Vivre, c'est lutter contre les démons du coeur et du cerveau.
Harry ne pouvait pas s’empêcher de penser souvent aux changements qu’il y avait eu dans sa vie ces derniers temps. À une époque, clairement, le jeune homme aurait regretté tout ce qu’il vivait maintenant, tout ce que son père avait causé dans sa vie donc. Mais maintenant… il ne regrettait plus tout ça. Oh, bien sûr, le jeune homme avait quelques regrets mais il mettait ces regrets sur la faute d’une seule et même personne, qui contrairement aux apparences n’était pas son père. Harry appréciait sa nouvelle condition, il appréciait sa nouvelle force, il aimait ce qu’il était devenu. Mais ça, c’était en grande partie parce que le Harry d’autrefois, celui qui aimait les autres, celui qui n’avait pas envie de suivre le même chemin que son père avait tout simplement disparu.
Est-ce qu’il avait disparu pour de bon ? Le jeune homme n’en savait rien, mais ça c’était en grande partie parce qu’il ne se posait pas une seule seconde la question. Il profitait de la vie pleinement comme elle venait maintenant. Il aurait dû normalement se lancer dans des études plus poussées, mais il était évident que le jeune homme ne pouvait pas suivre un parcourt scolaire normale. Alors, Harry avait commencé à travailler chez Oscorp. Son père lui avait trouvé une place qui lui convenait dans l’entreprise, qui n’était pas tout en bas de l’échelle, mais qui lui donnait quand même la possibilité d’évoluer et surtout de prouver à son paternel qu’il était digne de tout ça. Pas seulement parce qu’il avait envie de le rendre fier, même s’il y avait ça quand même dans le fond. Mais aussi parce qu’il avait envie de prouver qu’il était meilleur que son père, qu’il était plus capable que lui encore. Il mettait la barre haute, mais son ambition était à égal de sa folie.
Il passait donc pas mal de temps à Oscorp, parce qu’il y travaillait. Ça lui plaisait bien, Harry devait bien avouer qu’il aimait bien ce nouvel équilibre qu’il avait présentement dans sa vie. Et ça lui permettait de se concentrer sur quelque chose de concret, qui lui permettait de ne pas penser à certaines choses. À certaines personnes d’ailleurs, plus précisément. Et en parlant de ça…
Harry venait de sortir de la tour Oscorp, après une journée de travail où il avait à ses yeux plutôt bien géré. Il sentait plutôt de bonne humeur en tout cas, en quittant la tour, en se demandant comment il allait occuper son temps libre. Et puis… il la vit. Une simple coïncidence, il ne s’attendait pas une seule seconde à recroiser la route de Gwen Stacy.
« Eh bien, comme on se retrouve. » Affirma-t-il, en affichant un grand sourire. Il pensait tout le temps à Gwen, son absence était… complexe à gérer par moment. Mais il savait bien qu’il l’avait perdu pour de bon, il avait conscience que jamais les choses ne pourraient revenir comme avant et au fond il n’avait même pas spécialement envie que ça soit le cas.
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était sa journée de repos, et le moins que l'on puisse dire, c'est que Gwen ne crachait définitivement pas dessus. Cela ne faisait pas bien longtemps qu'elle travaillait pour le SHIELD, et elle était encore en période d'essai, mais cela n'ôtait rien à faire qu'elle se soumettait à un rythme de travail et à un état de stress qui dépassait de très loin ce qu'elle avait connu quand elle n'était encore qu'étudiante. Elle pourrait s'en plaindre, ce n'était pas le cas. Elle adorait le travail en laboratoire au sein du SHIELD, elle adorait bénéficier de l'expérience de ses collègues, elle adorait prendre part à cette organisation qui agissait pour le bien, et qui le faisait avec des moyens exceptionnelles.
Elle aimait agir pour ce qui lui apparaissait être le bon camp, et ne pas ménager ses efforts, faire ses preuves, prouver qu'elle avait sa place au sein du SHIELD, c'était quelque chose de tout naturel pour elle... Au point qu'elle en faisait peut-être même un peu trop... ce qui était une tare qui caractérisait malheureusement un certain nombre d'aspects de son existence. En entretien d'embauche, certains se vendaient de cette façon, en affirmant qu'ils s'investissaient trop, qu'ils mettaient trop de coeur à l'ouvrage, et c'était bien souvent un sérieux baratin, mais dans le cas de Gwen, c'était effectivement ce qui se passait. La jeune femme était tout bonnement incapable de s'arrêter... Elle voulait toujours mieux faire, se dépasser... et elle devait prendre sur elle pour vraiment consacrer ses journées off... à se reposer.
Mais elle s'y efforçait. Le surménage ne lui ferait aucun bien, ça elle l'avait bien compris. Heureusement, elle pouvait compter sur la compagnie de Peter pour lui sortir un peu la tête de l'eau. Que ce soit le soir quand elle rentrait chez elle - et donc chez eux et pouvait passer un moment privilégié avec lui. Ou bien des jours comme celui-ci. Certes, Peter avait cours, mais ses jours de pause tombaient pile un jour où lui-même n'était pas trop submergé, et c'était parfait ainsi. Là, elle avait profité qu'il soit à l'université pour faire quelques courses afin de leur préparer un petit dîner romantique.
Elle avait hésité à passer près de la tour d'Oscorp. Elle éprouvait toujours un désagréable frisson quand elle se trouvait à proximité, mais elle refusait de laisser sa vie être dictée par ses peurs, elle n'allait pas rallonger sa route pour donner corps à sa paranoïa. Alors elle était passée. Juste à côté. Pour le regretter presqu'aussitôt quand elle reconnut la voix de Harry, quand son regard croisa le sien. Son teint pâlit et son sang se glaça. Son meilleur ami était devenu son pire cauchemar. Encore aujourd'hui, c'était difficile à accepter pour elle.
-Harry... Tu travailles pour ton taré de père, maintenant ?
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Se retrouver devant Gwen n’avait rien de réellement facile pour Harry, au fond de lui il entendait son cœur se briser, il y avait une part de lui qui hurlait qu’elle lui appartenait, qu’elle était à lui et qu’elle l’avait trahi. Et puis en même temps, il était tellement en manque de leur complicité d’autre fois. C’était le souci, Harry n’était pas au clair avec lui-même concernant Gwen. Il l’aimait, il l’aimait comme un fou, il l’aimait comme le fou qu’il était aujourd’hui, l’aimant autant qu’il la détestait parce qu’elle avait choisi Peter Parker, parce qu’au fond elle n’avait jamais réellement du l’aimer. Elle s’était servie de lui dans le but de panser une plaie béante et se sentir mieux… mais en même temps, comment lui en vouloir ? Comme il le faisait en fait, juste c’était compliqué.
Il voyait bien comment elle l’observait maintenant, elle ne le regardait plus du tout comme elle le faisait autrement, elle avait peur de lui. Ça se voyait, son teint pâlissait à sa simple vision. Harry en était un peu attristé, mais en même temps il savait bien pourquoi ils se retrouvaient dans une telle position. C’était à cause d’elle, parce qu’elle l’avait fait souffrir.
« J’ai connu une Gwen parlant avec un langage moins violent. » Dit-il un large sourire sur le visage. Il n’avait pas l’intention de se démonter face aux paroles de la jeune femme. Elle pouvait traiter autant qu’elle le voulait son père de taré, c’était ce qu’il était dans tous les cas. Et oui, il travaillait pour lui, enfin presque. « Je ne travail pas pour lui comme tu dis, je travail avec lui. Tout ça, ça m’appartient. »
Bon, pour l’heure, même si Harry n’était pas tout en bas de l’échelle, il avait quand même un poste inférieur à celui de Norman Osborn qui lui de son côté se trouvait forcément tout en haut de cette échelle. Mais en même temps, ce n’était que dans le but de prouver sa valeur à l’entreprise, parce qu’il considérait qu’il n’avait pas réellement besoin de prouver sa valeur envers son père. Ce dernier connaissait sa valeur, il le lui avait dit directement… Oscorp lui appartenait, c’était son héritage et un jour il allait prendre sa place. Il allait prendre sa place dans tous les domaines, le Hobgoblin était plus puissant que le Bouffon Vert, Harry allait être un chef d’entreprise plus puissant que Norman. C’était ainsi que les choses allaient se passer.
« Et toi alors ? » Demanda-t-il d’un ton un peu mauvais. « Toujours avec ta petite araignée ? »
C’était surement le cas et en un sens, Harry avait bien envie que ça soit le cas en effet comme ça il allait pouvoir les faire tomber tous les deux. Ils méritaient tous les deux de tomber de haut, ensemble si possible. Parce que l’un ne valait pas mieux que l’autre. Enfin si quand même, mais Harry savait bien qu’il avait définitivement perdu Gwen, elle ne lui pardonnerait jamais d’avoir tué son père. Alors s’il ne pouvait pas l’avoir… pourquoi quelqu’un d’autre l’aurait ?
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wen ne rétorqua rien quand Harry lui fit remarquer que son langage avait été plus chatié à une certaine époque, cette époque pas si lointaine où elle le considérait comme son meilleur ami, et même plus à un moment, et qui semblait si loin maintenant qu'elle avait l'impression qu'elle appartenait à une autre vie. C'est sûr, elle était bien plus violente dans ses propos qu'elle ne l'était autrefois. C'est ce qui arrive quand on vous balance dans le vide à plusieurs mètres au-dessus du sol dans l'espoir de vous tuer. Bien souvent, on vous en tient une certaine rancoeur, pour ne pas dire une haine tenace. Gwen devait reconnaître cela à Harry, effectivement.
Le jeune homme était devenu si désagréable, si méprisant, aux antipodes du Harry qu'elle avait tant aimé, qu'il lui facilitait la tâche pour ce qui était de la haïr. Il était bien plus simple à présent de souhaiter sa mort sans regret. Elle restait convaincue qu'il avait été la victime de son père, mais difficile encore de le considérer comme tel alors qu'il n'avait de cesse que d'agir en bourreau. Oui, il mériterait le sort néfaste qui lui arriverait. Parce qu'il était irrécupérable. Il avait scellé son destin. Rien ni personne ne parviendrait à le sauver, à présent. C'était ainsi, c'était écrit, et espérer encore, c'était faire preuve d'une naïveté que Gwen ne pouvait plus s'offrir le luxe de posséder à présent.
-C'est bien, ton père a finalement réussi à te façonner à son image. Tu es devenu exactement tout ce que tu as toujours méprisé, rétorqua Gwen avec dégoût quand Harry se vanta de posséder Oscorp au même titre que son père.
Etait-ce vrai ou non ? Difficile à dire, mais elle se doutait qu'il devait être sincère. Le paternel devait l'avoir à la bonne, maintenant. A présent qu'il avait fait de lui un parfait petit robot à la solde de son géniteur. Il l'avait transformé en machine sanguinaire, dénuée de sentiments ou d'empathie. Et c'était triste à voir.
-Comme quoi, tu n'avais finalement pas tant d'atouts que ça.
Sa personnalité, son intelligence, sa générosité envers elle. Le tout balayé par un tour sinistre. Harry devenait un Norman Osborn bis, et il n'y avait pas franchement de quoi en être fier. Bien au contraire, même, elle trouvait cela absolument pathétique.
-Je suis toujours avec Peter, oui, répondit-elle avec aplomb. Elle doutait fort qu'il garde l'ombre du moindre sentiment pour elle (s'il en avait un jour eu), mais l'idée de le piquer, de lui faire du mal, était beaucoup trop tentante pour qu'elle n'essaie pas, au moins un peu, de le provoquer. On vit ensemble, maintenant.
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Harry se retint d’afficher une grimace en entendant Gwen affirmer que son père avait réussi à le façonner à son image. Il n’aimait pas entendre ce genre de chose, parce qu’il se considérait bien supérieur à cela. Il n’était pas devenu ce que son père attendait de lui, il avait évolué, il était devenu celui qu’il devait devenir, pour pouvoir avoir tout cela en main. Au fond de lui, Harry pouvait reconnaître que tout cela, il l’avait peut-être maitriser, mais c’était à l’époque où il était beaucoup trop faible pour comprendre que c’était surtout son destin.
Le jeune homme leva les yeux au ciel quand… son ex petite amie ? son ex meilleure amie ? affirma que finalement, il n’avait pas tant d’atout que cela. Au point où ils en étaient, clairement le jeune homme avait besoin de bien plus que cela pour se sentir vexer par les paroles de Gwen. À une époque, chaque remarque aurait pu lui faire du mal, maintenant il avait déjà connu beaucoup trop intensément la douleur pour se laisser impressionné par quelques mots.
Du moins, c’était ce qu’il pensait. Mais quand Gwen reprit en répondant à sa question concernant Peter, il ne faisait pas autant le malin que cela. Pourtant, c’était lui qui avait abordé le sujet, c’était lui qui avait commencé à parler de Spider-Man en premier lieu. Mais quand il l’entendit affirmer qu’elle était toujours avec Peter, une part de lui en souffrait. Ce n’était pas si étonnant cependant, ces deux là s’étaient bien trouvé et Gwen n’avait été avec lui que dans le but de le manipuler. En soit, il se doutait donc parfaitement de sa réponse, mais ça ne voulait pas dire qu’il ne pouvait pas être touché. Parce qu’une part de lui aurait pu espérer qu’ils soient tous les deux malheureux et incapable d’être ensemble ? Sauf que c’était utopiste de sa part et en prime, Gwen ne manqua pas de lui apprendre qu’ils vivaient ensemble maintenant. Harry senti comme un poignard se planter dans son cœur, mais il n’en montra rien. Du moins, pas d’une façon « normal », il se contenta surtout d’afficher un sourire carnassier dont il avait le secret l’habitude.
« Tu m’en diras tant. » Répondit-il, avec la voix un peu plus aigue que précédemment. « J’adorerais venir voir à quoi ressemble votre petit nid d’amour. Ça serait chouette que je vienne vous rendre visite un de ces quatre. »
Il le pensait vraiment en plus. Il avait vraiment envie de se rendre chez Peter et Gwen, en parti pour voir ce à quoi ça pouvait bien ressembler, mais aussi parce qu’il avait une sacrée envie de foutre un peu la pagaille dans leurs petites vies parfaites. Parce qu’ils étaient en train de vivre leur idylle comme ça, sans aucun souci, quand lui de son côté était rongé par la haine et son envie de vengeance. Ils n’avaient pas le droit d’être heureux, s’il ne l’était pas de son côté.
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wen ne savait pas à quelle réaction elle s'attendait de la part de Harry en lui apprenant que Peter et elle vivaient ensemble à présent. Elle avait eu envie de le blesser, de le piquer, sans franchement savoir si cela était encore possible. Harry n'était plus vraiment Harry, et elle avait le sentiment que le jeune homme qu'elle avait sous les yeux n'était tout bonnement pas capable d'éprouver ni colère, ni jalousie. C'était un autre sentiment qui le portait à présent, quelque chose d'inhumain et de terrifiant. C'est ce que semblait confirmer encore le sourire carnassier qui ourlait ses lèvres à présent. C'était... indescriptible.
Gwen était bien incapable de déterminer précisément ce qu'il dissimulait d'émotions, ce dont elle ne doutait pas, en revanche, c'était du fait que ce sourire ne pouvait que terriblement l'angoisser. Elle n'était pas à son aise et ne saurait certainement jamais l'être en présence de celui qu'elle avait pourtant considéré comme son meilleur ami... Parce qu'il n'était plus rien. Elle n'avait pas idée de ce qui lui faisait face. Elle savait seulement qu'il était préférable de s'en méfier comme de la peste. Elle ne pouvait se fier à rien de ce qu'il disait ou partageait avec elle.
Elle ne savait pas donc vraiment ce qui avait traversé l'esprit de Harry en apprenant qu'elle vivait avec Peter. Peut-être rien, dans le fond, peut-être était-il seulement satisfait d'avoir appris sur eux une information dont il pourrait user contre ses ennemis et rien d'autre. Car bien sûr, quand Harry affirma qu'il serait ravi de leur rendre visite, Gwen ne pouvait qu'y entendre une menace bien réelle, et elle regrettait d'en avoir trop dit. Et s'il trouvait leur adresse ? Ce n'était sans doute pas difficile. Et qu'est-ce qui se passerait alors ? A cette pensée, sa gorge se noua, mais elle fit de son mieux pour garder malgré tout un minimum de contenance. Ce n'était vraiment pas simple, parce qu'il l'effrayait et l'intimidait plus que de raison, mais elle se devait de faire face, sans cela, elle trahirait toutes ses convictions. Hors de question de se diminuer en présence de celui à qui elle devait le décès de son père.
-Oh, je t'en prie, viens quand tu veux, tu sais qu'on t'accueillera à bras ouverts. Elle marqua une pause. Essaie seulement de venir chez nous, et tu es un homme mort. C'est un avertissement mais sens-toi libre de ne pas l'écouter, ça me fera vraiment très plaisir.
Et le pire, c'est qu'elle finissait par le penser. En fin de compte, elle serait rassurée seulement quand ils en auraient fini pour de bon avec lui. Enfin, elle se sentirait en paix.
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Gwen qui lui affirmait qu’il pouvait venir quand il le voulait, qu’il serait accueilli avec des bras ouverts, Harry savait bien qu’elle ne le pensait pas du tout. Parce qu’elle le détestait, parce qu’elle le haïssait pour une « bonne » raison en soit et surtout à cause de Peter. Tout cela était à cause de lui, il avait tout gâché. Ils étaient dans cette situation parce que Spider-Man avait mis son grain de sel dans toute cette histoire. Sans Peter, Gwen aurait continué à l’aimer et il serait heureux… Enfin, c’était ce que son esprit quelque peu dérangé pensait.
Ce qui était sûr en tout cas, c’était que s’il ne pouvait pas avoir Gwen, il considérait que personne ne pouvait l’avoir et encore moins Peter Parker. Mais ce n’était pas maintenant qu’il allait régler cette histoire. Le jeune homme avait bien conscience – malheureusement – qu’il ne faisait pas vraiment le poids contre Spider-Man. Il avait besoin d’aide pour cela, heureusement son père gérait un peu tout ça et pour une fois, ils avaient définitivement trouvé quelque chose pour les rapprocher. C’était triste de se dire qu’ils avaient dû avoir un ennemi commun pour parvenir à s’entendre, mais au moins ils avaient trouvé un terrain d’entente.
« Ouch, je t’ai connu plus agréable quand même Gwen. C’est dingue comme tu as changé. » Il était sarcastique bien sûr, mais en même temps il disait la vérité. Évidemment, Harry avait bien conscience que tout cela était de sa faute et que c’était lui qui était responsable de tout ce qui était arrivé. Que si elle réagissait de cette façon, c’était parce qu’elle avait de nombreuses choses à lui reprocher. Qu’elle le détestait très clairement, et qu’elle devait sans doute avoir envie de le faire souffrir. Harry ne savait pas réellement si c’était gratifiant pour lui de se dire qu’elle était dans cet état à cause de lui. « Tu serais vraiment capable de me tuer Gwen ? » Demanda-t-il en décidant de jouer un peu la provocation. Il ne devrait sans doute pas le faire, mais il devait bien avouer qu’il n’avait pas vraiment peur de la jeune femme sous ses yeux. Il pouvait potentiellement craindre un peu plus son petit ami, mais même lui finalement, il se disait qu’il ne le tuerait pas. Peter Parker, le bon Peter Parker, serait bien incapable de faire une telle chose. « Ou alors tu vas te contenter de demander à ton chéri de me tuer ? »
Harry jouait clairement avec le feu, mais en même temps il ne pouvait pas s’en empêcher. Il ne savait même pas vraiment ce qu’il cherchait au final. Le fait d’entendre Gwen affirmer qu’elle serait capable de le tuer c’était au moins sûr et certain que ça ne servait à rien de chercher quoi que ce soit. Et en même temps, une part de lui avait quand même envie qu’elle continue à tenir à lui. Qu’elle continue à avoir envie de le sauver, parce que peut-être qu’on pourrait le sauver.
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wen se contenta d'afficher un sourire pour le moins amer quand Harry se permit de constater à quel point elle avait changé. Bien sûr, c'était faux, et lui-même devait pertinemment le savoir. Peut-être était-elle moins naïve, moins crédule qu'à l'époque, c'était bien possible, mais pour le reste, Gwen était restée totalement intègre à elle-même, et si quelqu'un avait changé, ici, c'était bien Harry. Et drastiquement. Tout ce qu'il y avait d'humanité, de fragilité, de gentillesse en lui s'était évaporé. Ne demeurait pour la peine que cette espère de coquille vide, méchante, grossière, insultante, cruelle, indifférente... Elle avait déjà eu la conviction que rien de ce qui faisait de son interlocuteur son meilleur ami ne subsistait.
Elle avait compris, déjà, que Harry ne pourrait pas être sauvé, qu'il ne restait plus rien du Harry qu'elle avait connu chez celui à qui elle s'adressait. Mais même si elle le savait, ça n'en demeurait pas moins douloureux. De tout coeur, elle aurait voulu faire erreur. Elle voudrait percer une trace d'humanité chez celui qu'elle s'était crue capable d'aimer. Mais c'était peine perdue, bien sûr. Et il fallait qu'elle fasse son deuil. Celle d'une amitié déjà précieuse pour Gwen. Celle de Harry. Oui, elle s'adressait en cet instant à une personne qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, mais cette personne n'était pas Harry, n'était plus Harry. Il n'était pas ici question de le tuer. On ne pouvait pas tuer quelqu'un qui était déjà mort.
Elle planta son regard dans celui de Harry. Elle savait qu'il l'imaginait bonne à rien, qu'il la pensait faible, misérable, impuissante sans Peter. Peut-être qu'elle l'était en partie, d'ailleurs... Mais en ces circonstances, elle voulait penser qu'il la sous-estimait. Oui, elle n'avait aucune envie d'en arriver là. Elle n'avait aucune envie de tuer Harry, ni qui que ce soit d'ailleurs, et elle n'était pas non plus emballée à l'idée que Peter s'en charge. Son petit ami était un héros, pas un assassin. Mais dans certaines circonstances, le choix n'était qu'une illusion. Ce n'était pas seulement lui ou eux, c'était lui ou les dizaines, voire centaines de vies qu'il pourrait détruite. Harry avait tué son père puis était revenu vers elle comme si de rien n'était : elle devrait s'en rappeler à chaque fois que naîtrait en elle l'ombre du moindre début de commencement de doute. Alors elle hocha la tête avant de répondre.
-Si la situation s'y prêtait, je te tuerais dès maintenant. Elle marqua une pause. Tu dois mourir, Harry, c'est comme ça. S'il faut que ce soit moi qui te porte le coup fatal, eh bien je le ferais. Et tu aurais tort de m'en croire incapable.
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Au fond, Harry n’était pas certain de ce qu’il cherchait, de ce qu’il avait envie d’entendre de la bouche de Gwen. L’entendre affirmer qu’il devait mourir, qu’elle avait même envie qu’il meure, ça le confortait dans l’idée qu’elle ne méritait en aucun cas tout ce qu’il avait pu ressentir pour elle. Elle l’avait trahi, elle l’avait manipulé, elle s’était servie de lui… elle ne méritait rien, et Peter méritait un sort bien pire encore pour la lui avoir prise. Cette part était la plus importante, celle qui s’imposait dans son esprit, qui répétait encore et encore qu’il valait beaucoup mieux, qu’il devait s’associer à son père, qu’il devait réduire à néant Spider-Man. Mais au fond de lui, il y avait encore cette infime part qui avait juste envie de l’entendre encore tenir à lui, s’inquiéter pour lui… ayant envie de le sauver. Mais c’était vain d’espérer quoi que ce soit de la sorte. C’était terminé et Harry allait bien devoir en terminer un jour. Spider-Man était en premier sur sa liste, mais Gwen allait devoir suivre. Elle aurait déjà dû suivre. En la tuant elle, il tuerait tout ce qui pouvait rester de faible chez lui.
Alors en soit, c’était une bonne chose qu’elle l’encourage comme elle le faisait. Harry afficha un sourire amusé quand il l’entendit affirmer que si la situation le permettait, elle le tuerait ici et maintenant. Qu’il devait mourir, et qu’elle était prête à porter le coup de grâce si c’était nécessaire. Qu’elle en était capable… Son sourire se fit encore plus grand à cette dernière remarque. Non, très clairement Harry ne parvenait pas du tout à considérer la jeune femme capable de lui faire quoi que ce soit. Elle n’était rien, rien d’autre qu’une simple humaine qui ne servait à rien. Lui, il était beaucoup plus fort que ça, plus rien ne serait capable de l’arrêter. Il était beaucoup trop fort pour ça en même temps.
« Eh bien… » Il ne perdit rien de son assurance et donc de son sourire. « Je me demande bien ce que… papa penserait d’entendre sa fille chérie parler de cette manière. »
C’était bas, particulièrement bas. La mort du père de Gwen l’avait affecté à l’époque, lui avait fait beaucoup de mal parce qu’il n’avait pas été capable de se contrôler. Mais maintenant il avait ouvert les yeux et il savait qu’il aurait dû apprécier cette mort tout de suite, qu’elle n’était au final que la première d’une longue série. Ça avait été comme une révélation, le moment où il était vraiment devenu l’homme qu’il était aujourd’hui, même s’il avait mis beaucoup trop de temps à son goût à se laisser à ce point porter par sa « nouvelle » vie. Il avait perdu trop de temps en humanité, en regret, en défense tout simplement contre sa vraie nature. Mais maintenant, la question ne se posait plus, il était entièrement celui qu’il était, et il n’y avait plus aucun regret à avoir. Bien au contraire.
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C
ette fois, c'était trop. Tant pis s'ils étaient en pleine rue, tant pis si le moment n'était pas opportun, elle ne pouvait clairement pas laisser Harry s'en tirer sans rien après ce qu'il venait de lui asséner. Tout ce qu'il avait prétendu posséder de respect et d'amour à son adresse s'étaient évaporés, tout ce qu'il restait de lui, c'était un monstre d'une insensibilité crasse, et à ce titre, il lui facilitait très franchement la tâche. Elle aurait eu des scrupules à tuer le jeune homme qui avait été son ami, son soutien, son confident, et même, le temps de quelques semaines, son petit ami, mais elle n'aurait aucun scrupule à s'en prendre à ce jeune homme qui se vantait, sous son nez, d'avoir provoqué la mort de son père.
Elle n'était clairement pas quelqu'un de violent. Elle était en réalité une personne pacifiste, qui voulait croire aux secondes chances et ne pas céder aux sirènes de la vengeance, mais trop c'est trop. Il n'y avait qu'une manière d'arrêter le Hobgoblin, c'est un fait, et elle était prête à l'accepter. Et même, en cet instant, alors qu'elle sentait son sang bouillir, elle n'avait aucun problème à l'accepter. Elle l'attendait, même, impatiemment, ce moment... Peut-être qu'elle aurait ensuite des scrupules, mais pour l'heure, elle ne le concevait absolument pas de la sorte. Elle sentait en elle une haine profonde, de celles qu'elle n'avait jamais ressentie jusqu'ici... Alors oui, la jeune femme se sentait emplie d'une rage immense, vive, profonde.
Si bien que quand elle envoya son poing voler dans la figure de Harry, ce geste lui échappa presque. Elle en avait eu très envie, mais c'était presque comme si elle s'était vue frapper Harry de l'extérieur. Elle y avait mis toute sa force, toute sa rage et toute sa vigueur. Si bien que son poing l'élançait, mais elle s'en fichait. Elle serait prête à frapper encore, quitte à être appréhendée pour cela, peu importe.
-Crois-moi, mon père sera fier, terriblement fier que j'en finisse avec le connard qui l'a assassiné. Elle serra les dents. Elle se sentait hors d'elle. Jamais de toute sa vie elle n'avait approuvé à ce point de colère. Elle détestait le jeune homme du plus profond de son être. C'était quelque chose de viscéral, quelque chose qui la transcendait. Il avait réussi à éveiller cela en elle, et rien que pour ça, elle le détestait plus encore. Il incarnait tout à la fois, et elle enrageait à la seule perspective de devoir le supporter, là, tout de suite. Je te hais, Harry, je te hais de toutes les fibres de mon être.
Et si là, il pensait vraiment qu'elle n'était pas capable de le tuer, elle devrait y réfléchir à deux fois.
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Il l’avait cherché, il l’avait eu tout simplement. Harry ne pouvait que s’en prendre à lui-même de la réaction de Gwen, mais au fond… il devait bien avouer que ça lui convenait parfaitement. Une part malsaine en lui aimait la voir réagir de cette façon, il aimait la faire sortir de ses gongs. Gongs qu’elle quitta en lui envoyant son point dans la figure et sans aucun doute avec toute la force qu’elle était capable de mettre dans un coup de poing. Toute sa force et toute sa rage assurément. Harry ne sentit pas grand-chose avec ce coup, il lui en fallait quand même beaucoup plus pour être réellement touché du moins physiquement. Parce que même si son visage ne bougea pas beaucoup suite au coup de Gwen, Harry n’en fut pas pour autant moins touché dans son orgueil. Elle venait de le frapper et elle lui crachait toute sa haine.
Le père de Gwen n’était réellement que le cadet des soucis de Harry, il ne l’avait mentionné que dans le but de faire du mal à la jeune femme, connaissant parfaitement ses faiblesses, et ça avait bien fonctionné. Il n’en avait que faire que l’homme soit fier ou non de sa fille, de toute façon ce n’était pas comme s’il était encore de ce monde. Ce qui l’importait pour l’heure était toute la rage qu’elle exprima à son adresse. Elle ne cachait pas le fait qu’elle le détestait (en même temps, il serait étrange qu’elle continue d’avoir de l’affection pour lui après tout ce qu’il avait fait), et ça se voyait dans son regard, dans les mots et le ton qu’elle utilisait. Il n’y avait aucun doute à avoir (il n’y en avait plus depuis un moment cela dit), elle le haïssait du plus profond de son âme et c’était exactement ce dont Harry avait besoin. Il avait besoin de la voir le haïr et le considérer comme le monstre qu’il était, ainsi… il n’avait plus qu’à être pleinement le monstre qu’il devait être.
« Alors comme ça on est deux ! » Répliqua-t-il sombrement attrapant violement le bras de Gwen. Il n’avait pas spécialement l’intention de faire des vagues surtout devant Oscorp, la situation ne devait donc pas déborder. « Tout ça n’est que le début… Tu fais bien de me haïr, parce que j’en ai pas fini avec toi. »
C’était de simples menaces et peut-être que Harry ne devrait en réalité pas tourner autour du pot et s’en prendre directement à Gwen, mais ce n’était pas comme ça qu’il avait envie que les choses se passent. Il allait la faire souffrir, autant qu’il avait souffert de son côté. Et plus elle le haïssait, moins il n’aurait de scrupule à s’en prendre à elle, à laisser parler sa vraie nature. À une époque, elle était la seule capable de le maintenir dans une certaine humanité, mais c’était terminé depuis longtemps.
« Je pense qu’on va se revoir très vite Gwen. » Reprit-il en lâchant son bras.
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Ven 24 Jan - 12:25
