La mission est relativement simple : infiltration aussi discrète que possible (ce qui dans notre cas, ne sera pas un problème) et récupération d’informations sur une organisation que le SHIELD a dans son viseur depuis quelques jours. Un potentiel producteur d’armes de destruction massive, pense Hill. C’est à nous de le découvrir. Me voilà avec Clint dans une rue annexe au bâtiment que nous devons infiltrer et je me tourne vers mon partenaire. « Je te propose qu’on passe par le garage au rez-de-chaussée et qu’on grimpe à partir de là. Soit les bouches d’aération, soit un ascenseur de service peut-être, s’ils ont. Coulson n’a pas eu le temps de me trouver les plans exacts du bâtiment, nous allons devoir nous débrouiller. » Mais ça non plus ça n’a jamais été un souci avant.

C’est loin d’être ma première mission avec Clint et je suis contente de l’avoir retrouvé. Avec toutes les missions solo que nous avons chacun eu de notre côté récemment, c’est vraiment la première fois que nous nous retrouvons sur le terrain tous les deux. Je vérifie que mes armes à feu fonctionnent bien dans l’ombre d’une ruelle pour que le reste du monde ne nous voie pas. Nous sommes déjà limité par la présence de ce bâtiment en ville, certes, nous ne sommes pas au centre-ville et en cas de grabuge, il n’y a pas des masses de citoyens non plus qui arpentent les rues à cette heure-là, mais je préfère de loin aller attaquer des entrepôts en pleine cambrousse plutôt qu’en ville. Je vérifie ensuite que les Morsures de Veuve sur mes poignets sont chargés et que mon oreillette fonctionne au cas où Clint et moi soyons séparés. « Parce que je t’avoue que je n’ai pas spécialement envie de passer par la porte d’entrée et de me faire une couverture, je n’ai pas les vêtements pour ça. » Même si les couvertures c’est l’une de mes spécialités. Je suis habillée en civile pour une fois, avec un long manteau noir m’allant jusqu’aux genoux pour ne pas attirer l’attention. Pas de catsuit cette fois-ci.

Nous sommes aussi complètement seuls pour cette mission-là. De nouveau, ce n’est pas dérangeant, on l’a déjà fait avant et Clint et moi avons déjà eu de nombreuses missions durant lesquelles nous n’avions pas de plan B et aucun renfort ne pouvait venir. D’ailleurs, nous ne portons pas les insignes du SHIELD, nos armes ne sont pas traçables, si nous nous faisons prendre, à moins que quelqu’un nous reconnaisse, nous ne sommes pas avec le SHIELD. Fury veut que ça reste discret et je peux le comprends, c’est pour ça qu’il a fait appel à nous. « Alors, qu’est-ce que tu en penses Hotshot ? »

Il m’est difficile de comparer mes missions avec Clint avec celles que j’ai avec d’autres agents ou bien avec des Avengers, vu que je fais partie de ce groupe-là aussi maintenant. Mais je ne peux nier que notre complicité joue beaucoup, si ce n’est sur la réussite de la mission, c’est sur la façon dont cette dernière se déroule. Je sais qu’avec Clint je peux être moi-même et c’est un grand avantage en mission que de connaître quelqu’un aussi bien que je le connais. Clint approuve mon plan et nous entrons dans le garage en toute discrétion, tels les deux agents que nous sommes, rodés par des dizaines de missions communes. Je vérifie le système de sécurité pendant que Clint tire ses flèches, vérifiant aussi nos sorties et m’assurant que nous aurons une échappatoire si nous décidons de sortir par le garage. Connaître le terrain est l’une des choses que je considère comme étant la plus importante en mission, ça, et savoir assurer ses arrières. Clint ouvre la porte vers l’escalier de service alors qu’il me pose sa question et je souris.

« Comme d’habitude, tu sais. Missions, missions et encore missions. Un rendez-vous par-ci, une mission sous couverture par-là. » J’hausse les épaules. Je pourrais aussi lui parler de mon chat et d’un certain quelqu’un de qui je me suis grandement rapprochée récemment, mais un bruit de voiture nous en empêche. Clint réagit au quart de tour et je ne mets pas plus de temps, immédiatement tournée vers la porte menant au garage. La meilleure solution serait de sortir de l’escalier de service et de se cacher sous une autre voiture pour espionner la conversation de peu importe qui vient d’arriver. Mais nous n’avons pas le temps et je risque de détruire notre couverture, car ils vont me voir si je sors de l’escalier de service maintenant. Par contre, nous risquons de nous retrouver coincés si ces personnes décident d’emprunter le même escalier que nous. Dans tous les cas, notre discrétion ne tient qu’à un fil.

Optant pour la deuxième solution, je me plaque contre le mur près de la porte menant au garage, une main sur l’un de mes pistolets, l’autre chargeant déjà la Morsure de Veuve à mon poignet gauche, juste au cas où nous soyons repérés.

Inspire, expire, exécute. C’est le genre de choses dont, malheureusement, je me souviens encore parfois, alors que cela fait des années que je suis sortie de la Chambre Rouge et que je ne travaille plus pour le KGB. Il est temps de passer à l’action, c’est pour cela que nous sommes venus après tout, Clint et moi. Et nous avons suffisamment travaillé ensemble afin de savoir que l’autre ne va pas foutre en l’air la mission en le faisant exprès. En ce qui concerne les accidents, cela arrive à tout le monde, Budapest en est la preuve, nous sommes tous humains après tout, agents spéciaux ou non.

Je hoche la tête pour signifier à Clint que j’ai compris, rangeant rapidement mon pistolet. De toute manière, ce geste est tellement poli par l’usage que je ne perdrais qu’un quart de seconde à sortir de nouveau mon arme. Activant aussi mes Morsures de Veuve sur l’autre bras, j’attends, accroupie, que la porte s’ouvre tandis que Clint disparait dans le haut de la cage d’escalier, arc à la main. Je souris en voyant sa petite corde, bien pensé.

L’instant d’après, une fois que les bruits de pas sont tout proches, la porte s’ouvre et le premier homme se prend les pieds dans la corde. Je me lance et l’accompagne dans sa chute, d’une part afin de pouvoir augmenter la violence de son impact avec mon poids en plus, espérant ainsi l’assommer purement et simplement, d’autre part pour pouvoir donner un coup de pied à l’homme se trouvant à ses côtés. Et effectivement, le premier tombe lourdement, sa tête heurtant la première marche de l’escalier avec un craquement sinistre tandis que le deuxième homme est propulsé vers l’arrière, mon pied l’ayant directement cueillit sous le menton.

Je ne sais pourtant pas si ce coup fut suffisant et l’a rayé de la liste, car l’instant d’après, les trois autres hommes sont sur moi. Le premier essaie d’attraper mon bras, cravate volant sous la veste ouverte de son costume. Ils n’ont pas encore sorti leurs armes et c’est mieux pour eux, car ce serait signer leur arrêt de mort. De plus, s’ils sortent les leurs, je sors la mienne. Je parviens à électrocuter l’homme qui me tient avant que les deux derniers n’entrent dans la cage d’escalier, l’un ayant déjà son téléphone à la main.