S

on petit séjour en prison aurait certainement dû la calmer, mais il n'en était rien, bien au contraire. Ce n'était pas parce que des barreaux l'avaient maintenu captive quelques jours qu'elle devait abandonner pour de bon ses idéaux, et surtout qui elle était. Marcus serait furieux une fois de plus, mais après tout, son avis n'avait plus véritablement d'importance, désormais (ou si, un peu, mais la demoiselle parvenait à faire semblant du contraire), si elle n'avait pas ses expédition punitives, si elle ne pouvait pas s'investir à cent pour cent dans ses activités de justicière, alors il ne lui restait plus rien... ou si, il lui restait Dave, mais il faisait partie du lot, après tout. La demoiselle était tout simplement incapable de mener une vie bien rangée. Quand elle voyait le mal, c'était instinctif, il fallait qu'elle le combatte et qu'elle l'élimine, son père l'avait élevée et éduquée dans ce but, elle n'avait jamais connu d'autre manière de faire, et toutes ses tentatives afin d'entrer dans les rangs s'étaient soldées par de cuisants échecs, elle n'avait plus envie d'essayer à présent. Elle était au clair avec qui elle était vraiment, avec ce qu'étaient ses aspirations, et avec ce qu'elle attendait de la vie, elle ne compter pas procéder à elle ne savait quelle introspection barbante, se remettre en question parce qu'elle avait eu affaire à la justice et que les conséquences avaient été terribles. Elle avait réussi à s'évader. Et si la situation devait se produire une nouvelle fois, alors elle s'évaderait de nouveau, un point c'est tout. En attendant, elle avait une justice à rétablir, celle-là même que ces satanés flics, s'ils ne déployaient pas tant d'énergie à mettre derrière les barreaux des personnes comme elle, qui luttaient pour le plus grand bien, pourraient peut-être rétablir.

C'était l'avantage d'avoir passé quelques jours à l'ombre, auprès de ses camarades de cellule, elle avait appris quelques informations qu'elle avait eu l'intention d'utiliser dès lors qu'elles étaient parvenues jusqu'à ses oreilles, déjà mue par la certitude qu'elle sortirait de là, et qu'elle s'en sortirait indemne, plus que jamais décidée de combattre. Elle avait ainsi eu connaissance de l'emplacement exact du quartier général d'une organisation criminelle, qui baignait jusqu'au coude dans les délits en tous genre. À éliminer d'urgence, bref. Elle s'était laissée une semaine après son évasion pour mettre son plan en place. Cette fois, elle agirait seule. Elle avait parfaitement confiance en Kick-Ass et en ses capacités, mais après l'affaire qui aurait pu lui coûter, lui, d'être démasquée, elle sélectionnait minutieusement les missions auxquelles il participait ensemble. Là, son attaque se ferait à l'aveuglette, elle ne savait pas exactement le nombre des ennemis, ni exactement leur capacité à combattre ou à se défendre. Trop hasardeux, donc. Alors cette nuit-là, vêtue de pied en cap de son costume de Hit-Girl, elle s'était mise en route seule. Le quartier général était un entrepôt, assez similaire à celui où elle-même s'était établie. Elle força l'entrée, et eut une fraction de secondes pour analyser la situation. Ils étaient une dizaine. Tous armés. Pas une tâche facile, mais c'était faisable.

-On bouge plus, bande de connards, s'annonça-t-elle en pointant ses deux flingues dans leur direction.

Évidemment, ils n'allaient pas obéir.

code by Mandy

U

ne nuit des plus calmes au grand damne de John qui devait bien l'avouer commençait a vraiment s'ennuyer ferme au beau milieu de cet endroit miteux. Sa lame venait à se planter dans un rythme machinal, tailladant la table face à lui sur laquelle il s'était installé, tuant le temps. Avec une barbe de plusieurs jours à demi-masquée sous un foulard en treillis accompagné d'une crinière d'ébène dissimulant des lunettes de soleil, il se présentait sous sa tenue de mercenaire, doté d'un pantalon et d'un gilet militaire sur un débardeur, qui laissait ses gros bras musclés à la vue de tous. Son job nocturne consistait à attendre le reste du troupeau pour voler des cargaisons de produits chimiques. Une affaire semblable aux milliers d'autres qu'il ait deja pu faire. Outre de porter l'avantage de lui permettre d'arrondir grassement sa modeste paie d'ouvrier de chantier, il considérait cela davantage comme un passe temps plus qu'autre chose. Cependant, ce besoin d'action tant convoitée sembla se muer peu à peu en une forme de frustration que l'attente et ses 10 compagnons du moment ne faisaient qu'accentuer. Une compagnie des plus incertaines, chose menue courante dans ce genre de milieu. Point trop n'en fallut pour laisser John s'écarter de la chaise et prendre la direction de la porte de service.

« Hey Tallon, ou est ce que tu te barres ? le patron va se pointer d'un instant à l'autre. »

« Il n'a qu'à se pointer à l'heure au lieu de nous faire poiroter. J'en ai marre de rester la, je sors pisser un coup, si tu tiens vraiment à le savoir. Et si tu veux venir me la tenir n'hésites surtout pas ... »

Ce gars là était un fieffé trou de balle, du genre que John n'arrivait absolument pas à encadrer, chose, en fait, pas si rare dans le milieu. Un lécheur de cul, lâche comme pas deux et doubler d'un prétentieux jouant les caïds. ça vous fait un super tableau du gaillard. Arès lui aurait bien coller quelques marrons pour lui remettre les idées en place, mais ça n'aurait certainement pas plu à son client. Aussi se contenta il de prendre son mal en patience.

Toujours fut il que l'air frais du dehors lui permis de passer outre. En se laissant aller à son affaire, il était loin d'imaginer qu'une autre personne, dans l'ombre de la nuit, s'était frayée un chemin jusqu'au repère. En se jetant la tête la première, elle déboula par la porte principale ses deux flingues pointés vers les truands, avec une bonne pique d'ouverture. elle fut cependant bien accueillie en retour.

« Mais qui voila ? Alors gamine on est venu pour faire joujoux ? Je vais te montrer comment je joue à la poupée moi ... »

Il sortit un flingue pour mettre en joug la jeune héroïne.

« Mais avant je vais t’apprendre à danser, Hehe ... Les gars, ne me l'abimez pas trop, je la veux vivante. »

Puis il fit partir le premier coup en tirant à ses pieds pour la forcer à se mouvoir. Cependant, la jeune intruse à la coiffe pourpre ne semblait pas se laisser faire pour autant. S'en suivi, un échange de coups pendant quelques instants. A quelques mètre de là, pendant, ce temps au dehors, alors qu'Arès s'était soulagé et en avait profité pour changer d'air, il vint rapidement à se rendre compte de tout ce tapage qu'il venait de s'orchestrer à l'intérieur. Revenant au sein de l’entrepôt, il examina brièvement la situation, pour finir par gueuler.

« Hey ! Il suffit que je m'absente quelques minutes pour que ça soit le bordel ici ?! »

Sa voix sonna puissante et féroce comme un cor de guerre, faisant écho dans l'immense salle et immobilisant l'attention générale. De la hauteur du rebord, son regard de marbre plongea pour croiser celui de l'intruse. ce dernier ne semblait porter le moindre jugement ou apriori vis à vis d'elle, il resta stoïque dans la curiosité du moment, observateur de la physionomie de la toute jeune femme. Elle put cependant discerner un subtile sourire apparaitre sur ses lèvres.

« Tallon !! descends et arrêtes moi cette gamine au lieu de rester là, à ne rien faire !!! »

Comme toute réponse, il sortit de l'une de ces poches un cigare qu'il porta à ses lèvres. Puis tout en s'accoudant sur rebord de l'étage, d'un son de briquet il en alluma l'embout et y tira une longue latte qui laissa place à un épais nuage de fumé.

« Ca, c'est pas mon job, c'est le tiens, bleu bite. Dis moi pas que t'aurais peur d'une petite justicière en costume, quand même ? »

Il se mit alors à rire, fier de cette réplique à la con. Un rire si gras qu'il résonnait à en marteler presque la tête. Il n'en fallut pas moins pour énerver le gars qui se mit à gueuler à ses sbires de reprendre le combat. Il était certain qu'Arès allait savourer ce spectacle qui venait tout bonnement d'illuminer sa soirée, ou du moins ... pour le moment ...

code by Karas modifié de Mandy

E

n dépit du sous-nombre évident (ce qui n'était pas difficile, quand on faisait le choix de combattre seul contre... qu'importe le nombre), Hit-Girl ne se laissa pas démonter quand plusieurs armes furent braquées contre elle. Se battre seule contre tout un groupe de malfrat, elle l'avait déjà fait, et à plus d'une reprise. Ça n'allait pas lui faire peur ou l'effrayer, pas plus que leurs flingues de tapettes supposées la dissuader de faire feu. Ils avaient, de toute manière, commis une erreur claire et nette, qu'ils devraient payer, inévitablement, de leurs vies. Personne ne devait la traiter de gamine, elle n'en était pas une, elle n'en avait jamais été une... Ceci dit, c'était son point fort, et dont elle pouvait encore jouer un peu, ayant cette chance de faire plus jeune que son âge (qui restait jeune malgré tout), on ne se méfiait pas d'elle... au début, tout du moins. Ces connards devaient penser pouvoir achever cette gamine en deux temps trois mouvements, pour la renvoyer "jouer à la poupée", comme ils disaient. Pas de bol pour eux, des poupées, elle en avait jamais eu, sauf celles grandeur nature qui lui servaient à s'entraîner à mettre ces dérouillées qu'elle allait octroyer à présent à ces être de chair et d'os. Petite, c'était plutôt avec ses canifs et ses armes à feu. L'homme qui affirmait la vouloir vivante (qu'ils aillent se faire foutre, d'ailleurs, ils ne l'auraient pas du tout) commença à tirer dans sa direction, pour la faire danser, comme il disait. elle esquiva les balle avec cette agilité que lui avait enseignée son père, et elle riposta aussitôt, assénant des coups de pieds, tirant quelques balles. Certains se laissaient tuer avec une aisance absurde, d'autres lui donnaient plus de fil à retordre, mais elle ne perdait pas l'avantage pour autant.

Elle ne s'interrompit qu'une fraction de secondes, de même que ses adversaires, quand une voix puissante résonna dans l'espace. Mindy leva les yeux en direction de la provenance de la voix. Son regard croisa un instant le sien, et Hit-Girl ne su si cet homme allait être celui dont il faudrait se défier le plus ou tout l'inverse. Contrairement à tous ceux (encore vivants) qui la cernaient, lui ne semblait pas décidé à agir. Il observait juste. Ce mec avait beau être, apparemment et techniquement, un subordonné, si l'on se fiait aux propos du type qu'elle prendrait le plus de plaisir à refroidir, il avait l'air de ne rien en avoir à foutre, se contentant de fumer son cigare dans la plus parfaite des nonchalance. Soit ce type, bien que baraqué, n'était jamais qu'une lopette avec une grande gueule, soit il avait quelque chose derrière la tête. Elle pensait en avoir rapidement le coeur net, dans tous les cas. Dans tous les cas, son attitude arriverait presque à agacer notre mini justicière. Mais pas le temps d'y penser, il fallait déjà qu'elle mette à mal tous ceux qui se trouvaient sur son chemin direct. Le combat dura plusieurs longues minutes. Des hommes à terre, tous n'avaient pas encore rendu leur dernier souffle, et notamment celui qui semblait être le petit chef de cette organisation criminelle, et qu'elle  finit par avoir à grands renforts de coups de poings dans la mâchoire. Il était juste assommé, mais elle lui règlerait son compte ensuite. Pour le moment, elle était surtout intrigué par ce type qui s'était contenté de jouer les spectateurs, et pour lequel elle avait finalement décidée de cultiver un à priori négatif... "Une petite justicière en costume"... et puis quoi encore ? Il s'était vu, lui, peut-être ? Et puis son rire, là, était particulièrement agaçant. Quand elle en eut fini avec ses ennemis, elle le rejoignit donc à son niveau, son flingue visant l'espace entre ses deux yeux.

-J'espère que tu t'es bien rincé l'oeil, parce que je vais te l'exploser.

code by Mandy