Je ne sais combien de temps exactement s’est écoulé depuis que je me trouve dans cet état. Plus d’une journée, c’est certain, mais je ne pense pas qu’un cycle lunaire entier se soit écoulé. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je suis perdue dans ma propre tête, noyée sous le raz-de-marée de mes pensées qui m’empêchent de penser correctement. L’instinct de survie a prit le dessus, mon côté animal allant se cacher pour survivre, pour laisser le temps soigner mes blessures afin que ce jour ne soit pas mon dernier. Je ne me souviens que de peu de choses après le combat. Une fois que je me suis rendue compte que j’ai échoué. J’ai échoué à arrêter Loki, à le vaincre en combat singulier, à le ramener sur Asgard. Odin aurait honte de moi. Lady Sif aurait honte de moi. Les Valkyries auraient honte de moi. Tout ce dont je me souviens après le combat, c’est cette impression de vide et d’échec cuisant qui ne me quitte pas depuis ce moment-là. Je ne sais pas ce qu’est devenu Loki et le peu de lucidité qui me reste pense qu’il est lui aussi parti soigner ses blessures. Certains pourraient considérer notre combat comme un ex aequo. Pour moi, j’ai perdu.
Je me souviens m’être envolée après le combat, essayant de m’éloigner le plus possible, fuyant cet endroit maudit. Je ne pensais plus rationnellement à ce moment-là et je ne sais pas dans quelle direction je suis allée. Mais j’ai fini par sentir une odeur familière. Sans parvenir pourtant à me souvenir qui ou quoi sent comme ça, j’ai décidé de la suivre, car le seul sentiment qui s’en dégage est une impression de confiance. Je n’ai pourtant pas réussi à voler très longtemps à cause de la blessure dans mon aile gauche qui m’a valut une chute en piquée. L’atterrissage brutal sur ma jambe droite m’a valut une cheville de cassée et un sabot de fendu. Et ça, ça fait vraiment mal. La légère blessure que j’ai au cou n’est rien et a presque guéri toute seule, après tout, Loki ne faisait que me menacer, s’il avait voulu me tuer, il n’aurait pas hésité. Rien que cette pensée me fait arrêter et vomir dans les buissons de honte.
Je ne sais exactement où je me trouve à part que je suis entourée d’arbres tous les uns plus grands que les autres. J’ai partiellement réussi à cautériser la blessure de mon aile, mais pas celle de ma cuisse, à cause de l’infection, cela n’aurait pas fait grand-chose. Ma vision commence à me jouer des tours, pourtant je continue de clopiner en direction de l’odeur, mon esprit ayant depuis longtemps laissé place à l’autopilote. Ma tête de serpent est tout aussi vidée de ses forces que moi, car elle pend sur le sol derrière moi, la langue pendante et les yeux révulsés. Mes ailes touchent presque le sol avec la façon dont mes épaules sont avachies et je risque de tomber à genoux si je continue à me rapprocher progressivement du sol. Les arbres se font alors plus rares, laissant apparaître une clairière et des silhouettes au loin. Je ne me rends pas compte que ce que je prends pour un immense rocher est en fait un vaisseau spatial et que les silhouettes noires ne me sont pas inconnues. L’odeur devient plus forte, mais tout comme mes autres sens, celui-là commence à m’abandonner aussi. Je parviens à traverser la moitié de la clairière en direction des silhouettes avant de tomber à genoux en tremblant, mes mains étant la seule chose qui parvient à empêcher ma tête de s’écraser sur le sol. « J’ai échoué » je souffle, mon regard perdu quelque part devant moi alors que je ne perçois pas les silhouettes qui se rapprochent.
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Dernière édition par Aleksandrya Dyr le Ven 13 Avr - 18:35, édité 1 fois
près les déconvenues (et le terme était manifestement bien trop faible pour qualifier précisément ce qu'ils avaient vécu) que les gardiens de la galaxie avaient rencontré depuis leur arrivée sur Terre, on aurait pu supposer qu'après le décollage du Milano, le glorieux équipage de bras cassés n'y remettrait pas les pieds de sitôt. Et pourtant, ils étaient là, et Peter considérait que c'était à juste titre. Certes, ils avaient sauvé Groot, et il était hors de question de le mettre à danger de nouveau (ni n'importe lequel d'entre eux), mais la mission de sauvetage dont les gardiens s'étaient acquittés lui avait laissé un goût d'inachevé. Sans doute parce que ceux qui avaient enlevé le colosse végétal avaient certes été trompés mais pas vaincus. Et c'était peut-être leur devoir que d'y remédier. D'autant qu'il devait sans doute bien ça à Pietro, également... Ca, c'était la raison indéniable et très officielle, qui en dissimulait peut-être une autre que Peter n'avait partagée avec personne, peut-être parce que pour cela, il faudrait déjà qu'il accepte de l'admettre pour lui-même. Depuis qu'il avait remis les pieds sur Terre, et en dépit de l'indifférence dont il avait su se convaincre, il ressentait le besoin de revenir sur les lieux de son enfance... ce qu'il n'avait pas encore fait. Parce qu'il en ressentait le besoin sans être sûr d'y être vraiment prêt.
Bref, ils se trouvaient à l'heure actuelle sur Terre, et, fait miraculeux, Peter s'affairait au nettoyage de son vaisseau. Ce n'était pas du luxe, le Milano en avait clairement besoin, mais Peter trouvait toujours de bonnes excuses pour remettre ça à plus tard (sauver le monde, tout ça...). Enfin, il fallait bien en passer par là de temps en temps. Même s'il fut finalement interrompu dans sa tâche quand il vit paraître une silhouette familière... et claudicante. C'était Aleksandrya. Et une Aleksandrya en bien piteux état, manifestement. Peter se précipita dans sa direction... Il crut distinguer un "J'ai échoué" qui en disait long... Et pas assez en même temps. Il le savait, elle le lui avait dit lors de leur dernière rencontre, elle cherchait Loki, elle devait le ramener à Asgard. De toute évidence, elle n'y avait pas réussi.
-Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-il alors sans trop savoir de quelle manière réagir, même si le plus urgent semblait de lui apporter les soins nécessaires. Dans la mesure du possible.
Toujours à genoux, je ne me rends pas compte de la présence de Peter à mes côtés. Mon regard est perdu dans le vide et aucune pensée cohérente ne semble réussir à se frayer un chemin à travers mon instinct animal qui a monté des murs au sein de mon esprit. Vide. Tout est vide. Tout est vain. Il n’y a que ça. « J’ai échoué » je répète, incapable de penser à autre chose, à cet échec cuisant. Comme si mon âme en était brisée. Je ne sais combien de temps s’écoule ainsi, mais au bout d’un moment, la douleur provenant de mes différentes blessures est trop importante pour être ignorée et je lâche un petit rugissement en grimaçant, portant la main à ma cuisse et le regrettant immédiatement en sentant l’infection pulser sous ma paume. Ma main est rouge lorsque je la porte de nouveau sur le sol, cette fois-ci pour me relever, mais ma cheville cassée proteste et je ne me lève que d’une dizaine de centimètres avant que mes bras ne lâchent aussi, me faisant méchamment mordre la poussière.
Malheureusement, ce n’est pas assez pour que ma conscience m’abandonne et je reste éveillée, toujours présente, mais en même temps absente. Le côté de mon visage reste enfoncé dans la terre et je ne suis absolument pas consciente de la réaction de Peter à mes côtés, je ne sais même pas qu’il est là et que c’est lui. Tout est vide. Tout a perdu ses couleurs. « J’ai échoué… » ma voix devient de plus en plus faible et pourtant, ce n’est toujours pas assez pour me faire tomber dans l’inconscience. Et à ce niveau-là, je le mérite sans doute de souffrir autant, c’est ma punition pour avoir échoué. « Les Valkyries ont honte de moi. J’ai failli à ma mission. Je n’ai pas réussi à arrêter le Seigneur Loki et je ne suis pas morte glorieusement comme j’aurai du. » Et le dire à voix haute est encore pire, car cela ne fait que rendre ma situation encore plus réelle, encore plus frustrante, encore plus pitoyable.
Et pourtant, malgré la honte, malgré la douleur de mes blessures, je suis incapable de pleurer. Je replie mes ailes sur mon dos comme pour me cacher, la tête de serpent au bout de ma queue ne bougeant toujours pas, assommée par les récents évènements et vidée de son énergie. Je n’ai plus la force de bouger, encore moins maintenant que j’ai perdu plus de sang. Ma vision me joue des tours, j’ai l’impression que des silhouettes se rapprochent, qu’une fois il n’y a qu’une seule silhouette, mais que l’instant d’après, elles sont deux, trois, quatre, qu’elles fusionnent pour se séparer quelques secondes plus tard. Et je ferme les yeux pour éviter d’avoir le tournis à cause d’elle. Je devrais leur dire de s’en aller, mais je n’ai plus la force, même plus la force de grogner et tout ce qui sort de ma gorge est le cri lamentable d’un lionceau qui n’a pas encore appris à rugir.
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i Peter avait dû ne pas comprendre la première fois que la chimère avait essuyé un cuisant échec (comme si l'état où elle se trouvait ne parlait pas de lui-même, déjà), l'entendre le répéter inlassablement aurait achevé de le lui mettre dans le crâne. Peter non plus ne supportait pas l'échec, mais en attendant, il était toujours d'avis que se morfondre ne servait à rien, et il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'Aleksandrya avait dû essuyer une sacrée humiliation pour en être à ce niveau d'autoflagellation. Avant de littéralement s'effondrer... à bout de force et de douleur, manifestement. C'était décontenançant de la voir ainsi. Le jeune homme la connaissait plutôt pour être une battante, une vraie guerrière dans l'âme, et là, la vision qu'elle donnait d'elle était aux antipodes. Mais bon, en même temps, dans l'état où elle se trouvait, on ne pouvait pas exclure non plus le fait qu'elle soit juste en plein délire. Non mais il fallait l'entendre, aussi. Bon, il le savait, en tant que guerrière asgardienne, elle n'avait pas les mêmes préceptes et principes que lui (en même temps, Peter avait très peu de principes de son côté, alors forcément...), mais bon, elle n'allait quand même pas se lamenter d'être encore en vie. Aux dernières nouvelles, c'était quand même mieux d'être en vie que mort (cette maxime hautement philosophique vous a été servie par Peter Quill, c'est cadeau).
-Euh... ouais, bah t'en fais pas, tu mourras glorieusement une autre fois, je suis sûr, dit-il alors qui savait que la situation ne prêtait pas franchement à rire, mais considérait que dérider son interlocutrice ne serait pas du luxe. Encore faudrait-il qu'elle y parvienne. Déjà que quand elle ne ressassait pas un cuisant échec et n'agonisait pas à moitié, elle n'était pas forcément cliente de ses traits d'humour, il se doutait que ça n'allait pas s'arranger maintenant. Ou alors, là, vraiment, elle était sérieusement en plein délire. En attendant, faut qu'on soigne ça... Appuie-toi sur moi. Tu arriveras à te relever ?
La conduire jusqu'au Milano était la priorité. La mener au vaisseau, puis la soigner. Enfin, limiter les dégâts, plutôt, parce que les compétences en médecine de Peter restaient limitées, mais bon, ils feraient avec les moyens du bord. L'avantage, quand on était plus ou moins à la tête d'une équipe de bras cassés et qu'on en était un soi-même, c'est qu'on finissait par acquérir un minimum de compétences en termes de soin... et le matos nécessaire, aussi.
J’aurai pu rester ainsi, couchée par terre, la joue se confondant de plus en plus avec la terre, si Peter n’avait pas sorti l’une de ses phrases qui ne font en général aucun sens pour moi, mais qui font tellement parti de son style à lui, que ce serait étonnant qu’il réagisse autrement à la situation. Et, si en temps normal, je l’ignore, mettant cette étrangeté sur la différence entre nos races, coutumes et élevages, cette fois-ci, c’est comme si mon esprit venait de se prendre un uppercut. J’ouvre soudainement les yeux, mes pupilles dorés brillant comme jamais et grogne. « Comment oses-tu rire de cela ? » Rire de mes principes, de mes valeurs, de ma culture et de ma mentalité. Une petite partie de moi n’est pas surprise, car je connais Peter et ses habitudes étranges. Une autre partie de moi réclame vengeance pour cet affront et je sens le feu de la combativité renaître en moi, même un tout petit peu. Je grogne de nouveau et parvient à me hisser sur mes genoux, bien qu’avec difficulté. « Je devrais t’arracher la langue pour un affront pareil, mais… » D’une part je ne suis pas en état et d’autre part, je peux lui pardonner un petit dérapage de ce genre, car il a raison. J’ai survécu à cette épreuve pour combattre un autre jour. Et si j’avais abandonné au moindre petit obstacle, je n’aurai pas sept siècles d’âge, après tout.
Maintenant que mon esprit est plus clair, j’arrive à voir la silhouette de Peter avec clarté et il ne me semble pas différent de la dernière fois que je l’ai croisé. « Oui, je pense pouvoir y arriver, mais je te préviens, ma masse corporelle surpasse sans doute la tienne. » Si l’on compte, la queue, les ailes et ma morphologie en général, je ne pense pas être très loin de la vérité. Je grimace en relevant ma jambe gauche en premier, la blessure sur ma cuisse pulsant plus que jamais et manquant de me plonger dans l’inconscience. Mais j’attrape l’épaule de Peter, parvenant ainsi à ne pas tomber tout en essayant de ne pas mettre l’intégralité de mon poids sur lui, ne connaissant pas exactement la force dont il est capable de faire preuve. Du peu que j’ai vu des Midgardiens, ces derniers m’ont semblés fragiles.
Mais tout doucement, j’arrive à me mettre debout. Certes, je n’arrive pas à me redresser jusqu’à atteindre ma véritable taille, mais c’est déjà mieux que rien. Et cela devrait être suffisant pour pouvoir me déplacer jusqu’à son vaisseau, qui s’avère ne pas être un grand rocher, au final. Avec mon sabot fendu et ma cheville cassée, marcher sur ma jambe gauche va être difficile, mais peut-être qu’avec Peter cela ne sera pas impossible. « Nous pouvons y aller… »
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accord, d'accord, Peter voulait bien admettre que le moment était malvenu d'y aller de ses blagounettes, et qu'elles n'étaient pas particulièrement drôles qui plus est, mais en même temps, c'était la manière qu'il avait de fonctionner... et que dire d'autre, au passage ? Il n'allait quand même pas abonder dans son sens et affirmer qu'elle aurait mieux fait de mourir. Elle avait échoué certes, et l'échec, ce n'était jamais agréable, il était le dernier à penser que ça puisse l'être, mais ce n'était pas une raison pour se laisser abattre... au sens propre du terme. Il ne savait pas exactement quel sort lui réserverait les Asgardiens, mais pour sa part, il préférait largement l'aider. Et après, si elle voulait, elle pourrait repartir à l'assaut de Loki ou de qui elle voudrait et tenter de tuer ou mourir avec honneur... Il n'y pouvait rien, de tels principes le dépassaient. Non pas qu'il ne serait pas capable de sacrifice, même de donner sa vie pour certaines choses (pour certaines personnes, surtout), mais ce n'était pas pareil. Là, son sacrifice n'aurait profité à personne puisque Loki courait toujours dans la nature.
Enfin bon, pas le temps de débattre, il accusait les reproches et les accusations d'Aleksandrya sans broncher. Pas la peine d'entrer dans son jeu non plus, ça ne rendrait service à personne, y compris à elle. Déjà, elle acceptait qu'il la conduise au vaisseau, autant dire que c'était un progrès en soi. Bon, honnêtement, quand elle parla de sa masse corporelle qui excédait la sienne, une certaine réplique lui brûla les lèvres, mais il prit sur lui. Bon, quand elle prit effectivement appui sur lui, il dut bien admettre qu'elle pesait son poids (ça aussi, il le garda pour lui - comme quoi, il pouvait faire des efforts, de temps en temps... En même temps, il tenait à sa langue, il n'avait pas très envie qu'on la lui arrache), mais ils parvinrent tout de même à progresser jusqu'au Milano, Peter lui servant de béquille. Il fut relayé à mi-chemin par ses camarades, et on installa Aleksandrya de manière à pouvoir la soigner le plus efficacement. Peter revint avec ce qu'il put de matériel médical.
-Qu'est-ce qui s'est passé exactement ? se hasarda-t-il à demander en consultant sa cheville brisée.
Le chemin jusqu’au vaisseau de Peter est particulièrement long et hasardeux, mais nous finissons par y arriver sans que je ne sombre dans l’inconscience. Plusieurs de ses camarades viennent nous aider et je suis ravie de les revoir tous, indépendamment de mes affinités avec les uns ou les autres. On m’installe dans ce qui semble être l’endroit principal du vaisseau, ce qui est le plus simple vu l’envergure de mes ailes. Les autres Gardiens viennent m’aider à m’installer avant de retourner à leurs occupations et peu importe ce qu’ils faisaient avant mon arrivée. Je m’en suis point fâchée, après tout, une seule personne suffit pour apporter les soins rudimentaires dont j’aurais besoin et je ne voudrais point les empêcher de s’occuper de leur vaisseau.
Lorsque Peter me demande enfin ce qui s’est passé, je ne sais vraiment où commencer. Je le vois observer ma cheville brisée, le sabot de chèvre fendu en plus de morceaux qu’il ne le faudrait. « La majorité de mes blessures devraient se soigner naturellement et avec un peu de temps. Elles ne nécessiteront que des soins basiques. Mais l’infection sur ma cuisse, c’est une autre histoire… » Je grimace en essayant de soulever ma jambe, cette dernière retombant lourdement sur le sol métallique du vaisseau avec un clonk bien audible. Je devrais majoritairement me guérir toute seule, tant que je ne bouge pas trop et que je n’aggrave pas mes blessures. « Si tu dois utiliser de l’eau, par contre, je t’en prie, utilise le strict minimum. » D’une part, parce que c’est ma plus grande faiblesse et d’autre part, car j’en suis effrayée, malheureusement. C’est l’une des rares choses qui peut me tuer sur cette terre ou une autre.
« J’ai trouvé le Seigneur Loki et je lui ai lancé un duel » je lance, entrant directement dans le vif du sujet, ne voyant pas l’intérêt de passer par des subterfuges. « Nous avons combattu et il m’a infligé toutes les blessures que tu vois, sauf le sabot puisqu’il s’est brisé par la suite. Le combat était majoritairement égal, feu contre glace, mais il a réussit à être plus rapide ou plus malin, je ne sais vraiment. Il a réussi à placer une lame sur ma gorge, tenant ma vie entre ses mains et, par instinct, j’ai capitulé. » Je baisse la tête, mes cheveux sales venant cacher en partie mon visage assombri par la honte. « Il a aussi reçu diverses blessures et n’est pas resté pour m’achever. Après cela, je me suis envolée, mais à cause de la blessure dans mon aile, je n’ai pas réussi à vraiment m’éloigner et je me suis crashée. D’où le sabot fendu, puisque c’est sur lui que je suis retombée. La tête de serpent s’est évanouie à cause de l’absence d’énergie, elle devrait se réveiller quand je me serai un peu reposée. » Je soupire. « Voilà ce qui s’est passé. Je suis fière de dire que j’ai réussi suffisamment blesser le Seigneur Loki pour qu’il sonne la retraite, néanmoins, ce n’était pas suffisant pour accomplir ma mission. »
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eter aurait préféré qu'Aleksandrya se laisse soigner sans rien dire, ou du moins sans lui adresser la moindre recommandation, mais en même temps, il pouvait bien comprendre sa manière de faire, d'autant qu'on pouvait dire que Peter ne soignait pas des chimères tous les quatre matins, et ils voulaient bien admettre que leur façon de fonctionner, leur organisme, tout simplement, était bien différent. Il allait donc faire selon ses recommandations, alors qu'il faisait au mieux pour soulager ses blessures dans la mesure de ses compétences.
Pendant ce temps, l'Asgardienne lui fit le récit de son duel échevelé contre Loki. Elle avait eu beau s'être présentée comme terriblement humiliée précédemment, quand il l'avait trouvée en pleine lamentation, déplorant de ne pas être morte au combat, il lui semblait assez évident à présent qu'elle n'avait pas démérité le moins du monde et que le combat s'était presque fait à armes égales. Ce qui n'était pas rien, compte tenu de l'homme (du dieu) qui lui avait fait face. Bon, en même temps, si elle devait avoir été incapable d'avoir le dessus sur lui, on ne lui aurait sans doute pas demandé de le ramener à Asgard pour commencer, mais tout de même, ça voulait tout dire. Ce qui est sûr, c'est que Peter, en ce qui le concernait, préférait avoir Aleksandrya de son côté que contre lui (même si ça ne l'avait pas du tout empêché de la chambrer un peu tout à l'heure - en même temps, on ne se refait pas, ça n'avait rien d'insultant à ses yeux). Et donc, il avait bien l'intention de l'aider et de l'encourager plutôt que de l'enfoncer. Il n'était pas un mauvais bougre. Pas avec les personnes qui ne le méritaient pas, tout du moins. Et en dépit de leurs difficultés de compréhension mutuelle, elle ne le méritait en effet pas. Tout comme elle ne méritait pas de se retrouver dans cet état.
-Alors tu n'as pas vraiment échoué, constata-t-il simplement en poursuivant de la soigner. Tu sais ce qu'on dit, ce n'est pas parce qu'on perd une bataille qu'on perd la guerre. Ouais, il deviendrait presque philosophe (ou pas) en y mettant un peu du sien. Mais en même temps, il avait bien compris qu'elle avait besoin d'être motivée plutôt que chambrée. Tu n'auras qu'à prendre ta revanche une fois remise sur pieds.
Peter est l’une de ces personnes qui parviennent toujours à me surprendre. J’ai beau avoir sept siècles d’existence, je sais que je suis loin d’avoir tout vu, tout expérimenté et Peter en est la preuve vivante. Lui qui est d’habitude si jouasse et qui m’a plus d’une fois donné l’impression de ne pouvoir rien prendre au sérieux sait tout de même se montrer responsable. Peut-être est-ce dû à la présence des autres membres de son équipe et des différentes responsabilités qui découlent de son statut de chef. Et en plus d’être capable d’arrêter de plaisanter cinq minutes, il sait aussi faire preuve d’une certaine philosophie, d’une façon particulièrement intéressante de voir le monde. Et je suis ravie de découvrir cette nouvelle facette de sa personnalité, malgré la gravité des circonstances.
Sa comparaison militaire me tire un sourire et pour la première fois depuis mon arrivée, je parviens à relâcher un peu la tension de mes muscles. « Tu ne sais pas à quel point tu as raison. Un guerrier n’arrête jamais vraiment de combattre. » Surtout une Chimère, vu notre résistance supérieure à la moyenne et à notre longévité. Sans oublier le fait que même au Valhalla, nous continuons de combattre avec nos ancêtres, nos camarades tombés sur le champ de bataille ainsi que nos divinités. C’est du moins ce qui est transmis chez les miens depuis des lustres, car je ne suis jamais encore allée au Valhalla moi-même pour vérifier ces dires.
Je me tais par la suite, observant le travail de Peter et appréciant le fait qu’il a pris ma demande de limiter l’eau au sérieux. Ce n’est pas évident tous les jours d’éviter ce fluide qui est tout de même omniprésent sur la plupart des mondes de l’univers. « Tu as ma gratitude la plus profonde. » Pour tout, mais je n’ai pas besoin de l’ajouter. Il a réussi à soigner autant que possibles mes blessures, même celle sur ma cuisse qui est la seule qui me lance encore vraiment. Et je sais déjà que les jours qui vont suivre seront loin d’être les plus joyeux de mon existence, puisque je ne pourrais ni voler, ni marcher, ni faire… quoi que ce soit en fait. Juste me reposer et attendre que mes plaies se referment suffisamment pour pouvoir m’entraîner de nouveau. Chasser un peu ne serait pas du luxe, car cela me permettrait notamment de me remettre en forme et de renouer un peu avec mes traditions ancestrales que j’ai négligées au profit de mon service dans l’armée d’Odin. Ce qui me fait penser que je n’ai aucun moyen de prévenir Asgard de mon échec. En soit, cela me laisserait le temps de retrouver Loki et de l’affronter de nouveau, peut-être qu’Asgard ne devrait pas être au courant de mon premier échec. Mais ce serait mentir et je ne suis pas à l’aise avec cette idée.
« Connais-tu un endroit où je pourrais attendre que mes plaies se referment ? Car je ne voudrais pas vous encombrez davantage. » Je replie un peu mes ailes, vérifiant que les bandages tiennent toujours. « Je ne sais comment je pourrais te repayer, Peter. Je te dois ma vie. Si un jour, tu requiers mes services, n’hésite pas, je viendrais. » C’est l’unique façon dont je pourrais le repayer qui me vient à l’esprit actuellement, mais peut-être que le Midgardien (quoi que, est-il vraiment un Midgardien ? Je n’ai jamais vu de Midgardiens ailleurs que sur Midgard) a une idée sur comment je pourrais le repayer.
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n guerrier ne cesse jamais de combattre, dit-elle. Et elle avait raison. Au fond, et même si Peter considérait qu'il ne serait sans doute jamais à même de comprendre totalement son interlocutrice, il pouvait reconnaître que, par certains aspects, ils se ressemblaient tout de même un peu. Peter aussi était un guerrier... à sa manière bien à lui, c'est vrai... mais au fond, au vu des récents événements qui avaient ponctué son existence et de ceux qui continueraient de la ponctuer, il était assez certain que pour lui, le combat ne cesserait jamais non plus pour lui. Peter esquissa un léger sourire quand Aleksandrya lui exprima sa gratitude. C'était apprécié, même si peut-être un peu excessif. Il s'était contenté de l'aider comme il aiderait n'importe qui. Enfin... presque n'importe qui quand même, disons, n'importe quelle personne qu'il considérait digne de son aide (donc il y avait quand même un certain nombre de personnes qui ne correspondaient pas à ses critères).
Elle lui demanda ensuite s'il ne connaîtrait pas un endroit où elle aurait le loisir d'attendre que ses plaies guérissent. Il était évident qu'il lui faudrait un temps avant d'être remise sur pied, et ce temps de convalescence était un temps où elle ne pourrait pas combattre, prendre sa vengeance sur Loki et accomplir la mission qu'on lui avait confiée. Elle avait besoin d'un asile le temps de s'en remettre... Mais Peter n'avait pas vraiment de suggestion à lui faire. La Terre était son berceau, mais ce n'était pas pour autant qu'il en connaissait tous les lieux d'accueil... En fait, il n'en connaissait aucun, et encore moins pour une Asgardienne en pleine rémission.
-Je m'en souviendrais, affirma Peter dans un léger sourire quand Aleksandrya affirma qu'elle lui était redevable et lui apporterait son aide si elle le pouvait. Il pouvait bien répliquer que ce n'était pas nécessaire, mais en même temps, quand elle ne se faisait pas coiffer au poteau et quand elle n'était pas battue, avoir une chimère combattive à ses côtés, ce pouvait ne pas être une mauvaise idée. J'ai pas vraiment d'endroit à te conseiller. Tu peux toujours rester ici, si tu veux... enfin, si tu arrives à convaincre les autres.
Je ne suis en rien agacée ou bien gênée de promettre à Peter de lui apporter mon aide s’il la requiert un jour, car, c’est peut-être osé ou naïf de le dire, mais les Chimères possèdent un sens poussé de l’honneur. Bien que nous ayons recourt à la ruse en combat, ce ne sera jamais un coup bas. Et oui, il est parfois difficile de faire la différence, de nombreux débats ont déjà eu lieu à ce sujet chez les miens, ce qui a nécessité la mise en place de certaines règles. Cela n’aide pas que tous les conflits, quels qu’ils soient, sont réglés par le combat chez les miens. Nous n’avons pas vraiment de notion de propriété privée, partageant majoritairement tout, que ce soit le terrain du clan ou encore les ressources communes. Bien entendu, il y a des exceptions, comme celle de la chasse. Le chasseur ayant abattu la proie est celui qui décide de ce qui lui arrive, s’il souhaite la garder, la partager ou la donner. Le problème vient lorsque ce n’est pas clair qui exactement a porté le coup final, qui a porté le plus de coup, faisant ainsi le plus gros du travail. C’est pourquoi les chasseurs évitent en général de chasser la même proie s’ils sont en groupe ou bien règlent ce conflit par un combat. Il est aussi interdit d’achever un adversaire, mon peuple n’est pas suffisamment important pour que l’on puisse se permettre de s’entretuer, nous serions éteint rapidement sinon. Tout comme il est interdit de continuer le combat lorsqu’un adversaire déclare forfait ou ne peut plus physiquement combattre. Les coups paralysants à vie ou autres sont aussi interdits.
Tout cela pour dire que les Chimères ont un grand sens de l’honneur et ne reviennent jamais sur leurs promesses, car cela reviendrait à s’attirer le déshonneur et l’interdiction de rejoindre le Walhalla lors de notre mort. Donc je ne plaisante pas que je viendrais vraiment si Peter a besoin de mes services. Pour quoi que ce soit.
Ayant donc obtenu indirectement son accord et je considère Peter comme étant le chef de son clan à lui, je m’en vais néanmoins trouver ses compagnons, clopinant comme je le peux afin de ne pas aggraver mes blessures, maintenant qu’elles sont soignées. Essayant aussi de limiter le déploiement de mes ailes au strict minimum qui me permettrait de garder mon équilibre. Ma tête de serpent continue de traîner sur le sol néanmoins, mais ce n’est pas la première fois que cela arrive (et ce ne sera sans doute pas la dernière), c’est pourquoi je la glisse sur mon épaule, comme si je transportais un grand tas de cordes. Je parviens à trouver ses compagnons à divers endroits du vaisseau et Gamora ne semble avoir aucun souci avec ma présence prolongée à bord. Drax semble plutôt content de pouvoir profiter de la compagnie d’un autre guerrier et me fait promettre d’avoir une longue conversation avec lui plus tard dans la soirée à propos de la valeur de mes griffes contre ses lames. Rocket grogne, mais accepte lorsque Groot me lance un de ses fameux sourires avant de me faire comprendre qu’il apprécie ma compagnie. Je suis d’ailleurs étonnée d’apprendre qu’il fut absent un moment et ses péripéties au sein de la Confrérie sont particulièrement intéressantes, dignes d’un véritable récit épic.
Pour prendre le moins de place possible, je retourne dehors, m’asseyant près de la rampe du vaisseau, observant les couleurs de ce dernier et me rendant compte qu’un côté semble plus brillant que l’autre, comme s’il avait été nettoyé ou remis à neuf.
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Jeu 12 Avr - 18:10
Je ne sais combien de temps exactement s’est écoulé depuis que je me trouve dans cet état. Plus d’une journée, c’est certain, mais je ne pense pas qu’un cycle lunaire entier se soit écoulé. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je suis perdue dans ma propre tête, noyée sous le raz-de-marée de mes pensées qui m’empêchent de penser correctement. L’instinct de survie a prit le dessus, mon côté animal allant se cacher pour survivre, pour laisser le temps soigner mes blessures afin que ce jour ne soit pas mon dernier. Je ne me souviens que de peu de choses après le combat. Une fois que je me suis rendue compte que j’ai échoué. J’ai échoué à arrêter Loki, à le vaincre en combat singulier, à le ramener sur Asgard. Odin aurait honte de moi. Lady Sif aurait honte de moi. Les Valkyries auraient honte de moi. Tout ce dont je me souviens après le combat, c’est cette impression de vide et d’échec cuisant qui ne me quitte pas depuis ce moment-là. Je ne sais pas ce qu’est devenu Loki et le peu de lucidité qui me reste pense qu’il est lui aussi parti soigner ses blessures. Certains pourraient considérer notre combat comme un ex aequo. Pour moi, j’ai perdu.
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