas pu rencontrer Emma plus tôt, donc il tentait sa chance maintenant. Elle trouvait donc cela étrange que les jeunes mutants se regroupe ensemble dans une école, alors qu’il désirait les intégrer avec les humains. Elle n’avait pas tort effectivement, mais elle ne comprenait pas tout, tout simplement. Charles était assez patient pour continuer d’expliquer encore et encore, s’il le fallait. Il savait se montrer borné également.
« Je ne les enferme pas, je leur propose un lieu où ils n’ont pas besoin de se cacher aux yeux des autres élèves, un lieu où ils peuvent apprendre la maitrise de leur pouvoir. » Charles marqua une pause. « Ils sont parfaitement libre de leurs mouvements. Certains élèves ne viennent que quelque jour à l’institut. » Il baissa un instant son regard avant de relever ses yeux vers Emma, afficha un sourire triste. « Evidemment, j’aimerais quelqu’un mutant n’ai besoin de se cacher, mais certaines choses ont besoin de temps pour se mettre en place. »
Le sujet de la confrérie était délicat, Charles comprenait les réticences de la jeune femme sur le fait de se joindre aux humains. Elle n’avait pas eu une vie facile, elle avait énormément souffert à case des humains. C’était souvent cette souffrance qui poussait les mutants à mal se comporter avec les humains. Charles aussi avait connu le mal d’être mutant, mais il avait envie de garder espoir, de ne pas faire la même erreur qu’Erik. Quand Charles posait les yeux sur la jeune Emma, il ne pouvait pas s’empêcher de penser à son vieil ami. Il était vraiment désolé que des personnes comme elle ne fasse pas plus preuve de compassion pour les humains. Bien souvent ces êtres sont simplement dans l’ignorance. Charles ne répondit pas de suite, attendant quelques secondes.
« Je suis navré pour toi, sincèrement. Mais penses-tu que les mutants doivent reproduire les mêmes erreurs ? La vengeance ne fait qu’engendrer la violence. »
Le Professeur se doutait bien qu’au bout d’un moment, la jeune femme en aurait assez de lui parler. Mais tant qu’il le pouvait, il continuait. Le vieil homme devait bien se rendre à l’évidence que cette mutante serait particulièrement difficile à convaincre. Il commençait même à croire que cela serait impossible. Tant pus, il savait se montrer patient et cela pouvait toujours changer. Emma découvrait encore énormément de chose, il fallait lui laisser le temps. Parfois, il suffisait de planter simplement une graine dans l’esprit de quelqu’un pour qu’elle germe doucement. Charles espérait bien que l’avis de la jeune mutante sur les humains n’était pas définitif. Elle était jeune encore, elle pouvait très bien voir la vie différemment dans le futur.
Apprendre à maitriser ses pouvoirs. Dans un premier temps, Emma eu envie de rétorquer qu’elle n’avait pas de pouvoirs. Ou tout du moins pas de pouvoir nécessitant d’être maitriser. Sa mutation n’était que physique, rien de plus. Mais une nouvelle fois, l’image d’elle sur la piste de cirque, se ruant sur son père pour lui arracher la gorge d’un coup de crocs lui revint fortement à l’esprit. A qui est-ce qu’elle voulait faire croire qu’elle n’avait pas besoin d’apprendre à se maitriser ? Cela n’avait eu lieu qu’une seule fois mais Emma ne pouvait pas nier qu’elle sentait régulièrement cette férocité grandir en elle lorsqu’elle s’énervait ou perdait patience. De plus, elle avait beau lutter pour se le cacher à elle-même, une petite partie d’elle avait aimé cela, cette libération sauvage, comme si elle avait été délivrée, le temps d’un court instant, du rôle d’humaine qu’elle jouait au quotidien pour laisser parler sa véritable nature.
Gênée, elle baissa le regard pour fixer le bout de ses chaussures. La vengeance ne fait qu’engendrer la violence, cela était tellement en accord avec le souvenir qu’elle avait en tête en cet instant qu’elle en était troublée. Cela n’était probablement qu’une coïncidence, un hasard de part leur conversation mais cette phrase prononcée par le Professeur lui tournait à présent en tête, trouvant une résonnance parfaite avec ses propres pensées.
Je sais pas…, finit-elle par murmurer. Et c’était la vérité, elle était complètement paumée. D’un côté, elle aimait cette nouvelle liberté fraichement acquise. Certes, elle vivait dans la rue, ne mangeait que quand elle avait de la chance mais elle était libre pour la toute première fois de sa vie. D’un autre côté, il y avait Tom. Les choses n’étaient pas faciles entre eux mais il était tout ce qui lui restait. En dehors de Tom, elle n’avait plus personne. Il l’avait aidé à s’enfuir, il était son ami. Et enfin, sur une troisième face, il y avait ce type en chaise roulante et son offre d’un lit et d’un toit où elle pourrait être en sécurité. Faut que je réfléchisse…
C’était difficile, jusqu’à présent, Emma n’avait jamais eu le choix, elle avait toujours dû suivre le chemin que d’autres avaient tracés pour elle. Devoir prendre des décisions par elle-même pour son avenir était plutôt effrayant, elle craignait sans cesse de prendre la mauvaise décision. De plus, elle ne cessait de se dire que le fait qu’elle ne soit pas particulièrement maline ne l’aidait pas vraiment. Pour Emma, l’intelligence passait forcément par le fait d’être capable de lire t d’écrire. Par la culture également. Elle, elle n’avait rien de tout cela. Son père n’avait de cesse de lui répéter qu’elle était une idiote, qu’elle n’arriverait à rien seule dans la vie, qu’elle n’était pas assez intelligente pour décider par elle-même et elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il avait raison.
Charles comprenait parfaitement comment les mutants pouvaient à ce point dériver et c’était parce qu’il le comprenait qu’il avait l’espoir de changer les choses. Cela ne servait à rien de désirer se venger des humains, même s’il y avait de bonnes raisons, ça n’allait apporter que de la violence. Le professeur ne pouvait pas laisser des mutants perdus, c’était son but après tout de les guider. Le vieil homme comprenait parfaitement la situation de cette jeune Emma, il n’avait pas l’intention de l’abandonner à son sort. Evidemment, il ne pouvait pas la forcer non plus. Ce n’était pas sa façon de faire, il n’était pas comme cela. Et en même temps, le professeur ne supportait pas vraiment l’idée de ne pas arriver à ses fins. Cependant, il savait parfaitement cacher son jeu. Il savait qu’il était en train de causer le trouble dans l’esprit de la jeune Emme, ce qui lui permettait d’avancer. Si elle réfléchissait, c’était qu’elle envisageait l’éventualité de le suivre. Cela allait demander du temps, mais il avançait quand même dans le bon sens. Le professeur ne baissait pas son regard, ses yeux restaient tournés vers la jeune mutante. Il se contentait d’attendre, en tentant de deviner ce qu’elle pouvait bien penser. Bon, en réalité, il n’avait pas besoin de deviner.
« Bien sûr, tu peux prendre tout le temps que tu souhaites. » L’homme savait bien que cela devait être difficile pour la mutante de choisir sa destinée, de prendre elle-même son destin en main. Elle faisait ses choix, elle prenait sa décision. Charles pouvait lire le trouble de la jeune femme, parce qu’elle n’avait pas assez confiance en elle. Et pourtant, il savait bien qu’elle était capable de faire de grande chose. La force de Charles, c’était d’être capable de voir dans les gens les qualités qu’ils ne voyaient pas eux même. Il pouvait bien avoir confiance pour deux. « Je ne veux pas te forcer la main, c’est toi qui doit prendre ta décision. »
Une manière comme une autre d’annoncer à Emma qu’elle pouvait lui faire confiance, qu’il n’était pas de ceux qui voulait prendre sa liberté par la force. Evidemment, il espérait quand même qu’elle finisse par aller vers son sens. Il n’avait pas l’intention de l’abandonner, de la laisser à son sort. Il n’avait aucune envie de la voir aller vers la confrérie, comme il était possible. Il la voulait dans ses rangs à lui, parce qu’il considérait qu’il était la seul à pouvoir réellement la sauver.
« Je serais disponible pour toi, si tu as besoin. » Le vieil homme marqua une courte pause avant de reprendre. « Il te suffira de penser à moi. »
Bon, il exagérait peut-être un peu, mais de toute façon Charles n’avait pas l’intention de quitter de l’esprit la mutante. Il allait la garder à l’œil, afin de s’assurer qu’elle aille bien et surtout pouvoir la retrouver quand elle allait prendre sa décision.
Emma avait l’impression de ravoir 5 ans et de se retrouver devant un parfait inconnu lui parlant dans une langue qui, à l’époque, lui était encore étrangère et qui lui attrapait le bras pour la tirer à sa suite alors que sa mère lui répétait que cet ogre effrayant était son père et qu’elle devait partir avec lui.
La différence était que cette fois-ci, l’homme n’avait rien d’un ogre immense lui parlant en allemand. Il ne lui maintenait par fermement le bras au point de lui faire mal et de lui laisser de grands hématomes pendant des jours. Mais il n’en restait pas oins effrayant d’un certain point de vue. Pas parce qu’il faisait peur de part son apparence ou sa conduite mais parce qu’il y avait quelque chose dans ses paroles en telle résonnance avec les pensées d’Emma que cette dernière, ignorant tout des aptitudes de l’inconnu, s’en trouvait gênée. A chaque fois qu’elle croisait son regard, elle avait l’impression qu’il pouvait s’insinuer dans son esprit, y lire comme dans un livre ouvert et en extirper ses pires et inavouables secrets. Et c’était surtout cela qu’elle craignait le plus. Voudrait-il encore l’aider s’il savait ce qu’elle avait fait ? Emma en doutait, ignorant que Charles, en réalité, le savait probablement déjà.
Pour la mutante, la seule personne lui ayant tendu la main sans rien ignorer de cet « accident » était Tom. Mais si l’inconnu semblait peu enclin à suivre les idées de la Confrérie, pire s’il les condamnait, cela ferait-il de Tom son ennemi si elle décidait de suivre le Professeur dans sa fameuse école ?
Juste penser à vous ?, répéta Emma sur le ton de celle qui ne le croyait pas. Si vous le dites…
Elle était tiraillée. Une partie d’elle, une importante partie d’elle, avait envie de le suivre tout de suite, là maintenant. Avoir un toit, 3 repas par jours, ne plus être dévisagée par les passants ni montrée du doigt par les enfants… Mais vivre cachée parmi les sien était-il vraiment une vie ? Elle voulait sa liberté, ardemment. Mais le Professeur avait l’air de dire que ses mutants étaient libre d’aller et venir.
Et Tom ? Que penserait-il alors qu’elle avait refusée de le suivre dans la Confrérie si il apprenait qu’elle avait acceptée de suivre un autre « clan » ?
Allez savoir pourquoi, Emma se mit soudainement à songer à l’Afrique ou à l’Océanie. Un nouveau continent loin de son passé et loin de l’Amérique. Mais pour partir, il fallait de l’argent. Or actuellement, elle avait en tout et pour tout 5 dollars sur elle.
J’vais y réfléchir, répéta-t-elle en relevant légèrement son regard aux pilles rendue verticale par les rayons du soleil lui arrivant au visage.
Suite à quoi, elle rabaissa sa capuche le plus possible sur son visage, enfonça ses mains dans ses poches et s’éloigna mais alors qu’elle était simplement sur le point de filer sans rien ajouter, elle finit par jeter un dernier regard pardessus son épaules et adressa même un petit signe de la main à Charles.
Danke, souffla-t-elle le rose légèrement aux joues avant de se détourner pour s’en aller pour de bon.
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Dim 14 Sep - 19:46
