Harry ne savait plus vraiment quoi penser de sa situation. A chaque fois qu'il croisait Gwen dans le lycée, à chaque fois qu'il passait un peu de temps en sa compagnie, il avait le sentiment de prendre de gros risque. Son père avait eu le don de lui causer du trouble, d'insérer une idée idiote dans son esprit. Il n'allait pas pour autant renoncer aux moments qu'il pouvait passer avec sa meilleure amie, mais à chaque fois l'ombre de son père planait au-dessus de sa tête. Il n'arrivait pas à comprendre comment il avait pu en arriver là, comment son père avait pu à ce point considérer Gwen comme une menace. Ce n'était pas le cas pourtant, Harry savait bien que c'était déjà perdu d'avance avec elle. Il allait juste passer sa vie à avoir des sentiments non partagés et sans doute se plonger dans le travail pour oublier, ce qui était complètement dans l'intérêt de son géniteur, comme il le faisait maintenant. Il avait passé des heures à la bibliothèque à bosser ses cours. Il était tellement plongé dedans qu'il n'avait même pas vu l'heure. Il n'avait pas fait attention quand les différentes lumières de l'endroit s'étaient allumé afin de compenser la perte de lumière du soleil. Il n'avait rien vu de tout cela et se trouverait sans doute encore plongé dans ses bouquins si une femme n'était pas venue le sortir de ses pensées en lui rappelant que l'heure de fermeture approchait grandement. Ce fut à ce moment-là qu'Harry se rendit compte qu'il était si tard. Il se mit donc à ranger ses affaires et se diriger vers la sortie. Quand il attrapa son portable, il vit qu'il avait reçu plusieurs appels de son chauffeur. L'homme avait dû s'inquiéter de ne pas avoir d'appel de sa part. Il avait dû s'inquiéter bien plus que Norman Osborn d'ailleurs, qui n'avait sans doute même pas remarqué son absence. Cela ne l'étonnerait même pas, on ne pouvait pas dire que son père était un exemple de bonne conduite paternel, loin de là. Ce fut donc encore une fois en pestant contre son géniteur qu'il appela son chauffeur pour qu'il vienne le chercher.
Harry Osborn ne prenait jamais les transports en communs, tout au pire il lui arrivait parfois de faire appel à des taxis mais réellement en derniers recours. En même temps, il avait un chauffeur à sa disposition alors autant en profiter. En plus, il se sentait réellement proche de l'homme. Clairement, il avait bien plus tendance à se confier à lui qu'à son géniteur. En même temps, il avait tendance à se confier à n'importe qui plus qu'à Norman. Enfin, il l'aimait bien donc. Il n'attendit pas bien longtemps devant la bibliothèque, emmitoufle dans son manteau, avant que la voiture n'arrive. Il entra directement, heureux de pouvoir se réchauffer. Il échangea quelques mots avec son chauffeur avant que ce dernier ne démarre la voiture en direction de la maison Osborn. Harry se laissa aller à ses pensées, ne faisant pas réellement attention à la route. Ce n'était pas son métier après tout. Cependant, quand à un moment, son chauffeur s'arrêta, il tourna son regard vers le parebrise. Un gros conteneur se trouvait dans le passage.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? » Demanda le jeune homme, se demandant si c'était normal ou non, même s'il se doutait un peu de la réponse. « Je ne sais pas Monsieur. »
A peine l'homme avait terminé de parler qu'Harry sursauta en entendant un grand coup sur l'une des portières. Un type avec une cagoule venait de donner un coup de batte dans la voiture et ses intentions ne semblaient pas très amicales. Le jeune homme sentit son coeur commencer à battre à tout allure, il n'aimait vraiment pas ça. D'autres hommes arrivèrent et donnèrent également des coups dans la voiture.
« Je peux vous demander d'appeler la police Monsieur ? »
Sans perdre plus de temps, Harry attrapa son téléphone en composant le numéro de police secours. Mais il n'allait pas avoir le temps de passer cet appel.
Everybody is special. Everybody. Everybody is a hero, a lover, a fool, a villain. Everybody. Everybody has their story to tell. (alan moore)codage by razorblade kiss.
Un plan débile. Voir plus que débile. Non, en fait, ce n'était même pas un plan. Juste une idée subite qui allait forcément lui retomber sur la tronche. Plus tard, Gabriel allait fort probablement se demander ce qui lui avait pris de faire ça. Lui, il ne s'occupait que de sa pomme. Et de ceux qui en avait réellement besoin. Pas des gosses de riches qui allaient - oh malheur - se faire dérober quelques billets alors qu'ils en avaient plein d'autres. Et qui allaient accessoirement se faire un peu secouer, avoir quelques bleus ... Ce n'était pas son problème, et pourtant, en voyant la voiture s'arrêter au beau milieu de la route, dans un quartier où seuls les gens comme lui, et d'autres pires que lui, fréquentaient la nuit, Gabriel n'avait pas pu s'empêcher d'y prêter attention, au lieu de passer son chemin. Il lui fallait trouver un endroit où dormir, ce qui était beaucoup plus important à ses yeux que ceux qui allaient subir une attaque.
Le pickpocket observa les types cagoulés se défouler sur la voiture de luxe. Tôt ou tard, ils allaient réussir à briser une vitre et s'emparer des occupants. Un reflet métallique attira son attention. Ça c'était moins bien. Une arme à feu. Ce n'était qu'une question de temps avant que l'agresseur la possédant perde patience et décide de s'en servir. Ça faisait bien plus de dégâts qu'une simple batte en bois. Bref, ce fut à ce moment que l'idée complètement stupide d'intervenir, lui, sans arme, germa dans son esprit. Pas le temps de tergiverser encore plus, le voleur s'élança, profitant de l'obscurité pour s'approcher le plus près possible. Lorsque la faible lumière d'un lampadaire éclaira son visage, c'était trop tard pour celui qui portait l'arme et qui l'avait finalement sorti. Sans réfléchir, Gabriel lui saisit le bras et aussitôt, l'homme à la cagoule hurla de douleur, ressentant la glace s'infiltrer par les pores de sa peau. Ça ne devait pas faire du bien. Le bras partiellement gelé, l'individu tomba au sol en le secouant, comme pour faire partir le froid mordant et douloureux qui s'était emparé de lui.
Une ouverture. Gabriel n'en demandait pas plus. Gelant rapidement une partie de la portière, il parvint à l'ouvrir et tomba face à face avec l'adolescent qui était à l'arrière. Pas le temps de parler, les autres allaient leur tomber rapidement dessus. Le pickpocket empoigna violemment l'avant-bras du richard inconnu et l'extirpa sans aucun ménagement de la bagnole. Le chauffeur ne risquait pas grand chose à part quelques bleus. Ce n'était pas lui qui était pleins aux as et pouvait valoir beaucoup. L'alien vit brièvement que l'adolescent avait un portable entre les mains, mais ils n'avaient pas le temps d'appeler les secours. Les autres hommes étaient presque sur eux.
Cours ! cria-t-il, le poussant dans le dos pour le faire avancer et s'engouffrer dans une ruelle. Les bruits de pas derrière eux leur firent savoir qu'ils étaient poursuivis. Et merde ! Toujours derrière lui pour ne pas qu'il ralentisse, Gabriel le contourna alors, lui empoignant à nouveau la manche de sa veste pour le faire bifurquer dans une autre direction. Par ici ! Malheureusement, ils étaient deux. Et eux étaient beaucoup plus. Ils allaient forcément finir par les rattraper. Profitant d'être hors de vue, Gabriel tira toujours avec sa délicatesse légendaire le richard entre deux bennes à ordures. Il agrippa partiellement ce qui semblait être une vieille toile pour éviter d'être vus. Aucune idée si ça allait fonctionner. Les premiers bruits de pas lui confirmèrent que oui. Du moins, jusqu'ici. Gabriel tourna alors les yeux vers l'inconnu, espérant vraiment qu'il n'avait pas échappé son téléphone durant la course poursuite.
Harry avait son téléphone à l’oreille, il venait de composer le numéro de téléphone de police secourt et attendait qu’on lui réponde. Les malfrats dehors continuaient de frapper dans la voiture et il ne savait pas combien de temps cela allait durer. Le chauffeur semblait être serein, mais ce n’était pas pour autant que la situation était bonne. Harry sursauté à chaque coup porté sur le véhicule. Quelqu’un décrocha au téléphone, après seulement deux secondes de sonnerie qui avaient paru tellement plus longue à l’héritier d’Oscorp. Harry commença à raconter rapidement sa situation avant de voir la portière de sa voiture (enfin celle de son père) se glacer. Par surprise, il laissa son bras tomber et donc le téléphone s’éloigner de son oreille. La femme au bout du fil tenta plusieurs fois de lui parler de nouveau, l’appelant pour obtenir les dernières informations pour envoyer une patrouille, mais il ne répondit pas. Il fut encore plus surpris quand il vit quelqu’un ouvrir la porte. Il connaissait les personnes dotées de pouvoir, il lisait la presse, mais il ne s’attendait pas à en tomber sur un. Un qui attrapa en plus son bras. Sur le coup, Harry tenta de se défendre en pensant que cette personne n’était autre qu’un membre du gang qui s’en prenait à lui, mais il ne put rien pour l’empêcher de sortir de la voiture. Mais quand l’inconnu le poussa dans le dos, lui ordonnant de courir, Harry dut se rendre à l’évidence qu’il ne lui voulait pas de mal. Alors il se mit à courir, encore et encore. De toute sa vie, le jeune homme ne se rappelait pas s’il avait déjà couru aussi vite. La peur aidait clairement son corps à se surpasser. Il suivait le chemin que l’homme lui indiquer en tirant violemment sur sa manche. Alors qu’en temps normal, Harry aurait détesté de tel geste, il ne disait rien aujourd’hui. Parce que clairement, il était en train de lui sauver la vie. Au final, Harry se retrouvait toujours en compagnie de l’inconnu de glace entre deux bennes à ordures. Il avait la respiration courte et avait l’impression que ses poumons étaient sur le point d’exploser.
« Merci… » Dit-il entre deux grandes respirations silencieuses, il avait peur que les hommes l’entendent et les trouve. Cela serait dommage puisqu’ils semblaient bien cachés pour le moment. « J’ai… j’ai perdu mon téléphone. »
Dit-il soudainement en baissant son regard vers sa main. Il avait dû le lâcher quand il était en train de courir, sans s’en rendre compte en plus. Harry s’en voulait clairement, non pas parce qu’il tenait à son téléphone (son père avait assez d’argent pour lui en acheter un autre), mais parce qu’ils auraient pu en avoir besoin. Cette situation était juste complètement merdique, le jeune Osborn ne savait vraiment pas comment il allait pouvoir s’en sortir. Et encore, il avait la chance de pouvoir obtenir de l’aide de l’inconnu. Il ne savait pas ce qu’il en était pour son chauffeur, Harry espérait que ce dernier n’allait pas avoir d’ennuit.
Everybody is special. Everybody. Everybody is a hero, a lover, a fool, a villain. Everybody. Everybody has their story to tell. (alan moore)codage by razorblade kiss.
Ses yeux suivirent en même temps le regard du jeune riche et vit lui aussi que le téléphone avait disparu. De mieux en mieux. Poussant un soupir exaspéré, Gabriel jeta un coup d’œil dans les environs, par sécurité. Rien à signaler. C’était bon signe … pour le moment. Les brutes allaient finir par comprendre qu’ils s’étaient cachés et reviendront sur leurs pas pour les découvrir, là, sans moyen de contacter de l’aide. Soit. Ils allaient devoir se débrouiller … ou le pickpocket pouvait très bien le laisser planter là. L’idée lui effleura l’esprit alors qu’il le dévisageait, pensif. Ce n’était pas lui qui intéressait ces brutes. Lui pourrait filer. Et puis, il avait su dès le départ que ce n’était pas une bonne idée, qu’il allait le regretter. Il n’avait aucune obligation envers l’inconnu, d’ailleurs, Gabriel considérait n’avoir d’obligation qu’envers lui-même. Donc pas sûr qu’il ressente un quelconque remord en le laissant là. Ou peut-être que si …
Le pickpocket poussa une exclamation frustrée, détournant les yeux. Autant ne plus y penser, et faire quelque chose. S’assurant une nouvelle fois que pour l’instant les voleurs n’étaient plus dans les parages, Gabriel sortit de leur cachette, laissant le soin au richard de faire de même. Ils pourraient retourner à la voiture, mais la petite bande ne devait pas être si idiote. Il devait rester quelqu’un. Ou encore ça serait le premier endroit où les brutes retourneraient en se rendant compte qu’ils ne les poursuivaient plus. Et en vue du quartier où ils se retrouvaient coincés, les flics allaient mettre un temps à arriver. Tournant la tête dans la direction de l’inconnu, il maugréa :
« Tu n’aurais pas un plan de secours n’est-ce-pas ? »
Pas vraiment une question en fait … Le téléphone s’était fait la mal, et le pickpocket, qui vivait la plupart du temps dans la rue, n’était pas du genre à posséder ce genre de chose. Du moins, ce n’était pas dans ses priorités pour l’instant. L’alien balaya les alentours du regard. Il connaissait ces rues comme sa poche. Peut-être qu’il pourrait les mener quelque part où l’adolescent serait en sécurité et pourrait appeler qui il voulait. Mais il ne se sentait pas de faire face à tous ces mecs, qui devaient certainement être en train de quadriller le secteur. Le jeune homme connaissait trop bien ce milieu pour savoir qu’une bonne affaire, on ne la lâchait pas comme ça.
hj : je tiens sincèrement à m'excuser du temps que j'ai pris pour cette réponse :s
Harry se sentait complètement perdu, il n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire. Il se trouvait caché dans une ruelle avec un type qu'il ne connaissait pas du tout, espérant que les brutes épaisses n'allaient pas revenir. Le jeune homme regrettait amèrement de ne pas avoir décidé de rentrer plus tôt chez lui, d'avoir voulu éviter son père. Il aurait mieux fait de rentrer directement après les cours, au lieu de s'attarder à la bibliothèque, il n'aurait pas ces ennuis. Et il n'aurait pas entraîné ce parfait inconnu avec lui, dans ses ennuis. Osborn devait bien avouer qu'il était très reconnaissant que le jeune homme l'aide. Il n'avait aucune raison de le faire normalement, il n'avait aucune raison de s'attirer les foudres de cette bande. Après tous, ils semblaient en vouloir à l'argent de l'héritier. Et pourtant, le jeune homme se retrouvait caché avec lui et il voulait l'aider. Harry devait bien avouer qu'il n'était pas vraiment habitué à ce genre d'attention de la part des autres. Sans doute parce qu'il avait des œillères sur les yeux et qu'il ne voyait pas ce qui se passait réellement autour de lui, mais il avait le sentiment d'être un mal aimé parce qu'il était le fils de Norman Osborn, un fils de riche. Evidemment, le jeune homme se faisait surtout des idées, comme toujours.
Son camarade de fortune sorti de leur cachette. Harry hésita une seconde avant de faire de même. Il n'avait aucune idée de la manière qu'il fallait agir, il ne savait vraiment pas ce qu'ils devaient faire. En prime, le jeune homme avait même perdu son téléphone. Ils ne pouvaient donc prévenir personne, ils n'avaient pas moyen de contacter la police. Pour le coup, le jeune Osborn craignait complètement. Il s'en voulait sincèrement, mais ils ne pouvaient pas vraiment rebrousser chemin pour tenter de le retrouver. Surtout qu'un des membres de la bande l'avait sans doute retrouvé et ramassé au passage. Il y avait peu de chance qu'ils retrouvent le téléphone donc et l'inconnu ne semblait pas en avoir non plus. Soit, ils étaient donc dans un vrai merdier.
« Heu... non. »
Répondit Harry d'une voix tremblante, il n'était vraiment pas fait pour ce genre de chose. Le jeune homme, malgré la dureté de l'éducation de son père, avait grandi dans une cage dorée. Il ne savait rien de la vie dans la rue, il ne savait pas se battre (il était un gringalet en plus), il ne voyait pas comment il allait pouvoir s'en sortir dans cette histoire. Et le pire, c'était que son esprit n'arrêtait pas de se tourner vers son père, comme si le jeune homme espérait que la solution vienne de lui. S'il avait encore son téléphone, il aurait pu le contacter. Non, Harry n'avait aucune envie de faire appel à son géniteur.
« Faut que je retourne à la voiture, mon chauffeur doit y être encore ! Et il a un téléphone ! »
Pour le coup, Harry n'avait pas du tout le même raisonnement que Gabriel, il ne se douta pas que ce n'était pas une bonne solution de se rendre à la voiture. D'ailleurs, il n'attendit pas une réaction de la part de son camarade de fortune pour prendre déjà la direction, de rebrousser chemin. Son regard ne pouvait pas s'empêcher de balayer le sol, espérant pouvoir tomber sur son téléphone.