iv était quelqu'un de scrupuleux, d'infiniment consciencieux, qui réfléchissait toujours mille fois avant d'agir, qui s'appliquait à ne pas se laisser dominer par ses instincts, et qui s'était pour ce faire créé des règles de vie qu'elle s'imposait, et s'appliquait à suivre très scrupuleusement. Elle savait que sans cela, elle était perdue. Sans cela, son secret pourrait bien être découvert et, pis encore, le monstre pourrait prendre le dessus pour de bon, et elle perdrait à tout jamais ce contrôle qu'elle affectionnait tant. Peut-être même la seule chose qu'elle affectionnait en ce bas monde. Oui, elle était tout à fait rigoureuse, et s'abstenait généralement de faire des erreurs, d'autant qu'elle savait bien que ces erreurs pourraient lui être fatales... Elle ne craignait pas pour sa propre vie. Elle ne craignait pas pour quoi que ce soit, puisque la crainte ne faisait pas partie de son vocabulaire. Mais à choisir, si elle pouvait pour le moment conserver ce mode de vie réglé comme du papier à musique, elle préférait, elle n'avait pas la moindre envie de laisser le désordre prendre palace dans sa vie et devoir se créer un nouvel équilibre... Sauf que cet équilibre était très fragile, et surtout menacé par... une erreur... Oui, une erreur, elle qui peinait admettre en commettre en avait pourtant fait une, et de taille. Elle avait laissé un témoin derrière elle. La ruelle était sombre, pourtant, et elle avait examiné attentivement ms allers et venues des passants pour s'assurer que personne n'irait les surprendre dans ce cul-de-sac. Sauf que, au moment de trancher sa gorge, alors que le sang vermeille coulait doucement le long de ses doigts blancs, elle avait aperçu une ombre à quelques mètres de là. On l'avait eu. Elle eut seulement le temps de se retourner... Elle avait dévisagé ce témoin gênant, pour être sûr de le reconnaître, ce qui, malheureusement, avait laissé aussi au jeune homme le temps de la dévisager elle... Elle avait voulu lui régler son compte. Mais trop d'imprudences déjà commises... Une erreur allait conduire à une autre... Elle n'avait d'autres choix que de fuir. Abandonnant pour de bon sa discrétion, elle avait déployé ses ailes noirs et avait filé dans les airs. Non seulement quelqu'un savait ce qu'il y avait de plus sombre en elle, mais en plus cette personne avait été témoin oculaire de son pouvoir. Bref, il fallait à tous prix qu'elle l'élimine.
Les jours qui avaient suivi, Liv avait tendu l'oreille, avait guetté ses différents collègues... Quelqu'un allait bien finir par revenir sur cette histoire, et ce jeune homme finirait forcément par faire une déposition qui pourrait bien lui être fatale. Bien sûr, une enquête fut ouverte sur sa victime, mais aucune trace du jeune homme... jusqu'à ce jour. C'était un autre département, bien sûr, qui avait géré ce qui ne passait jamais que pour une affaire mineure, mais elle eut tout de même le temps de le reconnaître, traversant le couloir en direction de la sortie, passant à proximité de son bureau. Bon, c'était risqué, et surtout, elle détestait agir sans plan, mais elle n'avait pas le choix, il fallait qu'elle règle cette histoire au plus vite si elle ne voulait pas que les choses s'enveniment. Elle trouva donc un prétexte pour quitter son travail avant l'heure (on ne lui fit pas trop d'histoires, elle était une travailleuse plus qu'acharnée et, généralement, ne disait jamais non à quelques heures supplémentaires), et décida de suivre le jeune homme. Enfonçant sa capuche au-dessus de sa tête, fourrant ses mains dans ses poches, elle décida donc de le suivre. Ce ne serait sans doute pas simple, mais elle espérait qu'il ne la rconnaîtrait pas. Il l'avait pour la première fois sous l'apparence de Raven, une jeune femme à l'apparence plus que normale. Celle qui la suivait à présent, avec son look gothique, ses piercings et son noir sur les yeux n'avait pas grand chose à voir physiquement avec la criminelle d'apparence pourtant douce et sage. Elle le suivait à distance, pour l'instant. Il fallait qu'elle attende le moment propice pour se manifester... S'il ne la remarquait pas avant...
Inside each of us, there is the seed of both good and evil. It's a constant struggle as to which one will win. And one cannot exist without the other. codage by razorblade kiss.
Gabriel parcourait ces rues new-yorkaises depuis longtemps, très longtemps. Il avait vu de nombreuses choses. Certaines, banales, d’autres, beaucoup moins. Ainsi, pas grand-chose parvenait maintenant à le surprendre, que ce soit les règlements de compte entre gang, ou ces justiciers masqués qui tentaient de faire régner l’ordre. Mais ce soir-là, quelque chose s’était passé. Quelque chose qui, malgré son esprit blasé, était resté ancré dans un coin de sa tête. Un meurtre. Là encore, à ses yeux, cela faisait encore partie de la « routine ». D’habitude, le pickpocket tournait les talons et s’éloignait le plus possible pour ne pas être impliqué. Ce n’était pas de ses affaires. Et ce soir-là, il aurait pu faire comme à chaque fois. Si ça n’avait été de cette femme. Une femme normale. Une femme qu’on pouvait très bien croisé à chaque coin de rue. Rien ne la démarquait des autres êtres humains, mis à part son geste.
Bizarrement tétanisé alors qu’elle tranchait la gorge d’un inconnu, Gabriel ne sut tourner les talons et s’enfuir, à son habitude. Il y avait quelque chose chez elle. Quelque chose de sombre. Une lueur dans ses yeux que le voleur qualifiait de malsain. C’était tout ce qu’il parvenait à saisir, ne pouvant comprendre ce qui animait vraiment l’inconnue. Elle s’était alors tournée vers lui, et là encore, il était resté là à la dévisager. Stupide de sa part. Comme une claque en plein visage, alors que ses yeux rencontraient ceux de l’inconnue qui dans sa normalité était devenue effrayante, Gabriel s’était détourné, prêt enfin à prendre la fuite. Il put néanmoins voir les grandes ailes aussi sombres que l’âme de la meurtrière, mais ne chercha pas à comprendre, disparaissant dans les bas-fonds de la ville qu’il connaissait si bien.
Les jours qui ont suivi, Gabriel relégua les évènements au fond de son esprit. Mieux valait oublier tout cela. Voilà ce en quoi il s’était convaincu. C’était mieux ainsi. Mais il était tout de même troublé. Par ces évènements ou par autre chose, peu importait. Il commença à se sentir mal par moment, sans aucune raison. Déconcentré. Si bien que pour la deuxième fois en quelques jours, il se retrouva dans une situation qu’il pouvait d’ordinaire éviter. Une banale altercation entre deux gangs. Lui n’y était pour rien, mais les flics n’en avaient cure. Il s’était retrouvé plusieurs fois au commissariat, mais jamais pour des trucs graves. Heureusement, d’habitude, le voleur était discret. On ne pouvait le relier à rien et c’était tant mieux. Si bien que quelques heures plus tard, il était dehors. Encore une fois, ça le chiffonna. Rien n’allait plus ces temps-ci.
Tourmenté, il décida de faire une entorse à son habitude. Vivant le plus clair de son temps dans la rue, il ne pouvait se permettre de dépenser ce qu’il gagnait si vaillamment – et illégalement – dans n’importe quoi. Mais là, il avait besoin d’un verre. Un moment de détente. Pour remettre ses idées en place. Sans se rendre compte de la filature, pas du tout même, il entra dans le premier bar qu’il rencontra. Il était un peu tôt pour ce genre d’endroits, mais il y avait quand même du monde. Des vieux soulards. Des maris esseulés. Des solitaires … Toujours l’esprit ailleurs, il s’installa et commanda.
Bière à la main, il fixa momentanément la télévision accrochée au mur qui diffusait un quelconque match. Il n’en avait que faire ! Et puis il faisait trop chaud. Beaucoup trop chaud, même pour ce genre d’endroits où la température était généralement plus élevée que la normale. Mais qu’est-ce qui n’allait pas chez lui en ce moment ? Il n’était pourtant pas malade. Enfin, il ne croyait pas l’être … Profitant d’être à l’écart des regards indiscrets – du moins, de son point de vue – il fit geler sa bouteille, espérant en retirer un quelconque réconfort du contact froid. Mais rien … Aucune sensation … Se sentant soudainement encore plus mal, il laissa quelques billets pour sa consommation, qu’il laissa sur place, et se dirigea vers le couloir menant aux toilettes, en sueur. Il passa devant la porte pour ouvrir brusquement celle menant à l’extérieur, dans une ruelle vide. De l’air … Il se pencha en prenant appui sur le mur, sentant sa tête tourner de moins en moins.
hj : je suis désolée du retard :s S'il y a quoi que ce soit à changer, n'hésite pas ! Ma réponse à notre sujet avec Kai devrait être postée dans les prochains jours !
lle l'observait toujours à distance, aussi discrètement que cela pouvait lui être possible. Il ne s'agissait pas forcément d'agir et d'éliminer le témoin gênant dans la journée, à moins qu'une occasion en or ne se manifeste, tout du moins, il s'agissait avant tout de régler la situation au plus vite et d'accélérer son processus d'observation, quitte à prendre le risque d'être repérée. Quand elle avait une cible à l'esprit, elle faisait généralement les choses de manière bien plus minutieuse et réfléchie. Généralement, déjà, sa future victime n'avait pas la moindre chance de la reconnaître, puisqu'elle choisissait en grande majorité des personnes qui ne la connaissaient ni d'Eve ni d'Adam, et elle prenait tout le temps qu'il fallait, quitte à ce que cela dure plusieurs longues semaines (et c'était effectivement frustrant pour elle, mais le jeu en valait la chandelle). Là, elle avait bien conscience qu'elle ne pourrait pas se montrer si patiente, raison pour laquelle, d'ailleurs, elle jouait le jeu d'une filature sous l'apparence de Liv et de Raven. Chaque seconde comptait, la moindre d'entre elles, et il s'agissait avant toute autre chose de faire taire sa proie au plus vite. La phase d'analyse demeurant essentielle à ses yeux, et la discrétion étant de mise, elle n'était pour autant pas décidée à fondre immédiatement sur lui et à lui régler son compte. On effaçait quoi qu'il en soit pas un témoin pour laisser derrière soi encore plus de traces flagrantes de ses crimes. Elle ne fit et ne tenta donc rien, se contentant de le suivre à quelques mètres, se dérobant dans l'ombre d'un passant ou à l'angle d'un couloir quand elle craignait d'être aperçue.
Elle le suivit dans le bar où il avait décidé de se rendre, s'installant à une table au fin fond de la salle pour mieux l'observer. Elle hésita à l'aborder. Faire la conversation et le ramener chez elle comme peuvent se dérouler les suites des conversations de bar (même si l'heure n'était guère très appropriée) aurait été une solution, mais il y avait le risque de jouer ses cartes trop vite et, pis encore, d'être repérée, et alors, elle serait cerné, dans ce lieu certes occupé de poivrots, mais occupé quoi qu'il en soit. Elle demeura donc à sa place, donc, ne lâchant pas le jeune homme des yeux alors qu'elle sirotait la bière qu'elle avait commandé pour ne pas faire complètement tapisserie. Après plusieurs gorgées, elle le vit se diriger vers les toilettes. Elle ne le suivit pas. Il y avait des règles à respecter quand on décidait de filer quelqu'un discrètement, ne pas suivre cet homme jusque dans les toilettes pour homme en faisait clairement partie. Sauf qu'il ne revenait pas... Parti depuis trop longtemps pour avoir seulement satisfait un besoin naturel. Alors la criminologue prit un nouveau risque en prenant le parti de voir de quoi il retournait. Elle n'eut pas à franchir le sol des toilettes pour homme. Par l'une des fenêtres du couloir qui menait à une cour extérieure. Elle le rejoignit donc, abandonnant cette fois toute prudence, l'occasion était trop belle. Le jeune homme ne semblait pas au mieux de sa forme et, se donnant des airs compatissants, la jeune femme en profita pour amorcer le dialogue.