Si le comportement d'Isaac n'est pas entièrement à imputer à son éducation, il est tout de même important de noter que le garçon était un enfant roi. Ses parents avaient eu toutes les difficultés du monde à devenir des parents, et il était arrivé dans leur vie comme un petit miracle. Et c'était un miracle qu'ils avaient gâté, choyé, entouré, couvé. Très tôt, oui, Isaac s'était laissé convaincre du fait que le monde lui appartenait et qu'il pourrait obtenir absolument tout ce qu'il voulait, sans la moindre restriction. Il n'avait jamais vraiment déchanté.

A son entrée dans l'adolescence, Isaac comprit qu'il était différent. Il mit du temps à comprendre qu'il n'avait pas un talent inné pour mettre les autres dans sa poche, mais qu'il avait le pouvoir d'aiguiser chez ses interlocuteurs un désir terrible, puissant, obsessionnel s'il insistait un peu. Il était capable de séduire qui il voulait, autant les adultes que les adolescents de son âge, peu importe leurs inclinations et leur sexe. Et il en abusa... à l'âge où les hormones vous travaillent, difficile de résister à l'appel d'un tel pouvoir. Et il l'utilisa, oui, pour séduire sa première petite amie, alors qu'il avait quatorze ans (car si Isaac est convaincue de très bien savoir séduire sans ses pouvoirs, il ne voit pas pourquoi il se passerait de ce dont la nature l'a doté). Et c'est alors qu'ils échangeaient leur premier baiser qu'il découvrit son autre pouvoir. Un baiser sur les lèvres de la part d'Isaac, et vous mourrez sur l'heure. Et c'est un pouvoir qu'il ne contrôle toujours pas à ce jour, auquel il ne peut rien faire.

Bouleversé par le décès de sa petite amie, il se voit, avec un profond sentiment d'injustice, être envoyé en maison de redressement, éloigné de ses parents. Il y passe des mois absolument horribles, qu'il compense en abusant de ses pouvoirs afin de mettre tous ses camarades et instructeurs à ses genoux. Malgré tout, c'est une libération pour lui quand il est abordé par le professeur Xavier, qui lui propose de rejoindre son institut. Pourtant, il comprend très vite que les règles de l'institut pour jeune mutant ne lui conviendront pas. Isaac a besoin d'être libre, et de faire comme bon lui semble. Alors il décide de partir, sans prévenir, et de vivre... à sa manière.

Il vivote par la suite. Il commence par vendre ses charmes, et finit par rencontrer les bonnes personnes. Il s'engage dans une carrière de tueur à gages. Pas très glorieux ? Il n'a pas de scrupules. Au contraire, ce choix de carrière l'accomplit vraiment. Disposer de la vie d'autrui à sa guise lui procure un sentiment jouissif, et ses crimes, il les érige au rang d'art. Un travail de séduction achevé en apothéose par un baiser mortel.

Il devait arriver la même chose à sa nouvelle cible, l'héritière Bathory. Elle s'était laissée séduire, comme tous les autres (personne n'y échappait), mais il n'avait pas pu aller jusqu'au bout. Son protecteur, celui qui était vraiment visé par le meurtre anticipé de Bathory, David Styles, le chef des Death Demons, était intervenu... et ne l'avait pas tué (il en réchappait toujours). A présent, Isaac travaille pour David. Il exécute sous ses ordres, avec un certain plaisir... celui du challenge. Isaac est convaincu d'attirer David. Sans avoir besoin d'utiliser ses pouvoirs. Et il se ferait un plaisir de le prouver.

Isaac se croit tout permis, s'il faut décrire son caractère en une phrase et une seule, c'est ainsi que l'on pourrait résumer sa personnalité. Habituée à ce que tout le monde lui cède toujours tout, le jeune homme a tendance à se croire irréductible, ce qui a renforcé chez lui un tempérament fier et prétentieux. Isaac n'hésite jamais à dire ce qu'il pense et à agir selon son instinct en se moquant considérablement des conséquences. Pour lui, la vie n'est jamais rien d'autre qu'un immense terrain de jeu dont il réinvente les règles à mesure que le jeu avance, puisqu'Isaac aime gagner avant tout.

Très égoïste, Isaac se soucie bien plus de sa petite personne que de n'importe qui d'autre. Il songe à ses intérêts avant toute chose, et les personnes qui croisent sa route sont au mieux des compagnon de parcours, au pire des pions qu'il veut manipuler à sa guise, avec un plaisir des plus morbides. Inconséquent, insolent et sûr de lui, il est bien incapable de se remettre en question. ce qu'il veut, il le prend sans se poser la moindre question.

Il n'est pas complètement idiot, néanmoins. Si sa grande bêtise réside dans le fait de se croire irréductible, il n'en est pas moins malin, suffisamment du moins pour avoir toujours su passer en travers des mailles des très nombreux filets qu'il a trouvés sur sa route, et il compte bien continuer ainsi. Son mot d'ordre, c'est être libre, à tout prix, quoi qu'il arrive, et quelque puisse être le prix à payer pour cela. Et il ne reculera devant rien pour y parvenir.