Décembre, un mois à part. Un mois qui avait pour habitude de nous donner des avant-goûts d’hivers rudes pendant une courte durée. Je m’étais habitué à ce climat des plus glacials, et ce qui n’était pas uniquement dû à mes capacités spéciales. En effet, ce temps m’était plus que familier car il me rappelait le climat de mon bon vieux Long Island. La nostalgie s’emparait de moi alors que mon corps n’était plus en mesure de tolérer les excès de colère de Dieu. J’appréciais énormément ce moment de l’année, les décorations sur le sapin, sur la cheminée, les moments de partage que je vivais avec les miens, ma nouvelle famille, bien qu’elle sorte de l’ordinaire. C’est justement ce qui rendait les choses encore plus belles. La magie de Noel prenait encore plus effet ici que n’importe où ailleurs. Elle représentait durant un court instant mon idéal. Un monde qui ne vit que pour le respect, la solidarité, l’espoir, l’amour.


Je parvenais néanmoins à trouver dans ce reflet utopique quelques défaillances. Telles que par exemple le côté éphémère de cette magie de fin d’année. Alors certes, il s’agissait là d’un constat digne d’un enfant sorti de la maternelle mais il dissimulait un sentiment bien pire que la tristesse dû à la courte durée de Noel. En effet, la peur de vivre un hiver des plus rudes prenait toujours le dessus. Me gâchant par la même occasion ce moment de l’année, chose qui par moment m’agaçait au plus haut point. Conscient de ce qui allait nous attendre dans quelques semaines, je décidai de profiter du moment présent et de mettre toutes mes inquiétudes de côté. La tâche était grande à la vue de la taille du manoir mais agréable. Décorer le manoir Charles Xavier me très heureux à tel point que mon visage en avait gardé un sourire permanent.


Après avoir illuminé ce paradis, je décidai de me reposer devant la télé de la salle à manger, petite bouteille de Coca-cola, refroidie par mes soins. Assis sur le canapé je cherchais un quelconque programme intéressant à regarder. Du sport aux comédies romantique, en passant par les très controversées émissions de téléréalité, je ne trouvais rien en mesure de me satisfaire, et pour couronner le tout, les allés-venus des plus petits m’empêchaient de voir quoi que ce soit. Peut-être était-il temps pour moi d’aller me coucher ? Oui, c’était la seule chose à faire. Serai-je capable de trouver le sommeil dans vacarme ? Pas sûr, mais ça valait la peine d’essayer. Qui ne tente rien n’a rien comme on dit. Cette conclusion était venue à moi alors que j’avais fini ma boisson fraîche sans m’en rendre compte.
Je quittai la salle à manger afin de me rendre dans ma chambre. Arpentant à petites foulées les marches de l’escalier principal menant à ma chambre, je me tournai vers le sapin se trouvant juste en dessous de ce dernier, histoire de le contempler une dernière fois avant d’aller me coucher.


Arrivé dans ma chambre, je m’apprêtais à prendre une douche quand soudain j’entendis quelqu’un frapper à la porte. Une manière de frapper que je reconnaissais parmi des centaines de milliers. C’était à peine si les doigts de cette mystérieuse personne avaient effleuré la porte. Cette caresse sur le marbre avait précédé une voix qui m’était commune. Confirmant par la même occasion mes pensées.


« Dis, ça te dit d’aller te balader un peu dehors ? Je n’ai pas envie d’y aller toute seule. »


Mon regard s’était posé sur elle, accompagnant pas la même occasion un sourire à peine dissimulé. Sourire qui était une réponse au sien. Je lui avais répondu par politesse mais surtout parce que je l’appréciais énormément. La ravissante Kitty Pride, une personne agréable, pleine de joie de vivre, sur qui tout le monde pouvait se reposer. Je n’étais pas contre l’idée d’une balade en début de soirée. Il était de toute manière trop tôt pour aller dormir et puis, je n’étais pas spécialement fatigué. Je m’ennuyais rien de plus.

« Oui pourquoi pas. Donne-moi juste le temps de me préparer et ensuite on y va. »

Simple et claire. Telle était ma réponse. Avec un sourire qui faisait office de cerise sur le gâteau.

« Ne reste pas là. Entre ! » Ajoutai-je tout en me levant de mon lit.

Alors que je la laissais pénétrer dans les lieux, je me lançais à la recherche d’une paire de chaussures adéquates. Après avoir cherché pendant un moment, je tombai sur une paire de bottines basique. Abandonnant l’idée de trouver ce qui conviendrait à mes petits pieds, je glissai ces derniers à l’intérieur de mes bottines avant de prendre mon manteau en laine noir ainsi que mon écharpe grise. Je me tournai alors vers Kitty, gêné de l’avoir fait attendre, tellement gêné que je m’étais mis à grimacé en guise de signe de culpabilité. Me rendant compte de ce que je venais de lui faire subir, je ne pus m’empêcher de dire :

« Désolé de t’avoir fait attendre. J’espère ne pas avoir été long. »

Je me dirigeai vers la porte en la laissant passer avant de refermer cette dernière juste derrière nous. Je descendais les marches de l’escalier en sa compagnie tout en boutonnant mon manteau avant d’ouvrir la porte de sortie. Il faisait froid. L’hiver était bien là. Ce vent froid caressait nos visages de plus en plus rougissants. Je m’avançais avec Kitty en direction du jardin tout en contemplant la beauté hivernale. Les herbes blanchâtres, les haies accueillant le moindre flocon de neige à leur sommet. Le cadre idéal pour une balade.

Ah le froid, rien de pire en hiver que de subir, la colère venant de ceux d’en haut. Chaque année c’était la même chose. Endurer tant de souffrances au moment où tout le monde se réunissait dans le but de s’échanger des cadeaux, ou bien encore partager un moment agréable tous ensembles. Amis, famille, simple connaissances. Noel avait pour but de réunir tout le monde, y compris nous, les mutants. Nous partagions ainsi que des valeurs plus ou moins communes à chacun d’entre nous. Pour faire simple, ce temps glacial me rappelait pas mal de choses. Des bonnes, comme des mauvaises. Même si la tendance était en faveur des mauvaises choses. Quoi qu’il en soit j’arpentais la grande allée enneigée en compagnie de Kitty. L’occasion rêvée pour oublier tous les tracas du quotidien. Marcher, en compagnie de quelqu’un que l’on apprécie, marcher en sa compagnie, et rien d’autre. Alors que nous venions à peine d’avancer dans le champ de neige, je vis Kitty se tourner vers moi.



« Je suis contente que tu sois venu ! J’espère que ça ne te dérange pas ! »

Contente que je sois venu avait-elle dit. Moi de même. J’aurai été dévoré par l’ennui si elle n’était pas venue me tirer de mon lit. Je me rappelais ensuite de ce qu’elle avait dit. « J’espère que ça ne te dérange pas ! » Je me tournai alors vers elle, plongeant mes yeux dans les siens afin d’avoir toute son attention avant de la rassurer avec un énième sourire dans l’espoir de la rassurer.  Je ne m’étais pas senti obligé de venir, loin de là. Ma réponse à sa proposition aurait été différente si l’envie de me balader n’était pas présente.

« Au contraire ça me fait plaisir d’être ici. »


Toujours dans la simplicité. J’en avais dit suffisamment sur ce que je pensais de cette balade. Cette ambiance était plaisante à mes yeux. J’espérais ne pas en avoir l’air trop distant non plus en ayant employé des mots tels que ceux-ci. Je voulais qu’elle se débarrasse par la même occasion d’un éventuel sentiment de culpabilité, qu’elle soit à l’aise.

Je marchais donc avec elle, d’un pas lent, en laissant des traces de mon passage dans la neige. Nous arrivâmes alors dans une sorte d’impasse, contraint de faire demi-tour. Après avoir fait demi-tour ne prîmes la première à droite pour arriver en face d’une des fontaines occupant les jardins de l’institut. Je m’assis alors sur le bord de cette dernière. Étrangement, le bord de la fontaine était à peine froid. C’était l’endroit parfait pour faire une petite halte. Je jetai ensuite un œil à la fontaine, le plus furtivement possible. La glace était venue se loger dessus, donnant une allure sinistre au monument. L’eau de cette fontaine avait était complètement gelée. Elle était d’une blancheur rare. Alors que les flocons de neige ne cessaient de tomber, je me tournai vers Kitty dans l’espoir qu’elle puisse répondre à ma question.

« Alors, tu avais quelque chose à me dire ? »


Je lui avais glissé ces mots avec un léger sourire, prêt à la taquiner sur un quelconque sujet. Le but de cette question était en fait de basculer sur ce que j’avais prévu de lui dire une chose très importante que je me devais de partager à quelqu’un de confiance pour éviter que cela ne fuite et surtout car j’avais besoin de soutien pour cette tâche.

« J’aimerais te faire part de quelque chose… »


Un long silence s’en suivit. Un silence apparemment difficile à combler pour Kitty qui devait sûrement se demander ce que j’avais derrière la tête. Je remplaçais alors ce silence par d’autres paroles, une forme d’aveu.

« J’aimerais trouver des cadeaux pour le professeur et les autres. »


Voilà qui était dit. Je m’étais enfin débarrassé de ce poids. Une révélation loin d’être ordinaire dévoilée avec une innocence infantile. Je la regardais dans les yeux en espérant qu’elle accepte de m’aider. Je m’étais tourné vers elle car je savais que je pouvais lui faire confiance. Son soutien allait m’être plus que bénéfique. S’en était presque si il n’était pas nécessaire. On allait avoir plus d’idées à deux. Enfin, si elle le voulait bien …