Le soleil n'était pas encore levé quand Charles ouvrit les yeux. Il ne dormait pas beaucoup, quelque heure à peine. Il n'avait pas besoin de beaucoup plus pour se reposer. Chez lui, c'était surtout l'esprit qui avait besoin de faire une pause et non son corps. En même temps, il demandait tellement peu à son corps. Nul doute que s'il était plus athlétique, s'il marchait tout simplement, il aurait besoin de plus de sommeil. Mais ce n'était pas le cas, le vieil homme était coincé dans son fauteuil roulant. Heureusement cependant qu'il parvenait aisément à s'en sortir seul dans ses tâches quotidiennes et qu'il n'avait besoin de personne pour se lever, se vêtir ou même aller prendre son petit déjeuné. Déjà qu'il se sentait particulièrement réduit, ça l'ennuierait de ne pas être capable de se débrouiller un peu par lui-même. L'homme, une fois toutes ces basses besognes réalisées, décida de se rendre dans la salle du Cérébro. Ces derniers temps, il avait eu le loisir de faire de nouvelles connaissances. Il y avait cette jeune mutante Emma, aux airs perdus. Il y avait Shade également, un autre mutant. Il avait tenté de leur prouver que l'institut était un bon endroit pour eux, il n'en démordrait pas. Il considérait réellement que l'école était un endroit sain pour tous les mutants, il espérait donc qu'ils en fassent partit prochainement. Mais il n'y avait pas eu que ces mutants dans les rencontres qu'il y avait faits, mais également des personnes venues d'autres planètes. Avant, Charles n'avait jamais eu la chance de rencontrer des extra-terrestres. Ces deux rencontres étaient très opposées, mais aussi intéressante l'une que l'autre. Le Professeur X espérait donc pouvoir bientôt les recroiser.
En attendant, l'homme sonda un peu le monde avec la machine qu'il utilisait régulièrement. Il suivait à la trace plusieurs mutants jusqu'au moment où il prendrait la décision d'aller les voirs. Jusqu'au jour où il sentirait que c'était le bon moment Pour l'instant, ce n'était le cas pour personne. Charles n'était pas déçu, il était la patience incarnée et n'avait aucun mal à attendre. Après plusieurs heures dans sa salle spéciale, il sortit donc. Le soleil avait fini par se lever et l'homme pouvait sentit les mouvements des élèves dans son école. Les cours n'allaient sans doute pas tarder à commencer. Bientôt il allait donc se rendre dans son bureau afin de faire sa part d'enseignement. Mais il avait encore un peu de temps et il vit Scott approcher.
« Bonjour Scott. » Dit-il de sa voix habituelle, chaleureuse et calme. « Comment vas-tu aujourd'hui ? »
Cela faisait des années que les deux hommes se connaissaient, Charles avaient eu le loisir de voir Scott devenir l'homme qu'il était aujourd'hui. Même s'il ne l'exprimait jamais, le Professeur était fier de son ancienne élève. Il se doutait que tous ne devait pas être simple pour lui ces derniers temps, surtout avec Jean qui semblait plus perturbée que jamais. Mais il avait confiance en Cyclope, il savait qu'il serait toujours à la hauteur des obstacles. C'était bien pour cette raison qu'il le laissait librement prendre les commandes en son absence.
Scott s’était levé tôt ce matin. Hier soir, il avait encore eu une dispute avec Jean, qui le trouvait bien trop protecteur. Mais il fallait le comprendre, ce machin-chose appelé Phoenix qui pouvait se réveiller à tout instant et faire de gros dégâts lui faisait peur. Peur pour elle, peur pour lui et pour les autres. Ce machin pouvait les tuer mais Jean continuait de lui dire qu’elle maitrise la situation et qu’elle a du mal à supporter le fait qu’il soit trop protecteur avec elle. Il ne lui donnera pas tort au contraire, car dans le fond, il sait qu’il l’est. Alors après une énième dispute avec Jean hier soir, une partie de la nuit à essayer de dormir, il avait décidé de se lever et de s’occuper. Personne ne devait voir qu’il s’inquiétait, même s’il connaissait une personne à qui il ne pourrait pas le cacher et loin de là : le professeur. Et puis, il y a aussi les x-men, les élèves et les nouveaux qui viennent d’arriver et qui comptent sur lui. Il doit donc être à la hauteur.
Le meilleur moyen qu’il a trouvé est de s’occuper. Il a commencé sa matinée en salle d’entrainement, histoire de se défouler et d’évacuer ce trop-plein de stress qui le rongeait, même s’il ne voulait pas l’avouer. Il s’en sortit bien, comme à son habitude et après deux trois combats, il se changea et partit s’occuper de sa moto, qui pour une fois était là ! Il n’était jamais sûr de la trouver car Logan ne se gênait pas pour lui emprunter sans lui en demander la permission. Ah celui-là, qu’est-ce qu’il l’énerve. Et essayer de se rapprocher de Jean l’énerve encore plus. Mais s’il dit quelque chose, il va encore passer pour le jaloux et le lourd de service. Alors il reste à l’écart comme à sa grande habitude et se concentre sur l’école et les mutants. Après avoir astiqué son engin et fait quelques raccordements, il partit faire un jogging, rentra se changer à nouveau et regarda les cours qu’il avait aujourd’hui : la journée d’école n’allait pas tarder à débuter. Alors qu’il était plongé dans l’emploi du temps, réfléchissant en même temps à ce qu’il allait enseigner, une voix très familière le coupa de sa réflexion.
« Bonjour Scott. » Dit-il de sa voix habituelle, chaleureuse et calme. « Comment vas-tu aujourd'hui ? »
« Bonjour professeur. »
La question qui tue. Il sait pourtant qu’il ne pourra rien lui cacher et préfère opter par la vérité, comme il l’a toujours fait.
« Je dois avouer que le moral n’est pas au beau fixe aujourd’hui. Je suis sincèrement inquiet pour Jean. »
Charles ne s’était pas étonné de voir Scott dans les couloirs du QG des X-men, il y venait souvent comme lui après tout. Le jeune homme était comme son bras droit, même s’il laissait quand même rarement complètement les rennes de ce qu’il avait construit. Scott avait cependant entièrement sa confiance, ils se connaissaient depuis assez longtemps pour cela. Le mutant avait rencontré le jeune homme quand il n’était encore qu’un enfant, alors qu’il l’avait suivi en pensée comme de nombreux autres personnes. Il l’avait vu évoluer et devenir l’homme qu’il était aujourd’hui. Cela lui faisait donc plaisir de le croiser ainsi et de pouvoir discuter un peu avec lui. Leurs obligations ne leur permettaient pas vraiment de se voir facilement. Le Professeur X n’avait pas réellement besoin de poser des questions à son ancien élève pour savoir les réponses, mais il aimait discuter et il se doutait bien que Scott avait besoin de parler. Charles sentait le trouble en lui, il voyait bien que quelque chose n’allait pas. Et il savait parfaitement ce que c’était. Le vieil homme fit un signe de la tête, avant de pousser le bouton de son fauteuil et d’avancer dans le couloir.
« Je comprends. Tu t’es encore disputé avec elle ? » Il n’attendait pas réellement de réponse de sa part, il la connaissait après tout. Les deux jeunes gens passaient énormément de temps à se disputer ces derniers temps, parce que Scott s’inquiétait pour la femme qu’il aimait. Il était normal qu’il soit inquiet d’ailleurs, lui était également inquiet. « Je le suis également, je dois t’avouer. » Sa voix était d’un coup bien plus sombre, parce qu’il exprimait une crainte comme jamais il ne l’avait fait encore. Cependant, il savait bien que Scott avait besoin d’entendre ce qu’il avait sur le cœur. « Je m’inquiète énormément pour elle, elle semble de moins en moins stable. »
Le vieil homme ne pensait pas nécessaire de préciser qu’il pensait évidemment à ce réveil brutal que Jean avait eu et où le jeune homme était venu le chercher. Charles avait, comme d’habitude, réussit à calmer la jeune femme, mais ce n’était pas pour autant que les choses allaient mieux. Il savait bien que les barrières qu’il avait installées dans l’esprit de la mutante étaient fragiles, qu’elles pouvaient bien se briser à force. Ce qui risquait d’ailleurs d’arriver, mais le Professeur ne voulait pas se montrer à ce point défaitiste. Les sentiments de la jeune femme étaient troubles en plus, cela ne l’aidait pas à rester sereine. Charles avait bien décelé dans son esprit ses doutes concernant sa relation avec Scott et ce qu’elle pouvait ressentir pour Logan. Mais ce n’était pas à lui de l’apprendre à Scott.
« Elle va avoir besoin d’encore plus de soutient, même si elle ne semble pas le désirer. Parfois… il faut savoir pousser un peu les gens. »
C’était un peu la spécialité de Charles, il ne demandait pas toujours l’avis des autres avant d’agir. Comme pour ces barrières dans l’esprit de Jean, il l’avait fait de son propre chef. Mais c’était pour son bien, il pensait agir justement.
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Jeu 13 Nov - 11:34
